Salon littéraire :
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 71.
Résumé :
Une activité d'extorsion et de chantage dans le groupe organisé s'est engagée par des policiers est instruit et renseigné. Quoi que ce soit plus d'arrêts pour la branche disciplinaire et les plaintes. Mala Gutti, femme de Beau Brown, propose un marché à l'inspecteur Marlou, si parler pour échanger la princesse Ewij Nikasek pour Jim Delacotte, parce que l'opposé est parfois frappé et même tué par le dernier. Donc, le parquet n'est pas cependant capable d'entrer dans les faits des détails (pièces détachées) qui sont accusés de lui.
Huit morts en un temps record. Beau Brown ne pouvait trouver le sommeil. Mala s’en rendit compte et appuya sur l’interrupteur de la lampe de chevet. Il régnait dans la chambre une chaleur étouffante. Couchée nue sur le lit, elle ne venait pas d’allumer la lumière, mais plutôt quelques ombres mouvantes qui filèrent sur son corps longiligne peinturluré. Beau la remercia sans doute en silence, puis il se tourna vers elle :
– Je te remercie d’exister, Mala. Il apposa doucement ses lèvres sur l’un des tatoos.
C’était une sensation toujours bizarre, pour Mala, de se dire qu’elle couchait chaque jour avec un mec en sursis. On était jamais certaine de finir la journée avec un tel crotale. Mais la plupart du temps, elle n’y songeait jamais. Beau avait relevé la tête et lui pelotait doucement l’un des seins, presque sans y penser :
– Après Gloria, c’est le tour de Calisse et Nat, il va quand même pas dégommer toutes mes putes, cette charogne.
– Lux Divina Valdès, Chanelle Snapshot et Ashley la Gorette sont encore dans la nature, faudrait voir à les rapatrier au château vite fait.
– Oui, ok. Tu crois que Marlou va m’aider ?
– Il l’a veut vraiment, sa princesse. Je me méfierai, si j’étais toi, il pourrait bien venir la chercher ici lui-même.
– C’est pour ça qu’elle va déménager bientôt. Je vais l’envoyer à Palerme, Baby Saleface veillera sur elle. En tout cas, je remercie le privé pour son info, je fais surveiller en permanence le club de boxe où Marcel Serre-dents a l’habitude de coacher les petits jeunes prometteurs.
– Serre-dents n’est pas con à ce point là. Un mignon reflet glissa brièvement sur sa molaire en or.
– Si, Mala, il est très con.
Et ça n’était pas faux. A l’insu de Jim et d’Harry, la passion dévorante pour la boxe entraina Marcel à se rendre malgré les risques au Chesnut Boxing Club, où tout le monde le vénérait, en raison de son brillant palmarès. L’entrée s’ouvrait sur une rue à la pente étroite et raide qui la liait à l’angle du boulevard. Ce jour-là, La pollution de la ville chassait son souffle brumeux sur les trottoirs bondés. Marcel débarqua du taxi engoncé dans son imperméable de grande marque, dans la poche duquel pesait son flingue chargé jusqu’à la gueule et prêt à souffler. Un chapeau mou beige voilait en partie ses yeux lorsqu’il pliait sa grosse tête de bouledogue irascible. A trois rues de là, quelques poulettes plus très fraîches d’un petit bar à clandé faisaient la gagne, et chaloupaient quelques allers-retours devant leur boxon minable tenu par Karim l’Albanais, d’ailleurs un homme de Beau Brown, ce qui rendait le quartier éminemment explosif. Karim avait expliqué à son boss qu’il gagnait selon lui trop peu pour fermer la boutique qu‘il avait eu tant de mal à monter. Ok, lui avait répondu Beau, à tes risques et périls ! De son côté, Marcel espérait que la proximité du Pink Lady endormirait la bande du Triangle d’Or sur sa présence improbable dans le secteur. Le CBC n’était qu’une grande salle de sport dans les tons gris, mais entièrement dédié à la boxe. Il n’y avait pas grand monde, juste quelques gars en short qui s’esquintaient sur les rings, d’autres qui maltraitaient des puching-balls en cadence de combat. Un mur entier était recouvert de grandes photos de toutes les époques, où figuraient en bonne place celles de Marcel dans la gloire de sa jeunesse. Plusieurs coupes et des médailles sur une grande étagère. Il respira des relents de sueur mêlée de bière tiède. Des nuées de mouches énervées colonisaient au plafond les pales du vieux ventilateur en panne. Les souvenirs des jours heureux dansaient la farandole dans le crâne de Marcel Serre-dents, à la vue des jeunes gars qui s’autorisaient la force des coups sous les yeux d‘un arbitre amateur. Marcel colla son bide au ring en hélant l’un des combattants, juste un gamin :
– N’abandonne pas le mouvement, fils, déplace toi, vas-y, direct cible médiane, c’est bon. Il est pas là le Mammouth ?
Le gosse s’arrêta de cogner, mais c’est l’arbitre qui se bougea pour aller lui serrer la main.
– Parti faire un truc, il revient dans une demi-heure.
