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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°12143609
Baptiste R
Posté le 17-07-2007 à 23:07:00  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

phyllo a écrit :


 
La différence entre la théorie et la pratique, en théorie il n'y en a pas, en pratique, si.
 
 
 
Ne me remercie pas/


 
 
:-)

mood
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Posté le 17-07-2007 à 23:07:00  profilanswer
 

n°12145731
Baptiste R
Posté le 18-07-2007 à 09:48:13  profilanswer
 

Je vais faire une blague bergsonienne.
 
 
http://huuan.blog.lemonde.fr/files/ladure.jpg
 
 
 
Je vous remercie.

n°12146744
foutre de
Posté le 18-07-2007 à 11:33:00  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :


Par ailleurs, perso théorie et pratique, je sais pas trop ce que ça veut dire.

 


 

oui, en plus ça dépend sévèrement des auteurs. henry constitue son usage de "praxis" contre le "théoricisme" du marxisme althusserrien, autant dire contre le structuralisme. Il désigne là l'action corporelle sans distance, le "se-faisant" etc..., le potentiel d'investissement de la chair dans son excès insurpassable etc...

 

Valdinoci en revanche prend "theoria" au sens de "raptus", saisie hors de soi, contemplation arrachée, bref bascule de soi vers l'arrière : clinique. Donc chez lui la theoria est tout sauf dans un éloignement confortable d'auto-survol. Mais entre henry et valdinoci, il y a une pensée du livre civilisation (genre Mallarmé), c'est-à-dire de l'écriture, que henry ne produit pas.

 

le concept de "theoria", valdinoci le retrouve je crois chez Habermas, mais je ne sais plus dans quel livre pour l'instant, et il y a des textes de JP Vernant sur la figure initiatique de Trophonios dans les rituels orphistes ou béotiens, je ne sais plus, qui illustre particulièrement le basculement vertigineux d'être saisi par derrière, d'être passivé par le réel jusqu'à la sidération (ce sont des rituels où l'on est plongé dans sa propre tombe et où des mais s'empare de nos pieds et nous font basculer dans la fosse chtonienne).


Message édité par foutre de le 18-07-2007 à 11:42:59

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12163364
Baptiste R
Posté le 19-07-2007 à 20:19:06  profilanswer
 

Alors d'abord : http://forum.hardware.fr/hfr/profil-189139.htm
 
Ensuite :
"Il s'en faut de beaucoup que le cinéma soit, comme on continue à faire semblant de le croire, rapport au réel, au monde ou au vécu. D'abord et avant tout : rapport au visuel. Ni le double, ni le travestissement scandaleux, mensonger ou inexact de quelque chose d'autre, le visuel est déjà quelque chose d'autre, avec ses lois, ses effets, ses exigences. Le cinéma qui se rêvait "en prise directe avec le monde" postulait que du "réel" au visuel et du visuel à sa version filmée une même vérité se réflétait à l'infini, sans distorsion ni déperdition. Et l'on devine que dans un monde où l'on dit volontiers "je vois" pour je "comprend", un tel rêve n'ait rien eu de fortuit, l'idéologie dominante - celle qui pose : réel=visible -ayant tout intérêt à l'encourager.
Depuis peu, on a déplacé le problème, on a fait porter le soupçon sur le simple fait de filmer, sur la construction même de la caméra, etc. Certes. Mais pourquoi, remontant encore plus loin, ne pas mettre en cause ce que sert la caméra et qui la précède : une confiance absolue littéralement aveugle dans le visible, l'hégémonie, acquise à peu près par l'oeil sur les autres organes des sens, le goût, le besoin qu'une société a de spéculariser, etc. Difficile alors d'échapper à une iconoclastie honteuse où tout rapport à l'image est vécu comme péché mortel (ce sont les "images fausses" des précédents films de Godard), difficile aussi de ne pas perdre de vue le phénomène spécifique du cinéma, moment dans l'histoire générale du spéculaire, moment lui-même doté d'une histoire, d'une histoire dont il n'est pas tout à fait exclu que nous "voyons" la fin.
Le cinéma a donc partie liée avec la tradition métaphysique occidentale tradition du voir et de la vision, dont il semble réaliser la vocation photo-logique. Qu'est-ce que la photo-logie ? Quel peut bien être le discours de la lumière ? Un discours téléologique assurément, s'il est vrai que la téléologie consiste à "neutraliser la durée et la force au profit de l'illusion du simultané et de la forme" (Derrida).
La durée et la force : autrement dit le travail : "la lumière efface ses traces, invisible elle rend visible", elle nous donne toujours un monde fini, achevé, où le travail (à commencer par le sien) est proprement inimaginable. Un monde que nous ne reconnaissons que parce que nous ne l'avons jamais connu et que nous risquons, pris dans son "évidence", de ne jamais connaître. Appelons "photologique" cette obstination à confondre vision et connaissance, à faire de celle-ci le gain de celle-là et de celle-là la garantie de celle-ci.
[...]
Hasardons ceci : cette "logique de la vue et de la bévue" a un terme, et ceci nous commençons à l'entrevoir. Depuis longtemps il existe un cinéma de "l'évidence et de la splendeur du vrai" : il s'agit du cinéma publicitaire où tout vérité est vérifiable immédiatement, où l'on voit nettement l'irruption de la tornade blanche, la mollesse du caramel Kréma ou la tache la plus rebelle s'incrliner devant K2R. La plus grande partie du cinéma commercialement distribué, en ce qu'elle est la "mise en valeur" d'un matérieur préexistant, relève de plus en plus de l'esthétique publicitaire et s'invente les sujets et les préoccupations (la "prise de conscience" sous les formes jumelles et rivales de la propagande et de la publicité) que cette esthétique implique.
[...]
Si la photologie est impliquée par le cinéma, tout film est donc contrôlé par elle s'il ne la contrôle à son tour. Et si la contrôler est encore plus qu'il ne peut faire, qu'il la désigne au moins, qu'il sache (lui, le prisonnier du jour) à quel point "le monde est plus profond que le jour ne le pense".
 
