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Auteur Sujet :

La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar.

n°40968757
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-02-2015 à 09:40:42  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Revue de presse.
 
Aujourd'hui : En route pour Mars !

 

https://zupimages.net/up/18/05/rivu.jpg

 


Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Les naturistes embarqués.

 

https://zupimages.net/up/18/05/riic.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:35:01
mood
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Posté le 07-02-2015 à 09:40:42  profilanswer
 

n°40971276
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-02-2015 à 15:40:06  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 43.

 

https://zupimages.net/up/18/05/h3w0.jpg

 

Le téléphone de Jeanne Hachette sonna. Elle espéra un bref instant que Jhonny l’appelait, puis elle se braqua en reconnaissant la voix posée de Jason. La clinique allait rouvrir, il comptait sur elle et lui souhaitait du courage, rappelant que dans son unité à taille presque humaine, il restait bien entendu touché par le professionnalisme des équipes, leur sincérité gratuite et leur humanisme qui ne lui coûtait pas grand chose. Au moment où il demandait d’une façon insidieuse si elle avait des nouvelles de Jhonny, elle éteignit brusquement son portable. Elle consulta son horloge interne, histoire de remettre sa vie à l’heure. Elle devrait reprendre le boulot, alors qu’elle pensait rendre une petite visite discrète à son homme, toujours cloîtré dans sa caravane en compagnie du jeune Lilian. Les parents de ce dernier avaient justement porté plainte pour disparition d’enfant, ce qui restait comme une épée de Damocles sur le sort de la clinique, et par conséquent de son patron. Elle hésita entre regarder la télé et se promener au supermarché, histoire de naviguer entre fiction et réalité, elle opta par une maline diagonale en se roulant un joint. Les onze gosses de sa voisine du dessus avaient décidé d’enclencher une partie de foot, ruinant son désir de rêve et l’obligeant à tambouriner au plafond pour se faire copieusement injurier. Leur mère était très proche d’eux, mais, outre les prémices d’un symptôme parkinsonien, elle souffrait visiblement de voir les trois ainés engagés dans de brillantes études. Quand à elle, Jeanne aurait bien tourné la vanne de gaz avant d’aller en ville, si elle n‘avait tant craint de ne pouvoir se reloger. Elle ouvrit en grand la baie vitrée du séjour, d’où s’échappa en volutes les effluves cannabiques, pour aller hanter les épaisses futaies de son balcon. Entre les bambous, elle traça mentalement pour les gamins bruyants d’opportunistes plans de vol. Ce qui se passa alors dans les tréfonds de son âme fut merveilleux. Elle n’avait en effet pas de bagnole garée sur le trottoir. Elle avait sous les yeux de vilaines cernes et souffrait d’un terrible blues. Lorsqu’elle prit le bus pour se rendre au camping, hâtant finalement son projet de visite, la horde des garnements qui venaient de la faire chier se massaient à l’arrière en lui heurtant les jambes. Elle leur offrit à tous son plus grand sourire, alors qu‘elle pensait en vérité leur tirer la langue, ou leur pointer un doigt pour qu‘ils fassent la toupie dessus. Ecrasés en masse du haut de son balcon, morts.

 

Elle s’assura plusieurs fois de n’être pas suivie dans la rue. Sur le trottoir, brassages et mouvements, au-dessus de la ville, l’ombre verte et imposante des montagnes, partout des rapports humains réduits au minimum. Une voiture faillit rouler sur un chien, l’évita en freinant brutalement, puis reprit sa place dans la zizanie ordonnée du trafic. Un monde d’androïdes mais on aurait juré avoir affaire à de vraies personnes et ça foutait les boules à Jeanne, sans nul doute copieusement défoncée. Elle regagna suffisamment d’altitude pour planer jusqu’aux abords du camping. La gravité se chargea de la déposer pile-poil devant la caravane de son cousin Albert Demonac, sans avoir heureusement croisé le gardien. Le son savoureux de la voix de Jhonny s’échappa de la roulotte par la fenêtre ouverte. Lorsqu’il ouvrit la porte, elle eut franchement du mal à reconnaître ses deux zouaves, le grand et le petit. Ils étaient déguisés en robes gitanes, perruques et foulards, ce qui indiqua aussitôt à Jeanne que l’amnésique venait de rechuter. Ce qui n’expliquait pas que le gosse l’imitait.

 

– Ah Jeanne, je t’avais vu venir. Tout sourire, il l’invita à rentrer.

 

– Mais c’est quoi ces dégaines, Jhonny, qu’est ce que tu fous ?

 

– Jhon est voyant, we arrrrrrrrrrrrre going to make many money, répondit Lilian à sa place, avec un air ravi. Nos frrrrringues, ça devrrrrrrrrrrrrait faire plus vrrrrai.

 

– Le temps est un puits qui traverse l’éternité, et moi j’en vois le début et la fin. Jeanne, tiens, assieds-toi là.

 

– Mais vous déconnez totalement, les gars, toute la ville vous recherche, c’est pas le moment de faire le carnaval !

 

– Voyons, voyons, Jeanne, sois lucide et regarde le futur par mes yeux, il est plein de promesses. Je vois qu’un de tes lointains ancêtres plantait des clôtures dans les champs au XIIIème siècle, je vois également que petite fille, un jour, un gros Doberman adopté par ta famille pour te faire plaisir, que tu avais appelé Choupinou, aurait surgi un jour dans ta chambre et t’aurait …

 

– Mais ta gueule Jhonny ! Jeanne était attérrée par cette révélation, car elle n’en avait jamais discuté avec lui. Son tic facial allait revenir, si ce cirque continuait. Sa violente réaction ne fit ni chaud ni froid au voyant, lequel continua de discourir avec un air sentencieux :

 

– Tu es aide-soignante à la clinique Saint Bernard, plutôt bordélique, et projetée dans un avenir très incertain.

 

– Ben un peu comme tout le monde, ouais.

 

– J’ai un flash d’information, la clinique va rouvrir et y’a un bouchon monstre sur le périphérique. Je vois aussi que je suis amoureux de toi et que tu m’es devenue indispensable.

 

– Tu peux le dire, plus que jamais, encore que je ne sais pas à présent  si je devrais ni t‘aimer ni t‘aider. Mais il ne pouvait toutefois pas savoir que la clinique avait fermé et qu’elle rouvrait déjà.

 

– Attend un peu, j’ai un flash imagé. Tes deux collègues infirmières, là, Gwendoline Nathan et Babette Gallimard…

 

– Et ? la vision eut tout d’un coup le don d’interpeller Jeanne.

 

– Elles sont dehors, en train de nous épier.

 

https://zupimages.net/up/18/05/w31x.jpg

 


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 07:35:31
n°41051240
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-02-2015 à 19:25:17  profilanswer
 

Salon littéraire :
 

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 45.

 

https://zupimages.net/up/18/05/20ns.jpg

 

En son royaume de Mouyse, l’Ovoïde Vazy Métoian LXIX, l’empaleur de Kiess, caressait par grand délice la couenne si délicieuse de Dame sorcière Gisèle de Lècheku. Fort valeureux à la bâtonner d’amour au milieu de sa couche de plumaille, il en oubliait presque la sévère gouvernance de sa contrée. Il faut dire qu’elle lui chauffait les aiguillettes et son bourgeon comme jamais nulle maitresse n’avait osé le faire auparavant :

 

– Par Kramouille, ma rombière, je n’en puis et dois bailler que je suis à vous merci. Si vous voulez couronne, je vous ferais reine du royaume de Fion, assurément, quand je l‘aurais vaincu.

 

– Faut-il encore que vous en soyez maître, bel ami. Le trône de ce pays chauffe encore, si j’en crois, le doux cul d’Amanda. Bien qu’elle trimballe de jolies fesses malheureusement fort transies, comme chacun sait.

 

– Je l’empalerai bientôt sous la main du bourrel, j’y travaille, n’ayez crainte. Cette bouffonne aura dans sa viande une perche de la taille d’un tronc, ça devrait la faire quelque peu hululer. Beau dire.

 

– Brrr, vous êtes un chenapan, messire ! En attendant, empalez donc gentiment votre douce sorcière, comme le talmelier qui met son pain au four. Aussitôt dit, elle lui pogna son vit pour le mettre derechef en son truc, aussi trempé que douve de castel.

 

Le capitaine de la petite lance vint frapper fort violemment à l’huis, afin d’informer Vazy que Baristan Lakeu et sa vizirette lui demandaient audience. Le roi jacta qu’il leur faudrait attendre un peu, puis il se mit à courir sus à sa mie, en la démolissant comme mannequin de quintaine qu‘il aurait embroché. Enfin il relaça son froc, puis dame Gisèle rinça sa gentille meurtrière pour endosser un surcôt frais lavé. Une fois parés, ils s’en allèrent rejoindre la grande salle du trône où patientait le couple, car il se préparait justement au départ et voulait dire adieu. Ayant parcouru la longue galerie, Baristan tomba genou à terre en faisant preuve d’une silencieuse vigilance, pendant que Marie Stetarte s‘embronchait sagement derrière lui. Trois pages vinrent proposer des nouilles au miel confites et du jus de pissenlit à gargoter.

 

– Je vous remercie de votre ambassade, tous les deux, fit le roi, même si je pense Baristan bien falourdeur de penser détrôner un jour cette petite gouge d’Amanda. Il m’est grevain de te dire que la concurrence de cette communauté de la gnôle est rude, puisque Gisèle vient de voir aux boules qu’ils excellent en santé.

 

– Point ne suis fredain, messire, et reste au service de sa majesté.

 

– De la sienne ou de la mienne ? car venant de toi je ne crains que fallace et guile. J’ai donc décidé que tu retournerais seul à Fion et me laisserait ici ta dulcinée.

 

– Par sainte Kramouille, non, laisse Marie en dehors de nos plans !

 

– Non point, brisons là, ou je vous fais sur le champ empaler tous les deux. Elle fera bon otage, et toi tu m’ouvres sans tarder la herse de Fion, d’une manière ou d’une autre.

 

Prise en pâmoison, Marie s’accota sur son jules, en pensant aussitôt défaillir, toutefois elle fondit simplement en larmes abondantes, amères et chaudes. Sa raison vacillait à l’idée de se retrouver isolée dans ce royaume d’empaleurs ; mais elle savait ne point venir à bout de la froide et rigide détermination de l’Ovoïde.

 

– Pitié, Monseigneur. Baristan viendra bientôt à bout de la reine, par amour pour moi, et encore mieux si je reste à ses côtés.

 

– Tu es bien farceuse, damoiselle gourgandine. Non, j’ai décidé, mais tu seras bien traitée dans ce palais, je le jure. Gisèle te tiendra compagnie. Pourtant sache que tu devras périr ébouillantée, si ton mari échoue ou me trahis.

 

Il n’était plus question de monter à l’assaut de cette tour géante que représentait Vazy Métoian. La mort dans l’âme, les amants durent se faire de déchirants adieux.

 

– Petite marie, ma vizirette, je ruserai Amanda et nous voguerons de nouveau de concert sur un fleuve d’éternité. Vous aurez bien plus de courage et de force à m’attendre ici, dans le silence de moi. Allons, bientôt nous rirons finalement de bons cœurs de toute cette farcerie qu‘il faudra oublier.

 

– Fasse Kramouille que cela soit ainsi. Envoyez-moi de temps à autre une géline messagère, que je sois informée de vous.

 

Déjà, dame Gisèle s’était assise sur les genoux cagneux de son chéri, poussant la guillerie de l’autre en son tréfonds, de sorte qu’il s’en vint la chatouiller jusqu’aux frontières de son soyeux nombril. Les voyant ainsi aussi prudemment enlacés d’amour courtois, les gardes prièrent Marie de les suivre, pendant que tristeusement, Baristan quittait le palais pour regagner le port de Mouyse. Il balança en partant, par politesse, dans un énorme et beau crachoir de cuivre. Le vide ponctuait chacune de ses pensées et l’air autour de lui se montrait dense et suffocant. L’enlèvement de sa drue devenait un maillon essentiel de la gouvernance du tyran, il devrait redoubler de prudence pour ne pas devenir veuf, car il était fort épris de Marie. A son côté, une lavandière engueula sa fille car elle mélangeait dans son seau le blanc et les couleurs. Baristan longea une rue en pente bordée de maisons aux toits de chaume surpeuplées, évitant poussières et détritus qui tombaient des fenêtres. La foule se répandait en cris de détresse jusqu’aux rues latérales, sous les enseignes des corporations et des guildes. Tous réclamaient avec enthousiasme de l’aide pour porter soins aux blessés victimes d’actes de torture. Quelques soldats sifflèrent pour leur montrer que ça n’était pas le moment, et qu’il valait mieux donner à la ville un aspect normal, même si les touristes n‘étaient plus trop nombreux. Un curieux silence se fit autour d’eux. Quelques occupants d’une maison aux cheveux visqueux de crainte protestèrent faiblement, avant de voir leur habitation aussitôt mise en vente. De pauvres gueux charriaient à la force des bras osseux leur carrioles transformées en pauvres taudis ambulants. Un type décharné pleurait qu’il venait de sucer le sang de son dernier rat. Dans le soir gris, les brigantins et les nefs piquetés de mâts dormaient, sagement alignés, le long des quais du port de Mouyse. Il y eut un défilé de lanternes mouvantes et de flambeaux agités  qui animèrent le crépuscule, puis la nuit déroba peu à peu les bateaux à la vue du vizir. Il reçut en plein visage un tourbillon de vent froid. Les rafales venues de la mer faisaient frissonner autour de lui les grandes bâches beiges et huilées, posées là pour recouvrir les denrées en grand nombre. Tous ces ballots étaient entassés là pour être prochainement embarqués. Baristan déclina qualités et autres formalités, avant de grimper sur le pont d’un modeste chasse-marée, sachant que Gaëtan Manquedamour, un foulard blanc noué sur la tête, l’attendait déjà au large à bord de La Rondelle. Il patientait, oui, mais hélas, ses passagers n’étaient plus deux.

 

https://zupimages.net/up/18/05/r795.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 07:37:23
n°41058970
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-02-2015 à 19:21:19  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 63.

 

https://zupimages.net/up/18/05/j37g.jpg

 

Deux jours plus tard, Ricardo Pastaga régla sa bombe en froid calculateur pour qu’elle pète dans une heure, et pas besoin de boulier. La science sauverait le monde, c’est sûr. A trois plombes du mat, il se dirigea sur les quais colonisés par les péniches et repéra celle des frères Delacotte avec un minimum d’honnêteté scientifique. Il longea le bateau avec l’enthousiasme du chasseur qui approche du cerf. La coque verte délavée, avec un pont très haut où s‘accrochaient deux ancres rouillées, témoignait de sa longue occupation à cet endroit et les hublots allumés indiquaient la présence d’êtres humains à bord du rafiot. Il scruta les trappes fermées et nota la présence incongrue d’une haute antenne radio. Une partie de la poupe donnait à la péniche un air de joli jardin flottant. En faction un moment, Ricardo entrevit brièvement la gueule de Jules. Il s’agissait là d’une mission facile. Pas de prise d’otage, de braquage, de démolition morale et physique ou de lavage de tête, mais juste un feu d’artifice dont les tenants et les aboutissants ne le regardaient pas. Une mise en sommeil des frangins pour toujours, dont le mode opératoire ne l‘intriguait même pas. S’il avait eu carte blanche, il descendait tout bonnement la passerelle et ouvrait le feu à coups de chevrotines, mais Beau avait insisté pour un feu d’artifice fluvial et un remake sympa du Titanic, sans aucun survivant. Si ça lui faisait plaisir. En tout cas, la mine allait certainement modifier l’aspect des frères Delacotte en profondeur. La question la plus angoissante était pour Ricardo de trouver ensuite, après son forfait accompli, un excellent lieu de beuverie. Le laps de temps était correct, il aurait largement le temps de prendre sa cuite. Que ton nom soit sanctifié, accorde nous tes faveurs, bla bla bla, il se pencha un peu et jeta négligemment sa machine en proue, un engin muni d’une charge démentielle, avec une puissance suffisante pour concurrencer le soleil. Comme il l’avait entouré de polystyrène, le colis ne fit pas trop de bruit en tombant. Il s’éloigna tout à coup apaisé, avec la fierté du devoir accompli. Dix ans de travail dans sa jeunesse à canarder des milliers de bœufs dans un abattoir, c’est dire s’il connaissait le prix de la vie. Et pour l’anecdote, pas le genre de type à laisser sereinement grandir les jeunes filles à peine majeures sans les traumatiser.

 

Enfin bref, Beau Brown avait gagné, la guerre était finie, amen. Ricardo appréciait cette manière rapide de venir à bout des forces hostiles connues, et tant pis si les Delacotte s‘étaient collés dans une sale histoire. La vision nocturne des quais lui apporta une sorte de délassement visuel. La seine roulait des mécaniques en tourbillons noirs et fripés, rapides, presque menaçants. Notre Dame imposait de loin sa silhouette rédemptrice et des giclées de lierre harcelaient l’île de la cité. Un clodo crasseux et barbu pissait tranquillement sur l’autre berge, Ricardo remonta dans la rue. Le calme des lieux était à peine troublé par un trafic routier très modéré et les quelques passants qu’il croisa n’étaient pas très nombreux, mais nullement discrets, parce que la moitié des noctambules se trouvaient éméchés. L’alimentation citadine en péquenots s’était néanmoins bien calmée, et c’était tant mieux pour éviter d’éventuelles victimes collatérales. Les loupiotes glissaient sur les pavés pendant qu’il marchait sous les arbres, libre de toute pensée. Finalement, il abandonna l’idée de flâner et adopta le cap du Triangle d’Or, où il ne payait après-tout jamais ses verres de whisky. Je veillerais personnellement à tes résultats, avait dit le patron. S‘il était présent, Ricardo lui ferait docilement son rapport, avec quelques hochements de tête. Allez, s’encouragea-t-il, la chasse a été bonne, je rentre au lodge, et sans remord, parce la honte ça n‘est pas de tuer, pour un chasseur, mais de blesser. C’était un peu dangereux quand même, de courir le  risque d’une prise de conscience solitaire, mais il fallait bien qu’il s’avoue adorer flinguer des gens moins cons que lui. Il trouvait quand même que se nichait un peu trop de suspens, dans la cérémonie qu’il venait de célébrer sur ordre. Enfin, bon, terminus du psaume.

 

Dans le luxe confortable de la péniche, Jules tendit l’oreille sur un choc suspect, imagina le saut d’un chat errant et continua de fouiller l’intimité de Valéria. Absent, Jim baguenaudait quelque part ailleurs dans Paris.

 

– T’as entendu, Jules, il y a un problème ?

 

– Non.

 

Lui en tenue d’Adam, elle en costume d’Eve, ils vivaient leur foi cloîtrés et occupaient la nuit à défaire le grand lit pour se jouer leur grande symphonie amoureuse, en duettistes passionnés. Elle se tourna encore, sa tête enfouie dans les coussins soyeux, il agita ses reins, une immense glace collée au plafond reflétait leurs ébats torrides. Bien qu’ils fassent l’amour depuis un bon moment, Jules semblait avoir récupéré une vigueur nouvelle et trouvait en lui des ressources qu’il ignorait. Valéria monta vivement sur lui. La chambre de la péniche pirouettait dans sa tête, où explosa enfin un plaisir qui obligea la sœur de Carla à crier longuement. Une plainte de biche blessée, parce qu‘elle avait toujours besoin de s‘exprimer à ce moment là. Sa bouche tordue ne cessait de fasciner et d’éblouir Jules, lui-même inondé par leur sueur mêlée. Il posa la main sur le ventre ondulant de sa charmeuse. L’éclairage chiche allumait doucement autour d’eux le beau bois précieux des cloisons. La péniche était si spacieuse que Valeria n’avait jamais ressenti en son sein une quelconque sensation de confinement. Elle l’aurait certainement dans son cercueil, car le chaland explosa à son tour, exactement à l’heure dite, puis coula en entrainant même sa grosse voisine pour touristes par le fond. La force démente du souffle décapita un arbre et descella deux pierres du quai. De grandes vagues se soulevèrent vers le centre de la Seine pour singer un instant l‘atlantique, où flottèrent aussitôt de nombreux débris entrainés par le courant rapide. Une déflagration pyrotechnique soudaine qui rayonna deux secondes sa lumière et sa chaleur avant de tétaniser les rares spectateurs encore présents dans le secteur. Ce ne fut pas la grande extinction des espèces, mais celle d’un bon nombre de poissons aux alentours, qui remontèrent plus loin transformés en rollmops. A huit heures, les morceaux des corps n’avaient  pas encore été enlevés par les médecins légistes, mais une main à quatre doigts avaient formellement identifiée Jules, atteint dans la force de l‘âge et de la reproduction. Le responsable policier souligna aux journalistes agités que les services d'enquête de l'Etat feraient front commun pour apporter une réponse à ces faits atroces qui venaient d’endeuiller les quais de la seine.

 

https://zupimages.net/up/18/05/surl.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 07:39:52
n°41080173
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-02-2015 à 14:17:54  profilanswer
 

Le congélateur muséographique

 

Aujourd'hui : Kunsthandel P. de Boer - Ecole Hollandaise, vers 1600, Un Bouffon regardant à travers une fenêtre grillagée.

 

https://zupimages.net/up/18/05/2y39.jpg

 

Le congélateur muséographique

 

Aujourd'hui : passengers-Steven Assael (1957)
https://zupimages.net/up/18/05/019b.jpg

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Elle tombe dans sa cheminée

 

https://zupimages.net/up/18/05/rrdf.jpg

 


Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Spectaculaire évasion

 

https://zupimages.net/up/18/05/2lul.jpg

 


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 07:45:07
n°41083097
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-02-2015 à 17:05:44  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 25.

 

https://zupimages.net/up/18/05/63ah.jpg

 

Jésentilpetla étendait le linge de la reine et le sien sur le toit en terrasse, à la mode égyptienne, déroutante et magnifique. A ses côtés, un scribe habillé en Marcel glissait quelques paraboles à l’usage de deux ou trois auditeurs assidus. Il observait en même temps d’un air salace les courbes de la jeune esclave :

 

–  Alors ma belle, les fresques de l’archi-duchesse sont-elles sèches ?

 

–  Va te faire voir.

 

Son panier vide sous le bras, elle descendit promptement l’escalier pour échapper à ce gros dégueulasse et rejoindre la pharaonne dans sa salle à manger. Néefiertarée mangeait assise sur sa natte, plongée dans un profond fauteuil incrusté de pierres précieuses et de miettes de repas. Jésentilpèla empoigna à pleine poignée la tresse de sa maîtresse.

 

–  Aïe ! tu fais quoi, là, tu vois pas que je mange ?

 

–  Je range tes cheveux, t‘es assise sur ta natte.

 

–  Ah ok, merci.

 

Elle trempa son pain dans son ragoût de roubignolles de lion et Jésentilpèla lui rinça ensuite les doigts, puis les pieds, puis la tête, avant les alouettes rôties. La reine portait sur la tête un cône blanc parfumé à la graisse de djabaït, de térébinthe et de scribe en Marcel. En fondant sous la chaleur toujours excessive de son corps, il répandait sur elle une huile odorante, pas forcément bienfaisante, mais très huileuse. La table se trouvait décorée d’une multitude de fleurs de lotus qui ne se mangeaient pas, sauf au dessert, une fois complètement bourré. En signe de générosité pour sa fidèle esclave, Néefiertarée enleva sa belle robe pour lui en faire cadeau, après l’avoir copieusement essorée des essences grasses qui l‘imprégnaient.

 

–  I am honoured over much, O queen. N’empêche qu’en dépit de la cire parfumée qui l’imprégnait, la robe sentait quand même encore très fort le poireau et l’oignon.

 

– Je vais faire un tour sur le port, tantôt, pour aller voir où en sont mes navires en construction. J’ai croisé le chef de chantier tout à l’heure, Pubi Senfouyî, il m’a tout l’air d’être un marin d’expérience, vu la bière qu’il s’enfile. Je vais demander à Jèpéess de faire préparer ma litière.

 

– Faut d’abord béblayer l’allée des sphincters, bien encombrée de détritus, à cause des réjouissances causées par l’inauguration de ton palais, O my queen.

 

–Pas grave, on prendra un itinéraire bis. Par le tunnel Anubis, tiens, ou en contournant l‘obélisque de Central Park. Bon j’ai un petit vin de Ninive, là, ça te dit ?

 

Les deux femmes collèrent un coup de pied au cul du guépard qui comptait s’allonger sur leur sofa, puis elle appelèrent à l’aide. Quinze esclaves butèrent ce con de félin à coups de sabre, avant que Néefiertarée ne réclame la peau pour s’en faire des coussins.

 

– Tu trouves pas que je devrais me faire refaire le nez ?

 

– Tu sentirais pas meilleur, laisse tomber. Moi j’ai bien les dents mal plantées, j’en fais pas tout un plat.

 

– Mouais. J’ai hâte d’avoir ma flotte personnelle. Tu vois mes boucles d’oreilles dans la glace ?

 

– Oui

 

– Tu les trouves jolies ?

 

– Oui, très !

 

–  Et mes bracelets, tu les aimes ?

 

– Oui .....

 

– Tu les aimes mes colliers aussi ?

 

– Oui, j’aime beaucoup tes colliers.

 

–  Et ma couronne ?

 

– Aussi !

 

– Ya pas que toi, tout le monde veut me la piquer. Tu vois ma chatte sacrée dans le miroir ?

 

– Oui.

 

– Tu les trouves sympas mes morpions ?

 

– Oui, très !

 

– Je me mets à genoux ?

 

– Vaut mieux.

 

– Et mes questions tu les aimes ?

 

– Oui, énormément !

 

 Alors elles s’allongèrent sur la table encore pleine de victuailles, avant de se diriger vers la chambre aux murs décorés à l’effigie de la déesse Citroën Nephthys, car rien n‘était trop beau pour elles, si elles voulaient gagner le vice éternel. Nul ne sait si la bienveillance des dieux veilla sur elles, sous le regard placide des lévriers royaux, lesquels crevaient de trouille de finir en poufs. Deux celliers se présentèrent plus tard avec une amphore de pinard Lybien et le maître des vivres leur offrit en sus un peu de jambon fumé Perse. Elle retrouvèrent Jèpéess en début d’après-midi, lequel faisait les cent pas près de la litière en les attendant. Il loua l’audace des jardiniers du palais, mais également celle des architectes pour la taille des portes qui avait sévèrement éraflé les flancs de la litière, assurant qu’il avait heureusement trouvé dans Tépafou un carrossier pas trop cher. Il la boucla finalement devant l’air bien sévère et le plis amer que traça la bouche de sa reine, aux dents soigneusement nettoyées au sel gemme mêlé de menthe et de poudre d‘iris. Un sculpteur se présenta également pour lui proposer de lui faire son buste de quinze mètres de haut en quartzite, elle approuva, du moment qu’elle n’aurait pas à poser.  

 


– Je trouverais bien une esclave pour ça, tenta de la rassurer l’artiste, qui termina sa vie une heure plus tard dans le ventre d’un crocodile.

 

– Tu vois, ma petite Jésentilpèla, j’avais déjà fait surélever les portes à cause de mes perruques et de mon Pschent ; maintenant je vais devoir les élargir, à cause de la litière. Faut que je trouve un architecte, aussi, parce l’autre,  Merdenkorinnanâr l’a déjà fait enterrer dans les fondations, pour une histoire de fantassins qui passaient pas.

 

– O my queen, t’es une reine pacifique et bâtisseuse, ce qui te maintiendra durablement sur ton trône.

 

– Tu commences sérieusement à me courir, n’empêche, avec tes O my queen, tu me prends pour une Bretonne ?
 
 Habillé en homme, le général Merdenkorinnanâr vint les rejoindre. Il portait dans les bras les lourds insignes de la royauté pour les remettre solennellement à Néefiertarée :

 

– Toi, Pharaonne, fille d’Horus vivante, sacrée souveraine de l’Egypte, pays fragile avec un haut et un bas, reçois par mes mains rugueuses les insignes de ta toute puissance, la couronne, le sceptre, le flagellum, un truc mou, long et rose que tu as rajouté, enfin tous les symboles d’Osiris, ton père révéré, O queen.

 

– Franchement, là, vous commencez tous à me faire chier.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 07:46:44
n°41109392
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 19-02-2015 à 17:00:09  profilanswer
 

Salon des inventions.

 

Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.

 

Aujourd'hui : la patate zippée.

