Le contexte :
24 ans, deux ans de course à pied (dont plus d'un an de blessure au genou). En natation et vélo, depuis quelques années, une pratique très occasionnelle : 6-7 sorties par an, niveau très faible bien sûr. Concernant le vélo, je suis plutôt habitué aux sorties en montagne (VTT ou route) de 3-6 heures, donc rien à voir avec le triathlon.
Après l'achat d'un nouveau vélo fin août, je lorgnais déjà sur le tri, et j'avais repéré celui d'aujourd'hui car il est à domicile (argument important quand on n'a pas de voiture). Et ça tombe bien, un collègue s'est inscrit au sprint, comme défi avec des amis. Je vais donc m'inscrire à mon tour... sauf que le sprint est complet. Après une légère hésitation, je signe pour le CD. Peut-être un peu lourd pour un premier triathlon, mais au fond je préfère ça, trouvant les distances du sprint vraiment courtes (et je suis bien plus un fondeur qu'un sprinteur).
Le CR (attention roman)
J'ouvre les yeux deux minutes avant mon réveil, comme un boss. J'entends les arbres qui bruissent et les volets qui claquent. Hum. Un petit coup d’œil par la fenêtre : effectivement, sous les lueurs de l'aube, les arbres oscillent vigoureusement à droite et à gauche. Merde, les auspices ne sont pas top, ça ne m'arrange pas, moi qui suis un poids léger et qui m'envole à la moindre rafale. Heureusement que le drafting est autorisé.
Petit déj douche, je triple check mon sac, et je pars sur mon petit vélo une heure avant l'ouverture des stands, deux heures avant le départ. Je prévois très large.
La première épreuve du jour, ce n'était pas la natation, mais la traversée du centre-ville de Toulouse le dimanche matin. Toutes les rues sont jonchées de bris de verre. J'aurais dû m'en douter, ayant déjà vécu la même expérience à Lyon. Les gens sont dégoûtants. Je roule sur des œufs, je vérifie de temps en temps mon pneu avant : ça a l'air d'aller.
Aux trois-quarts du trajet, je commence à entendre et à surtout à sentir un petit "schklonk-schklonk" cyclique à l'arrière du vélo. La route est lisse, pas de doute, c'est la crevaison.
Heureusement, dans un élan de prévoyance, je m'étais équipé d'un kit de réparation, non pas pour la course, mais pour pouvoir rentrer chez moi en cas de souci. Je m'arrête à un arrêt de bus et m'installe confortablement. Je repère le coupable, un bout de verre vraiment rikiki, qui a à peine traversé le pneu. D'ailleurs le trou sur la chambre est tout petit. Pas de chance.
Il faut savoir que j'ai une sainte horreur des rustines, je galère à chaque fois, ça ne colle jamais comme je veux, je mets des plombes. Du coup j'ai toujours une chambre neuve de secours, et je fais mon rustinage tranquillement à la maison. Donc je sors ma chambre, que je trimballe avec moi à chaque sortie vélo, et je me rends compte que...
C'est une chambre VTT
Je ris tout seul dans mon abribus, quel con. Des cyclistes passent devant moi, à l'évidence ils se rendent au triathlon. Je me sens seul. Bon, pas le choix, il va falloir rustiner. Je mets un peu de colle, c'est pas mal, mais la grosse rustine (pour VTT elle aussi...) est trop large. Je veux donc rajouter de la colle pour bien plaquer entièrement la rustine sur la chambre... mais le tube est légèrement bouchonné, et tout explose d'un coup, comme un gros bouton blanc sur le visage Il y en a partout, c'est la panique, j'écope comme je peux avec mon doigt, j'en fous sur la chambre, sur le banc de l'abribus (j'espère que ça a séché avant que quelqu'un ne s'assoie dessus).
