/!\ MÀJ EN COURS /!\
NB : Topic initié par kalipok, je ne fais que reproduire et mettre en forme les informations données par phil7568 (merci à lui) ici, ici et ici. Je ne suis plus ce topic, si quelqu'un est motivé pour garder à jour la FP, faites directement la demande à un modo, ils ont mon aval.
Message original par kalipok :
Spoiler :
Je sors de chez l'ophtalmo et après une lutte acharnée de 27 ans, j'ai été vaincu : il me faut des lunettes.
Je m'adresse donc aux porteurs de ce noble appareil afin qu'ils me donnent des conseils sur les opticiens à éviter, sur le choix de la monture (à quoi faut il faire attention, genre poids ou...). |
Les informations suivantes proviennent de phil7568 (encore merci à lui) et sont datées de 2006 — il y a sûrement eu du nouveau depuis…
En parcourant les divers sujets concernant l'optique de détail il m'a semblé qu'un glossaire serait utile aux consommateurs. Mes confrères seraient aussi bien inspirés d'utiliser un vocabulaire précis afin que chacun puisse s'y retrouver simplement. Je vais donc reprendre les diverses matières employées pour les verres correcteurs en tâchant d'en indiquer les caractéristiques utiles au consommateurs.
1. Définitions
Tout d'abord quelques définitions concernant les caractéristiques :
- L'indice de réfraction varie selon les matériaux entre 1.423 et 1.9 : plus il est élevé, plus avec les mêmes courbures (forme du verre en coupe) le verre sera fort, donc pour une même correction plus l'indice sera élevé plus le verre sera mince.
- La constringence indique la dispersion chromatique apportée par le matériau. Elle varie entre 30 et 58 : plus elle est élevée, moins il y a de dispersion donc plus la qualité visuelle est bonne. Plus la correction est forte plus l'importance de la constringence se fera sentir (flou coloré, perte de netteté, impression d'arc en ciel).
- La masse volumique indique le poids des verres en fonction de leur volume. Elle varie entre 1.20 et 3.99 mais le poids des verres étant fonction à la fois de ce facteur et de leur épaisseur, il ne faut pas s'y attacher de façon trop précise.
En général, plus l'indice de réfraction est élevé, plus la masse volumique est élevée et plus la constringence est faible.
2. Épaisseur
Pour obtenir des verres plus minces on peut jouer sur trois facteurs :
- la matière du verre : en choisissant un indice de réfraction plus élevé ;
- la géométrie du verre : plus il est plat, plus il sera mince — mais attention aux défauts visuels induits par un verre trop plat (quand on regarde en s'éloignant de son centre) : on utilise plutôt des surfaces complexes (asphériques) afin d'améliorer à la fois l'épaisseur et les qualités optiques du verre ;
- la taille du verre brut.
Les opticiens (en tout cas en France, dans leur majorité) réalisent le montage des verres dans les montures de lunettes dans leur propre atelier. Nous commandons donc aux verriers des lentilles correctrices de forme ronde (pour simplifier) dont le diamètre est standardisé. Les diamètres les plus courants sont 65 et 70 mm.
Pour les hypermétropes ou les presbytes les verres utilisés (positifs) sont plus épais au centre qu'au bord et donc plus épais lorsque le diamètre brut est plus grand. On aura donc tout intérêt à commander le diamètre le plus petit permettant la découpe de montage. Dans un devis ou une facture cela peut apparaître comme « précal », « précalibrage », « digicali », « tranchant », « épaisseur spéciale », etc.
À l'inverse, pour un montage Nylon ou percé il faudra avoir une épaisseur minimale au bord du verre ou à l'emplacement des perçages : 16 à 19/10 mm pour les montages Nylon, 20/10 mm au niveau des trous pour les perçages. Un calcul sera donc nécessaire, qui parfois augmentera l'épaisseur des verres par rapport à une valeur standard.
À forme identique, un verre monté sur une monture cerclée sera donc plus mince (8 à 10/10 mm au bord) qu'un verre monté Nylon (18/10 mm) ou qu'un verre percé (20/10 mm). Si la monture cerclée est légère (fines, en titane, cobalt ou inox) le poids total des lunettes sera donc souvent moindre.
En résumé : poids total = poids monture + taille des verres + géométrie des verres + type de montage.
Pour des lunettes positives portées de façon prolongée (progressifs ou vision de loin), pour les montages Nylon ou percés, le calcul de l'épaisseur est donc presque une obligation.
