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Auteur Sujet :

La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar.

n°41736033
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-04-2015 à 09:52:53  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 71.

 

https://zupimages.net/up/18/05/6iex.jpg

 

Résumé :

 

Une activité d'extorsion et de chantage dans le groupe organisé s'est engagée par des policiers est instruit et renseigné. Quoi que ce soit plus d'arrêts pour la branche disciplinaire et les plaintes. Mala Gutti, femme de Beau Brown, propose un marché à l'inspecteur Marlou, si parler pour échanger la princesse Ewij Nikasek pour Jim Delacotte, parce que l'opposé est parfois frappé et même tué par le dernier. Donc, le parquet n'est pas cependant capable d'entrer dans les faits des détails (pièces détachées) qui sont accusés de lui.

 

https://zupimages.net/up/18/05/cbwv.jpg

 

Huit morts en un temps record. Beau Brown ne pouvait trouver le sommeil. Mala s’en rendit compte et appuya sur l’interrupteur de la lampe de chevet. Il régnait dans la chambre une chaleur étouffante. Couchée nue sur le lit, elle ne venait pas d’allumer la lumière, mais plutôt quelques ombres mouvantes qui filèrent sur son corps longiligne peinturluré. Beau la remercia sans doute en silence, puis il se tourna vers elle :

 

– Je te remercie d’exister, Mala. Il apposa doucement ses lèvres sur l’un des tatoos.

 

C’était une sensation toujours bizarre, pour Mala, de se dire qu’elle couchait chaque jour avec un mec en sursis. On était jamais certaine de finir la journée avec un tel crotale. Mais la plupart du temps, elle n’y songeait jamais. Beau avait relevé la tête et lui pelotait doucement l’un des seins, presque sans y penser :

 

– Après Gloria, c’est le tour de Calisse et Nat, il va quand même pas dégommer toutes mes putes, cette charogne.

 

– Lux Divina Valdès, Chanelle Snapshot et Ashley la Gorette sont encore dans la nature, faudrait voir à les rapatrier au château vite fait.

 

– Oui, ok. Tu crois que Marlou va m’aider ?

 

– Il l’a veut vraiment, sa princesse. Je me méfierai, si j’étais toi, il pourrait bien venir la chercher ici lui-même.

 

– C’est pour ça qu’elle va déménager bientôt. Je vais l’envoyer à Palerme, Baby Saleface veillera sur elle. En tout cas, je remercie le privé pour son info, je fais surveiller en permanence le club de boxe où Marcel Serre-dents a l’habitude de coacher les petits jeunes prometteurs.

 

– Serre-dents n’est pas con à ce point là. Un mignon reflet glissa brièvement sur sa molaire en or.

 

– Si, Mala, il est très con.

 

Et ça n’était pas faux. A l’insu de Jim et d’Harry, la passion dévorante pour la boxe entraina Marcel à se rendre malgré les risques au Chesnut Boxing Club, où tout le monde le vénérait, en raison de son brillant palmarès. L’entrée s’ouvrait sur une rue à la pente étroite et raide qui la liait à l’angle du boulevard. Ce jour-là, La pollution de la ville chassait son souffle brumeux sur les trottoirs bondés. Marcel débarqua du taxi engoncé dans son imperméable de grande marque, dans la poche duquel pesait son flingue chargé jusqu’à la gueule et prêt à souffler. Un chapeau mou beige voilait en partie ses yeux lorsqu’il pliait sa grosse tête de bouledogue irascible. A trois rues de là, quelques poulettes plus très fraîches d’un petit bar à clandé faisaient la gagne, et chaloupaient quelques allers-retours devant leur boxon minable tenu par Karim l’Albanais, d’ailleurs un homme de Beau Brown, ce qui rendait le quartier éminemment explosif. Karim avait expliqué à son boss qu’il gagnait selon lui trop peu pour fermer la boutique qu‘il avait eu tant de mal à monter. Ok, lui avait répondu Beau, à tes risques et périls ! De son côté, Marcel espérait que la proximité du Pink Lady endormirait la bande du Triangle d’Or sur sa présence improbable dans le secteur. Le CBC n’était qu’une grande salle de sport dans les tons gris, mais entièrement dédié à la boxe. Il n’y avait pas grand monde, juste quelques gars en short qui s’esquintaient sur les rings, d’autres qui maltraitaient des puching-balls en cadence de combat. Un mur entier était recouvert de grandes photos de toutes les époques, où figuraient en bonne place celles de Marcel dans la gloire de sa jeunesse. Plusieurs coupes et des médailles sur une grande étagère. Il respira des relents de sueur mêlée de bière tiède. Des nuées de mouches énervées colonisaient au plafond les pales du vieux ventilateur en panne. Les souvenirs des jours heureux dansaient la farandole dans le crâne de Marcel Serre-dents, à la vue des jeunes gars qui s’autorisaient la force des coups sous les yeux d‘un arbitre amateur. Marcel colla son bide au ring en hélant l’un des combattants, juste un gamin :

 

– N’abandonne pas le mouvement, fils, déplace toi, vas-y, direct cible médiane, c’est bon. Il est pas là le Mammouth ?

 

Le gosse s’arrêta de cogner, mais c’est l’arbitre qui se bougea pour aller lui serrer la main.

 

– Parti faire un truc, il revient dans une demi-heure.

 

Fredo loin de son club, ça n’arrivait jamais. Enfin, on a tous nos petites vies à mener. Marcel se fendit d’un nouveau conseil, et puis le club qui n’avait pas de fenêtre se retrouva pour deux minutes dans le noir absolu. Les bruits s’arrêtèrent brusquement. Marcel n’eut même pas le temps de s’interroger, un truc douloureux lui piqua méchamment le cul. Pas une balle, se dit-il, une aiguille, avant de s’écrouler sur le sol au moment même où la lumière revenait. Il était paralysé, son corps n’était plus qu’un enveloppe privée de toute substance. Une main fouilla sa poche, pour le délester de son pétard. Au plafond, les cônes des lampadaires verts aux grosses ampoules rondes dansaient frénétiquement. Marcel s’en allait, mais juste avant de fermer les yeux, il vit autour de lui tout le staff du Triangle d’or qui le matait en rigolant, Ricardo Pastaga, Eddy Frangin, Eliot le Squale, Tonio Barbaque, Karim l’Albanais. Quand à Dirty King et Brother Hawk, ils pointaient leurs flingues bien tendus en direction des boxeurs pour les tenir en respect. Tonio envoya un puissant coup de pied dans les côtes de Marcel inconscient :

 

– Alors ma salope, recevoir des coups c’est ta vie ? Tiens, prends ceux là, alors, si ça te fait plaisir.

 

Un porte s’ouvrit sur le Mammouth ruisselant de sueur. Pablo Smoke lui collait son canon sur la tempe.

 

– C’est bon, fit Ricardo à ses potes, on l’embarque, Beau sera content. Allez Fredo, fait pas cette tête, tes entrainements peuvent reprendre. Et puis t’as rien vu, évidemment.

 

Au réveil, Marcel avait l’impression de bouffer un torchon. Son cerveau faisait candidat libre. Il était ligoté sur un lit sale, dans une cave aux murs en pierres apparentes. Un établi de bois et des outils au rangement bien ordonné constituait le seul mobilier de la pièce, éclairée par un unique soupirail. A force de visionner l’endroit, un petit détail attira un instant son attention, à la vue d’une petite cuillère coincée par le manche, à la verticale dans un étau. Aucun bruit de ville, juste quelques piafs un peu trop bavards. Marcel savait qu’il allait crever là, le plus dur maintenant était d’avoir du temps devant lui pour l’accepter, mais combien, un jour ? une heure ? Il avait laissé une femme à la maison, comme presque tout le monde. Monica, la reine du Lagon Bleu, avant l’arrivée de Babe. Une douceur slave, sa chérie, un vrai chef d’œuvre qui lui avait pondu deux filles, une institutrice et l‘autre vétérinaire. Nom de dieu, une larme gouttait sur sa joue. Et puis ça devint une évidence, Beau Brown allait lui préparer une mignonnerie bien dans son genre, sans lui laisser le temps de dire au-revoir à la famille. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, il était accompagné de sa salope tatouée qui ne souriait jamais à personne d‘autre qu‘à son chien, ça remontait à un bail. Ouais, il venait de se ramasser la gueule en toute beauté. Profil bas. Des pas nombreux descendirent un escalier, la porte s’ouvrit sur Beau Brown accompagné de son fan-club. Chemise à carreaux, veste en velours côtelé, un matador de mes couilles qui puait la vodka.

 

– J’ai soif.

 

– Moi aussi, Marcel, moi aussi.

 

Brother Hawk s’installa devant l’établi, une lime à la main. Patiemment, il s’occupa à limer les bords de la petite cuillère. Est-ce que tous ces cons allaient prendre leur pied en le regardant mourir ?

 

– Je ne crois pas que tu sortiras d’ici indemne, Marcelo, mais il y a l’art et la manière. Je voudrais savoir ce que deviennent tes petits copains. Les amis connaissent en général le pire de nous-mêmes, et ils nous aiment quand même, c’est ça l’amitié. Où est Jim ?

 

–  Dans ton cul, t’as pas dû bien chercher.

 

– Fuck, Marcel, j’ai grande envie de dégommer ta femme et ta lignée, j’ai pas d’honneur, tu sais bien.

 

Brother frottait toujours sa cuillère consciencieusement. De temps à autre, il passait son doigt sur le bord arrondi pour en vérifier le tranchant. Eliot le Squale fumait sa cigarette en rejetant la fumée par le soupirail. Tonio Barbaque essayait vainement d’être d’un enthousiasme contagieux.

 

– Je suis d’une jalousie maladive, mon grand, j’aime pas qu’on touche à ma femme.

 

Brother desserra l’étau en dégageant sa cuillère avec un air satisfait. Il la fila à Ricardo qui apprécia le bricolage et s’approcha de Marcel. Beau laissa transparaitre sur son visage quelques rugosités :

 

– Je vais quand même les descendre, puisque ça ne te fait pas plaisir. Bon, tu vas me dire où je peux trouver Jim et Harry, parce que sinon, Ricardo va t’enlever un œil à la petite cuillère, histoire de colorer un peu tes lacrymales.

 

https://zupimages.net/up/18/05/fcd6.jpg

 

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Arrestation du tagueur fou.

 

https://zupimages.net/up/18/05/fi5v.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:13:56
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Posté le 22-04-2015 à 09:52:53  profilanswer
 

n°41748532
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 23-04-2015 à 10:54:19  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 51.

 

https://zupimages.net/up/18/04/5tvv.jpg

 

Lorsque Jason fut informé de l’état du 32, il était occupé en compagnie du Docteur Gründ à recoudre la déchirure aromatique du 85. Une fois cette délicate opération parvenue à son terme, il se rendit en hâte au chevet de l’apnéiste, qu’il trouva effectivement fort mal en point. Le comateux portait bien des traces d’égratignures profondes sur les mains, des bleus sur les bras et son œil poché était dissimulé sous un énorme renflement de la paupière. Son nez saignait et sa langue sortait entre ses lèvres bleuies. La médecine se devait de proposer des solutions en toutes circonstances, mais là, Jason ne parvint pas à résoudre ses interrogations. En l’absence d’utérus et de trompes, il ne pouvait songer à pratiquer une hystérosalpintographie sur ce malade, ni s’en tirer avec une bonne dose d’humour. Babette et Gwendoline se trouvaient toutes les deux en retrait, bras croisés, toisant Cassandra qui épongeait le front humide du patient, en proie à de vilains spasmes musculaires et une augmentation alarmante de sa température. Gwen lâcha brusquement :

 

– Il y a un élément qu’on ne peut négliger, docteur Halrequin, l’aide-soignante est la dernière à être entrée dans la chambre.

 

– La grande rousse, là, ajouta Babette, celle qui se prend pour une night nurse, à ses heures ? C’est vrai qu’elle se permet d’arriver tout le temps en retard au travail, à croire qu’elle est allergique au boulot.

 

– Au bouleau, tu crois ? ricana Gwendoline, ça serait de saison.

 

– Non, au boulot.

 

– Une  catastrophe est en train d’avoir lieu, mesdemoiselles, je vous en prie, restons calmes. Ah, je viens de comprendre, c’est une caméra cachée, hein ? Où qu’elle est la caméra ?

 

– Non, docteur, il n’y a pas de caméras. Cassandra semblait n’avoir rien entendu des perfidies lancées par ses collègues. Là, docteur, regardez son ventre !

 

Elle venait de dégager la couverture qui recouvrait le patient, pour découvrir une large cicatrice qui lui barrait l’estomac. D’inquiétantes petites bosses renflaient son abdomen. Une nouvelle infirmière accompagnée du père Albin Michel se présentèrent eux aussi au pied du lit. Florence Calmann-Lévy se mangeait les ongles en proie à une peur incontrôlée :

 

– Mon dieu, il est peut-être porteur d’un virus inconnu qui va déclencher une épidémie mondiale et la fin du monde. Si le chaos s'installe, c’est clair, on va tous mourir, faut se préparer au pire et essayer de s'adapter. Et mon pauvre chat qui est resté seul chez moi, peut-être même que les animaux sont tous contaminés, eux-aussi !

 

– Oui, renchérit père Michel, cela signe peut-être la fin des temps, sans doute la fameuse apocalypse de saint Jean, nous devons tous prier, mes frêres ! Parce que ton cœur à été touché, parce que tu t’es humilié devant Dieu, tes yeux ne verront pas tous les malheurs que je vais faire venir.

 

Le docteur Jason leur pria de quitter la chambre, pour se livrer à une série de calculs froids. Selon son analyse précise, après un examen attentif des joues mâchées, de l’œil au beurre noir, des bleus sur les bras et des griffures sur les mains, mais surtout de son bide boursouflé, ce type ne souffrait pas en réalité d’apnées pélagiques, mais il était en train de faire une overdose sous leurs yeux. Ce qui changeait grandement la donne des soins à lui prodiguer. C’était toujours très chiant cette question du diagnostique et des triages préalables. Il faudrait se lancer immédiatement sur le 32 à l’art délicat de la découpe, pour retirer ce qu’il avait dans le ventre. Encore impacté par l’importance de sa découverte, Jason voyait peut-être là une excellente opportunité de laisser son nom à ce qu’il allait sans doute trouver. Il était très excité à l’idée de découvrir en ouvrant le cerveau quelques cellules neuronales mutantes lesquelles auraient provoqué quelques stupéfiantes connexions synaptiques, des motoneurones atypiques qu’aurait fabriqué de lui-même son malade, et qui le rendrait dans le même état qu’un drogué en surdose. Voilà qui assurerait à la clinique Saint Bernard l’occasion de réaliser son grand come-back sous les spotlights médicaux et à Jason l’assurance d’une nouvelle célébrité fructueuse. Il donna l’ordre qu’on dirige en urgence le 32 vers le bloc 01 pour l’opérer, et commanda à Babette et Gwen de se préparer pour l‘assister. Restée seule, Cassandra observa un moment les appareils qui clignotaient toujours comme dans une fête foraine, puis elle les déconnecta, avant d’embarquer les draps souillés et d’éteindre le plafonnier, puis de s’en aller. Devant l’inimité déclarée de ses collègues qu’elle ne comprenait pas, une boule lui serrait maintenant la gorge. Trainant le pied, elle renseigna aimablement une femme égarée dans les couloirs, parce qu’ayant suivi les panneaux de signalisation, elle recherchait la chambre de son mari au département « issue de secours ».

 

Et puis, comme elle n’était pas dans la nécessité d’un travail urgent, l’aide-soignante descendit au rez-de-chausée où se trouvait le bloc 01, ensuite elle rentra dans la galerie d’observation, d’où l’on pouvait assister aux opérations derrière une grande baie vitrée. En l’apercevant, Gwen et Babette crevaient d’envie de lui intimer l’ordre de dégager, mais elles étaient trop sollicitées par l’intervention en cours. Rapidement, jason se rendit compte de sa méprise, ce qu’il avait d’abord prit pour une cicatrice d’appendicite un peu voyante se révélait en fait une ouverture technique d’abdominoplastie, et il sortit de l’estomac 15 kilos de sachets contenant vraisemblablement de la cocaïne, dont l’un avait visiblement répandu un peu de son contenu dans le 32. Déçu, Jason dut se rendre à l’évidence que ce type n’était qu’une vulgaire mule pour trafiquants de drogue, un connard de passeur de coco, ce qui foutait en l‘air toute sa géniale théorie. Le gars était de toute façon foutu, puisque ça faisait trop longtemps qu’il avait un peu de mal à digérer sa poudre. Les infirmières constatèrent avec lui que le cœur avait cessé de battre entre les mains expertes de leur patron qui le recousit sommairement. Juste une question de fermeture de valves, après tout. Gwendoline et Babette quittèrent le bloc pour aller quelque part trier quelques syrettes de morphine, histoire de rester dans l’ambiance, et Cassandra retourna faire un lit. Auparavant, les infirmières avaient déposé les sachets de cocaïne nettoyés bien à l’abri dans le coffre du bureau de Jason, en attendant l’arrivée du commissaire Mensinq qu’il faudrait bien prévenir.

 

https://zupimages.net/up/18/04/mhiy.jpg

 


Revue de presse

 

Aujourd'hui : dévoré par sa plante verte.

 

https://zupimages.net/up/18/04/l6ct.jpg


Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:02:00
n°41761968
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-04-2015 à 14:38:17  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion-Tome 1- Sur la queue du dragon.

 

https://zupimages.net/up/18/04/qbdl.jpg

 

Ainsi ils se hastaient à brides abattues, tous d’illustres maisonnées et d‘honorables familles, poursuivant mesme dessein dans l’air eschauffé, en traçant leur chemin dans les fourrés obscurs. Robin qui boit, élégant et maniéré, chaussait collants transparents verts, gilet seyant de cuir, doux et joli calot de feutre à plume sur la tête, fine moustache et son sempiternel arc sur le dos, excitant ses compagnons dans un pays vassalisé par un pouvoir usurpé, infesté de temps à autre par les tribus Zgomatix qu’ils craignaient d’ailleurs fort de rencontrer. Mais en tant que chevaliers des Hospitalisés, ils avaient tous confiance en la justice supérieure de Kramouille, laquelle tâtait la croupe de leurs chevaux de son aiguillon sacré, car ils étaient champions du bien. Parce que l’âme de feu Karl-Heinz Shâh Soltan de la Cornette, seigneur légitime de Kiess, se projetait pleine de lumière dans leur propre mémoire.

 

– Mes copines, fit Robin en adoptant un accent de chanteuse du sud-Minouland, hastons nous-donc, car il reste encore bien des lieux à parcourir avant d’arriver à Mouyse.

 

– Bien des lieues ?

 

– Non bien des lieux, mon vieux Percevalve.

 

– C’est encore bien loin, soupira Gauviens.

 

En effet, il leur fallait à présent vaincre le vent, les tempêtes, les dangers de la forêt de la Kounass et parfois de Robin qui leur courait après dans les blés avec un enthousiasme palpable, car tous l‘aimaient comme une sœur. Tout en s’arrachant un poil blanc, celui-ci était très fier du noble casting qu‘il commandait, lui qui n’était auparavant qu’un modeste forestier fan de chiens spécialisé dans le braconnage de levrettes avec des garçons plus jeunes. Il adorait tirer à l’arc sur les troncs d’arbres pour montrer à tous combien il était intelligent, mais la connotation amusante de cette innocente manie lui échappait à dire vrai complètement. Il était cependant beau damelot, au contraire du chevalier Gauviens, par exemple, dont la maman avait passé pour lui un contrat de laideur à sa naissance. Ou Chevalier Guy Bouyave, rigolo aux airs ronds qui mangeait constamment des mets raffinés, en véritable gosse de riche. Robin au visage juvénile toujours gambadait le premier devant eux, tournoyant en brassant l’air de ses bras, et les rudes chevaliers suivaient sans faille le moindre de ses entrechats et de ses sautillements d’une fluidité gracieuse. A chaque halte, Robin frémissant de plaisir savait les émouvoir par la finesse de sa peau aux muscles bien dessinés et sa manière de parler qui était celle d’un religieux bien né. Même si ses nobles amis aimaient souvent à lui rappeler qu’il n’était guère plus riche qu’un boulanger de boulangerie, au contraire d’eux-mêmes. Malgré tout, il était grand seigneur de sa commanderie, et chacun d’eux le laissait à sa guise sauter sur les fauteuils, s’allonger lascivement sur les tapis précieux, ou ronronner sur leurs genoux. Il n’aurait pu se séparer de ses amis sans les déchirer. Tous également louaient la vaillance de sa longue épée ornée d’un serpent de jade aux yeux émeraude. Dans la nature sauvage, les bonnes blagues cédèrent la place à un silence pesant, à mesure que la fatigue éprouvait les chevaux et cela témoignait d‘un admirable courage. Robin au charme fougueux partait en avant explorer les passages délicats, franchissait les rivières écumantes et cherchait ses repères pour trouver bon repaire. En son for intérieur, il se disait parfois qu’il avait placé la barre trop haut, par message négatif direct, mais le miracle de la foi accélérait son rythme cardiaque et il reprenait soudain confiance, touché par un esprit généralement frappeur. Porté par cette révélation, il remettait sur ses joues du fond de teint enrichi à la poudre de soie pour retrouver une peau lumineuse et une carnation satinée, puis il remontait sur son destrier, cadeau d’un ami cher, brave monture qui portait sans faillir sa tente et son sac de couchage. Comme son vaillant cheval, ses frères d’armes le porteraient certainement sur leur dos jusqu’à leur dernier souffle.

 

Le feu de camp était presque circonscrit lorsque Robin proposa au chevalier Braillard de s’installer en lui. Les loups rôdaient aux alentours sous une pluie lourde et dense, répandant dans la forêt ravages et dévastations.

 

– Ah, pourquoi ne pouvons-nous vivre en paix avec ces bêtes aussi noires que cruelles, mon amour ! Il ajoutait à sa voix ce grain de folie qui pouvait à tout moment le faire basculer.

 

– Parce que nous vivons dans de belles villes bien propres et pas eux, fit Braillard, avec calme et douceur. Kramouille de la vraie parole est avec nous.

 

Robin approuva, car il pouvait le sentir à travers lui, et il eut une sensation bizarre, puisque si la tête passait, tout le reste passerait. La vie serait bien meilleure si rien n’était difficile. Le lendemain, les poiriers craquaient sous les poires et les chairs de Robin se refaisaient. Le menton toujours rasé de frais, une qualité qui en général plait aux parents, Robin jura sur le Livre de Kramouille de sa pauvre mère morte, car il signala à ses vaillants garçons, agiles, forts et batailleurs, la présence devant eux d’une colonne d’attaque Zgomatix.

 

– Mortecouille, si ces maroufles entrevoient l’œil de Dinde, même s’il ne s’agit que d’une contrefaçon, tout est perdu de nos projets, car il est clair qu’il vont la rapiner.

 

– Que nenni, Robin, sortons prestement l’arbalestrie. Ces gueux au blason étoilé ne sont que nomades obsédés par le fric, immatures, infantiles, paranoïaques, racistes et génocidaires, dont nous viendrons facilement à bout. Tout en tenant ces propos bruyants, messire Yvan de Ladaupe avait sortit lui-même au clair sa bonne épée.

 

Robin tira sur sa moustache, debout et dominant sa foule agenouillée, car les autres demeuraient figés en prière. Comme ils revenaient de leur léthargie, Robin attisa leur courage, alors que les barbares se rapprochaient, au nombre de quatre.

 

– Beaux doux amis, que trépasse si je faiblis, point ce jour nos corps pourrirons dans la tombe. Allons violentement sans respit choquer cette merdaille qui s’avance au-devant de nous.

 

Et tous, soucieux de larguer au mieux leur noms dans les complaintes populaires, donnèrent de l’éperon pour agacer leurs palefrois en direction des Zgomatix, comme une vague déferlante qui se lève sur l‘océan pour engloutir sa proie.

 


https://zupimages.net/up/18/04/02a5.jpg


Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:03:57
n°41764750
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-04-2015 à 18:32:39  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 72.

 

https://zupimages.net/up/18/04/4j0m.jpg

 

– Les flics me recherchent autant que Jim et Harry, y’a belle lurette que Monica et mes filles sont sous leur protection, tu les approcheras pas, tête de nœud.

 

Ricardo traina la cuillère coupante comme un rasoir sur le front de Marcel, immédiatement, il pissa du sang sur ses sourcils épais. Pastaga resta ensuite tenir son argenterie au-dessus de l’œil droit, dont il écarta largement les paupières, il les maintint fermement ouvertes, en attendant l’ordre de Beau.

 

– Marcel, Marcel, t’aurais mieux fait de travailler pour moi, tu sais. Je sais que c’est toi qui a flingué l’Impérator. J’ai un peu de mal à faire mes fiches de paie, depuis, figure toi. Et puis, Gloria Déo, c’était quand même une brave fille, elle avait rien demandé, t’es pas d’accord ? Tonio, va chercher Prinz, je lui filerai l‘œil à becqueter, et peut-être les deux, si j‘ai pas ce que je veux.

 

– Hé les gars, notre boxeur s’est pissé dessus ! Dirty King pointait le prisonnier du doigt en se marrant grassement.

 

– Franchement, Jim le taiseux, il t’importe plus que tes yeux ?

 

Prinz arriva finalement sur les pas de Tonio. Il fixa la scène et en bavait déjà d‘attraper sa part du gâteau. Apéro riche, süsses und häppchen für zwischendurch…

 

– Ok, fais pas ça, Beau, c’est vrai que j’en ai rien à branler du Jim, et que je préfère mourir entier sans appeler ma mère. Hôtel de la Tare, chambre 27, ils y sont tous les deux.

 

– On va vérifier tout de suite, sinon, je t’ai dit, je t’arrache les yeux. Bon, les gars, c’est bon pour ce matin, on file où il a dit. J’espère que tu dis vrai, Marcel, franchement, parce que ma petite cuillère, après tes mirettes, elle servira pour pleins de trucs encore plus douloureux.

 

On laissa Marcel mariner dans sa pisse sous la garde de Tonio. Les grilles du château s’ouvrirent pour laisser le passage aux trois bagnoles luxueuses. En passant devant les fourgons des condés toujours stationnés au bord de la route, Brother Hawk eut son mouvement d’humeur. Nul doute qu’on allait les suivre à la trace. Mais ça, Beau Brown s’en foutait royalement.

 

– J’les buterai bien ces flics !

 

– Mais non, bougre d’âne, tu ne vois pas qu’en croyant nous surveiller, en réalité ils nous protègent de Jim en l’empêchant de se pointer ici ?

 

A l’un des étages du manoir, Ewij était allongée par terre, dans le silence et l’obscurité. Elle avait éteint la lumière et tiré les grands rideaux écarlates, parce qu’elle avait soudain eu l’impression que le plafond descendait vers elle pour l’écraser. Mais elle préférait sentir sous ses omoplates le contact dur du sol à la douceur de son lit moelleux. Beau Brown et Mala Gutti la pensaient désarmée, mais elle avait réussi à garder son colt. Imitant Bonnie Parker, elle l’avait scotché à l’intérieur de sa cuisse gauche et ne l’enlevait que pour prendre sa douche. Elle avait des balles également, parce qu’une bouteille sans bouchon, ça sert à rien, mais elle se savait piégée dans ce château labyrinthique par tout un réseau de caméras de surveillance. Sa chambre était fermée à double-tour, et seule Mala en possédait la clef. Les fenêtres incassables ne pouvaient pas s’ouvrir, c‘est ce qu‘on lui avait dit, aussi n‘avait-elle même pas essayé de tirer dedans, d‘une part pour ne pas se révéler armée, et puis parce qu‘elle croyait sur parole cet enfoiré de Beau Brown à propos de son aménagement intérieur. Elle était belle et bien prisonnière, coincée dans un jeu absurde qui avait peu de sens pour elle. Elle ne tentait rien, jouet impassible de tous ces porte-flingues du milieu qui n’arrêtaient pas de la mater des pieds à la tête quand on l’autorisait à descendre. Elle ne tentait rien, parce qu’elle n’avait nulle part où aller, et que la seule chose qui lui importait encore dans ce monde privé d’Alphonse, c’était d’occire Marlou et son cabot. Mala lui avait raconté que le privé avait été blessé dans le métro de Garatonku, mais qu’il était à nouveau sur pied. Elle disait l’avoir rencontré récemment, et pour quoi faire, grand dieu ? Hélas, cette femme que Ewij estimait sincèrement n’était jamais plus bavarde qu’il ne le fallait. Elle se leva en entendant ronfler les moteurs, puis elle écarta l’un des rideaux pour voir partir la bande au grand complet. Le tissu rouge la drapait comme un ange nostalgique, elle haïssait ces types lourdauds dont elle savait qu’ils n’hésiteraient jamais à la plomber. Elle répétait depuis au moins mille fois son évasion en privé, et si c’était forcément une idée fragile, au moins, pour elle, ça constituait un projet transparent. Tour à tour, on lui avait présenté une à une les filles du Reichstag encore vivantes : Gouinette Patrol, Ashley la Gorette, Maitresse Fraü Glut, Lysie Belles Gambettes, Queen Elsatiffa, Maria de la Bella Mercedes, Lux Divina Valdès, Chanelle Snapshot. Toutes des putes, exceptée la chanteuse Brenda Tape à l’œil, laquelle officiait au Triangle d‘Or. Des gagneuses bagousées avec un doigt de classe et un autre dans la chatte, selon le jour et l’heure de la nuit. Mais seule de toute cette piscine Mala avait eu l’honneur de lui plaire. Elle entendit souffler bruyamment sous la porte, Ewij savait que Prinz était derrière et que forcément, Mala devait suivre. Toute de noir vêtue, elle portait une longue robe du soir, dans le style passion flamenca. Comme elles ne s’étaient pas vu de la journée, elle s’approcha pour faire une bise à la princesse. Prinz s’était mis en faction devant la porte soigneusement refermée.

