20/06/2007:
Je re mets ici les explications techniques que j'avais retirées, en présentant encore une fois
mes excuses pour mon accés de colère du à des interventions probablement mal intentionnées.
En parcourant les divers sujets concernant l'optique de détail il m'a semblé qu'un
glossaire serait utile aux consommateurs.
Mes confrères seraient aussi bien inspirés d'utiliser un vocabulaire précis afin que chacun
puisse s'y retrouver simplement.
Je vais donc reprendre les diverses matières employées pour les verres correcteurs en tâchant
d'en indiquer les caractéristiques utiles au consommateurs.
Tout d'abord quelques définitions concernant les caractéristiques:
- L'indice de réfraction, c'est une valeur qui varie selon les matière entre 1.423 et 1.9,
plus il est élevé, plus avec les mêmes courbures(forme du verre en coupe) le verres sera
fort, donc pour une même correction plus l'indice sera élevé plus le verre sera mince.
- la constringence( nombre d'Abbe), c'est une valeur qui indique la dispersion chromatique apportée par
la matière,elle varie entre 30 et 58, plus elle est élevée, moins il y a de dispersion donc
plus la qualité visuelle est bonne, plus la correction est forte plus l'importance de la
constringence se fera sentir
( flou coloré, perte de netteté, impression d'arc en ciel)
- La masse volumique, c'est une valeur qui indique le poids des verres en fonction de leur
volume, elle varie entre 1.20 et 3.99 mais le poids des verres étant fonction à la fois de
ce facteur et de leur épaisseur, il ne faut pas s'y attacher de façon trop précise.
En général plus l'indice de réfraction est élevé plus la masse volumique est élevée et plus
la constringence est faible.
Pour obtenir des verres plus minces on peut jouer sur 3 facteurs:
- la matière du verre, donc en choisissant un indice de réfraction plus élevé.
- la géométrie du verre, plus il est plat, plus il sera mince, mais attention aux défauts
visuels induits par un verre trop plat (quand on regarde en s'éloignant de son centre),
c'est pourquoi on utilise des surfaces complexes (asphériques) afin d'améliorer à la fois
l'épaisseur et les qualités optiques du verre.
- la grandeur du verre brut. Les Opticiens (dans leur majorité en France) réalisent le
montage des verres dans les montures de lunettes dans leur propre atelier. Nous commandons
donc aux verriers des lentilles correctrices de forme ronde (pour simplifier) dont le
diamètre est standardisé. Les diamètres les plus courant sont 65 et 70 mm.
Pour les Hypermétropes ou les presbytes les verres utilisés (positifs) sont plus épais au
centre qu'au bord et donc plus épais lorsque le diamêtre brut est plus grand, on aura donc
tout intérêt à commander le diamètre le plus petit permettant la découpe de montage.
Dans un devis ou une facture cela peut apparaitre comme "précal, précalibrage, digicali,
tranchant, épaisseur spéciale etc...).
A l'inverse pour un montage Nylon ou percé il faudra avoir une épaisseur minimale au bord
du verre ou à l'emplacement des perçage, 16 à 19/10mm pour les montages Nylon, 20/10mm au
niveau des trous pour les perçages. Donc un calcul sera nécessaire qui parfois augmentera
l'épaisseur des verres par rapport à une valeur standard.
Donc à forme identique, un verre monté sur une monture cerclée sera plus mince (8 à 10/10mm
au bord) qu'un verre monté Nylon (18/10mm) ou qu'un verre percé 20/10mm) si la monture
cerclée est légère ( fines en Titane ou cobalt ou inox ) le poids total des lunettes sera
donc souvent le moindre.
En résumé: poids total = poids monture + grandeur des verres + géométrie des verres
+ type de montage.
Pour des lunettes positives portées de façon prolongée (progressifs ou Vision de loin), pour
les montages Nylon ou percés, le calcul de l'épaisseur est donc presque une obligation.
Parfois, en fonction de sa connaissance de la correction l'opticien pourra orienter vers un
verre standard plus grand ou plus petit afin d'éviter le supplément de précalibrage, mais
le résultat sera moins maitrisé.