Parfois, en fonction de sa connaissance de la correction l'opticien pourra orienter vers un verre standard plus grand ou plus petit afin d'éviter le supplément de précalibrage, mais le résultat sera moins maîtrisé.
3. Matériaux
Maintenant quelles sont les matières utilisées pour les verres de lunettes ?
Voici donc un petit tour au pays des matières, sur la base de mon expérience et des catalogues fournisseurs que je possède (13). Je suis loin de les connaître tous.
J'espère que cela pourra vous éclairer un peu, et du moins vous permettre de comprendre la complexité du choix, ce pourquoi l'opticien doit vous écouter, vous entendre et vous aider dans votre choix par des explications sérieuses.
Deux grandes familles : verres minéraux et verres organiques.
3.1 Verres minéraux
Issus de la silice (sable de Fontainebleau dans la majorité des cas), on les appellera « verres en verre », « verres minéraux », « MIN », etc.
Caractéristiques :
- la masse volumique est autour de 2.50 à 3.99, donc ils sont lourds (pour comparaison, la masse volumique des verres organiques est autour de 1.3) ;
- la constringence varie entre 59 (indice 1.5) et 30.4 (indice 1.9), elle est de 34.4 pour l'indice 1.8, 42 pour l'indice 1.7 — on verra donc plus tard que pour les forts indices (fortes puissances) le minéral est optiquement plus confortable ;
- les indices vont de de 1.523 à 1.9 ;
- la résistance à la rayure est meilleure que pour les organiques mais ils sont plus fragiles à la casse, et lorsqu'ils sont traités (antireflets ou colorations) une rayure des traitements est aussi gènante qu'une rayure d'un verre organique.
3.2 Verres organiques
Les verres organiques sont issus de la chimie du carbone (pétrole). Ce sont des matières plastiques de haute technologie.
3.2.1 CR39
Le CR39 (du nom du brevet : Colombia Registry Nr 39) est obtenu à partir d'un polymère inventé aux États-Unis avant guerre mais dont la mise en œuvre ne fut possible que par une technologie mise au point en France par la société LOR TELEGIC sous le nom d'ORMA1000. Cette société est à l'origine du groupe ESSILOR, par fusion avec la eSeL (Société de Lunetiers) inventrice des verres progressifs : ESSEL + LOR TELEGIC = ESSILOR.
C'est en organique le matériau de référence, avec un indice de 1.5, une constringence de 58 et une masse volumique de 1.32. C'est également la matière la moins onéreuse, qui permet donc des équipements à petits budgets.
Plus épaisse que le minéral, elle est deux fois moins lourde. Sa relative fragilité à la rayure est compensée par des vernis durcisseurs de plus en plus efficaces (mais facultatifs). Sa résistance à la casse est excellente mais insuffisante pour assurer la perfection pour les montages percés. Toutefois (n'en déplaise à certains), il n'est pas impossible de réaliser des équipements avec des montures très souples (inox entrée de gamme avec cavaliers plastiques) pour des personnes soigneuses ayant un budget restreint, sans pour autant courir à la catastrophe.
Noms commerciaux : Orma, CR39, OR15, Unor15, Asphor15, Perfalit, etc.
3.2.2 Polycarbonate
Comme son nom l'indique, le polycarbonate est bien un verre organique. Ce matériau est particulièrement résistant aux chocs et donc principalement destiné à des utilisations en sécurité : hublots d'avions, vitres de sécurité, boucliers de CRS, casques de pompiers, etc.
Jusqu'en 1981, il n'était pas utilisé en Europe pour les verres optiques car ses qualités et particulièrement son homogénéité étaient très inférieures aux attentes du marché. Aux USA, en raison de normes de sécurités très draconiennes, il était par contre vendu en raison de sa
légèreté (les normes FDA imposaient des verres très épais). En 1981 une enseigne Française en mal de publicité fit donc aisément l'acquisition de son exclusivité (personne n'en voulait) et fit sa promotion avec la complicité d'un multirécidiviste Breton du tour de France. La même société nous propose aujourd'hui de taper au marteau sur nos lunettes tout en essayant de noyer les pingouins rescapés de la fonte de la banquise (joke). Suite à son utilisation pour réaliser des CDs et autres CD-Roms, le marché étant devenu rentable, la recherche améliora sensiblement le polycarbonate, particulièrement en ce qui concerne son homogénéité optique, et les matières actuellement vendues sont donc acceptables.