 

– Je crois que tu vas voyager. Beau pense que tu n’es plus en sécurité ici. Tu te rappelles Baby Saleface, le gars qui t’as amenée jusqu’ici ?

 

– Il veut que j’aille à Palerme, c’est ça ? C’est un torero déroutant, ton guerrier, il ne sait pas ce qu’il veut.

 

– Si, crois moi, il sait ce qu’il fait.

 

Le téléphone de Mala sonna, elle prit l’appareil sans s’excuser auprès d‘Ewij. Beau lui annonça avec enthousiasme qu’ils avaient grillé les flics, et surtout qu’ils venaient de coincer Jim et Harry, mais qu’il préférait les ramener vivants au manoir pour les buter, histoire de ne pas créer un grabuge inutile et voyant dans le quartier. Mala regarda Ewij, gardant pour elle ces informations brûlantes en affichant néanmoins un brin de nervosité :

 

– Je te souhaite un bon voyage, Ewij.

 

– Viens avec moi.

 

– Tu le voudrais vraiment ? Je veux dire, ça te ferait tenir tranquille ?

 

– Parole.

 

A la cave, le téléphone de Tonio Barbaque avait sonné lui aussi. L’homme au front mince dégagea son Browning de son costard pour le pointer sur la poitrine de Marcel.

 

– T’inquiète pas Marcel, je vais le faire moi-même.

 

– Dans le cœur, d’accord ?

 

– Non, j’ai pas envie.

 

Il tira dans l’œil droit avec un angle qui traversa le cerveau, en éclatant le sommet du crane. Un quart d’heure plus tard, Prinz se mit à gueuler qu’on pouvait quand même lui donner du boulot de temps à autre, dast ist natürlich ein problem, puis il se haussa pour laper un peu du sang de Marcel et léchouiller un doigt de sa cervelle, en guise de consolation.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:05:17
n°41777956
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-04-2015 à 11:27:04  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 31.

 

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 La main de Néefiertarée mit plus temps qu’elle n’aurait voulu pour arriver sur la joue de l’esclave. Jésentilpetla en fut rudement secouée, surtout qu’elle eut droit à quelques allers-retours :

 

– Moi qui te prenais pour ma meilleure amie, je t’avais dit de ne pas toucher à mon moniteur de voile. Tu m’as trahis, petite trainée.

 

– Nous nous aimons, figure-toi.

 

– Oui ben t‘es qu‘une soubrette, je te le rappelle. Et pour toi, c‘est la fin du roman.

 

– Tu n’as qu’à lui demander, il te confirmera qu’il veut m’épouser.

 

–  Comment peut-on préférer une esclave à sa reine ? On va voir ça. Elle héla une esclave affairée derrière elle : Toi, là, la grande souris avec de l‘acné sur la tronche en robe orange, arrête de dépoussiérer ce tapis et appelle moi ce sacré numéro d’Isléfet.

 

– Le numéro que vous avez demandé n’est pas disponible pour l’instant, veuillez le rappeler ultérieurement.

 

– Pardon ?

 

– Le numéro que vous avez demandé n’est pas disponible pour l’instant, veuillez le rappeler ultérieurement.

 

– Comment c’est, ton nom ?

 

– Kâtjé

 

– Bon, Kâtjé, je résilie ton contrat, et va te prendre dix coups de fouet. Quelques injures bien senties traversèrent encore sa bouche coléreuse. Ah, Jésentilpetla, je ne sais pas ce qui me retient de te filer aux crocodiles. Fais ta valise, fille de Baraput, tu retournes immédiatement chez ton père.

 

– A Isdiboulaouane ?

 

– Pourquoi, il a déménagé ? Allez, casse-toi avant que je change d’avis et que je lui retire en prime sa charge de geôlier. J’ai un heb sed à préparer, figure toi.

 

La jeune esclave aux chairs roses et pelotées rampa vers la sortie sur le marbre blanc en pleurant à chaudes larmes, pauvre enfant déchue dont toute l’attitude signait malgré tout un mélange de grâce et d’indicible fierté. Elle avait néanmoins les lèvres aussi fendues que celles de sa minette, que venait par ailleurs de copieusement ramoner dans la cave son bel amant, parce que les bracelets de la reine, ça n’étaient pas du cuivre mou. Toute la grandeur épique et la poésie de la pharaonne lui balança à nouveau violemment un buste en bronze à la figure, pour l’aider à sortir du palais au plus vite. Un geste qui n’avait rien de doux, de fondu ou de vaporeux, car Néefiertarée était folle de jalousie. Elle continua de traiter son ancienne confidente de pieuvre et de glaire baveuse, bien longtemps après qu’elle fut hors de sa vue. Mais la pharaonne n’était pas le genre à se jeter dans le Nil du haut d’une falaise, aussi se contenta-t-elle de balancer par un dépit féroce quelques poussins innocents contre les murs de sa chambre. Le pire arriva lorsqu’elle aperçu par sa fenêtre ce salaud d’Isléfet qui filait à cheval au galop, en emportant la traîtresse en croupe. Elle en eut trente secondes le cœur brisé. Sa seule consolation était que ces deux connards emportaient probablement dans leur froc quelques uns de ses morpions sacrés. Sans compter qu’en la voyant revenir à la maison en compagnie d‘un bellâtre inconnu, Jésentilpetla prendrait en sus quelques claques bien sifflantes et bien méritées de la part de son père. Alors que son nouveau léopard croquait avec plaisir les poussins morts éparpillés sur le sol, Néefiertarée colla encore son poing tout entier dans l’oviducte d’une oie, ce qui était la manière habituelle des rois de l’Egypte de passer leurs nerfs. Qu’importe, se disait-elle, un de perdu, dix de retrouvés, j’aurais dû marier cette petite chienne plus tôt avec n‘importe qui, c‘est finalement de ma faute. Enfin bref, le souffle d'Osiris la faisait marcher dans les traces des dieux, au cœurs des complots et des amours déçus, mais elle restait toujours jusqu’à preuve du contraire la reine en titre du Royaume du soleil.
 
 Elle ordonna donc qu’on fasse venir un scribe pour écrire un papyrus à Ramassidkouch, afin qu’il renonce à ses caprices qui mettaient le pays de la Terre Noire en grave difficulté. Dans sa missive, elle comptait le menacer d’obtenir le divorce à son retour à Thèbes, en l’obligeant à lui faire verser une conséquente pension alimentaire. Mais peut-être que tout simplement, elle lui ferait plutôt couper les couilles par les soldats de Merdenkorinnanâr, vu qu’ils n’étaient plus payés par le trésor, et qu‘ils accusaient ainsi un désolant retard de solde. Elle lui ferait également part de ses inquiétudes, car elle lui avait envoyé Tahosétlafer en émissaire pour lui faire justement part de ses pensées de vive voix, et qu’elle se désolait de ne plus avoir  de ses nouvelles. Le scribe qui s’installa devant ses pieds fins avait la peau noire comme l’ébène, ce qui en faisait probablement un natif du royaume de Koush. Clair qu’il était beau mec, se dit la reine.

 

– Comment tu t’appelles ?

 

– Phimosis.

 

– Tu es Kouchite ?

 

– Ben ça se voit pas ?

 

Phimosis s’accroupit correctement, car il avait fait des stages « gestes et postures » aux frais du palais, puis il posa devant lui sa palette en bois de rose, attrapa son calame et le tint prêt à tracer les hiéroglyphes dictés par la pharaonne sur un papyrus finalement plus vierge qu‘elle. Ils vérifièrent leur connexion, puis il traça en signes bien sentis les fulminations de l’épouse blessée à l‘adresse de son mari dévoyé. Quand la lettre fut écrite, le scribe chassa rudement de la main une antilope apprivoisée qui cherchait à becqueter la missive végétale, puis il essaya de se relever après quelques tentatives douloureuses, vu que les stages du palais étaient la plupart du temps du pipeau. Néefiertarée siffla son chien Seth pour qu’il les débarrasse du petit herbivore avec quelques cris de douleur. Le léopard fut plus rapide et les débarrassa à la fois du chien et de l’autre cornue, avant de terminer plus tard sa mission en descente de lit.

 

– Dis-donc, fit Phimosis, c’est moi qui m’occupe de tes impôts, es-tu bien certaine d’avoir déclaré ce chien, ce léopard et cette antilope dans tes revenus ? C’est des signes extérieurs de richesse, je ne crois pas les avoir mentionnés quelque part.

 

– Oh mon petit caramel, en ce moment, j’ai bien d’autres chattes à fouetter !

 

 Elle louait cependant Maât, déesse de l’ordre et de la justice, parce que Phimosis avait sans doute fait de longues études pour devenir scribe, ce qui lui avait fait trouver une bonne place dans la vie sans passer par le trafic de drogue. Il improvisa une série de sketchs pour se dénouer les vertèbres, ce qui la fit bien rire. Ce Phimosis la touchait également au cœur dans un registre plus poétique, vu qu’il était d’une beauté formelle inouïe et promettait à la reine un fabuleux voyage sensoriel, propre à lui faire oublier cette petite pédale d’Isléfet. Eblouie par son talent, elle admira les magnifiques hiéroglyphes qu’il venait de tracer, approuva et posa son cartouche en guise de sceau pour signer. Avec une assurance bluffante, le copiste l’avait tutoyée d’emblée et Néefiertarée se voyait sensible à la magie sauvage qu’elle voyait à présent s’agiter sur une bonne longueur dans son pagne, ce qui promettait prochainement entre eux d’eux une coquine lutte animale. La reine simula malicieusement à l’adresse de Phimosis une scène de fellation et laissa toutefois provisoirement son projet de jambes en l’air pour le remettre à plus tard :

 

– Viens avec moi, je vais rendre visite à ce pauvre Pubi Senfouyî, le malheureux chef de mon chantier naval.

 

Ils le trouvèrent vautré au milieu des jarres d’onguents, dans l’aile gauche du palais qu’il occupait, la tête momifiée par d’épais bandages à l‘extérieur, et d‘une débauche d‘alcool à l‘intérieur. Puant l’oliban, le corps bardé de ses breloques bling-bling, il était cependant parfaitement en état de tenir, sinon debout, du moins une conversation :

 

– Oh plume de Shou qui se plante à l’arrière de ta gracieuse personne, reine de beauté, celle qui a jeté l’ankh sur nos cœurs, merci bien de ta visite.

 

– J’imagine ton calvaire, mon pauvre vieux, mais ma police enquête, n’ai crainte, tu seras vengé. Je te présente le scribe Kouchite Phimosis, envoyé par Anubis pour me consoler en ces heures difficiles.

 

– Salut à toi, scribe, j’espère que tu n’es pas un de ces salopards d’espions infiltrés.

 

– Ces événements ébranlent mon autorité et leurs auteurs poursuivent un projet secret et mortel, fit Néefiertarée, en se rêvant gentiment infiltrée par Phimosis, mais Merdenkorinnanâr finira bien par trouver le ou les commanditaires. Enfin, je te souhaite un bon rétablissement et que les formules magiques soient efficaces. Concernant le chantier, qu’est-ce-que ça donne ?

 

– Pas reluisant, les types qui veulent me remplacer me font rire, j’en ai un qui ma proposé des plans de baleiniers et un autre chinois qui s’offre à produire en série des jonques low-cost. Comme si la pharaonne d’Egypte pouvait naviguer en classe éco ! Il paraît que les prêtres préparent un heb sed ? J’ai les boules, je ne pourrais pas m‘y rendre. Il rendit un peu, car il avait beaucoup bu.
 
 – On te racontera. C’est la grosse surprise du mois, oui. Je vais avoir plein d’épreuves à passer, mais je tiens la forme, je vais m’en tirer le doigt dans le cul. Elle loucha en disant ces paroles sur Phimosis. J’imagine que toi tu as l’intention de venir ? On a le temps ceci-dit, pas la peine de venir trop vite non-plus.

 

– Evidemment.

 

– Bon, salut Pubi Senfouyî, on se tient au courant. Quand à toi, Phimosis, ramène-toi, on va se baigner à poil dans mon bassin en toute décontraction.

 

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ah ouais, j'oubliais !

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:07:43
n°41831939
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 01-05-2015 à 15:01:38  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion-Tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 54.

 

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N’étant toutefois point des Jacques sans manières, il n’était pas question de plonger sur ces gueux privés de foyer sans leur causer. Dès lors, chacun freina son cheval en fourbissant son médaillon de Sainte Kramouille. Avec leurs cornes sur leurs casques, les Zgomatix avaient tous figure de taureau, aux yeux cruels et étincelants, et bien que ces tribus aient fait alliance pour l’occasion avec le tyran de Mouyse, les chevaliers du temple de Kramouille savaient bien que seul comptait pour ces maudits nomades leur profit personnel. N’avaient-ils pas « tue et pille » inscrit sur leurs bannières ? Robin monta sur une souche pour les saluer, puis il héla leur chef, dont le nez atteint d’enflure lui faisoit tomber sur le menton :

 

– Messieurs, cédez place, car nous sommes chevaliers de la Commanderie d’Aufesse, seigneurie de l'Ordure des Hospitalisés de Sainte Kramouille.

 

– Fort bien, fit Olbo Zgeg, il n’est pas dit que nous devions porter atteinte à de pieux pèlerins. Pour de simples pénitents, vous formez néanmoins un bien grand cortège.

 

– Vous êtes vous-même fort éloignés du pays de la Godée à la beauté hardie, cependant. Et surtout, vous n’êtes que deux fois deux.

 

– Sa majesté Ovoïde Vazy Métoian LXIX, l’empaleur de Kiess, roi de Mouyse, développe en ce moment à notre avantage, dans ce côté-ci de l’Hyperbourrée, un certain nombre d’offres particulièrement attractives. Où allez-vous ?

 

– Nous avons rendez-vous avec Monseigneur Robert Laygros, évêque de la cathédrale de Mouyse.

 

– Celui qu’on appelle le Saigneur des agneaux ?

 

– Lui-même. Notre venue lui est depuis longtemps annoncée.

 

– Bien, nous pouvons faire escorte, si vous le désirez.

 

– Point ne sera nécessaire. Cédez place et tout ira bien.

 

Les Zgomatix étaient gens soupçonneux. Comme il flairait l’embrouille, Olbo Zgeg chatouilla son nez proéminent en jetant à ses camarades un regard explicite, car il devinait grande richesse dans les sacoches de ces compères trop fortement armés. Ils éclatèrent ensuite spontanément d’un méchant rire collectif, propice à une soudaine hystérie belliqueuse.

 

– Vous nous prenez cependant pour des pigeons. Qu’avez-vous de si précieux dans vos sacs et que vous n’osez dire, ne serait-ce-point juteux trésor sacerdotal pour enrichir la cathédrale ? Montrez-nous donc, et nous en prendrons dix pour cent seulement pour vous laisser aller. Dois-je vous rappeler que nous quittons en général les pauvres marchands qui osent nous braver salement meurtris et mutilés ?

 

– J’ois dans vos dires quelques connotations violentes, puisque vous avez le diable dans la peau et que nous savons tous que vous êtes têtes à claques et sans gêne. C’est pour dire que nous allons sur le champ trancher, avec l’appui de nos lames pieuses, vos ridicules balloches d’impuissants. Ecartez-vous prestement.

 

– Cessons ces parlements, fit Gauviens, tout en donnant furieusement de l’éperon pour devancer Robin et charger les barbares, tenant l’écu et son épée fièrement dressée vers le ciel.  L’étendard richement enluminé de la divine Kramouille prise en main par Yvan chatoya à sa suite dans le soleil ardent.

 

Aussitôt, les autres les imitèrent, agitant de tremblements la prairie par le piétinement de leurs sabots. Se voyant attaqués, les Zgomatix levèrent aussitôt leurs grandes haches, tous prêts à recevoir l’assaut. Leur veulerie venait de finir d’ouvrir les yeux des chevaliers et avec grande fougue, messire Braillard en tua deux d’un seul coup de sa lame. Robin en flécha un de mort subite en l’enlevant de sa selle et Olbo Zgeg tombé à son tour sur le sol demanda grâce. On sonna le cor à deux doigts de ses oreilles pour le calmer. Gaillard et enjoué, Guy Bouyave allait le décapiter, lorsque Percevalve pensa avoir meilleure idée :

 

– Enterrons le vivant, ça lui permettra de méditer sur la beauté du monde, avant de devoir le quitter.

 

– Bonne idée, fit Robin, tout en réajustant son postiche pour refaire son maquillage, voilà une alternative amusante et craquante. Creusons donc bon caveau pour l’y mettre et ripaillons joyeusement sur sa tombe à notre victoire.

 

On troua sans tarder une fosse au milieu du champ pour y mettre Olbo Zgeg, bien que son nez trop gros soit fort difficile à recouvrir de terre. Il n’était donc point étouffé, comme le pensaient ses tourmenteurs, et il entendait tout de ce que ses vainqueurs déblatéraient en festoyant sur lui du lapin cuit aux coquillettes.

 

– Assurément que ces Zgomatix que l’on dit si terribles sont gens faciles à tuer, assura l’ami Robin en suçant bien son os. Quand bien même ils nous auraient dérobé notre Œil de dinde, ils en auraient été bien maronnés, vu qu’il est aussi faux que mon désir de prendre épouse l’an prochain. Pulpeux, il donna chaleureuse accolade à Yvan puis s’en alla ensuite pour péter et ronfler sous un figuier en sa compagnie.

 

Enfin, après avoir bu une petite tisane relaxante, on laissa là Olbo Zgeg dans sa paralysie, toujours vivant et fort content de ce qu’il venait d’apprendre, car la vie des Zgomatix n‘était point morne, ni désespérante. La révélation de ce faux trésor transporté par ces moines levait néanmoins en lui tout un faisceau d’interrogations, car il se voyait pour le moment incapable de trancher ce mystère. Il jeta des incantations aux étoiles et à la forêt pour qu’un miracle vienne au plus vite le déterrer, car le terreau lui chatouillait fort désagréablement les narines. Dans les ajoncs d’or et les brassées de myrtilles, la troupe de la Commanderie d’Aufesse continua d’avancer, comme s’immisçant dans le giron du monde. Robin au poil brillant, tout en s’inquiétant des cours mondiaux du parfum, saluait particulièrement au passage le jonc raide et la drosère carnivore. La forêt de la Kounass aux nombreux périls n’était en fait rien d’autre, pour les chevaliers courageux, qu’un simple jardin enchanteur où soufflait le vent frais venu porter au-dessus d’eux le vol des oiseaux.

 

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Revue de presse
 
Aujourd'hui : Nouvelle erreur tragique.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:09:40
n°41837573
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 02-05-2015 à 09:10:59  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 52.

 

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Gwendoline et Babette se tenaient les coudes. On les voyaient marcher ensembles d’un pas martial pour aller régler son compte à l’éclopé du 45, un malade atteint d’une humeur du cerveau et qu’elles avaient surnommé le carillonneur, à cause de sa manie de les sonner constamment, de jour comme de nuit. Une piqûre de sédatif plus tard, elles reprenaient leur routine au service des autres patients. Babette abusait de sa position hiérarchique pour faire chier Cassandra à outrance en la surchargeant de travail, mais celle-ci n’avait obtenu aucune explication franche sur l’attitude belliqueuse de ses collègues. Les infirmières évitaient en effet soigneusement une confrontation trop brutale, car elles se doutaient bien que le docteur Halrequin l’aurait très mal pris. Il ne faisait plus aucun doute pour Gwen et Babette que Cassie avait gagné, avec sa belle petite gueule de rouquine, un ascendant évident sur les sentiments de Jason, lequel usait visiblement de tous les prétextes pour se rapprocher d‘elle. Allant de l’une à l’autre des 300 chambres que comptait la clinique, la blonde et la brune ne se privaient jamais de harceler l’aide-soignante avec beaucoup de subtilités. Elles l’avaient déjà enfermée dans la salle de bain du 53 en plaçant un meuble devant la porte, ou bien dans l’imposant placard à linge de la lingerie, et leur lâcher de rumeurs concernant Cassandra allait bon train dans les couloirs. Sous la grande coupole en verre de la serre chaude du jardin, Gwendoline avait arrosé de javel les petits bonzaïs transplantés avec amour par Cassandra, puisque le jardinage était une des grandes passions de mademoiselle. Elles avaient bien rient, lorsque Babette avait avoué à Gwen qu’elle faisait tous les jours son petit pipi planquée au milieu des rosiers préférés de cette salope. Elle croisa d’ailleurs étrangement à chaque fois dans la roseraie le père Albin Michel et son regard curieux, au sortir de ces petites virées aussi diurétiques que gentiment criminelles. Rien ne devait être épargné pour faire capituler Cassie dans son acharnement à se faire aimer de Jason, mais il ne fallait pas non plus s‘aliéner la bienveillance de leur merveilleux docteur, à qui elles s‘efforçaient par contre de délivrer à chaque instant, par leur attitude charmante, un message d‘amour et de joie, comme deux véritables êtres de lumière en blouse blanche. Puisque cupidon, au final, finirait bien par reconnaître les siennes.

 

A quelques distances de toute ces misères affectives, lui devait prendre ses dispositions concernant l’affaire du 32. Parfaitement ponctuel à son rendez-vous, le commissaire Mensinq arriva à la clinique accompagné de sa collègue Edith Plon et d’un inspecteur des douanes qu’il présenta à Jason comme s’appelant Gaston Denoël. Un type jeune, avec la boule à zéro. Mensinq lui laissa d’emblée le champ libre :

 

– On m’a signalé que vous êtes un narcochirurgien très réputé, docteur Halrequin, mais j’attends de vous des réponses simples et concises. 30% de médecins généralistes interrogés par le sondage d’un groupe de presse spécialisé dans le médical croient aux sorciers, vous ne faites pas appel au paranormal, ici, j’espère ?

 

– Non, non, pas besoin, ici on règle tous les problèmes à coup de bistouri. Complexe physique et moral, réussite commerciale, professionnelle, personnelle, tout s’arrange au bloc, puisque l’essentiel, c’est bien d’avoir la santé. C’est une clinique privée, ici, on ne fait pas concurrence aux religions, nous sommes juste leur allié, comme le dirait notre aumônier.

 

– Moui, à la bonne heure. Je ne nie pas la réalité de votre pouvoir de guérison, mais Mensinq m’a dit que vous avez hypnotisé son flic, une fois, et que celui-ci s’est ensuite jeté par une de vos fenêtres. D’autre part, une trafiquante de seringues se serait infiltrée un jour dans votre système pour revendre à bas prix des shooteuses usagées aux toxicos de la rue, est-ce vrai ?

 

– La pauvre Jeanne Hachette est morte dans des circonstances tragiques et douloureuses. C’est du passé, ces sombres histoires.

 

Le commissaire Mensinq se penchait sur sa chaise, il priait lui ne savait qui pour que Denoël pousse le toubib au nervous breakdown. Il fallait juste que Edith Plon ne déboule pas pour embrouiller la conversation, vu qu’elle était en dépit de son rôle d’une empathie naturelle pour les déviants sociaux.

 

– Je ne doute pas que vous meniez ici de rudes batailles médicales. Mais moi, mon truc, c’est les stupéfiants. J’organise bientôt une conférence de presse sur la prise record de 15 kilos de cocaïne dans le bide du 32. Je veux juste m’assurer que la clinique Saint Bernard ne soit pas une plaque tournante du trafic de blanche.

 

– Je comprend la valeur de la cargaison saisie dans les tripes de ce gars, naturellement, mais moi j’ai juste tenté une opération difficile et risquée, et le 32 est au final décédé.

 

– Une manière comme une autre pour lui d’éviter de se soumettre à notre contrôle, bien évidemment. J’espère que son corps n’est pas en cours de destruction et que la dope est sous haute surveillance.

 

– Elle est dans mon coffre, à votre disposition. Vous savez, il en avait plein les boyaux.

 

– Gardez-là encore un peu, je pense faire des photos épatantes pour la presse. La dope sera d’ailleurs peut-être plus en sécurité ici que chez nous. Interviews, radios, vous savez, c’est grisant de travailler pour les stups. Tant que j’ai du boulot, moi, ça suffit à mon bonheur.

 

Un éclat de noirceur dans les yeux rendit le commissaire Mensinq ricanant. Il n’y avait cependant aucune raison de placer Halrequin en garde à vue. Denoël félicita même le chirurgien pour le rôle qu’il avait tenu dans la stratégie visant à réprimer la contrebande, puis il se renseigna sur les différentes méthodes disponibles sur le marché médical afin de guérir une impuissance passagère, voir très épisodique. Tout le monde se quitta de bonne humeur, en attendant de se revoir bientôt pour la fameuse conférence de presse. Jason craignait malgré tout quelque scandale et que cette histoire ne vienne ternir la réputation de sa clinique, même s’il savait que cette analyse ne pouvait être juste. Le doute était cependant toujours indispensable pour obtenir des certitudes. Il quitta le bureau à son tour pour rentrer chez lui, car l’heure se faisait tardive, non sans jeter au passage un coup d‘œil au magnifique bouquet de fleurs hebdomadaire agencé à son attention par Cassandra. Loin de cette femme sublime, pour qui il nourrissait un sentiment aussi nouveau que désarmant, Jason ressentait un syndrôme indentique au Breakaway effect qui touche les astronautes éloignés de la terre. En partant de la clinique, il fut atteint pendant trois minutes de l’eva vertigo, ce vertige de la sortie extra-véhiculaire. Et puis son cerveau réinterpréta l’espace environnant au-delà des grilles de l’entrée, avec un haut et un bas, des rues et des trottoirs, des clochards sur des cartons, des mamans extasiées poussant leurs jumeaux. Il profita des constantes revenues à l’intérieur de son cerveau pour traverser rapidement le parking privé, grimper dans son hélicoptère et se rendre à la maison. Par chance, il avait échappé de justesse à l'earth-out-of-view-effect, cette terrible crise d’identité personnelle qui vous transforme en grosse merde inutile lorsque vous quittez la terre nourricière, ce qui lui permit d’atterrir sans encombre près de la vaste piscine de son chalet merveilleux. Ho toi, frêle pigeon gris qui claudique lamentable dans la ville crasseuse, sers-toi donc de tes ailes écorchées, pour rejoindre sans retour le bosquet rédempteur ! Une fois écroulé dans son salon, un whisky à la main, il laissa son regard errer sur sa collection de vieux compteurs électriques qui remplissait une énorme étagère d’origine Suédoise. Là, trônait également en bonne place un selfie encadré, agrandi et imprimé, sur lequel souriait généreusement la merveilleuse Cassandra en sa compagnie.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:11:04
n°41973195
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 16-05-2015 à 09:48:27  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion-Tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 55.

 

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De belles peaux poilues d’oncles et de tantes furent jetées sur le sol de la case royale, pour qu’il soit doux aux pas d’Helga. Et même d’une poupre robe Helga fu vestue, tout senglement a sa char nue ; la blanche char desouz paroit, li bliauz detrenchiez estoit par menue detrencheüre. Autrement dit, elle avait fière allure en trônant au milieu du village, tout entier accaparé par les préparatifs de la fameuse chasse aux voisins. La traque allait constituer pour les plus jeunes un apprentissage très intime, puisque pour la première fois, certains allaient dépiauter et déchiqueter des gens pour les manger par appétance naturelle de leur peuplade, afin d‘acquérir un apprentissage en phase avec le marché de la boucherie humaine de Lisneylandem. Sur les cheveux méchés d’Helga luisait la couronne en os doré des Onkulés, car sa qualité de reine, position qui la délivrait de l’ancien et exécrable bourbier social des bordels de Fion, se montrait à présent un vrai rôle à défendre. Elle savourait son destin exceptionnel, faisant nique à ses anciens amis, et chacune des courbettes de ses sujets lui donnait le grand frisson. Elle assista donc en grande cérémonie au départ de son peuple, sous la conduite de leur chef Owen Zesaints et du sorcier Awan Toutriforfive. Un nombre considérable d’ustensiles, de nourriture et d’armes fut chargé sur ceux qui se montrèrent les moins rapides pour échapper à cette corvée. Avec grand ruissellement de bave gourmande à l‘idée de s‘inviter bientôt chez leurs proches voisins, tous faisaient cependant preuve d’une belle motivation avant tout. La moisson de voisins s’annonçaient en effet abondante, ce qui les rendait fort joyeux. Quelques enfants pleurèrent deux secondes leurs chers parents, payés d’ailleurs rubis sur l’ongle aux oncles et tantes des tristes bambins, car leurs pères et mères furent abattus et transformés en hamburger gras, pour servir de collation aux chasseurs le temps du voyage. Mirlen et les chevaliers, ne goûtant guère l’horrible pitance humaine, emportaient en revanche avec eux une grosse terrine pleine à ras-bord de bonne pâte à crêpes.