Serge daney

n°12163705
neojousous
Posté le 19-07-2007 à 20:55:43  profilanswer
 
n°12164759
Baptiste R
Posté le 19-07-2007 à 22:39:58  profilanswer
 

Sinon j'aimerais parler brièvement d'un mec qui aurait plu à Deleuze  : Jean-Yves Girard, comme exemple parfait d'une pensée créative. En logique, il y a des systèmes d'une pauvreté incroyable, qui se contentent de formaliser des structures culturelles implicites. Par exemple, la logique déontique on dirait une logique pour rire, une logique à blanc qu'on inventerait pendant un cours d'introduction : les mecs découvrent des types d'énoncés (affleurants plus que cachés) dans le langage humain, ajoutent un peu de symbolisme, et paf ça fait une logique. Girard, lui, c'est comme Deleuze : hautement formel et tout d'un coup ça débouche sur un exemple très con (la machine à café comme cas où l'on use quelque chose, où une pièce de monnaie/un énoncé n'est pas réutilisable). On ne sait pas très bien ce qu'il formalise, de quoi il parle, en fait il traduit juste la manière dont il voit le monde (d'on on peut dire sybillinement qu'elle est anti-essentialiste - ce qui, pour un logicien, est quand même pas mal).
Et puis c'est un personnage (et c'est important les personnages) : bougon et brusque, descendant ceux qui l'exaspèrent (inimitiés souvent mystérieuses), je l'adore. :)
Sur son site il y a pas mal de truc.


Message édité par Baptiste R le 19-07-2007 à 22:55:25
n°12164877
Baptiste R
Posté le 19-07-2007 à 22:52:29  profilanswer
 

Et à propos de formalisme, j'ai essayé de lire un bouquin sur Hjmeslev, et j'avoue que j'ai rien capté. Le monsieur veut dégager la structure immanente et non-référentielle du langage, et ben ça se voit (en même temps comme d'habitude j'ai commencé par le plus dur, je connais rien à la linguistique). Et on comprend pourquoi il plaisait à Deleuze (la moitié des termes de la "Géologie de la morale" viennent de lui).
 
Et à propos d'opacité du sens, Foutre observait que personne ici ne parle de psychanalyse. J'ai essayé de me frotter à Lacan et bis : j'ai rien compris, que ce soit dans le texte ou via des commentaires (mais bon, encore une fois y a certainement plein de pré-requis que je n'ai pas). Si quelqu'un a envie de dire ce qu'il trouve porteur chez Lacan (ou autre), je suis écouteur.

Message cité 2 fois
Message édité par Baptiste R le 19-07-2007 à 22:54:34
n°12164889
Baptiste R
Posté le 19-07-2007 à 22:53:41  profilanswer
 

Bon j'ai voulu l'écrire de mémoire et c'est raté : Hjelmslev (pronnoncez Yemslou, au moins un truc que j'aurais appris).

n°12167674
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 20-07-2007 à 11:11:47  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Foutre observait que personne ici ne parle de psychanalyse. .


 
 
 
Ma psychanalyste m'a supplié de ne plus lire de psychanalyse, il s'agit donc pour moi d'un mutisme conscient et prophylactique  :sleep:


---------------
A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°12168808
Baptiste R
Posté le 20-07-2007 à 13:20:14  profilanswer
 

Tain, les éditions La découverte en fait c'est Maspéro, je savais pas.
Mais ce qui m'a troué le cul à l'instant, c'est d'apprend que Laurent Gaudé est le frère d'Ivan le fou. Savoir que ce mec est le frère d'un rédacteur de chez Joystick puis Canard PC, il prend tout de suite une autre dimension.
 
A part ça, le dernier Magazine littéraire est dédié à la bêtise. Ce papier n'est pas de mes lectures (il y a deux mots de trop dans le titre), mais quelqu'un l'a lu ?


Message édité par Baptiste R le 20-07-2007 à 13:20:32
mood
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Posté le 20-07-2007 à 13:20:14  profilanswer
 

n°12169065
neojousous
Posté le 20-07-2007 à 13:43:27  profilanswer
 

J'ai feuilleté, Deleuze était évoqué, les couleurs jolies. J'ai hésité, mais finalement j'ai opté pour le HS Science et vie dédié cette fois-ci à l'exobiologie, sachant que pour la bêtise, on a déjà les posts de Rahsaan, et que pour Deleuze je viens de recevoir "Qu'est-ce que la philosophie" et "La philosophie de Nietzsche". 3615My life.
A part ça j'en suis à la moitié de "Nietzsche et le problème de la civilisation" de Wotling. ça dépote, vraiment impressionnant...

n°12169226
Baptiste R
Posté le 20-07-2007 à 13:59:10  profilanswer
 

Citation :

sachant que pour la bêtise, on a déjà les posts de Rahsaan


C'est méchant pour Rahsaan.  :whistle:  
Je signale aussi ce texte de Cormary. Il y a notamment un paragraphe sur la bêtise. Globalement tout ce blog est digne d'intérêt.
 

