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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
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1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
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9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
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10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°11133321
foutre de
Posté le 09-04-2007 à 10:57:19  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

rahsaan a écrit :

>  
Blanchot, ça m'a ennuyé. J'ai trouvé ça trop long, pour le peu que j'en ai lu.


 
 
c'est un paradoxe intéressant. Je suis d'accord avec toi sur le poncif de la pseudo ontologie littéraire des critiques, ça va rarement très profond, on récite de tête quelques phrases bien pratiques pêchées à droite à gauche sans aucune exigence de pensée fondamentale (ce qui en matière d'ontologie, fût-elle négative, est particulièrement déplacé)
 
 

rahsaan a écrit :

Les histoires de raréfaction du dire et de recherche mallarméenne de la fleur absente de tout bouquet, ça m'assomme depuis que je suis sorti de khâgne. J'en ai tellement entendu parler...  :sleep:


 
Ca je comprends, mais je ne peux m'empêcher de rappeler que Mallarmé ne la cherche pas, l'absente de tout bouquet, il la fait advenir par un travail sur la langue :
 

Citation :

Je dis: une fleur! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tous bouquets.


 
 Pas trace d'attente dans cette citation. le poète le fait. et Mallarmé l'a fait, avec la reconnaissance de ses contemporains. C'est par la musique que se sent la notion pure, qui n'a pas le caractère d'une négativité, mais d'une épiphanie. C'est pourquoi je suis un peu gêné quand tu dis :
 
 

rahsaan a écrit :

Sur Mallarmé,[...] Je ne peux pas dire que je n'aime pas. D'ailleurs, ce n'est pas une question de goût. Ni de trouver ça beau ou pas. Peu importe.


 
Car je ne vois pas l'intérêt de lire du mallarmé s'il n'importe pas de trouver ça beau, s'il n'importe pas d'y cultiver son goût, auprès d'un modèle esthétique inégalé en terme de prosodie (et j'entends "goût" en termes kantiens de la CFJ). Il y a un travail d'orfèvrerie qui n'est pas questionnable si on ne trouve pas les bijoux beaux ; et si on ne s'émerveille pas de cette beauté pour se demander "comment?"
 
 
 
 

rahsaan a écrit :

Les meilleurs critiques semblent, pour beaucoup, fascinés par le manque à être, le vide, l'absence toujours si présente, la quête impossible de l'absolu etc.  
Pour le critique J-M Maulpoix,...


 
Je crois que justement, ce ne sont pas les "meilleurs critiques", et le nom que tu références est en effet des plus douteux (Yves Bonnefoy est par exemple une lecture bien plus probante). Lui, et bien d'autres nous servent des vieilles lunes... Je ne vois guère qu'un grand "négativiste" qui tienne la route aujourd'hui, même si discutable, c'est Ch. Prigent, dont le négativisme doit beaucoup à la psychanalyse, probablement lacanienne. Il continue un travail très sérieux.
 
 
 

rahsaan a écrit :

Blanchot nous dit que la poésie nous confronte à "l'infracassable noyau de nuit".


 
Justement, "noyau infracassable", ça me paraît nettement plus concret qu'un manque. Mais je ne suis pas là (je n'ai pas envie de l'être) pour défendre blanchot. Simplement pour revenir sur sa spécificité : c'est un essayiste qui a réussi dans une proportion rarement atteinte à cette coïncidence du fond et de la forme dont je te parlais, et dans un genre, l'essai, où on n'avait peu travaillé en ce sens là. Cette réussite est tellement indiscutable que la plupart des critiques de son oeuvre sont incapables de faire autre chose que de la citer, de produire dans leur écriture du "sous blanchot", parce qu'on ne sait pas dire ce que dit Blanchot hors de la façon dont il le dit. C'est le pari d'écrivain de son oeuvre : ça ne pense pas ailleurs que dans une écriture. C'est un grand préliminaire à la logomachie derridienne d'ailleurs.
 
 
 
Je suis assez pris par ce que tu dis de Maigret. mais je ne comprends pas que tu distingues ça d'une question sur les moeurs. Juger, chercher une responsabilité si elle a lieu, autant de questions qui sont celles de la morale. Ségur, si elle est le parangon de la morale, alors Sartre, c'est quoi ? Et Zola ? Dans le genre roman à thèse qui programme une humanité...  Ce sont les chants de foi, les bigoteries d'après 1789 (enfin surtout 1793).  
J'ai du mal à réduire la morale à ce que tu décris, ou alors à la confondre avec la moraline et les sucreries.  
Toute prescription littéraire sur la nature de l'agir humain me semble relever du domaine moral à part entière.
 
D'ailleurs la question que tu te poses sur la fin du roman, ce passage devant le palais présidentiel, c'est une question d'interprétation sur un "vouloir dire" qui décrit bien que tu es à la recherche des jugements de Simenon, c'est une démarche quasi éthique que celle de ta lecture.
c'est d'ailleurs un trait assez marquant de l'intérêt pour le roman policier et ses dérivations (le nouveau roman lui-même en passe par là). C'est le fond moral occidental, maintenu à flot par la morale narrrative américaine télévisuelle, qui continue de transiter par là ; un très vieux fond de civilisation (où l'anti-héros bruce Willis n'est que la question suivante posée au héros fou Mel gibson, lui même question renouvelée à Clint eastwood, qui la posait à john Wayne etc.)

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 09-04-2007 à 10:59:58
mood
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Posté le 09-04-2007 à 10:57:19  profilanswer
 

n°11133470
pascal75
Posté le 09-04-2007 à 11:27:17  profilanswer
 

Et puis, à mon sens, l'avantage de Blanchot sur la "logomachie" derridéenne, c'est qu'il reste compréhensible.  
Très bien vu tout ce que tu dis :)


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°11138877
rahsaan
Posté le 09-04-2007 à 23:33:15  profilanswer
 

foutre de a écrit :

D'ailleurs la question que tu te poses sur la fin du roman, ce passage devant le palais présidentiel, c'est une question d'interprétation sur un "vouloir dire" qui décrit bien que tu es à la recherche des jugements de Simenon, c'est une démarche quasi éthique que celle de ta lecture.
c'est d'ailleurs un trait assez marquant de l'intérêt pour le roman policier et ses dérivations (le nouveau roman lui-même en passe par là). C'est le fond moral occidental, maintenu à flot par la morale narrrative américaine télévisuelle, qui continue de transiter par là ; un très vieux fond de civilisation (où l'anti-héros bruce Willis n'est que la question suivante posée au héros fou Mel gibson, lui même question renouvelée à Clint eastwood, qui la posait à john Wayne etc.)


 
D'accord avec toi pour ton premier paragraphe... mais je ne vois pas le lien avec la morale occidentale américaine.  :??: Dans les westerns et les films d'action, il y a les bons contre les méchants. Ce n'est pas le cas chez Simenon et moi-même, je ne m'intéresse pas à savoir qui est bon et qui est méchant.  
Je ne demande pas plus à une oeuvre littéraire qu'elle me dise : fais ceci ou fais cela.  
 
Je dirais d'ailleurs que si je suis à la recherche des "jugements" de Simenon, c'est que cet aspect de ses livres m'a frappé, car il se retrouve dans presque tous les Maigret que j'ai lus : la mise en cause de l'appareil judiciaire -Maigret étant pris entre son désir de comprendre les hommes et son devoir d'arrêter ceux qu'il croit coupables pour les envoyer devant la Justice.
 
Et pour en revenir à cette question éthique, je pense que c'est celle des écrivains eux-mêmes. Par leurs oeuvres, ils interrogent notre monde, pas pour le plaisir de la connaissance ou pour l'amour de la vérité mais pour savoir -un peu- comment vivre. Cela, je suis prêt à l'affirmer mais dans le même temps, je dis qu'il ne faut pas espérer trouver des conseils de bonne morale ou de sages préceptes de vie chez les écrivains ou les artistes au sens large. On ne peut trouver chez eux, au mieux, que des questions, pas des réponses.  
Mais apprendre quelques questions authentiques et alourdir le poids des problèmes humains (au lieu de s'en débarrasser par d'hâtives réponses), n'est-ce pas déjà un gain inestimable ?...  
 