 

C’est ainsi qu’on baisa avec déférence le bas tout crotté de la robe de reine Helga avant de quitter Lisneylandem en grand cortège, sous les encouragements. La communauté de la gnôle suivi comme les autres le pas de la tribu des Onkulés afin d’arpenter la somptueuse vallée du Broutminayt, en direction du village voisin, qui n‘était pas très loin. Les cannibales reprenaient à pleins poumons un chant de guerre Onkulé ancestral, sans doute propre à les galvaniser :

Loilevoc sur les lillefattes, larquebattes sur le lilnas
Je suis dans ta livoc, je suis dans tes labrocs
Lalexandraquème, lalexandriqué
Lalexandriquème où l'amourlem lansedem lavecem la luinem
J'ai plus de lappétiqué qu'un larracudabem 

 

Je te langeraimoc luecric si tu me levienrems pas
Je te langeraimic luecrem si tu me letienrass pas
Lalexandripuche, lalexandraquème

  Sourd à cet hymne barbare sur lequel se déhanchaient les ogres, Belbit avait presque terminé sa flûte et en vérifiait la qualité tout en marchant. Dans toute cette grisaille froide, ce voyage aventureux lui faisait un tant soit peu regretter sa paisible vie de famille auprès de sa Belbet chérie, ce qui lui plombait le moral. Hilares, Hivalanoué et Erald lui lancèrent pour moquer quelques boules de neige qu’il feignit d’ignorer. Affichant l’air maussade, William trainait la patte, sa bonne épée bien sagement au fourreau. Il en soupait également de cette quête, parce qu’elle l’obligeait à faire constamment bonne figure à ses faux amis. Bien que les chevaliers le vissent comme un des leurs, il nourrissait toujours en secret pour eux quelques aspirations diaboliques, mais il avait besoin de leur appui, jusqu’à ce que soit enfin trouvée la fleur de pinette. En attendant ce jour éloigné, il se préparait à faire grande charcuterie de ces voisins d’Onkulés gloutons. Mirlen avait quand à lui le goût de la rencontre et des expériences, il se lança donc dans d’interminables discours avec Owen, puisqu’il saisissait à présent la langue de celui-ci. Le chef raconta qu’il avait eu quinze filles et huit garçons, tous de mères et de pères différents, mais ses enfants avaient tous été dévorés avant d’atteindre l’adolescence. Il ne lui en restait plus qu’une seule petite brune nommée Inze Morning, paraît-il fort jolie, touche-à-tout et fort douée à cuisiner la cuisse de pucelle en sauce. Helga en avait fait sa dame d’honneur, bien que pour ces sauvages affamés, ce rôle ne voulait pas dire grand chose. Awan le sorcier n’était qu’un esprit tourmenté qui ne louait pas Kramouille, faute de l’avoir rencontrée, mais plutôt des dieux sombres à l‘esprit anthropophage. Et puis un soir au bivouac, alors que Mirlen de La Pérouse, dit Mirlen le tchatteur, faisait semblant de dormir, il entendit Owen et Awan jaser avec enthousiasme au sujet d’Helga, et leur conversation le mit au courant d’une inquiétante réalité :

 

– L’escoc louettechem, fit Owen, on lauraquème leimplas de bidoche lavecem nous en lentranroc, ça lerasatte le lèmtocs de lacrifiéssem à la luneloc liemboc leinepluche la leinerem lelgahoque, pour le lituelroque de la lemmeflem lacréssem.

 

– Et luipems on liquideralic ses letipoques lamipuches pour les louffébem, qu'elle lêtefuche ça lerassem, lormidablefic. Les lieuduches leronssoc lontentcass, ce qui nous lendrarem plus lorfems !

 

Le lendemain, Mirlen réunit ses amis, sans souci de parler haut, puisqu’il n’était pas compris des Onkulés :

 

– Messires, j’ai une grave nouvelle en ma possession, j’ai surpris hier au soir des oiances douloureuses. Nos tartufes ont bien vilaine idée de sacrifier Helga à notre retour, au cours de ce qu’ils appellent le rituel de la flemme sacrée. J’ai bien peur qu’ils ne veuille la dévorer en rôt, et nous avec.

 

– Fort bien, intervint Belbit, voilà de quoi flanquer la folie des grandeurs de dame Helga au cimetière de ses ambitions. Tirons-nous donc et laissons la se faire bouffer par ces punais qui lui servent de sujets. Je n’en aurais point pleuraison, en ce qui me concerne.

 

– Point n’y songez, fit Erlad, qui gardait néanmoins le désir de retourner plonger dans le chaud duvet intime de sa mie, Helga est de notre communauté, nous devons sur l’honneur l’assister et nous serrer les coudes.

 

– Oui, ajouta le chevalier Hivalanoué, je n’en serait quiet si je ne peux la venger. Je n’en po pas soffrir. Quand elle connaitra leur cruelle intention, elle fera amende honorable et reviendra vers nous.

 

– Bon, dit Belbit, je vous laisse à votre musanderie, mais cette garce ne mérite certes pas autant d’égards de votre part.

 

C’est alors qu’on entendit groindre à grands cris dans les fourrés, car les voisins qui devaient servir de victimes avaient eu même idée, et se rendaient justement à Lisneylandem pour y faire eux aussi grand massacre et provisions de bouche.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Collée sur l'Artique.

 

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Bon WK !

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:14:26
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talbazar
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Posté le 16-05-2015 à 17:30:06  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 73.

 

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Une femme sonna chez Marlou. Comme il était sorti boire un coup avec Kiki à la Boule Noire pour fêter son complet rétablissement, c’est Carla qui introduisit l’inconnue dans l’appartement, abdiquant devant son insistance pour rentrer. Cette dernière avait le visage marqué par une vie de merde et la tonne de maquillage qu’elle avait collé dessus ne la rendait pas plus épanouie pour autant. Que l’on soit pute, marin ou paysan, il y a des métiers comme ça qui vous marquent durement la peau. La nouvelle venue, pourtant, ça n’était pas le grand soleil ou les embruns, plutôt l’excès de Champagne. Interdite, Carla loucha sur son propre sac à main accroché près de la porte, dans lequel sommeillait toujours son grand couteau de cuisine, puis elle fit entrer cette gonzesse du genre actrice porno, tendance amerloque mature et huilée, tout en restant toutefois sur une prudente défensive :

 

– Que voulez-vous ?

 

– Je m’appelle Violette Purple, je travaille au Pink Lady, mais je viens vous voir de la part de Gouinette Patrol.

 

Carla se tendit soudain, cette Violette malsaine orbitait par trop près du Beau Brown :

 

– Chère Odile Déro, comment va-t-elle ? Toujours à tapiner au Reichstag avec ce travelo d’Ashley la Gorette ? La vie de ces deux nanas ne m’aère pas la tête, voyez-vous. Elles ont été mes employées quelque peu dénudées, avant d’être celles de votre ordure de boss. J’ai été blessée et déçue de les voir passer à une telle concurrence.

 

– Tout le monde ne peut pas être une petite bourge comme vous, même si vous faites également vos petites affaires dans la grande truanderie. Nous les putes, on en bavent tous les jours pour enrichir des nanas dans votre style.

 

– Allez vous faire cuire un œuf, lâcha Carla en trainant son accent Italien, qu’est-ce que vous voulez ?

 

– Je voulais juste prévenir l’inspecteur Marlou que Brown détient effectivement Ewij Nikasek, mais surtout qu’il vient de capturer Jim Delacotte et Harry le Chacal, ce qui les condamne évidemment à mort. C’est Gouinette qui a insisté pour que je vous prévienne. Parce que moi, de ton Marlou, j’en ai rien à talquer.

 

– Sa bite sur ton front, ma poulette, ça fera le dindon. Mais merci quand même pour l’info. Je lui dirai.

 

– Le reste ne me regarde pas. Beau va envoyer la princesse à Palerme, quand il aura liquidé les deux cons, j’avais ça à dire également. Elle se dirigea vers la porte pour sortir. Je ne te dis pas au-revoir, et je ne suis pas certaine que Gouinette a eu raison de m’envoyer balancer les nouvelles, c‘est un cadeau qu‘elle te donne. Enfin, c’est fait.

 

– On avisera, c’est bon. Mon bras d’honneur à Karim l’Albanais. Elle renvoya la Violette sur le trottoir.

 

Lorsque Marlou revint de sa ballade, il avait à moitié un coup dans le nez, et Kiki ne valait guère mieux. Le fait de savoir Jim et Harry entre les mains de Beau le dégrisa d’un coup. C’est pourtant Carla qui fila dans les toilettes liquider quelques nausées que lui causait son état depuis quelque temps. Lorsqu’elle revint, Marlou avait laissé rentrer un flic, un grand mec en gabardine claire qu’elle avait déjà vu accompagner le commissaire Boudin venu « enquêter » sur l’explosion de la péniche qui avait tué Jules et Valéria. Méfiante, elle se tint prudemment en retrait pour laisser les hommes s’expliquer. L’inspecteur Djong Van Ali Ben Orson Djamoul Rhagnär Marwin Bismuth s’adressait à Marlou occupé à lui servir un verre de blanc :

 

– Alors Marlou, Violette Purple était chez toi il n’y a pas une heure, qu’est-ce qu’elle avait à te dire ?

 

– Un truc qui devrait aussi t’intéresser, Marwin, aussi vrai qu‘il y a un bail qu‘on se connait. Jim et Harry sous-louent depuis hier chez Beau, mais à mon avis ça ne devrait pas durer, le château devrait ressembler avant la fin du bail à une boucherie huppée.

 

– Nom de dieu, tu ne pouvais pas le dire avant ! Il s’empara de son téléphone, causa dedans avec empressement puis avala d’un trait son riesling.

 

Carla resta muette de surprise, puis elle comprit soudain que Marlou n’avait rien à gagner en gardant le secret et qu’il préférait laisser la police faire son job. Kiki Yorkshire approuva également le fait de jouer à la régulière, il fit un rot non dénué d’humour musical, puis obtint de Carla qu’elle lui permette d’aller massacrer quelques oiseaux dans le jardin. Après une grosse blague idiote, Marwin Bismuth les quitta en remerciant Marlou, puis il regagna sa bagnole, tout en louant une nouvelle fois par la pratique la gloire de la téléphonie mobile. Lorsqu’ils furent seuls, Carla posa ses fesses sur le bras du fauteuil où se trouvait calé son chéri :

 

– T’es sur que c’était l’idée, Marlou ? Elle se versa un verre à son tour.

 

–  Mais oui, je suis encore fragile, tout juste retapé, et la police va faire ce qu’il faut sans que je ne me salisse les mains.

 

– Et la princesse ?

 

– Je n’ai pas l’intention de l’épouser ni d’être son père adoptif, qu’elle aille se faire foutre. J’ai l’esprit de famille, à présent. Il caressa affectueusement le ventre de Carla, où s‘épanouissait une grossesse encore invisible.

 

Dans la cave du manoir de Beau Brown, Harry le Chacal et Jim Delacotte baignaient dans leur sang, les mains attachées à la grille du soupirail. Leurs corps dénudés n’étaient plus que de grandes plaies sanguinolentes, simples carcasses humaines plus vraiment ouvertes au dialogue. Implacable, Beau regardait les pendus se transformer en pizzas depuis le début, sous les coups répétés de Ricardo Pastaga et de Dirty King qui se relayaient à la tâche, en les cognant avec un sac de billes, insistant justement là où ça fait très mal. Eddy Frangin s’était juste contenté d’ouvrir le bal, en collant aux prisonniers quelques uppercuts décorés par sa grosse bague carrée 18 carats. Harry gueulait comme un grand brûlé, Jim semblait dans les vaps. Aucun des deux ne semblait bien parti pour connaître les joies d’une douce vieillesse et de la sénescence. Eliot le Squale attendait peut-être son tour de jeu, un tube de métal dans la main. Passablement amusés, Brother Hawk et Pablo Smoke attendaient seulement le coup de grâce, puisqu’on ne caresse jamais un chien qui vous mord la main. Bourré d’humanisme, Tonio barbaque donna en revanche un peu de douceur aux torturés, en chantant rien que pour eux, mais atrocement faux, en écoutant la pluie, puis tous mes copains, de Sylvie Vartan. Tellement faux, d’ailleurs, qu’à l’extérieur le ciel se déchargea. Une pluie violente ne tarda pas à tomber vraiment, passant parfois à travers les barreaux du vieux soupirail pour tomber sur la nuque des prisonniers, puis venir ensuite se mêler à leur sang.  

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:16:10
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Posté le 22-05-2015 à 14:44:47  profilanswer
 

Salon des inventions.
 
Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Le saute-trottoir.

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Depuis nos cours de maths, nous savons que le trajet le plus rapide pour aller d’un point A à un point B est la ligne droite. Ors la densité de la circulation des villes augmente de 4% tous les ans. En milieu urbain, si le postulat géométrique reste donc vrai, il n’est cependant pas sans danger, compte tenu du traffic incessant des rues. L’automobile est de nos jours un véritable fléau de santé publique qui représente pour les marcheurs à pied un danger permanent. Un passage en force vous mènera habituellement tout droit aux urgences, bien que le piéton a, selon le code de la route, priorité en toutes circonstances. Le pro-fesseur Talbazar et ses sous-associés ont donc inventé ce fabuleux et pratique saute-trottoir afin de répondre au défi de taille que constitue le passage d’un trottoir à celui d’en face. Depuis son installation dans les plus grandes villes, l’appareil ne fait plus polémique et la grève des traceurs de bandes au sol pour passages piétons est désormais oubliée. Les forces de gendarmerie ont par ailleurs unanimement salué cette innovation, qui permet aux piétons de traverser les rues par la voie des airs.

 

Le principe de base du saute-trottoir est simple. Un panier collecteur métallique high-tech réceptionne le candidat piéton qui se pose bien droit en son milieu, pieds bien à plat et le visage tourné face à sa direction envisagée. Ainsi pris en charge, il actionne alors le bouton pression afin de libérer le ressort sous-tension du mécanisme d’envoi, qui l’expédie sans faillir en un temps record de l’autre côté de la rue, par-dessus voitures et camions. Le catapultage qui résulte d’une série d’agissements moteurs complexes, par effet piston, est sûr et efficace. Chargements et déchargements gratuits s’effectuent de jour comme de nuit dans la plus grande sécurité. Dans un avenir proche, la nouvelle génération de saute-trottoir permettra d’emporter son chien avec soi sur une parabole unique, ce qui n’est pas actuellement autorisé. Les saute-trottoirs ne peuvent être confondus avec la balançoire urbaine *, autre invention du pro-fesseur Talbazar qui autorise des déplacements plus importants, en concurrence directe avec les bus et les taxis. La raison d’être du saute-trottoir est uniquement de traverser une rue ou une avenue et représente l’instrument d’une véritable nécessité sociale, en se plaçant sur chaque trottoir au service de tous.

 

L’invention salutaire ne nécessite qui plus est aucun carburant, la force motrice n’étant due qu’à la seule détente mécanique de son puissant ressort. La montée qui en résulte n’a en outre aucun rapport avec celle des extrémistes politiques ou religieux, et c’est tant mieux. On pourra éventuellement longuement méditer là-dessus pendant sa convalescence.

 

*( La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar / Salon des inventions - Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar : La balançoire urbaine - VOL 1I )

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Des pots de colle.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:24:06
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Posté le 22-05-2015 à 14:44:47  profilanswer
 

n°42195359
talbazar
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Posté le 05-06-2015 à 21:32:10  profilanswer
 

Cours universel de zoophilie appliquée.

 

Aujourd'hui : De la bonne manière de niquer un furet.

 

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On apprendra beaucoup de choses concernant les furets dans la somme écrite sur ce petit animal en 1725, par l’Abbé Julio : ( Il court, il court, le furet… - Abbé Julio - BNF 58549494 au catalogue général des manuscrits bordelisés). On y lit qu’il y a environ 1300 ans avant J.C, les égyptiens multipliaient les conquêtes et la reine Hatshepsout leur demanda de se calmer. En proie à une surveillance sévère, ils se mirent donc à niquer de préférence les rats, avec la permission royale. C’est ainsi que commence la domestication du furet, employé pour rabattre les rongeurs et mieux  attraper ces derniers. Malheureusement, il subsiste très peu de témoignages sur cette ancienne pratique. L’Egypte est en tout cas la base de départ de Mustela putorius furo dans les foyers. N’étant pas niqué, on se demande pourquoi le furet fut longtemps paniqué par l’homme. Il est pourtant devenu peu à peu un compagnon facile et agréable, même s’il pue, dont l’aire de répartition va aujourd’hui de la chambre de jeunes adultes sans enfants au clapier désaffecté du président de l’association de chasse communale. Pendant qu’au Moyen-âge les furets ne servent à rien, alors que l’hermine et le vison font des manteaux, on voit apparaître une espèce de sale petite zibeline putoisé que les paysans utilisent pour chasser les lapins hors de leur terrier, car l’homme médiéval nique essentiellement les lapins et les lièvres, et dans une autre mesure les chevaux ou les aigles royaux*. L’idée de niquer des furets est donc une idée nouvelle empreinte de modernité, plébiscitée d’emblée par plusieurs lycéens du XXI ème siècle.

 

Le furet furette et la fouine fouine, il n’est donc pas question de confondre notre acte par destination. En dépit de notre légitime désir de l’honorer, le furet ne saurait se confondre avec la majorité des chattes, puisqu’il s’en distingue par une énorme queue, et son pelage n‘est jamais rasé. On oubliera de la même façon la belette, dont la taille minuscule pose problème, ce que certains s’obstinent pourtant à ne pas comprendre. Les yeux rivés sur ses petites pattes, la prise correcte d’un furet oblige à réfléchir si l’on veut progresser et prendre son train en marche. On poireautera longtemps pour trouver la bonne technique, car fourrer un furet, même furtivement, sinon fortuitement, ne saurait s’improviser. On profitera d’une météo exécrable pour imiter la grande bourgeoisie et se taper un furet, utile aussi depuis toujours pour déboucher les canalisations, de la même façon qu‘un hérisson s‘utilise pour ramoner les cheminées. Snober cette pratique amusante épingle surtout un manque certain de volonté. Avant toute cérémonie d’ouverture, on opérera la bestiole pour lui couper les glandes, ce qui devrait faire de la place pour y placer les nôtres. Il faut un peu de temps pour les reconnaître, mais on verra alors que les furets sont d’excellents chanteurs. Sans stratagème élaboré, vous avez une minute seulement pour le toper, avant que l’on ne vous tire le chapeau pour cet exploit. Le furet a en effet gardé intactes ses réactions primitives et goûte peu d’être niqué par les hommes,  considérés par lui depuis toujours comme des hôtes nuisibles. Mordus jusqu’à l’os, les joueurs regagneront alors leur table pour picoler, tout en regardant du coin de l’œil des chiens et des chèvres, nettement plus conciliants. Les ados préféreront généralement  se lever la nuit pour jouer avec leur grand-mère. Reste que l’éthique du jeu séduit, et la Moyenne Encyclopédie est fière de présenter la bonne manière de niquer les furets. On rejoindra alors la caste des veinards privilégiés, sans rougir devant celle des suceuses de colle-bâton. Si l’on suit nos conseils, l’enjeu ne sera plus jamais une épreuve douloureuse.

 

On se munira donc :

 

D’un furet

 

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D’un tuyau métallique diamètre de 10, grillagé sur une extrémité

 

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De nous-mêmes

 

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Une fois enlevé notre très seyant pyjama mauve et rejeté l’injonction de soins de l’hôpital public, sans plus s’interroger sur notre conduite, on glissera notre furet dans le tuyau, sachant qu’il s’y trouve piégé et à notre merci. On peut glisser auparavant dans le conduit, d’une manière tout à fait facultative, un rat, une souris ou un lapin pour le distraire de notre projet et l’occuper. Il aura ainsi l’occasion dévaluer la qualité de son aliment et son coût. On se soulagera de temps à autre du poids du tuyau à l’aide de notre genou. Pas de salamalecs, à présent on nique le furet au gré d‘une plaisante masturbation souterraine, calmant de temps à autre de la voix la bestiole certainement accablée de chagrin, mais désormais inoffensive. Force et cohésion signeront un échange attractif. On furette tranquille dans la douce fourrure, fier de notre bipédie, avec un niveau de logique où tout est rendu possible, sans voyeurisme sophistiqué et surtout sans fausse pudeur, au gré de la voracité de notre pulsion. On libéra ensuite rapidement le furet pour le laisser tranquillement déchiqueter deux ou trois sacs-poubelle dans la cuisine.

 

Merci, pro-fesseur Talbazar !

 

* (La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar / Cours universel de zoophilie appliquée - De la bonne manière de niquer un aigle royal.. VOL 2)

 

Dernière minute !

 

Kevin9854, lecteur assidu de la Moyenne Encyclopédie, nous envoie un bricolage astucieux et pratique destiné à remplacer la tuyauterie, naturellement réalisé par lui-même.
 Félicitations et encore bravo, Kévin9854 ! :

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:28:08
n°42207867
talbazar
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Posté le 07-06-2015 à 13:51:21  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 32.

 

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Victime d’un ultime tremblement de bière, Pubi Senfouyî entra ensuite en convalescence chez sa tante dans une autre aile du palais. Une femme qui en dépit de son âge jouait encore de la cuisse et tournait du croupion pour plumer les notables. C’est à elle que Néefiertarée commanda personnellement le tissage de son grand manteau d‘une blancheur de cygne. Gage d’un monde en équilibre, la préparation de la fête royale du heb sed battait en effet son plein à Tépafou. La grande majorité des Tépafins allaient en profiter pour se laver dans le Nil, histoire d’effacer leurs souillures morales et honorer les dieux. Toutes les belles Egyptiennes allaient se pourlécher de bonne barbes de papas roses et sucrées. On installerait la grande roue, puis l’on monterait les grandes rousses et quelques stands de tir à l’arc ou de chars tamponneurs. Désormais désœuvrés, les ouvriers du chantier naval avaient été réquisitionnés pour construire les baraques à merguez. Un grand chapiteau fut monté en prévision des danseurs de sirtaki en tournée méditerranéenne, des grecs en jupe que Néefièretarée snoba cordialement lorsqu’ils se présentèrent à la cour. Mélangée au jus de dattes, des tonnes de bière étaient brassées et filtrées dans d’énormes cruches, par d’énormes cruches. Tout le palais fourmillait donc au gré d’une activité débordante et Jérijône et ses prêtres comptaient bien évidemment sur la générosité du public pour financer les réjouissances, au grand dam de l‘association des chiens guides d‘aveugles de Tépafou qui perdait des ronds. Ainsi la foire du trône allait offrir un grand nombre d’attractions dans un tableau bruyant, mais c’est surtout la pharaonne qui serait par tradition l’actrice principale de ce heb sed. Phimosis à son bras, puisqu’elle ne le mettait ailleurs que dans son intimité, Néefièretarée déambulait dans tout ce bazar en mâchouillant des feuilles de perséa pour rester jeune.

 

– Vois toi-même, Phimosis, comme mon peuple est enjoué quand il s‘agit de m‘honorer, alors qu’il crêve la dalle.

 

– Plutôt l’excès d’ail et d’oignon, ça leur donne de l’énergie. Et puis on a pas de messie ici et on est pas un peuple élu, faut bien qu‘on se démerde par nous-mêmes, dans la conscience de Maât.

 

– En tout cas, même si c’est moi l’invitée vedette du heb sed, ça bosse dur dans Ta-Meri, ma terre bien-aimée. Je les connais bien, tu vois, c’est pour ça que je les domine.
 
 Le corps oint de myrrhe et d’essence de pin, Néefiertarée s’attarda devant la boutique d’un cordonnier à qui elle commanda une paire de sandales en papyrus blanches, qu’elle porterait pendant la fête pour les coordonner à son grand manteau, histoire d‘affirmer sa nouvelle virginité. Cette précision de la reine à l’artisan fit marrer Phimosis aux éclats. Il fallait reconnaître que de ce côté-là, leur histoire d’amour ne se passait pas trop mal, sous le regard bienveillant d‘Isis et plutôt mateur des serviteurs. Selon la science magique des hiéroglyphes, l’homme se constituait de 9 parties, mais pour la pharaonne, une seule comptait vraiment en ce qui concernait son nouvel amant. Elle l’engageait d’ailleurs le plus souvent possible dans la voie de l’initiation. Quête et quéquette dans chaque recoin du palais, disons. Phimosis acheta à tout hasard un billet de loterie proposé par un vendeur aussi ambulant que pittoresque, avant que Néefiertarée ne fasse un petit coucou à une femme à la fois sirène et barbue. Merdenkorinnanâr et de nombreux soldats encadraient la reine au milieu des manèges, soucieux plus que jamais de sa sécurité, écartant de la lance des canailles qui mesuraient leurs muscles à coup de lourds maillets. Toute à sa joie, Néefiertarée embrassa Phimosis, en s’avouant qu’il restait encore un grand nombre de détails à régler, bien que le programme concocté par les prêtres soit à l’évidence bien équilibré. Ensuite elle lui balança méchamment son sceptre dans le foie, parce qu’il lorgnait avec trop d’insistance les esclaves de petites vertus, assez nombreuses et plus démontées que leurs stands criards. Installées partout dans la place, les cabanes sommaires de ces aguicheuses aux yeux peints passaient pour mieux donner vie au petit patrimoine local. Avant de rentrer dans ses appartements, Néefièretarée et  Phimosis prirent congé de Jérijône afin de le laisser discuter des préparatifs avec le chef des industriels forains, sur le visage duquel se lisaient quelques symptômes de surmenage. L’homme murmura juste aux oreilles de la reine à propos du désagrément que lui coûtait le paiement de commissions à des fonctionnaires corrompus. Puis le grand prêtre alla chercher son dû dans la litière-roulotte de 10 m² occupée par son interlocuteur. Une fois loin des hercules de cirque et des lumières de la piste, Phimosis éxécuta pour sa maîtresse royale un numéro coquin à couper le souffle dans l’enclos à chameaux, où il honora Néefièretarée dans la position du trapéziste, à la frontière du réel et de la folie douce. Au gré d’acrobaties époustouflantes et de contorsions savantes, rouge comme une brique, la pharaonne hurla si fort, que ses cris généreux couvrirent les beuglements des buffles en train de s’abreuver sur les bords du Nil. Le scribe Kouchite laisserait certainement à la pharaonne un inoubliable souvenir d’amitié.

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:30:59
n°42298653
talbazar
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Posté le 16-06-2015 à 11:04:34  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 53.

 

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Non, le cœur de Jason ne se montrait pas étanche aux sentiments que lui inspirait l’aide-soignante. Son esprit devenait à la simple pensée de la jeune femme une piste sauvage tapissée de roses, sur laquelle il galopait à brides abattues, comme si son cerveau changeait subitement de propriétaire, pour se livrer à une sublime cavalcade amoureuse. En grand danger de se muer d’un moment à l’autre en psychopathe de la braguette, délabrant la facade si bien élaborée de son statut. Sortant de sa bienheureuse torpeur à l’épaisseur délicieusement onirique, pour revenir aux contingences réelles imposées par la gestion de la clinique, il se dit qu’il lui faudrait peut-être se confier un jour en toute franchise au père Albin Michel, afin de trouver dans ses pieux conseils un soulagement salutaire. Le saint homme aurait ainsi la délicate mission d’écouter le docteur lui livrer ses impressions sans fards, pour le salut de son âme. Afin de se calmer les nerfs, Jason tortura nerveusement du doigt le scoubidou fétiche jaune et vert offert un jour par Babette, et toujours depuis sagement tapis au fond de l’une de ses poches.

 

Comme les malades n’étaient pas tous en phase terminale, il lui fallut reprendre son poste le lendemain pour traiter plus ou moins le 248, un quadralogique en biothérapie. Le cas de ce type était totalement limpide et sa naïveté gentillette concernant son espoir de conserver une chance de s’en tirer sans séquelles sautait aux yeux. Le docteur Halrequin montra au malchanceux son testicule gauche flottant dans un bocal de formol, comme une sainte relique striée d‘un rose violacé, et lui indiqua le tarif proposé par la clinique s’il désirait la conserver, faute de quoi le petit organe serait incinéré dans la soirée. On aurait presque dit une de ces lampes à lave décorative, tant à la mode dans les années 70. Il s’ensuivit ensuite une conversation à bâtons-rompus entre le médecin et son patient sur les prix qui s’affolaient. Egalement présente dans la chambre, Gwendoline rêvait simplement en secret de se limer un ongle qui accrochait, mais elle ne pouvait avoir, devant cet homme délesté de sa couille préférée pour raison médicale, une attitude désinvolte. Une femme comme elle connaissait parfaitement la vérité des attitudes. Elle regarda pieusement Jason faire l’article, il lui rappela avec amusement un vendeur d’herbicide opiniâtre, sur les vidéos de la jardinerie où elle allait autrefois acheter ses fleurs pour les mettre sur le bureau de son patron. Mais ça c’était avant, quand tout allait presque bien, jusqu’à l’arrivée de Cassandra dans les murs. Comme le malade pinaillait toujours en agitant le sachet de pop-corn posé sur ses genoux, Jason lui offrit une remise de 3% et l’affaire fut conclue. Après l’avoir agité un peu pour accentuer l’effet visuel, Gwen posa le bocal sur le chevet, à côté d’un autre contenant les dents de sagesse d‘un achat précédent.

 

 Il quittèrent l’ambiance délétère de la chambre, une fois proposé au 248 quelques conseils de lectures, puisque la clinique Saint Bernard offrait de nombreux livres en location. Gwendoline insista sur le fait que l’actualité rendait nécessaire de dévorer le dernier Talbazar, puis elle reprit aux côtés de Jason le train routinier des visites officielles. Une fenêtre ouverte dans le couloir apportait un petit vent de fraîcheur bienvenu qui chassait l’horrible odeur de l‘éther. Planant dans le ciel de ses idées, Jason gratta quelques lignes sur son carnet. Gwendoline reçut son sourire de plein fouet, avec un énorme sentiment de plénitude. Elle libéra sur le champ de l’endorphine, de l’ocytocine et de la prolactine, les bienheureuses molécules du bonheur. Devenue tout à coup insensible à la douleur, elle se rongea sans pitié son ongle rebelle, puis elle le recracha discrètement. Bien entendu, pensa l’infirmière toujours subjuguée par la prestance de son maître, il est tombé amoureux de Cassandra, soit, l’herbe est toujours plus verte ailleurs, mais maintenant, pour Babette et moi, il n’y a guère de choix, il va falloir sévir.

 

– Peut-être devrais-je donner des noms aux couloirs, comme on nomme les rues des villes, qu’en pensez-vous, Gwendoline ?