Fredo loin de son club, ça n’arrivait jamais. Enfin, on a tous nos petites vies à mener. Marcel se fendit d’un nouveau conseil, et puis le club qui n’avait pas de fenêtre se retrouva pour deux minutes dans le noir absolu. Les bruits s’arrêtèrent brusquement. Marcel n’eut même pas le temps de s’interroger, un truc douloureux lui piqua méchamment le cul. Pas une balle, se dit-il, une aiguille, avant de s’écrouler sur le sol au moment même où la lumière revenait. Il était paralysé, son corps n’était plus qu’un enveloppe privée de toute substance. Une main fouilla sa poche, pour le délester de son pétard. Au plafond, les cônes des lampadaires verts aux grosses ampoules rondes dansaient frénétiquement. Marcel s’en allait, mais juste avant de fermer les yeux, il vit autour de lui tout le staff du Triangle d’or qui le matait en rigolant, Ricardo Pastaga, Eddy Frangin, Eliot le Squale, Tonio Barbaque, Karim l’Albanais. Quand à Dirty King et Brother Hawk, ils pointaient leurs flingues bien tendus en direction des boxeurs pour les tenir en respect. Tonio envoya un puissant coup de pied dans les côtes de Marcel inconscient :
– Alors ma salope, recevoir des coups c’est ta vie ? Tiens, prends ceux là, alors, si ça te fait plaisir.
Un porte s’ouvrit sur le Mammouth ruisselant de sueur. Pablo Smoke lui collait son canon sur la tempe.
– C’est bon, fit Ricardo à ses potes, on l’embarque, Beau sera content. Allez Fredo, fait pas cette tête, tes entrainements peuvent reprendre. Et puis t’as rien vu, évidemment.
Au réveil, Marcel avait l’impression de bouffer un torchon. Son cerveau faisait candidat libre. Il était ligoté sur un lit sale, dans une cave aux murs en pierres apparentes. Un établi de bois et des outils au rangement bien ordonné constituait le seul mobilier de la pièce, éclairée par un unique soupirail. A force de visionner l’endroit, un petit détail attira un instant son attention, à la vue d’une petite cuillère coincée par le manche, à la verticale dans un étau. Aucun bruit de ville, juste quelques piafs un peu trop bavards. Marcel savait qu’il allait crever là, le plus dur maintenant était d’avoir du temps devant lui pour l’accepter, mais combien, un jour ? une heure ? Il avait laissé une femme à la maison, comme presque tout le monde. Monica, la reine du Lagon Bleu, avant l’arrivée de Babe. Une douceur slave, sa chérie, un vrai chef d’œuvre qui lui avait pondu deux filles, une institutrice et l‘autre vétérinaire. Nom de dieu, une larme gouttait sur sa joue. Et puis ça devint une évidence, Beau Brown allait lui préparer une mignonnerie bien dans son genre, sans lui laisser le temps de dire au-revoir à la famille. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, il était accompagné de sa salope tatouée qui ne souriait jamais à personne d‘autre qu‘à son chien, ça remontait à un bail. Ouais, il venait de se ramasser la gueule en toute beauté. Profil bas. Des pas nombreux descendirent un escalier, la porte s’ouvrit sur Beau Brown accompagné de son fan-club. Chemise à carreaux, veste en velours côtelé, un matador de mes couilles qui puait la vodka.
– J’ai soif.
– Moi aussi, Marcel, moi aussi.
Brother Hawk s’installa devant l’établi, une lime à la main. Patiemment, il s’occupa à limer les bords de la petite cuillère. Est-ce que tous ces cons allaient prendre leur pied en le regardant mourir ?
– Je ne crois pas que tu sortiras d’ici indemne, Marcelo, mais il y a l’art et la manière. Je voudrais savoir ce que deviennent tes petits copains. Les amis connaissent en général le pire de nous-mêmes, et ils nous aiment quand même, c’est ça l’amitié. Où est Jim ?
– Dans ton cul, t’as pas dû bien chercher.
– Fuck, Marcel, j’ai grande envie de dégommer ta femme et ta lignée, j’ai pas d’honneur, tu sais bien.
Brother frottait toujours sa cuillère consciencieusement. De temps à autre, il passait son doigt sur le bord arrondi pour en vérifier le tranchant. Eliot le Squale fumait sa cigarette en rejetant la fumée par le soupirail. Tonio Barbaque essayait vainement d’être d’un enthousiasme contagieux.
– Je suis d’une jalousie maladive, mon grand, j’aime pas qu’on touche à ma femme.
Brother desserra l’étau en dégageant sa cuillère avec un air satisfait. Il la fila à Ricardo qui apprécia le bricolage et s’approcha de Marcel. Beau laissa transparaitre sur son visage quelques rugosités :
– Je vais quand même les descendre, puisque ça ne te fait pas plaisir. Bon, tu vas me dire où je peux trouver Jim et Harry, parce que sinon, Ricardo va t’enlever un œil à la petite cuillère, histoire de colorer un peu tes lacrymales.
Revue de presse.
Aujourd'hui : Arrestation du tagueur fou.
Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:13:56