Citation :

"Qu'est-ce que la philosophie"


J'espère que tu n'as pas la sokalite trop aiguë.  :D Parce qu'il y a des perles genre "les attracteurs étranges révèlent l'attirance de la science pour le chaos."
Mais y a des trucs bien hein. :D Genre sa vision de la science (congédiée par Sokal et Bricmont d'un brutal "ça ne veut rien dire". Ils sont vraiment à cran ces deux-là) me retient (comme disait Lacan :D): la science ralentit. Tout simplement.
 
Tiens, neojousous, dis-moi. Tu lis de la philosophie analytique, tu lis Nietzsche, tu (si je ne m'abuse) pratique la physique... comment tout ça se rencontre dans ta tête ? Ca reste cloisonné, ça fait des étincelles, c'est la guerre civile ?

Message cité 1 fois
Message édité par Baptiste R le 20-07-2007 à 14:29:17
n°12169727
neojousous
Posté le 20-07-2007 à 14:36:09  profilanswer
 

J'ai une légère sokalite, qui fait que quand Deleuze se met à trop délirer ça me tape sur les nerfs. Mais ça ne m'empeche pas d'apprécier son génie pédagogique et sa vision du monde le reste du temps (j'ai lu "Empirisme et subjectivité" sur Hume, son livre sur Kant, et quelque un des cours de webdeleuze). Je pense que Sokal et Bricmont ont raison de taper du poing sur la table, tout comme Deleuze a raison de se laisser aller pour illustrer la fabrication de concept à l'oeuvre dans l'imagination du philosophe.
 
Rien de tout ça ne reste cloisonné dans ma tête. Ou plutôt, ya des cloisons que je cherche à abattre. Comme dit Deleuze, tout ça c'est des rencontres. Plus tu fais de rencontres, plus ton expérience s'accroit, le champ chaotique de tes idées s'enrichit, et des collisions improbables ont de plus en plus lieu entre ces idées, ce qui fait de jolies étincelles,  accroissement de la volonté de puissance s'accompagnant d'un vive sentiment de plaisir.
 
Un exemple, le réalisme ontologique, thèse qu'il existe un "en soi" au delà de l'apparence. Pour Nietzsche, la réalité c'est l'apparence, qui peut être interprété à l'aide de la grille de la volonté de puissance. Nietzsche écarte la dimension épistémologique de sa réflexion. Pourtant la "culture" qu'il analyse a vu ses dimensions explosées grace à la science. L'apparence qu'il prend pour analyse résulte partiellement d'un travail théorique attribuant des caractéristiques à l'en soi qu'il récuse. La cohérence qui se déploit à travers le réseau théorique d'une science me parait rendre évident l'existence de cet "en soi". Les théories physiques toujours plus complexe semblent montrer que dès lors que cet "en soi" est pensé, il est immédiatement en décalage avec l'Etre. Toujours le même problème du rapport entre la pensée et l'être. Problème que Hegel a tenté de résoudre en faisant converger la pensée vers le concret (on est en plein délire à mon avis). La mécanique quantique, donnant un rôle actif à l'observateur semble montrer que le dualisme sujet-objet est invalidé. S'il faut penser l'observateur comme une partie du Tout, alors c'est le Tout qui se pense lui-même, on se rapproche des délires d'un Spinoza ou d'un Hegel. Mais bon tout ça c'est  du formalisme, des concepts qui ne sont pas la réalité, des jolies idées qui nous donnent une emprise sur la réalité, et nous incite à les confondre avec cette réalité. Les apories découlent des limites intrinsèques aux concepts, alors soit on décide de faire des concepts plus élégants, pour essayer d'atteindre en partie la forme de la réalité (un jeu bien rigolot), soit on se dirige vers un autre art, ou vers la pratique, genre collectionner les timbres, les filles, ou le journalisme.
 
Je viens d'écrire ça au fil la plume, essayer de montrer comment les idées se connecte par elle-même, selon le principe humien d'association des idées. C'est marrant, mais quand je relis, et que je vois que c'est pas rigoureux dans l'enchainement logique ce que j'ai écrit, j'ai pas envie de corriger, pas envie de détruire le spontané qui sort de ma caboche. C'est peut-être ça le post-modernisme qui répugne aux rigoureux ?

n°12172668
Baptiste R
Posté le 20-07-2007 à 19:45:27  profilanswer
 

Citation :