 

– C’est une bonne idée non dénuée d‘une certaine noblesse, c‘est vrai. Hospitalisation n’occulte pas forcément un peu de convivialité, vous avez parfaitement raison. Gwendoline planta ses beaux yeux bleus comme des fourchettes sur un plat de luxe en regardant Jason. Encore une seule question personnelle du chirurgien, ce nectar d’homme qui la faisait jouir rien qu’en lui souriant, et elle risquait d’agir envers lui comme un animal. Dehors, quelque part dans la ville, elle entendit un chien hurler.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:33:14
n°42332078
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 19-06-2015 à 12:46:43  profilanswer
 

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Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion-Tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 56.

 

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Filant sur les brandes enfumées de brouée, l’ennemi sortit des brosses d’aubépines pour se jeter sur eux. Le premier, sire William de Bochibre défeurra son épée afin d’octroyer par elle la mort aux arrivants. A ses côtés, Hivalanoué et Erald firent gésir à leur tour un grand nombre d’Onkulés dans de grandes flaques de sang. Tel est dans la gueule du loup qui pourtant en réchappe, puisqu’à un moment vilainement cerné, Mirlen avala son gland magique pour se rendre invisible, au grand étonnement de ses assaillants. Il donna ensuite force coups sur les têtes en leur infligeant de douloureuses blessures avec son grand bourdon, haranguant au passage de sa voix forte ses amis de la communauté :

 

– Allons mes braves, seule Kramouille décide de notre heure et pour elle, faisons face aux démons !

 

 Cette voix qui parlait sans visage plongeait les adversaires dans la terreur. De toutes parts les trompes sonnaient dans les buissons pour avertir les rabatteurs. De son côté, Belbit filait comme un goupil entre les jambes de ses adversaires. Il profitait de sa petite taille pour viser les parties qu’il coupait de sa dague, en patouillant joyeusement dans les tripes étalées. Une bonne plenté des cannibales entrait à présent en dernière reposance, leurs corps horriblement mutilés, et les âmes de tous ces défunts fouettés par l’ange des morts transhumaient à présent en errance dans la vallée du Broutminayt. Comme autant de silhouettes furieuses, les sujets de dame Helga n’étaient pas en reste et luttaient eux aussi un contre deux à coup de leurs harpons, avant d’estriller proprement leurs adversaires en quelques enjambées. Le sang clair ruisselait des membres tranchés et des gorges rougies, d’où fusaient d’ultimes et pitoyables stridulations d’agonie. Promesse de bons festins à venir, un grand nombre des attaquants parsema finalement les herbes craquantes. La victoire revint donc rapidement aux hommes d’Owen Zesaints et d’Awan Toutriforfive, lorsqu‘il n‘y eut plus personne de l‘autre clan à tuer. Sur un ordre du chef, les guerriers visitèrent malgré tout par prudence les environs, mais il fut clairement établi que la bataille était gagnée par eux. Après quelques recherches, on trouva également le village planté sur une butte voisine, mais il se trouvait totalement déserté. C’était bien grand dommage de ne pouvoir s’assurer quelques nouveau-nés en guise de friandises. Les cases furent donc aussitôt brûlées, puis on se prépara à ramener la bonne viande des perdants à Lisneylandem. Les chevaliers se lavèrent au ruisseau qu’ils trouvèrent en train de serpenter derrière un rideau d’arbres. Les autres avalaient déjà leur bouchées de bidoche tentatrice, puisqu’en phase ultime de la chasse vint la curée. Belbit en dégueula de les voir ainsi râper les crânes bouillis avec leurs petites dents avides. L’avenir s’annonçait quand même sous un angle tout neuf et plus joyeux, alors Mirlen passa la gnôle et le nain joua de sa flûte pour égayer la troupe victorieuse. Chargés de leur pauvre gibier soigneusement ficelé sur de grandes perches en bois, les Onkulés reprirent ensuite en sifflotant le chemin forestier afin de retourner chez eux ; sans visiblement craindre d‘être dérangés par de nouveaux importuns. On arriva dans les ombres du soir à Lisneylandem, sous les vivats de la tribu et les compliments d’Helga. Elle fut impressionnée lorsque Mirlen lui raconta l’attaque et se félicita de savoir son royaume rassasié pour l’hiver. Le regard sombre, le magicien secoua ses cheveux blancs en essayant de l’avertir également du danger qu’elle courait sur cette terre ingrate, mais elle n’écouta pas et fila même embrasser Owen et Awan sur les joues. Elle n’oublia personne et tous les guerriers qui venaient de chasser eurent ensuite leur part de bécot. C’est ainsi qu’elle fit bise à Youa Rezeown, Areyou Marid, Letsgo Touzeparti, Canyou Hirzemusik, Watiz Yornème, Watiz-Zemining Youartravelling, Avyou Gotesisteur, Mè Aïmariyoursisteur, Givmi Zemonai, et tant et tant d’autres Onkulés valeureux.

 

Il régna pour quelques jours au village un joyeux désordre, car après l‘épisode héroïque de la chasse vint le temps des orgies. On entendait partout les mères de famille crier « à labletem les asticots, lavéloc-vous les lainmoques ! ». Puis, après l’abondant repas des voisins achetés au marché, elle partaient au fond de leur case choyer par douce main leurs maris conquérants. Mirlen et ses amis faisaient cependant face au groupe et refusaient toujours d’avaler viande humaine, pour lui préférer fruits tannés et patates à moitié germées. N’ayant pas réussi à mettre Helga en garde, ils se contentèrent de rester en grande vigilance pour mieux la surveiller. Eux savaient pourtant qu’aurait bientôt lieu un sacrifice ordonné par le sorcier, au cours duquel serait cruellement livrée Helga pour honorer quelque dieu primitif et cruel. Insouciante de son sort, satisfaite de toujours régner sur son peuple affamé, la blonde reine se lavait les cheveux en gobant des yeux comme un oiseau ses mouches, tout en faisant la fière assise sur son grand trône en os. Elle gardait constamment auprès d’elle la fille du chef, Inze Morning, qui lui collait de temps à autre dans sa gamelle quelques morceaux de lard qu‘elle tirait de la sienne. Et puis la neige retomba encore et encore sur le village plongé dans sa routine. Alors revint le printemps.

 

– Observez, fit Mirlen aux autres : molle hier, la neige fond maintenant peu à peu et sur la racine de la bruyère, la corneille boit l’eau de la fontaine dégelée. D’après ce que j’en sais, il sera bientôt temps du rituel bien mystérieux de la flemme sacrée, au cours duquel Helga sera sauvagement sacrifiée.

 

Par-delà l’angoisse qui sourdait de cette prémonition violente, les chevaliers se tenaient prêts, mais ils avaient grandement hâte de remballer. Belbit aurait voulu ne pas trainer, il objectait même que la tradition avait souvent du bon et quand à lui, faute de ne pas la fourrer dans un trou, comme le pratiquaient à tout moment les Huelabits, le bout de sa grosse bébêtte le faisait souffrir. Il suait des doigts pour passer bonne nuit dans ce pays d’assassins et voir aplatir la tronche d’Helga avant de partir lui ferait somme toute, disait-il, un bonus savoureux.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:36:40
n°42344423
talbazar
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Posté le 21-06-2015 à 10:54:23  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 74.

 

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Marwin Bismuth, patron de la brigade rapide d’intervention, n’allait pas se formaliser et attendre l’ordre d’un procureur pour débarquer chez Beau. Il savait parfaitement à qui il avait affaire, aussi décida-t-il de trier ses hommes soigneusement et d’agir promptement contre ces durs à cuire bourrés d'armes et de munitions. Il commença par virer les collègues en sous-marins qui n’étaient plus d’utilité, avant de cerner en douce le manoir par sa petite armée. Sans doute l’affaire la plus excitante de toute sa carrière. Il avait fait boucler les environs, sa montre indiquait 5h10 et malgré l’heure plus que matinale, ses cow-boys interceptèrent une voiture qui se rendait au château, avec à l’intérieur Violette Purple et Leslie la Ventouse, deux gagneuses du Pink Lady bien connues des services. On les ramena illico sous bonne garde sur Paris. Une petite cuisine rapide confirma que Jim Delacotte était effectivement aux mains de Beau. La bâtisse semblait calme, mais il ne fallait sans doute pas se fier aux illusions, nombre de ces gars là vivaient la nuit, comme les chauves-souris. S’il avait agi dans les règles, Marwin attendrait à présent qu’un quelconque membre du gouvernement chargé du dossier lui donnât le feu vert pour démolir ces macs et leurs putes, ces camés de braqueurs, mais là, il était peinard pour agir à sa guise contre cette maudite pègre. Il savait qu’après, on le remercierait d’avoir nettoyé la société de cette lie de l’humanité. Il n’y avait pas trente six solutions pour mettre hors d’état de nuire cette racaille aux méthodes violentes et démanteler enfin son organisation criminelle. Sans trop se l’avouer, c’était peut-être aussi l’occasion pour Marwin de mettre de l’ordre dans sa propre vie. Boudin était corrompu, pas lui. A cinq heure quinze, il donna son accord pour investir les lieux.

 

Prinz ne dormait pas, il était nerveux. Le chien avait du mal à digérer ses saucisses et la défaite allemande en 1945. Il loucha sur la montre de Mala qu’elle avait posée au pied de son lit, puisque le jour naissant filtré par les rideaux mal tirés lui apportait un peu de lumière. 5h04. Bien qu’il soit tenté d’aller faire un tour dans le parc pour aller faire chier quelques taupes, il préféra fourrer sa truffe dans les fringues de Mala éparpillés sur le sol  pour se calmer, comme d’autres se mettent à sniffer de la colle. Cette nuit-là, Beau et elle faisaient comme souvent chambre à part, mais dans la pièce à côté, dormait l’otage que Prinz avait mission de surveiller. A la moindre tentative d’évasion de l’ex-princesse, le berger Allemand sauterait sur le râble de cette petite conne pour lui jouer un remake façon mère-grand du petit chaperon rouge. Mala bougonna doucement dans son sommeil et se retourna sans se réveiller. Prinz déplaça un rideau d’un coup de tête pour s’asseoir devant la vitre d’une des grandes fenêtres. Sa nervosité augmentait. Ses grandes oreilles se dressèrent, quelque chose d’anormal suintait dans l’air de ce petit matin. A 5h13, il perçut un mouvement rapide à l‘orée du parc. En parfait chien de garde, il se retint d’aboyer, malgré son envie de faire un barouf du diable. Et puis, n’y tenant plus, il se mit à gueuler pour réveiller tout le monde. Mala d’abord, aux premières loges, qui l’envoya chier en employant des mots cruels, et puis les autres, en bas, et notamment Eliot le Squale et Brother Hawk qui tapaient le carton dans la cuisine en lichant de la vodka. La veille, ils avaient empaqueté le corps de Marcel Serre-dents, puis ceux d’Harry Le Chacal et de Jim Delacotte, lesquels avaient finalement passé l’arme à gauche après traitement spécial. Les gars bondirent de leurs chaises en se jetant un regard alerté, parce que Prinz, ça n’était pas le genre de chien à jouer du clairon pour rien. Un grincement de porte leur apporta Dirty King suivi d’Eddy Frangin, qui avaient sans doute passé la nuit dans l’un des salons. Lysie Belles Gambettes et Maria de la Bella Mercedes montrèrent ensuite leurs tronches fatiguées. A coup sûr, ils avaient dû s’offrir une partouze mouvementée. A présent, Prinz se déchainait comme un damné en s’affolant dans la chambre pour que Mala lui ouvre enfin la porte, parce que chassant ses derniers doutes il avait vu les flics. Beau entra sur le qui-vive à son tour et dégagea de son lit pour enfiler son futal et s‘emparer de son flingue. Plus le moment d’avoir la tête dans les nuages. Toutes les portes par ailleurs blindées étaient fermées, mais les gars au grand complet mataient aux carreaux, des flics, ouais, plein les pelouses et qui savaient qu‘on les épiaient, Prinz avait bien vu.

 

Une roquette perça la fenêtre en coupant Brother Hawk dans un déluge de feu. Blessé salement, les jambes inutiles, Tonio Barbaque riposta un instant avant de se faire trouer le front par un tireur d‘élite. Toutes les fenêtres du château volèrent en éclat sous les tirs d’artillerie lourde des assiégeants, une vitrerie pas autant résistante, finalement. Un véhicule blindé arriva rapidement par l’allée pour se poster devant l’entrée. Par les ouvertures, la bande à beau tiraillait à la mitraillette, deux flics en firent les frais, tombant sur la pelouse sans pouvoir être assistés par les collègues, trop occupés d’ailleurs à riposter. Un obus dans la porte, carrément. Des balles qui pianotaient par centaines sur la tôle du véhicule comme des pop-corns dans la poêle. Une fumée dense, un nouveau flic par terre, Beau se sentait piégé comme un con, il s’en voulait à présent de son excès de confiance. Une salve faucha Karim l’Albanais en pleine gloire. Ils étaient trop exposés, Beau rallia ses troupes pour improviser une meilleure défense. Le sourire aux lèvres, Ricardo plus armé qu’un bataillon d’infanterie avait l’air de franchement s’éclater. Le patron toisa son petit monde, Eddy Frangin, Eliot le Squale, Dirty King, Pablo Smoke et aucun n’avait l’intention de se rendre. Les filles étaient coincées à l’étage, grimper là-haut les mettaient en danger. Pourtant, Maitresse Fraü Glut, Queen Elsatiffa et Lux Divina Valdès vinrent les rejoindre un flingue à la main. Comme elle passait devant la fenêtre cette dernière choppa une balle dans le bide. Après avoir laissé Ricardo se défouler en réponse, tous quittèrent la pièce pour filer au salon bleu, une pièce sans ouverture renfermant une belle bibliothèque et une haute mezzanine où les bandits à l’affût s’allongèrent pour tenir un dernier conseil de guerre. Personne ne les avait prévenu qu’aujourd’hui au château ce serait portes ouvertes, mais ils savaient à présent qu’il n’y avait pas autre chose à attendre des minutes à venir qu’un pitoyable suicide collectif. Dirty proposa à Maitresse Fraü un ultime plan cul bizarre, avant de recevoir une furieuse injure en réponse. Beau leur intima de la boucler.

 

L’arrestation et la mort du commissaire Boudin avait lâché les fauves, et Beau s’avouait qu’il venait de se ramasser la gueule en beauté, parce qu’il ne s’attendait pas à une attaque aussi franchement violente. Une charge aussi foudroyante qu’impitoyable, qui visait à l’évidence à tous les éradiquer. Un tel déploiement justifié pour récupérer des crevures telles que Jim et Harry, quelle ironie ! A moins que le cirque policier ne se soit déployé uniquement pour Ewij Nikasek. Peu importait maintenant, ils étaient salement baisés. Et d’ailleurs, s‘interrogea Beau pour lui-même, elles étaient passées où Mala et sa bimbo ? Profitant de la brève accalmie, mortes de trouille et n‘ayant rien à gagner à faire trop les malines, Gouinette Patrol, Ashley la Gorette, Lysie Belles Gambettes, Maria de la Bella Mercedes et Chanelle Snapshot s’étaient rendues mains sur la tête après avoir quitté le château en courant, pour être aussitôt menottées. Affichant un étrange air de starlette, Queen Elsatiffa arriva un peu en retard, deux grenades en poche, avant de se faire exploser au milieu des flics qui l’entouraient, avec juste un grosse salope pour épitaphe de la part des proches survivants. Prinz aussi voulu faire le malin, partagé entre son désir de protéger Mala, son devoir de surveiller l’otage et la charge héroïque. Il tourna longuement la question dans sa caboche de bavarois avant de débouler l’escalier comme le con de clébard obtus qu’il était. Un projectile le traversa du museau au trou de balle avant de l’envoyer valser contre le mur sur un couinement minable, au milieu d’une gerbe de sang. Bleib du im ew'gen leben, mein guter kamerad !

 

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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:39:20
n°42390257
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-06-2015 à 17:40:11  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 54.

 

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L’inspecteur des douanes Gaston Denoël avait l‘affaire du 32 en pogne. Il titillait les organes de presse comme des zones érogènes, avec l’espoir de finir sacré comme empereur helvétique de l’anti-dope, sur les couvertures des magazines et toutes les télés. Son deuxième objectif était d’épouser prochainement quelqu’un du sexe opposé. Selon lui, les deux projets se trouvaient étroitement liés, notoriété rimant toujours avec pognon. La bienveillance du personnel de la clinique à son égard répondait pour l’instant à son attente. Babette et Gwendoline faisaient en effet de leur mieux pour lui offrir un modèle de science participative. Il pouvait compter sur elles pour consolider au mieux le réseau des acteurs locaux concernés par cette sombre affaire de bouffeur de coco, lequel avait si efficacement désengorgé le centre hospitalier. Gaston avait du pain sur la planche, puisque la consommation excessive d’alccol et les ivresses suivaient dans la société une courbe en hausse identique à celle de la connerie, une pathologie pas toujours déclarée aux assureurs. Et pas seulement en Suisse, où de plus en plus de gens ronflaient en deuxième partie de journée. Il fut clair, lorsqu’il arriva dans la clinique pour y faire sa conférence, qu’avec les deux infirmières il n’aurait aucun souci d’observance. Elles sortaient juste de la chambre 199 où elles venaient de pratiquer sur une malade une TGV médicamenteuse, lorsqu’elle abordèrent Denoël en prenant chacune des airs de conspiratrices. La brune aux gros seins et la blonde aux yeux bleus le choppèrent dans le couloir Harrison Ford, à l’angle du couloir Père de Foucaud qui menait au service du docteur Fayard, neuneubiologiste réputé. Gwendoline portait sa blouse des dimanches et Babette des gants en latex recyclés puisque fraîchement lavés :

 

– Mr Denoël, nous avons acquis la conviction personnelle que l’aide soignante Cassandra L’Harmattan  prend de la schnouf.

 

– Et qu’est-ce qui vous amène à une telle accusation ?

 

– Suffit de voir comment elle gare sa bagnole dans le parking. Elle est différente et singulière, nous pensons qu’il est urgent pour le docteur Halrequin de sortir du déni. Elle porte à la ville des leggins bariolés et elle oublie souvent de fermer les portes, si ça c’est pas un test de diagnostic de prédisposition à s’envoyer des sniffs, je sais pas ce qu’il vous faut. On est du métier, quand-même. Elle se drogue, on vous dit. On en parlait justement hier avec un gériatre, un nutritionniste et un psychologue, leur conclusions rejoignaient les nôtres, figurez-vous. Mais c’est à vous de le prouver.
     
– Oui, Jason a trop bon cœur envers cette nouvelle recrue, ça l’aveugle. En tant qu’infirmières collaboratives, il nous incombe d’exercer sur lui une vigilance empathique, mais faut bien un moment donné s’orienter vers un recours, vous êtes de la police, non ?

 

– C’est clair, ajouta Babette, si vous allez fouiller le casier de Cassandra au vestiaire, de notre côté on vous fera une haie d’honneur. On peut y aller tout de suite, si vous voulez.

 

Elles savaient qu’elles venaient de franchir la ligne de front, mais c’était bien le défi qu’elles s’étaient préparées à relever, dans leur tentative de muscler le jeu. Deux petites snipeuses dont les passements de jambes devaient mettre Cassandra sur le dos sans faiblesse.  

 

– Elle manque peut-être juste d’Oméga 3, fit l’homme des douanes, j’ai lu que ça pouvait aller jusqu’à briser les os du fémur, en cas de chute du deuxième étage.

 

– Que dalle, cette nana se shoote, un point c’est tout. Suivez-nous, vous le constaterez certainement vous-même.

 

Elle précédèrent le policier dans l’ascension d’un grand escalier sur les rampes duquel se vautraient à l‘aise Escherichia coli et Staphylococcusaureus, puis elles le conduisirent à travers le couloir Sitting Bull tapissé de Pseudomonas aeruginosa, en direction des vestiaires du personnel, d‘une stérilité irréprochable. Le coin sentait pourtant le ragoût et le pot au feu. En ouvrant la porte, les infirmières étaient tendues, mais elle prirent le temps de faire risette à une petite patiente âgée et tremblotante qui promenait par là sa chaise roulante. Gwendoline pointa un doigt :

 

– L’armoire de Cassandra, c’est celle au fond, à droite. On ferme jamais à clé, entre nanas, vous pouvez fouiller.

 

Gaston plongea sur un string en dentelle et se fit violence pour l’ignorer. Il écarta trois pommes, un croissant entamé et un GPS perdus sur une étagère, puis il rapprocha un sac de sport et son corps lui envoya en l’ouvrant un étrange message, car le bagage contenait au milieu des fringues propres un gros sachet de poudre blanche. L’objet ne dégageait ni fumée, ni odeur et ne ressemblait en rien à de la farine de patate douce. Suivant les préceptes du métier appris en école de formation, il roula un billet de banque et forma un rail qu’il absorba par les narines. C’était bien de la cocaïne, que l‘on ne trouvait surement pas en magasin. Les infirmières pratiquèrent à l’unisson l’automanipulation douce en affichant leur plus éclatant sourire, avec renouvellement immédiat de leur énergie vitale :

 

– Alors ?

 

– C’en est, bordel de dieu.
 
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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:40:42
n°42417096
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-06-2015 à 10:53:10  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 33.

 

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Du coup, Néefiertarée attrapa une mycose, selon le médecin qui l’examina. Jérijône et ses prêtres en rendirent gloire aux dieux, puisque les solennités prévues devaient avoir nécessairement lieu en période de germination. N’empêche que cumulant morpions et champignons, la reine n’était pas vraiment à la fête. Elle fut par conséquent contrainte malgré-elle d’éloigner Phimosis de sa couche un bon moment. Très irritée, couverte de psoriasis par-dessus le marché, elle ordonna à ses esclaves, aux pouces devenus douloureux, de la gratter constamment et en profita pour distribuer des tartes rageuses à la population affamée. Même les ballades thématiques organisées par Merdenkorinnanâr dans les rues de Tépafou n’eurent pas la chance de la distraire, ce que constatèrent les centaines de fans de la star juchés sur les toits et les terrasses de la ville pour la regarder passer, histoire de déverser sur sa litière quelques casseroles d‘eau bouillante. Autour du cortège royal, des chèvres vivantes cavalaient dans les espaces publics et d’autres mortes polluaient en abondance les nappes phréatiques. Dans le chantier naval où le général avait interdit à sa reine de se rendre désormais, les bateaux inachevés dormaient inutilement sur leurs étais. Au milieu des pelouses jaunies, quelques pauvres bédouins sans doute Foufounais récoltaient en les siphonnant d’ultimes gouttes de pétrole puisées sur les carcasses de chameaux abandonnées. En revanche, des pelles et des pots de fleurs décoraient à profusion les somptueux jardins privés. Précédent son convoi, les soldats donnaient continuellement des coups de pieds aux enfants pour les dégager, d’une manière de toute façon imperceptible, tant ils étaient nombreux. Et puis, après avoir balancé par désœuvrement quelques cailloux sur les écailles des crocodiles immergés dans le Nil, la pharaonne rentrait ensuite épuisée dans son palais, en pestant comme une hyène de cet accablant séjour en villégiature forcée. Elle ne manquait pourtant de rien, puisque son armée avait stocké un maximum de vivres récupérées dans les décombres des magasins pillés. Lascivement couchée sur ses divans au milieu des fumigations parfumées, Néefiertarée se remettait du Khôl aux yeux, en attendant que son esclave recouse l’ourlet déchiré de sa robe indigo. Ramassidkouch n’avait pas répondu à sa lettre, ce qui mettait pour l’instant sa bataille conjugale en stand-by. Comme toute sa vie quotidienne se trouvait parfaitement organisée, elle finissait par s’ennuyer au cœur de son vaste palais. Contre toute attente, la silhouette décharnée, la gueule émaciée et la jalousie maladive de Tahosétlafer finissaient par lui manquer. Sans plus de nouvelle de son sophrologue psychothérapeute privé, elle enrageait de cette absence aussi inquiétante qu’inexpliquée. Beaucoup d’idées folles trottaient en effet dans sa tête sur le sort du prêtre. La pire de toutes voyait le sorcier se déballonner à son arrivée à Tèbes et faire profil-bas devant son époux, au lieu de le tuer ; une association si dangereuse qu’elle lui collait la nuit des frissons d’effroi. Entre la trahison effective de son mari vautré à Thèbes et ses ouvriers en grève dans le sud, la reine se sentait prise au piège entre deux lignes ennemies.

 

C’est pourquoi le début du heb sed vint à point nommé pour chasser les idées noires de Néefiertarée. Assise au centre de son char fleuri, la pharaonne avait fière allure vêtue de son grand manteau blanc et sa raie au milieu, bien que deux ou trois celtes bien bourrés venus de Perros-Guirec et coincés dans la foule fissent la réflexion qu’elle n’était pas aussi gironde que la dernière reine de Binic. Le marché aux reliques battait déjà son plein, et les prêtres s’activaient pour revendre à la foule enthousiaste des images de leur reine croquées par Phimosis. Il l’avait peint portant sur la tête les symboles de sa divinité, le cobra évoquant sagesse et rapidité, l’épervier figurant le courage du guerrier et le casoar pour signifier que l’erreur n’est qu’humaine. En plus de quelques plumes de paon, Néefiertarée avait tressé dans ses cheveux des poils de singe et de poney. Les garagistes de Tépafou peinaient à réparer les litières aux carrosseries rutilantes et sièges à pompons, venues en surnombre de tous les environs, des plus grandes villes aux villages les plus primitifs. Nombre de leurs propriétaires s’étaient mis pour l’occasion en congé sabbatique de leur entreprise, notamment les hébreux. Partout dans la bourgade de Tépafou, s’illustraient le carnaval et les jeux-concours très populaires, mais aussi séances collectives de rigolades qui provoquèrent malheureusement de nombreux avortements spontanés.

 

Dans toutes les rues, l’armée veillaient à ce qu’aucun citadin stressé en perte de repères ne puisse fomenter quelques troubles. Elle remettait alors rapidement en mémoire à l’étourdi sa fâcheuse tendance aux ecchymoses. Sur la grande scène montée près du palais chantait Akhénaton, suivi par d‘amusants numéros de music-hall. Quelques malchanceux fennecs trainant là par hasard retournèrent rapidement au désert, sous les volées de cailloux lancés par des gosses hilares, pendant que leurs pères s‘échangeaient leurs maîtresses. De leurs côtés, leurs femmes modérément réjouies sentaient bien qu’il était en train de se passer quelque-chose. Et puis elles retournaient se perdre dans le tumulte de la fête, au bras de leurs amants. Par noble idéal, Néefiertarée souriait à tous ceux qui l’acclamaient en leur jetant à la volée des brassées de cacahuètes, si nécessaires pour chasser leur mauvais cholestérol. C’était un bien beau heb sed qui commençait, pour le rédemption de l’âme collective et la promesse pour la pharaonne de gagner sur ce coup là des millions d’années, du moins au niveau certainement subjectif. Elle était l’aimant éclatant de l‘Egypte, l’archétype de la mère et d‘Isis, la fille du soleil brillant au fond du ciel pour réchauffer son peuple, lequel vidait pour l’heure en gueulant des paillardes d’une drôlerie irrésistible de nombreuses amphores de bière et de vin grec, pour célébrer cette gloire éternelle dont la reine était porteuse depuis sa naissance.

 

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bon dimanche, et puis : casquette et crème solaire  !

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:46:05
n°42478337
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-07-2015 à 13:27:50  profilanswer
 

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Aujourd'hui : La saga du trône de Fion-Tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 57.

 

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Robin qui boit revêtait un grand manteau écarlate, de la même couleur que ses joues. De nombreuses fois, pour ainsi dire à chaque bas de lune, ses compagnons l’avaient élégamment réveillé dans sa tente, pour satisfaire leur quête d‘exploits chevaleresques et lui déboîter la clavicule par parfaite noblesse d‘âme. Tombant un beau matin de son cheval, Percevalve se pencha sur une inscription curieuse gravée avec art sur la vieille margelle d’un puits abandonné, ou d‘une tombe oubliée. La chose était si mystérieuse qu’elle méritait évidemment qu’on s’y arrête un peu. L’examen épigraphique que fit le chevalier Guy Bouyave de la phrase tracée dans la pierre granitique rougeâtre prouva qu’il s’agissait de la publicité d’une taverne toute proche, laquelle portait pour nom « Le Poney Puant ». On félicita ensuite Guy en héros et Robin décida qu’ils y passeraient la prochaine nuit, si les chambres comportaient des douches et des toilettes communes. En véritable boule de douceur, le chef fut longuement câliné de mains de maître par ses amis, sauvages et libres, comme toujours.

 

– Enfin une terre embellie par les hommes, au milieu de cette toundra immense. Pressons-nous messires, pour arriver dans cette auberge avant la nuit, déclara Robin encore tout ému, avant d‘émettre comme les chats de clairs signaux avec sa queue, droite comme un carreau d‘arbalète.

 

– Voilà un refuge bienvenu et propice à nous protéger des prédateurs et des ultra-violents, répondit Yvan de Ladaupe, lequel transportait bien cachée dans ses selles la précieuse copie de l’Œil de dinde.