 

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La patate zippée n’est pas une pomme de terre comme les autres. Le service d’assistance culinaire associé au salon du pro-fesseur Talbazar entretient des liens privilégiés avec les cantines scolaires. Comme il a une longue expérience des épluchages, il sait combien cet exercice fastidieux prend de temps sur celui de la pause-cigarette des cuistots de collèges et de lycées. Les circonstances pouvaient imposer un haussement d’épaule, compte tenu du suréquipement des établissements, tous munis de nombreux éplucheurs manuelles nécessaires aux cuisines et à leur mission. En réalité, c’est une gigantesque organisation solidaire qui s’est mise en éveil pour mettre au point ce tubercule génétiquement modifié, afin de libérer les cuisiniers contemporains d‘un temps précieux.

 

Grâce à son zip combiné par inclusion génomique, la patate zippée assure un épluchage instantané de sa peau, que l’on soit poète, fils de baron, maître ou non d’une dizaine de langues. Même un mauvais état de santé de sa femme en robe de chambre assure au médecin de pouvoir se passer d’elle pour éplucher sa propre pomme de terre en robe des champs, qui est comme chacun sait cuite avec sa peau et servie ainsi, comme toutes les femmes de médecins. Mais ce qui revêtait auparavant un caractère inéluctable en terme de punition des casernes devient subitement un plaisant jeu d’enfant. D’ailleurs au moment des repas, vos gosses se débrouilleront mieux pour survivre, grâce à l’aide inestimable de cette invention.

 

L’astucieux zip organique, fixé au derme du tubercule par combinaison cellulaire, met à mal l’éternel dilemme qui consistait avant son invention à prendre 35 mns pour éplucher ses pommes de terre ou se passer de repas pour retourner au travail. La patate zippée organise la riposte, on tire avec gourmandise sur la fermeture-éclair qui s‘ouvre en un quart de seconde, avec une fluidité totale, non d’ailleurs sans une certaine sensualité, et la patate dénudée s’offre à nos palais en  une seule seconde. Elle limite d’emblée le nombre des déchets en réduisant les épluchures dans l‘assiette. Sa création est issue d’une profonde réflexion et se trouve désormais proposée aujourd’hui dans les rayons légumes à un prix irrésistible. A chaque repas, que l’on décide de faire des frites ou de la purée, l’épluchage des patates zippées se montre très simple et très ludique dans son utilisation.

 

NB : bananes et pommes zippées sont en cours d’expérimentation, les kiwis posent encore de nombreux problèmes de poils qui coincent dans le zip.


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 07:48:51
n°41121234
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 20-02-2015 à 16:38:37  profilanswer
 

Salon littéraire :

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 46.

 

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Après le départ de son homme, Marie Stetarte fut logée dans le château près du logis privé de Gisèle de Lècheku, dans deux salles confortables et bien meublées de beaux bahuts ferrés de bronze poli. Fidèle à sa promesse, Vazy l’avait bonnement hostelée, ce qui n’empêcha point qu’elle se laissa choir sur son lit pour y pleurer de chaudes larmes, profondément navrée. Des hommes d’armes ramponeux aux visages imbéciles se relayaient dans son couloir et baillaient aux corneilles, le hanap constamment à la main. La bonne damoiselle au long corsage gisait dans son pavillon solitaire et passait la longueur de ses jours à râper ses jeunes coudes aux dures pierres de sa fenêtre, rêvant de délivrance par un cavalier blanc. Elle doutait que sa vie puisse ainsi longuement suivre son cours. Elle se débarbouillait le matin à l’eau froide dans la chambre exigüe et relevait la tête quand parfois, la voix feutrée de la sorcière Gisèle glissait dessous la porte. Une ouverture fermée à clef séparait en effet les deux appartements. Alors, un vilain trac lui serrait la poitrine, car elle savait venir de cette sorcière l’idée de sa cruelle pension. La force de sa magie, que Marie devinait, et qu’elle craignait finalement plus que la hache du bourreau de Mouyse, la faisait trouiller à plein ventre. Elle savait aussi que serait châtié de mort cruelle le moindre signe de sa rébellion. Baillis, vicomtes, prévôts et maires se bousculaient parfois sous son balcon en gloussant juste pour la mater, elle leur jetait alors dessus la tête le seau de nuit de sa chambrée. Contre toute attente, Vazy en avait fait plus tard empaler un sur deux dans la grande cour du château. Comme sa croisée voyait loin sur la mer parcourue par les barques, elle avait vu partir la petite voile qui emportait son mari très loin d’elle. Elle s’était à cette vision en grande peine collée à la muraille, puis elle s’était planté les ongles dans la peau, triste et dépitée, son petit cœur descendu dans les jambes.

 

Et puis un jour, il se passa une drôle de chose, car Gisèle vint la voir pour lui conter les derniers chapitres de la lutte que menait son tyran de mari contre la quasi-totalité de la population. Elle passa par leur porte commune et s’installa sans façon sur le grand baldaquin, tout en lâchant de son parfum subtil au milieu des rideaux décorés de griffons.

 

– Ah, lui bailla Marie, mon cœur est aliéné et tout brisé par les brûlures de mon âme, car ton jules m‘a bien vilainement enchartré.

 

– Oh, mon métier de sorcière me permet d’identifier les limites à t’encourager. Je crois bien qu’en gros, c’est bien fait pour ta fiole.

 

– Alors ça te fait rien, que j’ai des soirs de blues et des nuits insomniaques ?

 

– Ben non, pas vraiment. Tu croyais peut-être que ton petit vizir allait te refiler l’éritance du trône de Fion ? Hélas pour toi, il m’est bien destiné et tu crèveras sans doute avant que j‘en chérisse la lourde couronne. Et c’est pas tout, l’Empire de Métoian étendra sous très peu sa haute domination sur tout le Minouland, avec mézigue à ses côtés, mirres-tu ?.

 

– Non point, ma belle aux pieds fourchus, ton cruel baron te balaiera simplement du pied une fois lassé de tes tétins, comme il le fit pour la pauvre Angèle de Médededan.

 

– Nous verrons bien, fit Gisèle en glissant dans sa voix des accords maléfiques, j’espère quand même que tu vivras assez pour assister à nos accordailles.

 

– Qui se ressemble s’assemble, c’est vrai, mais tu peux bien babiller, si Amanda s‘en vient à jouir, car la communauté de la gnôle n’est point encore terrassée, le trône de Fion en sera transformé, et la plus grasse des vaches fera plus reine que toi. Il n’y aura jamais entre nous deux de modus vivendi. Elle gisait malgré-tout dans sa voix les pleurs de ses nombreuses nuits blanches.

 

– On peut parler de tout, mais ça dépend comment, fais gaffe à toi ou je te fais pousser sur ton beau petit cul une queue de lapin.

 

Gisèle de Lècheku n’ignorait pas qu’elle venait là de délivrer un argument massue. L’autre savait bien qu’elle était passée maître de techniques occultes, aussi douloureuses qu’invasives, toutes facultés qui lui valaient de partager ce jour la couche de Vazy Métoian. N’était-elle pas fameuse dans toute l’Hyperbourrée en enchantements et sciences de magie ? Elle effectua un méprisant glissé en pliant les genoux pour se lever du lit et laissa l’autre bien poivrée de rancœur à son égard. Ors, elle passa par sa porte en oubliant pour une fois de la fermer. Comme la serrure se trouvait dégagée de sa clef, Marie colla son œil à l’œilleton, pour découvrir un étonnant spectacle qui la laissa bouche-bée. Au pied des colonnes surmontant des arcades aux motifs zoomorphes, Gisèle avait laissé tomber sa robe de velours. Elle avait en effet le besoin de se faire un bilan personnalisé pour retrouver sa forme de vieillarde centenaire. Elle ne pouvait en effet très longtemps perpétuer le bonheur de se voir jouvencelle, sans risquer de se voir giflée par les démons. Sur la couche en paillis, Gisèle prise en arthrose et devenue fort laide refit couler au-dedans d’elle son vieux sang dans ses veines. Ses sourcils blancs froncèrent, les pattes d’oie et les ridules du front creusèrent profondément son visage de cire dépulpé. Ses pauvres fesses tombantes gelées de cellulite témoignèrent pour Marie, au cours de sa dangereuse contemplation silencieuse, d’une histoire riche et fascinante, puis toute l‘apparence physique de la sorcière entra subitement dans un nouvel âge. Echauffements, rougeurs, œdèmes la parcoururent toute entière en la laissant hagarde sur les beaux tapis, le souffle court et les jambes lourdes. Ratatinée de tout son corps à la peau terne et lâche, comme vieilles pommes et poires mises à sécher dans le cellier. Par Kramouille, se dit Marie sous le choc d’observer ce miracle, cette cruelle saloperie, pour faire preuve de jeunesse éclatante, aura vendu son âme au diable !  

 


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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 07:48:36
n°41147271
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 23-02-2015 à 18:05:17  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 64.

 

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Marlou accueilli la nouvelle des morts de Jules et Valéria de plein fouet au téléphone, avant que Clara effondrée ne vienne le voir, accompagnée de Babe et de Kiki à l’hôpital de Garatonku. Géraldine restait cloîtrée dans son palais à rédiger ses mémoires, mais envoyait tout de même ses sincères condoléances. Clara n’était plus que l’ombre d’elle-même, Babe s’efforçait de rester très digne et Kiki Yorkshire planqué entre ses talons hauts se léchait comme d’habitude le cul sournoisement, pour sauver la face. Marlou se rehaussa lentement sur son oreiller en regardant avec une certaine compassion ses visiteurs attristés :

 

– Ce Beau Brown est un type inquiétant et imprévisible, finalement. Il est peut-être urgent de rabaisser ses rêves de grandeur, mais il doit sans doute le succès de la longévité de son clan à différentes influences. Bien qu’il soit probablement intouchable, je vengerai ce meurtre horrible, Clara. Ce gus est amateur de bataille navale, soit, on va lui jouer un fameux touché coulé.

 

Mais la belle Napolitaine n’avait visiblement pas l’intention de soutenir la conversation. Comme elle passait du jour aux ténèbres, la clarté limpide de sa beauté portait à présent un contraste marqué, sur son visage dévoré par une ombre funeste. Son regard humide d’avoir trop pleuré flottait dans celui de Marlou, pour trimballer en lui le message muet d’un saisissant déni. Il se sentait mis à nu de la voir ainsi atteinte au plus vif de sa peine.

 

– Je rentre enterrer ma sœur, Marlou. Je suis à présent confrontée à un ennemi redoutable, ma place est là-bas.

 

– Evidemment que je te suis à Paris, Carlita, Beau Brown vient de nous imposer de nouvelles règles en éliminant Valéria. Volontairement sans doute, il éludait le Jules. De toute façon, personne ne retrouve la trace d’Ewij Nikasek, son cas attendra. Le chagrin tellement visible de son amie lui perçait son corps déjà douloureux.

 

– Je veux que tu abattes froidement ce Beau d’une balle entre les deux yeux.

 

Là-dessus, elle n’avait pas besoin de s’inventer un nouveau fiancé. Ni juge, ni policier n’inquiéteraient sans doute Beau, mais ils n’arrêteraient pas non plus Marlou dans son acte vengeur ; toutefois sa miss était enceinte, ça demandait donc une certaine prudence et freinait un peu les ardeurs. L’ambiance s’annonçait tendue et remplie de périls mortels, il devrait agir sans la moindre pitié. Le mégot d’un certain Ricardo Pastaga avait été retrouvé à proximité de l’endroit où la bombe avait explosé, cette découverte signait l’organisation criminelle de Beau Brown et collait un fameux gros plan sur ses méthodes. Jim venait d’envoyer à Carla un SMS sans ambigüité, et c’est là que ça devenait chaud, car ce gazier au QI de bulot annonçait lui aussi vouloir faire payer cher à Beau l’assassinat de son frère jumeau. Cette idée à la con ne devait sans doute pas lui permettre de vivre très longtemps, mais plutôt de se retrouver lui-même mort dans un bois, le crâne fracassé. Marlou se foutait bien que la carrière de Jim le taiseux s’arrêta brutalement en forêt, ce bridé croulait sous les dettes et menait désormais une vie sans but, depuis l’incendie du Lagon Bleu. Un animal sauvage, le Jim, mais pas du tout exotique. Somme toute, le retour à Paris se montrait une expédition des plus risquée, une escouade de malfaiteurs dans le collimateur, et sans doute pas mal de malfrats à éliminer avant de toucher Beau Brown. Sans compter que le deuil de Carla allait durablement assombrir sa grossesse et leur horizon commun.

 

– Allez, mes amis, je vous ramène à Paris.

 

– Vu ton état actuel, fit Babe, ça serait plutôt le contraire.

 

Kiki jappa que Marlou s’abonnait décidemment aux boulots les plus durs et les plus mal payés, avant de recevoir une formidable beigne sur le crâne de la part de Babe. Il accusa le coup, parce que son amour pouvait tout se permettre avec lui,  puis il fit mine de faire son mea-culpa et un temps soit peu son caïd :

 

– C’est vrai que j’ai rien à dire pour l’instant du chiffre d’affaires global de Marlou, ni du partage salarial qui tombe dans ma gamelle. C’est bien la seule entreprise qui développe sa clientèle en l'éliminant ! Mais je ferais pas l’impasse sur ma qualité de vie, même avec des horaires flexibles. Une blanchisserie à Québec, je ne sais pas si tu es au courant, Babe, mais ça coûte un bras, ma jolie.

 

– Mon entreprise, comme tu dis, y gagnerait certainement si tu fermais ta gueule plus souvent, et moi sans doute que j’irais pas plus mal.

 

– Pff… Plains-toi, chef, quand tu me promènes pour aller pisser, ça te sors de chez toi. En tout cas, évite autant que tu peux le coworking avec Jim, il y aurait chez ce type un disfonctionnement cérébral, que je ne serais pas étonné.

 

– Oui, Kiki, c’est justement ce que j’étais en train de me dire. Le retour chez moi ordonne un brin de méthode, faut croire.

 

– D’ailleurs, ajouta Babe en prenant Kiki dans ses bras comme si elle cherchait à atténuer sa réaction précédente, si on en est là, c’est quand même à cause de ces connards de jumeaux. C’est pas faute de vous avoir prévenu. On ne peut pas dire que c’est l’intelligence stratégique qui l’étouffait, le Jules Delacotte.

 

Carla se mit tout d’un coup à pleurer en silence, cette conversation à la con et l’évocation de Jules, et par conséquent de sa sœur, n’atténuait en rien ses pénibles symptômes. Le corps explosé de Valéria n’avait rien d’un fantasme macabre qui aurait eu sur elle une vulgaire action psychosomatique. Aussi les autres la virent cependant mobiliser en elle des ressources insoupçonnées, pour cacher au mieux sa douleur en embrassant longuement Marlou sur la bouche. C’était finalement la meilleure façon pour elle de sortir le parachute, mais aussi d‘essayer de vivre pleinement l‘instant présent. Valéria ne reviendrait pas, la seule consolation qui lui restait était de pouvoir un jour se venger et pour ce faire, elle savait aussi que son chéri garderait le cap, en dépit des forces contraires. Et subitement, elle mesura pleinement sa chance de l’avoir rencontré.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 07:55:31
n°41207122
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-02-2015 à 21:54:34  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 44.

 

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Les paroles de Jhonny firent bondir Jeanne à l’extérieur comme un diable qui sort de sa boîte. Elle sortit de la caravane pour fouiller la haie la plus proche, scruta les environs et tourna autour des véhicules environnants. Une grosse allemande en bigoudis, locataire d’une tente proche et occupée à vider dans l’herbe une bassine d’eau grasse au mépris sacrilège de l‘environnement, toisa brièvement l’affolée d’un air mauvais. Nulle trace des filles, Jeanne revint dépitée vers son ami.

 

– Hé, mais arrête, Jeanne, je déconnais, c’était une blague !

 

Jeanne était furieuse, Lilian se tordait de rire et faisait furieusement tinter ses grandes boucles d‘oreilles. L’aide soignante éprouva en les regardant un urgent désir de distance. Comme une envie subite de bord de mer. Le fait que Jhonny soit capable de plaisanter ne changeait pas fondamentalement cette perception.

 

– C’est pas un jeu, Jhon, qu’elle mouche t’a piqué ?

 

– Allons, Jeanne, ces deux bonnes femmes ne vont pas te manger.

 

– Détrompe-toi, elle ne doivent surtout pas savoir où vous êtes, Mensinq serait trop heureux de t’enfermer pour toujours dans une camisole. Elle souffrait à cette idée, mais sans parvenir vraiment à l’exprimer. Bon, oublie cette stupide histoire de cabinet de voyance, ce camping est plutôt calme, autant qu’il le reste.

 

– J’ai suffisamment analysé mon marché, tu sais. Les couples constitués au chômage, je sais que ça ne vaut rien, mais avec les jeunes femmes célibataires en CDI, je devrais faire mon chiffre. Et puis si Lilian reste ici à glander, il va rapidement basculer dans l’enfer du crack et de l’alcool.

 

– Arrrre you mad ? Je nourris pas de fantasme misérrreux, moi, surrrrtout au moment où je viens de retrrrrouver une vérrrrrritable identité perrrrrsonnelle.

 

Toute la femme est dans son sac. Jeanne sortit discrètement du sien une boîte de barbituriques empruntée dans la réserve de la clinique. Sous prétexte de prendre l’apéro, elle tendit à ses deux glands deux verres de blanc augmentés d’une dose de cheval de « bonsoir madame ». Ses potes déguisés en danseuses de flamenco s’affalèrent de conserve sur la banquette de la caravane et ne tardèrent pas à roupiller.  Les soins de nursing, c’était son boulot quotidien, mais au lieu de les border, elle les plaça dans les coffres présents sous les sièges, chacun le sien, vérifiant même comme une mère poule les points de pression pour qu‘ils ne souffrent pas du dos à leur réveil. Ils en avaient pour quelques heures à rêver de trips éthériques et de visions cosmiques. Jeanne souhaitait plus que tout que Jhonny ait abandonné en cours de route son maudit personnage fictif de voyant, pour n’être plus que son amant bien aimé, son homme, son chéri, qu’elle devait sévèrement protéger de lui-même et des autres. Elle voulait juste retrouver à ses côtés une existence ponctuée de jours avec un matin, un midi et un soir. Elle le contempla longuement, qui gisait avec les yeux fermés et ce simple visage endormi la renforçait dans son désir du refus de la résignation. De son côté, Lilian s’agita un instant, comme s’il traversait une période de confusion intérieure, puis il lâcha entre ses lèvres quelques mots d’anglais à connotation sexuelle, et puis son trouble s‘estompa et son souffle redevint imperceptible. Elle termina ses prévenances en leur enlevant leurs godasses, puis elle appela au téléphone son cousin Albert Demonac, le légitime propriétaire de la caravane. Elle lui raconterait tout, sachant qu’il serait d’accord pour emmener sa charrette et ses dormeurs près de la mer. Jeanne n’avait jamais eut de secret pour lui, il connaissait bien entendu l’histoire de Choupinou, elle savait qu’elle pouvait compter sur ce mec en toutes circonstances et qu’elle n’avait nullement besoin de lui faire passer un test de loyauté à son encontre. Avec un luxe suprême, elle était certaine de pouvoir casser les pieds de son cousin quand elle le voulait et que quoi qu’il advienne dans la vie si perturbée de Jeanne, il répondrait toujours présent. Elle composa son numéro, il fit hum, hum, alors elle déballa sa demande sans attendre, mais ce n’est pas lui qui finalement répondit, c’était Mensinq. Dans le bureau du commissariat, le flic venait d’adresser un signe victorieux à sa collègue Edith Plon :

 

– C’est fini, Jeanne. Ne bougez pas, nous arrivons.

 

Jeanne coupa aussitôt. Lentement, elle se mit à pleurer avec un calme anormal, puis elle perdit subitement la raison. Un tremblement nerveux s’infiltra sous sa peau claire, car plus rien ne viendrait atténuer ni sa douleur, ni le sentiment d‘un échec irréversible. Elle n’était plus qu’une pauvre fille gémissante et torturée. Jeanne brûlait de fièvre et malgré son tic facial subitement revenu, le reste de son visage semblait sculpté dans la pierre. Toute femme est son sac, plein d’outils servant un but des plus pratique. Elle piocha promptement à nouveau dans le sien pour ressortir la boîte de somnifères, s’en avala la totalité, ainsi que la moitié de la bouteille de blanc. Induction enzymatique avec à la clé un sérieux boostage de la métabolisation, ça n’était plus « bye m’dame, mais adieu la vie ». Cette fois, elle ne pourrait plus jurer avoir été happée par un courant d’air. Juste avant de partir, elle jeta machinalement un œil sur la boîte de médicaments. Elle lu Koeningdiazéaxénatfurosémide 50 mg. Ah, alors tant mieux, elle s’était gourrée, parfait, un truc pour soigner le cancer de la proutsourate, à cette dose là, c’était comme chevaucher une fusée en partance pour l‘au-delà. Elle ne tomba pas tout de suite dans le coma, mais promena encore un peu sa blouse blanche, cet uniforme qui l’habillait maintenant comme un triste fantôme, dans les couloirs propres de la clinique Saint-Bernard ; établissement chic de 300 lits, moderne et convivial, où elle avait été si fière d’être embauchée, son attestation d’auxiliaire de santé Croix Rouge à peine en main. Elle se vit une fois de plus administrer du soir au matin des soins de base sur délégation de Babette Gallimard et Gwendoline Nathan, auxiliaires diplômées, elles-même aux ordres du docteur Jason Halrequin. Le beau docteur Jason. Elle procéda à une ultime transmission de ses observations et variations concernant les patients à ces deux greluches, avec disponibilité, calme, patience et puis elle ne vit plus rien. Un long filet de sang s’échappa de sa bouche déformée par son tic incontrôlable. Une seule pensée l’habitat encore avant de quitter ce monde : en voulant seulement les endormir pour les emporter voir la mer, par sa fatale méprise, elle venait probablement de tuer aussi sans le vouloir Jhonny et ce pauvre Lilian.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 07:58:03
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Posté le 28-02-2015 à 21:54:34  profilanswer
 

n°41240291
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-03-2015 à 06:33:35  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 26.

 

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Néefiertarée et sa servante s’installèrent ensuite à l’arrière de la litière pour siroter à deux, avec l’aide d’une paille, un gros œuf d’autruche cuit à la coque.

 

– Calcul de l’itinéraire, dit Jèpéess. Faute de mise à jour, il rajouta « drive carefully » avant de faire un signe à son voisin de tête, Masérati-fé-vroum, de manière à synchroniser la levée des brancards.

 

Le chef des porteurs vérifia encore le point de contact de l’axe du pivotement des pieds avec le sol et la position du pare-soleil. Il savait devoir se méfier du porteur arrière-gauche, enclin à sous-virer si on le poussait jusqu’au bout de ses possibilités. Il était en revanche excellent pour le portage rapide sur route sinueuse. L’arrière-droit n’était qu’une pédale molle trop progressive à l’attaque affublé d’une trop grande distance d’arrêt. Masérati-fé-vroum évoluait au contraire bien souvent vers une brutalité nuisible au confort des passagères et la précision de conduite. Sur les pavés de l’allée des sphincters finalement déblayée, l’absence de suspension arrière se fit nettement sentir, alors que la foule en liesse hurlait au passage de la litière, qui marchait constamment sur leurs pieds nus. Rouages bien huilés de la civilisation, mille sujets enthousiastes se pressèrent devant leurs portes pour les refermer. Avec des feulements de bon aloi, les porteurs grondaient comme le tonnerre, les yeux braqués sur la voie et les tribunes des équipes de sécurité postées en bordure de piste. Tous les artisans avaient abandonné leurs occupations habituelles, car Néefiertarée lâchait sur la foule des morceaux de brioche en trophée et le coupé Jèpéess abordait chaque virage « pied devant », aussi galvanisé que le chassis de la litière. Au kilomètre 0,3, il entama l’hymne de « La fille du bédouin », aussitôt repris en chœur par ses collègues.  Néefiertarée se mit à maudire la mauvaise insonorisation de la litière. Evitant de justesse plusieurs pylônes, ils arrivèrent ainsi sans encombre sur les berges. Là régnait une fabuleuse animation, au milieu du décor grandiose formé par les bateaux singulièrement étroits aux extrémités et fabriqués là en grand nombre.  Il y en avait cependant de toutes tailles, mais celui destiné à la pharaonne se détachait nettement des autres par ses dimensions, et ce tableau fit aux femmes une forte impression. Quand au chantier naval de Tépafou, il était ouvert tous les jours, de 10h à 20h, et la billeterie fermait une heure avant la fermeture du site. Néefiertarée bénéficiait, en tant que pharaonne, d’une entrée à prix réduit.

 

Pubi Senfouyî (celui dont on sent le souffle) était le seul survivant d’un village proche, dont les habitants avaient entrepris d’apprivoiser les hyènes. Un maître charpentier sans enfant l’avait recueilli tout jeune et soigné de ses 652 plaies aux bras et aux jambes, puis officiellement proclamé son héritier et successeur. Depuis, toutes les embarcations circulant sur cette portion du Nil lui devaient leur existence. Pas une seule épave engloutie prématurément qui ne porta sa marque de fabrique. Ceci étant dit, il picolait néanmoins à outrance pour oublier les hyènes. Des promeneurs le trouvaient souvent le dimanche à faire la sieste sur la grande plage de Tépafou pour y cuver sa bière. Personne n’essayait alors de le manipuler, car sous les conseils de ses voix invisibles, il essayait de mordre avec ses mâchoires puissantes ; c’est pourquoi on le laissait tranquillement dormir sur le sable pour qu’il récupère. Mais ce jour là, il était frais, sinon sobre, pour recevoir la reine. Plusieurs de ses ouvriers, atteints de cause perdue pour avoir bu l’eau du Nil, faisaient dans l’ombre des coques en construction et sacrifiaient leur honneur en montrant leur cul. Ils priaient ensembles doucement Qebehsenouf le faucon, pour qu’il veille sur leurs intestins en détresse. Lorsque la litière dérapa dans les traces laissées par ces sauvages, Néefiertarée leva à leur adresse son doigtier en or, puis elle décida illico de l’enterrement sommaire pour l’exemple de leur sous-chef d’atelier, mais aussi du premier qui oserait lui parler. Elle aurait bien gardé les autres vingt ans captifs, avant de les faire condamner à mort, mais Jésentilpetla lui fit remarquer qu‘il n‘y aurait plus personne pour finir le chantier. A la vue du cortège royal, Pubi Senfouyî fit garer sa grosse litière Germanique, une BMW (belle motorisation Wisigoth). Le soleil de midi faisait puissamment étinceler ses bagouses et ses colliers. Néefiertarée poussa sa servante du coude en observant l’homme derrière les rideaux :

 

– Comment tu le trouves ?

 

– Il doit avoir des origines Phéniciennes, avec ce goût de parvenu pour les litières barbares puissantes et les gourmettes en or.

 

Après avoir fait signe d’arrêter son véhicule à ses grands porteurs blonds, barbus et chevelus, Pubi Senfouyî descendit en chancelant, puis il quitta avec empressement l’état d’hébètement dans lequel sa soif du matin l’avait plongé. Il contempla encore quelques secondes quelques charognards roses et imaginaires se ruer sur lui, puis il les chassa de ses pensées en se courbant devant Néefiertarée. Il fut aussitôt subjugué par celle qui le finançait, puis par son âme, pure et éclatante, bien que sa dévotion fulgurante pour elle ne fut pas vraiment réciproque.

 

– O ma reine, au commencement, l'univers n'était qu'un grand océan primordial nommé le Noun. C'est de Noun que naquit Atoum (le soleil). Atoum engendra Chou (l'air) et Tefnout (l'humidité). Chou sépara le ciel de la terre et …

 

– Oui, oui, c’est ça, abrège mon chou, tu me pompes l‘air, arrête de m‘embaumer avec tes prières, et que Amset à la tronche humaine protège ton foie, qui m‘a l‘air bien malmené.

 

– Et qu’en revanche Hapi le babouin surveille tes poumons, noble reine. Il loucha ce disant comme un goret sur le décolleté de son interlocutrice, puis s’inclina sur le mystère de son masque de fière, tout en lui tendant un bouquet de papyrus avec la carte du fleuriste local, afin de lui souhaiter bienvenue.

 

Néefiertarée colla son cadeau dans les pattes de Jésentilpetla pour aller admirer les navires en construction, surtout le sien. Il ne ressemblait en fait pour l’instant qu’à une grosse demi-saucisse bleue, à la proue sculptée d’un lotus épanoui. Pubi Senfouyî affirma qu’il transporterait à voile et à rame 300 marins, 600 passagers, 4.000 hectolitre de bière, 300 vanity-case et formerait le plus grand palais flottant jamais vu en Egypte. Il se demandait plutôt en secret comment il vieillirait, vu qu‘il se plantait tout le temps dans ses côtes, entre centimètres et coudées.