Toujours le même problème du rapport entre la pensée et l'être


Ha bon, il y a un problème ? Tain personne me tient jamais au courant. :D
Personnellement je ne sais pas si le problème est très fondamental. En fait pour moi il ne se pose pas : il y a vérité, il y a adéquation, il y a inhérence et cohérence de l'homme et du réel. Je ne pense pas qu'on doive faire d'un problème historique et pratique (est-ce que ma théorie est bonne ?) un problème ontologique (est-ce qu'une théorie peut être bonne ?). Le sens doit être frappé de réduction plutôt que de doute radical. Il faut accepter le sens, ce que tout le monde fait déjà. Je ne sais pas si on peut vivre en se demandant "mon dieu, le monde est-il comme je le pense". Si on y arrive, c'est que la question a été posée abstraitement (l'Être, la pensée... il n'y a là dedans qu'un écho du sens vécu). Il faut accepter le sens : ne pas être dénégateur (je ne vois tout simplement pas comment c'est possible. Il faudrait une mauvaise volonté et une mauvaise foi proprement inhumaine. Je serais curieux de voir ça), ni lui faire vraiment confiance (vous savez, les gros pleins de sens, ces balourds incapables d'étonnement, d'angoisse ou d'émerveillement, qui ne voient jamais aucun problème parce que tout marche, alors que c'est là justement le problème : ça marche si bien que c'en est exaspérant. Personnellement, l'angoisse surgit plus devant la plénitude du sens, devant le fait que j'ai irrémédiablement ma réalité hors de moi, plus que devant l'absence de sens. Il y a sens, auto-suffisant, par soi et indiscutable, dès qu'on cesse de le chercher romantiquement hors de lui-même, de faire de la théologie et de chercher le sens du sens).

Message cité 1 fois
Message édité par Baptiste R le 20-07-2007 à 19:48:38
n°12172779
Baptiste R
Posté le 20-07-2007 à 19:59:00  profilanswer
 

Citation :

Nietzsche écarte la dimension épistémologique de sa réflexion. Pourtant la "culture" qu'il analyse a vu ses dimensions explosées grace à la science.


Nietzsche dit : la vérité est bonne, la vérité est profitable... qu'en savez-vous, connaissez-vous par avance la vie, pour déclarer que la vérité est préférable, mettons, à l'erreur ?
 
Si c'est pas de l'épistémologie...
 
 
 
D'ailleurs, c'est un bon exemple de mon précédent post : Nietzsche ne dit pas qu'il n'y a pas de vérité, il dit juste "pourquoi la vérité serait-elle la valeur ultime, celle devant qui comparaissent toutes les autres ? Pourquoi pas plutôt l'erreur, pourquoi pas ?" Et, d'entrevoir pour la première fois cette possibilité, de se laisser prendre à imaginer un instant ce que pourrait être une vie où l'erreur ne serait plus un ilot temporaire vite englouti par la vérité, c'est tout l'édifice du sens qui vacille en sa solidité même - mais ne s'écroule pas.
 
Par contre c'est peut-être pas le meilleur exemple "d'épistémologie", mais mon Nietzsche est un peu rouillé (en fait il n'a jamais été luisant ni reluisant).


Message édité par Baptiste R le 20-07-2007 à 20:13:28
n°12172880
foutre de
Posté le 20-07-2007 à 20:11:01  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

:D Parce qu'il y a des perles genre "les attracteurs étranges révèlent l'attirance de la science pour le chaos."


je vois pas en quoi c'est une perle ?
quelqu'un ignore lorentz ?
 
Quoiqu'il en soit sokal et bricmont...


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12172938
Baptiste R
Posté le 20-07-2007 à 20:17:00  profilanswer
 

Citation :

quelqu'un ignore lorentz ?


Ho que non.
 

Citation :

je vois pas en quoi c'est une perle ?


En fait d'un coup je ne sais plus.


Message édité par Baptiste R le 20-07-2007 à 20:21:31
n°12172988
foutre de
Posté le 20-07-2007 à 20:22:48  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :


 
Et à propos d'opacité du sens, Foutre observait que personne ici ne parle de psychanalyse. J'ai essayé de me frotter à Lacan et bis : j'ai rien compris, que ce soit dans le texte ou via des commentaires (mais bon, encore une fois y a certainement plein de pré-requis que je n'ai pas). Si quelqu'un a envie de dire ce qu'il trouve porteur chez Lacan (ou autre), je suis écouteur.


 
 
Il y a chez lacan deux trois points de théorie fondamentaux que JD Nasio, il me semble, a très bien extraits. Si on ne s'en tient pas à l'hermétisme passager, aux modélisations mathématiques métaphoriques, il y a beaucoup à prendre dans ces descriptions des structures psychiques. Le rôle de la paranoïa chez le scientifique aussi. Le concept de "Symbolique" est aussi d'un usage très puissant pour désigner l'ensemble du logico-logo-culturel, la grande économie langagière sociale, et son fonctionnement systématiquement métaphorique pour l'investissment des objets du désir...
Je conseille la lecture de Didier Anzieu et de Julien Green, de Rosolato également.
Pour ma part la psychanalyse représente un pan entier de l'anthropologie du XXiéme siècle, autant que les sociologues ou dumézil, ou lévy-bruhl ou L-strauss ou frazer etc.
Même si les données sur le totémisme ont profondément été remises en lumière, un livre comme "Totem et tabou" de Freud laisse après la lecture des élans furieux...


Message édité par foutre de le 20-07-2007 à 20:23:47

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12173011
foutre de
Posté le 20-07-2007 à 20:25:32  profilanswer
 

daniel_levrai a écrit :


 
 
 
Ma psychanalyste m'a supplié de ne plus lire de psychanalyse, il s'agit donc pour moi d'un mutisme conscient et prophylactique  :sleep:


et ta cure s'en trouve améliorée ??