Je vois bien que cette démarche éthique de lecture vous surprend.  
Je dis : oui, la littérature nous apprend la vie (nous aide à l'apprendre) mais elle n'est pas un corpus de préceptes moraux. Je crois plutôt qu'elle tend à détruire nos faux espoirs et nos fausses bonnes solutions, nos désirs illusoires. En ceci, elle est proche de la philosophie. Elle nous apprend à douter de que nous savons par habitude, à nous défier de nos attitudes conventionnelles, à nous interroger sur ce qui paraît évident. Encore que, comme le dit La Bruyère, c'est bien assez de se convaincre soi-même sans prétendre en plus convaincre les hommes. Peut-être cela était-il pensable à l'époque de l'humanisme ou de l'âge classique (une communauté harmonieuse de l'écrivain et de son public, autour d'opinions et de valeurs communes) mais désormais, cet espoir paraît brisé.  
 
Souvent dans son oeuvre, Céline exprime ce désir d'un monde classique, cette nostalgie d'une époque d'adéquation parfaite entre l'homme et le monde, au moment même où il est plongé dans un monde noir, déchiré, tragique, de la première guerre mondiale à l'effondrement du IIIe Reich. Plus exactement, face à la noirceur absolue des hommes, seule la beauté classique du style peut sauver l'oeuvre du chaos -pour schématiser, disons la beauté classique, la drôlerie rabelaisienne et l'imaginaire shakespearien.  

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 10-04-2007 à 00:03:23

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11140293
foutre de
Posté le 10-04-2007 à 09:45:05  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

D'accord avec toi pour ton premier paragraphe... mais je ne vois pas le lien avec la morale occidentale américaine.  :??: Dans les westerns et les films d'action, il y a les bons contre les méchants. Ce n'est pas le cas chez Simenon et moi-même, je ne m'intéresse pas à savoir qui est bon et qui est méchant.  
Je ne demande pas plus à une oeuvre littéraire qu'elle me dise : fais ceci ou fais cela.


 
 
Oui, c'était peut-être un peu rapide. ce que je dis c'est que la figure du héros, dans la littératurre narrative, subit de constantes altérations (alcoolisme, ou tentations suicidaires, ou incapacités affectives, ou pire (voir une série américaine comme "the Shield" )).  
Soit : les méchants sont toujours là, souvent sans modulation (mais ils ont les leurs aussi : passé, maladies, etc.). Mais : le gentil subit lui des troubles dans sa fonction ; cela est notable dans le passage du roman policier au roman noir, au polar.
Il y a une marginalité qui a envahi le "bon" (ça peut commencer avec sherlock cocaïnomane, mais il y a des figures de forçats etc.).
 
maigret est une forme de cette marginalisation ; il s'altère à cette question : y a-t-il des coupables ? (Céline lui est tombé dans un mal plus radical : y a-t-il autre chose que du sordide ? )
 
Quant à la morale occidentale que l'amérique promeut au top de son énergie et de ses moyens, elle oscille depuis là-bas entre deux pôles : le pôle légaliste, où le héros est un avocat, un plaideur ; et un pôle de justice absente où le débat bien/mal doit être tranché ici maintenant par une décision urgente prise seul (le cowboy est l'administrateur de cette justice qui répond à une question simple : sur qui vais-je tirer pour qu'il y ai le moins de morts possibles). Ce deuxième pôle ne sait produire que des modèles (pas au sens de petites filles modèles), au sens scientifiques : des représentations de situations, des schèmes. Ils ne nous disent pas que faire au sens strict, mais il nous entraînent par  la voie participative du spectateur à envisager des cas probables (du pacifisme extra de Mac Gyver au vengeur impitoyable).
 
Peut-être, devant ton insistance, suis-je obligé d'envisager deux attitudes face à la littérature : ceux qui se demandent "comment vivre ?" (et voient l'écrivain pris par le même questionnement) ; et ceux qui se demandent "comment faire ?" (et voient dans l'oeuvre une réussite artisanale)... les deux tendances ne s'excluant évidemment pas, ou rarement, même si elles désignent un peu le pôle sérieux et le pôle joueur de l'activité

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 10-04-2007 à 11:44:20
n°11141131
rahsaan
Posté le 10-04-2007 à 11:32:15  profilanswer
 

foutre de a écrit :

Peut-être, devant ton insistance, suis-je obligé d'envisager deux attitudes face à la littérature : ceux qui se demande "comment vivre ?" (et voient l'écrivain pris par le même questionnement) ; et ceux qui se demandent "comment faire ?" (et voient dans l'oeuvre une réussite artisanale)... les deux tendances ne s'excluant évidemment pas, ou rarement, même si elles désignent un peu le pôle sérieux et le pôle joueur de l'activité


 
Très bien dit, mieux que je n'aurais su.  :jap:  
Je te remercie pour le terme "insistance". :D  
Mais je n'insiste pas pour que vous soyez convaincu de la justesse de mes propos ; j'insiste pour arriver à formuler clairement ce que je dis, c'est tout. ;)
 
Et je ne dis que pas que ce sont les seuls attitudes face à la littérature. N'oublions pas celui qui lit pour son plaisir, pour se divertir...


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n°11141627
neojousous
Posté le 10-04-2007 à 12:24:28  profilanswer
 

Et ceux qui n'aime pas lire, qui ne lisent pas, ou qui ne savent pas lire, ils arriveront très bien à se poser les questions "comment faire ?" ou "comment vivre ?" non ?

n°11141652
rahsaan
Posté le 10-04-2007 à 12:29:16  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Et ceux qui n'aime pas lire, qui ne lisent pas, ou qui ne savent pas lire, ils arriveront très bien à se poser les questions "comment faire ?" ou "comment vivre ?" non ?


 
Sans doute, j'espère pour eux. :D
Je n'ai pas dit que la littérature était le seul moyen d'y parvenir.  
 
D'ailleurs, ce n'est pas dans une période de tranquillité qu'on se pose ces questions, mais quand on traverse une crise, une rupture...  


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n°11143345
neojousous
Posté le 10-04-2007 à 15:12:09  profilanswer
 

La littérature provoquerait des crises, des ruptures dans notre vision du monde, d'où le questionnement ?

n°11143427
rahsaan
Posté le 10-04-2007 à 15:19:26  profilanswer
 

neojousous a écrit :

La littérature provoquerait des crises, des ruptures dans notre vision du monde, d'où le questionnement ?


 
Oui, elle peut.  
Mais quand je parlais de crises, je pensais tout simplement à une épreuve pénible ta vie (tu divorces, tu te retrouves au chômage, tu perds un proche...), qui fait que tu te poses des questions sur ton avenir. Tu t'aperçois que la suite n'est plus donnée d'avance mais qu'elle dépendra en grande partie d'une décision à prendre maintenant.


Message édité par rahsaan le 10-04-2007 à 15:19:57

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n°11143499
neojousous
Posté le 10-04-2007 à 15:25:01  profilanswer
 

Oué mais quel est le dénominateur commun entre littérature et rupture dans la vie ?

mood
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Posté le 10-04-2007 à 15:25:01  profilanswer
 

n°11143601
rahsaan
Posté le 10-04-2007 à 15:34:43  profilanswer
 

Je dis juste que la littérature peut nous aider dans la vie.