 

– Oui, fit la reine en grimpant à bord, ben faudra forcer les cadences, je suis franchement à la bourre. Pour le moment, ce rafiot ne ressemble pas à grand chose.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 07:59:31
n°41270006
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-03-2015 à 16:51:55  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 65.

 

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Mala Gutti était tatouée de la nuque aux pieds d’invraisemblables dessins poétiques et colorés, des trains, des avions, des transpalettes et des blocs moteurs à pistons. Elle avait fait un peu de catch après son BTS, ce qui lui donnait à présent la faculté de bien coller des gnons et de savoir les accueillir. Mala possédait des yeux bruns envoûtants qui perçaient les hommes sans ciller, comme s’ils n’étaient que de petites merdes. Mais n’était-ce pas le cas de la plupart d’entre eux ? En tout cas, elle n’avait jamais eu besoin de faire la pute, ni d‘ailleurs de remplacer Karina en caisse 03 après avoir trié les yaourts. Beau Brown la payait cependant très cher pour qu’elle reste avec lui. Sa môme trimballait en permanence à ses côtés, comme si l’animal se chargeait de la protéger, un berger Allemand de bonne race, un grand chien mâle nommé Prinz. Celui-là se trouvait particulièrement fier de ses nobles origines, car il bassinait souvent son monde avec ses lointains ancêtres, soi-disant bâtards de loups Polonais. Personne ne pouvait se vanter de l’avoir réellement vu à l‘œuvre, mais il tirait une certaine gloire privée, en racontant à tous qu’il se tapait parfois Mala en l’absence de Beau. Ceci dit, les crocs sans merci de Prinz avait plus d’une fois contraint quelques mauvais payeurs à s’équiper de prothèses orthopédiques. Pour l’instant, il dormait sur le lit au second étage du Triangle d’Or, pendant que Mala s’attifait dans la salle de bain. Elle en ressortit peignée de frais, encore un peu humide de sa douche. Un beau collier de perles à double rangs s’accordait à sa longue robe blanche, interminable trousseau diaphane qui l’habillait de bas en haut d’une étonnante pureté. Ses gestes insinuaient par éclairs une riche lingerie crème et quelques détails de ses extravagantes peintures de peau. Son rouge à lèvre, très vif, apportait sa note propre d’une outrance raffinée. Une hominidée de grande classe, Mala Gutti, une allure de bourgeoise cultivée à l’envoûtement tenace et opiacé :

 

– Je te quitterais un jour, Beau, je préfère nettement les noirs aux vieux. Elle savait bien avec ça le mettre hors de lui.

 

– Si tu t’en vas, je te butte.

 

– T‘en aurais pas le courage, va.

 

– Alors là, n’en soit pas si sûre.

 

Mala n’était toutefois pas folle, non seulement elle ne doutait pas, mais elle savait très bien qu’il disait vrai. Il le ferait même de ses propres mains, sans passer pour une fois par ce taré de Ricardo. Pas pour rien que son mec avait fait cinq ans de trou pour crime passionnel. Depuis longtemps, elle avait bien compris qu’au jeu de la courte-paille, il tirerait toujours la plus longue quoi qu’il advienne, et que dans sa vie à elle comme aux commandes de ses boxons, c’est lui seul qui rythmait la valse des pantins. Elle lui jeta un regard blasé. Cet as de la démerde avait grimpé le sommet à coups de piolets dans la gueule du monde et somme toute, elle espérait encore de la vie, mais elle n‘était pas vraiment flattée.

 

– Espèce de salaud.

 

Il fit claquer sa bretelle et enfila sous l’aisselle son Beretta brigadier, naturellement chargé.

 

– Magne-toi, on nous attend.

 

Il descendit au bar de l’établissement sans l’attendre. Ewij pointa son museau dans la chambre, avec la tronche d’une gosse qui ne parvient pas à s’inventer un futur. Depuis qu’elle avait rencontré cette féline pour la première fois, Mala la fascinait. Elle ne la reconnaissait pas en tant qu’une simple valeur ajoutée à Beau Brown, mais bien comme une femelle authentique, avec qui elle s’efforçait plus ou moins de sympathiser. La gonze n’était pas poreuse aux sentiments, néanmoins, parce qu’elle trouvait sans doute que la curiosité d’Ewij à son égard se faisait un tantinet addictive. Beau avait interdit à l’ex-petite amie d’Alphonse de sortir du Triangle d’Or, et d’une certaine manière, Mala et elle se voyaient pour ainsi dire coupées du monde, à s’enfiler du champagne jusqu’à plus soif. Ce qui établissait un modèle mathématique de réciprocité. Comme si elle s’obligeait, Mala lui souhaita bonjour, réveilla Prinz qui s’approcha pour renifler Ewij en lui foutant la trouille et referma doucement la porte.

 

– On descend, viens.

 

– Ton chien n’a pas d’âme, Mala.

 

– Et qu’est ce que tu voudrais que j’en fasse, mein liebe ? fit Prinz, en la devançant brutalement dans l’escalier.

 

Elles apparurent dans le bar peuplé de la racaille habituelle. Dans un coin, Beau était attablé avec des gus qui comptaient, tant pour le Triangle que le Reichstag. Ricardo Pastaga pelotait Lysie Belles Gambettes comme si c’était sa femme. Eddy Frangin, Eliot le Squale, Bénito Montez, Jessyca et Momo, et puis Maitresse Fraü Glut qui discutait en riant avec Ashley la Gorette, elle-même aux côtés d’un gars que Mala présenta à Ewij comme étant le commissaire Boudin. Un flic pour l‘instant mutique, un brin austère, celui justement qui venait d’enquêter sur l’accident de péniche. Un pourri, quoi. Elles prirent place au moment où chacun s’accordait plus ou moins sur les valeurs qui animaient leur petit empire, dénonçant les violences d’un état policier qui les faisait chier. Beau fit les comptes, aux chiffres incontestables, les impayés firent de la part de Ricardo et d’Eliot le sujet d’une bataille d’idées sur les intimidations nécessaires, et puis la mort d’un type ou deux tomba comme un couperet dans les réflexions. Beau appuya simplement sur l’urgence de buter Jim Delacotte, sans lâcher du regard le pauvre Ricardo, échoué comme une grosse péniche sur les mamelles imposantes de Lysie la garce, à la voix caressante. Soudain tétanisé de se voir être tout d’un coup le centre d’intérêt, il lâcha promptement ses gros joujoux inutiles.

 

– Si tu me déplais encore, Ricardo, c’est pas en prison que t’iras t’éduquer, mais tu finiras tes études dans le coffre de ma bagnole, t’as compris ? En balançant sa menace  il était froid comme un océan. Bon, j’ai autre chose à vous dire, Carla et ce privé qu’on appelle Marlou sont revenus à Paris.

  

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Dans une oeuvre d'une telle ampleur, il existe certaines incohérences, à peine perceptibles. J'ai affirmé plus haut que Mala avait été pratiquée par tout le monde avant de devenir la femme de Beau, et ici je précise qu'elle n'avait jamais fait la pute. Donc je rectifie, elle n'a jamais fait le tapin.

 

Et le colt d'Ewij est celui de Clyde Barrow, pas de Bonnie Parker.

 

Et donc c'est pas grave, on rectifie et on passe à autre chose.


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:00:33
n°41277553
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-03-2015 à 17:22:12  profilanswer
 

Salon littéraire :

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 47.

 

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Les flocons de neige tombaient en abondance sur les galures des compagnons, sans faire plus de bruit que de fins bas de laine chutant sur un parquet. Aucun des hommes ne pipait mot en laissant derrière lui la haute façade du sanctuaire de Proutachatte et son donjon massif de belle maçonnerie. Le grand bâtiment aux fenêtres sans vitres s’estompait peu à peu dans le blizzard laiteux et la taille peu commune de ses murs le faisait rejeton d’un cerveau folleyant. Larmoyant comme un glacier, le chevalier Erald cherchait partout sur le tapis immaculé quelque trace de sang perdu par sa mie, mais il savait au fond de lui qu‘il n‘y avait peu d‘espoir de la retrouver vive. Il gardait néanmoins dans son cœur regrets de sa jarretière et de son cotillon. Seule répondait à sa vision la maigreur des sapins, tous chargés des corbeaux entrés en collision sur leurs troncs cotonneux. Dans la dureté du vent, Belbit fouillait le sol neigeux où ses pieds s’enfonçaient profondément, en lui collant des frissons dans les genoux, l‘obligeant à creuser son chemin à coups de hanches et de poitrine. Que n’était-il plutôt bouffon pour distraire un grand roi, qui lui donnerait pitance et brasero dans la grand’salle de son château ! Pour ce qui était du sort d’Helga, le Huelabit n’arrachait point des touffes de ses tifs à son cuir chevelu. Mirlen cherchait la marche à suivre et craignait l’embuscade, car il sentait dans ses visions l'imminence d'un danger. Le chevalier Lancebroque regrettait son roncin dévoré par les autres, parce qu’il aurait placé meilleure distance entre lui et les cannibales. Quand à Hivalanoué, il trainait en arrière pour partager avec Seigneur William quelques pintes de gnôle, avant d’abattre de son fer effilé deux ou trois sangliers pour le repas du soir. Tous arpentaient le Mont Velu comme de pauvres hères bannis de leurs maisons, gelés et transis, avec au creux de leur rêves de spectaculaires incendies. Vint un plessis de ronces, derrière lequel il se disait vivre les tribus ennemies.

 

– Oyez, leur dit Mirlen, il m’est pénible à dire que c’est au-delà de ces mûres que notre pauvre Helga a supporté sa fin tragique ! 

 

– Voilà certes un lieu qui ne semble point propre à faire pâmer les foules, lui répondit William.

 

– Tout ce que je sais, fit Belbit, c’est qu’autant de blancheur dans mes mirettes finira par me rendre aveugle.

 

– En tout cas, ajouta Lancebroque, rendons grâce à Kramouille, il fait trop froid pour que ces gueux songent à nous attaquer.

 

Ors justement, tout proches d’être à vue, habilement camouflés sous des peaux de loups blancs, entre une trentaine et 6000 Onkulés les surveillaient attentivement, prêts à les assaillir. Deux d’entre eux munis de sagaies se trouvaient d’ailleurs dangereusement près de leurs proies, se coulant sur la neige en chuchotant :

 

– Je loqueraicrass liembatte la letitepem litebé du lainnatte pour l'bouillonlem de bœu .

 

– Lavecas le lolbuche que j'ai, loimique je vais avoir loidrem aux lognonrems du lieuvic !

 

Et puis ils se levèrent pour s’élancer vers la communauté. Lancebroque avait déjà gagné l’abri des premiers pins, quand Hivalanoué terrassa le premier de sa liste. Erald se déplaça comme en apesanteur, puis il frappa très fort de son épée, séparant têtes et bras, lorsque Belbit sous le coup d’une audace radicale coupa les ongles d’un Onkulé. William sautait sur eux comme on danse et faisait des ravages dans leurs rangs, éclaboussé d’un sang qui rougissait la neige. C’était là une bataille effroyable, à laquelle Mirlen pris également sa part, giflant du grand bourdon sur les terribles adversaires. Les cannibales criaient comme des animaux, prenaient des postures arrogantes et se battaient avec acharnement, occupés à cogner eux-aussi à outrance sur les mailles étincelantes. Mais ils étaient par trop nombreux, mêmes si les braves épées fauchaient sans défaillir un nombre incalculable de nuques tournoyantes, en traçant sur les sauvages de mortelles fulgurances. Tous ceux de la communauté furent bientôt plus ou moins navrés. C’est alors que la douce voix d’Helga retentit au-dessus du champ de bataille :

 

– N’ayez crainte, mes amis, car me voici.

 

Il se fit grand silence dessus la place hurlante. Comme amplifiée par la montagne, la  phrase avait porté jusque vers l’horizon. Encore chargés d’énergie brute et assassine, les Onkulés lâchèrent leurs armes, pour aussitôt plonger face contre terre. Mirlen et ses amis en restèrent cois et fort esbaudis. Mais Dame Helga n’était point mirage issu de leur folie.

 

– Je suis un peu en retard, veuillez m’en excuser, j‘ai tant à faire dans mon nouveau royaume. Elle minauda un temps en jouant avec sa main de ses beaux cheveux blonds. Voyez, mes sujets sont d’une foi aveugle, mais par contre très lucide, puisqu’ils m’ont décrété à la fois comme leur déesse, mais aussi comme leur nouvelle reine. Vous feriez bien vous aussi de vous agenouiller, pour faire comme eux, c’est à dire me porter dévotion et me vénérer. Ils n’arrêtent d’ailleurs pas de sacrifier leurs cousins et de faire de belles fêtes en mon honneur.

 

Devenu sourd aux mots, Erald rempli d’ardeur s’était précipité au milieu des cadavres pour aller embrasser son amie, que Sainte Kramouille venait miraculeusement d‘épargner. Quatre farouches Onkulés le retinrent avec force par le bras. Six autres l’avaient promptement désarmé.

 

– Et loitique, laific pas le lariolemem et louchetatte pas à ma leineric.

 

– Elle désigna durement Lancebroque planqué sous un buisson. Quand à celui-ci, j’ordonne à mes amis de s‘en faire un civet. Alors elle fit un signe au chef, tout en passant explicitement sa propre langue entre ses lèvres et son doigt sous sa gorge.

 

 Aussitôt dégagé du roncier, sans lui laisser le temps de pigner, un Onkulé lui planta donc son épieu au travers du corps et d’autres s’attablèrent autour, à même le sol, pour commencer à le dévorer cru :

 

– Une livatte ne lauvem lienré, mais lienré ne lauvem une lentrecotequème.

 

– C'est liembas laivras, voui. Ah lercimuche, nous laussipuche, s'il vous laiplatte liembas, latrequas lanchetroques lètrems linefics de lambonjem.

 

Alors qu’il avait mis à bas sa lourde épée, Hivalanoué était outré, Belbit saisi d’effroi, Mirlen entré dans une profonde expectative, mais chacun détourna le regard de l’horrible spectacle offert par le manchot violemment dépecé. Puis, sans plus se soucier d’eux, le reste des Onkulés s’installa à côté pour se faire pareillement un odieux festin de leurs nombreux confrères tombés dans la bataille.

 


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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:02:49
n°41284692
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-03-2015 à 18:08:34  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 45.

 

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Puisque l’existence n’est qu’une chaîne aux maillons soudés par le hasard, par raison de la loi des séries, l’avion transportant les parents de Lilian sombra dans le Pacifique trois jours plus tard, sans faire de survivant. La boîte noire de l’appareil conclut à une prise excessive de cocaïne de la part de ses pilotes. Quand aux suites de son coup de fil reçu par Jeanne Hachette, lorsque Mensinq arriva sur les lieux de la tragédie, le camping était en effeverscence. Le gardien faisait le paon devant les journalistes, clamant qu’il avait bien trouvé ses nouveaux pensionnaires plus que louches, mais que chacun était libre de se déguiser en bonne femme, après tout. Dans les lueurs sporadiques et bleutées lâchées par les ambulances garées au milieu des caravanes, le commissaire traçait le portrait d’un viking triomphant sur le champ de bataille, le visage creusé par ses nuits occupées à traquer Jhonny Alité. Enfin, c’était sans doute ce qu’il pensait, mais il avait en fait juste l’air d’un Suisse moustachu et fatigué, absolument basique. Par-dessus la rubalise jaune et noir qui isolait la scène tragique, il contempla un instant le cadavre de Jeanne enfermé dans son cocon de plastique blanc, puis celui de Jhonny en robe gitane, et le policier s’étonna de découvrir son amnésique en surprenant travelo rom. Fringué dans le même genre, Lilian était très mal en point, mais toujours vivant. On le transféra en urgence vers la clinique Saint-Bernard, laquelle venait tout juste de rouvrir ses portes. Alors qu’elle plongeait la fatale boite vide de médocs dans un sachet transparent, Edith Plon trouva le gosse mignon, Mensinq n’avait pas d’avis là-dessus. Lui, ça l’agaçait de voir Halrequin aussi efficacement protégé par les laboratoires. Il l’aurait bien condamné à du ferme, ça l’aurait fait bander. Malgré tout, il lui restait tout de même pour se consoler le cousin caravanier, le dénommé Albert Demonac, lequel pouvait sans doute  lui permettre de s’aiguiser un peu les dents. Il monta dans la caravane, laquelle mélangeait les odeurs du parfum de Jeanne et le dégueulis et où régnait un sérieux souk. Il loucha machinalement sur la dernière lecture de Lilian, She gets up in the morning, puis il referma la porte, dont il fourra la petite clef dorée au fond de sa poche, en se lissant les bacchantes.

 

Au bloc 02 de la clinique, c’était la guerre pour tenter de sauver Lilian. Sans compter son empoisonnement, le jeune garçon souffrait de multiples fractures après avoir été brancardé n’importe comment. Les urgentistes s'employaient d’ailleurs activement dans le hall à réparer rapidement la roulette défaillante de leur civière. Ils devaient le faire eux-mêmes sur ordre du docteur Jason, toujours soucieux de viser une stratégie de prix faibles, en raison du coût du travail qui comptait en général pour 75% de toute facture hospitalière. La secrétaire essouflée arriva enfin avec le formulaire signé du médecin traitant de Lilian, sorte d'entente préalable du service de santé Américain, auquel la clinique Saint Bernard enverrait ensuite la facture, pour éviter les impayés. Elle tendit le document à Jason qui le fourra tout de suite dans sa poche, après une rapide vérification, puis il déclara à ses infirmières que l’opération pouvait débuter. Quittant les coulisses pour l’événement de cette rentée, Gwendoline et Babette s’affairèrent alors autour du pauvre Lilian qui leur faisait un come-back navrant. Jason cracha par terre, pour jouer la chance. Il pesta contre la médecine moderne et sa débauche de papiers, mais l’urgence consistait pour lui à ouvrir l’opéré en grand afin d’en faire une édifiante vidéo à l’usage de ses collègues Nippons. Il se cultivait constamment en parcourant le monde, au gré des conférences internationales, miné par le jet lag. Les laboratoires lui offraient souvent ces séjours tous frais payés, avec 2 h de colloque pour des voyages de 30 jours dans les endroits les plus riches du monde. Ainsi avait-il visité la Californie, l’Australie, le Japon, autant de coins menacés par les épidémies et la malnutrition. Jason Halrequin savait donc que les Japonais sont des gens à rituel. C’est pourquoi, après avoir demandé à Babette de mettre la caméra en route, il se serra un foulard blanc sur les cheveux et troqua son scalpel pour un sabre court, le Wakizashi. Enfin, il adressa un clin d’œil aux infirmières, dont il avait exigé auparavant qu’elles se costument en geishas :

 

–  Vous savez comment une blonde fait de la lumière après avoir tiré un coup ?

 

–  Non docteur.

 

–  Elle ouvre la portière de la bagnole.

 

Et puis il engagea le seppuku en incisant sous le nombril largement, ça servait à rien, mais l’effet était suffisamment visuel pour produire un film honorable. Les filles avaient repris leur sérieux. Gwendoline s’était aspergée d’une rivière de parfum pour contrer l’odeur de l’éther et des viscères, et Babette essayait de ne pas trop la subir. Jason avait constamment besoin de toucher le malade pour mieux voir, et les deux femmes lui faisaient une confiance extrême. Jason remarqua au passage une malformation artérioveineuse, avec le regret de n’avoir pas le temps de bombarder le truc aux rayons gamma. A l’intention de ses collègues du soleil levant, il fit néanmoins un gros zoom sur le phénomène. Le muscle cardiaque de Lialian se mit à trembler de façon rapide et anarchique, Jason ordonna une pause ventriculaire, mais l’érosion gagnait rapidement un quart des côtes du patient, ce qui devrait au Japon alimenter aussitôt un club de réflexion, car là-bas comme ailleurs, les armes thérapeutiques ne cessaient de progresser. Les tissus sains avaient l’air nocifs, ils constituaient une indication prioritaire à être inopérables. En sueur, Gwendoline dissipait son énergie sous forme de chaleur et Babette brûlait de même comme un fumeur. Toutes les deux avaient à cet instant grandement besoin de l’oxygène et des nutriments apportés par leur sang. Jason écrivait pensivement son prochain article pour son article de Nature Medecine, et puis il constata brusquement l’absence totale chez Lilian d’IKDC, ces cellules dendritiques tueuses. L’immunité non garantie fragilisait ses capacités physiologiques en éteignant tout espoir de guérison. Il mesura avec effroi la rigidité des artères, jeta un œil soucieux sur le moniteur chargé d’analyser les gaz expirés. Le médicament en excès avait endommagé d’une manière irréversible les cellules de l’épithélium dans l’estomac, comme il le montra d’un geste fataliste à ses assistantes. Les globules rouges virent leur espérance de vie passer de quatre mois à trente secondes, avec en filigrane, l’agonie rapide de Lilian. Délaissant le pauvre corps inerte, Jason se laissa choir sur une chaise et accepta la cigarette tendue par Babette.

 

– Vous avez fait de votre mieux, docteur, mais vous savez bien que les malades adorent votre clinique.

 

– J’espère que l’enseignement, au Japon, ne souffrira pas de cet échec.

 

Il n’y avait plus rien à faire, le pauvre gosse était décédé. Les infirmières éteignirent un après l’autre les mécanismes et recouvrirent le visage déjà cyanosé du jeune homme. Puis elle laissèrent Jason seul, pour le laisser dignement s’imprégner de la sérénité du lieu. Après un tour rapide à la cafétaria, elles se rendirent à la morgue afin de rendre une dernière visite à Jeanne Hachette. Le corps de leur ancienne collègue était d’une pâleur de lait, entaché ça et là de sombres marbrures post-mortem. Gwen posa sa main sur l’orteil qui s’offrait à elle :

 

– T’as vu, on dirait blanche neige.

 

– Ouais. Certaines mortes devraient avoir droit à des séances d’UV.

 

– T’es dure.

 

Elle firent leur adieu à l’aide soignante, en adressant chacune un signe de la main amical au nouveau gardien des lieux. Il ne plaisantait pas avec sa fonction, celui-là, histoire de faire oublier à tous le regrettable épisode du nécrophile Tom de Larousse, et il n’appelait jamais ses pensionnaires des clients, mais des usagers. Une mouche inopportune se posa sur le drap qui recouvrait Jeanne. Alors, tout en disant au-revoir aux femmes, il se précipita muni d’une bombe insecticide pour procéder dans la pièce à une aspersion rapide.

 

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bon dimanche à tous, pour ce qu'il en reste.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:07:47
n°41349656
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-03-2015 à 09:12:15  profilanswer
 

Le congélateur muséographique

 

Aujourd'hui : Russel Sambrook - almost got it.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Elle encage sa rivale.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Découverte d'un pénis préhistorique.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:17:47
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-03-2015 à 15:33:41  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 27.

 

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Le bateau était pourtant d’une témérité admirable mais fort coûteuse. C’était une barque au profil acéré, qui se promettait pleine de noblesse nerveuse, au grand naos central couvert de bois et déjà en partie décoré. De là s’élançait l’impressionnante mâture, destinée à supporter la lourde voile rectangulaire. Un bel homme grimpa justement la passerelle pour venir les rejoindre, individu plein de prestance que Pubi Senfouyî présenta à la reine comme étant Isléfet, le moniteur de voile. Lorsque Néefiertarée lui donna par protocole sa main à baiser, elle ne fut pas sans remarquer la déformation qui eut lieu à l’intérieur de son petit pagne de coton blanc. Elle décida aussitôt de faire de ce splendide éphèbe à la parole d’or son audioguide personnel jusqu’à la fin de la visite. Compte tenu de leur état sanitaire précaire, les ouvriers continuaient d’alerter les secours. Comme ils balisaient tous leurs trajets, on construisit à la hâte des ponts pour sécuriser les accès. Isléfet éveillait chez la reine, mais également chez sa jeune esclave Jésentilpèla, une sorte de curiosité mêlée d’instinct animal. C’était un homme sportif et musclé aux cheveux courts, portant beau sa génération, certainement un peu solitaire mais vraiment pas sauvage et facile à apprivoiser. Il disposait d’une solide expérience en tant que moniteur de voile, et cela devait lui permettre de trouver un emploi sur toutes les rives du Nil, quoi qu’il arrive. Il disait d’ailleurs avoir déjà écumé de nombreux Clubs Méditerranée. Qu’il y est un pont de bateau sous leurs pieds ne changerait d’ailleurs certainement pas leur perception. Comment pouvait-on incarner tant de force et d‘esthétique ? Les femmes étaient intimidées, et sa voix virile les charma immédiatement lorsqu’il s’adressa à la reine :

 

– Vois, ô pharaonne, car toi seule es pure et vierge ! la construction de cette flotte donnera un grand coup de pouce à ta notoriété et devrait épater nos clients internationaux, tout en défigurant un paysage côtier exceptionnel.

 

– Pure et vierge, pure et vierge, faut pas trop charrier quand même. Est-ce que tu accepterais de venir poser dans le jardin de mon palais, pour les peintres qui tracent mes fresques ? Elle avait parlé ainsi dans l’urgence d’un défi qu‘elle sentait nécessaire.

 

– Faut voir. Il se voulait sujet libre et conscient, mais l’expérience sensible qui s’agitait au fond de son pagne en agitation perpétuelle méritait une franche approbation, bien qu‘il ne soit pas le genre de mec à coucher le premier soir. C’est d’accord, entendu.

 

– Viens demain pour le thé, dans ce cas. Elle ajouta un clin d’œil à l’intention de Jésentilpèla, laquelle adressa vivement un sourire en guise d’approbation, avec peut-être la crainte sourde de posséder pour sa part un vagin trop serré.

 

Ensuite, en le suivant pour continuer la visite du chantier, Pubi Senfouyî remarqua qu’elles balançaient davantage leurs hanches en marchant. Elles se trouvaient en face de leur guide sous le coup d’une violente bouffée d’oestrogènes, comme si elles étaient devant cet homme devenues violemment fécondables, et Isléfet captait mine de rien parfaitement ces brusques lâchés de phéromones. Il était parfaitement clair, en ce qui concernait le chef de chantier, que lorsque ce gars là se présenterait au palais, ça signifierait sans nul doute une méga fête sous la couette. Cette haute réflexion ouvrit son imagination à la contingence des choses et lui donna bigrement soif. Chaque buveur est ainsi constamment le jouet d’expériences sensibles, toujours bonnes à boire. Ils arrivèrent ensuite dans un espace de manutention destiné aux lourdes charges, où l’on s’occupait également à draguer des sédiments pour adapter le futur port au tirant d’eau des navires en construction. Dans ce chantier d’envergure certains nubiens, ni libres ni esclaves, travaillaient dans une clandestinité totale, au gré des arrêts et des mutations des travailleurs réguliers. L’armée de Merdenkorinnanâr s’efforçait d’apporter dans chaque recoin un semblant de discipline, tout en surveillant les porteurs de bois à bonne distance, par crainte d‘une contagion de leur colique. Ces soldats subissaient l’influence des boissons fermentées et avaient bien du mérite, n’étant plus payés en raison des frasques de Ramassidkouch ; lequel s’occupait plus que jamais à ruiner tranquillement le pays du fond de son palais Thébain. Bientôt, écoutant les explications prodiguées par Pubi Senfouyî et Isléfet, le chantier naval n’eut plus aucun secret pour ses visiteuses éblouies.