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12173107
neojousous
Posté le 20-07-2007 à 20:38:48  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Citation :

Toujours le même problème du rapport entre la pensée et l'être


Ha bon, il y a un problème ? Tain personne me tient jamais au courant. :D
Personnellement je ne sais pas si le problème est très fondamental. En fait pour moi il ne se pose pas : il y a vérité, il y a adéquation, il y a inhérence et cohérence de l'homme et du réel. Je ne pense pas qu'on doive faire d'un problème historique et pratique (est-ce que ma théorie est bonne ?) un problème ontologique (est-ce qu'une théorie peut être bonne ?). Le sens doit être frappé de réduction plutôt que de doute radical. Il faut accepter le sens, ce que tout le monde fait déjà. Je ne sais pas si on peut vivre en se demandant "mon dieu, le monde est-il comme je le pense". Si on y arrive, c'est que la question a été posée abstraitement (l'Être, la pensée... il n'y a là dedans qu'un écho du sens vécu). Il faut accepter le sens : ne pas être dénégateur (je ne vois tout simplement pas comment c'est possible. Il faudrait une mauvaise volonté et une mauvaise foi proprement inhumaine. Je serais curieux de voir ça), ni lui faire vraiment confiance (vous savez, les gros pleins de sens, ces balourds incapables d'étonnement, d'angoisse ou d'émerveillement, qui ne voient jamais aucun problème parce que tout marche, alors que c'est là justement le problème : ça marche si bien que c'en est exaspérant. Personnellement, l'angoisse surgit plus devant la plénitude du sens, devant le fait que j'ai irrémédiablement ma réalité hors de moi, plus que devant l'absence de sens. Il y a sens, auto-suffisant, par soi et indiscutable, dès qu'on cesse de le chercher romantiquement hors de lui-même, de faire de la théologie et de chercher le sens du sens).


 
Bah c'est un problème classique qu'on trouve chez pas mal de philosophe : Platon, Descartes,  Kant, Hegel, Fichte, Heidegger en filligrane en philo de l'esprit, etc... Des gens comme Hume ou Nietzsche ont tracé d'autres voies évitant cet écueil.

n°12173773
Baptiste R
Posté le 20-07-2007 à 21:52:13  profilanswer
 

Citation :

je vois pas en quoi c'est une perle ?


Après relecture ("si les attracteurs d'équilibre (points fixes, cycles limites, tores) expriment bien la lutte de la science avec le chaos, les attracteurs étranges démasquent sa profonde attirance pour le chaos", page 194), sans entrer dans le contenu scientifique (parce que l'étude des systèmes dynamiques, je ne maitrise pas) ni évoquer la suite du texte, je crois ce qui m'a déplu instinctivement, c'est que l'emphase du chapitre, soudain, tombe à plat : passer des attracteurs d'équilibre aux attracteurs étranges (comme si de l'un à l'autre il y avait différence d'attitude) par un dévoilement, un démasquage, c'est un procédé un peu déplaisant. Qu'il y ait un constraste entre l'image que se donne la science et les désirs qui la travaillent en son fond, pourquoi pas, mais que cette différence passe par cette opposition binaire, je suis gêné. Quand Deleuze et Guattari font leur propre mise en scène des savoirs, c'est parfois superbe (la gigantomachie des strates, c'est le sommet de leurs art, stylistique et conceptuel), mais ici je trouve que s'appuyer sur une opposition artificielle et théatrale pour prétendre avoir découvert quelque chose de caché, c'est un procédé médiocre (et surprenant de la part de Deleuze). Un scientifique leur répondrait peut-être que ce rapport au chaos est évident, que "nous le savons déjà".


Message édité par Baptiste R le 20-07-2007 à 22:07:25
n°12174178
Baptiste R
Posté le 20-07-2007 à 22:25:52  profilanswer
 

Citation :

Platon


Deleuze remarque que les Idées platoniciennes ont un coté "brut" : elles ont une présence forte et ne sont pas encore travaillées et taillées. Elles ont un coté âge du fer ou ile de Paques. J'aime bien cette idée (et je m'arrête là où je vais commencer à mythifier l'époque - c'est tentant). Putain Platon c'est quand même rayonnant. Ses Idées sont d'une pureté... en branchement direct et non-coupé sur l'esprit. Les Idées sont "là", ambiantes, palpables. En fait Platon c'est le premier mec (tant pis pour les pré-socratiques, z'avaient qu'à mettre leurs papiers sur Cogprint) qui dise "tain, il y a des idées" (truisme profond).


Message édité par Baptiste R le 20-07-2007 à 22:40:53
n°12174273
Baptiste R
Posté le 20-07-2007 à 22:39:09  profilanswer
 

Au fait, mauvaise nouvelle :  mon mémoire sur Derrida et le capitalisme quantique a été refusé par l'Institut Jean Nicod. Je ne comprend pas.

n°12174588
Baptiste R
Posté le 20-07-2007 à 23:16:08  profilanswer
 

Un générateur de jargon.
Les thèmes et les références sont assez locales, mais hormis cela, ça pourrait être la caricature de beaucoup de domaines (la philo analytique, au hasard).

n°12176643
neojousous
Posté le 21-07-2007 à 02:22:15  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Au fait, mauvaise nouvelle :  mon mémoire sur Derrida et le capitalisme quantique a été refusé par l'Institut Jean Nicod. Je ne comprend pas.


 
lol cette blague

n°12177422
foutre de
Posté le 21-07-2007 à 10:44:48  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Au fait, mauvaise nouvelle :  mon mémoire sur Derrida et le capitalisme quantique a été refusé par l'Institut Jean Nicod. Je ne comprend pas.