Maintenant quelles sont les matières utilisées pour les verres de lunettes?
Deux grandes familles:
1/ les verres minéraux: issus de la silice (sable de Fontainebleau dans la majorité des cas )
on les appellera "verres en verre", "verres minéraux" "MIN" etc...
- la masse volumique est autour de 2.50 à 3.99 donc ils sont lourds (organiques autour de
1.3)
- la constringence est entre 59 (indice 1.5) et 30.4 (indice 1.9) 34.4 pour l'indice 1.8 42
pour l'indice 1.7 on verra donc plus tard que pour les forts indice (fortes puissances) le
minéral est optiquement plus confortable.
- Les indices vont de de 1.523 à 1.9 .
- La résistance à la rayure est la meilleure mais ils sont plus fragiles à la casse,
lorsqu'il sont traités (Anti-reflets ou colorations) une rayure des traitements est aussi
gènante que pour les organiques.
2/Les verres Organiques: issus de la chimie du carbone (pétrole) ce sont des matières
plastiques de haute technologie.
- Le CR39, (du nom du brevet : Colombia Registry Nr 39) est à base d'un polymère inventé aux
Etats Unis avant Guerre mais dont la mise en oeuvre ne fut possible que par une technologie
mise au point en France par la société "LOR TELEGIC" sous le nom d'ORMA1000, cette société
est à l'origine du groupe ESSILOR par fusion avec la "eSeL" (Société de Lunetiers)
inventrice des verres progressifs ESSEL + LOR = ESSILOR .
C'est en organiques la matière de référence,
indice 1.5, constringence 58, masse volumique 1.32. Plus épaisse que le minéral elle est
2 fois moins lourde. Sa relative fragilité à la rayure est compensée 'facultatif) par des
vernis durcisseurs de plus en plus efficaces.
C'est la matière la moins onéreuse permettant donc des équipements à petits budgets.
sa résistance à la casse est excellente mais insuffisante pour assurer la perfection pour
les montages percés. Toutefois, (n'en déplaise à certains) il n'est pas impossible de
réaliser des équipements avec des montures très souples(inox entrées de gamme avec cavaliers
plastiques) pour des personnes soigneuses ayant un budget restreint sans pour autant courir
à la catastrophe.
Noms commerciaux: Orma, CR39, OR15, Unor15, Asphor15, Perfalit etc...
- Le polycarbonate : Comme son nom le prouve c'est bien un verre organique.
Ce matériaux est particulièrement résistant aux chocs et donc principalement utilisé pour
les usages de sécurité: Hublots d'avions, Vitres de sécurité, boucliers de CRS, casques de
pompiers etc...
Jusqu'en 1981 il n'était pas utilisé en Europe pour les verres optiques car ses qualités et
particulièrement son homogénéité étaient très inférieures aux attentes du marché. Aux USA en
raison de normes de sécurités très draconiennes, il était par contre vendu en raison de sa
légèreté (les normes FDA imposaient des verres très épais).
En 1981 un enseigne Française en mal de publicité fit donc aisément l'acquisition de son
exclusivité (personne n'en voulait) et fit sa promotion avec la complicité d'un
multirécidiviste Breton du tour de France. La même société nous propose aujourd'hui de taper
au marteau sur nos lunettes tout en essayant de noyer les pingouins rescapés de la fonte de
la banquise (joke).
Suite à son utilisation pour réaliser des CD et autres CD-Rom, le marché étant rentable, la
recherche améliora sensiblement le polycarbonate, particulièrement en ce qui concerne son
homogénéité optique, et les matières actuellement vendues sont donc acceptables.
indice 1.53 à 1.59, constringence 30, masse volumique 1.20. c'est la masse volumique la
plus faible mais avec un indice pas très avantageux et une constringence catastrophique.
Il ne supporte pas les tensions, sont donc à exclure, montages Nylon (si on veux assez de
tension pour que les verres tiennet), montages percés (et oui!!) car des fissures
apparaissent TRES souvent aux perçages, pouvant mener à la casse. Montures cerclées
plastiques en acétate (risque de tensions par reserrement de la matière lors de fluctuations
de température.