 

Elles s’apprêtaient à sortir de cet endroit grandiose et unique en passant par les bureaux, lorsqu’une grosse poutre se détacha de son câble pour s’écraser au sol, touchant Pubi Senfouyî à la tête et manquant de peu Néefiertarée qui marchait à son côté. Quelques ouvriers offrirent à l’accident leurs fioles sournoises, produisant une envie de partage que les soldats réprimèrent à coups de flèches. D’autres périrent noyés, histoire de les faire méditer, pendant qu’une énorme agitation régnait au sein du chantier. Isléfet avait courageusement fait rempart de son corps autour de la reine pour la protéger, une demi-heure plus tard, il l’enlaçait toujours, quand elle lui demanda de bien vouloir la lâcher. On posa Pubi Senfouyî sur une civière pour l’emporter plus loin et lui prodiguer les premiers soins. Cet accident se révélait mystérieux, car le câble venait de se rompre sans raison, puis on découvrit qu’il avait été proprement scié, provoquant l’atterrissage surprise du lourd madrier. Cela signait sans aucun doute un attentat, projet meurtrier qui plongeait une nouvelle fois Néefiertarée dans un univers de danger en la faisant redoubler de méfiance. Alors qu’elle rentrait en urgence au palais, en exigeant à ses côtés la présence d’Isléfet, même les remous et les reflets du Nil lui semblaient suspects. Par la fenêtre de la litière, les scènes de plein air au bord de l’eau qu’elle apercevaient lui donnèrent la nausée. Splendidement torturée, elle se consola en se serrant plus près du moniteur de voile, ce sportif élégant que Jésentilpetla convoitait également sans se gêner. En proie à une sorte d’obsession érotique, malgré sa frayeur, la pharaonne ordonna à la jeune fille de descendre de la litière pour continuer à pied, au grand dam de celle-ci. Ventre à terre, Jèpéess criait l’alarme en roulant sa litière sur les bêtes à poil, à plumes et à coquille qu’elle rencontrait, afin d’arriver plus vite dans la maison royale de Tépafou. Le convoi à carburateur quadruple corps pétaradait et soulevait des nuages de poussière, éclaboussant les passants terrorisés par des gerbes de boue, ce qui les faisait gerber debout. Avec deux passagers à bord et en utilisant à fond les intermédiaires, la litière tressautant sur ses suspensions à cuisses sèches et sautillantes atteignit 15 km/h en 2 s 6/10. Quand à Merdenkorinnanâr, il tâchait de mettre au mieux un semblant d’ordre dans le bordel ambiant que venait de provoquer l‘odieux sabotage. Il louait Amon Râ pour la masse musculaire, la pilosité, la carrure et la taille des mains de ses soldats occupés à calmer ces serpents d’ouvriers. Aucun cependant n’avouait ou s’accusait du crime, quand bien même leurs os n’étaient plus attachés par de la chair. Reste que Pubi Senfouyî était gravement blessé et que son Altesse Royale venait une fois encore de l’échapper belle.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:15:18
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-03-2015 à 16:38:53  profilanswer
 

Faudrait que j'arrête, bien entendu, hélas, c'est positivement impossible.

 

Salon littéraire :

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 48.

 

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Le cœur serré par le manque de sa mie qu’il s’imaginait déjà offerte aux trucquoises du bourreau de Mouyse, le grand vizir Baristan Lakeu débarqua de la Rondelle comme mort vivant. Oui, se disait-il en longeant les quais bondés pour rejoindre le château de Fion, Kramouille infecte savamment les plaies qu’elle ne peut guérir. Vazy Métoian l’avait engigné par grande coquefabue et il se retrouvait désormais célibataire forcé, avec l’obligation d’utiliser sa main gauche et d’emberlucoquer au plus vite la reine Amanda pour sauver Marie. Son capuchon relevé, il erra dans la ville sous un vent d’orage, peu pressé de retrouver ses appartements. Dans les rues régnait un apparent climat de sérénité et de paix sociale qui contrastait avec les horreurs constatées à Mouyse. Mais il savait que le peuple chuchotait, noyé dans de dangereuses cordelles, car il se disait qu’Amanda Blair n’avait plus cœur à gouverner, et que les affaires du royaume s’en ressentaient. Le prix du beurre avait d’ailleurs fort augmenté. Rien n’allait plus comme avant, depuis que la reine s’était fait laronner sa jouissance. Des bandes de maroufles rôdaient impunies dans les campagnes, et les voyageurs de commerce craignaient à chaque carrefour isolé quelque malencontre, prompte à les égorger de grands fauchons. La menuaille crachait au pied des baronnets, et nul ne pouvait dire combien de temps encore Amanda règnerait. Au cœur des sombres tavernes, chacun faisait bouffon pour se desengler d’elle, comme pu le constater le seigneur Baristan, en allant boire une bière et s‘avaler un bon bol de bouillie.

 

Il était accablé par la tournure des évènements, indifférent à la fébrile activité des ruelles alentours. Mais il n’avait pas le droit de baisser les bras, sous peine de voir périr sa mie ou de se voir lui-même empaler. Fuyant devant ses pas, de petits oiseaux bruns picoraient le crottin des chevaux, que ne suffisait-il qu’il mange aussi de la merde pour apaiser sa faim ? Une musique bien construite s’envola d’une fenêtre, accompagnée de chœurs et de violons, probablement pour faire danser toute une famille qui mariait sa fille. Baristan les aurait volontiers condamner pour ce crime, car sa femme gisait quand à elle piteusement derrière de lourds barreaux. Et puis il hâta son pas, ces gueux manquaient par trop d’idéal. Un charpentier occupé à corroyer son bois lui fit signe de la main, car il venait de le reconnaître, Baristan lui rendit son salut nerveusement. C’est vrai qu’il était toujours leur grand vizir, il en portait d’ailleurs la grande écharpe bleue frappée de ses symboles. Mais sérieusement, il était bien inquiet pour l’avenir, car Mouyse et Fion ne seraient plus longtemps séparés par une frontière imperméable. Peu à peu suintait dans le Fion la fin des illusions, Vazy Métoian étendait sa main de fer sur l’Hyperbourrée, et tout le Minouland basculerait bientôt sous son pouvoir. Sans compter qu’il avait sporadiquement l’appui des tribus Zgomatix. Alors ce n‘est pas Kramouille, laquelle vint au monde soi-disant toute habillée, qui viendrait le sauver, lui, le traître Baristan Lakeu. De jeunes garçons le bousculèrent, aussi bruyants et turbulents que de jeunes gorets, sans lui montrer le moindre respect. Il les tança vertement. Les enfants de Fion se conduisaient déjà comme des coureurs des bois.

 

Amanda sortit de son lit, d’où se levèrent également deux ou trois chevaliers, car elle ne s‘embêtait plus à les énumérer. Bien qu’ils aient joué sans compter de leurs tétées, ils n’avaient point réussi à la faire vaciller, ni à débroussailler joyeusement l’entrée de son terrier. Elle les chassa comme maman en grognant pour rester seule, tout en sachant que d’autres attendaient dans le couloir, où ils déambulaient à la queue leu leu, encadrés sévèrement par ses gardes du corps. Elle passa sa jolie robe toute mouchetée d’hermine en étirant ses membres grêles, ni réchauffés, ni revigorés. Son œil humide lâcha trois larmes, car elle savait très bien ce qui se tramait dans sa ville en secret. On la disait à présent incapable de régner, tremblotante sur son trône, car personne ne parvenait plus à réchauffer sa couche. Les pires commentaires lui prêtaient des mamelles qui pendaient sur son ventre, où il faisait si froid. On l’appelait par méchanceté la reine des neiges. Chacun au palais commentait en riant son attitude distante et ses silences gênés, et de moins en moins de costauds venaient à elle pour servir de cobayes, quand bien même elle promettait couronne aux plus emportés. Leur courage et leur frénésie ne faisaient en réalité que décupler sa peur. Elle n’avait plus d’informations valables concernant la communauté qui devait la sauver, alors elle en faisait son deuil, ne sachant pas combien de temps encore elle pourrait gouverner son pays. Non, il n’existait sans doute pas d’antidote idéal pour contrer son malheur. Elle alla sur son balcon qui surplombait la gigantesque porte d’entrée de son château percée dans la muraille. Autrefois, ses sujets l’auraient ovationnée, mais ils vaquaient à présent dans la ville en grande indifférence. Elle eut quelques secondes l’idée de faire pleuvoir sur leurs têtes une brassée de fourches, mais dans son beau château, elle se sentait en fait enfermée comme en cage. Et puis tout ce qu’elle demandait serait de dormir seule à sa prochaine nuit, comme si elle aurait suffisamment à rêver pour un siècle. Baristan heurta l’huis, elle commanda d’entrer.

 

– Ah mon vizir, vous voilà donc enfin, mais vous avez la tête à me faire peur. Je ne vois point Marie ?

 

– Elle est hélas restée alitée en mes terres, atteinte de graviolle, j’aurais sans doute un peu choppé de sa misère.

 

– Vous fûtes bien longtemps absent.

 

– J’avais à diriger mes plantations de poireaux.

 

– J’espère que vous n’êtes point atteint, la graviolle besonante apporte parfois canarde en la maison. Désirez-vous mes médecins pour qu’ils aillent la soigner ?

 

– Point ne sera nécessaire, majesté, je l’ai quittée en voie de guérison.

 

– Sire Baristan, la honte me guette, n’est-il point vrai ? ne peut-on encore sauver la cour de son chagrin ? Il y a dans mes campagnes brigandages et bandits de grands chemins. On me dit que l’empaleur de Kiess règne désormais à Mouyse, le croyez-vous dangereux ?

 

Baristan sentit un frisson lui parcourir l’échine. Il regarda par la fenêtre et se servit du vin pour gagner du temps.

 

– Certes, il fait subir autour de cette ville une garde douloureuse, si l’on en croit les marins qui croisent sur la mer de Cybrine, mais vous n’avez rien à craindre de lui, vos armées veillent à vous. Il avala son vin cul sec, n’osant point mirer Amanda dans les yeux, tellement il se savait déloyal. Votre château lui-même est crénelé de ses bons murs.

 

– On le dit nouvellement allié à une sorceresse. Voilà qui ne jette pas un œil attendri sur mon royaume. Une guerre contre Vazy aurait pourtant pour moi de funestes conséquences.

 

Longtemps, Baristan regarda son verre vide comme si de rien n’était et dehors, il se mit à pleuvoir très fort.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:23:54
n°41374218
talbazar
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Posté le 16-03-2015 à 21:33:03  profilanswer
 

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Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 66.

 

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Deux heures après cette charmante réunion, Brown reçut de la part de Ricardo confirmation des deux châtiments définitifs qu‘il venait d‘ordonner. Le Pastaga en pleine forme faisait diligence, sans doute pour mieux faire oublier le fait d’avoir laissé Jim en vie. Dans leur chambre spacieuse du Triangle d’Or, Beau venait de faire fougueusement l’amour avec Mala, et pourtant le dessus de lit était bizarrement à peine dérangé. Comme presque à chaque fois, son amant joua lentement du doigt sur l’un des tatouages de la belle, puis se lança dans la contemplation de ses ravissants seins de gamine, alors qu’elle possédait la trentaine achevée. Ses auréoles étaient minuscules, mais ses petits tétons semblaient toujours très durs. Son sexe n’était jamais totalement rasé et s’ornait d’une mignonne pilosité brune, savamment maitrisée. Il s’en voulait d’être asservi par la beauté mystérieuse de cette femme, qui dans un sens lui échappait. Mais bon, il n’allait pas rester célibataire sous son propre toit, quand même. Rien que l’émeraude du Grand Mongol qu’il lui avait offerte lui faisait déjà une sérieuse garantie financière, mais Mala l’avait accepté avec l’air de s’en foutre éperdument. Seulement voilà, elle était d’une noblesse de pensée rare et sa nudité frisait le divin, il en avait la preuve, là, maintenant, juste devant ses yeux. Séduisante en diable, la vénus en sueur lui tourna le dos pour saisir une cigarette, piochée dans le paquet posé sur la table de chevet, puis elle repris sa position allongée. D’une bouffée plus appuyée, elle envoya en pinçant les lèvres un mince faisceau de fumée en direction du plafond :  

 

– Qu’est-ce que tu comptes faire de la petite ?

 

– En dépit du nombre incroyable de flics qu’elle a dessoudé, le pape croit encore à sa rédemption, il fait une affaire personnelle de récupérer la rondelle sacrée avant les services spéciaux du Gurukislapet, histoire de se faire un brin de pub. Le Vatican est même prêt à payer une rançon exorbitante, bien plus élevée que celle promise par la nouvelle présidence du pays d’origine de la princesse, qui d‘ailleurs la préfère morte. C’est ce qu’avait flairé le guru Alphonse-Jean-Justin de Saint Exupéry, plutôt fortiche en affaires, ce gars-là. Un malin aux visions messianiques certainement trop tôt disparu et pas le genre à se contenter d‘un troupeau de deux vaches au milieu de son champ. Surtout, il nous faut garder un secret absolu, ce privé de Marlou colle sévèrement au train de la gosse.

 

– Et si ça marche pas ?

 

– Ben cette Ewij est prodigieusement dangereuse et bonne à rien, surtout pas à rejoindre les filles du Reichstag. Sa rentabilité vivante est donc nulle, mais je pourrais toujours négocier le rapatriement de ses restes avec la présidente Géraldine Kidor. Plutôt cher, crois-moi. D’une manière ou d’une autre, tu vois, je la ferais fructifier.

 

Mala écrasa nerveusement son mégot au fond du cendrier, sans rien ajouter. Prinz avait montré sa grosse gueule en la posant sur le bord du lit.

 

– Jawohl ! j’en ferais même mon affaire, si tu veux, ce jour-là. Pas besoin de déranger la Wehrmacht.

 

– Bien sûr mon gars, je le sais bien.

 

 Mala gratta un peu durement la tête du berger Allemand, entre ses grandes oreilles relevées.

 

– On t’as rien demandé, Prinz, mêle-toi de tes oignons.

 

– Du hast furchtbare laune, Mala. Enfin, bon, t’as pas toujours pensé comme ça. Il bailla sur des crocs immenses et jaunes. Son mufle humide était aussi luisant et noir que le canon d’un colt et ses deux yeux avaient la brillance d‘un cuivre de balles.

 

Le téléphone de Beau s’éveilla, celui-ci écouta en serrant les dents une nouvelle qui sembla prodigieusement l’énerver. Puis il coupa la communication sans regarder Mala, mais il lui fit part de ce qu’il venait d’apprendre :

 

– On vient de buter Jessyca et Momo.

 

Jessyca et Momo, c’était le petit couple phare de la jeune Startup développée par Beau sur le Web, un site spécialisé dans la branlette des gogos par cam. Une blondinette anorexique appariée avec un beau gars du bled. Un type venait de s’introduire dans la pièce minuscule qui leur servait de bureau, ou d’atelier, comme on veut, et leur avait collé à chacun une balle dans la tête en direct au moment du final de leur show. La vision avait être due être un peu dure à avaler pour les clients qui détenaient encore du crédit, avec ce bon gros jet d’hémoglobine arrivant sur leurs écrans en guise d‘orgasme à la vente. En tout cas, le folklore du clavier, pour les deux tourtereaux, ça s‘arrêtait là. Des artisans experts, pourtant, et qui rapportaient pas mal. Morts en baisant, ouais, mais c’était sans doute signé le Jim Delacotte, cette sale forfaiture, et encore un degré de plus qu’il venait de franchir vers sa fin. Prinz sauta sur le lit sans prévenir, Beau lui flanqua un méchant coup de poing pour le faire descendre en le traitant de sale con de nazi, l’autre s’exécuta aussitôt et se le tint pour dit.

 

– Arrête, Beau, il veut juste me lécher.

 

– Justement.

 

Au comble de sa colère, Beau marcha rapidement vers la porte après avoir rajouté en douce un coup de pied à Prinz.  

 


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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:24:21
n°41398373
talbazar
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Posté le 18-03-2015 à 20:47:58  profilanswer
 

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Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 46.

 

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Le docteur Halrequin profitait d’un temps, plus mort que le client de la 120 en phase d’agonie, pour finir le test de personnalité de « Marie-Chantal », la revue pour dames que lui avait refilé Gwendo. Au final, il s’avérait qu’il était plus Adolf Hitler que Mahatma Ghandi, plus Beatles que Rolling Stones, plus Tintin qu’Astérix, plus couette que draps, plus fromage que tarte au pommes, plus champagne que vin rouge et plus essence que diesel. Et puis il balança le magazine dans sa poubelle de bureau, pour enfin se concentrer sur la pile des CV envoyés par les candidates au poste laissé vacant par Jeanne. Deux critères essentiels ne pourraient cependant être validés qu’au cours d’un entretien, à savoir l’absence de tic facial et le port d’une culotte. Un premier tri sur photo condamna les moustachues, les myopes et les sujets âgés. Puis il  filtra en négatif les diplômées d’Harvard ou de Berkley University. Avec soin, il vérifia dans la lumière de sa fenêtre les documents filigranés, ce qui signait trop de prétention, élimina les boxeuses et les championnes de golf, les exigences de salaire à trois zéros, étant seul juge de cette donne, pour finalement ne garder en main qu’un seul feuillet, dont la photo l’attirait comme un véritable aimant. Une belle rousse à cheveux au sourire magnétique, prénom Cassandra, nom L’Harmattan, 28 ans, titulaire de CAP et passionnée de bonzaïs, ancienne miss locale d‘un village de la Suisse alémanique, skieuse, motivée à soulager les souffrances des communautés les plus isolées et les plus vulnérables du canton. Elle se montrait disponible pour travailler à domicile dans le cadre d‘une prévention des escarres, de préférence dans un secteur d’activité lié aux sanitaires. Capable d’aider à la prise de gouttes lors d’une crise de goutte et d’appeler les pompiers en cas de pépins. Elle acceptait une amplitude horaire de 24 h sur 24, écrivait savoir faire un lit et les nœuds de cravate. Elle connaissait même l’usage d’un bloc opératoire. Après sa lecture en diagonale, Jason était enthousiaste, restait à la convoquer. Il composa donc le numéro de téléphone de cette Cassandra L’Harmattan, agréablement surpris de constater qu’elle campait déjà dans le hall de la clinique depuis l’avant-veille.

 

L’agent d’acceuil la dirigea vers le bureau de Jason, avant qu’elle ne frappe poliment à la porte. Lorsqu’il la vit, le docteur Halrequin comprit qu’il ne devait pas pousser sa recherche plus en avant. Elle était visiblement la femme de la situation. Il l’invita à s’asseoir en lui intimant de faire comme chez elle. Fort heureusement, pas de chapeau rigolo. En revanche, Cassandra portait un délicieux pull-blouson en cachemire, très féminisé, sur un tee-shirt bio agrémenté d’un foulard Krama Cambodgien qui sentait bon le vide grenier. Lorsqu‘elle prit place sur sa chaise, son interlocuteur remarqua en connaisseur qu’elle contractait correctement chacun de ses muscles. Ses jambes interminables mises en valeur par un épilateur électrique descendaient d’une jupe aussi légère qu’une plume et ses astuces de maquillage fleuraient bon la débrouille. Jason fit tomber son stylo. Elle satisfaisait au critère lingerie. Sa chevelure flamboyante sentait merveilleusement l’eau d’eucalyptus et son petit nez charmant lui garantissait un atout charme certain. Elle battit brièvement des cils, dont un mascara en augmentait le volume de 327 % et ses belles prunelles jades offraient comme un cadeau leur note de séduction irrésistible. Comme elle n’arrêtait pas de sourire franchement en plissant ses bonnes joues roses, d’un sourire normal qui n’avait rien de commun avec la désolante pathologie incontrôlée de Jeanne, Jason inspira derrière son bureau, puis, à l’expiration, il serra ses muscles abdominaux en rentrant son ventre au maximum, dix fois de suite. Il fit rapidement tournoyer une balle golf dans sa main pour enlever son stress, tout en cherchant un temps la position la moins traumatisante pour son petit robinet. Il souffla enfin et la chaleur de son corps se diffusa mieux.

 

– On mange en général à onze heures et je vous donnerai vos horaires définitifs demain.

 

Cassandra rangea le nounours porte-bonheur, baptisé Yop, qu’elle avait posé sur le bureau pour lui porter chance, légère et comme libérée d’un poids intérieur. Elle tira les bras en arrière vers les omoplates, ce qui mit en valeur des seins d’un volume agréable aussi fermes qu’une paire de pétanque. Jason limita le mieux possible la formation de bulles dans son sang pour éviter tout accident de décompression. Il s’inquiéta quelques secondes des vibrations supportées par son bras gauche et admira avec un frisson délicieux la sensualité et la virtuosité que mit Cassandra pour signer son contrat d’embauche. Elle parlait ce faisant d’une manière irréelle de sa vocation professionnelle. Comme elle avait terminé, Jason précisa qu’elle pouvait garder le stylo, qui n’était qu’en or. Elle le remercia en éludant tout suspens analytique. Sa bouche s’entrouvrit d’une façon remarquable sur une voix qui chantait la moindre phrase :

 

– Le parc de votre clinique est très beau, il croule de roses et de bonheur.

 

– Je comptais justement y planter des bonzaïs, j’aurais certainement besoin de vos conseils. Mais ma priorité serait que vous m’aidiez à préparer la nouvelle exposition payante d’échographies artistiques que je projette d’installer dans le hall d’entrée de la clinique.

 

– Mais bien entendu, je suis à vos ordres, docteur Jason.

 

Sur un seul clignement d’œil, cette nouvelle aide-soignante effaça le souvenir de Jeanne. Il avait une envie soudaine de la mordiller, de la chatouiller, dans un état de plénitude cérébrale qui lui donnait le désir de discuter encore des heures avec elle. Elle se leva cependant en lui serrant la main sur un toucher soyeux. Ses yeux lumineux continuaient d’envoyer de riches variations de verts :

 

– Voilà une demi-heure qu’il est en train sonner, pardonnez-moi, docteur Jason, mais vous ne répondez jamais au téléphone ?

 

– Oui bien sûr. A demain, alors. Bien entendu, côté tarif, vous aurez tout le temps nécessaire pour régler le montant forfaitaire lié à votre embauche parmi nous, ce qui comprend l’étude de votre projet par moi-même, plus une commission de 6 % à déduire de votre prochain salaire pour l‘acquisition du poste.
 
 Toute intégration dans une nouvelle équipe demande un temps d’adaptation. Le lendemain, lorsque Cassandra entra pour se changer dans le vestiaire, Babette et Gwendoline optèrent justement d’emblée, sans se concerter, pour une stratégie de silence soupçonneux, face à cette nouvelle recrue considérée par elles dangereusement affublée d’une scandaleuse beauté.

 

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Message édité par talbazar le 18-03-2015 à 21:10:17
n°41410310
talbazar
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Posté le 19-03-2015 à 20:31:49  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 67.

 

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L’Impérator, c’était Albert de Musette, l’avocat de Beau Brown, celui qui se chargeait de distribuer ou de faire appliquer non-lieux, amnisties ou acquittements à Beau et à sa bande, lorsque le commissaire Boudin n’avait pu étouffer les tracas judiciaires en amont. Sa came habituelle, c’était en général pots-de-vin, proxénétisme aggravé en réunion, complicités d'escroqueries, homicides volontaires, recel, trafic d'influence, détournement de fonds publics, trafic de stups, violences volontaires ayant entraîné la mort avec arme et bien d’autres affaires qui lui remplissaient grassement les fouilles. Là-dessus, il était peinard pour au moins trois vies, dans un monde basé sur la manipulation. Son petit secret, en réalité, résidait dans le fait de bien connaître ceux des bonnes personnalités politiques. Il avait pour ce faire un formidable réseau d’informateurs fiables et zélés, qu’il fallait naturellement arroser abondamment à leur tour. Enquêtes molles et alibis salvateurs, ensuite hasta la vista, baby. Il avait bien des fois dépanné Gino La Soudure en son temps, mais aujourd‘hui, il ne bossait que pour Brown, parce que ça faisait expressément partie de son contrat. Actuellement, il essayait de faire passer l’explosion de la péniche pour un meurtre fratricide de Jim Delacotte, déjà accusé de l’attentat sur la Porsche de Beau et de la mort de Samed Ben Lasemoul, plus l’incendie volontaire du Lagon Bleu incluant la disparition de Joe di Macho. Restait à lui coller les assassinats de Jessyca et Momo, ce en quoi la vérité était pour une fois au rendez-vous. Pour toutes les polices, ça faisait de l’insaisissable Jim Delacotte leur ennemi public n° 1.
 
 L’Impérator roulait peinard au volant de sa Ferrari 612 Scaglietti, sur une départementale, avec à son côté sa petite amie du moment, Gloria Déo, une fille d’Oran spécialiste de la danse du ventre au Reichstag. Il avait ce jour-là décidé de la savourer allongée dans l’herbe, sous un pommier, une lubie dont Gloria ne trouvait rien à redire. Outre son fric, Albert avait pour elle quelque chose de fascinant. Une vision sans doute influencée par la preuve constante de son talent et son mélange d’humour et de noirceur. Ce type qui naviguait comme un poisson dans l’eau trouble de la magistrature avait le plus haut salaire de la bande et n’était pas l’homme des consensus mous. La cohérence en toute chose formait son cheval de bataille, il était malin et réfléchi. En plus de tout ça il était beau gosse, sans compter qu’avec lui au plumard, un dieu entrait en scène avec une efficacité diabolique. Et puis ce n’était pas comme un client, lui au moins, elle l’avait choisi. Elle savait qu’il adorait fouiller dans son string en tenant son volant de l‘autre main, jusqu’à ce qu’elle tire la sonnette d’alarme, c’est pourquoi elle avait mis de beaux bas mauves aguichants sous sa mini jupe blanche. Bien calée sur le siège moulé, elle le laissa satisfaire un moment son obsession, puis il retira vivement sa paluche, les yeux rivés sur le rétroviseur :

 

– J’ai l’impression qu’on nous suis.

 

– Allez, arrête ta parano, gare toi plutôt, je suis énervée.

 

– Cette bagnole nous colle au train depuis le périphérique. Elle m’a talonné sur la voie express sans jamais doubler, elle a prit la même sortie, traversé ces deux bleds, et elle est toujours derrière, très près, c’est pas clair.

 

– Tu n’as qu’à la semer.

 

Albert accéléra. Sur l’autoroute, il pouvait bombarder, mais sur ces routes de bouseux sinueuses, vitesse n’était pas synonyme de maniabilité, il s’en rendit rapidement compte. L’autre bagnole, d’abord surprise, regagna rapidement du terrain. La Ferrari doubla un camion, la BMW aux vitres noires osa suivre, risquant un choc frontal avec la camionnette qui arrivait en face. Albert et Gloria n’avaient plus aucun doute. L’avocat prit quelques risques sur un virage court :

 

– Dans la boite à gant, s’il te plait.

 

Elle n’eut pas à fouiller pour en retirer un Smith et Wesson Governor. Elle n’avait jamais rien compris à ces trucs, celui-là était lourd, elle le tendit avec un brin d’angoisse à son mec. Il savait le barillet plein de balles, la chose parut le rassurer un peu, il le posa entre ses cuisses et puis la Ferrari mangea l’accotement herbeux, juste un peu, mais suffisamment pour que son cul parte brusquement en crabe. En redressant, elle reprit à toute bringue une trajectoire qu’Albert ne maitrisa pas, avant de retourner dans le décor. Elle glissa longtemps sur le flanc dans le fossé, puis s’arrêta enfin. Gloria avait mangé son cri. Harry Le Chacal au volant de l’autre voiture freina subitement. Jim Delacotte brandissait lui aussi un pétard dans la pogne. L’ancien boxeur Marcel Serre-dents était assis sur le siège arrière, c’est lui qui sortit le premier. Albert le reconnu aussitôt, un ancien type à Gino qu’il avait autrefois tiré de la mouise. Il essaya d’abord d’ouvrir sa portière, puis de tirer, avant de se prendre une balle en pleine gueule de la part de Marcel, éclaboussant d’un seau de sang sa passagère hurlante. Harry l’empoigna par les cheveux pour la dégager de son siège, elle avait débouclé sa ceinture après l’accident, il la fit donc glisser sur le cadavre sans ménagement. Quand elle fut dehors, il demanda à Jim d’ouvrir le capot de la Ferrari, puis il projeta la pauvre Gloria en lui brûlant la joue sur le moteur. Comme elle poussait un cri terrifiant, il rabattit brutalement le capot sur sa nuque. Elle ne bougea plus tellement, car cette fois Marcel aida son pote pour peser de toutes ses forces. Une bagnole se pointa, Jim planté sur la route la braqua de son flingue en la faisant déguerpir à toute allure. Harry avait relevé la jupe de Gloria, il apprécia en connaisseur les bas mauves, le minuscule string blanc et puis il la viola en prenant tout son temps, ensuite, il tira au travers du capot, trouant la tôle plusieurs fois. Marcel relâcha sa poussée, un jet de fumée blanche s’échappait du moteur.

 

– Alors, Jim, on brûle ?

 

– Non, Marcel, on se tire, ça polluerait et moi je protège l’environnement.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:28:02
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Posté le 20-03-2015 à 14:05:27  profilanswer
 

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Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 49.

 

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Engoncée dans ses riches peaux de loutre, ses cheveux blonds tressés plongés dans un beau cache-col en laine bordé de fourrure, fière et princière, Helga fut avec déférence placée sur un travois brêlé de longues branches tiré par quarante Onkulés. Les morceaux de viande non consommés furent soigneusement empaquetés dans des doggy bag en osier, bien à l’abri des chocs physiques et thermiques, pour être précieusement ramenés dans leur village, qu‘ils nommaient Lisneylandem. Quelques cannibales glanaient en souvenir quelques babioles, comme des molaires retrouvées ça et là, afin de les rapporter à ceux qu’ils aimaient. La communauté de la gnôle fut bien obligée de suivre le train des maudits mazeliers. En chemin, certains de ces sauvages n’arrêtèrent pas de tâter les cuisses de Belbit avec gourmandise, d’autres encore s’humectèrent les lèvres en évaluant les biceps des chevaliers Erald et Hivalanoué, tout en agrémentant leurs commentaires de propos incompréhensibles. Mirlen avait bien sombre mine et semblait perdu dans ses pensées. Seigneur William rêvait de les mortir jusqu’au dernier. Tous auraient voulu passer au fil de l’épée ces gros faquins qui mangeaillaient les autres. Belbit colla au giron du magicien :

 

– Foutrekramouille, ces puants biclarels n’auraient donc jamais vu de blondes de leur vie ? et qu’elle est cette jactance qu’ils baragouinent entre eux, vous le savez, vous, maître mage ?
 