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n°11144302
neojousous
Posté le 10-04-2007 à 16:33:22  profilanswer
 

Plus ça va, moins je vois où tu veux en venir. Le fait que la littérature puisse aider dans la vie me parait assez évident, on se mouille pas beaucoup en disant ça. En même temps, j'arrive à concevoir des dizaines d'activités différentes qui peuvent aider dans la vie. Des centaines d'occupation même. Alors où est la spécificité de la littérature ?
En vous lisant, j'avais un peu l'impression que vous considériez la littérature comme quelque chose de nécessaire et fondamentale pour la réflexion. Rien de moins nécessaire que la littérature au contraire... c'est ce qui en fait l'intérêt, un roman est une rencontre qui vous change, une rencontre spontanée, forcément inattendue, et c'est en cela qu'elle vous change. Mais pour moi cela reste une rencontre (et c'est déjà beaucoup !) similaire au fait de rencontrer une personne, un lieu, une situation nouvelle, ou quoi que ce soit de nouveau. Renconter une oeuvre, c'est augmenter notre monde, l'enrichir, refaçonner votre vision de tout ce qui nous entoure. Je pense que c'est cette vision neuve qui peut nous apporter du recul, et que ce recul peut effectivement nous aider dans la vie.

n°11144513
rahsaan
Posté le 10-04-2007 à 16:51:45  profilanswer
 

Voilà, je suis tout à fait d'accord avec toi. :)


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n°11146087
europanale​x
Posté le 10-04-2007 à 19:30:50  profilanswer
 

foutre de a écrit :

écoutez, je suis un peu surpris. je n'ai jamais écrit ce post
 
hier, j'étais en train de répondre à propos de Valdinoci inverse de Castoriadis, je venais de poster pour le sujet sur "autrui nécessaire", et mon nouveau post une fois tapé, je le vallide et plus rien. ça plante, impossible de se reconnecter au forum, prétendûment que mon compte n'est pas encore validé.
 
Et ce matin je reconnecte et je vois que ça marche pour découvrir qu'on a abusivement endossé ma signature.


 
 
En effet, c'est moi qui tentais de me connecté pour la première fois à votre forum. Et ça n'a pas marché du tout. et j'ai été en attente de connection pendant une semaine.
Votre forum, je l'ai découvert par le site de Didier Moulinier, qui l'avait référencé pour la non philosophie et je suis tombé sur vos discussions sur l'europanalyse.
Comme vous devez être les seuls en France à parler de Serge Valdinoci, je suis venu intrigué.
 
Il se trouve que je suis le rédacteur de cette page bio-bibliographique. Pour différentes raisons, à commencer par celle de compétences limitées, je n'ai pas cherché à rédiger un article "europanalyse". Mais je pense que certains aspects de vos discussions pourraient servir de bonnes bases pour le faire.
 
Moi, en parcourant vos interventions (et la teneur de vos débats, chamailleries etc. ne me regardent pas ; c'est la mécanique habituelle de la pensée), je me suis dit qu'il manquait quelque chose, pourtant indispensable et en accord avec l'esprit bibliographique de ce forum : une présentation des livres d'europanalyse, pour ne pas aller n'importe où n'importe comment.
 
Voici donc, dans l'ordre chronologique, les livres que vous pourrez rencontrer, si vous pencher sur cette approche de l'immanence, du corps et de l'invention, vous semble comme à moi d'un certain intérêt.
Une précision s'impose cependant : la pensée que compose l'oeuvre de Serge Valdinoci, qui était un professeur-chercheur en philosophie, se présente comme une pensée mystique. Quoique fort éloignée de tout folklore religieux, et traduisant ce qu'est l'immanence au sens le plus strict possible, la pensée mystique se distingue fortement (radicalement, selon Laruelle) de la pensée philosophique.
Serge Valdinoci a tenté de rendre compte de chacune depuis les appuis spécifiques de l'autre (comment la philosophie pointe vers la mystique, comment la mystique permet des descriptions de la pensée philosophique etc.)
 
Les Fondements de la phénoménologie husserlienne, Nijhoff, 1982 : Ce livre, qu'on trouve à un prix exhorbitant, n'est pas encore un livre d'europanalyse au sens strict. C'est une thèse de doctorat, soutenu devant Levinas et dirigée par Ricoeur. Cependant elle tente, c'est sa problématique, de dégager une identité du geste phénoménologique, qui s'est éclaté historiquement depuis la fondation husserlienne. La lecture est difficile car il s'agit d'un travail sur la recherche phénoménologique, appuyé sur les manuscrits de Husserl. Il faut une connaissance très forte du champ phénoménologique pour démêler les enjeux techniques de cette thèse.
 
Le Principe d'existence. Un devenir psychiatrique de la phénoménologie, Nijhoff, 1988 : Ici, un livre qui éveillera bien plus je pense votre curiosité. On y découvre les données du passage des phénoménologies de husserl et Heidegger dans les théories psychopathologiques. De grandes "psychiatries" sont décrites (Pinel, Jaspers, Freud...) et c'est un très bon ouvrage pour saisir les rouages du passage de la théorie de l'homme à la clinique (de Kant à Pinel par exemple, Dilthey etc...). C'est aussi l'occasion de découvrir les travaux de Straus, de Minkowski, de Binswanger dont sont décrites les errances théoriques, les tatonnements, les impasses et dont sont confrontées les intuitions les plus fortes. On trouve aussi de très belles pages sur Kafka.
C'est un livre qui donne envie d'en lire bien d'autres tant il ouvre la philosophie à son usage en médecine.
 
 
Introduction dans l'europanalyse. Krisis 2 : transformer la phénoménologie de Husserl pour fonder la philosophie, Paris, Aubier, 1990 : ce livre est le premier d'europanalyse au sens strict ; c'est aussi le premier ouvrage de voisinnage avec Laruelle. Livre très court, il est également très dense, très ramassé. C'est une sortie hors de la philosophie. La conversion (ainsi que la décrit Fink, le bras droit de Husserl) y est convoquée. Serge Valdinoci se penche alors sur ce qu'est la pensée Européenne, sur son fonctionnement en terme de pathos (il prolonge certaines analyses de Laruelles sur les philosophies de la différences).  
A partir de cette Crise européenne dégagée par Husserl (son inquiétude à la fin de son oeuvre, lorsqu'il commence à élaborer le concept de "monde de vie" ), Serge Valdinoci aperçoit l'effondrement essentiel qui constitue le réel comme invention, comme devenir dispersif pur, comme nuit refusée à l'être sur laquelle cependant tout apparaître s'appuie. C'est le premier livre où des "concepts" spécifiquement europanalytique s'élaborent. On peut à cet égard noter que la pensée europanalytique se décrit comme reposant sur des processus d'apposition.
 
 
Vers Une Méthode d'europanalyse, Paris, L'Harmattan, 1995 : Ce livre est considéré par la plupart des lecteurs que je connais comme le plus accessible aux étudiants de philosophie ; avis que je partage, à la condition de connaître quelques oeuvres majeures. Serge Valdinoci y dialogue avec les écrits de Heidegger, de Henry, de Merleau-Ponty, de Husserl, de Hegel, de Marion également. Il tente d'y mettre en place une nouvelle unité de mesure, un "masstab", reposant sur cette approche mystique du réel qu'il confirme comme essence de la démarche phénoménologique. A partir des concepts et découvertes des prédecesseurs qu'il tente de replacer dans un mouvement plus large de pensée, il dessine un domaine esquissé par les phénoménologies historiques.
De plus il commence à décrire la structure interne de cette pensée inventive, son mode spécifique d'appréhension du réel en commençant de bâtir une esthésiologie (la mystique est alors envisagée comme l'endo-squelette de la civilisation, alors que le domaine culturel des savoirs ne saurait produire qu'un exo-squelette, sclérosant toute invention humaine). C'est à partir de cet ouvrage également que la description d'une pensée en zig-zag émerge décisivement de ses travaux sur la base de données perceptives médicales (proprioception, nociception, etc.)
 
