kaya78 a écrit :
Personne ne travaille chez eux ou en connait, qu'on puisse avoir un avis de l'intérieur? Savoir si c'est vraiment cimme une SSII ou pas?
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En espérant que ma contribution serve à quelqu'un.
Je suis rentré chez Teuchos en Avril 2001 et j'en suis sorti en décembre 2005.
J'ai travaillé pour Airbus à Toulouse (le bruit des avions, c'est vraiment pas le plus chiant, avec les fenêtres fermées, on y fait
plus guère attention, et puis si vous êtes à Toulouse et que les avions ça ne vous fait pas triper, faut aller faire autre chose !).
Si vous n'avez pas le temps de tout lire, voila l'essentiel :
Content d'y être passé, Content d'en être parti. J'y ai fait disons 2 ans de trop.
Mon rayon c'est vraiment l'ingénierie aéronautique. A Toulouse, ça se passait comme ça (peut-être du changement dans l'air
avec Gallois qui veut réduire le nombre de sous-traitants) : telle société de service maffiote tel ou tel département du bureau d'étude (de la prod aussi probablement, des essais). Les liens sont assez fort et certaines compétences techniques sont parfois complètement externalisées, on trouve souvent à la tête de l'activité en question chez Airbus un ancien de la boîte de sous-traitance qui dirige ses anciens petits camarades.
Quasi-impossible de bouger de votre activité, vous êtes marié avec le département Airbus du BE en question, votre seul espoir (mais je ne sais pas selon quels critères exactement), c'est d'être embauché par Airbus pour continuer à faire la même chose en gros, en étant un peu mieux payé(e). L'organisation des équipes Teuchos sont le reflet exact de l'organisation du ou des départements maffiotés, on est vraiment des parasites en symbiose, au sens biologique du terme : si l'hôte va mal, teuchos va mal. Si vous n'êtes pas trop mal câblé et avide d'apprendre des choses, vous aurez vite fait le tour de vos activités, et vous commencerez rapidement à vous emmerder sec.
Salaire d'embauche très correct, plutôt mieux que les autres marchands de chair à calculs, mais perspectives de carrières internes plus que limitées : négociez ferme à l'embauche, les augmentations ne seront que symboliques par la suite et l'intéressement est toujours minable pour une raison ou une autre, au nom des intérêts supérieurs du Groupe Safran, qu'il aille bien ou non.
Je suis rentré pour faire de la recherche en lien avec l'ONERA et Airbus les deux premières années. J'ai appri pas mal de choses, et
ca m'a plutôt intéressé. Ensuite, les activités "programmes" A400M et A380 battaient leur plein, alors j'ai été basculé la-dessus, et là j'ai commencé à m'emmerder rapidement : on est vraiment O.S. calcul, sur Nastran, des codes propriétaires autour de MATLAB, ou Fluent si vous faites des fluides. Vous êtes affecté à telle ou telle tâche et vous moulinez vos cas de calcul toute la journée. Nul à chier, mais les gens d'Airbus font un peu pareil. Sérieusement, quelle que soit la boîte qui vous utilise, ne vous faites pas recruter sur la connaissance d'un logiciel, il vaut mieux faire des specs techniques à la limite : votre culture et votre véritable valeur technique seront finalement bien mieux mises à profit et ce sera plus créatif que d'être le rouage d'un mécanisme géant.