???


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°12177483
pascal75
Posté le 21-07-2007 à 11:04:42  profilanswer
 

L'autre soir en discutant avec un ami qui me parlait de postmodernité et qui me disait que "le postmoderne expliqué aux enfants", de Lyotard, est introuvable (il l'a pas lu, je lui prêterai...), je me suis rendu compte que ce terme tend maintenant à devenir, au moins dans les arts, une sorte de vague qualificatif de ce qu'on ne comprend pas, qui n'a pas de sens, qui est nul.
C'est le contraire du chemin fait par le terme d"impressionniste".


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°12178699
Erroriste
Posté le 21-07-2007 à 14:52:30  profilanswer
 

Citation :

Je conseille la lecture de Didier Anzieu et de Julien Green, de Rosolato également.


 
Préférez tout de même André Green à Julien... Ce dernier est psychanalyste borderline. :D
 
Rosolato, Anzieu (et Lavallée dont j'ai apprécié "L'enveloppe Visuelle du Moi" ), Abraham, Törok, etc... et je dirais même Jung...  
 
J'avais aussi apprécié Stanislas Groff et sa "psychologie transpersonnelle" élaborée à partir de ses travaux sur le LSD...
 

Citation :

J'ai essayé de me frotter à Lacan et bis : j'ai rien compris, que ce soit dans le texte ou via des commentaires (mais bon, encore une fois y a certainement plein de pré-requis que je n'ai pas). Si quelqu'un a envie de dire ce qu'il trouve porteur chez Lacan (ou autre), je suis écouteur.


 
Concernant Lacan, pour ceux déroutés voire rebutés par son style, trop habitués à la forme "philosophie" et ses philosophèmes, l'ouvrage de Juranville "Lacan et la Philosophie" est très abordable. Je  recommande aussi chaudement "Comprendre Jacques Lacan" de J.B. Fages.
 

Citation :

Pour ma part la psychanalyse représente un pan entier de l'anthropologie du XXiéme siècle, autant que les sociologues ou dumézil, ou lévy-bruhl ou L-strauss ou frazer etc.


 
Je plussoie... (je développerai plus tard, pas le temps) :)

Message cité 1 fois
Message édité par Erroriste le 21-07-2007 à 15:13:26
n°12178814
Erroriste
Posté le 21-07-2007 à 15:09:00  profilanswer
 

Citation :

La différence entre la théorie et la pratique, en théorie il n'y en a pas, en pratique, si.


 
La différence entre la théorie et la pratique, en pratique il n'y en a pas, en théorie, si.
 
Tu peux me remercier... :D


Message édité par Erroriste le 21-07-2007 à 15:09:17
n°12178892
Erroriste
Posté le 21-07-2007 à 15:19:44  profilanswer
 

Citation :

Je signale aussi ce texte de Cormary. Il y a notamment un paragraphe sur la bêtise. Globalement tout ce blog est digne d'intérêt.


 
C'est discutable, je suis ce blog depuis un moment et il y a un bon nombre de billets qui n'ont guère d'intérêts, notamment sur Marx qui se réduisent à une charge contre le marxisme avec quelques motivations évidentes, trop pour être de bonne foi... Mais néanmoins, peut-on apprécier le personnage...

n°12179906
Baptiste R
Posté le 21-07-2007 à 18:38:10  profilanswer
 

La théorie des catégories ((gros) pdf), théorie ou pratique ?
 
 
 

Citation :

C'est discutable [...]


Justement je ne sais pas si c'est discutable. Y a-t-il un sens à critiquer des amitiés ? Je te concède tout ce que tu dis (ses notes sur le marxisme étaient exaspérantes, que Michel Henry le foudroie), n'empêche que.

n°12180223
Baptiste R
Posté le 21-07-2007 à 19:33:10  profilanswer
 

Pour Lacan & associés, merci tout de ces noms.
Pour l'anthropologique, le culturel, j'avoue que je fais l'impasse : dès qu'il s'agit de penser en nombre et dans le temps, ça devient trop énorme pour moi. Et c'est trop humain, j'en ai marre de l'humain.


Message édité par Baptiste R le 21-07-2007 à 19:44:10
n°12181157
rahsaan
Posté le 21-07-2007 à 21:57:53  profilanswer
 

neojousous a écrit :

J'ai feuilleté, Deleuze était évoqué, les couleurs jolies. J'ai hésité, mais finalement j'ai opté pour le HS Science et vie dédié cette fois-ci à l'exobiologie, sachant que pour la bêtise, on a déjà les posts de Rahsaan, et que pour Deleuze je viens de recevoir "Qu'est-ce que la philosophie" et "La philosophie de Nietzsche". 3615My life.
A part ça j'en suis à la moitié de "Nietzsche et le problème de la civilisation" de Wotling. ça dépote, vraiment impressionnant...


 
Le texte sur Deleuze et la bêtise, dans ce numéro, est bien mieux que mes quelques petits textes sur ce forum.  
La question y est bien mieux abordée : si la philosophie lutte contre la bêtise, c'est aussi qu'elle est dans un rapport essentiel et surprenant avec elle, puisqu'en un sens la philosophie a besoin de la bêtise pour s'exercer.  
C'est ce que montre bien l'article de Didier Eribon.  
 