La traversée de l'immanence, Paris, Kimé, 1996 : L'un des opus les plus techniques. La terminologie mise en place dans le livre précédent y entre en fonctionnement à plein régime. C'est pourtant une fort belle traversée qui y est tentée. La méthode de pensée en zig-zag y est établie sur la base d'une pensée en "crase" (n. f. XVIIe siècle. Emprunté du grec krasis, « mélange, alliage ». 1. PHON. GRECQ. Combinaison de la voyelle ou diphtongue finale d'un mot avec la voyelle ou diphtongue initiale du mot suivant. 2. Par anal. PHON. FRANÇAISE. Contraction de deux voyelles en hiatus interne. C'est par crase que les mots d'ancien français « eage », « baailler » sont devenus « âge », « bâiller ». 3. MÉD. Vieilli. Crase sanguine, constitution du sang et ensemble de ses propriétés relativement à l'hémostase et à la coagulation. - on voit encore le mélange intime d'une pensée du sens (reformuler une linguistique qui ne soit pas articulation d'éléments atomiques du signifiant) et d'une pensée clinique). Cette crase peut-être comprise comme une description renouvelée de l'uni-dualité non-philosophique.
De plus en plus appuyées aux sciences plutôt qu'à la philosophie agonisante au seuil de la déconstruction, la recherche de Serge Valdinoci amorce une méthode de pensée en-chaos, d'affrontement de l'inconnu, d'invention, qui tente de remédier au morcellement culturelle de la pensée à partir de la question : "Comment inventent les sciences ?". Une sorte de thérapeutique civilisationnelle qui consonne fortement avec certains aperçus nietzschéens.
 
 
La Science première, Paris, L'Harmattan, 1997 : Maître livre de l'europanalyse, à la fois le plus vaste, le plus dense et le plus dynamique. Les champs culturels traversés y sont pléthore (du Yi-king à la relativité, de Wittgenstein à Cantor, de la mystique médiévale à la non-philosophie, de la gestaltpsychologie à Gödel...). C'est aussi le livre du souffle épique et probablement celui où la recherche s'avance le plus loin.
L'exigence d'immanence y est plus que jamais maintenue, en direction d'une théorie de la contemplation et de l'intuition. C'est un livre qui demande une lecture très lente, et un travail de lexique énorme (un ou deux gros dictionnaires s'imposaient à l'époque ; internet aujourd'hui est un aide majeur).
Nietzsche s'y révèle un compagnon privilégié, le surhomme et l'éternel retour du même étant repensés, depuis une description de cet effondrement fondateur déjà convoqué mais désormais envisagé comme insurrection intime humaine. La terminologie y est très germanisante (un hegel bien maîtrisé n'est pas de trop)
Surtout la méditation déploie plus précisément une pensée de l'écriture, du langage, du livre comme enveloppe de civilisation en gésine. Comment repenser le langage depuis cette en-creux mystique? Une idée d'encyclopédique y est soulevée depuis le projet romantique de Novalis (voir les manuscrits aux éditions de minuit) fondée sur cette "outre-déchirure" que serait le "moi".
Avant tout, c'est à une pensée du sacré que s'amarre ce livre.
 
 
Abrégé d'europanalyse : la pensée analytique et continentale, Paris, L'Harmattan, 1999 : Ce livre est le plus petit et le plus restreint de ceux publiés par Serge Valdinoci. Il le proposait souvent comme base aux étudiants de son séminaire de recherche (maîtrise DEA). Court, peu coûteux, ramassé autour de Hegel et de Husserl (toujours), seuls quelques axes de l'europanalyse y sont parcourus : la problématique du langage, comme stéréonomie (unidualité, encore) entre affect et effectuations linguistique (l'affect étant l'invisible filigrane de toute écriture) ; les processus analytiques qui défont la dialectique synthétique hégélienne de sa prédominance. Grand avantage de ce livre : il se relit très facilement, mais l'abord en est plus sec, plus austère.
 
 
L'europanalyse et les structures d'une autre vie, Paris, L'Harmattan, 2001 : livre aérolithe, hors parcours, renouvelant prondément l'ambiance d'écriture de l'europanalyse. Peut-être le plus surprenant pour les lecteurs habitués de l'europanalyse. A partir d'un vocabulaire extrêmement ecclésiastique, c'est un renouvèlement de la méditation de la civilisation qu'il propose, notamment depuis une pensée de la figure politique du médiateur de la république.
C'est à une pensée du sacré comme retentissement dans l'effroi humain (Pascal) que se consacre de part en part cet ouvrage.
 
Merleau-Ponty dans l'invisible. L'Oeil et l'esprit au miroir du Visible et l'invisible, Paris, L'Harmattan, 2003 : dernier livre paru à ce jour, ce travail se présente comme une glose des plus utiles des deux derniers textes de Merleau-Ponty, l'un servant à éclairer l'autre. Le commentaire structurant le propos, l'oeuvre d'art y est profondément méditée à travers de grandes figures du vingtième siècle (Duchamp...).
Cet ouvrage ouvrait une trilogie que devaient suivre un "Bergson" et un "Deleuze", dont la publication retardée est aujourd'hui plus que douteuse
 
 
 
Voilà, j'espère que cette présentation sera utile aux quelques curieux qui viendraient se référencer sur votre forum. Il existe par ailleurs une masse assez grande de contributions sous forme d'articles (sur Ruyer, Husserl, la Psychiatrie, la non-philosophie...) qui sont disséminés en revue (principalement La Revue de Métaphysique et de morale et La Décision Philosophique)
 
J'ai signalé votre forum à un ami dont la culture philosophique est plus vaste que la mienne et qui a participé à la création d'une revue, L'Homme Précaire, où un article d'europanalyse est paru en 2006 : ma connaissance de l'europanalyse tenant principalement à des travaux de secrétariat que j'ai effectués pour l'auteur à l'époque ou il était mon directeur de recherche en DEA, j'espère qu'il viendra vous apporter, si cela vous intéresse, quelques précisions notables.
Comme il n'est pas exclu qu'une grande partie de la pensée de Serge Valdinoci se soit transmise de façon privilégiée par la voie orale, je vous invite à aller consulter les sites en ligne de deux anciens de ses étudiants qui répondront certainement à vos questions avec la distance de personnes qui se sont éloignées de l'enseignement philosophique mais pour qui l'invention est restée une dynamique propre :
 
http://www.tsubaki.ouvaton.org/
 
http://tjournet.free.fr
 
Je vous félicite par ailleurs pour le travail que vous menez, certaines notules sont de très bonne facture. Et vos curiosités sont des plus nourrissantes pour les passants.
 
 
 

n°11146437
rahsaan
Posté le 10-04-2007 à 20:15:28  profilanswer
 

Mon Dieu, la diaspora europanalytique envahit ce topic ! [:totoz]
 
Merci pour cette intervention, Europanalex et cette présentation bibliographique. :) Je suis toujours intéressé par la découverte d'auteurs et d'oeuvres et je pense que c'est le cas des autres participants à ce forum. :)
Si tu souhaites dire d'autres choses, n'hésite surtout pas à venir poster ici. ;)

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 10-04-2007 à 20:18:26

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11148567
pascal75
Posté le 10-04-2007 à 22:53:25  profilanswer
 

europanalex a écrit :

Pour différentes raisons, à commencer par celle de compétences limitées, je n'ai pas cherché à rédiger un article "europanalyse". Mais je pense que certains aspects de vos discussions pourraient servir de bonnes bases pour le faire...