Je remonte la roue et je repars, le temps commence à presser. Le tout m'a pris une bonne demi-heure, je suis une vraie buse en "mécanique". Point positif : j'ai réussi à gonfler convenablement, genre 5 bars, avec ma petite pompe à main. La première fois que je m'en suis servi, j'étais à peine monté à 2-3 bars, et j'ai dû faire tout le trajet retour en serrant les fesses (dont une descente de col). Reprenons : je galère un peu à trouver l'entrée de la base de loisirs, je fais plusieurs demi-tours, c'est plus long que je pensais, et finalement j'arrive à bon port. 9h10 au retrait des dossards, alors que le briefing a lieu à 9h20 et le départ à 9h30. Je suis large. En fait, je suis vraiment large, puisque le départ est différé à 9h40
Je monte mes dossards (ceinture + numéro sur le vélo), je rentre dans le parc, on m'écrit des trucs dessus. En déballant mes affaires, je me rends compte que ma serviette est trempée, bonne à essorer. J'avais pris une bouteille de Powerade remplie d'eau pour boire aux transitions, mais je n'avais pas refermé le bouchon Tant pis, j'aurai les pieds mouillés pour mettre les chaussettes, c'est la vie. En passant j'ai soif et je finis la bouteille, tant pis pour les gorgées pendant les transitions. J'enfile ma combi rapidement (je me suis entraîné) en demandant à quelqu'un de la fermer pour moi.
La natation. J'ai juste le temps de crawler quelques mètres, c'est ma première plongée dans l'eau avec la combi, et ça a l'air nickel. On nous fait nous ranger sur la plage, je me mets du côté des lents (+de 30 minutes). Le coup de feu est donné sans sommation. On m'avait beaucoup parlé du départ, je le redoutais, en fait j'ai trouvé ça très marrant. Bon je n'étais pas dans la bagarre la plus féroce, mais c'était fun, tout le monde galère, j'arrive à me faufiler dans des intervalles sans me cramer.
C'est juste à la fin de la bagarre que les choses se gâtent. Je n'arrive pas à installer ma nage. Je fais un blocage. Un début de panique. Ça m'était déjà arrivé à plusieurs reprises, en eau libre ou en piscine, à la suite de deux-trois expériences malheureuses il y a quelques années (genre une baignade dans un lac de montagne où, en plein milieu, je me sens soudainement très faible). Donc là ça me reprend.
Plan B, je passe à la brasse. C'est pas la joie, mais cette fois-ci j'arrive à trouver le rythme. Je n'ai pas envie d'abandonner au bout de 10 minutes, il y a des collègues qui sont venus me voir quand même. J'ai une dignité Bon, après, ça n'avance pas, tout le monde me double, c'est un peu déprimant. En plus ma brasse est un peu dégueu, trop rapide avec des coulées peu profondes. Et ça me fatigue les jambes. C'est nul. Mais bon. Il faut faire avec les moyens du moment. Je tente des relances en crawl, ça avance beaucoup mieux, je reprends rapidement plusieurs mètres sur mes prédécesseurs (bon c'est pas des Phelps non plus). Sauf qu'au bout de 20 secondes j'en ai marre et je me range en brasse.
La natation est en deux boucles, j'hésite à arrêter après la première, mais après tout j'ai trouvé mon rythme donc on va continuer comme ça. A noter, sortie de l'eau entre les deux boucles. J'ai du mal à me tenir debout, et je ne suis pas pressé de nager de nouveau : je marche dans l'eau jusqu'au cou. La deuxième boucle se passe comme la première, un peu mieux peut-être. J'essaye de faire la dernière longueur en crawl, mais c'est peine perdue, je ne vais pas droit même en regardant devant tous les deux cycles, et au point où j'en suis autant terminer tranquillement en brasse.
37'41'' (244/298)
A posteriori je suis surpris du temps, pas si loin de mon "objectif" (35 minutes). Si j'avais réussi à installer mon crawl, j'aurais sans doute été sous les 30'.
La transition est un peu longue, je ne me presse pas plus que ça, j'enlève un peu laborieusement ma combi, je mets mes chaussettes, mes chaussures et le reste, je prends mon vélo et je sors... avant qu'un arbitre ne m'arrête : j'avais oublié la ceinture porte-dossards
Fort bien, demi-tour, je mets la ceinture, et je repars en marchant comme un canard à cause des cales.