Il se détruit au contact de solvants, acétone, alcool etc.. il ne faut donc pas qu'il
vienne au contact de laques, de colorants, de colles.
on ne peut donc pas utiliser de freins à vis traditionnels indispensable à la tenue des
verres sur montures cerclées métal et percées, ou bien certaine colle cyanocrylate
(pas toutes) au risque de ne plus pouvoir dévisser en cas de besoin.
En résumé: pas sur montures cerclées, pas sur montures Nylon, pas sur montures percées, il
reste quoi ? ah oui mais c'est pas encore commercialisé 
Noms commerciaux: PC, Airwear, Tilium, Polix, Moving etc...
- le 1.56
indice 1.56 , constringence 37, masse volumique 1.23.
Matière en voie de disparition car bonne mais pas assez pour faire face aux indices
supérieurs, inconvénient majeur, sa fragilité plus grande que le CR39 ce qui oblige à une
épaisseur majorée pour les myope et exclu totalement les perçages
Noms commerciaux OrmEx, Unor light, or1.56 etc...
- Le MR8
indice 1.6, constringence 42, masse volumique 1.30. donc plus mince que le Poly, aussi
léger pour les myopes, très résistant à la casse et aux fissures, bonne constringence aucune
sensibilité aux solvants. c'est donc un verre parfaitement désigné pour les montages percés
mais aussi les autres si la force de la correction est moyenne.
Inconvénient, il n'est pas totalement incolore (très légère teinte ambrée)
Noms commerciaux: Eyas, Unor16, OrmIx, Classic 1.6, Aspherica 16 etc...
Attention certains indices 1.6 ne sont pas du MR8 et peuvent être plus fragiles au perçage.
- Le Trivex ou PNX
indice 1.53, constringence 43, masse volumique 1.11. sans aucuns des inconvenients du
polycarbonate c'est la matière la plus légère et sa résistance aux chocs est comparable.
un peu plus épaisse que le 1.6 il peut éviter le précalibrage pour les faibles puissances.
Encore peu utilisé il semble (d'après les forums) donner satisfaction particulièrement pour
les montages percés.
Noms commerciaux PNX, Trivex, Trilogy.
- Le MR10 J'avoue mon ignorence, peut être
indice 1.70, constringence 36, masse volumique 1.41. comparable en plus mince au MR8 sa
constringence est un peu moins bonne
Noms commerciaux: EYRY1.70
ou indice 1.67 constringence 32 densité1.37
Nom commerciaux Eynoa 1.67 Stylis (?) autres ? Merci de m'informer je mettrais à jour.
- Les Autres 1.67 , mêmes caracteristiques mais peut être pas aussi conseillés pour le
perçage
Noms commerciaux Zen 167, Asphérica 1.7, Unor167, Asphor167 etc...
- Indices 1.74
indice 1.737, constringence 33 , masse volumique 1.46.
Excellent gains d'épaisseur, le meilleur pour des organiques, constringence meilleure que
le 1.67 mais pour les verres les+ forts augmentation des risques de gènes
Noms commerciaux: Zen 1.74, Lineïs (appelé brièvement Fusio), Asphor 1.74
Voici donc un petit tour au pays des matières, je l'ai fait sur la base de mon expérience
et des catalogues fournisseurs que je possède (13) Je suis loin de les connaitre tous.
J'espère que cela vous éclaire un peu, et du moins vous permet de comprendre la complexité
du choix, ce pourquoi l'Opticien doit vous écouter, vous entendre vous aider dans votre
choix par des explications sérieuses.
En dernier lieu, j'ai lu qq part que "dans cette maison j'ai rencontré des vendeurs
compétents et d'autres pas"
Si c'est votre cas allez voir ailleurs, une entreprise comme une chaine à la solidité de son
maillon le plus faible, c'est à l'opticien responsable, patron ou gérant, de s'assurer
que tous ses collaborateurs ont le même discours, la même compétence ou savent quand
besoin est en référer à plus compétant avant de répondre.
