P... de s..... de vie de m... !
Au moment où tout ce cirque va avoir lieu, une des consciences de notre pays s'éteint. Mais certainement pas son combat pour l'Afrique.
http://www.survie-france.org
http://permanent.nouvelobs.com/cul [...] S1929.html
F rançois-Xavier Verschave, fondateur de l'association Survie, spécialiste de la Françafrique, est mort d'un cancer mercredi 29 juin, a annoncé son association dans un communiqué. "Fondateur de notre association Survie, qu'il présidait depuis 1995, il fut, 20 ans durant, en notre sein, ce qu'aucun qualificatif ne pourrait exprimer, au-delà des qualités et de la pertinence avec lesquelles il menait notre combat collectif. Il a défini lui même ce combat comme étant celui dabord de ne pas nuire à autrui, et en particulier aux peuples africains", indique le texte.
La famille de François-Xavier Verschave a fait savoir qu'une célébration aura lieu à Villeurbanne, le samedi 2 juillet, avant l'inhumation de son corps. Une veillée de partage et de mémoire sera également organisée le même jour à 18 heures. Un second temps de partage et de mémoire sera organisé à Paris à la rentrée.
Procès
François-Xavier Verschave est né à Lille le 28 octobre 1945. Il était membre fondateur de lassociation Survie, quil présidait depuis 1995. Il était également directeur de publication de la lettre mensuelle de lassociation : Billets d'Afrique et d'ailleurs.
Spécialiste des relations franco-africaines, François-Xavier Verschave a notamment forgé et décrit le concept de "Françafrique". Ses deux principaux ouvrages sur la question sont La Françafrique (Stock, 1999) et Noir silence (Les Arènes, 2000). Ce dernier lui a valu un procès pour offense à chefs dEtat étrangers qui a finalement légitimé son travail puisque François-Xavier Verschave a été déclaré non coupable, compte tenu du "sérieux des investigations effectuées".
Survie
Survie est une association de citoyens qui milite pour que l'argent de l'aide publique au développement serve réellement à lutter contre la pauvreté, soit mis un terme aux dérives souterraines et déshonorantes de la politique franco-africaine et soient mis en place des mécanismes de prévention et de répression des crimes contre lhumanité et de génocide.
http://www.arenes.fr/auteurs/page- [...] o_auteur=8
Le décès de François-Xavier Verschave
Un dissident français.
François-Xavier Verschave est mort, ce jeudi 29 juin, dun cancer du pancréas, qui la enlevé en quatre mois. Se sachant condamné, il a continué à travailler, corrigeant les épreuves de son dernier livre, sans un regard en arrière, comme il a vécu. Cette attitude ne sort pas de nimporte où.
François-Xavier Verschave était un dissident français. La chape de plomb qui repose sur trente ans de néo-colonialisme français en Afrique est trop lourde, trop étouffante, pour que lon hésite à employer ce terme. Rares sont ceux qui osent se soulever contre leur pays. François-Xavier la fait, explorant tous les « trous noirs » de la République, avec une énergie peu commune.
Il incarnait jusquà la démesure un certain nombre de vertus que lon attend de ceux qui se dévouent au bien commun : la rectitude morale, la curiosité, lenthousiasme, lhonnêteté. Son désintéressement était unique : tous ses livres vendus à plus de 200.000 ex au total ont été écrit au bénéfice de Survie, auquel il abandonnait ses droits dauteur dés le premier centime.
Il était entré en dissidence sur le tard, à lâge où tant dautres choisissent justement le confort. Sa rencontre avec lAfrique est le fruit dun grand rêve déçu. Répondant à lAppel de plusieurs prix Nobel pour lutter contre la faim dans le monde, il sétait passionné par cette cause, multipliant les contacts, les initiatives les plus consensuelles. Jusquau jour où il sest rendu compte que la République côté pile affichait ses bonnes intentions daide au tiers-monde, tout en bloquant côté face les initiatives pouvant troubler les réseaux françafricains
Ce doux nacceptait pas le mensonge. Toujours entre deux rendez-vous, comme un courant dair, sa mallette remplie de dossiers, avaleur de livres, prenant sur les nuits pour écrire, toujours en mouvement, il prit la tête de tous ceux qui refusaient linacceptable.
Malheureusement, ils étaient peu nombreux.
Notre première rencontre date de 1997. Nous avions été frappé ce jour là par le dénuement de Survie. Pendant des années, François-Xavier Verschave sest battu à mains nues, dans lindifférence générale. Cette première collaboration a débouché sur La Françafrique, édité chez Stock. Il avait repris ce terme dHouphouët-Boigny, quil a réussi à imposer dans le débat public. Premier livre et premier procès intenté et perdu- par Charles Pasqua, qui demandait cinq millions de francs de dommages et intérêts.