 

Les abeilles s’engouffraient dans leurs bouches en battant frénétiquement des ailes, mais les chevaliers de la Commanderie d’Aufesse les recrachaient de suite pour avancer toujours, imperturbables. Tous semblaient sculptés dans le métal le plus pur, considération essentielle à l’image qu‘ils se faisaient d‘eux-mêmes. Sous leurs sabots, des lézards s’envolaient et des tourterelles piétinées rampaient vers l’abri des cours d’eau. Rehaussé de fleurs blanches, Robin se dilatait et se contractait en cadence, au milieu des nuées de pélicans farouches. Puis il faisait à chaque halte de longs vols planés orchestrés par ses amis, parfois plus de onze heures par jour, avant de donner l’ordre de reprendre la marche, qui pouvait compter depuis leur départ plus de 8oo kilomètres par jour, suivant les données collectées par le chevalier Gauviens. Il n’y a de noblesse que celle qui se mérite. La grande errance les porta enfin sur une pente faiblement boisée, d’où ils aperçurent en contrebas la fumée sortant des cheminées de la taverne du Poney Puant, au vieux toit de chaume. Une multitude de bergers et de chasseurs non cultivés recouvraient cette colline, signalant leur présence par de nombreux frôlements dans les broussailles. Les chevaliers ignorèrent cette ruralité bruyante perclus de curiosité et d’ennui, où leurs ancêtres pataugeant dans leurs larmes avaient planté ici leur pénates et beaucoup de marronniers. Quelques grand-mères trapues agonies de solitude paissaient le sol âpre en compagnie de leurs moutons, du moins ceux qui étaient parvenus à éviter les fosses à loups. Ayant pris un virage à angle droit, une bonne odeur entra dans les narines des chevaliers. Il entrèrent la tête la première dans l’auberge, après avoir consulté la carte du menu et lu une l’affiche imposante placardée sur la porte :

La soirée débutera par un cocktail à partir de six heures, durant lequel nos invités seront mitraillés par une nuée de portraitistes d'agences et peintres accrédités. Durant le dîner, un spectacle de jonglerie est également prévu.

 

– C’est tout bon, fit Robin, en admirant le cuir tanné des buveurs attablés qui s’enfonçaient jusqu’aux cuisses dans la mousse de leur bière.

 

Chuchotis et gargouillis les accueillirent, les moines posèrent leurs pieds dans la merde ignoble qui recouvrait la terre-battue, en guise d’initiation. Une serveuse à la longue fourrure brune vint prendre leur commande :

 

– Bone chanson plaroit vos a oir, messires ?

 

– Si fait, fit avec enthousiasme le chevalier Braillard après les civilités d‘usage, sans quitter la belle un instant des yeux, et pour danser j’ai bras et jambes, aussi. Et nous voulons bons lits, dans lesquels vos plus hauts invités couchoient habituellement, car nous sommes les meilleurs chevaliers du monde.

 

Aussitost, on entendit un coup de chiflet qui partoit du bar et plusieurs voix perçantes qui commandèrent d’aller tuer les punaises dans les lits de ces messieurs les prestres de la milice des Hospitalisés de Sainte Kramouille. De l’estage au-dessus s’entendait jouir quelque gourgandine ni pieuse ni sainte, mais soumise et domptée, et Robin lui-même ne put s’empêcher d’en estre surpris. Ainsi ce lieus fréquenté par nombre de mary faisoit également commerce d’impuretés vicelardes. Une vache tournait en broche sur le bon feu de houx, dans cet antre où triomphait hébétude et rusticité pour garder toute sa grâce d‘antan. Les tables et les bancs drainaient l’eau de pluie qui tombait du toit percé, par lequel une fumée noire tentait inutilement de s’échapper. Ayant accomplie son service, la serveuse assise près de l’âtre s’occupait à présent à griller des châtaignes en fumant des champignons. Ses grands jupons servaient sans doute le soir-venu de cachette pour les hommes, du moins dans l‘imaginaire local. Et puis comme prévu, elle se mit à chanter, en faisant hurler de rire les connaisseurs, car elle était dotée d‘un savoir-faire ancestral, sinon de qualité. Pour les hommes de Robin qui avaient choisis de vivre leur existence avec fougue et passion, la chaleur sensuelle de sa voix constituait une recette explosive pour les rendre joyeux. La taverne abritait dans un coin un petit musée de la tonnellerie qu’ils parcoururent rapidement, pestant tout de même auprès du patron sur le tarif de la visite, le pauvre contenu des expositions et la rémanence sur la peau de l‘encre du tampon d‘entrée. Ils redoublèrent ensuite leur abus d’alcool en savourant les confitures de prunes du jardin et les carottes du marché, puis la vue plongeante sur le décolleté de la fille de l’étage en tenue de satin tachée plus que brodée par le pinard, et finalement redescendue sur terre en compagnie de cinquante jeunes gens. Puis, à la nuit tombée, eurent lieu les réjouissances promises par l‘affiche, où l’on joua de la vielle en dansant la bourrée, pour un bal à l’ancienne vraiment mémorable et un tel tintamarre que le tonnerre du diable n‘eût pu se faire entendre. Il fallut malgré tout applaudir poliment quelques acrobaties de qualité nulle. Une cuisine familiale mitonnait heureusement par revanche dans la cuisine, et après avoir dévoré bonne omelette aux cèpes et choux farcis, les chevaliers montèrent dans leur chambre pour y cuver leur fameux vin de Fion, après avoir ouïe la messe appuyés aux fenêtres. La pièce unique comportait une folle abondance de fiches randonnées et à l’instar de Frère Robin, une belle poutre apparente. Après avoir bien profité de leur petite reine, les chevaliers munis de leur bonnet sur les oreilles se mirent à ronfler copieusement comme des ours en plein hiver, oubliant dans leur cuite la sombre forêt, où s’effectuaient depuis un grand nombre de jours leurs interminables galops et chevauchées sur les sentiers caillouteux recouverts de poussière.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:49:20
n°42490409
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-07-2015 à 18:17:39  profilanswer
 

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Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 55.

 

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Jason planchait sur son dernier combat, puisqu’il menait une bataille juridique imposante et très médiatique pour que les dépressifs puissent avoir le droit de sourire dans la dignité. Sans parler d’un agrément officiel, il lui restait encore à diminuer les désagréments secondaires de son traitement post-opératoire sur les fréquences du hoquet, sans compter que son prototype de cerveau artificiel pour asthéniques se chargeait très mal en sang naturel. Il n’était pas si simple de prendre comme modèle la ventilation branchiale des têtards pour l’appliquer aux suicidaires. Son champ de recherches développé depuis seulement trois mois ne faisait pourtant que s’entrouvrir, à l’image de la blouse de Cassandra, laquelle s’appliquait dans son bureau à essayer de comprendre les multiples notions qu’essayait de lui dévoiler avec enthousiasme son patron. Visiblement, l’aide-soignante n’arrivait guère à franchir le dernier palier de la démonstration en cascades du docteur, concernant la différence de laxité entre côté sain et côté lésé d’un traumatisé de la joie, mais elle fit contre mauvaise fortune bon cœur en lui offrant une mimique vraiment sympathique.

 

– Ce qui pose souci, ma petite Cassie, c’est qu’en cas de rigolade impromptue du neurasthénique ainsi opéré, il y a une perte observée de congruence articulaire au niveau du condyle mandibulaire…

 

– Docteur Halrequin, je n’y comprend rien, les rosiers de la serre sont malades, c‘est même catastrophique. Ils sentent terriblement la pisse. Et les bonzaïs qu’on vient de replanter sont quasiment tous crevés.

 

– Il s’agit sans doute de chiens errants, il faudra probablement poser quelques pièges dans le parc. J’en ai justement reçu il y a deux ans quelques-uns en cadeaux d’un lointain cousin canadien.

 

Cassandra plissa le nez, comme si elle était encore incommodée par l’insoutenable odeur d’urine qu’elle avait reniflé en allant admirer ses pauvres rosiers désormais fanés, une atroce puanteur d‘un sérieux calibre. Puisqu’il constatait que Cassandra avait perdu le fil, Jason envisageait de passer à autre chose, mais lui-même ne parvenait pas à détacher les yeux de la gracieuse silhouette de la jeune femme qui lui faisait face. Dès qu’il cessait de réfléchir à des préoccupations professionnelles, la moindre de ses pensées le tournait vers sa jolie collègue. Il s’était enfin avoué qu’il se trouvait en amour d’elle, et cette vérité par ailleurs l’enchantait. Elle apportait une réponse évidente et nouvelle à une question somme toute très ancienne et en latence chez lui, puisqu’il n’était jamais jusqu’ici tombé amoureux. Il avait toujours pensé à l’amour comme une sorte de rêve mensonger, peut-être par peur de la réaction de sa mère ou par cette réticence naturelle, qui existe finalement en chaque homme, de faire quelques bébés avec une amie avant d’atteindre soixante ans. Il avait toujours vécu des rencontres stéréotypées, des coïts oubliables, des aventures baclées comme cette fameuse partouze avec ses infirmières, mais rien qui puisse lui servir à présent de modèle concernant ce qu’il éprouvait pour Cassie. Il ne pouvait s’empêcher de lui jouer en permanence son numéro de charme, puisque le beau attire le beau, il était dans la gaité de sa présence et saluait de la main le cortège de ses doutes pour lui dire enfin adieu. Elle était drôlement bien foutue, très bien foutue, et lui était délicieusement  foutu. Cette course au désir lui procurait un nouvel élan, ce qui le poussait à opérer ses malades en sifflotant. Il envisageait à l’encontre de la belle rousse une nouvelle donne familiale, et il voyait bien son affriolante future épouse se marier classiquement en robe blanche. Même si le roux et le blanc se mariaient moyennement, selon ses propres goûts.

 

Gaston Denoël et le commissaire Mensinq se présentèrent à la porte du bureau, accompagnés de deux policiers. Leur collaboration prouvait qu’il fallait s’unir pour punir. Babette et Gwendoline passaient justement dans ce couloir baptisé Roi Pelé, par pur hasard. Amateur éclairé des bonnes vieilles méthodes, Mensinq guettait avidement sur les traits de Cassandra un éventuel refus d’obtempérer aux signaux réglementaires d’arrêt de ses gendarmes et se préparait mentalement à la poursuivre dans une cavale éperdue. Il se confirmerait bientôt que la clinique Saint Bernard n’était pas autre chose qu’un point de vente de stupéfiants ciblé qu’il faudrait démantelé. Denoël s’approcha pour passer les menottes à l’aide-soignante :

 

– Mlle Cassandra L’Harmattan, la brigade des stupéfiants de la Sûreté cantonale dont je suis le chef vous arrête pour trafic et usage de la schnouf. Nous avons de bonnes raisons de considérer cette clinique comme un important point de deal, et il nous reste à éclaircir le rôle que vous jouez au niveau des ramifications de ce réseau de narcotrafic. Il claqua les bracelets sur ses poignets.

 

– Mais de quoi parlez-vous ? Vous êtes fou ? Cassandra semblait sous le coup d’une horrible maltraitance psychologique. Elle n’avait plus rien de grande ou de mature.

 

– Allons mademoiselle, nous savons que la police peut parfois s’énerver, et même être un peu injuste, mais il vaut mieux reconnaître les faits qui vous concernent dès à présent. Il fourra le sachet de dope sous son mignon petit nez : et ça, c’est pas du fond de teint, ma chérie. Allez, on embarque cet oiseau pour le mettre en cage.

 

Jason ne comprenait rien, la soudaine arrestation le mettait en grande fragilité psychique. Il devint aussi triste et angoissé qu’un grand acnéique.

 

– Allons, messieurs, c’est une terrible méprise, vous devez vous tromper. Cassandra n’est pas une criminelle, vous ne pouvez ainsi médire de mon exceptionnelle collaboratrice, c’est une injurieuse diffamation à son encontre et une sordide erreur judiciaire.

 

– Le bémol, l’arrêta Denoël, c’est que cette coco provient de son sac personnel. Allez, mademoiselle, veuillez nous suivre à présent. Il avait pris dans sa voix en s’adressant à sa prisonnière le ton d’une sévère injonction parentale.

 

En larmes, incrédule, Cassandra n’eut le droit d’appeler personne, Mensinq lui confisqua son portable et la poussa dans le dos avec son poing, sans chercher à atténuer la douleur. Il avait tout d’un coup une patate d’enfer. Il allait revoir à la loupe les derniers cas de meurtres en série par empoisonnement, puisque chaque affaire qui se présentait à lui avait une sorte de lumineuse valeur initiatique. Jason tomba sur sa chaise, attrapa comme un zombie le combiné du téléphone qui sonnait. Il écouta sans dire un mot un interlocuteur rassurant lui déclarer que le laboratoire qu’il représentait était finalement d’accord pour financer à l’usage exclusif de la clinique Saint Bernard 20 000 kits médicaux pour éradiquer les épidémies de grippe-sous. Jason l’écouta encore murmurer qu’en compensation, et comme il avait été dit …

 

Mais le docteur Halrequin reposa brutalement le combiné avec un air absent, coupant soudainement court au monologue diffusé par l‘écouteur.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:51:01
n°42563493
talbazar
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Posté le 11-07-2015 à 18:20:37  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 75.

 

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Alors que Prinz partait à la rencontre de son funeste destin, Mala s’était introduite dans la chambre d’Ewij pour lui ordonner de la suivre. L’ombre des deux femmes dansait sur les murs blancs, alors qu’elles cavalaient vers un petit débarras dont Mala ouvrit la porte avec précipitation, en poussant vivement Ewij à l’intérieur. En dépit de l’espace étroit, quelques étagères s’encombraient d’un bric à brac hétéroclite, formé principalement par des outils de ménage. Le bruit des armes s’était tu, il régnait à présent autour du manoir un silence pesant. Une odeur âcre fila vers leurs narines. La proximité obligeait les deux femmes à se coller étroitement dans la pénombre. Et puis Mala posa sa main sur la cuisse de la princesse :

 

– Me prend pas pour une conne, Ewij, je vois bien que tu ne portes que des robes, depuis que tu es ici, tu n’as jamais demandé de pantalon. Une ado sans jean, c’est comme un Whisky Sour sans citron, parole. T’aurais pas un flingue, là-dessous ?

 

Elle avait de toute façon la réponse, puisqu’elle venait de frôler du doigt le petit colt scotché sur la jambe d’Ewij.

 

– Il est chargé ?

 

– Ouais, mais je n’ai pas d’autres balles, pas eu le temps. La caresse de Mala lui avait malgré elle provoqué une sensation troublante. Elle s’arracha le gun avec une grimace, afin de le tenir dans sa main.

 

Mala s’occupait à présent à vider l’une des étagères qu’elle tira ensuite brusquement vers elle. Lorsqu’elle la repoussa vivement, l’ensemble du mur s’ouvrit pour libérer un espace secret qui révélait de très anciennes marches en pierre. Un interrupteur leur donna de la lumière.

 

– On descend, fit Mala, en poussant Ewij dans l’escalier étroit, avant de refermer la cloison sur elles pour masquer leur fuite. Un pli soucieux barrait le front de la femme de Beau, mais ça semblait une proposition honnête. Elles glissèrent bientôt comme deux rates affolées dans un couloir humide. C’est seulement là que Mala donna à la jeune fille, en soufflant un peu, quelques explications :

 

– Les fondations de ce château sont très vieilles, puisqu’il est bâti sur une séculaire place forte templière. Là où nous sommes, c’est tout ce qui reste de la construction originale. Les flics mettront du temps à comprendre, ce tunnel n’est pas indiqué sur les plans. Il débouche dans le parc, sous le pigeonnier.

 

– Je ne suis pas une chique molle, mais là-haut, c’est bourré de flics.

 

– Je sais.

 

La voie était maintenant devenue très sombre et ne subissait presque plus l’influence de l’ampoule qui avait éclairé l’escalier. Ewij n’avait rien à cirer d’écouter un cours magistral sur l’architecture médiévale, tout ce qu’elle demandait à présent était de sortir au plus vite de cet enfer qu’elle pressentait autour d’elle. Elle se trouvait en cavale aux côtés de Mala, et ça c’était plutôt pas mal. Depuis le temps qu’elle marinait une vie végétative dans ce château où on l’avait cloîtrée, elle avait le sentiment d’être une asperge oubliée dans sa boîte de conserve. Les flics venaient de faire péter le couvercle, et maintenant fallait se tirer sans trop de bobos. Ce qui n’empêchait pas d’en donner. Il y aurait forcément des gagnants et des perdants, mais Ewij ne pariait rien sur la bande à Beau. Cette fuite éperdue prouvait d’ailleurs que Mala non plus. A la fin du combat, est-ce qu’elle serait devenue une vraie femme ? se demandait Ewij, tout en regardant la sueur briller sur les tatouages de sa compagne. C’était si étrange, l’envie irrépressible de la jeune fille d’être vraiment gentille avec cette grande brune austère à la peau colorée.

 

– Fais gaffe à la marche.

 

Elles débouchèrent dans le sol du pigeonnier, qu’elle quittèrent en soulevant prudemment une vieille trappe en bois. Un guêpier qui en valait un autre. La petite construction circulaire était plongée dans le noir absolu et une seule porte l‘ouvrait vers l‘extérieur. Elles respirèrent à pleins poumons de la merde de pigeon et une détestable odeur de fumée.

 

– Qu’est-ce qu’on fait, Mala ?

 

– On essaye de mécontenter les condés, ma petite chérie.

 

Elle avait beau se prendre une allure maternelle, sa voie chevrotait un peu. Ewij la doubla pour ouvrir lentement la porte et jeter un œil sur le parc. Trois gros camions bleus dormaient près des pelouses et le château était en feu. Les flammes immenses dansaient sur les carrosseries en longues mèches rougeoyantes. Pas un pompier en vue ni sans doute prévu, s’il restait du monde dans le manoir, il carbonisait. Pas de flics à l‘horizon, cependant. Ils devaient pourtant être très nombreux à surveiller leurs proies, en attendant confirmation du finish. Le coin puait le chaos et la mort. Mala ne laissa rien paraître de ce que lui inspirait la vision apocalyptique du château qui se consumait dans les flammes, lesquelles offraient des jeux de lumières incessants sur la peau de ses bras nus. Une explosion soudaine fit sauter une partie du premier étage, alors qu’une silhouette brûlée vive sortait du château en hurlant, sans que l’on puisse lui donner un nom. Une autre suivie de près, mais celle là tirait comme un démon devant elle, Mala reconnu Ricardo. Une bonne centaine de balles le découpèrent en morceau. Et puis plus personne. Les autres avaient dû périr brûlés ou asphyxiés. Profitant de la diversion offerte, les femmes se glissèrent le long du pigeonnier pour le contourner et fuir dans le parc à grandes enjambées. Arrivée par miracle près du mur d’enceinte, guère éloigné, Ewij proposa de l’escalader mais Mala opta pour le longer, une porte le perçait selon elle à trente mètres pour donner sur la route. Elle avait même la clef. Quoi qu’il en fut, les environs seraient sans doute étroitement surveillés. La balle atteignit Mala dans le dos, un cri déchirant fusa de sa gorge. Ewij tira une fois à son tour en réponse, elle ne pouvait vérifier la mort de son amie, alors elle détala devant elle, dans une course éperdue.

 

Sa riposte avait calmé le connard qui la poursuivait. Ewij fila vers un bosquet, d’où elle aperçut le mec, paw, bien visé, il tomba face contre terre. Elle avisa le fameux portillon, pas le choix, il fallait partir par là, en espérant pouvoir l‘ouvrir. Un flic alerté par le bruit arriva justement pour le faire à sa place, ce fut le dernier geste de sa vie, et puis Ewij se retrouva sur la route, avec trois balles restant dans son chargeur. Une chance de cocu la projeta d’un bond dans le champ en face, un bon vieux champ de maïs miraculeux qui la rendit totalement invisible. Un hélicoptère tenace tournait pourtant dans le ciel au-dessus d’elle, mais ça ne voulait pas dire qu‘il la voyait, ni même qu‘il était au courant de sa présence, puisqu‘il devait concentrer toute son attention sur le château embrasé. Elle rampa longtemps entre les hautes tiges qui la camouflaient si bien, obnubilée par l’idée de prendre de la distance et avide d’accélérer le temps qui restait avant de voir tomber la nuit. Ses mains saignaient sur la terre sèche, elle était sans doute la seule survivante du massacre qui venait d’avoir lieu, un goût d’amertume la submergea à la pensée de Mala si brutalement fauchée, cette femme étonnante avec qui elle n’irait jamais visiter Palerme. Son cerveau s’affolait dans un tourbillon de pensées confuses, juste désireux de gagner un peu de liberté à chaque reptation. Chaque mètre gagné lui coûtait une éternité, il lui semblait que le sang affluait en crissant dans ses artères, mais elle refusait de redresser son corps pour aller plus vite. En passant à vive allure, plusieurs sirènes de pompiers provenant de la route déjà loin jouèrent enfin les trompettes victorieuses de l’attaque réussie de Marwin Bismuth. Un complet massacre de la bande à Beau, tombée sous le feu jusqu’au dernier homme. La brise ondoyant sur le champ soupirait, les oiseaux chantaient et petit à petit, au prix d’un effort surhumain, Ewij Nikasek s’éloignait de l’horrible merdier.

  

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Bon wk à tous !

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:53:28
n°42566310
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-07-2015 à 06:52:58  profilanswer
 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 11:54:25
n°42648332
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 20-07-2015 à 14:29:18  profilanswer
 

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Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 34.

 

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Résumé :

 

Il appartient heb sed à Tépafou, cela va pour rituelle fiesta. Tahosétlafer s’est fait désouder par Ramassidkouch, pharaonique le mari qui met sa zone dans le pays égyptien. Néefiertarée, reine de destin et avec le charme, sort avec Phimosis le Scribe Kouchite. Sa flotte qui doit servir à porter en bas le Nil reste inachevée pour l'instant ...

 


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Le grand prêtre Jérijône était vraiment soulagé, des centaines de belles petites brebis dodues rentraient dans ses fouilles en passant au milieu de ses caisses, puisque les égyptiens payaient leur entrée au heb sed en nature, conformément aux mœurs de leur époque. L’homme du temple au crâne dégarni n’était pas peu fier de voir que sa bourgade autrefois à peine connue égalait à présent la glorieuse Memphis, pour le temps que dureraient les somptueuses cérémonies. Oui, le courant passait plutôt bien entre lui et les fidèles dont il louchait avec délice sur les biquettes, sachant qu’une partie des bénéfices serait donnée à une association caritative assyrienne. Encadrée par deux pylônes éclectiques sur le sommet desquels le soleil lançait ses éclairs, la grande porte monumentale du palais s’ouvrit avec lenteur devant le lourd char fleuri de la pharaonne. Celui-ci comportait d’astucieux colliers étrangleurs destinés à limiter le cabrage des porteurs lors des démarrages. L’étude aérodynamique de ce monoplace avait été supervisée du fond de son lit de souffrance par Pubi Senfouyî lui-même.  Doté d’immenses rambardes de sécurité, d’un beau trône galbé et rembourré mais également de solides poignées de maintien, le char était composé pour l’essentiel de grillage et de papyrus peint. Prodige d’équilibre, l’engin puissamment tiré à l’avant par 12.652 hébreux volontaires originaires de Jèdsémani et à l’arrière par 20.000 palestiniens déterminés, se révéla malheureusement trop large pour passer la porte d’entrée. Néefièretarée fut donc obligée de descendre, elle resta calme et courtoise, accusant juste le fait que la bière rendait son grigou d’architecte naval trop distrait, et puis, sous les applaudissements, elle pénétra à pied dans la cour du palais où devaient se dérouler les épreuves prévues. On lui jeta des pétales et des trucs, et puis quelques esclaves aux seins nus de la tribu des Femen, couvertes de hiéroglyphes vengeurs, vinrent mettre la zone pour protester contre le coût faramineux des festivités et accessoirement contre le mauvais goût de la reine en matière d’eye-liner, avant de terminer dans le ventre d’un crocodile. Dans le parc immense arrosé par le Nil, des daims, des biches, des lions, sans compter de nombreux volatiles vivaient là en semi-liberté, et même un espiègle python noir réticulé complétait l’intéressante collection. Néefièretarée marcha au milieu de tous sans contrainte, à portée des mains de son peuple joyeux, ce qui obligea la reine à construire en urgence un charnier dans son parc pour y enterrer certains entreprenants. Bien que la reine soit naturellement touchante, beaucoup d’autres furent également livrés aux lions.

 

– Elle a pris du cul, fit sournoisement un type dans la foule, avant de finir dans le ventre d’un crocodile.

 

Néefièretarée souriait à tous, quelques jeunes filles brunes en mini-jupes lui firent une ovation délirante, sous un soleil exceptionnel, lumineux et limpide. En apercevant la reine resplendissante qui passa devant elles sans ralentir, bien qu’un violent vent de travers la fisse dévier, plus aucune de ces adolescentes ne se montra encore désireuse d’épouser un jour un gars de la campagne. A chaque pas, des soldats en armes aux âmes pures caressaient gentiment leurs officiers dominateurs, lesquels montraient soudain une luminosité intérieure insoupçonnable au premier abord. Mais comme ces gradés ne plaisantaient pas avec les bonnes manières, il fallut approfondir le charnier de quelques mètres. Sous une colonne papyriforme, un préposé joua finalement de la trompette pour signaler le début du sprint et la reine à la stricte élégance changea de godasses et rajusta sa barbe postiche. Tout était gigantesque autour de la piste de cent mètres, 550 000 places assises, une équipe de sécurité groupant 600 personnes qui vivaient là leur dernier été, tout était prévu et la place des notables dans les tribunes était retenue pour voir la pharaonne se lancer à la conquête du trophée le plus envié de l’Egypte. Grondant comme le tonnerre, la foule se leva, les yeux braqués sur elle. Jérijône colla dans les mains de la reine l'Imytper, bâton symbole de l'héritage des pharaons sur l’Egypte, et puis on lâcha le taureau. Un gros, un balaise, du genre à abréger sans appel la cérémonie. Il commença par dégommer quelques statues des dieux, y compris celle de Ptah avec sa calotte et sa barbe droite, dont cette noire bestiole était pourtant le représentant. Néefièretarée n’était pas seulement le pilier de son royaume, mais également celui du monde, elle ne pouvait donc pas défaillir. Elle était bien décidée à ce que cet épisode de sa carrière soit couronné de succès.

 

Une double dynamique l’amena à siffler la bête et à se barrer en courant, par jolie tradition, mais aussi par un engagement massif de tout son corps. L’horrible jeu prit une dimension collective, avec les encouragements de la foule exaltée lorsqu‘elle vit la monarque décamper plus rapidement que la peste répandue dans Rome. Il n’était plus question pour la pharaonne de sauver le monde, mais de se sauver. Certains ne se gênaient pourtant pas pour tirer des conclusions hâtives au profit de la bête féroce. Une certaine idée d’elle-même anesthésia malgré tout avec bienfaisance le système nerveux de l‘héroïne, qui détala en avant sans plus réfléchir ni demander son reste. Avec dans ses prunelles sombres une vision funeste de corps royal bousillé, le taureau fonça immédiatement à sa suite. Néefièretarée poursuivit une route chaotique, s’éloignant par moments de la piste, ce qui donna une impression de flottement total sur ses décisions. Afin de préserver les règles du jeu dominantes, le taureau redoubla de fureur, ce qui développa chez la pourchassée un nouveau type de rapport au pouvoir. A cause de ce brusque changement de rapport, elle accéléra sa galopade hantée, avec l’haleine de l’autre con sur les épaules. L’échappée de la reine sembla pourtant trop frileuse à certains spectateurs, lesquels se levèrent en masse avec une fébrilité avouée, en faisant dangereusement trembler les gradins construits sur des trépieds en briques. Ils se désassemblèrent soudain et firent chuter la foule qu’ils soutenaient en plein sur le taureau, pour se transformer aussitôt en terrifiante machine à broyer. A moitié asphyxiée, ensevelie saine et sauve sous les robes maculées de sang des pauvres victimes de cette vacherie, Néefièretarée savoura sa victoire au milieu des tourbillons de poussière. Comme beaucoup de ceux qui avaient chutés, le taureau était mort sur le coup. A présent, la reine de l’arène sentait la vache et l’Apis et l’heure tournait dans les sabliers, mais l‘acquisition de cette première manche de heb sed venait d’être glorieusement finalisée. Dans cette ravissante récréation, la pharaonne venait là sans nul doute de trouver son public.

 

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La Moyenne encyclopédie et le pro-fesseur Talbazar s'associent pour remercier chaleureusement la municipalité de Troulbled, pour son apposition d'une plaque commémorative à la gloire du patron.
La datation s'inspire du nouveau calendrier mis au point par le pro-fesseur Talbazar, lequel prend comme origine le siècle des lumières et s'exprime en demies-moitiés de portions d'années-lumières.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:02:49
n°42659525
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-07-2015 à 12:55:33  profilanswer
 


Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Accident de pédalo.

 

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Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Bataille de polochons.

 

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Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Elevée par des porcs.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:05:09
n°42672761
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-07-2015 à 15:04:17  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion-Tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 58.

 

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Pieux personnages, les chevaliers n’étaient point hommes à s’esbaudir sur le sein d’une gueuse tarifée, c’est la raison pour laquelle ils chassèrent de leur chambre la glorieuse à cinquante quidams, lorsqu’elle frappa à leur porte passé minuit. Gauviens l’insulta même en la traitant de chafouine pour l’avoir réveillé, bousculant au passage Robin, lequel prenait tous les draps sur la caisse en bois garnie de paille du lit. A l’aube, un coq probablement guidé par des voies célestes annonça l’heure du jour puis il ferma son bec, aussitôt cuisiné par la maîtresse de maison.

 

– Hey, la compagnie, comment va ? fit Guy Bouyave en s’étirant le bazar.

 

– Mortekramouille de nos aïeux, on a fouillé dans nos bagages ! s’alarma aussitôt Robin en lâchant le peigne en bois de cerf qu‘il tenait en main pour s‘ôter les poux. Il venait tout juste de constater le grand désordre qui régnait au pied de sa literie.

 

– Immédiatement, Percevalve se rendit compte que des voleurs venaient de larciner l’Œil de dinde qu‘il avait dans son sac, après qu’il eut longuement fouillé Robin.