 
Je crois qu’il y a, dès lors que nous ne nous battons plus entre philosophes européens, dès lors qu’il n’y a plus de rivalité immédiate, et qu’il n’y a pas de guerre, ni même de guerre imaginable, entre la French Theory et la phénoménologie, entre la French Theory et la philosophie analytique, et même, bien entendu, un jour, entre la French Theory, la phénoménologie, la philosophie analytique et l’empirisme logique... et bien il est absolument normal que s’établisse entre ces théories occidentales une solidarité. C’est cela l’europanalyse ! Et je crois que cette solidarité doit être organisée : il s’agit de savoir comment et sous quelle forme. Alors, il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de philosophie autrement que sur des réalités. Bien entendu, on peut sauter sur sa chaire comme un cabri en disant l’europanalyse ! l’europanalyse ! l’europanalyse ! Mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien.  

Spoiler :

Signé Gilbert Delausse, l'homme du possible que De Gaulle ne fit, un jour, que plagier.

Message cité 1 fois
Message édité par pascal75 le 10-04-2007 à 22:54:00

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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°11149412
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 11-04-2007 à 00:13:53  profilanswer
 

Qui a dit que toute l'histoire de la pensée de l'Occident n'est que des notes en bas de page de l'oeuvre de Delausse ?

n°11149625
Analecte
Posté le 11-04-2007 à 00:40:47  profilanswer
 

Citation :

J'ai signalé votre forum à un ami dont la culture philosophique est plus vaste que la mienne et qui a participé à la création d'une revue, L'Homme Précaire, où un article d'europanalyse est paru en 2006


 
S'appelera-t-il Europanali, le tier inclus ?

Message cité 1 fois
Message édité par Analecte le 11-04-2007 à 00:43:02
n°11150803
foutre de
Posté le 11-04-2007 à 07:46:43  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Mon Dieu, la diaspora europanalytique envahit ce topic ! [:totoz]


 
oh l'aut'... s'est déjà débarassé de viscere machin, maintenant s'en prend au tout venant..
 
 
...
 
 
 
bah finalement t'as pas tort. D'autant que c'était moi preum's. allez! "caleter, valetaille valdinocienne... "  
 
là quand même, j'aurais pas su faire mieux que cette biblio. Comme je connais les livres, je ne sais pas si on n'y vois quelque chose quand on les connais pas. Mais moi j'y vois beaucoup. c'est un bon guide.
 

pascal75 a écrit :

il est absolument normal que s’établisse entre ces théories occidentales une solidarité. C’est cela l’europanalyse ! Et je crois que cette solidarité doit être organisée : il s’agit de savoir comment et sous quelle forme.


 
 
Celle du bouc émissaire n'est pas mal : toutes philosophies ensemble pour endiguer la mystique !... En tout cas si c'est Delausse qui se pose la question, cette solidarité pourrait bien

Spoiler :

[ne pas]

s'organiser...
 
 
 
 
Quant au cabri :
 
 [:viscere musc] l'europanalyse !
 [:viscere musc] l'europanalyse !
 [:viscere musc] l'europanalyse !
 
 


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11150835
rahsaan
Posté le 11-04-2007 à 08:09:49  profilanswer
 

foutre de a écrit :

Quant au cabri :
 
 [:viscere musc] l'europanalyse !
 [:viscere musc] l'europanalyse !
 [:viscere musc] l'europanalyse !


 
Excellent.  [:maestro]


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11150847
foutre de
Posté le 11-04-2007 à 08:17:47  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Excellent.  [:maestro]


dis voir, Monsieur Rahsaan, ton premier post sur la littérature comme "séduction-que faire?", ce ne serait pas justement une ultime chasse à la viscère cabriolante... tu serais pas plus amateur de panse de brebis farcie que de littérature, par hasard... (= par nature) ?
c'est la question que je me pose en y jetant un dernier oeil... (et comme il y a des amateurs de saumon...)


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11162497
rahsaan
Posté le 12-04-2007 à 09:52:14  profilanswer
 

foutre de a écrit :

dis voir, Monsieur Rahsaan, ton premier post sur la littérature comme "séduction-que faire?", ce ne serait pas justement une ultime chasse à la viscère cabriolante... tu serais pas plus amateur de panse de brebis farcie que de littérature, par hasard... (= par nature) ?
c'est la question que je me pose en y jetant un dernier oeil... (et comme il y a des amateurs de saumon...)


 
 :lol: ( [:prodigy] )


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n°11162606
rahsaan
Posté le 12-04-2007 à 10:07:01  profilanswer
 

« UN LIVRE, ÇA POSE UNE QUESTION »
 
Je ne reviens pas pour le moment sur mon idée du « que-faire ? ». Sans doute il faudrait qu’elle devienne plus précise pour moi, avant que j’en reparle.  
 
Je voulais revenir par contre sur l’idée qu’un livre pose une question. Je vois bien que ma formulation prête à malentendus. D’abord, une question n’est pas nécessairement une phrase à la forme interrogative. Mais je peux dire par exemple : Maigret hésite de Simenon pose la question du droit à juger un homme.  
 
L'origine de la question
 
Bien sûr, un livre n’est pas écrit pour poser une question.  
L’écrivain ne contemple pas une Idée pour, ensuite, écrire un livre qui va lui permettre de dire ce qu’il a à dire. Au contraire, les débuts sont toujours flous, tâtonnants, même si l’écrivain a un plan pour son livre. Mais ce qui compte, c’est ce qu’il ne peut prévoir, c’est là où va l’emmener l’écriture et qui est nouveau, surprenant, troublant. Il ne découvre son livre qu’à la fin ; il en devient en quelque sorte le premier lecteur, et peu importe de savoir ce qu’il avait « l’intention » de faire.  
Peut-être que Balzac, avant même d’écrire la Comédie Humaine, savait qu’il allait « concurrencer l’état civil»  et faire le roman de toute une génération. Mais il ne pouvait pas connaître l’état définitif de son œuvre, bien plus riche dans sa réalisation que toute intention possible. La recherche de l’absolu pose la question de l’aveuglement humain, de la passion dévorante qui fait préférer un objet irréel, fantasmatique, au détriment de la réalité, et qui rend fou le héros. Le livre de Balzac interroge cette folie, mais il ne donne pas de réponse. Il nous confronte à un problème. Mais il n’a pas à y répondre. Il n’a pas à dire : voilà pourquoi les hommes sont fous. En revanche, il peut montrer les effets de cette folie.  
Si on ne comprend pas la question, ou les questions, que pose un livre, on passe à côté de quelque chose.  
 
Un exemple : Bel Ami de Maupassant
 
Soit, autre exemple, Bel Ami, de Maupassant. L’histoire d’un soldat démobilisé, Georges Duroy, qui vivote à Paris. Il n’a presque plus d’argent pour se payer un bock, quand il rencontre un ancien camarade, Forestier, journaliste. Celui-ci trouve à Duroy un poste dans son journal, et lui propose d’écrire quelques articles sur ses années en Algérie. Rapidement, Duroy monte dans la hiérarchie du journal. Il devient l’amant de la femme de Forestier et, quand celui-ci meurt, il se remarie avec elle. Cette femme ne sera que la première dans une quête cynique, impitoyable de la réussite sociale. Bientôt, il fréquente le Tout-Paris et devient une personnalité courue. Il couche avec la femme de son directeur, il court les expositions et se mêle de politique. Il parvient à se faire anoblir et devient Georges Du Roy de Cantel (Cantel, abréviation de Canteleu, patelin à l’ouest de Rouen !) et se remarie à la Madeleine. Il sort de l’église et a en vue la chambre des députés, où l’on peut parier qu’il entrera bientôt.  
 