J'ai même été formateur, ce qui m'a valu un prime de 600 euros une année (le max), et j'étais assez volontaire pour que l'on développe quelques outils en interne en rab' pour essayer de prospecter d'autre départements, d'autres clients même, parce que j'étais persuadé que moi et mes petits copains avions des connaissances et un potentiel à développer, faire du vrai travail d'ingé et pas du travail à la chaîne décérébrant. Mais je suis tombé sur un con de chef qui n'y entravait rien. Le problème, c'est que dans cette boîte, l'avancement se fait à l'ancienneté et pas à la compétence, et quand vous tombez sur un supérieur moins compétent que vous et qu'il l'a bien senti, ça fini par mal se passer. J'ai été cassé et privé d'augmentation le jour de la distribution des enveloppes aux petits copains : pas d'enveloppe pour moi. Il m'a ensuite tenu un discours bidon pour m'accuser de tous les maux, de démotiver l'équipe etc.. Un vrai connard en somme, mais comme ni lui ni moi n'étions dupe, je pense qu'il agissait sur ordre d'un cran plus haut : avec 5 ans d'ancienneté, je commençais à m'aigrir et ils avaient tout intérêt à me dégager pour prendre un jeune à la place, forcément moins cher (quoi que).
Durant l'été, j'ai dégotté un poste à SNECMA à Villaroche. Preuve que les mutations, ça peut parfois fonctionner. Un petit détail, ça n'est vraiment pas ce que j'ai fait pour Airbus chez Teuchos qui a été valorisé, mais mon intérêt pour la conception/construction aéro en général, mes travaux personnel, confirmation du caractère "alimentaire" de Teuchos.
Je ne suis resté que deux semaines à la SNECMA. Le type des RH s'est vraiment foutu de moi. Comme ça n'était pas une embauche, mais une mutation, Tout ce qu'il m'a fait comme offre (pas de négo possible), c'est moins de 12% en plus, alors que je plafonnais déjà depuis 3 ans à Toulouse, vous imaginez le delta réel du coût de la vie en région parisienne ? c'était ridicul.
Quelques chiffres : en 2001, j'ai été embauché à 200.000F annuels bruts (30500 euros), soit 2345 par mois.
En 2005, mon brut mensuel n'atteignait même pas 2500, à peine 6% d'augmentation sur 5 ans. C'est pas du foutage de gueule ça ? Et l'autre à la SNECMA, il trouvait sans doute que c'était déjà pas mal ?
Le meilleur, c'est qu'en // j'étais en négo, sans trop y croire, avec la DGA. En vérité, si le salaire avait été correct, je ne serais
même pas allé voir plus loin que la SNECMA. Mais là, sans négo véritable, j'ai sortie un chiffre, et ça me faisait 30% de plus que chez Teuchos. A ce prix-là, y'a pas à réfléchir. Vous lisez bien, la fonction publique paye bien mieux ses techniques que le privé, aussi contre-intuitif que ça puisse paraître !
En fait, c'est pas si étonnant. SAFRAN a pour l'essentiel de sa masse salariale des gens plutôt qualifiés, donc qu'il faut payer. LA plupart n'on de "cadre" que le statut, ils n'encadrent qu'eux-même souvent, la photo de leur chien et pas toujours leur hiérarchie.
Les pauvres étant les plus nombreux, on a pas intérêt à les payer tellement bien, parce que ça coûterait très cher à la boîte, parcequ'il faut quand même arroser tout le monde à peu près dans les mêmes proportions. Dans le batiment à contrario, l'essentiel de la masse salariale, ce sont des petites mains. Alors, même si on paye les chefs de chantiers super bien, c'est pas un problème. C'est logique d'ailleurs que l'on assiste à l'envolée des salaires dans les hiérarchies : plus on monte, moins il y a de monde et plus on peut les payer sans que ça coûte à la boîte. MORALITE : au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Si on veut faire carrière et gagner de l'argent, il vaut mieux avoir fait une petite école ou une formation universitaire mais être à même de prendre des responsabilités dans une structure où le personnel est nombreux et peu éduqué que d'aller dans le high-tech avec une bonne formation d'ingé.