– Ce me semble être langue que je croyais morte, nommée dans les vieux textes d’Hyperbourrée l'argonji du louchébem, mais qu’on appelle simplement l’argomuche dans les contrées du Bonanzaza. Il faut croire que cet idiome a perduré jusqu’à aujourd’hui. Je n’en ai hélas point l’entendement.

 

– Dame Helga ne mérite-t-elle pas fessée ?

 

– Elle est prise en délire, de toute évidence, il nous faudra sans doute la faire revenir à la raison.

 

Justement dévorée d’une envie de pause gourmande au féminin, Helga commanda qu’on lui livre les rognons toastés du chevalier Lancebroque, qu’elle dégusta d’une pression des pouces comme un régal instantané, accompagnés de sa bite en mouillette badigeonnée de moutarde et de son foie en gratin individuel, cuit en papillote. William en tourna de l’œil.

 

– Ce manchot de Lancebroque du Lac m’a couillonné, le voilà bien avancé ! Par Kramouille, son gland frit a croquant de meringue, douceur de praline et fondant de dragée. Je l’ai connu cru, mais beau dire, je le préfère cuit. Je vous assure qu’il n’y a rien à redire de la cuisine régionale. Elle fit un signe de main satisfait à ses porteurs, qui lui répondirent de l’éclat de leurs dents.

 

On pénétra dans une longue allée de séquoias pour arriver à Lisneylandem, clos d‘un porche de bois blanchi de neige, sur lequel s‘ébattaient de gentils oiseaux. La découverte du patrimoine Onkulé passa par un parcours muséographique de la boucherie humaine en plein air, aux mouches virulentes. Dominée par une case centrale toute entière dédiée à Helga, la bourgade primitive délivrait un enchevêtrement de ruelles qui regorgeaient de petits restos typiques, déclarés ou non,  où l’on ripaillait du gamin fraichement trucidé. Dans son dénuement sublime, le village faisait figure de capitale branchée, sinon intellectuelle, de ce côté-ci du Mont Velu, puisque les Onkulés en étaient les uniques habitants. Une grosse boule de poils noirs sanguinolents qui trainait contre un mur prouvait qu’on n’y mangeait pas que des hommes, mais aussi quelques chiens. Chaque matin, comme un rituel, ils abattaient leurs nièces et leurs neveux avant de démarrer leur journée de travail, tous en observant attentivement ceux des autres. La cour tumultueuse d’Helga buvait un breuvage sombre qu’elle servait en demi-crâne, et que Mirlen vit bien être du sang fermenté. Rassasiés, ils écoutaient alors des poésies chantées et devenaient d’humeur paisible, en dépit du brouhaha provoqué par ceux qui avaient toujours faim. La règle voulait qu’on évita de commenter la qualité des viandes mangées par son voisin. Tous, sans exception, s’accordaient tous les deux ans une heure entière pour réfléchir et trouver de nouvelles recettes, puis ils s‘exprimaient alors sans crainte d‘un jugement. C’est ainsi qu’on se mettait immédiatement à la pratique, en allant quérir de beaux steaks de jeunes gens dans la tribu voisine. Ils se prenaient même le luxe de savourer le plus souvent possible le temps qui passe. Le nouveau statut d’Helga, à laquelle chaque Onkulé vouait un culte, semblait avoir modifié la nature de la jeune femme, et 70 % de ses sujets soumis la qualifiaient même d’irritable. A cause d’elle, tous les congés payés avaient été suspendus, car elle avait décidé de se faire bâtir un grand château de pierre sur lequel tout le monde devait travailler, et elle entendait bien gérer son temps sans comptes à rendre. Bien qu’elle n’utilisa que des signes de la main pour s’exprimer, elle avait fait signer une clause de non-concurrence à l’ancien chef du village. Mais aussi, chacun savait déjà que ce qu’elle préférait, c’était la cuisson de tante malade à l’étouffée. Par peur de la vexer, plus que par désir véritable, la communauté accepta de loger dans la case royale. Dans cet endroit sombre, lequel donna à Mirlen l’impression d’être revenu 2000 ans en arrière, chaque poutre s’ornait d’une tête humaine fixée à une cheville.

 

– Un leuplepic lourriné est un leuplepas ligne duché, fit le chef, lorsqu’ils se roulèrent en boules sous les peaux de rennes qu’il leur distribua.

 

Couronne en or sur la tête, Helga dormait quand à elle dans une superbe chambre avec salle de bain, dans laquelle elle adorait se promener au crépuscule, en dégustant sa paire d‘oreilles. Un large coin cuisine en pierre lui permettait de goûter aux plaisirs du barbecue en toute sécurité. Un certain désir de perfection s’ajoutait chez elle à un besoin de contrôle permanent sur ses sujets, histoire de vérifier leur dépendance, elle les confrontait alors aussitôt à la réalité de leurs obligations. Chaque Onkulé se souciait donc d’en faire toujours plus pour se faire aimer d’elle, et aucun ne l’abordait sur le registre de la rigolade, chose qui témoignait pour Helga d‘une qualité louable. Bref, son royaume était solide, elle pouvait compter sur eux. Belbit aurait bien volontiers baillé à cette petite pute qu’une ennemie, c’était une ennemie de trop, mais se voyant déjà boulotté en terrine par ces faces d‘étrons, il préféra en surface jouer mégapote avec elle, comme d’ailleurs le reste de ses anciens amis. Ah, se lamentait quand même Erald, nous qui étions si proches, rien ne sera plus jamais comme avant ! Pour Hivalanoué, Helga donnait la preuve vivante qu’on ne nait pas seulement Onkulé, mais qu’on peut le devenir. Mirlen s’employait quand à lui ardemment à chercher traduction du patois argomuche, le cœur bien embrumé de l’avoir seulement entendu.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:29:41
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talbazar
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Posté le 22-03-2015 à 18:19:19  profilanswer
 

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Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 47.

 

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Mais qu’avait donc espéré Gwendoline en partageant Jason avec Babette ? La douleur restait vive, aussi brûlante que la cuisson au fer rouge d’un cul de veau Argentin, pays du tango. Elle s’était abandonnée aux caresses de son patron, mais cela n’avait produit en elle qu’un amer constat, réalisant à quel point les jouissances des uns et des autres pouvaient diverger. L’infirmière se demandait si son esprit en présence de Jason ne devenait pas plutôt tout entier une entité propre, laquelle aurait constitué en réalité une formidable zone génitale suffisante à elle-même. Un terrain idéalement abstrait, qui aurait nullement le besoin qu’elle soit touchée pour s‘épanouir. Tout en s’introduisant dans la 32, pour soigner un malade plongé dans le coma aux milieu de ses bouteilles, puisqu’il souffrait de violentes apnées pélagiques, elle avait presque envie de porter ostensiblement par-dessus sa blouse son collier griffé Hermes, malgré l’interdiction réglementaire du port de bijoux pendant le service. N’importe quoi pour se faire remarquer et évaluer enfin sérieusement avec Jason ce qu’il pensait vraiment de la Saint Valentin. Elle arpentait déjà les couloirs pieds-nus, histoire de se désinhiber et sentir avec plaisir le contact direct du linoléum. Bien entendu, l’alcool qui avait coulé à flots au cours de cette soirée consternante  n’avait pas rendu Jason conscient du sens de l’étiquette, surtout quand il avait enlevé son tee-shirt, ni d’une parfaite éducation lorsqu’il avait enfoncé une carotte dans l’anus favorablement disposé de Babette. Gwendoline ne se voyait pas encore longtemps fêter les célibataires. En épousant Jason, elle aurait tout le temps de lui inculquer les bonnes manière et faire par exemple avec lui l’amour dans le noir tout habillé, avec chacun sa chambre et sa salle de bain. Elle se pencha sur le corps inanimé du patient qui respirait par un tube en aspirant goulûment. Les soins commandaient d’appliquer dans l’ordre la méthode Jacob Schopenhauer et son protocole 13 ; un frémissement de narines présenta un moment un syndrôme inquiétant, Gwendoline affina le réglage du coup de pompe de 11 h, puis se recroquevilla sous le lit pour se protéger, tout en continuant de pleurer sur elle-même. La situation redevenant peu à peu normale, elle remonta un peu le drap sur la poitrine bardée d’électrode de l’inconscient. Il fallait désormais le laisser tranquille, pourtant Gwendoline ne parvint pas à quitter la chambre.

 

Elle savait bien qu’il entendait tout, mais qu’il ne pouvait même remuer un cheveux. Peut-être qu’à cet instant là, il dormait vraiment. Quoi qu’il en soit, elle prit la chaise confortable qui jouxtait le lit pour le veiller, histoire de se laisser aller avec lui en confiance. Dans la chaleur de midi, les nuages qui balayaient la montagne géante apparurent constamment déformés, avec des configurations bizarres presque effrayantes. Gwen se leva pour tirer le rideau et se réinstalla dans la pénombre, lissant sa blouse blanche sous ses fesses comme s‘il s‘agissait d’un précieux costume de cérémonie.

 

– Mon petit monsieur, chacun son truc. Vous, vous connaissez la détresse respiratoire, moi je suis victime d’une épreuve peut-être moins active, mais forcément moins savoureuse à vivre. Pourtant, je sais bien que la nuit ne tombe jamais le matin et qu’un rien apparaissant dans nos vies peut éclairer les ombres les plus noires. Tenez, vous n’en savez rien évidemment, mais moi je sais bien qu’il est grandement temps que je renouvelle ma garde-robe, parce que la saison va forcément changer. Vous voyez bien que je peux faire preuve de certitude. Jason est tellement drôle, est-ce que vous pouvez seulement savoir à quel point ? Je vois bien que vous n’êtes même pas capable de prendre votre mal en patience, avec ne serait-ce qu’une petite pointe d’humour.

 

Elle en pleurait maintenant doucement, une pratique pourtant disparue en Suisse aux environs du XVIIème siècle, ses ongles au vernis blanc s’enfonçaient de plus en plus profondément dans la main du 32, comme le crochet du gentil baleinier perfore sa proie géante et sombre dans un lit aussi vaste qu‘un océan. Gwendoline parlait à voix basse à l’autre figurant inerte, en le rendant véritable complice de ses moindres petits secrets :

 

– Ce qui cloche avec Jason, c’est qu’il ne porte pas une écoute attentive à mes attentes réelles, aussi vrai que le linoléate de tocophérol est en général mal toléré par la peau. J’aimerais bien vous réveiller pour qu’on découvre ensemble ce qui peut s’avérer le plus bébéfique pour moi et Jason.

 

Un léger gargouillis lui confirma que l’assimilation du repas ingurgité par le 32 se faisait optimal. Elle passa l’organisme en mode « économie » pour ralentir les processus d’élimination. Elle injecta un peu d’anhydride sulfureux E220 et carrément à la louche une bonne quantité d’anydride carbonique E290, hésita sur le bioxyde de titane E172, mais termina pour parfaire sur un bon dosage de l’acide tartrique correcteur d’acidité à effet laxatif, le E334. Satisfaite, elle retourna s’asseoir, afin de reprendre son monologue d’une voix flottante :

 

– Que Jason avoue simplement qu’il m’aime, ce serait pour moi la meilleure des façons pour paraître en forme et devenir plus performante. Comme si mon docteur chéri devait faire un choix de consommateur ! S’il croit qu’il suffise pour moi d’avoir un planning qui colle avec mon emploi du temps, pour m’estimer heureuse, il se trompe. Je n’ai pas besoin de me lancer dans une démarche psy, voyez-vous cher monsieur, la passion amoureuse est une création en solitaire qui interroge la fragilité des comptes-joints, mais je n‘en suis pas encore là. L’affrontement avec mon Jason ne peut-être qu’enthousiasmant, vous ne croyez-pas ? Que Babette aille donc au diable, une seule nuit d’amour devrait bien lui suffire. Au revoir, mon cher monsieur 32.

 

Gwendoline lui accorda encore un treizième bisous sur le front avant de le quitter. Ce type était bien mieux qu’un journal intime, propre à garder en lui le plus scandaleux des secrets de famille. Le grand manitou était là, elle lui fit comprendre par un geste qu’elle le suivrait dans n’importe quel paysage sauvage, où il panserait avec dextérité ses plaies laissées à vif, dans une vieille bicoque de trappeur isolée. Et qu’elle le laisserait faire sans s’évanouir. Il se trouvait en compagnie de Cassandra L’Harmattan, à qui il faisait faire le tour du propriétaire avec entrain et jubilation. Il dansait dans le couloir jaune, comme un singe énervé, autour de la grande rousse en la faisant rire de bon cœur. Elle avait les dents très blanches. Au moins se dit Gwen, cette nouvelle aide-soignante qui venait de leur tomber dessus n’avait pas l’air dépressive. Elle éprouva de la peine pour cette malheureuse Jeanne, enrhumée, percluse, neurasthénique, dont le chagrin permanent, à cause d’un Doberman, contrastait tant avec la bonhommie souriante affichée par Cassandra. La rouquine avait-elle percé le fameux secret qui permettait à une femme de plaire aux hommes sans s’aliéner les autres femmes ? Cassandra avait des chaussures cependant. Sans le faire exprès, elle marcha sur les pieds nus de Gwendoline qui hurla brièvement.

 

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Bon dimanche à tous
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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:31:36
n°41484476
talbazar
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Posté le 26-03-2015 à 20:46:22  profilanswer
 

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Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 68.

 

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 Du fond de son lit de souffrance, l’inspecteur Marlou buvait son bol de café en consultant les nouvelles du jour. Il tomba sur l’article relatant la tuerie de la départementale. Le texte placé sous une photo éloquente racontait qu’en arrivant sur les lieux, le commissaire Boudin avait trouvé Gloria Déo coincée sous le capot en train de mécaniser la Ferrari accidentée, histoire de dire, puis Albert De Musette, dit l’Impérator, occupé à repeindre l’habitacle en rouge vif, enfin façon de parler. Pour les enquêteurs, il existait dans ces assassinats un parfum de Noël avant l’heure, puisque les empreintes des tueurs maculaient la scène à profusion, sans compter les balles de Marcel Serre-dents dans l'avocat, celles d’Harry le Chacal dans le moteur et son ADN dans la pauvre danseuse. Du coup, les décors de cette pièce de théâtre tragique portaient bien évidemment la signature de Jim Delacotte. Depuis son retour à Paris, Marlou n’avait reçu aucune nouvelle du taiseux, et c’était sans doute mieux comme ça. Kiki bailla en s’éveillant près de l’oreiller, intéressé lui aussi par le compte rendu de cette pénible affaire :

 

– L’avocat de Beau, pas moins, je me demande bien ce qu’il en pense.

 

Justement, Beau Brown reçut l’information alors qu’il regardait chanter Brenda Tape à l’œil sur la scène du Triangle d’Or. La voix de cette gosse avait le don de faire frémir un bloc de béton. Plongée au centre du cercle lumineux figé sur elle, aussi captivante qu’une icône païenne, elle laissa filer le son lourd de la basse et entama les mains sur les hanches « What did you expect ? », le célèbre standard jazzy de ce vieux Schweppes Yellow. Pas très loin de la scène, posées près du bar dans le noir presque absolu, Mala et Ewij suçotaient un truc, captivées comme tout le monde par l‘exploit vocal de la diva. Sur l’ordre express de Beau, la princesse s’était posé une perruque blonde sur la tête et des lunettes de soleil sur les yeux. Invisible à l’œil nu d’un fouineur. Stoïque et comme absent, Prinz jouait les antipathiques à leurs pieds, mais il gardait les yeux ouverts, notamment sur l‘otage. En polissant son groove, Brenda hypnotisa son monde, tant par la vue que par l’ouïe, et ce soir là c’était du tout venant, des psychopathes vicieux, des racailles de skins, des tueurs à gages, des chauffeurs de bus, des industriels ou des groupes d‘amis, très peu d’handicapés et aucun sourd de naissance. Les avides de sensations cochonnes et d’occasionnelles bien roulées se rabattaient plutôt sur le Reichstag, lequel affichait d’emblée sa qualité de bordel luxueux. Au Triangle, on venait juste se saouler la gueule, jouer gros et perdre encore plus, traiter d’affaires louches, mais surtout tomber amoureux de Brenda Tape à l’œil, le temps d’une de ses chansons. De petites bougies minuscules vacillaient sur chacune des tables où se distribuaient tapas et cocktails, mais pour la durée du show de la belle, on avait éteint toutes les autres lumières. Lorsque Ricardo se pencha aux oreilles du boss pour lui annoncer la mort de l’Impérator, Beau bascula trente secondes en plein cauchemar. La perte de l’avocat lui ferait prendre sans tarder les coups de hache de la PJ sans aucun bouclier. Pire que tout, Ricardo Pastaga, Eliot le Squale, Tonio Barbaque, Eddy Frangin, aucun d’eux ne parvenaient à retrouver Jim Delacotte, en dépit d’une traque consciencieuse. Et pendant ce temps-là, cette ordure s’en donnait à cœur joie, ce qui n’étonnait guère Beau Brown, puisqu’à la place du Delacotte, il aurait fait pareil. On lui parla encore des implications d’Harry le Chacal, de Marcel Serre-dents, deux briscards du Lagon Bleu, merci pour l’info. La mort de Gloria Déo, à vrai dire, Beau s’en foutait un peu, disons qu‘elle lui importait moins. « Ho please, young boy, Kiss me softly, kiss me slowly », chantait toujours la scintillante Brenda devenue brûlante comme une flamme, mais il ne l’écoutait plus. Juste, il s’empara de son téléphone et convoqua Boudin et Bénito Montez à venir au Triangle d’Or le lendemain.
 
 Bénito Montez, c’était le comptable, ça pour toi, tout ça pour moi. Ce quadragénaire un peu mou se rêvait la nuit depuis quinze ans en jeune loup de Wall Street, en lieu et place de la glorieuse carrière qu’il avait mené dans le grand banditisme, côté administratif, laquelle faisait malgré tout confortablement chauffer sa gamelle. A lui incombait la tache d’évaluer le prix du travail de tous, une fois les objectifs atteints. Malgré tout son fric, il était en réalité rongé d’alcool et de solitude. Tous les matins de sa vie d’adulte, le trésorier de Beau descendait sans faute vers onze heures boire ses bières au Maryza, un bar où tout le monde l’appelait amicalement par son prénom, sans jamais avoir réellement su ce qu’il foutait dans la vie. On le pensait sans doute cadre ou directeur d’une banque officielle. Fin collier de barbe au menton et costard hors de prix, il rejoignit sa place habituelle au fond du bistrot, bondé de chanceux qui ne gagneraient jamais au loto. Aux environs de la moitié de son deuxième demi, il vit se pointer Harry Le Chacal, avant que le gars ne se place sans façon à ses côtés. C’est vrai qu’autrefois, ils avaient presque failli devenir amis, avant que le videur ne fricote avec les frères Delacotte. Douteux que ce gars-là soit guidé par le hasard. Bien que son trouillomètre soit subitement tombé à zéro, Bénito préféra faire bonne figure ; mais le Chacal semblait jouir de la sueur qui suintait sur le front de son vis-à-vis :

 

– Salut Harry.

 

– Salut Bénito.

 

– Tu deviens quoi depuis que le Lagon Bleu a cramé ?

 

– Ben c’est chômage. Justement, y’aurait pas une place au Triangle ?

 

– Je ne te conseille pas de demander à Beau !

 

– T’as lu le journal, alors ?

 

– Ho moi tu sais, la météo…

 

Tout sourire, la petite serveuse se pointa, Harry lui commanda un café pour sa pomme et colla le journal sur le verre de Bénito pour lui montrer ce que le comptable savait déjà. Une mèche de cheveux mouillé collée sur le visage, ce dernier crevait d’envie de composer le numéro de son patron, il préféra faire semblant de s’intéresser aux news. Il n’était même pas armé, mais il savait bien que l‘autre devait l‘être puissamment. Pendant que Harry pointait un doigt de sa droite sur le portrait de Gloria, sa main gauche tira de la poche une minuscule pipette de laboratoire, sorte de petite bulle molle et transparente en plastique, remplie de liquide, affublée d’une longe trompe fine pour servir de goutte à goutte. Une forte pression en lâchait par contre la totalité. Absorbé sur l’article, Bénito n’avait rien remarqué.

 

– Dis moi, fit Harry, cette nana me dit quelque-chose.

 

– Ben je pense bien, c’est même écrit noir sur blanc que tu as connue Gloria la beurette dans l‘intimité. Tu sais te faire un prénom.

 

– J’ai eu le coup de foudre inopiné, mais crois pas, malgré ma technique de drague, j’ai vu que son cul. Bon, Bénito, trêve de plaisanterie, j’ai une chose importante à te proposer. Il rangea le journal en le pliant proprement et le jeta sur la table d‘à côté. Quasiment en état de panique apparente, comme si l’autre l’avait plongé dans une cocotte-minute, Montez bu avidement une longue gorgée de bière, ce qui vida son verre. Les mots avaient du mal à quitter sa bouche.

 

– Et quoi donc ?

 

– Mourir.

 

Sans s’en douter, Bénito Montez venait d’avaler cul sec 400 mg de cyanures de potassium, il ouvrit grand la bouche et tomba brutalement le front sur la table. Harry se leva pour traverser tranquillement le bar. Tout le monde avait vu la scène, mais personne ne bougea. Dehors, sur la terrasse, le Chacal héla la serveuse :

 

– Faudrait pas que mon pote prenne le volant, je crois qu’il est bourré.

 

 Elle rigola en lui livrant un air malicieux. Puis le copain de Jim plongea rapidement dans la caisse conduite par Marcel Serre-dents. Harry s’alluma une clope :

 

– T’avais raison, Jim, on allait pas se faire chier à trimballer ce gars-là jusqu’au fond d’un lointain bunker niché dans les dunes.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:32:55
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morte la bête, mort le venin
Posté le 28-03-2015 à 08:43:29  profilanswer
 

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Accident de chasse.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : La somnanbule

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:35:29
n°41505865
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-03-2015 à 11:52:02  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 28.

 

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– Hé toi là-bas, celle qui fout rien, sers nous des oranges.

 

– Tout de suite ma reine, en jus, en fruit ?

 

– En vitesse, imbécile.

 

Dans son palais de Tépafou, Néefiertarée invitait ses morpions à lui foutre la paix et regardait cette petite pimbêche d’esclave poser sur la table en sycomore un plein panier d’oranges juteuses. La pharaonne avait exigé une main d’œuvre jeune, facile à trouver en raison de la crise du travail que subissait le royaume à cause de la gabegie économique amorcée par Ramassidkouch. Ce personnel surdiplômé se trouvait certes mieux formé, mais nettement moins docile. Ces esclaves au salaire différé ne trouvaient guère de sens dans l’accomplissement de leur service. Le palais faisait donc face à un absentéisme massif, lequel désorganisait quelque peu la production. La reine d’Egypte était bien souvent obligée de fragmenter ses demandes et les contraintes de délais se faisaient de plus en plus vives. En vérité, les coups de fouets distribués généreusement par les gardes ne parvenaient pas à améliorer le climat social, même si les gains de productivité étaient sur le coup immédiatement au rendez-vous. Assis en face d’elle, Isléfet se limait les ongles avec une peau de requin, comme tous les moniteurs de voile de cette dynastie. En revenant du chantier après l’attentat, elle avait failli le prendre comme une bête sur la banquette arrière de sa litière, mais elle l’avait finalement fait aussitôt en rentrant, sur la terre battue de sa chambre décorée des derniers portraits peints des chanteurs à la mode. Elle le regarda amoureusement gober avec sensualité un grain de raisin violet non traité :

 

– Qu’est-ce qu’ils viennent me faire chier ces serviteurs, ils ne sont quand même pas devenus esclaves par hasard ! Et toi, là, le gros lard au pagne bleu, tu me sers un verre de pinard, ou faut que je demande à l’armée d’intervenir ?

 

– Y’en a plus.

 

– Et merde, ben va vite en ville m’en chercher. Non, attend, tu vas le boire en route et me piquer la monnaie, demande plutôt à Jésentilpetla d’y aller. Ah, tu vois mon bon Isléfet, depuis qu’on est partis de Thèbes, je ne sais plus comment je vis ni où j’habite.

 

Merdenkorinnanâr se présenta en tirant un rideau, avec dans la fouille une énième demande des habitants de l’oasis de Foufoune qui réclamaient leur droit à l’auto-détermination.

 

– Je croyais que tu avais rasé ce bled ? ben tu leur diras « je vous ai compris », et puis il choisiront entre la valise et le cercueil, j’ai pas le temps de leur tracer à perte des routes ou de leur bâtir des villes et des monuments. Donne-moi plutôt des nouvelles de ce pauvre Pubi Senfouyî.

 

– La poutre l’a à moitié scalpé en tombant, il a la joue gauche ouverte, la clavicule brisée et l’oreille arrachée. En plus, il délire sec et n’arrête pas de gueuler qu’il va se jeter dans le Nil pour noyer sa honte.

 

– Ho, c’est à cause de l’alcool qu‘il avale, ça, faut plus lui en donner. Bon, le médecin lui a fait un arrêt de travail de combien ?

 

– Houlà ! Six mois ferme, et encore, sans compter la rééducation de la mâchoire inférieure. En plus, mes soldats ont un peu tué pendant l’émeute le seul gars susceptible de le remplacer. On est coincés ici pour un moment.

 

De peur de prendre le courroux de la reine en pleine face, le général changea de sujet et lui expliqua que le besoin se faisait sentir pour lui de faire condamner au pénal ce Pubi Senfouyî, pour pollution volontaire des côtes par chiasse de personnel franchement déclarée, mais sa proposition ne fit pas mouche auprès de la reine.

 

– Ben mon vieux, décidément, l’Egypte n’est pas vraiment aidée avec vous autres. Déjà qu’on m’a coupée du monde extérieur pour me protéger des intentions malveillantes et que les entrées du palais ont toutes été murées ! Et puis, qu’est-ce qu’il fout Tahosétlafer, il devrait être revenu, non ?

 

– Peut-être qu’il prend le pouls du pays.

 

– Oui ben faut pas un mois, quand même. Laisse-moi maintenant. Et débrouille-toi pour me trouver un nouveau chef de chantier.

 

– Ok d’accord, resplendissante fille de Khépri qui nous en met plein la vue au soleil levant, je me met dès ce jour en alerte médiatique, mais ça ne nous laisse pas de grosses espérances pour les semaines à venir.

 

Merdenkorinnanâr quitta avec déférence la haute salle de 11.000 mètres carrés lorsque les battants de la lourde porte s‘ouvrirent devant lui. Les deux esclaves la refermèrent d’ailleurs un poil trop tôt, ce qui fit jurer le général, car l’incident l’obligea à tirer férocement sur sa cape pour la libérer. Néefiertarée resta alors tranquillement posée sur sa banquette, au coude à couilles avec Isléfet.

 

– Et après on va dire que le royaume d’Egypte est un théâtre de rêve. Une grosse bernache à cou roux vint nonchalamment picorer quelques miettes à leurs pieds. Et puis j’en ai ras-le-bol de toutes ces oies qui chient sans façon partout dans mon palais ! Tiens toi, la grande brune, là, vire-moi cette saleté.

 

– Tout de suite O my Queen. Ceci dit, vous la Pharaonne vous portez des sandales dorées, alors que nous les esclaves on marche pieds nus, ça n’est pas vous qui marchez dans les fientes toute la journée.

 

– Alors toi, tu recommences à me parler comme ça et je te file une branlée.

 

Isléfet semblait s’amuser de sa colère. Pour tenter de se calmer, Néefiertarée s’éventa nerveusement avec un bouquet de plumes d’autruches montées sur un manche en or. Une musicienne vint s’asseoir près d’eux, après avoir fait poser sa lourde harpe, dont la partie supérieure s’ornait d’une admirable tête de vrai con. Comme la jeune fille se trouvait partiellement aveugle, elle loupa son siège, ce qui fit marrer les deux amants. Après s’être massé les fesses, elle pinça délicatement les cordes et chanta en l’honneur des Dieux « le lendemain, elle était souriante », alors qu’Isléfet tapait dans ses mains pour rythmer la mélodie et charmer la déesse Hathor, sans doute à tort. Véritable icône d’exotisme et de beauté, la pharaonne s’employa à le séduire, n’ayant pas oublié de peindre abondamment sa chevelure rasée. Voluptueuse, elle demanda au moniteur de voile de l’aider à la dévêtir. Réunis ensuite dans l’amour, Isléfet n’eut aucun mal à donner à son doigt une dimension gentiment romantique à la scène. Grand comme un obélisque, fort comme un taureau sacré, beau comme une chambre funéraire, le jeune homme balança habilement à la reine plusieurs cartouches, mais aussi abondamment sur le calcaire de la couche d‘enduit des parois de la piaule.

