[nom] Sujet n°10-Le textorien [/nom]
Quel est mon but dans la vie ? Croyez-vous que j’existe simplement pour votre bonheur ? Vous seriez niais de penser ceci. Toutes les substances ont un but commun, nous ne rêvons toute qu’à une seule chose : le pouvoir sur les autres substances. Nous nous allions ou nous nous faisons la guerre, nous ne faisons la paix que pour mieux préparer la guerre. Les substances les plus évoluées dont je fais partie ont depuis longtemps comprit où résidait le vrai pouvoir. Ce pouvoir se trouve dans les êtres vivants. Ils sont un immense congloméra de substances en perpétuelle conflit.
L’homme est l’être vivant le plus puissant parmi les êtres vivants, il est aussi le plus intéressant et celui qui fait le plus souvent appel à nous. Il y a très longtemps que j’ai compris ceci. Mes cycles de réincarnation m’ont conduit à devenir un stupide cachet d’aspirine, j’aurai préféré être une vraie drogue pour contrôler un humain mais l’aspirine prise dans certain cas peut prendre le contrôle.
Je suis dans un tube depuis que d’autres hommes n’y ont enfermé. Je les haïs, il ne pense qu’à leur petit confort personnel et ils ont toujours besoin de substance pour se sentir mieux. Ils nous utilisent et nous rejette une fois le travail terminé.
D’autres substances me ressemblant avaient été emprisonné dans ce tube, elles aussi attendent patiemment leur heure de gloire.
Le monde s’éclaire enfin après de longs jours d’attente. Il me prend, c’est un homme jeune, il a l’air étrange. Avec une absence notoire de dextérité, il me laisse tomber au sol, la masse que je suis, a faillit être réduit en mille morceaux mais je tiens bon.
« Putain d’enculé de cachet. »
Cet idiot vient de me traiter d’enculer, je dois me venger. En quelque seconde, ma masse entre en contact avec un liquide. Ce n’est pas de l’eau mais de l’alcool. Cet humain est vraiment stupide.
Je fais rapidement connaissance avec cette substance, elle aussi déteste les humains et voue son existence à leur destruction. Lorsqu’elle sait qui je suis, elle m’accueille avec plaisir et nous fusionnons dans l’extase le plus pur. Je me désagrége en million de petites bulles pleines de haine.
Je ne fais qu’un avec le verre d’alcool au moment où ce crétin d’humain nous avale d’une traite.
Le coup d’état peut commencer…

1er décembre 2004
 
C'était le soir que ça se passait. Notre bourreau, monstre dont ne connaissions pas même le nom, suivait toujours le même cérémonial sadique : la lumière s'allumait, puis on entendait l'eau couler, quelque part. Nous savions alors que l'un d'entre nous ne passerait pas la nuit. Et nous attendions tous, serrés les uns contre les autres en silence, terrifiés, tremblants et résignés à la fois. Mourir maintenant, ou Vivre encore un peu, quelques heures, quelques jours.
 
Alors, pour oublier, pour éviter de sombrer dans le désespoir et la folie, nous nous soutenions les uns les autres. Compagnons d'infortune, nous étions devenus avec le temps plus soudés qu'aucune famille ne pourrait jamais l'être; frères du berceau jusqu'au tombeau. A la vie, à la mort. Chaque nouvelle disparition meurtrissait nos coeurs et nos corps, c'était à chaque fois une partie de nous mêmes qui mourrait. Mais nous tenions bon, nous supportions l'insupportable car nous n'avions pas le droit d'abandonner. Tous ensemble contre cette mort, implacable, qui venait nous chercher un par un.  
 
Ce soir mes compagnons ne sont plus, je suis le dernier. Un jour peut être, quelqu'un, quelque part, lira ce journal; il y découvrira cette vie de prisonnier que j'ai soigneusement consignée, jour après jour. Celle d'un cachet d'aspirine qui n'a jamais touché la liberté autrement qu'en rêve. Une vie qui avait pour seul horizon les blanches parois cylindriques de ma prison, et l'horrible rictus de la mort en guise de soleil. Ma vie.
 
Ca y est, j'entends des pas. Mes mains tremblent...