Je ne regrète absolument pas la SNECMA (et Teuchos encore moins), aujourd'hui à la DGA, même si je suis contractuel et que ça grouille de polytechniciens qui n'ont pas les mêmes perspectives que les miennes, je bosse pour un jeune ICA dans une équipe assez dynamique et sur un sujet novateur : les drones. On me demande mon avis sur plein de questions assez techniques, pas juste de faire tourner ma babasse en la fermant, j'encadre du travail de recherche scientifique, je suis dans une équipe réduite de négo internationale pour monter un projet européen, et je peux me barrer deux semaines en formation sans que ça fasse de scandal. Malgré tout ce que l'on peut dire sur la fonction publique, je bosse beaucoup plus que chez Teuchos, et ça me plait en plus. D'ici un an ou deux, je pourrai très bien me barrer en province dans un centre d'essais par exemple, ou aller monayer ma connaissance du "système" chez les industriels aéronautiques et spatiaux. Quand on vend son agenda, on a tout de suite un meilleur salaire. En fait c'est vraiment l'auberge espagnole : beaucoup de choses à faire et sous-effectifs chroniques pour les questions techniques (la pléthore est dans l'administration en fait), donc en fonction des dossier auxquels on veut s'intéresser, il y a pleins de choses à faire (dans mon domaine en tous cas). En fait pendant les deux semaines à la SNECMA, j'ai pressenti que j'allais à nouveau me faire chier rapidement. Une fois encore, j'étais un "process" à moi tout seul : un savoir-faire à acquérir, pas trop difficile, puis toujours les mêmes questions encore et encore.. Faut vraiment pas s'éterniser dans ce genre de job calculatoire, comme les tâches sont vraiment morcelées à l'infini dans ces grosses structures, on devient des robots. Il faut viser les rôles d'interface, les positions où l'on peut avoir une vision vraiment transverse des problèmes, où l'on peut rencontrer tout un tas de gens... Enfin, ne vous éternisez pas quelque part : si vous commencez à vous emmerder, c'est que vous avez atteint votre plafond dans vos fonctions : terminez le boulot et allez-voir ailleurs. Changer de boutique, c'est en France bien souvent le seul moyen de progresser, tant au niveau professionnel que salarial
Bilan Teuchos Toulouse:
Ma plus grande satisfaction, c'est d'avoir suivi et participé au développement de l'A380 depuis un stade où ça n'était encore que du papier, jusqu'au premier vol d'essais et aux suivants pendant 6 mois pour sa mise au point.
Paye : Bonne au début, selon la conjoncture (pb : 11 septembre, incertitudes actuelles...), meilleure que les autres du coin, mais il faut vraiment bien négocier. Après, CA NE BOUGERA PLUS.
Formation : en dehors de celles que je faisais pour les autres, pratiquement rien. Vraiment minable, il a même fallu pour assister à un congrès professionnel que je pose des RTTs...
Rester 2-3 ans max dans ce genre de boîte, ou jusqu'à l'achèvement d'un projet pour votre CV, et se barrer dans une grande boîte ou une administration si vous voulez vous monnayer ensuite, ou pourquoi pas tenter le coup dans une PME (Avoir bossé, même en prestation, pour Airbus, je pense que ça a de la valeur auprès des PME/PMI).
Perspectives d'embauche chez le client : très aléatoires, et sans rapport avec vos compétences ou votre potentiel réel (pas d'aigreur ici, tout le monde vous le dira)
Perspectives de mutation groupe SAFRAN : ça a marché pour moi, le seul autre type à ma connaissance à avoir réussi, c'était le numéro 2 de la boîte qui est parti bosser pour labinal aus USA. Sinon : personne d'autre et aucune raison incitative de bouger en fait.
Enfin, et pour conclure : les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Tant qu'il n'y a rien d'écrit noir sur blanc et signé, c'est pipeau : ne faites pas de stratégie par le biais de prestation de service pour rentrer dans un grand groupe si c'est ce que vous voulez, rentrez dans un autre, vous aurez peut-être plus de chance d'aller vers celui qui vous intéressait au départ.
Les vrais boîtes de conseil en ingénierie ou vous êtes autre chose que des petites mains ne sont pas légions, et vous n'irez pas la-dedans en tant que blanc-bec.
Bonne chance