Indice de 1.53 à 1.59, constringence de 30, masse volumique de 1.20 : c'est la masse volumique la plus faible mais avec un indice pas très avantageux et une constringence catastrophique.
Il ne supporte pas les tensions. Sont donc à exclure :
- montages Nylon (si on veux assez de tension pour que les verres tiennent) ;
- montages percés (et oui !) car des fissures apparaissent TRÈS souvent aux perçages, ce qui peut mener à la casse ;
- montures cerclées plastiques en acétate (risque de tensions par resserrement de la matière lors de fluctuations de température).
Il se détruit au contact de solvants (acétone, alcool, etc.). Il ne faut donc pas qu'il soit mis au contact de laques, de colorants, de colles. On ne peut donc pas utiliser de freins à vis traditionnels indispensables à la tenue des verres sur montures cerclées métal et percées, ou bien certaines colles cyanocrylate (pas toutes), au risque de ne plus pouvoir dévisser en cas de besoin.
En résumé : pas sur montures cerclées, pas sur montures Nylon, pas sur montures percées, il reste quoi ? Ah oui mais c'est pas encore commercialisé…
Noms commerciaux : PC, Airwear, Tilium, Polix, Moving, etc.
3.2.3 Le 1.56
Indice de 1.56, constringence de 37, masse volumique de 1.23. Matière en voie de disparition car bonne mais pas assez pour faire face aux indices supérieurs. Inconvénient majeur : sa fragilité plus grande que le CR39, ce qui oblige à une épaisseur majorée pour les myopes et exclut totalement les perçages.
Noms commerciaux : OrmEx[/ï], [i]Unor light, or1.56, etc.
3.2.4 Le MR8
Indice de 1.6, constringence de 42, masse volumique de 1.30. Donc plus mince que le Poly, aussi léger pour les myopes, très résistant à la casse et aux fissures, bonne constringence, aucune sensibilité aux solvants. C'est donc un verre parfaitement désigné pour les montages percés, mais aussi les autres si la force de la correction est moyenne.
Inconvénient, il n'est pas totalement incolore (très légère teinte ambrée).
Noms commerciaux : Eyas, Unor16, OrmIx, Classic 1.6, Aspherica 16, etc.
Attention : certains indices 1.6 ne sont pas du MR8 et peuvent être plus fragiles au perçage.
3.2.5 Le Trivex ou PNX
Indice de 1.53, constringence de 43, masse volumique de 1.11. Sans aucun des inconvénients du polycarbonate, c'est le matériau le plus léger et sa résistance aux chocs est comparable. Un peu plus épaisse que le 1.6, il peut permettre d'éviter le précalibrage pour les faibles puissances.
Encore peu utilisé, il semble (d'après les forums) donner satisfaction, en particulier pour les montages percés.
Noms commerciaux : PNX, Trivex, Trilogy.
3.2.6 Le MR10
J'avoue mon ignorance :
- peut-être indice 1.70, constringence 36, masse volumique 1.41. Comparable en plus mince au MR8, sa constringence est un peu moins bonne. Noms commerciaux: EYRY1.70.
OU
- peut-être indice 1.67, constringence 32, densité1.37. Nom commerciaux : Eynoa 1.67, Stylis (?), autres ? Merci de m'informer je mettrai à jour.
3.2.7 Les Autres 1.67
Mêmes caractéristiques, mais peut-être pas aussi conseillés pour le perçage.
Noms commerciaux : Zen 167, Asphérica 1.7, Unor167, Asphor167, etc.
3.2.8 Indices 1.74
Indice de 1.737, constringence de 33, masse volumique de 1.46.
Excellent gain d'épaisseur, le meilleur pour les organiques, constringence meilleure que le 1.67, mais pour les verres les plus forts augmentation des risques de gènes.
Noms commerciaux : Zen 1.74, Lineïs (appelé brièvement Fusio), Asphor 1.74.
4. Compétence des opticiens
J'ai lu quelque part que « dans cette maison j'ai rencontré des vendeurs compétents et d'autres pas ». Si c'est votre cas, allez voir ailleurs. Une entreprise comme une chaîne a la solidité de son maillon le plus faible : c'est à l'opticien responsable, patron ou gérant, de s'assurer
que tous ses collaborateurs ont le même discours, la même compétence ou savent quand besoin est en référer à plus compétent avant de répondre.
5. Verres progressifs
Quelques notes techniques à usage des utilisateurs de verres progressifs.