J'enfourche mon vélo, j'ai tout de suite de bonnes sensations. Il y a du vent sur le circuit, il est pénible mais pas terrible. Des escadrons d'avions me dépassent régulièrement (faut dire qu'il y a 5 tours de circuit...). Bien que le drafting soit autorisé, je ne prends pas de roue, je veux rouler comme un homme
Bon faut dire aussi qu'à chaque fois que j'essaye c'est l'échec, j'ai du mal à me placer suffisamment près, et surtout je saute à chaque virage. Mes trajectoires sont ridicules.
Au deuxième tour je prends mes marques, j'arrive à suivre deux gars sur quelques kilomètres, puis même seul je garde un bon rythme. Je me fais encore doubler, j'ai l'habitude. Sauf que cette fois-ci, le bonhomme se rabat vraiment rapidement. Je n'ai ni le temps ni l'espace pour réagir, sa roue arrière et ma roue avant entrent en contact fraternel à 35 km/h... Et c'est la chute ! chute à l'arrière du peloton !
En un clin d’œil, je me mange le bitume sur mon côté gauche, et apparemment je rebondis un peu à droite aussi. Les cyclistes qui suivaient de près m'évitent avec agilité, grâce leur soit rendue
Je me relève immédiatement pour voir si tout va bien (pas sûr que ce soit le meilleur réflexe, mais bon). J'ai une plaie dégueulasse au genou, le coude est également sanguinolent mais je ne vois pas bien, et la paume de ma main est passé à la râpe à fromage. Mais à part ça, je n'ai rien, aucune vraie douleur. C'est que de la peau qui est partie. Un vrai miracle
Le type n'a pas chuté mais s'est arrêté un peu plus loin, il vient me voir prendre des nouvelles. Je m'excuse en disant que j'ai pas l'habitude et tout, mais c'est de la pure politesse, je sais qu'il est en tort à 100% et il le reconnait tout de suite. Apparemment lui non plus n'est pas très expérimenté. Pas de bol, sa roue arrière a pris cher, ainsi que le dérailleurs, c'est fini pour lui. On lève mon vélo, la roue avant est un peu voilé, une manette de frein est bien tordue... mais à part ça il est dans un état convenable. Ni une, ni deux, j'ouvre les freins avant et je repars avec mon vélo tordu.
Mon vélo et moi sommes dans un état miraculeux, mais cette histoire m'a quand même sérieusement coupé les ailes (déjà pas bien vigoureuses). Il reste pas mal de bornes, je les fais tranquillement, sur le plateau moyen (comme tout au long de la course, mais c'était ce que j'avais prévu) en moulinant comme il faut. Heureusement, je ne me ressens vraiment pas de ma rencontre avec le bitume, à part au niveau de la main gauche qui a du mal à bien saisir le guidon. La fin est vraiment longue, j'en ai marre, surtout le dernier tour où plus personne ne me double, je me retrouve seul à dépasser une mamie de temps en temps. Dans le final, je fais la course avec un VTC, mais son rythme est un peu irrégulier (il me double, puis s'arrête net, puis me redouble...). Enfin, enfin, la ligne droite finale apparaît, là je mouline comme un fou, ce qui distance un peu mon rival en VTC.
1h16 (226/298), moins de 32 km/h. Pas trop trop mal vu les conditions de vent avantageant largement les pelotons, et vu la grosse gamelle au début.