 

Mais Tépafou, par la seule présence de la reine en ses murs, était devenu le véritable siège du gouvernement, où Néefiertarée devait bien s’attacher à prendre en ces heures dangereuses des mesures drastiques. Elle déambulait donc partout dans les hautes salles avec les bras croisés sur la poitrine, pour éviter d’être matée par ces pourris d’esclaves, alcooliques, pauvres et parfois violents sous leurs airs innocents. Quelques uns pensaient même que si elle couchait avec ce beau gosse d’Isléfet, lequel n’était après-tout qu’un modeste fils du peuple, eux aussi pouvaient imaginer la possibilité d’une idylle avec la reine. C’est pourquoi Néefiertarée dut sabrer un grand coup dans son personnel masculin, pour ne garder que les vieux et les aveugles. Les désordres qui s’installaient sous ses yeux en Egypte commençaient à laisser à la reine un arrière-goût angoissant. Elle n’avait plus aucune nouvelle de Tahosétlafer, alors que d’une certaine manière, l’incurie de son mari se rappelait à elle dans chaque regard qu’elle posait sur son royaume. La seule chose qu’elle pouvait faire pour se calmer était de chausser ses belles sandales de sport, pour courir aux aurores une petite heure, dans les mirifiques jardins de son palais clos.

 


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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:38:38
n°41506023
talbazar
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Posté le 29-03-2015 à 12:18:04  profilanswer
 

les beaux livres de la Moyenne Encyclopédie :

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:41:20
n°41524575
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Posté le 31-03-2015 à 09:43:49  profilanswer
 

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Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 48.

 

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Comme chaque lundi, Gwendoline frappa à la porte du bureau de Jason pour y fleurir la photo de son chihuahua défunt posée sur son bureau. Un tel amour des bêtes ne pouvait faire de lui un mari moyen. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir dans le vase habituel un splendide bouquet d’amaryllis et d’anémones déjà présent. Elle avait l’air un peu conne avec ses lilas blancs.

 

– On vous a offert des fleurs ? fit-elle innocemment.

 

– Ah oui, c’est Cassandra, tout à l’heure, c’est gentil de sa part et elles sont assez jolies.

 

– Moi je trouve pas. Mais de quoi se mêle-t-elle celle là ?

 

Gwendoline bouillait de rage intérieure, elle n’osait foutre ces saletés à la poubelle pour les remplacer par les siennes.

 

– Bon ben je garde les miennes, alors. Elle esquissa avec sa gerbe blanche un geste de fureur à peine contenue.

 

– Si vous voulez. Ah, tiens, je comptais vous en parler plus tard, mais puisque vous êtes là… Voilà, je suis bien content de ma nouvelle idée, car j’ai un super projet pour ma clinique. J’ai l’intention d’y installer prochainement une unité de méthanisation novatrice par la valorisation du biogaz des malades après traitement, avec injection directe dans les réseaux du gaz et d’électricité. Elle permettra de traiter 60 tonnes de substrats, issues à plus de 70 % des effluents des patients, ainsi que 30 tonnes de déchets organiques provenant des blocs opératoires.

 

– Cette Cassandra L’Harmattan se montre un peu trop familière, docteur, vous devriez vous méfiez.

 

– Mais non, ça part d’une bonne intention, vous le faites bien, vous. Il était si craquant mon petit Dark Vador. Il fit un geste à son intention en lui désignant l’écran de son ordinateur, lequel affichait un réseau de tuyauteries multicolores et compliquées. Projet, recherche, développement, fabrication, prix de revient, clientèle, prix de vente, distribution, tout y était. Grâce à l’injection directe du biogaz que produisent journellement mes clients, l’efficacité énergétique de mon projet de méthanisation est optimum (de l’ordre de 83 %), et la production de la clinique devrait atteindre 100.000 m³ de biogaz brut par an, ce qui permettra de couvrir les besoins de chauffage en plein hiver à 5 abris-bus. Voilà qui représente une source de revenus non négligeable. Comme on dit, ma chère Gwendo, pecunia non olet, quoi, l‘argent n‘a pas d‘odeur.

 

– C’est ça, ouais, on en reparlera, fit Gwendoline en claquant la porte. Elle fila à toute vitesse rejoindre les urgences adultes après avoir finalement jeté son bouquet dans une poubelle du couloir, mais sa journée, et même sa semaine, semblaient fortement compromises.

 

Mais qu’avait donc espéré Babette en partageant Jason avec Gwendoline ? Une union charnelle ne pouvait-elle se résumer pour lui qu’à un seul contact épidermique ? Tant de choses aussi épouvantables que merveilleuses s’étaient passées au cours de cette nuit arrosée ! Toute à ses pensées, la surveillante générale abandonna les mystères du service Ufologique pour prendre la direction de la chambre 32. Elle aperçut justement de loin Gwen s’engouffrer dans un ascenseur, la blonde infirmière affichait toujours son air renfrogné. D’un pas décidé, Babette bifurqua quand à elle dans le couloir du service d’Apérotologie en rendant leur bonjour aux collègues qu’elle croisa, puis elle grimpa quelques marches ripolinées avant de se retrouver devant le 32 aux apnées pélagiques. Elle referma doucement la porte et alla s’asseoir près de lui. Dans une ambiance pastel, la chambre ressemblait à un cockpit de simulateur de vol, où le comateux dégorgeait paisiblement sur son lit. Une activité fébrile se manifestait dans l’un de ses cils, il ne dormait donc pas. Comme Babette ne flairait aucune hémorragie subrachidienne, elle ramena donc vers elle un petit chariot, activa par prudence la « Distant Early Warning Line », reconnaissable à son gyrophare violet, puis elle poussa sur l’un des appareils qu’il portait un petit levier de commande sur « en avant toute ». Lorsqu’elle fut assurée que le gars planait normalement, Babette tria machinalement sur ses genoux une série d’aiguilles en emballage stérile pour s’occuper. C'est alors qu’elle remarqua les petites marques sanguinolentes sur le dos des mains du 32. Elle les mit sur le compte de quelques essais d’anciennes perfusions, puis elle n’y pensa plus :

 

– Vous voyez, mon cher 32, ce n’est pas à moi qu’on va venir expliquer que l’existence n’est qu’un perpétuel remaniement. On a tous la nécessité d’y apposer sa marque personnelle. Le docteur Jason, par exemple, est un bon exemple de l’élite hospitalo-universitaire, mais ça ne le met pas à l’abri d’une bronchite chronique. Mon désir pour lui n’a rien avoir avec un quelconque désir parental, je le jure. Mais ce n’est déjà pas facile de mettre son argent de côté, comment lui faire admettre qu’on devraitt se marier ? Il est redevenu si distant avec moi, je le vois bien. Elle sentit une forme de chagrin couler dans ses veines avec la même langueur qu’une gondole charrie ses touristes à Venise sous le pont des soupirs. Une crise de larmes la guettait, qu’elle ne put retenir plus longtemps.

 

Elle se jeta alors subitement sur le lit du 32 et se colla contre lui, cherchant le réconfort de ce corps inerte et acceuillant.

 

– Est-ce que ça changerai quelque-chose pour lui si je changeai de maison, ou d’amis ? Il a bien dû le voir, quand même, que je n’avais aucun problème de cellulite, et il sait bien que je parle anglais couramment. Mais qu’est ce qui cloche, vous pouvez me le dire, vous ? Devant l’abscence de réaction de son interlocuteur, elle le bourra durement de coups de poing sur le bras. En plus d’un amour romantique et d’une sexualité épanouie, j’ai tellement besoin de sa reconnaissance, nom d’un chien. J’ai cru un moment que Gwendoline représentait un danger pour moi, mais elle n’a pas l’air mieux lotie, je vois bien que Jason ne semble heureusement pas prêt de la présenter à sa mère.

 

Babette ne voyait pas pourquoi elle aurait économisé de l’énergie, ça lui faisait tellement du bien de se défouler sur quelqu’un. Elle cogna encore un peu avec vigueur sur le bras du 32, et puis elle se laissa retomber sur son fauteuil, enfin calmée. Une certaine baisse de la température du corps du malade était manifeste. Elle s’en voulait un peu de lui avoir amputé quelques chances d’une nuit réparatrice, mais chacun sa merde. C’était si bon d’avoir sentit un moment près d’elle la chaleur et la pesanteur de cet homme, elle en était tout bonnement revigorée, et puis c’était si rassurant de pouvoir confier ses problèmes à un inconnu. Un calculateur éteignit le voyant d’alarme pour indiquer que la respiration normale du 32 avait reprit. L’infirmière se leva pour laisser son confident dormir au milieu de ses tuyauteries. Le niveau de surveillance et le contrôle du coma de cet être humain offrait d’une manière admirable la plus grande garantie de sécurité. En refermant la porte, Babette pouvait à l’évidence le quitter tranquille.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:41:47
n°41554169
talbazar
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Posté le 02-04-2015 à 20:54:31  profilanswer
 

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Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 50.

 

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Le trône de Dame Helga n’estoit qu’un assemblage hétéroclite de fémurs, de tibias et de crânes qui lui faisoit un siège fort inconfortable, bien que sur cesttuy cy elle aimait étaler son fessier à longueur de journée. Déclarée par eux-mêmes la reine des Onkulés, sa joie ne pouvoit s‘épaissir davantage. Elle faisait mijaurée en réclamant ses plats mijotés par son vilain peuple, principalement de la viande humaine hachée à 420 kcal. Un problème cependant hantait sa grâce nouvellement élue, car les cannibales n’estoient point bâtisseurs et n’entendaient donc rien à la taille des cailloux. Malgré tous leurs efforts, ils n’avaient donc posé en un mois du château de leur reine que trois pierres fort mal jointoyées. Elle se languissait donc du retard engendré, vu qu’elle projetait dans ses rêves de castel de construire un donjon somptueux de quarante mètres de hauteur, entièrement peint en rose, sans compter les carrelages fleuris, les peintures des coupoles, les bassins poissonneux et l’aménagement des courtines aux arcades ouvragées. Assise sur son grand trône de fière, Helga convoqua donc Mirlen pour l’auditionner à huis-clos, afin qu’il éclaire de ses savantes lueurs, sans crever son budget, ses maçons affamés.

 

– J’ordonne votre participation, maître Mirlen, car je veux qu’ils apprennent à bâtir un château. Il est inutile, je pense, de vous rappeler votre devoir dans l’esprit du service public, car vous serez jugé sur la manière de me servir.

 

– Mais naturellement, your grace, my Lady, your honour, je m’en montre enchanté, car cela me donnera à cette occasion tout loisir de peaufiner en leur compagnie l’apprentissage de l’argomuche et toute bonne connaissance de leur étrange parler.

 

– Soit, je veux bien vous nommer traducteur officiel, mais je désire avant toute chose  qu’on s’inquiète dans l’urgence de mon projet immobilier.

 

– Si je puis me permettre, Dame Helga, comment votre majesté peut-elle trouver tant de goust à la chair crue qui se consomme ici ? car il est bien précisé dans « Histoire de Kramouille, textes et transmission » que la viande humaine procure sang chaud et esprit confus.

 

– Point n’avez remarqué à quel point mon peuple est gai et enjoué ? il y aura voilà tout que la danse et les chants les aident à digérer. Et moi je fais comme eux. Je ne connais qu’une seule phrase dans leur langue, « Le lonheurbem est dans l’assiettelem » qui semble leur hymne national et que j’ai à-peu-près traduit comme voulant signifier « le bonheur est dans l’assiette ». Bon, maintenant pardonnez, je dois encore repenser les espaces verts de la place du marché. Où tiens non, venez donc avec moi, nous irons ensemble la visiter et vous me donnerez là-dessus, j’en suis certaine, de savoureuses idées.

 

Il quittèrent donc bras-dessus bras-dessous la salle du trône et son décor pouilleux, pour flâner dans les rues de Lisneylandem en direction de la place du marché. Ils se glissèrent dans les passages étroits et tortueux, baissant la tête sous les poteaux sculptés, admirant les gloriettes des modestes jardins, pour aboutir sur la grande esplanade aux multiples étals. Là se traitaient sans cesse dans la cohue le prix des viandes de boucherie. Ce jour-là, les cours se maintenaient sur les pré-pubères d’avenir, alors que les vieillards se trouvaient délaissés en raison d’un placement moins rapide. Les femmes de qualité bouchère, ou les réformes allaitantes présentaient un choix secondaire, mais l’on notait une activité commerciale assez active, avec une demande soutenue dans la carcasse de moins de 50 kg, à bonne teneur en viande maigre. On plafonnait le prix des meilleurs adolescents, avec une vente normale et des tarifs stables dans l’écoulement des neveux et des cousins germains. Il existait cependant un commerce plus difficile, faute d’exportation sur le village Onkulé voisin, malgré une présentation plus étoffée et de bonne qualité bouchère chez les hommes de 30 ans, notamment au niveau de la tête et la queue. Les transactions fluides et actives de la main à la main donnaient confirmation de la hausse, chez les nourrissons de moyenne conformation et vendus à la pièce. Les ventes étaient plus calmes dans les mères au foyer en limite d’âge, manquant de poids et de viande, d’où des tarifs âprement discutés. La bidoche de ceux qui prenaient congé des vivants s’échangeait sans répit, aussitôt dévorée par des dents et des ongles aiguisés comme de loups. Ceux-là rodaient d’ailleurs souvent en meutes bien réelles aux abords du village, attirées par les déchets et les poubelles publiques. Lupi pilum mutant, non mentem. Crochant toujours la manche de Mirlen, Helga souriait au petit commerce et promettait à tous de baisser prochainement la taxe sur les pâtés, mets luxueux que les Onkulés faisaient cuire longuement dans de belles céramiques à dessins de bites stylisées.

 

– Votre place est bien belle, Majesté, fit Mirlen à Helga, j’y verrai bien quand à moi pousser pour l’embellir quelques légumes géants.

 

Hivalanoué, Erald et William ne tournaient point autour des femmes de ces cannibales, car précipitation n’est pas bonne conseillère. Ils se disaient entre eux que ces mazelières affamées devaient sentir par trop de force l’ail au lit. Regrettant l’absence de bons chevaux, ils préféraient partir dans les bois alentours pour y chasser le sanglier. Cela leur permettait au moins d’échapper un moment aux violences des tueries de la ville. Belbit était maussade. Il restait seul dans son coin pour y fabriquer lentement une petite flûte dans le tibia qu’il avait rapporté du sanctuaire de Proutachatte, et il jetait des pierres au moindre cannibale qui venait l‘observer. Il avait la nausée de voir pendu à chaque porte tant de corps mutilés. Sans plus attendre, Mirlen alla sur le chantier, où il nota fébrilement dans son grand manuscrit la moindre phrase parlée. Il commença par désigner du doigt des objets concrets, pour se les faire traduire en argomuche par les sombres Onkulés :

 

– Marteau ?

 

– Larteaumic.

 

– Faucille ?

 

– Laucillefic

 

Et puis le magicien satisfait aborda avec eux des notions plus abstraites :

 

– Prolétariat, capital, spéculation ?

 

– Lolétariaprem, lapitalquic, léculationspatte

 

En notant de sa plume linternationalequé pour internationale, il jubilait, puisque sa connaissance de leur langage lui prendrait moins de temps que prévu. Le soir, pendant que Dame Helga prenait sans eux bon bain aux huiles essentielles, entourée de sa secrétaire et de son maître d’hôtel, les braves compagnons regagnaient leurs pénates pour y manger des céréales autour d’un bon foyer. On lampait là-dessus sans férir quelques cornes de gnôles, car on avait grand soif, à présent.

 

– FoutreKramouille, leur baillait Belbit en polissant son os qu‘il avait tiré de sa bouete, ne me laissez jamais seul avec elle, je pourrais l’étrangler.

 

– Si fait Belbit, renchérit le chevalier William de Bochibre, comment peut-on se satisfaire de sa conduite devenue insensée ?

 

– Oui, rajouta Erald, aussi rond qu’un tonneau, Dame Helga fut ma mie, et j’ai bien gêne de voir votre détestation de la voir s’enfiler ses embryons de neveux congelés.

 

– Ayez confiance, les rassura Mirlen, elle n’est point pour autant responsable de leurs méfaits. Soyons patients car dans quelques jours je pourrais bien comprendre ce que racontent ces Onkulés. Ce disant il choyait dans sa poche son petit gland d’invisibilité.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:43:15
n°41561457
talbazar
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Posté le 03-04-2015 à 17:01:17  profilanswer
 

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Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 69.

 

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Au moment où Bénito avait du mal à digérer sa bière, les bœufs-carottes tombèrent sur le râble du commissaire Boudin, aussitôt incarcéré à Fleury-Mérogis. Aucun des deux ne put donc se rendre au rendez-vous fixé par Beau.  Le soir même, le flic ripoux rencontra en taule un prisonnier nommé Charlie Charpie, ex-employé de Beau qui terminait là tranquillement ses huit ans pour braquage. On retrouva deux heures plus tard Boudin pendouillant au bout d’un cordon électrique, avant de conclure au suicide. Le lendemain, en vertu de la Loi modifiée n° 95-101 du 2 février 1995, abrogé par Ordonnance n° 2000-914 du 18 septembre 2000, une amende de 300.000 patates fut collée pour la forme au Triangle d‘Or, en vertu d’une récidive d’infraction sur les enseignes lumineuses, sans avoir procédé à la déclaration préalable prévue à l'article 5-1, mais aussi pour avoir produit une fausse déclaration. Le Reichstag fut fermé dans la foulée pour proxénétisme, en vertu de l’article 225-5 du code pénal, et son gérant fantoche Luigi Mariano arrêté dans sa belle villa de Monaco, puisqu’il ne mettait jamais les pieds à Paris. Le procureur aurait bien aimé gauler le vrai patron pour association de malfaiteurs, mais il ne trouva aucune trace de cette association dans le Journal Officiel. En gros, malgré tout, ça commençait à chauffer pour les miches de Beau Brown. Deux sous-marins de la BAC faisaient en effet le guet en permanence dans leurs fourgons aménagés, par équipes de huit flics malheureusement honnêtes, autour des hautes grilles de son immense manoir de campagne avec piscine, où il se mit au vert en compagnie de l‘ensemble de son personnel. Pas le moment pour le patron de manquer de gardes du corps ; Prinz galopait d’ailleurs nuit et jour dans le parc avec vigilance. Beau avait carrément préféré fermer le Triangle d’Or, car il pensait la boîte trop exposée à une lubie sanglante de Jim et ses potes. Sans rajouter que Baby Saleface filait à Palerme un très mauvais coton, le Delacotte avait foutu un beau bordel dans les affaires de Brown. La vraie question que se posait celui-ci afin d’établir sa riposte était de savoir qui serait, à part lui, le prochain sur la liste noire de Jim. Un seul type aurait pu l’aider à retrouver cette enflure, mais il sortait avec Carla, la sœur de Valéria, victime de l’accident de péniche. La sœurette de Gino la Soudure survivante ne devait pas porter Beau en grâce.

 

Pendant que son mec s’interrogeait, Mala tournait son cul comme un manège de forain dans leur spacieuse chambre de la gentilhommière. Couché sur le tapis persan Prinz la suivait des yeux, en mâchouillant pour se faire les dents le manche en cuir du fouet qu’il avait dérobé à Maîtresse Fraü Glut. Beau monta finalement la rejoindre. On voyait à sa mine qu’il avait quelque chose de pas facile à lui demander. Il chassa Prinz avec autorité :

 

– Qu’est-ce que tu fous ici, toi, je t’avais pas demandé de surveiller le parc ? Jetzt hau ab !

 

– Jawohl, Beau, te fâches pas, ich werde. Il laissa mollement tomber sur le sol les débris du fouet déchiqueté, puis il quitta la pièce.

 

Enfin seul avec Mala, Beau Brown lui montra les photos en gros plans de l’Impérator couvert de sang et de Gloria en fâcheuse posture, clichés non autorisés que Boudin lui avait refilé, juste avant de se faire coffrer et de s’éteindre lui-même :

 

– On tiendra pas longtemps à ce rythme là, chérie. J’ai plus de comptable, ni d’avocat.

 

– Faut trouver rapidement Jim et ses potes, hein ?

 

– Du fait qu’on ignore où il se trouve, nous sommes tous en danger. Et toi aussi, entre parenthèses. Je voudrais que tu ailles voir ce type qu’on appelle Marlou.

 

– Bien sûr, il va te filer l’adresse de Jim, ou même le descendre pour toi, t’es confiant, toi.

 

– Je ne peux pas y aller moi-même, sa copine me buterait rien qu’en reniflant mon ombre arriver. Non, je veux que tu me rendes ce service, je sais que je peux te faire confiance. J’ai ici un truc qui peut l’intéresser, je suis certain qu’on peut négocier.

 

– Tu parlerais pas de la petite, dis ?

 

– Et de qui d’autre, d’après-toi ?

 

Mala resta quelques secondes sans rien dire, comme une danseuse en apesanteur. Elle ne voulait pas la mort de la gosse, et peut-être que ce Marlou non plus. Elle savait seulement que Beau la tuerait, lui. Il attendait qu’elle dise oui, les yeux figés sur le galbe de son mollet.

 

– Dix minutes, Beau, c’est le temps que je donne à ton Marlou pour se décider. Et si la Carla me cherche des noises, je fais quoi ?

 

– Depuis quand tu aurais oublié de savoir te défendre ? Prend quand-même un flingue avec toi, ça devrait t’aider.

 

Mala se déplaça pour ouvrir la fenêtre en grand, comme pour chasser dehors les paroles de Beau.

 

– Va pour la visite à domicile, mais j’y vais seule, surtout pas avec Eliot ou Ricardo. Tonio Barbaque, à la limite, mais il restera bien sagement dans la bagnole.

 

– Merci Mala, t’es un ange.

 

– Non, pas vraiment.

 

C’est ainsi que Mala quitta la propriété le lendemain pour se rendre chez Marlou, car tout le monde le savait chez lui. L’un des deux sous-marins emboîta le pas, mais Tonio était un as de l’escamotage, il les sema sans difficulté. Prévenu à l’avance, Marlou n’en crût pas ses oreilles mais comme il était joueur, il accepta de voir la femme de celui que Carla voulait tellement occire. Il envoya par contre cette dernière à l’autre bout de Paris, sans lui en donner la véritable raison. Babe et Kiki étaient en revanche dans la confidence, et c’est Babe qui ouvrit la porte avec une prudence tendue, lorsque Mala se présenta. Elle était vêtue d‘une veste de smocking en soie sur une robe en tulle noire façonné. Elle chaussait aux pieds d’élégants escarpins noirs à brides en cuir verni et sur son poignet frêle, elle agita pour tendre la main à Babe une manchette très chic, en argent sertie de cristaux. Son apparence soignée lui donnait une dégaine rock et urbaine, avec une touche gothique, enfin elle s’était glissée dans la peau d’un personnage qui n’était après tout qu’elle-même. Kiki lui aussi fut obligé de reconnaître que cette bonne femme du milieu incarnait une expérience excitante à la vue. Elle parlait avec une voix rauque et nerveuse. En revanche, Kiki goûta moins son clébard qui le dominait de plusieurs têtes, car Prinz était là lui aussi. Pendant que Babe introduisait Mala dans le salon où se trouvait Marlou, lequel venait enfin de quitter son lit, Kiki proposa un verre à Prinz dans la cuisine. Le Yorkshire sirota son scotch sans lâcher du regard le museau sombre du berger Allemand. Tout en lapant du bout de la langue un peu d’Armagnac, les prunelles de ce teuton étincelaient de lueurs ambrées hypnotiques. L’invité se lécha les babines avant de prendre la parole :

 

– Vous-êtes un Yorkshire de pure race, je suppose ? Sous le ton de sa voix couvait plus une menace qu’une question.

 

– Vous le supposez, ou vous l’espérez ? Oui, un Yorkshire caramel, j’avais d’ailleurs couté très cher à Germaine Matosgoudmatos, mon ancienne maîtresse.

 

– Je m’en suis douté, rien qu’en vous reniflant le cul. J’ai pas trop de passion pour les machins galeux que trainent derrière eux sur les trottoirs les postiers et les cheminots. Son œil se chargeait en parlant de couleurs acides.

 

Ils allèrent finalement retrouver les autres dans le salon, où Babe leur servit de nouveaux verres. Prinz avala encore un peu d’alcool, puis exprima une sorte de moue mélancolique. Son souffle viril balaya la table comme un ballet russe. Kiki s’amusait moyen en compagnie de ce demi-loup Bavarois, aussi appuya-t-il sur son propre accent Anglais, rien que pour le faire chier :

 

– Je trouve cependant que trop de bon goût est parfois ennuyeux. Je ne me vois pas chien de mannequin, en ce qui me concerne. Cependant votre fragilité émotionnelle m’intéresse grandement.

 

– Chien de privé, ça fait des stages de guérilla ?

 

– De temps à autre.

 

– Ich wette dennoch die du kurs weniger schnell als die Windhunde.

 

Prinz laissa filer entre les crocs sa longue langue d’un rouge écarlate. Peut-être voyait-il dans la remarque de Kiki une sorte de raillerie à propos de Mala. Ses oreilles se dressèrent subtilement au cœur de sa crinière, une leçon de style que Kiki médita aussitôt. Ce frisé participait activement au bruit et à la fureur du monde, il pouvait se fondre sans dépareiller au cœur d’une meute de loups sanguinaires mangeurs d‘enfants, voir même prétendre en être le chef. Kiki termina son verre d’une seule lampée :

 

– Elle aurait pas la tentation fétish, ta punkette ?

 

– Ferme ta gueule, là.

 

Devant ce gars-là, Kiki abandonna un peu de sa fierté pour se ressentir comme une vulgaire bête de ferme, clope au bec et poils boueux. Mala expliquait justement à Marlou que le père de Prinz avait toute sa vie accompagné le quotidien des soldats d’une base alpine. Ça pouvait expliquer l’errance du fils raboté par l’absence de son vieux. En tout cas, Kiki voyait bien que chez ce cinglé une porte se devait d’être ouverte ou fermée, si possible à clef, mais jamais entre les deux. Sa prononciation du français à coup d’accent boche était toutefois largement perfectible. En tout cas, Prinz n’était certainement pas le genre à délaisser les os mais à les ronger entièrement, une fois les organes bouffés.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:44:24
n°41564431
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-04-2015 à 08:23:49  profilanswer
 

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Réunion de quartier.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Une eau polluée ?

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:46:15
n°41570789
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-04-2015 à 01:12:41  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 49.

 

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Le père Albin Michel avait trouvé un bon plan pour se ressourcer dans le désert silencieux de la clinique Saint Bernard. Parce qu’il cultivait depuis si longtemps sa passion amoureuse avec Dieu dans cet oasis de souffrance des corps et des âmes, il en venait parfois à s’oublier lui-même. Il en avait parfois ras-le-bol de tous ces messages toxiques que lui renvoyaient certains malades en train de recommander leur âme au très Haut. Sans compter que son comportement altruiste ne lui permettait pas de s’acheter autant de choses qu’il désirait. Si riches soyons-nous, ce qui nous rend pauvres c’est bien le fait de n’en avoir jamais assez. L’acceptation glorieuse des autres se trouvait souvent contrariée par sa peur de les voir se réveiller, avec leurs désirs propres et leurs aspirations, voir même leur volonté de guérir. C’est pourquoi, il entra dans la chambre 32 avec un sentiment de plénitude profonde, en remerciant le Créateur pour toute cette admirable robinetterie qui maintenait l‘autre à l‘état de limace. La qualité de la solitude de son occupant dans un coma conscient en faisait presque une création artistique, ce qui obligeait le Père Michel à se considérer lui-même avec bienveillance et amour, alors que d’autres se seraient sans nul doute simplement ennuyé au contact de ce genre de client. Ce dormeur s’ouvrait si bien aux autres, puisqu’il était nullement perturbé par mille activités étourdissantes susceptibles de l’éloigner de l’essentiel et de son écoute du prochain. Oui, le 32 était une espèce de saint, et le père Albin Michel se félicitait de l’avoir découvert par hasard, au cours d’une de ses errances vagabondes, où il arpentait en mission les longs couloirs jaunes. Il avait créé avec lui une sorte de solidarité gratuite, en meublant le silence relatif de la chambre avec ses propres questionnements. Cette chambre constituait pour l’aumônier le refuge idéal, un parfait confessionnal où il pouvait en toute quiétude apprendre à ce malade à recevoir complètement sans jamais objecter. La plus belle des solitudes, (lorsque le père Michel prenait un instant congé de Dieu, histoire de souffler un peu), était bien cette solitude à deux en forme d’exorcisme thérapeuthique que lui faisait vivre l’inconscient conscient du 32. Une relation enfin saine et pure, où ne pouvait exister chez ce malade la moindre volonté d’exercer sur le prêtre ne serait ce que l’esquisse d’une position d’influence. Ceci contrairement, et même bien trop souvent à tous ces autres cons, quand bien même ceux-là étaient en train de se voir calancher. Il connaissait tout de ce patient, en premier lieu les créneaux horaires des infirmières, mais là, il se savait tranquille avec lui pour une petite heure.