 

– Voilà qui est bien fâcheux, je savais bien que cette auberge n’estoit qu’un repaire de brigands.

 

– C’est la putain, assura Yvan, cette génisse hurlante n’a pas apprécié hier au soir qu’on l’évince de nos pieux.

 

– Messires, fit Robin, habillez-moi, nous devons tout faire pour retrouver notre bijou au plus vite, sous peine de voir notre entreprise vilainement compromise.

 

– Et ça se passe comment ? intervint le chevalier Braillard, raconte !

 

– On réunit tout ceux qui se trouve au Poney Puant, et on torture tout le monde pour faire avouer.

 

La proposition de leur chef était si libératrice, qu’ils ne mirent point longtemps à chanter à tue-tête en collant leurs épées damassées sous les gorges de tous les résidents de l’auberge, dont les sculptures figuraient des têtes d‘animaux. La fille mal-aimée désavoua sa culpabilité, donnant comme alibi qu’elle avait passé nuitée avec le chevalier Gauviens, qui pouvait témoigner. Celui-ci avoua ainsi qu’il avait bien donné le change en l’injuriant, mais qu’il était descendu ensuite aux cuisines avec la belle en catimini, à l’insu de ses amis. Elle ne faisait donc plus la coupable idéale, mais Gauviens lui confisqua au passage ses notes confidentielles de travail et surtout les impressions de profession qui le concernaient directement.

 

– Si ce n’est point la midinette à trois sols, lequel de tous ces gueux nous aurait donc volé ? posa Robin dépité.

 

– Les jongleurs sont partis aux aurores et m’ont semblé pressés, fit la matronne, tout en plumant rageusement son coq. Des voleurs, pour certain, et des types sans avenir.

 

– Ouais, ouais, firent tous ceux que les épées menaçaient de tripoter les burnes, des maraudeurs, des fieffés, des bavards qui chantaient faux. Tous avaient hâte de reprendre en main leur corne de bière de malt.

 

Cependant, chacun tirait visiblement sur le fil rouge de sa survie, en accusant à l’unisson les ménestrels. Une plongée dans le monde intérieur et les bagages de chacun ne donna rien, les chevaliers d’Aufesse en furent bien dépités. Le vol de leur précieuse relique anéantissait leur beau projet et ils s’avouaient vaincus devant la dimension de ce mystère. La vérité de ce larcin leur faisait vraiment froid au bas de leur échine. On fouilla encore minutieusement l’auberge, mais que nenni. Et puis, Robin eut l’idée lumineuse de partir à la poursuite des troubadours, pour peu qu’ils n’eurent point trop d’avance. Dans la foulée de sa proposition, la patronne de l’auberge lui donna volontiers son poulet qu’elle venait de plumer, afin qu’il eurent de quoi prendre un petit-déjeuner. La trouille lui faisait toutefois grande coulée sur ses joues de vieille roublarde hâlée. Guy Bouyave remercia et retroussa babines à l’idée de se farcir la poule. Traqué par l’envie furieuse de se venger, Gauviens préparait déjà son cheval en compagnie de Percevalve. Robin plissa ses jolies pupilles noisettes et donna l’ordre de se mettre en route, y compris à Yvan qui avait tiré la pute à lui dans l’espoir de se dissimuler derrière un rideau coloré, pour un déshabillage tranquille. Son chef l’obligea à remettre sur le champ ses épaisses chaussettes tricotées. Une période muette les accompagna quelque temps en forêt, mais les chevaliers savaient que leur mésaventure allait se répandre d’ici peu, et que le bouche à oreille porterait bientôt la nouvelle de leur déconvenue aux portes de Mouyse. Robert Laygros, l’évêque de la cathédrale de Mouyse, en serait fort fâché. Le positionnement du regard de Robin et une certaine façon d’interpréter ses respirations conduisit ses amis, par remord et saine prudence, à retourner finalement sur leurs pas pour brûler l’auberge du Poney Puant et occire tout le monde, pour les jeter ensuite  au fond du puits privatif, y compris le chien de garde, ce qui après tout était bien la proposition de départ convenue.

 

Quand ce fut fait, le groupe avide de chevauchées et d’action s’attacha à chercher traces des jongleurs, car il n‘était plus temps de jouer aux dames. Mais ils avaient devant eux un vaste terrain qui n’incitait guère à la crânerie. Vaporeuse, Robin se lançait dans de longs silences étourdissants qui pénétraient leurs âmes et prenait possession de leurs tripes. Nul ne pouvait survivre ici sans des amis loyaux, avec de beaux boyaux. Ecartelés, aucun ne savait s’il fallait prendre à dextre ou à senestre, lorsqu’on avisa une contrebasse qui gisait dans la boue. L’endroit était parfait pour papoter :

 

– Sainte Kramouille de la force et du tonnerre ! Voilà bien le cadeau d’une fugue précipitée de nos farceurs de voleurs, ce me semble, et les fers de leurs chevaux sont clairement visibles aussi, qui nous commandent de prendre cap au sud. Mes biens chers frères, courrons sus à eux ! Leur galop fit aussitôt écho dans les sous-bois aux sifflotis des merles moqueurs et de toute la wild life forestière.

 


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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:08:09
n°42684353
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 23-07-2015 à 14:30:33  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 56.

 

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Le commissaire Mensinq se craquait les doigts en toisant sa prisonnière présumée coupable. Il était heureux du résultat que provoquait la garde à vue sur Cassandra, dont il ponctuait les heures de menaces explicites. La dernière en date s’apparentait à la promesse d’une fracture des chevilles. Il trifouillait sa moustache d’un aire pensif, passant un temps utile à décoder le n’importe quoi des réponses de l’aide-soignante. Si elle pensait s’en tirer avec des rumeurs et de fausses infos, il lui ferait bien comprendre qu’elle n’était pas sur la toile informatique, ici, mais dans un commissariat. Les déclarations de la rouquine qui s’étiolait devant lui n’étaient que faussetés dites avec trop d’aplomb pour que Mensinq n’ai pas envie de lui décoller la tronche. Lui voulait des aveux abondants, détaillés et précis et sa patience atteignait doucement ses limites. Il détestait ce genre de nanas, avec leur manie de passer leur petite enfance devant le piano du salon. En dépit de son brushing désormais ruiné, elle était forcément plus jolie que sa femme, certes, bien qu’il n’ait pas touché cette dernière depuis quinze ans. Mais dans l’intimité, sa grosse vache n’avait pas son pareil pour jouer de la cravache en le piétinant avec des talons hauts, ce qui lui procurait beaucoup de satisfaction. Ce n’était pas ce genre de mannequin, telle que cette petite conne maigrichonne assise en face de son bureau, qui aurait su rivaliser avec bobonne dans l’art intimiste de la torture. Pas besoin de faire appel au jury. Il se tourna vers Denoël avec un sourire goguenard :

 

– On devrais ptet l’ouvrir en grand, des fois qu’elle aurait plein de coco dans les ovaires.

 

L’inspecteur des stups ne répondit rien, il essayait de deviner quand à lui la taille des bonnets du soutien-gorge d’Edith Plon. Posant un mètre-ruban imaginaire sur le sternum de la flic, il opta pour un 96/98 bonnet C, avec équivalence US. A l’adresse de Cassandra, Mensinq répéta pour la cinquième fois sa question :

 

– Mais dis-nous le donc, que ton super boss deal du shit !

 

– Ouais, rajouta Denoël en fixant la jeune femme. Et même, vous êtes certainement la nourrice de cette filière. La profession se féminise, on le sait.

 

– Et les ampoules de la 32, elles étaient à baïonnettes, ou à vis ?

 

– Et il n’y aurait pas comme qui dirait un petit marché noir de Noël, à la clinique Saint Bernard ?

 

– Bon les gars, intervint Plon, c’est bien beau d’espérer de notre suspect l’entretien-fleuve, mais pour l’instant on n’a pas beaucoup avancé. Je sais bien que vous êtes infatigables, et des experts à résoudre des histoires complexes, mais mademoiselle s’en tient à sa déclaration. Rien ne prouve que la cocaïne lui appartenait, elle était dans son sac, c’est tout.

 

Les deux hommes regardèrent leur collègue avec un air incrédule. La policière avait toujours le chic pour désarticuler la bonne marche des interrogatoires. Sa ritournelle les laissa un bref instant dans la peau de deux structures gonflables jouant au gré du vent, et puis ils éclatèrent de rire en se pliant en deux. Edith Plon préféra retourner dans son coin, mais Cassandra tint absolument à relever le point central de sa remarque :

 

– C’est exactement ça, je ne sais pas qui m’en veux pour avoir fait ça, mais je jure que c’est un coup monté. Pourquoi ne pas interroger les infirmières qui partagent le vestiaire avec moi ? Gwendoline Nathan et Babette Gallimard vous diront que je ne me drogue pas.

 

– Ben justement, ce sont elles qui nous ont révélé votre addiction.

 

Cassandra s’effondra. Ainsi elle avait enfin les noms de ses bourreaux. Un fer rouge plongea au fond de ses entrailles et un sentiment de vertige papillonna devant ses yeux. Elle voyait enfin clair dans les manigances de ces deux garces. Et le dénominateur commun, c’était Jason Halrequin, mais oui c’était désormais d’une évidence qui la rendait malade, tant elle était injuste. Cassandra se débarrassait peu à peu des oripeaux de l’illusion pour deviner à quelle point il y avait méprise. Les infirmières étaient amoureuses de Jason, la chose lui crevait à présent les yeux. Elle pensaient sans doute, de la manière la plus vile, se débarrasser d’une pseudo-rivale en collant leur collègue en prison. Il suffisait à Cassandra de le prouver pour sortir de sa propre tourmente. Toujours happée par la spirale dramatique que provoquait en elle la veulerie des deux femmes, elle exigea de porter à son tour par écrit ses propres accusations.

 

– Voyons, fit Denoël, lorsqu‘il prit connaissance du texte de Cassandra, vous cherchez naturellement à vous venger d’elles. Mais pour le moment, c’est encore vous la coupable. Vous êtes finalement plus farouche qu’on aurait pu le penser.

 

– C’est quoi ce bordel ? aboya Mensinq après quelques temps morts, en repoussant la lettre qu‘il venait de lire à son tour. On va où là ?

 

Et c’était aussi la question pour Cassandra. Mais à présent qu’elle pensait avoir trouvé les réponses à ses questionnements, elle prenait de la hauteur, et toute cette histoire lui donnait simplement envie de gerber. On ne sortait jamais indemne de tels traquenards, mais elle n’allait certainement pas se laisser broyer par la calomnie.

 

– Vous savez, messieurs, je suis innocente des accusations portées contre moi, mais notre sainte nitouche de Gwendoline, elle pique des antidépresseurs à la clinique pour se soigner le mal d’amour. Faites une enquête minutieuse, et vous verrez bien au final laquelle de nous deux se drogue le plus.

 

La suspicion de délinquance avait toujours sur le commissaire Mensinq un effet modérateur. Cassandra l’Harmattan venait de poser sur son bureau une petite bombe théorique qui ne lui déplaisait pas. Son sommeil était toujours rempli de mises à mort moins symboliques qu’il n’y paraissait, mais il parut se satisfaire de la tournure que prenaient les affaires. Il se leva en même temps que les autres, en plantant tout  d’abord sans scrupule son regard dans les yeux merveilleux de Cassie, puis sur les beaux nichons d’Edith Plon, à qui il balança sèchement l’ordre du jour :

 

– Bouge ton cul, va vérifier.

 

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Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Edward Hopper - le bistrot

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:11:15
n°42700403
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-07-2015 à 20:16:07  profilanswer
 

revue de presse

 

Aujourd'hui : Découverte de romains.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:13:12
n°42725570
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-07-2015 à 16:42:29  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 01.


Résumé

 

2016 : la terre entière n’est qu’une jungle d’où émergent les tours des cités de la défédération, c’est là que les hommes survivent, bien au-dessus des nuages. Tout n’est pas rose pour certains. Dans l’espace infini résonne pourtant encore l’attrait du petit commerce, utile pour augmenter le PIB interplanétaire et remplir les fouilles des colonies de l‘espace. Alors que les robots s’en branlent éperdument, la vie continue dans un vide sidéral.

 

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 En 2016, on ne vit pas pareil au 257 ème étage. Emeline et Basile Decock ont de la chance de loger dans un cube spacieux, par les verrières duquel ils peuvent admirer la barre n° 01, la plus haute, celle qui abrite tous les officiels de la Défédération. Une noria de Turbojetskis relie dans un ballet incessant les bâtiments brillants comme des gemmes au soleil. On ne mène plus qu’une vie aérienne dans les tours gigantesques coupées de leurs racines, puisque en bas, au niveau du sol, existe la pire des jungles. Le rez-de-chaussée des barres s’en protège par un efficace champ magnétique, lequel tient à distance les bêtes sauvages de toutes les caves inoccupées, parfois inondées, et prévient l’intrusion des hors la loi et autres sauvages parias, maraudeurs qui hantent les anciennes rues envahie par une végétation confuse, tropicale et dense. Fruit d’une humanité métissée, les gens sont tous devenus café olé, olé. Identique aux milliers d’appartements des défédérés où l‘on vit sans vêtement, le logement du couple ne comporte aucun mobilier apparent, en dehors d’un ordinateur placé devant une table et une chaise pliantes. Seule pour l’instant, Basile ayant rejoint par le descenseur le centre commercial du 158 ème étage pour y porter sa combi de voyage au pressing-laser, Emeline entend sa montre implantée lui conseiller de ne pas oublier de prendre sa pilule. Elle avale donc sur le champ sa petite dragée de caféine. Puis elle débranche son dog vibreur inversé à planification différée, une fois l’avoir reprogrammé pour le lendemain 8 heures. La puce implantée derrière son oreille la met en relation avec son patron, lequel dirige une compagnie d’état, pour qui elle et son mari sont chargés de vendre des encarts publicitaires dans toute la galaxie. Elle répond en se plaçant un doigt sur le nombril :

 

– Oui bon ben Mars, c’est vite fait, on a le temps. Au son de sa voix son cafard bleu domestique bat fébrilement des antennes dans sa cage.

 

Un Turbojetski fuse sans bruit dans le ciel jaune, barrant la minuscule trainée d‘une fusée dirigée à 506,204 C, sans aucune assistance gravitationnelle, vers 000312 TK Gloria Gaynor, une lointaine planète habitable de la Voie Laitière. Emeline claque des doigts pour voiler les grandes baies contre l’ardeur déjà vive du matin, bien que toute la barre soit parfaitement climatisée. Elle souhaite surtout soustraire son beau corps, aux mouvements intelligents, à toutes les prunelles vicelardes de ses voisins, dont les studios encastrés dans la façade en vague leur permet de la visionner à l’aise et de contrôler leurs drones inquisiteurs en train de la filmer. Son implant frontal consulte l’analyse de l’affichage des courbes enregistrées pour recalculer une approche visuelle autorisée et augmenter, ou diminuer, la valeur de contraste du voile ambré effaçant à présent aux regards les baies vitrées. Puis, l’implant auriculaire vibre à nouveau pour donner la parole à un astroragiste agrégé par les assurances, qui l’appelle à son tour pour lui signaler que la nef du couple est enfin réparée. Leur vaisseau a été endommagé avant-hier par sa collision avec une mouette rieuse, sur l’astroport intergalactique de la tour 13. Un poc ! sourd et compacte lui signale précisément l’impacte soudain d’un merle sur l’une des vitres du salon. Tué ou peut-être simplement étourdi, l’oiseau frêle chute comme une pierre, des centaines de mètres plus bas, pour atterrir dans la jungle verte et y être sans doute aussitôt dévoré par des ventres affamés. Il faut qu’elle annonce au plus vite leur départ vers Mars à Basile, sachant que s’il prend avant ses pilules de bière, il n’aura plus la force de faire un effort. Les distributeurs d’aliments et de boissons sont formels, ils livrent leurs denrées sans restriction, tant qu’on a du crédit. Sur ce plan, Emeline et Basile ne sont pas à plaindre, car ils ont placé dans les coffres de la Banque Décentrée plus d’un million d’Eullars défédérés.

 

Elle appelle Basile, pour l’avertir de ne pas bouger et l’informer qu’elle se rend elle-même à sa rencontre dans l’agora B5. Sur le palier qui se prolonge sur 52 km, elle croise deux nonnes de son éminence qui ont glissé des bas de soie synthétique sur leur nudité, puis elle longe l’immense vitrine du marchand de cafards avant d’emprunter l’escalator supersonique. Elle porte autour du coup un collier muni d’une petite boite contenant sa ration de trois pilules pour se nourrir dans la journée et elle se demande justement en marchant si elle n’a pas payé son comprimé de courgette biologique un peu cher. Quelques sphères ambulantes glissent dans l’air, pour afficher tour à tour des plans, des consignes de sécurité, mais aussi en majorité des publicités invitant à se bronzer le cul sur les lointaines et mirifiques plages de 685489DH Elvis Presley. Avec un effet de réel saisissant, elle aperçoit Basile au troisième niveau droit, en compagnie d’une autre.

  

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:16:56
n°42734457
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-07-2015 à 12:29:30  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 02.

 

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Voilà un an qu’ils ont reçu l’agrément de mariage de la Défédération et l’autorisation de pornifier du syndicat résidentiel de la tour 04, où ils habitent. Ne pas s’unir dans les règles en cette mauvaise période, où la Défédération qu’il ne faut jamais indisposer s’occupe de tout, équivaut à être descendus par le descente-charge d’infâmie chez les Rampants, ces dangereux réprouvés peuplant la jungle du sol. Seules deux solutions se présentent alors à vous, soit une horde vous adopte pour aller grossir leurs rangs et se servir de vous comme reproducteur, soit ils vous laissent pourrir sur place, en offrande aux lions et aux fouines qui rôdent sans arrêt dans la sylve. La femme aux côtés de son mari lui adresse un grand sourire, lorsqu’Emeline les aborde enfin. Une grande platine aux yeux rieurs et bleus et un air de gonzesse à se la raconter. Une playmate infernale dans le regard de laquelle Emeline cherche en vain une réponse évidente à ses questionnements. La nudité intégrale à ceci d’épatant, qu’elle permet de compiler en trente secondes les particularismes intimes d’une personne sans en occulter un seul. Emeline lui trouve par conséquent la voix haute et le nez un peu long. Elle n’a pas non plus le minou rasé, mais il est teint en mauve. Basile n’est quand même pas assez con pour trimballer en ce lieu sa trouvaille, probablement cinglée, alors qu’il projette un rendez-vous avec sa femme au même moment ! Il sourit lui-aussi. Puis, après avoir terminé sa conversation avec l’inconnue sur les mutations douces-amères en cours chez certains, il lui présente Emeline, sans s’inquiéter de l’intervalle muet qu’elle vient d’observer, certaine d’avoir flairé chez l’autre bonne femme une sorte de machine blonde à manipuler les mecs comme Basile. Au contraire très enthousiaste, celui-là envoie les signaux d’une vitalité étonnante :

 

– Je te présente Soisig Lagadec, qui vient de s’inscrire sur notre site de Co-fusage.
 
 Selon l’usage en cours dans les cités, la blonde effleure gentiment les mamelons d’Emeline pour la saluer, laquelle lui rend la pareille sur ses seins merveilleux, en pimentant un peu, par contre, d’un pincement à peine contenu sur les tétons minuscules. Cette fois la femme de Basile discerne bien, dans les cernes qui creusent les yeux de cette fille, les ravages nocturnes de la bamboche. Emeline jette un regard glacial à son mec, tentée de monter le son de la musique jouée par son implant auriculaire pour ne pas entendre l’intruse parler.

 

– J’exerce la profession d’annoteuse de pages, intervient aussitôt Soisig pour attraper la perche, j’ai donc fréquemment besoin de me déplacer d’une planète à l’autre pour mon métier. Je dois d’ailleurs accompagner le célèbre professeur Razablat sur 545DS. Il se trouve mandaté pour une durée d’un an par le Muséum Intergalactique Défédéré, afin d’y étudier la copulation hivernale des kuyons jaunes, mais j‘ai trop fait la fête et loupé sa fusée. J’ai donc besoin d’une navette rapide pour me rapprocher de lui le plus vite possible et annoter son rapport, travail pour lequel il projette de fort bien me payer. Il me faut rapidement l’aide de gens comme vous, qui voyagez beaucoup.

 

– 545DS ? Je vois pas où c’est.

 

– 545DS Charles Aznavour.

 

– Ah ? ok.

 

– Je passais là par hasard, lorsque mon implant a détecté la présence de Basile. Un hasard heureux, puisqu’il nous permet de faire à présent connaissance.

 

Si ses paroles constituent un mensonge, Emeline reconnait toutefois qu’il est bien agencé. Elle fait un geste des mains pour exprimer son impuissance et le fruit d’une rapide cogitation :

 

– Notre fusée est en panne.

 

– Mais non, l’astroragiste vient de m’appeler, elle est réparée, répond Basile en prenant un ton rassurant.

 

– Alors tant mieux, fait-elle en feignant l’étonnée, parce que figure-toi, le boss vient de me dire que nous partons demain pour prospecter un client potentiel sur Mars.

 

– Qu’est-ce que vous en pensez ? S’enquit Basile avec un air de demander une approbation de la part de Soisig.

 

– Mars est sur le trajet de 545DS - C A, ça me rapprochera. Plus vite je pars, plus vite j’arrive.

 

– Je ne comprend pas pourquoi, avec un tel job, vous n’avez pas votre fusée personnelle ?

 

– Ho, je viens de m’acheter un super PC, il me faut bien une bête comme celle-là,  pour saturer de ma présence les sites de rencontre ! Elle envoie sur ces mots un clin d’œil complice à Emeline, qui essaye tant bien que mal de rester de marbre.

 

Toutefois, devant l’insistance naïve de Basile, Emeline décroche peu à peu de sa position défensive, elle voit bien que sa jalousie intuitive à l’égard de cette nana est à priori sans fondement. Il restait à prouver que cette greluche ait envie d’exercer ses supposés talents sur un homme marié, au risque de bouleverser les conventions sociales. Calmant ses réticences, elle propose même à Soisig de passer la nuit chez eux, en attendant le départ. Une boule lumieuse vient trente secondes l’emmerder en se collant sous son nez. D’un geste brusque, elle envoie tout de même valser cette merde d’une pichenette énervée, puis le trio se rend en groupe chez le coiffeur, avant de faire quelques achats pour le voyage. Le centre commercial est tellement vaste qu’il est facile de s’y perdre, il est par conséquent rempli de clients en colère. Tout en marchant devant les vitrines lumineuses, les bras chargés de colis, Basile avoue aux autres, d’une langue trempée dans un doigt d’aigreur, qu’il déteste par moment cette barre et ne ménage pas ses sarcasmes à l’égard du gouvernement de Joke Esgala, le président du conseil Terrien défédéré. Différents appels saturent l’implant d’Emeline, des consignes relatifs au boulot, et la charge émotionnelle des voix humaines lâchées dans son cerveau par ses collègues commencent à lui pomper les nerfs.

 

Derrière les hautes verrières de la barre, un Turbojetski vient de s’arrêter en sustentation, pour laisser à son pilote le temps de boire une canette de bang-bang, puisqu’il est interdit de le faire aux commandes, bien qu’elles soient parfaitement automatiques. L’engin repart à une vitesse subsonique vers sa destination, en laissant sur les vitres une fugace trace de buée verte. S’il n’avait pas stoppé son véhicule et que des jets de la police l’aient remarqué, il aurait subi la plus funeste des punitions, largué au sol pour une durée variable selon le jugement du tribunal défédéré. Un implant judiciaire aurait déterminé l’heure de son retour à la barre et le temps de peine effectué dans la jungle. Le gars se serait vu affublé officiellement d’un kit de survie, mais il est en réalité très rare de voir un tel condamné revenir chez lui. La plupart des condamnations se soldent ainsi le plus souvent par une sordide et tragique mise à mort dans l’enfer sylvestre des Rampants. Ainsi va la loi défédérée, contre laquelle la plupart des citoyens des cités n’ont cependant rien à redire. Les voyages interplanétaires offrent d’ailleurs de réelles opportunités d’évasion, propres à divertir la vie dans les barres Terriennes, trop souvent ennuyeuse. Les planètes habitées, aux champs de pesanteur variables, aux champs de pétrole ou de coquelicots, s’activent d’une intense exploitation industrielle ou touristique, et les débuts de carrière ont bien souvent lieu au fin fond de la galaxie.

 

– Au fait, finit par dire Emeline à l’attention de Soisig, en essayant d’avoir l’air un tant soit peu souriante sous la lumière bleutée des hologrammes omniprésents, pour vous emmener sur Mars ça fera mille Eullars.

 


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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:17:31
n°42746640
talbazar
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Posté le 29-07-2015 à 13:51:18  profilanswer
 

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Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 76.

 

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C’est à la Boule Noire que l’inspecteur Marlou eut connaissance du carnage. Lorsque Babe entra à son tour dans le club où se mélangeait un étonnant contraste de glamour et de moins chic, Kiki Yorkshire grimpa sur la table pour regarder le journal étalé dessus, en frétillant des queues. Frôlant le bar de sa longue robe satinée, Babe se commanda un Manhattan, insistant auprès du barman pour qu’il y colle un vrai de vrai rye whiskey. Elle enleva lentement ses longs gants rouges qui lui montaient avec extravagance jusqu’aux coudes :

 

– Toute la bande à Beau, j’en reviens pas. Un preux policier, le Marwin Bismuth. Enfin bon, les flics ont payé le prix fort, eux-aussi, pour parvenir à un tel tableau de chasse. Voilà que ça sent un peu meilleur dans le panier de crabes ! La princesse est dans le lot  ?

 

– Apparemment non, personne ne l’a formellement identifiée dans les ruines et c’est là que ça me chagrine. Il était pénible pour Marlou de ramener le sort de cette sale gamine à la surface. Il préféra non sans veulerie occulter le sujet. Tu as laissé Carla toute seule ?

 

– Elle m’a dit qu’elle était fatiguée. Toujours debout sur la table en face de Babe, Kiki avait placé sa truffe à un centimètre d’un de ses mamelons, histoire pensait-il de lui réchauffer un peu son petit cœur.

 

– Tiens donc, regardez qui voilà !

 

Sur la scène soudainement éclairée, Brenda Tape à l’œil fit son apparition, prouvant de cette façon qu’elle avait retrouvé du boulot. L’ancienne chanteuse du Triangle d’Or déambula un peu sous le cercle de lumière, pour faire tomber à la renverse ses admirateurs, car elle n’avait pas que la voix de sublime. Les conversations des mâles triomphants, venus entre eux partager quelques bières, l’adulèrent aussitôt en sourdine. Brenda leur livrait des airs cruels et désabusés, tout en laissant s’égrener les premières notes chargées d’introduire sa chanson. Alors fusa dans l‘air enfumé « She no longer existed », qui cloua le bec du public, du début de cet exploit vocal jusqu’à sa fin. La chanteuse venait de semer dans les cerveaux un trouble incurable, et même Babe, reconnaissant la perfection de son travail, ne fut pas la dernière à longuement l’applaudir.

 

– C’est bien qu’elle ait retrouvé du boulot, elle le mérite vraiment.

 

Lorsqu’elle disparu en coulisse, l’atmosphère du club parut se ternir. Babe racontait à Kiki ses insomnies, quand elle suffoquait dans son sommeil en croyant se noyer. Sans rien dire, lui se contentait de caresser sa peau douce comme un duvet de cygne, mais les poils touffus de son front cachaient son regard malicieux. Il trempa ses moustaches dans son verre en rêvant, parce que les paroles de Babe résonnaient dans sa tête en chorale grandiloquente. Elle coulait à chacune de ses phrases, aussi vibrantes que des cordes de piano, du mercure scintillant dans ses veines de cabot.

 

– T’es un peu hirsute, mon Kiki, faudrait que je te peigne. Elle le caressa gentiment en substance.

 

Détendu, Marlou goûtait le bonheur de la soirée, levant son verre en requiem à la santé de la bande à Beau Brown, pieusement disparue. Il rajouta au toast Jim et Harry, sans oublier Marcel. Il savait que Carla réembaucherait les filles du Reichstag et du Pink Lady, quand se préciserait une réouverture du Lagon Bleu. Peu à peu, il devint cotonneux et s’envoya la bouteille sans s’essouffler le moins du monde. Il faisait presque jour, lorsqu’ils quittèrent tous ensemble le club de la Boule Noire pour arpenter la ville à pied.

 

Le patron de la boutique de costumes était la quintessence même du gentleman. Ewij venait de rentrer chez lui par hasard. Comme il refusait énergiquement de lui filer l’argent de sa caisse, elle lui colla illico une bastos dans son cœur de dandy aux cheveux teints, histoire de faire sa cool et sa romantique. Son larcin ne pesait malgré tout pas bien lourd au fond de sa poche, lorsqu‘elle se dirigea ensuite vers l‘appartement de Marlou. Elle avait eu l‘adresse de ce dernier en insistant juste un peu auprès de Mala. La princesse marchait de façon bizarre, car elle était très fatiguée. Tout ce qu’elle faisait lui prenait un temps fou, mais pour butter Marlou, elle ne mettrait même pas deux secondes. Quand elle avait émergé de sa plantation de maïs, elle n’avait pas réfléchi à deux fois pour savoir ce qu’elle voulait faire. Sa haine était devenue un immense champ de labour, qu’elle creusait à présent d’un sillon diabolique, parce qu‘il faudrait bien l’abreuver par le sang du privé. Encore quelques rues, se dit-elle en évitant les passants qu’elle croisait sur le trottoir, et son rêve plein de cette dernière promesse allait se concrétiser. Elle pleurait son père, elle pleurait Alphonse et Mala, elle pleurait Fuzz la Glaire et Billy le rat, elle pleurait sur elle-même et la perte de son trône. Enfin, façon de parler, parce que ses joues étaient sèches, ses mâchoires serrées et son cœur désertique. Pour Ewij, désormais, la vie valait moins qu’une vengeance. Elle ironisait du regard des autres, elle ne craignait pas leur justice, elle n’avait plus personne pour la trahir et cette certitude lui donnait des ailes pour avancer. Personne ne la ligoterait plus jamais, que ce soit avec des menottes ou des rubans, comme un vulgaire paquet cadeau. Cependant, elle regrettait maintenant le mouvement d’humeur idiot qui l’avait fait buter, les yeux dans les yeux, l’autre guignol et sa jolie cravate, lequel était d’ailleurs tombé par terre sans aucune élégance. A cause de lui, il ne restait dans le colt que deux balles seulement, au fond du barillet.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:18:58
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talbazar
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Posté le 30-07-2015 à 10:39:39  profilanswer
 

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Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion-Tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 59.