A partir de cet article, et pour reprendre ce que j'ai écrit sur le forum, je dirais ceci.  
Penser, c'est s'arracher à la bêtise, à la lourdeur, à la platitude. Mais s'en tenir à cette proposition ("la philosophie nuit à la bêtise" Nietzsche), c'est ne voir que la moitié du problème. Puisque déjà chez Nietzsche, le fait que la philosophie nuise à la bêtise n'est pas un jugement de valeur, mais de fait : il se trouve que depuis Platon, le discours philosophique cherche à nuire à la bêtise (celle des Sophistes par ex. ). C'est ce qu'on peut constater.
Mais N. ne s'en tient pas, par là-même, à un simple constat empirique, puisqu'il s'agit déjà pour lui d'en tirer la position d'un problème. Pourquoi la bêtise est-elle nécessaire, d'une certaine façon, à la philosophie ? A quel degré la pensée est-elle lutte contre la bêtise ? Est-ce un préjugé de la pensée qu'il faille s'en prendre à la bêtise ? (Et si c'est un préjugé, la bêtise serait-elle bonne pour la pensée ?...)
Et comment se fait-il que nous soyons si maladroit dans la pensée, comme des poissons hors de l'eau ? Pourquoi est-ce si rare, si peu automatique et volontaire, de penser ?  
Voilà qui nous permet de comprendre que la pensée n'est pas une faculté, mais un évènement. Alors c'est peut-être l'image que nous renvoie la bêtise qui nous permet de transformer l'image que nous avons de la pensée. La bêtise, c'est d'abord ma bêtise (c'est toujours facile de voir celle des autres et de se croire meilleur), et la pensée n'est pas une libre faculté dont je peux faire usage, en vertu d'un bon sens bien éduqué. La pensée provient des chocs, des heurts, des crises par lesquelles nous passons, pas d'une sage méthode ni d'une paisible contemplation.
Tant Nietzsche que Deleuze cherchent à ne pas se contenter d'un dualisme (toujours sommaire, par définition) : d'un côté la bêtise (ignoble, monstrueuse, à rejeter), de l'autre la pensée (pure, sereine, belle). Tant dans la pensée que dans la bêtise, il y a du monstre, de l'abîme, un certain rapport au fond, à la pesanteur et à l'informe.
 
(Il serait intéressant de voir à quel point cette proximité de la pensée et de la bêtise est déjà mise en scène chez Platon : entêtetement des sophistes dans leur thèse et entêtement de Socrate dans son ignorance cultivée, même besoin de contredire, acharnement sur les mots, luttes insidieuses et coups bas pour triompher de l'adversaire, confrontation avec la démesure du langage...)


Message édité par rahsaan le 21-07-2007 à 22:36:20

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°12183804
jean eymar​d
Posté le 22-07-2007 à 08:18:26  profilanswer
 

N'y a t-il pas de la bétise, parfois, a se croire intelligent ?
 
Ou plus précisément,a faire  assaut d'intelligence.

n°12184068
Baptiste R
Posté le 22-07-2007 à 10:57:31  profilanswer
 

Tiens, je suis tombé sur un passage de Différence et répétition où Deleuze dit que le paradoxe est le pathos de la philosophie.
Pourquoi pas, mais j'ajouterais qu'on peut parfois se complaire dans le paradoxe (comme il y a une mauvaise vulgarisation scientifique qui se gorge de mystère au lieu de chercher à en sortir et finalement n'apprend rien) : on grossit les problèmes, on les monte en graine, on en fait des tonnes, on fait tout pour que les gaps ne soient pas comblés, si bien que le pathos devient un mauvais drame (imaginez Deleuze disant : c'est terrible, quelle tension tragique, quel antagonisme irréconciliable entre l'un et le multiple, que faire, je souffre). Ainsi de la physique quantique : on ne cesse de nous dire qu'elle est incompréhensible, au-delà des capacités d'appréhension de l'homme, que mon dieu c'est terrible. Je crois surtout qu'on a pendant un siècle tellement refusé d'admettre un sens aux théories physiques (parce que c'était "donner un sens" à ce qui n'en a pas en propre et tomber dans le métaphysique ou le religieux) qu'on se trouve à présent tout penaud de constater qu'il est impossible de faire longtemps de la science une belle machine absurde. Ce n'est pas la physique quantique qui est inintelligible, c'est notre capacité de signifiance qui est rouillée. Parce que moi je la trouve limpide, cette physique quantique (si Jim Carrey, pourquoi pas moi) : la non-localité est l'évidence même et le chat zombie de Schrödinger est mon meilleur pote.  
Par contre j'ai beaucoup plus de mal avec la mécanique. Le principer de levier reste un abîme vexant, sans parler de cette balle qui inverse sa direction sous le prétexte fallacieux qu'elle a rencontré un mur. Il y a vraiment un scandale de l'intelligibilité : tout ceci est beaucoup trop simple, trop supralunaire. Sans doute que ces connaissances doivent être obtenues par un dur combat, mais après coup, quand elle se présentent à nous avec un visage serein et accueillant, c'est à leur foutre des baffes. Comment un être humain peut-il réussir une addition sans se sentir personnellement offensé ?