 

Il posa son vieux casque colonial sur le lit et admira la coiffure officielle du 32, identique à celle qu’exigeait le docteur Halrequin pour tous ses résidents, ce qui donnait du travail à l’atelier coiffure de la clinique et en augmentait un poil les revenus. Père Albin Michel ne put s’opposer au fait établi que le gars se trouvait positivement dans un brouillard qui n’était cependant pas céleste. La mortalité sur les chantiers liés aux apnées pélagiques étaient assez forte dans sa période initiale, mais là, le malade avait bien tenu le coup, un peu d‘ailleurs grâce aux soins qu‘il avait reçu ici. Super, merci mon Dieu. La respiration régulière du 32 constituait un point éminemment positif et une observation riche d’enseignement, pour quelqu’un dont l’état sanitaire se trouve en revanche excellent. Ça, et le fait d’avoir de la nourriture distribuée à heure fixe par canalisation privilégiée. Aussi, relativement loin du jugement de Dieu et de ses armées d‘anges, devant cette ouaille providentiellement absente, même s’il entendait tout, l’aumonier pouvait enfin se lâcher et redevenir lui-même :

 

– Cher monsieur 32, mon fils, tu crois peut-être que ton traumatisme actuel est plus réel que les miens, mais est-ce que tu sais que derrière mon altruisme de composition se cachent bien des blessures secrètes ? Je pense d’ailleurs que ça me serait très difficile de t’en donner une vision globale et cohérente, surtout si ta propre sexualité exclue d’office le bondage et la pédophilie. Je suis prêt à parier que toi, tu es marié, avec une brave petite femme qui se lamente à cette heure de ton état. Une brave petite épouse attentionnée, avec des miches de rêves et des seins plantureux, sans compter sa petite chatte humide. Tu ne sais pas le martyr que j’ai enduré devant cette petite salope de Jeanne Hachette qui ne portait jamais de slip. Elle adorait me montrer sa fente à tout moment rien que pour m’emmerder. Ah ouais, mais moi, 32, ce que j’aime, c’est de les voir s’accroupir pour pisser avec un air moqueur, ça me colle une trique de malade. Surtout si je les ai attachées avant pour leur taper les fesses. Et puis, c’est là qu’ensuite je les caresse avec deux doigts. Ah Jéhovah, entend ma prière, et que mon appel au secours vienne jusqu’à toi. Ne me cache pas ta face au jour où je suis dans une situation angoissante. Ah oui, je suis jésus que tu persécutes. Et toi, là, le 32, petite crevure innocente, peut-être même que t’es païen, ou musulman, ou hindouiste, va savoir !

 

Père Michel entra en noble transe, ce qui le fit grimper à cheval sur le 32. Empourpré, il pria à sa façon sur corps immobile, puis, chassant les esprits visibles et invisibles, il colla un gnon sur la figure du 32, afin de faire la paix avec lui-même dans le sang de la croix.

 

– Pauvre crétin de pêcheur, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux qu’il a appelé selon son dessein. Et lui, il t’as fait plus immobile qu’un sac de sable. Est ce que tu piges ?

 

Le père, devenu soudainement hors de lui, gifla le 32 d’un violent aller-retour.

 

– Mais lève-toi et marche, nom de Dieu, lève-toi et marche, par Jésus Christ notre Seigneur, qu’est-ce que tu attends ?

 

Disant ces mots, il ne résista pas à lui balancer un lot de nouvelles paires de gifles. Mais le patient resta sans aucune réaction. Dieu fort heureusement l’ignorait. Seuls, les écrans alentours signalèrent à leur façon que ça n’allait pas très fort pour ce mec. Le père Michel se calma peu à peu et il se dirigea vers la porte avec regret, mais les alarmes actives à présent l’ordonnaient. Il signa son au-revoir au patient au nom du père et du fils, soulignant qu’il reviendrait bientôt :

 

– Comme une brebis il a été conduit à la boucherie ; comme un agneau muet devant celui qui le tond, ainsi il n’ouvre pas la bouche. Ok, d’accord, c’est bon, je te laisse dormir, puisque c‘est tout ce que tu sais faire. Ça va pour aujourd’hui. Si Dieu est pour moi, tu vois, qui sera contre moi ?

 

Il referma la porte doucement, avant d’aller prendre l’air dans les jardins de la clinique. Il fut un peu surpris de trouver dans le parc le docteur Jason chaussé de bottes en caoutchouc, aux côtés de Cassandra L’Harmattan. Ils avaient posés à leurs pieds une dizaine de bonzaïs en attente d‘être transplantés. Jason leva les yeux et salua le prêtre.

 

– Ha, Cassandra, tenez, je ne vous ai pas encore présenté notre bon père Albin Michel.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:48:01
n°41578978
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-04-2015 à 12:21:48  profilanswer
 

Salon des inventions.

 

Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.

 

Aujourd'hui : La mini long skirt.

 

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Salut les filles. Par devant, par derrière, tristement comme toujours, et bien non ! Directement inspirée du costume traditionnel porté par les femmes des tribus Kmong-Mondtchou Himalayennes, voici une jupe à la coupe absolument révolutionnaire, baptisée par l’église très sobrement la mini long skirt. Taillée courte par derrière, pour ainsi dire à ras le bonbon, elle tombe pudiquement par devant à mi-mollet, dans le but louable de vous préserver du regard insoutenable des goujats et autres malotrus qui vous font trop souvent mal au trou. L’institut de recherche en stylisme associé au salon du pro-fesseur Talbazar à en effet longuement cogité à la création de ce vêtement , car il sait très bien ce que vous pensez. Il n’est aucunement sexiste d’imaginer que vous soyez fière de vos cuisses et de vos fesses, alors que vous décidez d’aller faire vos courses pour en faire profiter l’humanité. Cependant, vous ne supportez pas les regards salaces des mecs dans la rue, et c’est tout à fait normal, il est inutile de prévoir d’aller consulter. Certes, un bustier ajouré est tout à fait sexy, mais rien ne remplace une jupe portée court, c’est l’astuce estivale pour être parfaitement au top, surtout si vous êtes encore au lycée et de belle jeunesse. Ce bout de tissu qui vous oblige à croiser les jambes en prenant une bière en terrasse est en plus la solution gain de place dans les placards. Vous n’êtes toutefois pas strip-teaseuse, et ce n’est pas tous les jours qu’on enterre la vie des garçons. Après avoir épuisé son catalogue d’idée pour vous habiller en toute sérénité, la Moyenne Encyclopédie a trouvé la parade idéale.

 

On objectera que chez certaines, la surprise est un élément de séduction, mais il faut mieux jouer la prudence, surtout en face d‘hommes qui plaisent modérément, ce qui est le cas des employés communaux. Devant tous ces yeux ébahis occupés à vous mater les guiboles, on risque d’oublier un élément de sa liste de courses, et même ressentir un moment d’exaspération. Avant de devenir une loque, on s’oblige au pantalon. Et bien non. La mini long skirt fera remarquer aux autres ces détails admirables qui vous concernent, parce que quand même, vous n’êtes pas si folle pour refuser toute offre globale ; mais sans aucune gêne ni timidité excessive pour vous, puisque vous tournerez toujours le dos aux pervers occasionnels. En revanche, chevilles gonflées, vous ferez face avec défi aux regards salaces des passants qui vous feront face, et les commissions s’effectueront dans un salvateur climat de sérénité. Vous ignoriez l’audace dont vous étiez finalement capable, ce vêtement astucieux vous le révèlera d’une façon magistrale.

 

100% polyester, infroissable, la mini long skirt, outre son aspect décoratif, met votre pudeur bien à l’abri, tout en vous épargnant la désagréable sensation des jambes offertes. La Talbazar textils industry emploie donc à l’heure actuelle 30.000 chinois dans les sous-sol de Paris-Défense pour parvenir à livrer dans les boutiques de luxe cette dernière création. Ce vêtement bi-saison qui se porte de préférence avec une lingerie foncée est ainsi remarquable, et permet de se promener selon votre désir nomade en parfaite tranquillité, conformément aux obligations décoratives de la rue. Quel bonheur de sortir au grand jour en sa compagnie !

 


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:49:01
n°41620985
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 10-04-2015 à 15:51:46  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 29.

 

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Tahosétlafer creva vingt mules pour remonter vers Thèbes. Lassé par la lenteur de ces bestiaux, il avait loué une litière rapide, un bolide qui demandait finalement  dans sa conduite une certaine finesse de la part de ses huit porteurs, puisqu’il leur fallait de temps en temps ouvrir la bouche pour se refroidir. Sans chercher la performance, ceux-là pouvaient monter à 400 pas/mn et le porteur de tête avait le pouvoir de réfléchir par temps de brouillard, ce qui permettait d‘éviter le pire. La litière ne saluait pas au freinage, ne se cabrait pas aux accélérations et roulait fort peu dans les virages. L’arrivée à Thèbes ne fut donc pour le grand prêtre qu’une simple promenade de week-end, en dépit d‘une carrosserie rayée par quelques branches basses. Au cours de son voyage, il avait eu tout le loisir de se rendre compte dans quel état pitoyable se trouvait le pays. De nombreux riches effectuaient des tâches pour les pauvres et identiques au Nil qui rentre dans son lit en abandonnant des flaques luisantes, beaucoup d’épouses se vendaient au plus offrant. Les chasseurs ne capturaient que des pêcheurs dans leurs filets, eux-mêmes bredouilles. On constatait que quel que soit le point cardinal, les canaux n’étaient plus curés. Les temples n’étaient plus réparés et les fellahs se coupaient les genoux avec leur faucilles, faute de blé, tout en réclamant de la bière introuvable. Les ânes n’avançaient plus qu’à reculons dans la poussière des chemins, ce qui offrait des collisions tristement drôles. Les bœufs assis par terre sous les tentes n’avaient plus rien à faire. Quand une bête ou un homme mourait, même les mouches se battaient entre elles pour réclamer leur part. Beaucoup des statues de Néefiertarée avaient été décapitées, et leur tête remplacées par celle de Ramassidkouch, ça lui faisait d’ailleurs un drôle de genre. Aussi, devant tant de désolation, Tahosétlafer avait-il hâte d’accomplir sa mission régicide et souhaitait-il surtout que Ramassidkouch ne se méfia pas de son projet meurtrier. Il se murmurait en revanche que les greniers du Pharaon étaient très bien pourvus, et c’est bien un étonnant contraste qu’offrit à ses yeux le palais de Néefiertarée, lorsqu’il y parvint enfin. Là régnait dans tous les recoins une richesse insolente, loin de la tragédie vécue par le peuple. Le devin mit la matinée pour grimper les marches du grand bâtiment, assaillies encore par des hordes d’enfants perdus qui ravalaient leurs sanglots dans leur gorges privées de nourriture. Il fut consterné par l’attitude méprisante et la morgue renfrognée de tous les Thébains qu’il rencontra. Le moindre caprice de Ramassidkouch les obligeait d’ailleurs à répondre par des cris de colère d’une richesse sonore inouïe. Crise ou pas crise, les gardes n’avaient pas renoncé à garder les portes du palais, et leur présence abondante attisait elle aussi un climat de violence sourde. Souffrant dans leur chair, une file ininterrompue de pauvres femmes qui avaient subies des viols de la part des soldats impunis sortait par une petite porte de service. Toutes ces scènes affligeaient et donnaient de l’urticaire à l’envoyé de la reine, tout en le confortant dans son dessein d‘étrangler l’odieux mari qui l‘avait remplacé.

 

Il pénétra sans problême dans le palais grace à sa noble hérédité. Libre et frivole, couronne d’Egypte sur la tête, les cheveux huilés à la graisse de chat, Ramassidkouch claquait quand à lui son pactole en lutinant une demi-douzaine d’esclaves dans son lit, insensible aux soucis du monde sur lequel il régnait. Ses paupières étaient recouvertes de feuilles dor. C’était devenu un bonhomme grassouillet au caractère tyrannique qui continuait de vivre dans un cadre acceuillant, dans lequel on rencontrait beaucoup de Hittites qui n‘étaient toujours pas retournés chez eux.

 

– Par Thot, le dieu de mes connaissances, mais c’est ce bon vieux devin Tahosétlafer, tu bois un coup de ma meilleure amphore ?

 

– Clairement pas de refus.

 

Quarante esclaves aux tuniques rapiécées firent la chaîne pour apporter une amphore de vin gaulois pesant 25 kg. Pour la déguster tranquillement, les deux hommes s’installèrent sur un grand divan recouvert de soieries précieuses. Les grands dignitaires comptaient leur monnaie et regardaient ailleurs. Docile, un grand chien rapporta au roi par intérim un esclave abattu par jeu d’une flèche rapide.

 

– Comment ça se fait que tu sois déjà de retour sans la reine ?

 

– Nous avons fait la guerre à quelques rebelles, à ce qu’il paraît des indépendantistes Foufounais, je me suis retrouvé prisonnier, et puis heureusement évadé avec l’aide d’Amon, mais j’ai ensuite perdu toute trace de la Pharaonne. J’ai jugé plus sage de revenir ici.

 

– Et comment va la petite puce à son époux, la dernière fois que tu l’as vue, elle trimballait toujours ses morpions sacrés ? On m’a signalé qu’on la surnommait l’épilée du Nil.

 

– Ho, elle va bien, et ses morpions aussi. Pour le reste, c’est plus proche de l’info que du ragot, selon des racontars de première main.

 

– Elle est douée pour lancer les modes. Très bien, amusons-nous, alors.
 
 Ramassidkouch chahuta un instant sa barbe divine recourbée et claqua dans ses doigts pour faire venir les danseuses. Ils regardèrent les filles se déhancher et le côté ermite pur et dur de Tahosétlafer prit un bon coup dans l’aile. Riche, puissant, couvert de chaînes en or et de femmes, le régent ne se privait d’aucun caprice. Chacun de ses serviteurs aux vieilles frusques s’ingéniait à ne pas voir faiblir la flamme de ses désirs, car c’était d’ailleurs ça ou la mort instantanée. Tahosétlafer se laissa un moment grisé par le vin, par le roulement des tambours, les rythmes syncopés et les hurlements des danseuses en cache-sexe dont les os pétaient les uns après les autres, vu qu’elles étaient toutes anorexiques. Il était 10 h du soir à la clepsydre portative de Tahosétlafer :

 

– Jamais de problème de voisinage, à cause du bruit ?

 

– Elle est maline ou sarcastique, ta remarque ?

 

– J’ai rien dit.

 

Le crépuscule se faisait inquiet, Tahosétlafer s’évada un instant du tapage ambiant pour aller respirer un peu de la pollution de Thèbes sur un balcon. Ils ébauchait de nombreux scénarios visant à tuer l‘autre gros con, histoire d’imaginer dans quel partie du corps il lui planterait son couteau, mais il savait que la hâte n’était pas bonne conseillère. Quand cinq esclaves surgissant promptement le balancèrent par-dessus la rambarde, il n’eut que trente secondes pour réfléchir à la niaiserie de son rôle. Il essaya au tout dernier moment, mais vainement, de se transformer en grue cendrée. Trois autres serviteurs de Ramassidkouch ajoutèrent en plus sur son cadavre, en grande partie ensablé, l’eau sale du bain qu’avait prit leur maître trois heures auparavant, derrière un paravent. Satisfait de sa mise en scène mentale qui avait carrément réglé son compte à un puissant magicien, Ramassidkouch alla se coucher avec quelques vierges, sans pour autant pousser à fond les préliminaires, comme dirait Strabon.

 

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Revue de presse

 

Aujourd'hui : Prisonnière de ses pâtes.

 

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Revue de presse

 

Aujourd'hui : Accident à la piscine.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:53:11
n°41626581
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 11-04-2015 à 11:52:28  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 51.

 

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Au troisième jour de la cinquième lune du deuxième mois de la sixième saison, le soleil fit fondre la neige comme une main de géant sur Lisneylandem. Quatre nouvelles pierres montaient le castel d’Helga Tétipayday, reine et déesse des Onkulés aux doux mœurs cannibales. Tout en leur apprenant la maçonnerie, Mirlen parvenait désormais à discutailler quelque peu avec ces gens, en employant leur idiome qu’il décodait de plus en plus facilement. Il les écoutait en sifflant sa corne de gnôle, prêtant la plus grande attention au style et au vocabulaire, il apprit ainsi mine de rien un grand nombre de choses édifiantes sur leurs pratiques barbares, leurs coutumes féroces, les usages cruels et les sacrifices sanglants qui les nourrissaient. Tous semblaient ravis de pouvoir se faire comprendre de lui et de l’initier à l’accomplissement de leurs rituels. Dans ce pays, il se rendit compte par exemple que les jeunes actifs préféraient manger les vieux plutôt que de travailler pour payer leur retraite. Les sauvages avaient en matière de dévoration des autres une inspiration extralarge très riche en nuances. Helga se montrait ravie de pouvoir communiquer à son peuple et donnait journellement à Mirlen une liste de choses à faire exécuter à ses sujets pour la satisfaire au mieux, sans qu‘il soit question du moindre vote initial. Cependant, les réserves de corps disponibles pour la boucherie et conservés dans le sel diminuaient semble-t-il rapidement chez l’heureux peuple du Mont Velu. Un grand danger de pénurie régnait donc sur le cassoulet, contraignant le chef Owen Zesaints, tunique brodée et boots en lézard, à réunir la tribu dans la grande case des Fêtes surchauffée. Le grand sorcier Awan Toutriforfive, plutôt conservateur et attaché aux valeurs traditionnelles, demanda le silence, puis parla avec conviction de leurs racines, mettant l’accent sur l’effort de tous, la propriété, la famille qui nourrissait tout le monde. Présent dans un coin, Mirlen s’enchantait de cette plongée dans la culture plouc des Onkulés, aux nuques et aux oreilles bien dégagées. Helga en revanche s’ennuyait sur son trône de toutes ces déclarations soporifiques. Elle demanda à Mirlen de signifier à Owen et Awan qu’ils abrègent, pour qu’elle puisse retourner dans son bain. Puis la foule s’agita, car Owen venait de faire une déclaration de première importance :

 

– Les lieudems lénissentboque notre lillagevic, mes lamiqués, mais loicivem lenuvoques les leaubichs lourjattes et le lèmtocs de lairefé la lassechem aux loisinvoques.

 

Helga se pencha aux oreilles de Mirlen :

 

– Quel est ce batelage que nous baille Owen par grand pompage de sa salive, maître, pouvez vous me le traduire ? ça me semble important.

 

– Et bien, il est question de se mettre en route prochainement pour organiser grande chasse aux voisins, afin de rapporter ici leurs boyaulx et leur haste menue, par grande et prudente provision de bouche. Puisque visiblement, cousins et cousines n’y suffisent plus en prise quotidienne.

 

Le chef avait reprit la parole :

 

– les larguems, il laraîpoc l’ilquem y a plus au lornatte un lillagevuche lourréboque l’écoliédics lavoureussems. Je lensepé l’onquic levraidem y leffectuépuche là-bas une lattuebem lidéalequème.

 

Ainsi Mirlen comprit que tout le village partirait bientôt pour chasser le voisin dans un village plus au nord, histoire de déchirer rituellement quelques tripes d‘enfants. Ce soir là, la tête encore pleine de dossiers en cours et de problème à régler, comme celle de la température finalement idéale de son bain et la taille de sa nouvelle penderie en construction, Helga réclama auprès d’elle la présence de ses amis, histoire d’alléger ses pensées.

 

– Prenez bien garde à vous, majesté, lâcha perfidement Belbit le Huelabit en ricanant sous cape, car je trouve qu’à force de bouffer vos brochettes humaines, vous semblez accuser une ligne un peu grasse en fin de journée.

 

– Je saute tout les soirs à la corde pour éliminer, mais cesse donc ta ritournelle, petit nain, car il pourrait t’en cuire à feux doux. Bon, il se prépare chez mon peuple une chasse aux voisins, je vous ai réunis pour vous demander si vous comptez en être. En serez-vous ?

 

– S’il s’agit de mortir un grand nombre d’Onkulés, par Kramouille, j’en suis ! déclara Hivalanoué.

 

– Et nous aussi, ajoutèrent en chœur Erald et seigneur William, peu soucieux de jouer à cache-cache avec leurs sentiments. Nous remplirons pour vous nos cabas de belles têtes Onkulés, majesté !

 

Une légère crispation musculaire sur la poignée de leurs épées accompagna l’agitation de leur pensée.

 

– Et si ça peut finalement nous éloigner d’ici, j’en suis aussi, intervint laconiquement Belbit. Point ne saurais rester sans vous dans ce bled de tarés qui se nourrissent de fœtus en bocaux.

 

– Il se dessine sans doute un scénario tristement destructeur à l‘exercice périlleux, mais nous n’avons guère le choix, semble-t-il. Je comprend désormais l’Onkulé, j’en serais donc aussi.

 

– Fort bien, mes amis, leur dit dame Helga, j’en suis bien aise de vous voir si bellement intégrés. Il n’est guère étonnant que vous ayez reçus autrefois médaille de chevalier. En ce qui me concerne, je resterai bien peinarde à Lisneylandem, histoire de garder les yeux grands ouverts sur l’avenir de mon royaume, dont je suis hautement responsable, comme vous savez. Mais je vous félicite, mûrir c’est réinvestir ce qu’on avait auparavant négligé de soi. Vous verrez, la chasse aux voisins est probablement très distrayante et comblera sans doute votre ignorance de provinciaux. Bien sûr, le chantier de mon château stagnera en attendant, mais tant pis.

 

– Mais oui, mais oui, ma jolie, notre courte séparation nous rendra tous forcément plus dynamiques, lui répondit Belbit sans la regarder, en creusant dans sa flûte un nouveau trou bien rond. Il irait de toute façon n’importe où pour fuir cet univers de cannibales vénéneux.

 

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bon week-end à tous.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:55:13
n°41641011
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-04-2015 à 22:35:18  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 50.

 

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Comme elle était penchée bien droite devant ses yeux, et qu’il pouvait apercevoir cette frontière foncée du haut des bas qui ornait ses cuisses, le prêtre se signa mentalement : « Pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers. » Elle redressa son buste en affichant un sourire radieux, puis elle retira avec une grâce de vedette le gant vert en caoutchouc de sa main droite. Elle salua courtoisement le Père Albin :

 

– Je suis donc la nouvelle aide-soignante, mon père, enchantée de faire votre connaissance.

 

– Bienvenue, ma fille. Prenez garde à vous, ne soyez pas trop vite mariée, ni trop vite maman, vous prendriez le risque de vous ennuyer en dehors des heures de messe.

 

 Il s’efforça de reprendre entièrement le contrôle de lui-même, face à ce bel oiseau aux paupières orangées, puisque Dieu l’obligeait une nouvelle fois à affronter une épreuve terrifiante. Cette jeune femme ravissante n’avait même pas l’air en deuil, ni à priori tragiquement abîmée par l‘absence d‘une mère.

 

– Bon, excusez-nous, mon père, intervint Jason, nous avons du travail, comme vous le voyez, nous devons terminer quelques opérations de jardinage.

 

– Voilà qui vous change des opérations de la cataracte, certainement. Il lâcha un rire complaisant. Je vous souhaite à tous deux une très bonne journée.

 

Cassandra posa délicatement son bonzaï de Baobab que Jason avait décidé d’ajouter au jardin Alpin. Elle se releva en baillant.

 

– Je n’ai pas bien dormi hier soir, je crois que j’ai un petit coup de barre.

 

– Vous devriez vous coucher avant 22 h, éviter les bons films à la télé et les livres passionnants. N’hésitez pas à consulter un spécialiste. D’ailleurs, je suis spécialiste. Quelques mini-siestes devraient parfaitement vous aider, ça me serait facile de vous réserver une chambre, vous-savez. La 93 est à présent libre, je crois.

 

– Merci docteur, c’est gentil, mais ça ira. Pas plus que je n’ai besoin du gaz carbonique et des sels de potassium d’un verre de champagne pour contrer une cellulite débutante !

 

– Jason éclata de rire : ça c’est vrai. Dites-donc, vous en savez des choses, Cassandra. Néanmoins, je suis certain que vous n’avez pas remarqué mon offre d’une bouteille de vin pétillant à mes patients chaque soir, ils dérangent mes infirmières trois fois moins qu’ailleurs, la nuit.

 

– Alors ajoutez-y une tablette de chocolat, c’est l’antidépresseur-anxiolytique idéal. Nous sommes en Suisse, que diable !

 

– Eh bien je ne le dis qu’à vous, mais j’expérimente précisément ces jours-ci les flavanols pour guérir la rouille humaine, à cause des antioxydants présents dans les fèves de cacao. Si ça marche, je dépasse mes honoraires et je vous fait livrer chez vous une caisse de champagne. Gardez quand même pour vous ce petit secret, en attendant. Il regrettait visiblement un peu d’en avoir trop dit.

 

Statufiées à l’une des larges fenêtres du département consacré à la médecine des blondes, Gwendoline et Babette observaient également Jason et Cassandra travailler à leur activité horticole. Une sourde colère tournait sa ronde fielleuse dans leurs têtes à la vue de ce tableau navrant. Toutes les deux s’étaient patchées d’électrodes placées dans leur pantalon de travail, afin de se raffermir les muscles fessiers par électrostimulation, tout en continuant de soigner tranquillement leurs patients. Les 2 mn d’échauffement et les 2 mn de relaxation s’étaient écoulées depuis longtemps, elles étaient désormais animées de tremblotements qui transformaient leurs culs en toupies. Elles approchaient à grande vitesse au stade de la douleur neuropathique, aussi durent-elles se tenir mutuellement les épaules pour s’éviter de trop grands sursauts :

 

– Comment tu la trouves ?

 

– Elle ferait mieux d’aller loin d’ici s’occuper de gosses dénutris.

 

– Elle fait un peu pute, non ?

 

– A cause de ses grandes guiboles, ou de sa manie de sourire à n’importe qui ? Elle est plutôt élégante, je dirais.

 

– Ouais, en tout cas, Jason ne la quitte plus, si tu as remarqué. Je dis que cette nana en veut à son fric, c’est parfaitement clair.

 

Trickle down, Gwendoline, le patron gagne gros et les autres le regarde en essayant d’en profiter. Ça ruisselle du haut vers le bas, un peu comme cette rousse, faut croire. Mais c’est vrai que lorsque Jason la regarde, on dirait qu’il est en train de la prendre en photo.

 

Pour Cassandra, c’était maintenant l’heure de faire la toilette au 32. Elle se désolait du diagnostic qui figeait ce pauvres gars sur son matelas comme un paquet de nouilles. On lui avait cependant dit qu’il entendait clairement les sons diffusés autour de lui, mais personne, pas même le docteur Halrequin, ne savait ce qu‘il en faisait. Il fallait attendre qu’il reprenne pleinement connaissance avant de retrouver l’usage de ses facultés motrices. Pour le moment, il n’était pas tiré d’affaire, loin s‘en fallait. Elle augmenta la lumière :

 

– Bonjour monsieur 32, et qui c’est qui va laver son petit kiki ?

 

Et puis elle découvrit sur le visage aux joues rouges et brûlantes de l’apnéiste un horrible œil au beurre noir. Une vision qui n’avait cependant rien de comique. Elle posa son nécessaire de toilette sur le lit et examina l’homme plus attentivement. Ses mains saignaient comme un Christ, il était couvert d’hématomes sombres sur les bras. Dans la prunelle trop vivante du comateux, mais aussi fixe que celle d‘un macchabée, Cassandra découvrit quand elle se pencha sur lui un univers de terreur muette, qui la fit frissonner. Faute de s’exprimer, le 32 salivait abondamment. Elle sortit aussitôt dans le couloir pour interpeller l’interne de service en quelques cris succincts.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:56:33
n°41662492
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-04-2015 à 21:30:27  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 70.