 

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Sire Baristan Lakeu, grand vizir de Fion, avait employé bien des stratagèmes pour occire le Reine Amanda Blair, mais que nenni. Il avait saupoudré son omelette de poison, barbouillé les marches de savon noir, essayé d’user de la dague, mais à chaque tentative, un concours de circonstances avait sauvé la majesté du péril. Une poularde messagère reçue de Mouyse l’informait que l’Ovoïde Vazy Métoian LXIX était en train de perdre patience, et que le pire des dangers cernait à présent sa mie. Alors qu’il baguenaudait sans but sur les terrasses du palais aux nombreuses coupoles, escagacé, car la moindre de ses pensées était essentiellement une réflexion sur la perte de ses illusions, il larguait dans le vent des bordées de jurons. Encore un peu et sa petite femme innocente connaitrait la douleur d’un cruel empalement sur la grande place de Mouyse. Il ne jouait pas clairement le triomphant, non, rempli de désespoir face à sa triste déconvenue. Heureusement pour lui, Amanda n’avait que le désir de retrouver gaillardise en son pieu au bras de ses manants, puisque tout le royaume se trouvait dans l’attente impatiente de ses criements, et cette obsession occultait chez elle tous les soupçons qu’elle aurait pu peser à l’encontre de son vizir. Elle trouvait juste étrange que Marie Stetarte ne soit pas à ce jour guérie de la graviolle et revenue bien au chaud au bras de son époux. Quand on peut jouir, se disait-elle en pleurant sur son sort, on en profite ! Depuis si longtemps qu’elle-même décortiquait les braguettes de ses sujets jusqu’à l’os en pure vanité, alors que ses échecs répétés fragilisaient de plus en plus le royaume de Fion, tout en floutant son identité politique d’une manière dangereuse. Combien d’exaltés de toutes conditions, aboyant comme meute de loups, s’étaient vautrés en groupe dans sa literie en essayant ne serait-ce que de la chatouiller, avec leur misérable virilité bien trop vite ramollie ? Elle n’avait que mépris pour tout ces pendouillants incapables de la faire renouer avec sa bonbonnerie. Une heure après sa sortie, le dernier en date fut si vilainement terrassé par le malentendu amoureux, qu’il s’était jeté du haut de l’une des tours pour y chercher, sans doute, l’indulgence de Kramouille. Le Fion manquait à croire de grands personnages généreux, et surtout bien habiles à taquiner la gueuse, fut-elle en condition de Royale Majesté. Ah ! se disait Amanda par-dessus son bidet, qui dira le tourment de la femme inquiète ?

 

Ses fous peinaient à la distraire, même quand ils soulevaient ses fesses de leurs petites mains boudinées et qu’ils se juchaient eux-aussi sur elle en agitant leurs vains grelots. Il n’était plus jamais donnés banquets de part le Fion. Amanda n’avait plus d’amants ni d’amis, et son trône peu à peu s’écroulait. Taciturne, Baristan s’enfermait dans le noir de son logis pour consulter ses fiches, puisqu’une seule nouvelle pouvait encore parvenir à réchauffer son cœur : la mort de sa reine. Sa main criminelle s’agrippait à la recherche du moindre génie assassin, pour quérir la moindre chance de sortir de cette malaventure. Mais un jour, alors qu’il se lassait de jouer d’un tel guignon, la reine Amanda le fit mander pour partager en sa compagnie quelques lèches de pain brullé. Elle n’avait pas fini de mettre en bouche son bout de lard hâché, qu’elle toisa son vizir pour l’informer d’une grande décision :

 

– Hé l'ami, il n’est plus possible de continuer à craindre une invasion de Mouyse. J’ai décidé de faire la guerre à ce pays de cons.

 

Baristan en fit tomber d’émotion, sur le dallage polychrome, sa purée de pois chiches. Il n’en revenait pas d’une audace aussi clairement déclarée :

 

– Voilà donc la raison de cette baille mitonnée par votre queux. C’est pour me dire que le royaume a décidé de se suicider que vous m’avez mandé ?

 

– Allons, Baristan, reversez-moi donc un peu du pinard sorti de cette bonne jacqueline que vous tenez en mains. J’ai longuement cogité, dans les heures de mon dépit, et une bonne guerre éclaircira l’atmosphère dégoutante qui règne à ce jour en mon royaume. Avec grâce, elle choppa le litron de vin rouge tendu par son vizir. On a les ronds, à mes sujets d’avoir les couilles, pardi, ça pourra les distraire de nous faire une saleté de révolution. Elle claqua dans ses doigts pour qu’on lui joue la mandoline.
 
– C’est un peu farce, malgré tout. L’Ovoïde n’est point bouffon qu’on écarte d’un simple revers. Rendez-vous compte au moins qu’il s’est rendu maître en un rien de temps des territoires de Kiess et de Mouyse ? Imaginez-vous faire chuter d’une simple pichenette un tel géant ? La partie sera rude, majesté, j’ai bien peur que votre attaque sera finalement vaine, pour le malheur de nous autres.

 

– Cela suffit, messire. Prenez sur-le-champ plume de canard et encrier, menacez de malemort cet abjecte pourceau, et informez le que mon armée arrive devant ses murs que je compte bien raser, afin de rappeler à sa souvenance la grandeur de mon Fion. On va bien voir qui gouverne ici. Vous acterez cette déclaration de guerre du nom de « New Labour de Blair », c’est pigé ? Allons Baristan, mon féal vizir, collez-vous illico au labeur, car il faut à présent se hâter. C’est assez bonne politique, voyez-vous. Quand mes fidèles sujets seront à leur combat, ils ne penseront plus à me débarrasser de ma couronne chérie.

 

Baristan était effondré. La peste soit de cette reine trop avide de ses grosses bites gonflées. La guerre qu’elle menaçait de faire à Mouyse n’était pas autre chose qu’une guerre à l’égo. Mais il n’avait pas d’alternative, soit il trouvait moyen de s’en débarrasser au plus vite, soit il devait prendre les dispositions pour monter son armée. Il ne pouvait exposer sa traîtrise aux yeux de tous, sans que son crime puisse rester impuni. En proie à l’angoisse et aux insomnies, terrassé d’inquiétude pour sa bonne Marie, il fut tenté un instant de quitter la ville pour se réfugier à la campagne, et puis sa misère tourna dans sa tête comme une boucle hypnotique. Il devait rapidement jouer son rôle. Tout en cherchant un bon moyen d’écrabouiller la reine, il convoqua en urgence les capitaines de son armée, et en particulier le chevalier sire Franquette de Labonne, général en chef des troupes de Fion, que ses soldats surnommaient amicalement le Troufion.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:20:55
n°42757756
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-07-2015 à 14:34:55  profilanswer
 

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Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 57.

 

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Depuis la disparition de Cassie, Babette Gallimard avait cessé d’aller pisser tous les jours au pied des rosiers maudits, de toute manière désormais à moitiés crevés par cet odieux traitement. Trop belle, trop dynamique, trop voyante, Cassandra L’Harmattan était en un rien de temps devenue par ses soins, conjugués à ceux de Gwendoline, la cible préférée des ragots de la clinique. Il n’était donc plus la peine de s’en prendre à de pauvres plantes innocentes. Ceci étant, le père Albin Michel ne faisait pas la relation entre les mictions quotidiennes de Babette et la magnifique aide-soignante. Il se contentait d’être fidèle au rendez-vous, le pantalon sur les godasses, bien planqué derrière les autres bosquets, occupé à se palucher énergiquement devant le spectacle libidineux de l’infirmière accroupie en face de lui. Tous les jours du bon dieu. Le peuple plongé dans les ténèbres observera se lever la lumière, les aveugles verront, les lépreux seront guéris, les sourds entendront, et les morts ressusciteront, sur un simple geste de l’Eternel. Oui, et même si ces rosiers ne sentaient pas la rose, il attendait fébrilement que Babette arrive, puis qu’elle ouvre sa blouse blanche et tombe sa petite culotte, immaculée elle aussi. Alors il chantait les louanges de la création, délivré pour une fois de l'obscurité et des ténèbres, en prenant garde de pas être vu, et tous les anges du paradis claironnaient sur la vision qu’il avait de la mignonne petite chatte à peine épilée de Babette, en train de jeter son flot puissant sur les roses Pompadour et les roses Maréchal Davoust. Ainsi, lui trouvait là le moyen de purifier son âme dans les rivières dorées lâchées par l’infirmière, avec générosité, pureté et le pardon de toutes les injures, comme le fruit du bonheur attendu de Tyr à Sidon. Car il plongeait dans le délicieux don involontaire de Babette comme le pauvre pêcheur plonge, harassé de fatigue et de honte délicieuse, dans les fraîches ondes du Jourdain. Et le miracle se multipliait depuis un bon moment, sans que jamais la soulagée ne puisse seulement se douter que l’aumônier de la clinique Saint Bernard était en train de la mater tout en la bénissant de sa sécrétion personnelle.

 

Ainsi, croyant toujours à la petite visite sacrée, il reparut le lendemain, à l’aube, plus vivant que jamais. La joie de cet instant d’attente comblait la sombre tragédie liée à l’arrestation de l’aide-soignante. Il ouvrait déjà sa braguette pour donner forme à la ferme certitude de sa grande espérance, lorsqu’il marcha sur l’un des pièges à loup installés par Jason pour combattre les supposés chiens errants. Sur le coup, Père Albin Michel pris cher, vraiment, et il mangea dans sa chair et dans son corps, et ceci était son sang, répandu dans la serre en multitude, car il se voyait méchamment trahis et torturé. Et pendant au moins une heure, il resta là, sa petite bite à l’air, et personne ne vint partager ses souffrances. Il croyait bien rester ainsi allongé, la jambe brisée, les couilles à la vue d’un visiteur hypothétique, mais forcément cruel, jusqu’à la fin du monde et des temps, dans l‘attente de sa délivrance. Comme, au bout de tant de douleurs, sa cheville avait atteint la grosseur d’un jambon de Parme violacé, il se mit à hurler. Edith Plon, qui se rendait justement à la clinique en traversant le parc pour mener à bien son enquête, entendit ses prières ferventes et rentra aussitôt dans la serre en se bouchant le nez, tant ça sentait la vieille pisse dans ce jardin là. Elle découvrit avec effroi le malheureux dans sa fâcheuse posture. Les mâchoires en fer n’avaient pas seulement brisé l’os de la jambe, mais provoqué de très profondes altérations dans le mollet. Elle jeta au passage un regard subjectif sur l’engin de l’aumônier, bien qu’il fasse un effort désespéré pour le planquer au creux de sa douce main lisse, laquelle ne connaissait jamais le vrai travail. Le temps doux et ensoleillé polissait la verrière d’une lumière agréable, et le système immunitaire de père Albin luttait durement pour combattre l’infection à l’affût. Sans un mot, Edith s’employa patiemment à dégager l’horrible piège, après avoir compris les subtilités du mécanisme, puis elle appela les secours. En proie au pire stress psychologique, la victime appela Saint Gabriel à son secours et quitta son point de chute sur un brancard portés par quatre infirmiers silencieux, puis il fut pris en charge par le docteur Gründ qui l’opéra sur le champ.

 

Edith Plon oublia l’instant frisson de cette découverte, pour se concentrer sur ce qui l’avait conduit à la clinique. Elle demanda à voir le docteur Halrequin, puis elle examina en sa compagnie, avec attention, la cocaïne restée dans le coffre-fort de son bureau.

 

– Ces trucs ont donné le top départ des ennuis de Cassandra, c’est mon avis, mais ce n’est pas forcément celui de mes collègues.

 

Jason n’avait pas de ligne d’horizon à observer, alors il regarda la policière dans les yeux. Il les trouva globulaires et trop gros. Il s’en tira pour lui répondre par une phrase-gazouillis sans consistance. Depuis l’arrestation de Cassie, il pourrissait sur pied.

 

– Pourrais-je avoir accès aux armoires de mesdemoiselles Gallimard et Nathan ?

 

– Je vous en prie, une vraie police doit avoir tous les droits, c‘est mon avis, mais ce n’est pas forcément celui de tous mes collègues. En réalité, son néocortex cavalait comme un fou sur un mode mental complètement désynchronisé. Elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait, il n’en avait absolument rien à foutre.

 

– Auriez-vous connaissance, sans trahir le secret professionnel, d’une éventuelle  prise en charge psychothérapeutique de Gwendoline Nathan ?

 

– Non, pas à ma connaissance.

 

En fouillant dans le vestiaire de Gwen, Plon dégagea pourtant une avalanche de 645 boîtes pleines et vides de Lamitabonnemine Santadoz Générique, de la variété des antidépresseurs imipraminiques, directement issues des réserves de la clinique. A la vue de toutes ces petits cartons de gélules étalés à ses pieds, le corps du docteur Halrequin se mit à osciller de la droite vers la gauche, mue par un mouvement né au centre de son bassin, et au cours duquel sa tête avait complètement cessé de dominer.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:22:35
n°42779014
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 02-08-2015 à 11:25:52  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 03.

 

Résumé :

 

En 2016 : le pays complet est seulement une jungle, où des rangées de tours des villes défédération apparaissent, réchappent juste là des hommes, des maris, les gens, le peuple, des personnes, le peuple, vraiment, sur les nuages. Tout n'est pas rose pour certains. Dans l'espace infini résonne l'attraction du petit commerce qui est utile, néanmoins, toujours augmenter le BIP interplanétaire et accomplir les fouilles des colonies de l'espace. Tandis que les robots polonais, donc, désespérément la vie continue dans un espace vide sidéral.

 


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Alors qu’il tente de faire passer sa pilule nutritive avec une canette de Wong, Basile écoute dans son implant la radio l’informer de rumeurs alarmantes concernant la situation Martienne. Le président du conseil Martien Défédéré, Nikos Sirkisi, a en effet averti qu’il décréterait une loi martiale en urgence, si les troubles provoqués par les indépendantistes de la planète, menés par le chef du syndicat des jeunes mineurs, Fanch Yoland, ne se calment pas. Le speaker fait état d’explosions dans les régions d’Utopia et Arcadia, sans plus de détails, attentats qui motiveraient précisément cette menace. Basile coupe le son pour regarder Emeline, qui vient tout juste de faire visiter le cube à leur invitée. Du fait qu’il se trouve complètement vide, du moins en apparence, ce tour du loft est vraiment vite fait.

 

– Sirkisi le fera pas, ça gênerait le business. De toute manière, sa révolte on s’en tamponne, ça ne pète pas là où on va.

 

Sur ces mots il jette ensuite sa canette vide dans le décycleur, un simple tobogan extérieur qui projette les déchets directement vers le sol. Parfois même sur la tête d’un Rampant. Il n’y a pas beaucoup de choses à jeter, en réalité, puisque l’on vit nus, que l’on se nourrit de pilules et que le mobilier constitue une réalité virtuelle invisible, bien que parfaitement fonctionnelle. Pas de vêtement ni d’emballage, donc, juste quelques objets sans valeur que les Rampants attendent comme une manne céleste, pour essayer d’améliorer par ces menus rebuts la dure réalité de leur quotidien. Basile place sur l’unique table solide du cube quelques pilules de cacahuètes et trois canettes de Vert-27, histoire de prendre l’apéro en tâchant de faire plus amplement connaissance. Soisig ponctue chacune de ses paroles de grands gestes qui font briller son beau bracelet turquoise, lequel flotte sans contact sur son poignet fin. Emeline allume quelques guirlandes lumineuses à LED pour un délicieux dîner-chandelle, composé de quelques savoureuses pilules de raviolis ricotta-épinards. Basile part alors s’isoler dans le coin toilette, où il avale discrètement ses granulés d’Argenticum nitricum 9 CH, supposés combattre l’éjaculation précoce. Le soir tombe peu à peu sur la cité, noyant les barres émergées de l’océan vert dans un flou ténébreux qui efface lentement l’horizon. Devant le spectacle tranquille de la nuit qui tombe, zébrée par instant des flèches lumineuses de plusieurs fusées perçant la stratosphère, pendant un bon moment le silence se fait roi sur le trio. Et puis la maîtresse de maison se décolle enfin du sol, chassant pendant deux secondes une désagréable courbature :

 

– Bon, fait Emeline à l’adresse de Soisig, je vais faire ton lit.

 

Elle scanne sur ces mots avec son Cobard les mensurations de la blonde et engrange les données dans l’Ikéatron. Comme, à la demande d’Emeline, l’invitée teste aussitôt ce matelas virtuel, elle parait léviter dans le vide, mais en réalité elle s’allonge sur une très confortable couche invisible, parfaitement adaptée à son anatomie irréprochable. Un parti pris d’ultra-simplicité commun à tous les cubes des cités. La literie qui défie les lois de la gravité est tellement douce à son corps que Soisig s’y endort aussitôt, comme une jolie petite princesse muette.

 

– Cette gonzesse possède un côté frime, je trouve. Va falloir se la trimballer jusqu’à Mars, quand même. Alors qu’elle prépare en même temps distraitement leur plan de vol pour le lendemain, Emeline tient clairement  à rappeler à son mec qu’ils partagent à la pelle, depuis leur mariage, un bon nombre de souvenirs communs. Et qu’il a intérêt de faire gaffe.

 

– Mais non, Emeline, répond Basile, fasciné malgré lui par la respiration tranquille de Soisig. Tu te trompes, elle a la patate, c’est tout. Les blondes c’est comme les ondes, ça déplace moins de matière que d’énergie !

 

– Mouais, ben de la matière, je trouve personnellement qu’elle en a suffisamment là où il faut.

 

Le lendemain, chacun saute aux aurores de son lit virtuel, avant qu’il ne s’efface de la pièce comme s’il n’avait jamais existé. Après sa toilette effectuée à température ambiante pendant 20 minutes, Basile va chercher dans un placard escamotable trois dorsaux, puisqu’il projette d’effectuer avec les femmes un petit vol matinal avant leur grand départ. Son appareil à lui est un dorsal A5-GTI, qu’il endosse sans peine après avoir rajouté un peu d’huile dans le collecteur dédié. Puis, il attend que ses amies en fasse autant, avant qu’ils ne se dirigent ensembles pour prendre un descendeur vers le sas d’envol, un commun qui permet de s’élancer dans le vide en s’affranchissant des appels d’air. Puisque les fenêtres du cube ne s’ouvrent jamais, ce qui serait dangereux à de telles hauteurs. Ensuite, ayant dévalés une petite volée de marches, ils se projettent dans les airs. Longtemps, ils planent de concert au-dessus de la jungle infinie, et tous glissent contre les flancs de leur propre barre, en évitant les rapides Turbojetskis qui les croisent, lesquels projettent parfois sur eux leurs appels de phares affolés. Plus les trois volants descendent rapidement en ajustant les poignées des engins, plus la barre de métal et d’acier qu’ils frôlent offre le spectacle misérable de ses murs troués. La bonne vie ne se conçoit qu’à partir de soixante-dix mètres. Les dorsaux propulsés à toute allure tirent sur les lanières aux fermoirs argentés, transportant leurs propriétaires suspendus aux fines sangles, avec un parfait équilibre.

 

Les cheveux souples et soyeux de Soisig sortent du casque et s’éparpillent en flammèches blondes autour de son visage joyeux. Emeline n’est pas aussi grisée. Consciente de devoir partir sur Mars dans l’après-midi, elle lâche dans l’implant de Basile qu’il serait temps de rentrer, lorsqu’il pousse sa vitesse et plonge vers le sol, histoire sans doute de bluffer ses amies. Son dorsal rugit pour l’envoyer raser la cime des arbres, sous les yeux effarés de sa femme, puisqu’il vole à une altitude trop basse et interdite. Sous Basile, le sommet de plusieurs arbres affiche un incroyable enchevêtrement d’ordures projetées du haut des cubes. Tout se jette ici, y compris les morts, que certains ne désirent pas incinérer par économie. C’est vache et mal vu, ceci-dit, mais néanmoins toléré par les administrants de la Défédération. On ne risque donc ni amende ni sanction à se débarrasser ainsi de ses décédés. C’est pourquoi Basile distingue en passant de nombreux squelettes accrochés aux branches feuillues. Les anciennes rues noyées dans un fouillis végétal semblent désertes, mais Basile sait pertinemment qu’elles composent désormais un no man's land barbare et violent, où survivent les hordes de ceux qu’on appelle les Rampants. Les grands espaces recouverts d’une jungle épaisse n’ont assurément rien en commun avec les hectares  de parcs de loisir installés sur les toits des cités. Alors qu’il observe non sans ravissement la fuite rapide d’un léopard dans les frondaisons, Basile repère en face de lui un Turbojet de flics, il remonte alors à toute bringue, sous les injures affolées d’Emeline, laquelle hurle comme une damnée dans son implant. Le retour au cube est tout sauf cordial, mais Basile se montre personnellement très content de sa virée risquée, il désangle en riant et avec une attention méticuleuse le lourd dorsale de Soisig, laissant au passage Emeline se démerder avec le sien, d‘une valeur unitaire de 158,25 Eullars.

 

– T’es chiant Basile, un jour, tu finiras en bas.

 


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Bon dimanche à tous.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:25:34
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-08-2015 à 12:42:35  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 35.

 

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Après cette épreuve et en attendant l’autre, Néefièretarée, la belle est velue, alla se reposer dans l’une des chapelles du palais construites pour l‘occasion, où Merdenkorinnanâr vint la retrouver, visiblement très énervé. Le grand soldat menaçait de démissionner pour intégrer les services de sécurité privé d’une grande Compagnie de Pétroles Romains. On venait de compter les victimes, à peu près 124.000 morts et autant de blessés. De plus, le palais commençait à recevoir un bon nombre de plaintes des anti-corridas en colère. Las et désabusée, la pharaonne offrit sa main à la langue râpeuse de son nouveau guépard, avant de la retirer promptement. Une mince fenêtre ne laissait filtrer qu’un maigre filet de ciel et le félin tacheté n’échappa aux lances des gardes que grâce à une rapide détente souple de ses jarrets. Toutefois, après quelques entrechats, il termina quand même son existence sous la forme d’une dizaine d’oreillers d‘un kitsch convaincant. Néefiertarée mâchouillait des piments frais et des oignons hachés, laissant son général se défouler à loisir pour lui suggérer l’arrêt immédiat du heb sed, car il voyait dans la chute malencontreuse des gradins l’œuvre d’un odieux saboteur. Elle venait de vivre des heures exaltées, elle avait échappé aux coups de corne avec courage et Tépafou rejoignait avec brio, sur sa pressante suggestion, l’Union des villes taurines Egyptiennes. De toute façon, l’arène devait être démontée pour la prochaine épreuve, et la reine se tenait d’ors et déjà prête pour la seconde manche, qui consistait à chasser l’hippopotame. Elle calma et congédia doucement Merdenkorinnanâr, quitta la chapelle pour changer de robe et rejoindre sa grande terrasse, afin de contempler à loisir le beau paysage du Nil incendié de soleil. La foule turbulente s’agglutinait à nouveau hors les murs en scandant son nom glorieux, dans l’air saturé d’encens. Un frisson la parcourue tout à coup, alors elle enroula sa grande écharpe de lin vert autour de son corps fatigué. Ainsi torchonnée, elle attendit que Phimosis vienne la rejoindre sur son ordre. Il portait autour du cou un lourd collier représentant Khentyimentiyou, le chien noir des cérémonies funèbres d’Héliopolis. Avec cette manie d’adorer des milliers de dieux, son peuple ne valait pas mieux que les Grecs, pensa-t-elle. Elle caressa pensivement de haut en bas, avec ses doigts fins, le marbre veiné d’une haute colonne aux reliefs finement ciselés, avant d’inviter son scribe à se coucher près d‘elle.

 

– Tu penses que ça va le faire avec l’hippo ? fit-il en enlevant son pagne avec empressement.

 

– Ne t’inquiètes pas, je me sens prête à chasser tous ces bestiaux de l’Afrique du Nord jusqu’au dernier. Ces barriques puantes qui piétinent nos récoltes et nous bouffent les grains de blé. Au pire, j’exigerais d’être correctement indemnisée par le royaume si je suis blessée.

 

Au rez-de-chaussée transformée en brasserie, la roue dentée d’une lourde meule broyant de l’orge grinça d’un ricanement ironique, puis, sans lâcher le Kouchite des yeux, la reine s’empara d’une grosse canne à sucre pour la sucer avec ferveur. Elle se frotta ensuite les mains de plaisir lorsqu’un esclave leur apporta des figues confites venues de Carthage, dont il recouvrit la petite table en abondance. La tunique plissée de Phimosis se mit à grandir sur son corps voluptueux en faisant craquer les coutures et son visage d’ébène se transforma en une sorte de masque très expressif. Un dieu semblait bien habiter cette chair animale, comme Horus le fait du faucon. Dans un coin sombre, quelques musiciens aveugles agitaient des sistres et des harpes trigones. Quatre nègres chargés de liens solides, sans doute indifférents à la grande misère du paysan égyptien, agitaient sur eux en cadence des lattes de palmier, histoire d‘apporter un peu d‘air frais. Néefiertarée regardait Phimosis lécher sa figue, puis elle déplaça tendrement une mèche qui lui barrait le front :

 

– J’ai chaud, j’ai très chaud, quelle guigne de vivre dans un pays où il ne pleut jamais. Je donnerais cher pour un peu d’humidité, avoua-t-elle, en usant de sa douce langue chamito-sémitique.

 

– Pas mauvaise, cette figue.

 

– En fait, j’ai une combine, c’est Merdenkorinnanâr qui m’a refilé l’idée. Je vais simplement dégommer un hippopotame empaillé, les embaumeurs s’en occupent déjà. Je te parie que ces cons-là n’y verront que du feu.

 

– Ah ouais, mais c’est pas bête du tout, ça, me voilà rassuré !

 

– Tu vois bien que faut pas s‘en faire, ça va aller.

 

Leur conversation fut interrompue par un messager qui vint les informer que Tahosétlafer avait malheureusement chuté à mort d’un balcon dans le palais Thébain. Lorsque le coursier fut chassé de la pièce à coup de fouet et de manche à balais, Néefiertarée entra dans une rage dangereuse :

 

– Ce salaud de Ramassidkouch me l’a tué, je le pressentais bien ! Non mais qu’est-ce-qu’il croit, je ne suis pas seulement une autorité spirituelle, je gouverne l’égypte, et pas lui. Faut que je le chasse de ma cour pour homicide, avant de le quitter le plus vite possible ; mon trésor était bien rempli, aujourd’hui le pays se ruine, qu’Osiris le confonde d‘usurper ainsi les privilèges royaux, avec le soutien probable de pas mal de dignitaires vérolés ! Qu’il aille crever de faim et de soif dans le désert nubien. C’est pas cet imbécile qui va me faire croire que Tahosétlafer ait pu se casser la gueule dans un vulgaire escalier !

 

Elle parlait d’une voix étranglée par la colère, et elle renversa sa coupe de vin de dattes en chargeant son mari des pires abominations. Un long cortège de prêtres, de soldats et de gros ploucs s’amassait au pied des murs en la réclamant à tue-tête. Devant un tel déploiement de pompe et de liesse, la reine oublia pour un temps ses griefs. Elle se montra en toute majesté sur son balcon. Là, flottaient des bannières peintes des yeux Oudjat et Néefiertarée se vit ovationnée par une foule immense, laquelle l’honora avec tout le respect dû à son rang, tout en réclamant un peu moins fort la baisse de quelque taxe. Elle les salua de la main avec un geste des plus gracieux. Vers midi, Merdenkorinnanâr frappa respectueusement à la porte :

 

– O brillante étoile du trône nettement plus grande que Bès le nain barbu, ça y est, on vient de finir d’empailler l’hippo.

 

Laissant la splendide façade du palais prendre encore quelques fruits pourris, la pharaonne alla s’apprêter dans ses appartements pour se préparer à faire semblant de chasser la bête, afin de s’approprier à son profit la force vitale de cette vilaine bestiole déjà calenchée.

 

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Le congélateur muséographique

 

Aujourd'hui : Death of cazaio.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:27:46
n°42809592
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-08-2015 à 16:00:02  profilanswer
 

salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion-Tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 60.

 

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Pendant que le royaume de Fion tremblait des rumeurs de la guerre contre Mouyse, la communauté de la gnôle cherchait toujours à prévenir reine Helga du danger qu’elle courait. La belle n’avait cependant que foutre des dires soucieux de ses amis.

 

– Veuillez cesser d’abrayer dans mes ouïes, messires, ou je vous batacule tous en basse-fosse pour crime de lèse-majesté !