Ce verres s'adressent aux personnes ayant généralement plus de 40 ans et dont le besoin de correction devient différent pour voir de loin et voir de près (presbytie).
Au 18ème siècle, Benjamin Francklin inventa les verres bifocaux (à double foyers), qui possédaient deux zones distinctes visiblement séparées : en haut vision de loin (VL), en bas vision de près (VP).
En 1958, Bernard Maitenaz, ingénieur opticien, met au point le premier verre progressif : le Varilux, marque déposée par la Société des Lunetiers (SL), qui deviendra Essilor.
Les verres progressifs possèdent sans séparation une zone pour VL en haut du verre, une zone pour VP en bas, et un passage progressif de l'une à l'autre. Ils permettent donc une compensation parfaite et précise pour chaque distance.
Les premiers progressifs apportaient de fortes déformations visuelles, nécessitaient une période d'apprentissage et d'adaptation allant souvent jusqu'à 3 mois, avec de fortes gènes.
Nous sommes aujourd'hui à la sixième génération de verres progressifs (pour simplifier), et les plus simples que l'on trouve sur le marché sont de 3ème génération. Il y a au total plus de 100 modèles de progressifs commercialisés aujourd'hui en France. Chaque génération apporte, par des évolutions technique de calcul et réalisation des surfaces, une diminution des déformation, une amélioration du champs de vision en VP et VI (vision intermédiaire) et une approche de plus en plus personnalisée pour répondre aux attentes des porteurs.
Aujourd'hui les plus grands verriers possèdent leurs division de recherches et consacrent une forte part de leur chiffre d'affaire à la mise au point de meilleures solutions (Groupe Essilor : environ 10 % du CA, sauf erreur). Une partie des recherches est parfois partagée ou cofinancée par plusieurs verriers. Cela concerne surtout les matériaux et les traitements. De plus petits, qui pourront commercialiser d'excellents verres, n'ont pas de R&D et achètent leur technologie aux autres. Ainsi de nombreuses surfaces commercialisées sous des appellations différentes utilisent en réalité les mèmes géométries.
Les verriers tels qu'Essilor, Hoya, Zeiss, Rodenstock, Nikon, etc. possèdent leurs propres surfaces, qu'ils ne cèdent pas.
Le travail de l'opticien est donc de découvrir les attentes, besoins et possibilités de son client pour lui offrir le choix parmi toutes ces possibilités, puis de réaliser avec le plus grand soin une paire de lunettes conforme à tous ces besoins. Cela comporte bien entendu une prise de mesure qui doit prendre en compte les caractéristiques des montures, mais surtout de la morphologie et des postures instinctives du porteur. Ensuite, après avoir reçu du verrier les verres bruts, l'opticien doit les travailler (meulage) pour les assembler aux montures, afin que, les lunettes étant parfaitement ajustées au visage lors de leur livraison, le porteur puisse les utiliser le plus naturellement possible. Enfin, il est du devoir de l'opticien d'être à la disposition de son client pour maintenir ses lunettes en cet état (réglages réguliers, entretien etc.) — services fournis par la suite sans supplément tarifaire.
Ce que je dis peut sembler implicite et basique, mais nécessite une bonne formation du vendeur, le respect d'un protocole bien précis, et surtout beaucoup de temps et de disponibilité.
6. Commentaires
J'ajouterai aussi quelques considérations personnelles et non techniques.
Il est donc possible de trouver aujourd'hui une échelle très vaste de prix des verres, en fonction de la génération des verres, de leur matière, de leurs traitements et des fournisseurs.
La politique commerciale de l'opticien joue également : les discounters auront tendance à employer du personnel moins qualifié, à rationaliser au maximum leurs achats (moins de choix proposé). Ce qui ne veut pas dire que la marchandise soit mauvaise, une part importante des consommateurs, pas trop exigeants, peuvent en être satisfaits. Par contre le service offert aux non-clients sera souvent refusé (nous n'avons pas fourni, nous ne pouvons prendre de risque). Ils s'orienteront de préférence vers des montures qui ne s'ajustent pas ou négligeront l'ajustage, etc.
Annexe : Lexique
Quelques abréviations utiles pour lire un devis :
- As : asphérique ;
- Tr Br : transition brun ;
- Cz : Crizal ;
- F UV : Forte UV (Crizal) ;
- précal : précalibrage.
Compte-rendus utilisateurs
- CR sur le traitement BlueControl de chez Hoya, par Kylordan.
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