Message édité par Baptiste R le 22-07-2007 à 11:12:31
n°12184459
Baptiste R
Posté le 22-07-2007 à 12:15:25  profilanswer
 

Evidemment, on peut me répondre que j'en reste à une science bien gentillette et qu'avec madame la complexité, la partie est plus rock'n'roll.

n°12184505
rahsaan
Posté le 22-07-2007 à 12:21:30  profilanswer
 

jean eymard a écrit :

N'y a t-il pas de la bétise, parfois, a se croire intelligent ?
 
Ou plus précisément,a faire  assaut d'intelligence.


 
Oui, tout à fait.


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°12185954
alcyon36
Posté le 22-07-2007 à 15:32:48  profilanswer
 

coucou tt le monde,
bon déjà Rashaan dsl pr ton capes, ca sera pr lannee prochaine...en tout cas t'as lair detre particulierement doué ds le commentaire de texte;)
j'avais deux ptites questions en passant.
1)est ce que kk1 connaitrait un bouquin d'intro à la philo des math, histoires des math...qui soit abordable pr ma ptite tete.
2) je sais pas si c'est moi, mais je galere enormement ds ma lecture de la pheomenologie de l'esprit, j'utilise la traduction de Jarczyk et Labarrière, et je me demandais si kk1 connaitrait pas une meilleure traduc...


---------------
"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°12186450
rahsaan
Posté le 22-07-2007 à 16:28:43  profilanswer
 

Il y a des traductions plus anciennes de la Phéno, comme celle de Hyppolite, non ?  
Bourgeois en a peut-être fait une ?


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°12186537
Baptiste R
Posté le 22-07-2007 à 16:40:28  profilanswer
 

Citation :

histoires des math


http://images.amazon.com/images/P/2711753166.08._SCLZZZZZZZ_.jpg
 
Un sommet, une somme. Il y a évidemment des thèmes qui ne sont guère plus que mentionnés, et plus ça avance dans le temps c'est elliptique, mais les points incontournables sont retracés dans le détail.
 
Comme autre référence, il y a aussi ça mais on m'a dit que c'était de l'arnaque : c'est plus un cours qu'une histoire, et de plus il y a des pré-requis non avoués.
 
 

Citation :

la philo des math


Il n'y a pas grand chose d'intéressant parce c'est souvent du méta-, du "discours sur", avec une guerre des tranchées et des dogmes tranchés qui n'intéresse pas grand monde. Les rares qui s'y intéressent passent à coté de l'important et perdent leur temps sur de l'anecdotique : la crise des fondements, les débats sur le réalisme. La seule philosophie des mathématiques digne de ce nom, ce serait une pratique mathématique qui se pense elle-même. Donc fais des maths et écoute-toi faire des maths.
Bien sûr, j'exagère. Connaître la démarche axiomatique, l'émergence de la notion de système formel est important. Les grands noms du début du siècle sont de grands noms.
Flane sur Internet (il y a des blogs, notamment anglais, fabuleux. Fouille ceci et ceci). Jette un coup d'oil sur Canal-U (amphis de France 5 ou Université de tous les savoirs) ou sur Diffusion des savoirs (Guiseppe Longo est un type très bien, il a aussi un site fourni). Le magazine Pour la science fait des hors-séries sur les grandes figures, dont les anciens numéros sont trouvables à Gibert Joseph. Y en a sur Gödel et sur Turing. Les chroniques de Delahaye sur le calcul, dans les numéros réguliers de Pour la science, sont toujours intéressantes et limpides et abordent parfois ces sujets.
 

Citation :


2) je sais pas si c'est moi, mais je galere enormement ds ma lecture de la pheomenologie de l'esprit, j'utilise la traduction de Jarczyk et Labarrière, et je me demandais si kk1 connaitrait pas une meilleure traduc...


Je n'ai jamais taté de celle dont tu parles, mais en comparant celle d'Hyppolite et celle de Lefebvre, j'avais trouvé la seconde imbitable parce que se perdant dans le fantasme d'une tradution littérale, alors qu'Hyppolite accepte de se détacher du texte et assume le minimum de réécriture nécessaire, pour un résultat plus léger (mais sans doute moins abouti philologiquement parlant). Mais je ne sais pas si sa version est encore trouvable.
 
Remarque : je vous rassure, je n'ai jamais lu La Phénoménologie de l'esprit. Mais neojousous (je crois que c'était lui) racontait que jeune et plein de fougue, il avait essayé et vite déchanté. Il m'est arrivé la même chose. La première phrase, monstre syntaxique pleine de tournures peu familières, m'a hanté longtemps.


Message édité par Baptiste R le 24-07-2007 à 16:20:42
n°12187418
foutre de
Posté le 22-07-2007 à 18:45:26  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

coucou tt le monde,
bon déjà Rashaan dsl pr ton capes, ca sera pr lannee prochaine...en tout cas t'as lair detre particulierement doué ds le commentaire de texte;)
j'avais deux ptites questions en passant.
1)est ce que kk1 connaitrait un bouquin d'intro à la philo des math, histoires des math...qui soit abordable pr ma ptite tete.
2) je sais pas si c'est moi, mais je galere enormement ds ma lecture de la pheomenologie de l'esprit, j'utilise la traduction de Jarczyk et Labarrière, et je me demandais si kk1 connaitrait pas une meilleure traduc...


 
 
Salut Alcyon36>, moi j'ai un peu bossé sur hyppolite, le vocabulaire employé n'est pas le plus souple, mais c'est une base pour la lecture d'autres oeuvres, je pense à celle de sartre en particulier


---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
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