Que peint Maupassant dans ce livre ? La réussite sociale, l’ambition d’un parvenu, sous la IIIe République. Son héros est en quelque sorte un condensé de l’arrivisme, de l’affairisme de ces années ; le livre décrit la collusion entre les milieux de la finance, du journalisme et de la politique. C’est l’époque de la République des Jules : les Ferry, Gambetta, les actions du canal de Suez, la spéculation immobilière, les journaux qui font tomber les ministères, les politiques qui s’enrichissent à la Bourse… Maupassant fait le même travail qu’a fait, récemment, Serge Halimi dans Les nouveaux chiens de garde, qui, par le biais d’une étude et non d’une fiction, décrit cette même collusion des media, de la finance et de la politique.  
Si l’on préfère une approche sociologique du livre de Maupassant, on dira que c’est une description de la société de l’époque. On peut aussi dire que c’est l’étude de traits humains (l’ambition, le cynisme, l’arrivisme), que c’est tout simplement une réflexion sur la destinée humaine (par le récit de la vie de Georges Duroy, qui découvre, lors d’un vernissage, qu’il a la même tête que le Christ d’une crucifixion exposée ce soir-là).  
Laquelle de ces interprétations est meilleure ? A laquelle donner le dernier mot ? L’écrivain peint-il une vérité universelle sur l’homme ou bien la société de son temps ? Ou bien l’un par l’autre ?...  
Quoi qu’il en soit, il est parfaitement possible de lire Bel Ami uniquement pour le plaisir, pour se divertir, parce qu’on aime le style clair, franc, impitoyable de Maupassant, sa drôlerie, son comique. Mais pourquoi ne pas se demander aussi : comment fait-il ? Comment fait-il pour si bien écrire ? Pourquoi Bel Ami est-il une telle réussite ?
On posera ces questions et sans doute qu’à la fin, on n’aura pas obtenu de réponse mais on aura transformé les questions initiales.  
 
Donc il ne faut pas croire que la question posée par le livre lui est intrinsèque. Elle n’émane pas, lumineuse, du livre, ni n’est cachée entre ses lignes. L’auteur n’a pas dissimulé une question comme on dissimule un personnage dans une image d’Epinal.  
Au contraire, cette question doit être construite. Elle ne nous est pas donnée par la bonne grâce de l’œuvre mais elle ne peut résulter que d’une pratique de lecture attentive, passionnée, soucieuse. De ce point de vue, il faut mener le travail d’un détective privé, se faire Sherlock Holmes pour qu’une collection d’indices finisse par produire du sens. Ou bien être comme le commissaire Maigre et entrer, par une méthode « bergsonienne » (d'intuition de l'existence vécue de l'intérieur) dans la vie même des personnages et de l’œuvre.  
Il faut construire la question mais, paradoxalement, il faut que cette question soit celle du livre même. C’est le paradoxe de toute explication du texte. Expliquer, c’est déplier. On « déplie » le texte mais il faut que ce soit selon ses pliures propres. Et ces pliures, il faut les trouver.  
 
La pratique de lecture
 
Cette pratique est applicable à toute œuvre. Livre, peinture, film, musique… Mais chaque fois, la pratique doit repartir de zéro. Il n’y a pas de bonne méthode, sinon de bien lire, lentement et de ruminer, comme le conseillait Nietzsche le philologue. Jamais on ne peut croire qu’on a trouvé la bonne façon de lire une œuvre et que cette démarche sera applicable ailleurs. Il faut paradoxalement savoir ce que l’on cherche mais ignorer ce qu’on va trouver. Poser au texte la question qui est, au bout du compte, celle du texte et par laquelle il nous confronte à un problème.  
Il s’agit donc de construire une interprétation, pour montrer comment le texte est construit. Mais montrer ses agencements, ses tensions, ses fondations, sa charpente, ce n’est pas retrouver comment il a été construit. Ce n’est pas essayer d’imaginer comment l’auteur a écrit. On ne peut annuler la part d’imprévisible qu’introduit toute création, sauf à croire que dès le début, l’œuvre était faite dans la tête de l’auteur et que sa réalisation n’est qu’une simple réalisation, telle quelle, de l’idée de départ.  
En ce sens, on se place bien du point de vue de celui qui reçoit l’œuvre, pas du point de vue du créateur. Nous ne sommes pas dans la tête de l’auteur, dans sa vie. Mais on a en revanche tout à gagner à l’écouter parler de sa création. Les lettres de Van Gogh nous disent ce que ressent le peintre, la dévotion qui est la sienne pour la peinture, l’ascèse extrême, mystique, qu’il doit endurer, pour supporter l’intensité des lumières, des couleurs, du soleil… Alors oui le point de vue du créateur nous dira quel est le monde recréé par l’œuvre. Mais le créateur ne doit-il pas se faire aussi le spectateur de lui-même ? Je est un autre, je me contemple en train de créer et je vois naître l’œuvre dont je suis pourtant « l’auteur ».  
 
Le point de vue de l'artiste
 
Autre point très important : qui veut créer n’a pas à se poser ces questions, qui appartiennent à la réception de l’œuvre. Le peintre n’a pas à se demander ce qu’on va penser de son œuvre, ni à peindre pour qu’on puisse l’interpréter dans telle ou telle direction. Un écrivain n’a pas à vouloir dire quelque chose. Il le dit, ou il ne le dit pas. Il serait même nuisible qu’un auteur interprète par avance la façon dont on va recevoir son œuvre. Ce serait mettre la charrue avant les bœufs, et se poser des problèmes inutiles. Il est sans doute bon d’avoir des réticences à parler de ce qu’on est en train de faire, puisqu’une œuvre inachevée n’a pas encore de sens, elle n’est qu’à l’état d’ébauche, de brouillon, elle est imparfaite, elle n’est pas belle à voir, elle est confuse.  
 
L’artiste agit selon les besoins de son travail, comme tout le monde. Il n’a pas à se dire : « essayons d’interpréter ce que je suis en train de faire afin de prévoir ce que sera mon œuvre ». Ce serait le plus sûr moyen d’arrêter son travail, de reculer devant l’incertitude liée à la création, de ne plus jouer le jeu. Un écrivain ne peut pas se dire : « Aujourd’hui, je vais écrire une œuvre pleine de sens et d’une importance décisive car elle parlera rien moins que de l’Homme aujourd’hui et de son avenir », à moins de vouloir écrire à coup sûr une œuvre ratée ! (En revanche, il n’est pas exclu que certains chefs d’œuvres nous aident à nous interroger sur l’Homme en tant que tel. Mais pas si directement, d’une manière si générale, si absolue.).  
 
En ce sens, il est bon qu’il reste en partie aveugle à ce qu’il fait. On ne peut pas à la fois faire et réfléchir à ce qu’on est en train de faire, sans quoi on ne le fait plus. On ne peut pas agir et contempler son acte. Voir l’œuvre en train de naître est un privilège de spectateur, une vision rétrospective.  
Maupassant n’avait pas à se demander quelle serait la portée de son livre. Peut-être, mais peut-être seulement, son projet était-il de peindre la médiocrité de son époque dans Bel Ami, de proposer une satire virulente de son temps. Réjouissons-nous qu’il ait dépassé cette simple intention.  
 
Le sens de l'oeuvre
 
En somme, peu importe comment l’œuvre a été faite, ses balbutiements, sa genèse ; ce qui compte c’est le résultat, la seule chose que nous ayons sous les yeux. Et il faut dégager ce que cette œuvre a d’unique, de singulier, ce qu’on ne peut trouver nulle part ailleurs, ce qu’elle et elle seule porte en elle.  
Bien sûr, un auteur pourrait trouver désagréable qu’un « récepteur » de son œuvre vienne le trouver pour lui expliquer ce qu’il a fait et comment il l’a fait. Clark et Kubrick disaient : « Si vous avez parfaitement compris 2001, A Space Odyssey, c’est que nous avons mal fait notre travail. »
Il ne s’agit en effet pas de dire : voilà la signification de cette œuvre ! Il n’y a pas à donner de réponse, à dire : « j’ai tout compris, inutile d’ajouter un seul mot ».  
Au contraire, s’enquérir du problème que pose une œuvre, c’est accepter d’ouvrir un champ de compréhension, une richesse de sens nouvelle, pas d’enclore la réflexion dans un espace donné. Ce n’est qu’en demeurant sur le mode du problématique que l’on peut respecter la dimension ouverte d’une œuvre, et contribuer à montrer cette ouverture même. Il ne s’agit pas non plus d’être nébuleux, vague, imprécis, en disant : « chacun en pensera ce qu’il voudra ».  
Il est important de chercher au contraire sous quelles conditions minimales on peut comprendre une œuvre. Il n’y a sans doute pas d’interprétation définitivement vraie, de dernier mot sur Maupassant ou Kubrick, mais il y a des interprétations fausses. Qui ne voit pas l’ironie constante du narrateur dans Madame Bovary est à contresens. Qui ne voit pas que The Deer Hunter de Cimino est une condamnation de la guerre l’est aussi. Mais est-ce une condamnation de la guerre du Vietnam ou bien de toute guerre ?
 