Aux Arènes, nous lui commandâmes aussitôt une suite. Elle arriva sous la forme dun pavé de plus dun millions et demi de signes, qui nous effraya. Nous sortîmes de la lecture de Noir silence à la fois accablés par son contenu, convaincus quil fallait publier le livre, mais certains également que louvrage était invendable. Pourtant le jour de sa sortie, entre 9H et 12H, notre téléphone fut assailli par des demandes de lecteurs. Sans une ligne dans presse, louvrage fut réimprimé plusieurs fois.
Les plaintes de trois Présidents africains pour « Offense à chef dEtat étranger » tombèrent durant lété. Incrédules, François et nous découvrions que notre condamnation était inscrite dans la jurisprudence : plus de six cents procès depuis le vote de la loi sur la presse et autant de condamnations
Puisque nous allions perdre, autant le faire en beauté. François et léquipe de Survie se démenèrent, multipliant les témoins, préparant ces audiences avec rage, parce que leur sort en dépendait. Il ny avait pas dargent dans les caisses pour les dommages et intérêts inévitables qui nous attendaient. Aux Arènes, Mehdi Ba assurait le va-et-vient entre Survie et nous. Il édita dans la foulée, Noir procès, les minutes des audiences, qui sont un document pour lhistoire : le premier procès public et contradictoire de la politique criminelle de la France en Afrique. De nombreux documents sur ce site attestent de limportance de ce tournant dans le combat de Survie.
Durant le procès, toujours en première ligne, François-Xavier fut toujours ému, parfois sur la défensive, souvent éloquent. Ce citoyen modèle était au banc des accusés et il le vivait mal. Mais François-Xavier était un orateur convaincant. Sa sincérité et la justesse de son combat lemportèrent. Plus dun siècle de jurisprudence était renversé ! La victoire était dabord la sienne avant dêtre celle dune cause. La victoire fut confirmée en cour dAppel, ce qui nous permit dajouter un bandeau rouge sur les livres, en guise de pied de nez, avec des extraits de larrêt qui louaient la rigueur de son travail...
Entre les Arènes et François-Xavier, lépreuve consolida lamitié. Nous fêtâmes dignement cette victoire, en compagnie de nos témoins et de nos avocats. Il y avait ce soir-là toute lallégresses des victoires conquises de haute lutte.
Notre confiance réciproque fut précieuse lorsque quelques désaccords entre nous survinrent. Nous nétions pas aussi enthousiastes sur Noir Chirac ou quelques autres projets. François-Xavier continuait pourtant à nous proposer dix idées de livres par mois, faisant lintercesseur, découvrant chaque jour de nouveaux dossiers. Cétait un fidèle.
Avec bonheur, Survie et Les Arènes ont pu se réunir de nouveau lannée dernière lors de la commémoration des dix ans du génocide tutsi. La commission denquête citoyenne et la publication de lInavouable de Patrick de Saint-Exupéry allaient dans le même sens. Lamitié et le travail commun se fondirent à nouveau dans un combat essentiel : Imprescriptible, contre limpunité de notre pays dans le crime des crimes. Cette cause de longue haleine, nous la porterons jusquau bout, sans jamais renoncer à ce que la lumière soit faite, même si son inlassable allant va nous manquer.
Puis ce fut Négrophobie, son livre, paru la semaine dernière, en forme de testament. La lecture de Négrologie du journaliste Stephen Smith lavait fait bondir. Négrologie reposait sur une vision pessimiste, voire cynique de lhomme, il assumait lhéritage colonial, avec sa part de racisme, affichant sa proximité avec les sources officielles : il a donc reçu un accueil critique triomphal. Négrophobie est soutenu par une vision optimiste, voire prophétique de lhomme, il rejette lidéologie coloniale, se méfie des manipulations dEtat : il doit donc faire son chemin par le bouche-à-oreille. En somme, la parabole de son engagement.
Cest à sa confiance absolue dans lhomme et dans la démocratie que nous pensons aujourdhui, à cette flamme qui le consumait, à ce rire soudain, presque strident qui ponctuait nos rencontres, à ce mouvement perpétuel dun homme qui ne sarrêtait ni décrire, ni dagir, puisque cétait nécessaire. Le dissident était un cur, une flamme, un souffle.
Aujourdhui des dizaines de milliers dauditeurs, de lecteurs, de sympathisants, européens et africains qui appréciaient son intégrité et son engagement, sont tristes, et un peu plus seuls. A eux, à son épouse et à ses trois enfants, à Sharon Courtoux et aux collaborateurs de Survie, présents et passés, nous apportons notre chagrin pour le mêler au leur.