Je suis chaud pour la course, mon point fort, où je compte rattraper tout le monde. Ça commence bien, les jambes ne sont pas du tout en bois, et je double direct plusieurs petits groupes (qui ont un tour d'avance sur moi, puisque la course se fait en deux boucles, mais passons). Sauf que ça ne dure pas bien longtemps. Je souffre du vent, du terrain (95% de chemin, je suis quand même bien meilleur sur bitume), et de la soif. La bouteille au parc à vélo m'auraient bien rendu service, si elle ne s'était pas vidée dans mon sac. Je m'arrête à plusieurs ravitaillement, en marchant carrément, pour boire correctement. Je me fais doubler par pas mal de monde (mais ils avaient un tour d'avance)
C'est long. Encore une fois il n'y a presque plus personne autour de moi. Je me sens légèrement mieux dans la deuxième boucle. Je veux accélérer dans le dernier kilomètre, mais une pointe assez violente à la cuisse m'en dissuade. Y en a marre des pépins, heureusement que c'est presque fini. Je fais quand même un mini sprint à la ligne d'arrivée.
45'05 (79/298) J'espérais quand même un peu mieux (j'ai fait 40 en 10km sec le week-end dernier), mais bon, je m'en contenterai.
Au final, 205/298 en 2h44m03s. Mais il n'y avait pas 90 personnes derrière moi, c'est sûr. Il y a dû y avoir pas mal de DNS et DNF.
Je bouffe plein de trucs au ravitaillement final, je récupère mes affaires dans le parc à vélo, je cherche mes collègues sur le site (notamment celui qui va faire le sprint dans l'après-midi), et j'emmène mon vélo et moi aux réparations. Pour le vélo ce sera un stand Giant, un mec très gentil, qui redresse ce qui doit être redressé. Il est comme neuf. Bon il y a quand même des bruits et craquements suspects, il me recommande une révision rapide. Pour moi, c'est au stand des secouristes. De jeunes filles m'accueillent avec le sourire, et deux d'entre elles vont s'occuper de moi en même temps
Il faut dire qu'il y a plusieurs plaies, pas mal de sang à nettoyer, du sang tout séché parce que la chute date de plusieurs heures. Elles vident un bidon de bétadine dessus et essayent d'y aller avec douceur pendant que je fais l'homme
Elles sont toute pooshoo toutes les deux , on discute, on rigole bien. Ça dure un moment cette affaire, faut dire qu'il y a du boulot, surtout au genou. En ce moment même, après une douche, il est rose vif sur une assez large surface, et des trucs dégueu en suppurent. M'enfin ça m'a permis de rencontrer d'aimables secouristes, le meilleur moment de la journée
Enfin je repars, il y a une équipe de foot de gamins qui passe le long de la route, pour leur en mettre plein les yeux je pars en danseuse comme un boss... avant de m'arrêter vingt mètres plus loin parce que mon lacet se coince dans le grand plateau. Je repars en danseuse comme un boss... avant de m'arrêter vingt mètres plus loin, de nouveau le schklonk schklonk, la crevaison lente a refait surface. Bordel j'en ai marre maintenant, je veux juste rentrer chez moi maintenant
Je retourne le vélo, enlève la roue... Mais je n'ai vraiment pas le courage de m'y remettre ça va prendre trois plombes et je sens venir l'échec. Dans un élan de lucidité, je retourne voir le mec de Giant, lui achète une chambre (route ) et le laisse faire le boulot. Enfin je peux rentrer chez moi, en repassant par les tessons de bouteille du centre-ville, trop de flemme pour chercher à faire un détour intelligent. Pas de crevaison à signaler, mais je vais quand même jeter un coup d’œil aux pneus.
Conclusion :
Travailler la natation
Travailler le vélo
Paradoxalement, je pense que la natation ça va aller tout seul, j'ai juste un déclic à avoir pour avoir un niveau acceptable, et je me suis mis dans un club de natation cette année (en plus du club de tri que je vais incorporer). Pour le vélo ce sera plus dur, j'ai pas trop les qualités physiques et c'est assez chiant de s'entraîner (surtout en hiver, on ne peut rouler que le week-end... et tant qu'à rouler une fois par semaine, je préfère en profiter aller faire des cols en montagne).
Pour l'année prochaine j'avais repéré plusieurs half-ironman bien sympa. Je crois que je vais d'abord me rôder un peu sur du plus raisonnable
Bordel je scrolle l'aperçu et c'est affreusement long, désolé pour l'indigestion, j'espère pour vous que vous avez lu une phrase sur trois.