L'urgence
 
Bien sûr, on peut opposer à cela qu’interpréter est toujours plus ou moins délirant. Deleuze dirait : n’interprétez plus, expérimentez. Ne faites plus comme les psychanalystes qui ne cessent d’aborder métaphoriquement les textes, de produire une compréhension en demeurant prisonniers d’une conception sédentaire du sens. Au contraire, prenez les mots au pied de la lettre, ne cherchez plus de second degré, expérimentez.
Nous retrouvons là un autre paradoxe, plus intéressant encore : si saisir un texte, c’est voir le problème qu’il pose, alors il faut que le texte finisse par dire exactement ce que nous voulions lui faire dire, comme Deleuze le disait à propos de ses lectures de Spinoza. Une lecture de Spinoza crée un double de Spinoza.  
Mais il faut que dans le même temps, Deleuze devienne un autre Spinoza et qu’il crée un double de Deleuze, de façon à ce que Spinoza lui fasse dire exactement ce qu’il voulait lui faire dire. Ne serait-ce pas une application littérale de la notion de double – capture ? La guêpe et l’orchidée entrent dans un agencement tel qu’il se produit un devenir – fleur de la guêpe et un devenir – guêpe de l’orchidée. Voir le problème au sein d’une œuvre, c’est comprendre ses agencements.  
Dans sa conférence à la FEMIS sur la création (reprise dans Deux régimes de fous), Deleuze dit que Kurosawa est profondément inspiré par Dostoievsky, au sens où lui aussi rencontre la figure de l’Idiot. Il est vrai que l’Idiot s’attache à une idée fixe et la répète tant qu’il n’a pas obtenu la réponse, ou bien plutôt tant qu’il n’a pas compris le problème qui se pose (et Bergson dit qu’un problème bien posé est un problème résolu). L’Idiot est pris par une urgence supérieure qui suspend tout autre urgence : l’urgence d’un Problème qui le taraude, qui le sape en profondeur, qui l’appelle et l’obsède.  
Pour faire dire à l’œuvre ce qu’elle dit effectivement, il faut peut-être se faire soi-même un peu Idiot, bégayer, hésiter, se sentir pris dans une urgence, urgence qui doit être celle de l’œuvre même ; sa durée propre, sa nécessité. ;)


Message édité par rahsaan le 12-04-2007 à 12:14:20

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n°11163334
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 12-04-2007 à 11:15:11  profilanswer
 

Chapeau bas [:prodigy]

n°11165546
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 12-04-2007 à 14:58:56  profilanswer
 

Venez les gars, on va un peu taffer sur ce sujet :  
 
Le pape Benoît XVI souligne les insuffisances de la théorie de l'Evolution qui laissent ouvertes des questions fondamentales sur la création de l'humanité selon lui, tout en saluant le rôle de la science dans le progrès de la raison, dans un livre publié mercredi en Allemagne.  
 
"La théorie de l'Evolution n'est pas prouvable empiriquement, car il est impossible de mettre en laboratoire 10.000 générations", souligne le pape allemand dans cet ouvrage intitulé "Création et évolution" qui retranscrit une conférence sur ce sujet tenue en septembre 2006 dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo (Italie).  
 
"La vraisemblance (de la théorie de Darwin, ndlr) n'est pas égale à zéro, mais pas non plus à un", car elle laisse "de grandes questions ouvertes", relève-t-il.  
 
"Il me semble important de souligner que la théorie de l'Evolution implique des questions qui doivent être du ressort de la philosophie et qui mènent elles-mêmes au-delà du domaine de la science", souligne Benoît XVI dans ses premières réflexions en tant que pape sur la théorie de l'Evolution.  
 
Charles Darwin, biologiste britannique (1809-1882), développa la première théorie d'un mécanisme biologique de l'évolution, la sélection naturelle, qui explique la diversification de la vie à travers un lent processus de modification par l'adaptation.  
 
Dans le même temps, le pape salue les progrès qu'ont permis les sciences. "Les sciences naturelles ont ouvert de grandes dimensions à la raison qui étaient jusqu'alors fermées, et nous ont ainsi transmis de nouvelles connaissances".  
 
Elles posent des questions "qui doivent être adressées à la raison et qu'on ne doit pas juste laisser au sentiment religieux", poursuit-il.  
 
Le débat sur ce sujet fut relancé quand l'archevêque de Vienne Christoph von Schönborn publia le 7 juillet 2005 dans le New York Times une tribune affirmant que l'on ne pouvait interpréter les discours de Jean Paul II comme étant une reconnaissance de l'évolutionnisme. Le prédécesseur de Benoît XVI avait affirmé en octobre 1996: "La théorie de l'Evolution est plus qu'une hypothèse".  
 
"Il ne s'agit pas de choisir entre un créationnisme qui exclut catégoriquement la science, et une théorie de l'Evolution qui dissimule ses propres brèches et ne veut pas voir les questions qui se posent au-delà des possibilités méthodologiques de la science naturelle", avait conclu le pape Benoît XVI à l'issue de discussions de deux jours entre philosophes, théologues et biologistes.
 
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n°11165609
pascal75
Posté le 12-04-2007 à 15:03:41  profilanswer
 

Intéressant mais tu devrais poster ça plutôt dans le topic des arguments pour réfuter la théorie de Darwin. Y'a Hotshot qui y rode :D


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°11166132
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 12-04-2007 à 15:45:47  profilanswer
 

Je cherche plutôt à réfuter l'argument de Benoît XVI... après le boulot bien sûr

n°11166667
neojousous
Posté le 12-04-2007 à 16:24:03  profilanswer
 

Tu aurais pas un lien on pourrait savoir exactement ce que raconte le pape ? Parceque là on voit juste vite fait ce qu'il défend, mais pas vraiment comment.

n°11172778
rahsaan
Posté le 13-04-2007 à 08:21:40  profilanswer
 

A mon avis, tout est dit dans ce que rapporte Daniel_Levrai.  
J'y pensais justement hier, en parlant épistémo des sciences avec mon collègue de SVT (hé ouais, on est comme ça nous, du côté de Rouen  :sol: ).  
 
La force de la théorie de l'évolution, c'est justement qu'elle est révisable, perfectible, donc qu'elle contient "encore des brèches" comme le dit le successeur de Saint-Pierre.  
Au contraire, le créationnisme est vrai de toute éternité, une bonne fois pour toutes.
Mais un Créationniste ne voudra jamais admettre que l'incomplétude d'une théorie et son caractère révisable puissent être le gage de sa scientificité. L'évolution n'est qu'une hypothèse, mais elle n'est pas en défaut par rapport à une théorie "parfaite".
(cf. Popper)


Message édité par rahsaan le 13-04-2007 à 08:44:52

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n°11174849
neojousous
Posté le 13-04-2007 à 12:14:32  profilanswer
 

Ouai, on en arrive au problème formulé par Popper en 1919 : quels sont les critères de démarcation entre science et pseudo-science ? Il avait proposé le falsificationnisme, mais Kuhn en a vite montré les limites.
 