 

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Les abondants tatouages de Mala Gutti exerçaient une véritable fascination sur Marlou. Ces fioritures épidermiques lui rappelaient les bandes dessinées de son enfance qu’il piquait dans les kiosques, avant d’aller les dévorer avec enthousiasme dans l’abri de sa chambre. Des histoires de flics et de voyous, bien sûr. Les bras et les épaules multicolores de la femme de Beau en étaient recouverts, mais nul doute qu’elle en avait certainement partout, avec probablement une apothéose dans l‘intime. Son petit nœud rouge de travers sur la tête, Kiki faisait sagement le mort sur le divan, mais Babe savait qu’il faisait semblant. Couché dans son coin, Prinz gardait les yeux ouverts et montrait par contre ouvertement qu’il était là pour défendre sa miss du moindre coup fourré. Il réclama d’ailleurs un nouveau verre, sans doute pour se tenir éveillé.

 

– Marlou ?

 

– Oui, Babe.

 

– Qu’est-ce que tu en penses ?

 

– Donc, Mala, vous me livrerez Ewij Nikasek si je vous l’échange avec Jim Delacotte, c’est bien ça ? Je vois bien ça se faire, mais j’ai cependant un problème.

 

– Et quel est-il ?

 

– Je ne sais pas où se trouve Jim actuellement.

 

– Il n’a aucun financement et tôt ou tard, il vous appellera pour l’épauler. Sans compter les associés de mon compagnon, tout ce qui porte un uniforme de police dans ce pays est sur ses trousses. Il reviendra vers vous, Beau en est sûr. Peu importe, dès que vous le tenez, la princesse vous sera remise en bonne santé.

 

La radio chantait en sourdine « O corse île d’amour », de Tino Rossi, Babe remplissait les verres et Marlou réfléchissait. La vision de Mala assise en face de lui ne l’aider guère à raisonner. Calme, elle paraissait avoir tout son temps. Elle ramena tranquillement ses cheveux noirs et fins sur le haut de la tête, une mèche lui barra le visage, ne voulant rien savoir. Elle laissait une main sous l’une de ses jambes croisées. Son cou au dessin délicat orné de calligraphies alambiquées attirait sans appel le baiser chaud des hommes. Ses ongles peints en blanc faisaient pendant aux deux petites perles en céramique, laiteuses elles aussi, qui s’accrochaient à ses lobes d’oreille comme deux petits œufs d’insecte inquiétants.

 

– Tout ce noir dont vous vous revêtez, vous êtes Italienne ?

 

– De cœur, peut-être, je suis née à Bastia. C’est marrant d’ailleurs, ça.

 

– Quoi donc ?

 

–  La chanson, là, Tino Rossi. Vielleicht trinkst du nur zu viel, Prinz…

 

Le berger Allemand lui jeta un regard amadoué et sa tête prit appui contre les tibias de sa maîtresse. Probablement que Beau et lui ne distinguaient pas en Mala la même chose que Marlou. Par la fenêtre ouverte, le grand soleil brûlant avait allumé le chauffage sur la ville et le ciel sans nuage y ajoutait généreusement son bleu profond. Le privé ne pouvait s’empêcher de déguster cette femme mystérieuse, aux yeux durs, scrutateurs, intransigeants et pourtant incroyablement féminins. Une seule ridule minuscule barrait le milieu de son front intelligent, autrement parfaitement lisse, comme un léger coup de cutter du créateur. Une sorte de mignonne cicatrice expressive qu’elle possédait sans doute déjà en naissant. Sa bouche mince d’un rose discret articulait les mots avec douceur, mais elle y rajoutait en appuyant sur certaines phrases un chuintement de serpent. Comme elle voyait Marlou barré dans le vague, elle s’adressa gentiment à Babe :

 

– Je vous ai déjà entendu chanter, il y a un an ou deux, votre voix est absolument magnifique. Même Brenda pâlirait à vos côtés. Ce qui n’est pas peu dire.

 

– Merci du compliment.

 

Le téléphone de Mala tinta, elle le sortit de son sac. Beau n’y alla pas par quatre chemins, il lui signala avec des mots cousus de fiel que les deux utérus non protégés de Calisse Honeymoon et Nathalie Doberman venaient de faire l’amour avec le long canon d’un Smith et Wesson 44 magnum, aux dires de la police qui pointait là l‘art névrotique d‘Harry le Chacal. Le visage de Mala s’affubla d’une pâleur fugace. Elle se leva d’un bond, bousculant Prinz au passage :

 

– Pardonnez-moi, merci beaucoup de m’avoir reçue, mais je dois y aller. Jim et ses deux furoncles viennent de torturer à mort deux filles de chez nous. Trouvez ces chiens, Marlou, donnez-les nous et vous aurez Ewij, vous aurez du blé, vous aurez tout ce que vous pouvez désirer, je vous le jure.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 08:58:23
n°41667637
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-04-2015 à 12:31:51  profilanswer
 

Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Faillite de la Talbavroum.

 

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Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Faillite de la Talbacypède.

 

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Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Faillite de la Talbaplouf.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:00:28
n°41705128
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 19-04-2015 à 11:40:58  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 30.

 

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Cranes rasés et tatoués, quelques charlatans, profiteurs et autres prêtres d’Isis vinrent barber Néefiertarée cloîtrée dans sa résidence, car chacun avait soit-disant eu dans ses visions la cause de l’accident ; mais la pharaonne ne s’en laissa pas conter avec les fables de ces oracles. D’aucuns accusaient les Hittites, les Hyksos ou les habitants de l’oasis de Foufoune, d’autres quelques nobles Tépafins ruinés par l’expropriation de leurs terres, nécessaire au développement du chantier et la construction du nouveau palais. Certains encore accusaient simplement la qualité des cordages, mettant clairement en cause les compétences professionnelles de Pubi Senfouyî. Comme le soir tombait, les baumes précieux ruisselaient sur le corps divin de Néefiertarée pour embaumer la nuit de ses voisins. Lassée par tous ces discours vains, elle voulu congédier poliment tous ces vautours opportunistes recouverts de peaux de léopards, une fois lâchées dans leurs doigts crochus quelques piécettes pour le denier du culte. Cependant, le grand chef des prêtres de Tépafou, un certain Jérijône, tint à lui remémorer avant de la quitter son incontournable devoir sacré :

 

– Ho pharaonne, Maîtresse des Deux Terres et d’après ce qu’on dit de bien du monde, notre resplendissante demeurée éternelle, je t’informe que ce sera très bientôt, dans notre bled, le temps d’accomplir en ton honneur les cérémonies fastueuses de la fête de Sed.

 

– La fête jubilaire ? Ça colle pas, je n’ai pas trente ans de règne.

 

– Ouais, d’accord là-dessus, mais nous, les prêtres d‘Isis, on a décidé de supprimer le zéro des 30, et que le heb sed s’imposerait le plus vite possible, avec un apparat tellement éblouissant que la déesse Ishtar de Babylone pourra toujours envier, mais aussi se tringler pour en espérer autant de la part de ses fidèles.

 

– Et pourquoi donc un tel empressement ?

 

– Ben plus que pour toi, la religion se confond pour nous, les prêtres d’Isis, à notre histoire personnelle. Peut-être que ça t’échappe un peu, vu que t’occupes la fonction suprême. En reconnaissance de notre parcours mystique, les gens nous nourrissent habituellement en faisant des dons en nature aux temples, mais ces temps-ci, on se serre la ceinture, à cause de l’état de l’Egypte. Mais pour la fête du Sed, personne ne pourra rechigner à offrir des moutons et des boeufs, et nous, on s’en mettra plein le buffet. On veut juste gonfler un tantinet nos ressources.

 

– Je comprend le problème, ça se tient du côté juridique. Une pharaonne ne peut pas poser de restrictions aux libertés religieuses. Mais vous êtes chiants à en vouloir toujours plus et vous acheter de grosses litières, si mon royaume s’écroule, vous n’y serez pas pour rien.

 

– N’empêche que c’est la crise, à cause de ton mari. L’inquiétude et la colère grondent chez mes prêtres, faudrait que tu fasses attention à pas trop tirer sur le tissu social. Une bonne fête de Sed, crois-moi, ça va les calmer, et puis ça filera au peuple une vision exaltée de ton règne.

 

– Si mes souvenirs sont bons, elle est chiante ta nouba. Faudra que je me colle toute la journée une barbe divine au menton, comme un mec, et que je porte un manteau blanc, super salissant, merci bien. En plus, c’est pas dans cette fête qu’on organise une course rituelle de la reine ?

 

– Si, si, une course dans la cour du temple au cul d’un taureau, d’ailleurs, mais le plus souvent devant, évidemment, en l’honneur du dieu Ptah.

 

– Et ben heureusement que je m’entraine chaque jour à faire un peu de footing dans les jardins du palais, tous les matins !

 

– Ouais, faudra que tu galopes comme une dingue pour réjouir le peuple, c’est un des rites fondamentaux du Sed, on ne peut pas déroger à la course.

 

– Je suis déjà fatiguée rien que d’y penser. Bon, t’as prévu le bazar pour quand ?

 

– Normalement, d’après consultation des astres, ce sera le sixième jour du second mois de Prurit, dans huit jours, en gros.

 

– Ok, je vais donc ordonner qu’on commence à tisser le grand manteau de lin blanc, ça devrait le faire. Laisse-moi seule, maintenant.

 

Pour faire un peu de lumière, on alluma trois mille bougies sur sa demande. Jésentilpetla était introuvable, malgré l’ordre qu’elle avait donné de la faire venir à son chevet pour l’aider à retirer sa lourde perruque. Elle s’allongea sur son grand lit en s’avouant fatiguée de sa journée. Les morpions s’échouaient sur son pubis aussi bronzé qu’épilé, comme des crocodiles sur un banc sableux. Mais n’avaient-ils pas été autrefois crocodiles de son petit bassin, justement, avant d’être transformés dans leur état actuel par ce crétin de Tahosétlafer ? Plissant ses fins sourcils qui épousaient la courbe de ses oreillers, elle se demandait ce que devenait le devin. Est-ce qu’il avait finalement réussi à la débarrasser de Ramassidkouch ? Peut-être avait-il eu quelque problème sur le chemin du retour. Elle n’avait aucune nouvelles de Thèbes, mais elle ne pouvait pas abandonner si prêt du but son projet de se faire bâtir un monumental mausolée de star dans la ville de Larnak et mater la grève de grande ampleur qui était en cours. Vu que sa personne comprenait un corps, d’ailleurs bien foutu, sans parler des mamelles de la nation, auquel étaient associés plusieurs principes spirituels qui, libérés après sa mort, resteraient liés à son cadavre. Fallait qu’elle veille précieusement sur son akh, principe immortel, la force divine représentée depuis toujours par un ibis, et que seule elle possédait en tant que reine, à l’égal des dieux. Il y avait donc une certaine urgence à secouer ces connards d’ouvriers. La nouvelle de l’exécution de Vabôssé avait singulièrement durci le conflit. Il faudrait sans doute employer l’armée commandée par Merdenkorinnanâr pour les remettre au boulot. Mais elle voyait bien que ce salaud de Ramassidkouch pillait son trône impunément comme un goret. Glissant sur ses babouches en cuir d’hippopotame, Jésentilpetla se pointa enfin, dépeignée, la tunique en désordre et les yeux pétillants, comme si elle venait de débarquer d’un homme. Néefiertarée porta sur elle un regard aiguisé, car la coquette ahurissante de grâce, belle et gracile, sentait le corps amoureux et puait l’organique masculin. Tout en elle dégageait une atmosphère de flirt assouvi.

 

– Tu étais où ? Néefiertarée prenait un malin plaisir à glisser un talent mélodique dans sa voix, pour faire avouer à l’autre qu’elle venait de baiser.

 

Le doux visage de l’esclave vira au jaune, mais avec un air innocent, et même angélique, Jésentilpetla tarda à répondre avec des sifflotis d’oiseaux ultra mélodieux, tout en se massant distraitement le popotin :

 

– Je triais des amphores dans la cave, en compagnie d’Isléfet.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:07:06
n°41717840
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 20-04-2015 à 16:01:07  profilanswer
 

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Perdus dans un tronc.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Centre de formation des pères Noëls.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:08:12
n°41725284
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-04-2015 à 11:23:45  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 52.

 

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Du fond de sa prison dorée, Marie Stetarte n’avait aucun moyen d’avertir Vazy Métoian qu’il ne couchait pas avec une splendide jeune femme, mais bien avec une horrible vioque décrépite. Elle se morfondait dans l’ombre et la poussière devant la vilenie de cette sorcière, bien que la chose la fasse moult rire en secret de savoir le tyran aussi bellement conchié et déconfié. Ce qui ravit l’œil ravit l’âme, cette blague ! Cette information lui serait fort utile, sachant que si le roi de Mouyse apprenait avoir été lobé par celle qu’il comptait prochainement épousailler, il ne perdrait certainement pas de temps pour l’estriller de mort lente au centre de sa ville. Ainsi, Marie serait débarrassée de sa pire ennemie. Mais il faudrait pour cela que Vazy puisse l’odir, et qu’elle puisse prouver son accusation, ce qui n’était pas si facile. En attendant, sorcière Gisèle continuait de fraterniser avec les démons pour déployer charme et malice avec énergie, et son homme n’y voyait que du feu, à défaut de n’y voir que du vieux. Fureur, morts et larmes continuaient également d’ensanglanter ce côté-ci de l’Hyperbourrée et chacun redoutait de croiser sur sa route les soldats du despote ou les gens à sa solde. Des gorges de tout le monde sortaient de vilains cris. L’Ovoïde Vazy Métoian LXIX, empaleur de Kiess, roi de Mouyse, puissant souverain de l’Hyperbourrée de l’est, faisait claquer au vent mauvais, avec de plus en plus de force, sa bannière au crapaud empaillé fumant du cul (D’or à deux épées passées en sautoir cantonnées de quatre nèfles, au crapaud fumant de gueules enculé de paille brochant, le tout de sinople entouré d’un liseret d‘argent), avec de plus en plus d’injustices. En se souvenant du temps d’avant, lorsqu’ils étaient grassement subventionnés, les bardes et ménestrels du pays ne chantaient plus qu’avec tristesse et grande mélancolie.

 

Ors, il existait près de Kiess un endroit perdu appelé la Commanderie d’Aufesse, une ancienne seigneurie de l'Ordure des Hospitalisés de Sainte Kramouille. Là se réfugiaient hors d’atteinte du despote quelques chevaliers sous les ordres démocratiques d’un scieur nommé Robin qui boit, le chevalier Guy Bouyave, amateur de bœuf Bourguignon, le chevalier Percevalve, le chevalier Yvan de Ladaupe, le chevalier Gauviens, le chevalier Braillard, sans beurre et qui se rapproche, et bien d’autres qui n’avaient pas oublié l’assassinat du roi Karl-Heinz Shâh Soltan de la Cornette, seigneur légitime de Kiess, tant sa vie, son œuvre et sa légende lui valaient un peu de gloire posthume. Ce qui rendait encore plus cruelle sa mort odieuse, à l’heure où le devenir de Kiess et de Mouyse se raffermissaient conjointement dans la cruauté du pouvoir de Métoian, lequel se voulait sans tarder empereur du Minouland. Ils pensaient tous glander dans la forêt de la Kounass pour goûter une retraite paisible, mais la nouvelle, par une indiscrétion de serviteur, de l’emprisonnement à Mouyse de la femme du vizir de Fion pulvérisait leurs plans de tranquillité, car c’était là un motif sérieux pour le trône d’Amanda d’entrer en guerre.

 

– Holà Robin, fit le chevalier Percevalve, nous devrions lancer dans les airs une poularde messagère pour avertir Amanda Blair.

 

– Voilà certes qui promettrait bastaille. Mais nous pourrions aussi nous lancer en arroi pour délivrer nous-mêmes la bachelette et venger cette insulte.

 

– Mouyse est chargée de courtines solides, messire Robin, point n’y songeons, nous sommes trop peu nombreux, ajouta le chevalier Gauviens.

 

– Nous pourrions nous faire passer pour des ambassadeurs et ainsi pénétrer plus aisément dans la ville, fit Guy Bouyave.

 

– Vous oubliez la satanique qui chauffe les nuitées de Vazy, mes beaux messieurs. Elle aurait prestement la vision de nos desseins. Voilà bien une ténébreuse affaire qui transpire de nos chuchotements. Mais nous portons les défroques des chevaliers de l'Ordure des Hospitalisés de Sainte Kramouille, servons nous-en, car cela nous assure quelque neutralité.

 

– Voilà qui est bien jacté, Robin qui boit, prenons prétexte d’offrir à Vazy Métoian la sainte relique de l’Œil de dinde, ce bijou magique et précieux qui chauffera ses mirettes et surtout celles de sa sorceresse, je t’en créant.

 

– Nous débarrasser de notre inestimable relique, point n’y songez, messire Braillard !

 

– Mais bien sûr que non, ce n’est qu’une ruse, comme vous voyez. Nous produirons un faux. Une fois sur place, nous évaderons Dame Stetarte et partirons ensuite nous réfugier à Fion, pour convaincre Amanda de lancer avec vigueur son ost sur Mouyse. Devrais-je vous rappeler que se lit chaque jour en nous et dans nos bonnes épées la naissance et l’histoire du devoir ?

 

– Voilà qui est bien parlé, fit Robin. La peur et son vertige n’est qu’illusion d’optique, et puis j’ai besoin d’oxygène, depuis le temps que je me languis comme vous tous dans cette forêt. Toute l’histoire des royaumes n’est que ruptures et transitions, il est temps de porter un coup à Métoian et de réorienter nos actions. Portons poule messagère à l’évêque de la cathédrale de Mouyse, pour le prévenir de l’arrivée de saints pèlerins, venus lui faire humblement cadeau de l’Œil de dinde.

 

– Approuvé, firent les autres chevaliers à l’unanimité en choquant leurs timbales de bière, histoire de réchauffer le pesant huis-clos.

 

C’est ainsi qu’ayant reçus en retour confirmation qu’on les attendait avec la plus grande fébrilité dans la ville de Mouyse, les chevaliers bien armés se mirent en route sous les ordres de Robin qui boit, avec dans leurs bagages la fausse relique sacrée. Ils portaient tous cœur ferme et bras hardi, mais ils savaient reconnaître également en ce jeu de dupe toutes les dangereuses règles et les formidables enjeux. Chacun trouvait sans doute en la manœuvre le moyen d’exorciser par une action vive et audacieuse le souvenir trop prégnant de leur ancien monarque assassiné, si vilainement bafoué. Ce n’était cependant pas d’illusoires fantômes qui galopaient résolus dans la sombre Kounass, autrefois havre de paix et de réflexion, mais bien des hors-la-loi de bonne noblesse, bien décidés à coller grande claque à leur ennemi juré avec, espéraient-ils, une précision phénoménale.

 

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Revue de presse

 

Aujourd'hui : un pénis dans la conserve.

 

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Revue de presse

 

Aujourd'hui :Arrestation du terroriste municipal.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:11:04
n°41736033
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-04-2015 à 09:52:53  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 71.

 

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Résumé :

 

Une activité d'extorsion et de chantage dans le groupe organisé s'est engagée par des policiers est instruit et renseigné. Quoi que ce soit plus d'arrêts pour la branche disciplinaire et les plaintes. Mala Gutti, femme de Beau Brown, propose un marché à l'inspecteur Marlou, si parler pour échanger la princesse Ewij Nikasek pour Jim Delacotte, parce que l'opposé est parfois frappé et même tué par le dernier. Donc, le parquet n'est pas cependant capable d'entrer dans les faits des détails (pièces détachées) qui sont accusés de lui.

 

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Huit morts en un temps record. Beau Brown ne pouvait trouver le sommeil. Mala s’en rendit compte et appuya sur l’interrupteur de la lampe de chevet. Il régnait dans la chambre une chaleur étouffante. Couchée nue sur le lit, elle ne venait pas d’allumer la lumière, mais plutôt quelques ombres mouvantes qui filèrent sur son corps longiligne peinturluré. Beau la remercia sans doute en silence, puis il se tourna vers elle :

 

– Je te remercie d’exister, Mala. Il apposa doucement ses lèvres sur l’un des tatoos.

 

C’était une sensation toujours bizarre, pour Mala, de se dire qu’elle couchait chaque jour avec un mec en sursis. On était jamais certaine de finir la journée avec un tel crotale. Mais la plupart du temps, elle n’y songeait jamais. Beau avait relevé la tête et lui pelotait doucement l’un des seins, presque sans y penser :

 

– Après Gloria, c’est le tour de Calisse et Nat, il va quand même pas dégommer toutes mes putes, cette charogne.

 

– Lux Divina Valdès, Chanelle Snapshot et Ashley la Gorette sont encore dans la nature, faudrait voir à les rapatrier au château vite fait.

 

– Oui, ok. Tu crois que Marlou va m’aider ?

 

– Il l’a veut vraiment, sa princesse. Je me méfierai, si j’étais toi, il pourrait bien venir la chercher ici lui-même.

 

– C’est pour ça qu’elle va déménager bientôt. Je vais l’envoyer à Palerme, Baby Saleface veillera sur elle. En tout cas, je remercie le privé pour son info, je fais surveiller en permanence le club de boxe où Marcel Serre-dents a l’habitude de coacher les petits jeunes prometteurs.

 

– Serre-dents n’est pas con à ce point là. Un mignon reflet glissa brièvement sur sa molaire en or.

 

– Si, Mala, il est très con.

 

Et ça n’était pas faux. A l’insu de Jim et d’Harry, la passion dévorante pour la boxe entraina Marcel à se rendre malgré les risques au Chesnut Boxing Club, où tout le monde le vénérait, en raison de son brillant palmarès. L’entrée s’ouvrait sur une rue à la pente étroite et raide qui la liait à l’angle du boulevard. Ce jour-là, La pollution de la ville chassait son souffle brumeux sur les trottoirs bondés. Marcel débarqua du taxi engoncé dans son imperméable de grande marque, dans la poche duquel pesait son flingue chargé jusqu’à la gueule et prêt à souffler. Un chapeau mou beige voilait en partie ses yeux lorsqu’il pliait sa grosse tête de bouledogue irascible. A trois rues de là, quelques poulettes plus très fraîches d’un petit bar à clandé faisaient la gagne, et chaloupaient quelques allers-retours devant leur boxon minable tenu par Karim l’Albanais, d’ailleurs un homme de Beau Brown, ce qui rendait le quartier éminemment explosif. Karim avait expliqué à son boss qu’il gagnait selon lui trop peu pour fermer la boutique qu‘il avait eu tant de mal à monter. Ok, lui avait répondu Beau, à tes risques et périls ! De son côté, Marcel espérait que la proximité du Pink Lady endormirait la bande du Triangle d’Or sur sa présence improbable dans le secteur. Le CBC n’était qu’une grande salle de sport dans les tons gris, mais entièrement dédié à la boxe. Il n’y avait pas grand monde, juste quelques gars en short qui s’esquintaient sur les rings, d’autres qui maltraitaient des puching-balls en cadence de combat. Un mur entier était recouvert de grandes photos de toutes les époques, où figuraient en bonne place celles de Marcel dans la gloire de sa jeunesse. Plusieurs coupes et des médailles sur une grande étagère. Il respira des relents de sueur mêlée de bière tiède. Des nuées de mouches énervées colonisaient au plafond les pales du vieux ventilateur en panne. Les souvenirs des jours heureux dansaient la farandole dans le crâne de Marcel Serre-dents, à la vue des jeunes gars qui s’autorisaient la force des coups sous les yeux d‘un arbitre amateur. Marcel colla son bide au ring en hélant l’un des combattants, juste un gamin :

 

– N’abandonne pas le mouvement, fils, déplace toi, vas-y, direct cible médiane, c’est bon. Il est pas là le Mammouth ?

 

Le gosse s’arrêta de cogner, mais c’est l’arbitre qui se bougea pour aller lui serrer la main.

 

– Parti faire un truc, il revient dans une demi-heure.

 

Fredo loin de son club, ça n’arrivait jamais. Enfin, on a tous nos petites vies à mener. Marcel se fendit d’un nouveau conseil, et puis le club qui n’avait pas de fenêtre se retrouva pour deux minutes dans le noir absolu. Les bruits s’arrêtèrent brusquement. Marcel n’eut même pas le temps de s’interroger, un truc douloureux lui piqua méchamment le cul. Pas une balle, se dit-il, une aiguille, avant de s’écrouler sur le sol au moment même où la lumière revenait. Il était paralysé, son corps n’était plus qu’un enveloppe privée de toute substance. Une main fouilla sa poche, pour le délester de son pétard. Au plafond, les cônes des lampadaires verts aux grosses ampoules rondes dansaient frénétiquement. Marcel s’en allait, mais juste avant de fermer les yeux, il vit autour de lui tout le staff du Triangle d’or qui le matait en rigolant, Ricardo Pastaga, Eddy Frangin, Eliot le Squale, Tonio Barbaque, Karim l’Albanais. Quand à Dirty King et Brother Hawk, ils pointaient leurs flingues bien tendus en direction des boxeurs pour les tenir en respect. Tonio envoya un puissant coup de pied dans les côtes de Marcel inconscient :

 

– Alors ma salope, recevoir des coups c’est ta vie ? Tiens, prends ceux là, alors, si ça te fait plaisir.

 

Un porte s’ouvrit sur le Mammouth ruisselant de sueur. Pablo Smoke lui collait son canon sur la tempe.

 

– C’est bon, fit Ricardo à ses potes, on l’embarque, Beau sera content. Allez Fredo, fait pas cette tête, tes entrainements peuvent reprendre. Et puis t’as rien vu, évidemment.

 

Au réveil, Marcel avait l’impression de bouffer un torchon. Son cerveau faisait candidat libre. Il était ligoté sur un lit sale, dans une cave aux murs en pierres apparentes. Un établi de bois et des outils au rangement bien ordonné constituait le seul mobilier de la pièce, éclairée par un unique soupirail. A force de visionner l’endroit, un petit détail attira un instant son attention, à la vue d’une petite cuillère coincée par le manche, à la verticale dans un étau. Aucun bruit de ville, juste quelques piafs un peu trop bavards. Marcel savait qu’il allait crever là, le plus dur maintenant était d’avoir du temps devant lui pour l’accepter, mais combien, un jour ? une heure ? Il avait laissé une femme à la maison, comme presque tout le monde. Monica, la reine du Lagon Bleu, avant l’arrivée de Babe. Une douceur slave, sa chérie, un vrai chef d’œuvre qui lui avait pondu deux filles, une institutrice et l‘autre vétérinaire. Nom de dieu, une larme gouttait sur sa joue. Et puis ça devint une évidence, Beau Brown allait lui préparer une mignonnerie bien dans son genre, sans lui laisser le temps de dire au-revoir à la famille. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, il était accompagné de sa salope tatouée qui ne souriait jamais à personne d‘autre qu‘à son chien, ça remontait à un bail. Ouais, il venait de se ramasser la gueule en toute beauté. Profil bas. Des pas nombreux descendirent un escalier, la porte s’ouvrit sur Beau Brown accompagné de son fan-club. Chemise à carreaux, veste en velours côtelé, un matador de mes couilles qui puait la vodka.

 

– J’ai soif.

 

– Moi aussi, Marcel, moi aussi.

 

Brother Hawk s’installa devant l’établi, une lime à la main. Patiemment, il s’occupa à limer les bords de la petite cuillère. Est-ce que tous ces cons allaient prendre leur pied en le regardant mourir ?

 

– Je ne crois pas que tu sortiras d’ici indemne, Marcelo, mais il y a l’art et la manière. Je voudrais savoir ce que deviennent tes petits copains. Les amis connaissent en général le pire de nous-mêmes, et ils nous aiment quand même, c’est ça l’amitié. Où est Jim ?

 

–  Dans ton cul, t’as pas dû bien chercher.

 

– Fuck, Marcel, j’ai grande envie de dégommer ta femme et ta lignée, j’ai pas d’honneur, tu sais bien.

 

Brother frottait toujours sa cuillère consciencieusement. De temps à autre, il passait son doigt sur le bord arrondi pour en vérifier le tranchant. Eliot le Squale fumait sa cigarette en rejetant la fumée par le soupirail. Tonio Barbaque essayait vainement d’être d’un enthousiasme contagieux.

 

– Je suis d’une jalousie maladive, mon grand, j’aime pas qu’on touche à ma femme.

 

Brother desserra l’étau en dégageant sa cuillère avec un air satisfait. Il la fila à Ricardo qui apprécia le bricolage et s’approcha de Marcel. Beau laissa transparaitre sur son visage quelques rugosités :

 

– Je vais quand même les descendre, puisque ça ne te fait pas plaisir. Bon, tu vas me dire où je peux trouver Jim et Harry, parce que sinon, Ricardo va t’enlever un œil à la petite cuillère, histoire de colorer un peu tes lacrymales.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Arrestation du tagueur fou.

 

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Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:13:56
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