Enfin quelques notes techniques à usage des consommateurs
sur les verres progressifs:
Ce verres s'adressent aux personnes ayant généralement plus de 40 ans et dont le besoin de
correction devient différent pour voir de loin et voir de près (Presbytie).
Au 18ème Siècle Benjamin Franklin inventa les verres bifocaux (à double foyers) qui
possédaient deux zones distinctes visiblement séparées. en haut Vision de Loin (VL), en bas
Vision de Près (VP).
en 1958 Bernard Maitenaz, ingénieur Opticien mets au point le premier verre progressif
le Varilux, marque déposée par la Société des Lunetiers (SL) qui deviendra Essilor.
les verres progressifs possèdent sans séparations une zone pour VL en Haut du verre une
zone pour VP en Bas et un passage progressif de l'une à l'autre, ils permettent donc une
compensation parfaite et précise pour chaque distance.
Les premiers progressifs apportaient de fortes déformations visuelles, nécessitaient une
période d'apprentissage et d'adaptation allant souvent jusqu'à 3 mois avec de fortes gènes.
Nous sommes aujourd'hui à la sixième génération de verres progressifs (pour simplifier),
les plus simples que l'on trouve sur le marché sont de 3ème génération. Il y a au total plus
de 100 modèles de progressifs commercialisés aujourd'hui en France.
Chaque génération apporte ,par des évolutions technique de calcul et réalisation des
surfaces, une diminution des déformation, une amélioration du champs de vision en VP et
VI (vision intermédiaire) et une approche de plus en plus personnalisée pour répondre aux
attentes des porteurs.
Les plus grands verriers possèdent leurs division de recherches et consacrent une forte part
de leur chiffre d'affaire à la mise au point de meilleures solution ( Groupe Essilor environ
10% du CA sauf erreur) Une partie des recherches est parfois partagée ou co-financée par
plusieurs verriers. Cela concerne surtout les matères et les traitements.
De plus petits, qui pourront commercialiser d'excellents verres, n'ont pas de R&D et achètent
leurs technologies aux autres.
Ainsi de nombreuses surfaces commercialisées sous des appellations différentes utilisent les
mêmes géométries.
Les Verriers tels Essilor, Hoya, Zeiss, Rodenstock, Nikon etc... possèdent leurs propres
surfaces qu'ils ne cèdent pas.
Le travail de l'opticien est donc de découvrir les attentes, besoins et possibilités de son
client pour lui offrir le choix parmi toutes ces possibilités.
Puis de réaliser avec le plus grand soin une paire de lunette conforme à tous ces besoins.
Cela comporte bien entendu une prise de mesure qui doit prendre en compte les caractéristiques
des montures, mais surtout de la morphologie et des postures instinctives du porteur.
Et ensuite, après avoir reçu du verrier les verres bruts, de les travailler (meulage) pour
les assembler aux montures afin que, les lunettes étant parfaitement ajustées au visage lors
de leur livraison, le porteur puisse les utiliser le plus naturellement possible.
Enfin d'être à la disposition de son client pour maintenir ses lunettes en cet état (réglages
réguliers, entretien etc...) services fournis par la suite sans supplément tarifaire.
Ce que je dis peut sembler implicite et basique, mais nécessite une bonne formation du
vendeur le respect d'un protocole bien précis et surtout beaucoup de temps et de
disponibilité.
J'ajouterai aussi quelques considérations personnelles et non techniques
Il est donc possible de trouver aujourd'hui une échelle très vaste de prix des verres, en
fonction de la génération des verres, de leur matière, de leurs traitements et des fournisseurs.
La politique commerciale de l'Opticien joue également, les discounters auront tendance à
employer du personnel moins qualifié, de rationaliser au maximum leurs achats (moins de
choix proposé) ce qui ne veut pas dire que la marchandise soit mauvaise, une part
importante des consommateurs, pas trop exigeants, peuvent en être satisfaits. Par contre le
service offert aux non-clients sera souvent refusé.(nous n'avons pas fourni, nous ne pouvons
prendre de risque) Ils s'orienteront de préférence vers des montures qui ne s'ajustent pas ou
négligeront l'ajustage etc...
Message édité par phil7568 le 17-12-2008 à 15:16:26