La vision d'Imre Lakatos peut être intéressante ici, dans le sens où elle me parait compatible avec les propos du pape. Selon Lakatos, la communauté scientifique se compose de programmes de recherche concurrents. Certains sont progressifs (il apportent de nouvelles connaissances et sont de plus en plus respectés par les chercheurs de la communauté), d'autres sont régréssifs (il n'apportent plus de connaissances, et perdent en influence).
Quand le pape dit : "Les sciences naturelles ont ouvert de grandes dimensions à la raison qui étaient jusqu'alors fermées, et nous ont ainsi transmis de nouvelles connaissances", il définit la théorie de l'évolution comme un programme de recherche progressif. Ainsi, au milieu de ses propos qui ne tiennent guère compte d'épistémologie, la théorie de l'évolution est une théorie scientifique.
Il semble que le créationnisme ne puisse revendiquer le statut de programme de recherche, même régressif, car comme le dit Rahsaan il est "vrai de toute éternité", il ne se met pas en danger face à l'épreuve des faits.
La théorie de l'évolution est donc une théorie scientifique, contrairement  à la théorie créationniste. Reste alors posé le problème du lien entre théorie scientifique et croyance, entre validité et vérité. L'anarchiste de la connaissance Paul Feyerabend, avec son "tout est bon", ne verrait pas de problème à accepter la théorie créationniste comme épistémologiquement valide.

Message cité 2 fois
Message édité par neojousous le 13-04-2007 à 13:51:41
n°11174913
Mine anti-​personnel
Posté le 13-04-2007 à 12:22:34  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Ouai, on en arrive au problème formulé par Popper en 1919


 

Citation :

Karl Raimund Popper (28 juillet 1902 à Vienne, Autriche - 17 septembre 1994 ) est l'un des plus importants philosophes des sciences du XXe siècle.


 
 :ouch: Drôlement précoce le jeune homme.

n°11175036
neojousous
Posté le 13-04-2007 à 12:38:21  profilanswer
 

Ouep il a commencé jeune, en fait c'est l'époque du développement de la relativité, du marxisme, de la psychanalyse, dans la société... Et Popper, s'il respecte le marxisme et la psychanalyse (il ne les attaque pas en tant quel tels), sent qu'il y a quelque chose qui cloche, et que le marxisme et la psychanalyse sont différents d'une théorie comme la relativité. Il va alors s'employer à déterminer un ou plusieurs critères de démarcation.

n°11177031
rahsaan
Posté le 13-04-2007 à 15:23:22  profilanswer
 

neojousous a écrit :

L'anarchiste de la connaissance Paul Feyerabend, avec son "tout est bon", ne verrait pas de problème à accepter la théorie créationniste comme épistémologiquement valide.


 
Moui, mais dans Adieu la raison, sa critique de l'hégémonie des valeurs occidentales, de la pesanteur des institutions scientifiques, ne laisse pas penser qu'il valoriserait le créationniste. Disons que si le créationnisme pouvait permettre l'établissement de faits nouveaux, Feyerabend y serait favorable.  
 
Mais je me dis que Feyerabend va si loin contre les opinions établies qu'il est prêt à prendre le contre-pied systématique de tout discours établi. Ainsi, dans ce même livre, il critique ceux qui défendent Galilée comme victime de l'Eglise, en disant que l'Eglise était à cette époque le programme de connaissance dominant et Galilée un perturbateur au sein de ce paradigme, qui ne respectait pas les critères de validation établi.  
Ce qui, en un sens, est vrai. Mais Feyerabend le dit pour aller contre l'opinion établie (Eglise obscurantiste VS Galilée) et défend l'Eglise.  
Simple provocation "anarchiste"... qui se retourne en défense du paradigme dominant au Moyen-Âge ?...
 

neojousous a écrit :

Ouai, on en arrive au problème formulé par Popper en 1919 : quels sont les critères de démarcation entre science et pseudo-science ? Il avait proposé le falsificationnisme, mais Kuhn en a vite montré les limites.


 
Ce serait quoi ces limites, selon Kuhn ?


Message édité par rahsaan le 13-04-2007 à 15:26:38

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11177276
neojousous
Posté le 13-04-2007 à 15:44:18  profilanswer
 

J'ai pas ma grosse anthologie de philo des sciences avec moi, donc je peux répondre que rapidement, de mémoire :
Kuhn sépare période de crise et science normale. Pendant les périodes de science normale, les règles du paradigme ne varient pas, il s'agit de combler les trous, de trouver tout ce qui peut être trouvé graces aux règles du paradigme. Durant cette recherche normale, des anomalies vont émerger. Lorsque les anomalies deviennent trop nombreuses, on entre dans une période de crise, et on se prépare à basculer dans un nouveau paradigme.
Le falsificationnisme est un concept qui accentue certains traits de la période de crise, mais qui écrante totalement la période de recherche normale.
Après on peut discuter de l'idéalité de la distinction période normale/période de crise, mais elle me parait déjà moins forte que l'abstraction popperienne. Lakatos va encore plus loin, avec son système de programmes de recherche concurrents, de noyaux durs et d'hypothèses auxiliaires, concepts qui semblent approcher de manière plus fine la réalité sociologique de la recherche. En effet, ici plus de paradigme dominant, mais une pluralité d'approches du réel, approches pouvant êtres contradictoires les unes avec les autres.


Message édité par neojousous le 13-04-2007 à 15:45:16
n°11177380
rahsaan
Posté le 13-04-2007 à 15:51:55  profilanswer
 

Et Feyerabend critique tout ce beau monde en envoyant tout valdinguer, parce que les institutions scientifiques briment l'inventivité de la recherche et sont des bureaucraties qui travaillent d'abord à leur préservation. :D
 
Donc vive le chamanisme, le vaudou et autres programmes de recherche non-occidentaux :D


Message édité par rahsaan le 13-04-2007 à 15:53:48

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11177427
neojousous
Posté le 13-04-2007 à 15:55:11  profilanswer
 

Feyerabend, c'est un bourrin. Faut bien qu'il y ait un mec pour bousculer les autres, en soutenant l'insoutenable ;)
Pour l'inventivité, c'est un trait omniprésent chez les scientifiques, je pense pas qu'elle soit tant bridée que ça, c'est l'essence même de la recherche.

n°11177661
rahsaan
Posté le 13-04-2007 à 16:11:25  profilanswer
 

J'ai beaucoup aimé l'un des premiers livres de Feyerabend, Une connaissance sans fondement. Peut-être ce qu'il a fait de mieux. :)


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n°11177914
neojousous
Posté le 13-04-2007 à 16:31:23  profilanswer
 

Oké. J'aimerai bien connaître un peu le bouddhisme, et la pensée du dalaï lama. Quelqu'un connaitrait quelque chose qui puisse me servir d'introduction ?

n°11178104
rahsaan
Posté le 13-04-2007 à 16:49:07  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Oké. J'aimerai bien connaître un peu le bouddhisme, et la pensée du dalaï lama. Quelqu'un connaitrait quelque chose qui puisse me servir d'introduction ?


 
C'est quoi le rapport avec le bouzin ? :D


---------------
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n°11178149
neojousous
Posté le 13-04-2007 à 16:53:32  profilanswer
 

Aucun. Le "rapport" chez Kant ça serait quoi ? Une catégorie ou plutôt une Idée ? (ici le rapport c'est le "rapport" vu que j'ai le nez dans la CRP)

n°11180833
foutre de
Posté le 13-04-2007 à 21:40:14  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Oké. J'aimerai bien connaître un peu le bouddhisme, et la pensée du dalaï lama. Quelqu'un connaitrait quelque chose qui puisse me servir d'introduction ?


 
 
il y a si ça te cause un livre de Borgès sur le bouddhisme en folio gall. Mais j'ignore si c'est ou non connecté avec le Dalaï lama.

mood
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