 

Il n’y avait rien à faire. Mirlen le tchatteur attendait donc avec angoisse le temps venu du rituel de la flemme sacrée. Un soir, la rumeur tenace se fit plus précise, lorsqu’il surprit la conversation tenue à mots couverts entre Owen Zesaints, le chef des Onkulés, et sa fille Inze Morning :

 

– Ma lillefem, le lèmtems du lacrificessoc est lenuvem, de laprèqués notre lorciésic lawanem c'est pour lemaindem loirssoque, lelonsic ce qu'il a vu dans les loyabems de lachem. Lépareprem la leineré pour le lituelric de la lemmeflem lacrésas. Alors lelgahatte létipaydaytoc leviendradem lenfinoque la léessedic du lieuvic !

 

 Mirlen en trembla sur le champ dans sa bure, puis il s’éloigna prudemment sans se faire voir pour aller prévenir les autres qu’on y était. Il se demandait juste ce que voulait dire le chef, en affirmant qu’après son sacrifice, Helga deviendrait la déesse du vieux. Ayant bien écouté le magicien, les gars de la communauté affirmèrent résistance dans leur expérience partagée, puis ils se jurèrent une puissante colère dans l’infusion de leur rancœur.

 

– Fioutre Kramouille, la hotte est pleine à ras-bord ! Lança Erald.

 

– Point ne devrions dormir, messires chevaliers, ajouta Mirlen pour tout le monde, il est probable qu’ils essaieront de nous droguer. Nous aurons donc parade en restant rusés.

 

Le lendemain, Inze Morning, fille du chef, Demoiselle d’honneur, Dame de compagnie, Gardienne de la petite tenue de la reine Helga des Onkulés, redoubla de prévenance à l’égard de sa maîtresse pour la faire plus jolie. Elle la baigna entièrement dans l’huile de noix, lui fit manucure et ponçage rigoureux des pieds, et pour finir lui massa longuement les parties intimes afin de les assouplir. Ravie de tant d’attentions, souriant aux anges avec une innocence d’adolescente, Helga se laissa faire docilement en priant Inze de lui parler dans sa langue, dont elle adorait le phrasé, bien qu’elle n’y comprît rien. Inze peignait donc avec un bout d’os la longue chevelure blonde de la reine, tout en déblatérant avec joyeuseté dans son patois cannibale :

 

– Ma letitepé lalopessem, tu vas te lairefem lonchétrem larpatte le lieuvic layamem lapipuche, et après on te lappelleraqué la léessedas du lieuvic. C'est lairclas que je ne loudraivuches pas lendrepratte ta laceplé !

 

Remplie de l’exaltante sensation d’être belle et propre, Helga fut le soir fatidique copieusement nourrie de quelques morceaux d’un artisan potier, récemment dépecé pour être cuit aux citrons confits et aux olives. En début de soirée, tout le village qui se préparait depuis l’aube se laissa enfin aller à une énorme fête. Les tambours enragés exultèrent alors sans retenue les sens d’une population rendue par sa religion à moitié cinglée. Mirlen et les autres se tinrent au contraire en grande vigilance, refusant de boire la moindre corne, ou de toucher la moindre glande hépatique en sauce qu’on leur tendait. Plus que jamais, Helga fut célébrée par son peuple au comble de la joie. Portée triomphalement sur une belle chaise d‘osier, on lui avait tressé une couronne de fleurs et jamais sa mine ne fut aussi bonnasse que ce soir-là. Heureuse, elle avait pour chacun un petit mot gentil, promettant pour la scolarité des enfants quelques prochaines réformes éducatives. Au cours de cette sympathique hystérie, des Onkulés se glissèrent cependant habilement derrière ceux de la communauté, chacun le sien, avant de les assommer sans crier gare de leurs grandes massues d’os. La chose fut si habilement préparée qu’aucun ne put se défendre de ces coups si rapidement portés. Ils furent ensuite trainé vers une petite case dont la porte était fermée à clef. Voyant le coup fourré, Helga allait protester auprès du chef, lorsqu’elle prit un violent coup dans les genoux. La fête ne faisait pour elle que seulement commencer, comme elle s’en rendit compte, hélas, lorsqu’on l’obligea à se coucher nue sur un autel improvisé au centre du village.  

 

– Que vous prend-t-il impudents, vous êtes fous, ma couronne est bien vilainement galvaudée !

 

On lui tapa sa gueule sans égards pour son rang, puis elle aussi, par une beigne plus puissante que les autres, fut tristement conduite à l‘inconscience. Les silhouettes de ses bourreaux s’estompèrent soudainement derrière le voile opaque de son esprit bafoué. Alors arriva un personnage que les sauvages portèrent à grand peine jusqu’à elle. C’était le vieillard que l’on nommait Ayam Api, et que les dieux avaient choisis pour se taper la reine afin de parachever le rituel de la flemme sacrée. L’opération exceptionnelle devait durer de 19 h à l’aube, sous les applaudissements. Le sacrifice avait pour but d’éviter au peuple des Onkulés de subir le traumatisme profond d’être un peuple sans dieu. Le visage émacié sous son grand chapeau noir, le très vieil homme s’occupa à son viol sacré par grand flegme péniblement exécuté, ce qui fit néanmoins plaisir à voir. Tout en se protégeant des rayons de la pleine lune avec la main, il travaillait de l’autre dans les belles fesses d’Helga maintenant endormie, laquelle n’eut ainsi jamais l’occasion de le voir venir. Rien n’aurait pu détourner le grand-père cacochyme et branlant de sa mission divine, car reine Helga devenait  par son odieux travail la nouvelle déesse du vieux. Il s’attaquait gaiement à sa conquête, comme un chien pris de rut, dans un rapport non protégé que tout le peuple encourageait bravement, en choquant à qui mieux mieux les cornes de cervoise. La pauvre Helga en était sur le point de se rompre en deux, lorsque, n’y tenant plus, le chevalier Erald revenu à lui défonça violemment la porte de sa prison d’un grand coup d’épée, car lui et les autres avaient toujours leurs grandes lames aux cotés. Cessant de jouer le mâle triomphant, Ayam Api se dégagea de sa malheureuse proie dans un beau flot de foutre. La mélopée hypnotique s’interrompit aussitôt, alors qu’en grande fureur, toute la communauté se mit à batailler les abjects cannibales. La chose se trouvait d’autant plus facile qu’ils étaient tous salement bourrés, et pour tout dire incapables de faire le moindre geste. Saluant la voie tracée par chevalier Erald, il se fit dans Lisneylandem un tel carnage d‘hommes, de femmes et d‘enfants, que pratiquement aucun sauvage n’en réchappa. Les coups de lames très bien donnés résonnèrent dans cette arène sanglante avec plus de bruit que les cloches de bronze dans un temple de Kramouille. Même Belbit redoublait d’effort pour occire les ennemis, car selon lui, toute mauvaise action ne saurait rester impunie, et il se retrouva plus d’une fois au cœur du combat, prenant de la hauteur sur les monceaux de cadavres démembrés, pour en terrasser d‘autres. Tout en cognant, il se disait vengé. L’hécatombe fut si bellement tournée qu’en un rien de temps tout le village privé de ses vivants tomba aux mains de la communauté. Ce que voyant, Mirlen s’octroya trois secondes pour respirer. Il ordonna qu’on se chargea d’Helga toujours inerte sur les épaules de l‘un ou de l‘autre, puis il décréta de fuir rapidement cette ville maudite, afin de s’en aller au petit bonheur la chance dans la vallée du Broutminayt.

 


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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:30:37
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-08-2015 à 16:30:40  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 58.

 

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Edith plon avait tout sur place pour analyser la coco, aussi bien qu’elle aurait pu l’exécuter dans le labo de la Police. Elle vérifia et compara au microscope la taille de la poudreuse, la valeur de sa pente, sa blancheur, la consistance des cristaux, puis elle établit, grâce à tous ces éléments, une estimation forfaitaire saisonnière. Ceci afin d‘en singulariser le marché, non seulement pour la cocaïne contenue dans les sachets retrouvés dans le 32, mais également dans celle cueillie au fond du sac de L’Harmattan. Ainsi se confirma pour la policière une première victoire, car les deux échantillons se découvrirent parfaitement identiques, et de la même provenance. Par contre, sur le sachet de Cassandra, elle ne découvrit aucune empreinte. Ensuite, elle pesa l’intégralité de la coke du 32. Elle compara alors ses propres données face à la première pesée, faite immédiatement après l’opération par Jason lui-même : on avait au départ 15 kg, et puis désormais la quantité était de 14 kg.  Le sachet de l’infirmière faisait un kilo, il était donc prouvé que la dope du 32 avait été ponctionnée, pour atterrir dans l’armoire de Cassandra. Prélevée par qui ? c’est ce qu’il convenait à Edith Plon de prouver. Mais la blanche colombe Gwendoline Nathan piquait des antidépresseurs au boulot, elle était donc à l’évidence parfaitement capable de mentir. Pour le moment, l’adjointe de Mensinq préféra garder ses conclusions secrètes, puis elle quitta simplement la clinique, après avoir soigneusement vérifié que la cocaïne se trouvait toujours en sécurité dans le coffre du docteur Halrequin. Elle ne comprenait pas pourquoi Gaston Denoël ne la rapatriait pas au sein de son service, mais elle préféra ne pas s’interroger trop longtemps là-dessus.

 

Jason était rentré chez lui. Il était terrassé à l’idée que Gwen, la plus rutilante de ses infirmières, soit une vulgaire défoncée aux médocs et Cassandra une sombre junkie. Cette dernière si joyeuse, si débridée, l’idée de la voir s’enfiler cette merde blanche lui glaçait le sang. Cela constituait pour lui une constatation aberrante qui griffait atrocement son amour stupéfiant. Il imaginait sa future femme le pif recouvert de son givre mortel, à cause sans doute d’un traumatisme affectif ancien tapi dans les recoins de son subconscient. Cela lui rappelait trop l’envoûtement subi par la malheureuse Jeanne Hachette, laquelle ne portait jamais de culotte, et qui avait si mal achevé sa vie. A moins que Cassie ne soit qu’une petite salope de dealeuse obnubilée par l’idée d’augmenter en douce son salaire d’aide-soignante. L’idée était encore pire que le reste. Le jeune chirurgien errait dans le vaste séjour de son chalet merveilleux, les pieds comme englués dans un sinistre marécage, et il se découvrit un pressant besoin d’immersion aquatique. En maillot de bain, il plongea dans sa piscine, fier malgré tout de sa forme physique éblouissante. Après quelques brasses bienheureuses, il s’allongea dans un transat, tout en rêvant aux eaux miroitantes et calmes du lac que sa demeure surplombait. Une brise agréable faisait doucement vibrer les pales de l’hélicoptère posé non loin. Jason remarqua un yacht luxueux qui s’approchait visiblement de son ponton personnel. Le pavillon n’était pas suisse, mais affichait les couleurs de la Voralberg Autrichienne. Trois hommes, les yeux masqués par des lunettes de soleil, s’occupèrent bientôt à confirmer la manœuvre. Intrigué, Jason s’étira lentement dans son fauteuil confortable, il n’attendait ce jour-là aucune visite. Il faudrait un certain temps aux intrus pour grimper la pente et l’unique sentier privé qui menait jusqu’à lui, il en profita donc pour se rhabiller. Mais il regretta toutefois de ne pas pouvoir faire quelques exercices sur sa swissball, ce gros ballon inventé dans les années soixante par sa consoeur kinésithérapeute Suzanne Klein-Vogelbach. Il se massa donc distraitement les boules en compensation et se porta à la rencontre des nouveaux-venus. Un désagréable pressentiment l’assailli lorsqu’il reconnu Danielo Filipacchi, le mafieux dont il avait extrait trois balles du corps avant la fermeture de la clinique, et qui avait occupé pour sa convalescence, non sans quelques perturbations pour le service, la chambre 46. A la vue de cet homme dangereux, un Boeing 747 accompagné de son tracteur se garèrent lentement dans le cul de Jason. Ce mec là avait été à deux doigts de terminer sa carrière de mafieux handicapé par une irrémédiable extraplégie, mais Jason l’avait si habilement opéré qu’il s’en était brillamment remis. Ce type louche portait désormais constamment les balles fatidiques en collier, au bout d’une grosse chaîne en or. Filipacchi évalua trente secondes l’effet de sa visite impromptue sur les mâchoires crispées de Jason, puis il afficha lui-même à son encontre un sourire de cheval :

 

– Bonjour docteur Halrequin, allons, ne prenez pas cette tête de hareng affolé par un squale, les abords de votre piscine sont parfaits pour prendre un verre, qu’en pensez-vous ?

 

Il y avait justement pas loin un petit bar propice aux rafraîchissement d’après-bain. Jason s’occupa de remplir avec un bon whisky les verres de Filipacchi et des quatre sbires qui l’accompagnaient le visage fermé, mais visiblement placés autour de leur chef sans le moindre hasard. Les paroles de ce type à la gouaille cynique glissèrent dans l’oreille de Jason comme un dangereux venin neurotoxique.

 

– Je suis en dette avec vous, docteur Halrequin, puisque vous m’avez sauvé la vie. Mais d’un autre côté, on m’a raconté que vous auriez trouvé, par hasard, dans le ventre d’un gus un petit quelque chose qui m’appartient. Et que vous auriez fort heureusement toujours en votre possession. A chacun selon ses moyens, mais surtout selon ses besoins, j’aurais donc plaisir à récupérer ce que vous savez. Ma nièce n’a pas les moyens de se payer ses études, et je ne suis pas le genre à rechercher le bonheur dans la pauvreté.

 

Jamais Jason n’eut conscience d’être aussi plus lourd que l’air. Il avala son verre d’un trait. L’autre passa sa main poilue entre ses cheveux. L’imagination du docteur lui inventa des griffes. En revanche le mafieux n’avait toujours rien bu.

 

– Ce n’est pas à vous, docteur, reprit l’autre encore, que je vais apprendre que la mort est une étape obligée dans le cycle de soi. Ce serait une noble chose si je pouvais recevoir votre agrément à ma proposition. Je ne puis aller chercher moi-même ce qui m’appartient, et mes hommes non plus, votre personnel serait trop curieux.

 

Cette fois, il cramponna son verre avec des doigts qui ressemblaient réellement à des serres acérées d’oiseau de proie. Il s’envoya une petite gorgée d‘alcool.

 

– Je vous l’ai dit, docteur, je ne supporte pas l’idée que mes amis soient plus riches que moi. Il me faut ce que j’ai perdu. Vous allez donc vous débrouiller pour me le rendre. L’enjeu réel, c’est que j’ai besoin de l’argent que représente toute cette bonne cocaïne pour monter dans le coin un club de surf. Il éclata d’un rire sonore qu’il communiqua à ses acolytes. Je me demande si vous arriveriez à vous recoudre correctement vous-même ? Il essaya de flanquer à Jason un regard de pitié. Bon. Vous êtes plutôt beau gosse, mais j’espère surtout que vous n’êtes pas trop con.

 

– La douane est au courant, je ne vois pas trop comment régler votre problème.

 

– C’est trop tard pour demander à votre mère de vous inscrire au judo. Ce n’est pas une alliance ou une lutte amicale que je vous propose, cher ami, mais un ordre que je vous donne. Mes associés présents pourraient même avoir l’idée de sacrifier vos salariés un par un, à commencer par cette jolie Cassandra L’Harmattan, qu’en pensez-vous ?

 

– Vous êtes une ordure. Je n’ai pas les moyens de vous déclarer la guerre, mais je sais bien que vous n’êtes-pas un vulgaire voleur d’autoradio. Ne faites rien, vous aurez la drogue. Jason faisait ces aveux en sentant que sa salive tournait dans sa bouche comme une écoeurante bouillie fade. Il flippait à présent comme l’un de ses malades.

 

– Très bien, docteur, vous êtes un homme d’honneur, je le vois bien. Vous avez deux jours pour me livrer la dope, sinon je commence gentiment par péter les lombaires de votre rouquine.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:32:32
n°42845109
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 09-08-2015 à 18:19:02  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 76.

 

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Grande sportive dans son fauteuil, Carla regardait à la télévision une compétition de raquette welch, tout en becquetant un abricot. Entre l’écran et elle, se traçait un territoire intime de la taille du tapis où le monde extérieur n’avait pas d’importance. Marlou, Babe et Kiki n’allaient sans doute pas tarder à rentrer de leur beuverie à la Boule Noire et en les attendant, elle se tapait la flemme. Elle changea de programme pour tomber sur des indiens Wayana à poil en train de pêcher dans le Maroni  des piranhas à coup de lianes toxiques, et juste avant de se faire manipuler par quelque pub, elle entendit quelqu’un sonner deux coups à la porte. Comme elle détestait qu’on la dérange quand elle mangeait des abricots, elle pesta au fond d’elle-même, avant de se lever pour aller ouvrir. Elle tomba sur un facteur de la vieille tradition souriante, qui l’invita à signer le reçu d’un recommandé. Carla claqua la porte par souci de modernisme et déchira l’enveloppe décorée aux armoiries alambiquées du Gurukislapet. La qualité du texte n’était pas celle d’une chanson d’amour, mais possédait la sécheresse d’une lettre notariée, augmentée d‘une bafouille polie de Géraldine Kidor, présidente à vie. Une certaine euphorie posséda Carla au fur et à mesure qu’elle déchiffrait les phrases ampoulées. Le thème soulevé dans les pages concernait le testament du guru Alphonse-Jean-Justin de Saint Exupéry, président non élu et gourou des évangiles secrètes de Saint Jean l’Apostiche de la Jésuralem Céleste, voie des bonnets verts du Saint Temple de l’amicale non laïque de l’école de la petite Jéricho, lequel dévoilait Ewij Nikasek l’héritière unique de son immense fortune, amassée patiemment sur le dos de ses adeptes. Or, Géraldine avait naturellement fait main basse sur le flouze de la princesse déchue, et délaissant l’option muséographique ou la construction d’un hôpital à Garatonku, elle avait décidé d’en faire don à Marlou, en souvenir du bon vieux temps. Ce que c’était que le destin, quand-même.

 

Carla lu et relu les paragraphes divisés en chapitres, et les mots lui offraient un panorama de l’avenir qui s’annonçait souriant, plutôt riche de perspectives nouvelles pour l‘enfant qu‘elle attendait. Cet héritage inattendu laissait espérer le meilleur pour elle et Marlou, qui n’aurait plus besoin de courir après les chiens perdus pour gagner sa croûte. Kiki et Babe en profiteraient également, assez pour mettre à bien leur projet de monter ensemble une blanchisserie au Québec. Alors que la lettre ensoleillait le futur, Carla entendit un nouveau coup de sonnette. Marlou rentrait sans doute, elle avait hâte de lui faire partager l’heureuse nouvelle, elle espérait juste qu’il ne soit pas trop bourré pour l’écouter. Elle se dirigea vers la porte et ouvrit sans méfiance, avant d’être projetée en arrière par Ewij, le pétard brandi sur son nez.

 

– Il est où ton mec ?

 

Ewij arrivait au terme de sa virée explosive. La princesse roulait des yeux de chouette et Carla n’y pêcha qu’une intense envie de meurtre.

 

– Il est pas là.

 

– On va l’attendre, mais si tu bouges un cheveux, je t’explose la gueule, d’accord ?

 

Carla nageait en pleine tragédie. Cette fille à l’air banal avait l’esprit dérangé et développait des motifs que la femme de Marlou ne pouvait concevoir sans un sentiment de peur.

 

– A partir de maintenant, tu peux te considérer veuve. Je vais prendre soin de t’enfoncer dans un tunnel de douleur, pour ma propre justice et ma rédemption. Si tu ouvres seulement la bouche, je shoote. Assied-toi.

 

La lettre était posée sur la table avec trop d‘évidence. Carla essayait encore d’évaluer au plus juste le degré de la sociabilité déréglée d’Ewij, mais elle savait que le contenu du message lui déplairait forcément. Cette espèce de succube à peine réglée avait déjà beaucoup trop tué pour qu’on puisse avoir le moindre doute sur sa dangerosité. Tu parles de l’enfance et ses mystères ! Un petite saleté de cinglée, mais qui la tenait en joue avec son regard de folle, et qui sombrait corps et âme dans un évident désir de sang. Aucune autre émotion ne traversait son visage. Carla s’approcha insensiblement du canapé, où elle venait d’aviser son sac à main.

 

– Je peux m’asseoir ?
 
– Ouais, pose tes miches.

 

– Je peux fumer ?

 

– Tu me gonfles, vas-y.

 

Carla ouvrit son sac pour y chercher un paquet de cigarettes. Ses doigts frôlèrent le grand couteau de cuisine et son contact la rassura un peu. Elle laissa le sac ouvert et alluma sa clope, puisant de grandes bouffées nerveuses. Elle réalisait d’une façon poignante qu’elle ne pouvait empêcher Ewij de surprendre son bonhomme. Kiki flairerait peut-être une embrouille, mais il devait lui aussi être plein d’alcool jusqu‘au nœud papillon. Elle n’allait pas non plus se coucher bêtement devant l'intrangisance de cette gamine :

 

– Hey, princesse, tu n’as jamais songé à sauter du haut d’un pont, comme toutes les gosses dépressives ?

 

Ewij ne lui sauta pas dessus, comme l’avait à moitié espéré Carla. Elle se contenta d’un regard glacial, mais ses doigts s’était crispé sur le colt. La pièce devint pendant cinq minutes un espace inanimé au cours duquel les deux femmes se jaugèrent en silence. Ewij concevait sa rivale comme une simple mécanique utilitaire, à peine nécessaire à son projet, et Carla cherchait désespérément le moyen de lui plonger son couteau dans le cœur.

 

– L’amour, ma petite, ça rend myope, des fois.

 

Ce coup-ci, Ewij se propulsa en avant pour asséner la crosse de son flingue dans la figure de Carla. Cette dernière plongea la main dans son sac pour en sortir sa lame, mais Ewij pressa la détente avant même que le couteau soit dehors. Une balle dans le front de cette femme enceinte, et une seule qui restait opérationnelle pour atteindre Marlou. Toute beauté était chassée de Carla, sa figure aux yeux grands ouvertes s’inonda lentement de pieuvres sanguinolentes, l’une de ses mains pendait lâche sur le sofa, et l’autre se cachait dans le sac, mais Ewij avait repéré le couteau à temps. Attirée comme un papillon par la lumière, Ewij repéra tout à coup la lettre, ou plutôt le dessin de l’emblème de son pays. Quand elle eut terminé sa lecture, ses tempes devinrent douloureuses alors pour essayer de se calmer, elle enfonça le couteau dans le ventre de la morte, en poussant très fort.

 

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Trop tard pour un bon dimanche ?
Mais bon, je viens de finir y'a cinq minutes, hein !

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:34:49
n°42848405
Profil sup​primé
Posté le 10-08-2015 à 03:46:24  answer
 

drap

n°42871637
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-08-2015 à 12:47:31  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Coup de chance dans l'hyperbole. Extrait numéro 04.

 

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Une fois bouclées les valises autoportées, ils prennent le temps de gober en commun une pilule de Carpaccio de cabillaud aux essences de vanille, puis Emeline place en hibernation prolongée Max, son cafard de compagnie. Ensuite, ils prennent en commun la route du descenseur à l’évitation magnostique, mais sur un mode horizontal, afin de parcourir les vingt cinq lomètres jusqu’au garage où ils ont garés leurs Scootkijets personnels.

 

– Alors comme ça, fait Soisig à l’adresse d’Emeline, vous n’avez pas de domos pour faire le ménage ?

 

– Non, je trouve que ça fait parvenu et Basile déteste les robots.

 

– Ah ben moi j’en ai deux de la dernière génération, c’est bien pratique quand-même.

 

Une fois Soisig prise en croupe par Basile, ils filent comme le vent vers l’astroport intergalactique de la tour 13, qu’ils rejoignent deux minutes après. Sur l’esplanade dégagée que forme le toit blanc du bâtiment, un grand nombre de fusées élancées aux flancs d’aluminite en jouxtent d’autres visiblement en réparation, entre lesquelles le trio déambule, admiratif des derniers modèles. Un astronef en partance à l’allure phallique fume des réacteurs. Sur son flanc brillant s’étale en grand le logo rouge au cœur fléché de son éminence.

 

–  Là, tiens, c’est la Marie-Jeanne, c’est la nôtre, fait Basile à l‘adresse de Soisig.

 

– Ah ben elle est belle. Pas trop gourmande en Zions ?

 

– Non pas trop, répond Basile en déverrouillant d’un ordre de son implant la condamnation décentralisée de l‘appareil. On a du bol que les astroports ne soient pas encore bouclés en direction de Mars par la sécurité galactique.

 

Il s’empare des valises pour les jeter à l’intérieur, avant de les suivre dans le sas d’entrée, imité par les deux femmes. Puis, après avoir vissé un casque sur leur tête et enfilé une seyante combinaison anti-G sur leur nudité, ils grimpent avec aisance dans le cockpit où chacun s’octroie un siège confortable. Ils bouclent leurs ceintures et Emeline entre en contact avec Grand Contrôle. Elle ne reçoit pas la réponse directement dans son implant, mais par une voix de robot mi-rauque, mi-grinçante, qui grésille pour tous dans les écouteurs de la radio du bord :

 

– Oui, Grand Contrôle à Marie Jeanne, c’est pourquoi ?

 

– Marie Jeanne à Grand Contrôle, demande autorisation immédiate de décoller.

 

– Quel est votre destination ?

 

– Planète Mars.

 

– Avez vous l’intention de nuire à la planète Mars ou d’y commettre un attentat ?

 

– Non, non.

 

– Quel est le motif  de votre déplacement ?

 

– Raison professionnelle.

 

– Très bien. Veuillez dès à présent engager la tulipe de l’arbre de transmission dans le bol-fusée.

 

– Engagé.

 

– Basculez les bols-fusée, tout en dégageant les transmissions des planétaires.

 

– Basculé. C’est Basile qui répond en essuyant la visière de son casque inondée de buée avec un mouchoir en papier.

 

– Bon, on y va les mecs. Vy gotovy Marie Jeanne ?

 

– Ya hurra ! s’écrient les pilotes à l’unanimité avec une émotion pinçante, pour confirmer qu’ils sont bien parés.

 

– Désiat, siémi, tri, dva, noul !

 

Sur la pression d’un gros bouton rouge appuyé par Emeline, la Marie-Jeanne se libère du sol dans un fracas assourdissant, soulevée par ses énormes réacteurs. Collés à leurs siège, les voyageurs de l’espace vérifient une nouvelle fois le niveau des aliénateurs nébulants. Le cap est correct. Tout comme la longitude des sièges, dont les hauteurs sont à peine corrigées par les ressorts de compensassions. Basile envoie malgré tout un violent coup de poing ganté sur le tachymètre à intensité réglable du tableau de bord.

 

– Merde, crie Emeline dans son implant, fait un peu gaffe au solénoïde !
 
 La terre s’éloigne d’eux à grande vitesse, et les étoiles filent rapidement autour du cokpit, comme des bancs de poissons lumineux.

 

– Regarde comme notre monde est petit, fait Basile en souriant à Soisig, tout en pointant du doigt l’un des hublots encadrant la planète bleue qu’ils viennent de quitter.

 

– Tellement petit que ça me rappelle quelque-chose, ironise Emeline sur un ton vachard.

 

Cinquante huit grammes de Zions par milliseconde. Basile remarque au passage que les buses d’injection fluviatile auront besoin d’une purge en rentrant. Il porterait la fusée à la station de lavage, tant qu’à faire. Gravité 0 depuis qu’ils ont quitté la stratosphère, ils se désanglent donc avec soulagement et se débarrassent de leurs pesantes combinaisons. Une fois inspectées les béquilles gériatroscopiques, la cervelle-matrice, les turbulines gonflantes, les strangulateurs, les nanomètres et les dérégulateurs d’atmosphère, le disque-pilote se charge de les conduire seul vers Mars. La routine. La Marie-Jeanne, pointée vers l’immensité du cosmos, tient bon et Basile garde l’espoir de bien gagner sa vie avec le contrat qui les attend en arrivant. La Pig Broz peut comme d’habitude compter sur son expertise. Il espère juste que les revendications politiques de Fanch Yoland ne viendront pas le faire chier sur Mars. En apesanteur, Emeline fait une pirouette sur elle-même pour aller chercher, en effectuant une sorte de danse étrange, quatre minuscules pistes cassettes dans sa propre valise.

 

– Qu’est-ce-que ça pue là-dedans !

 

– Où ça, dans ta valise ?

 

– Non, dans l’habitacle.

 

– C’est les vapeurs d’hydrobenzéadrénaline, ça va s’estomper très vite.

 

L’absence de pesanteur rajoute malgré tout à leur sensation d’écœurement en perturbant la circulation sanguine. Trop tôt encore pour avaler une pilule de pâtes ou s’envoyer une canette de Blank. Soisig se met à siffloter gaiement, histoire de se montrer sportivement positive, mais prise de mélancolie latente, elle plisse ses beaux yeux verts sous l’éblouissante lumière solaire qui pénètre par les vitres polnordisantes. La terre et ses grandes cités sporadiquement embrasées de soleil y disparaissent en effet rapidement, pour laisser place à une vaste nuit d‘un noir profond.

 

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Revue de presse.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:40:59
n°42896595
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-08-2015 à 18:30:40  profilanswer
 

Salon des inventions.
 
Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : La teinture instantanée.

 

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Vous êtes employé dans une grande société privée pour faire tapisserie et montrer aux PME que votre patron à les moyens de mal vous payer.  Hélas, vous avez du mal à payer vos impôts, ça arrive. La bonne idée reste donc de braquer une banque, en général aux heures d’ouverture. Vous vous retrouvez en toute logique devant un homme, ou une femme, installé(e) par contrat au guichet pour montrer à la Poste que votre banque paye des employés plus souriants. Bien entendu, vous allez vous faire arrêter par des policiers employés par la mairie pour montrer qu’elle encule la gendarmerie, et c’est deux ans de prison ferme. Dans ces établissements spécialisés, les employés sont en revanche réellement payés pour vous maintenir derrière les barreaux. A partir de là, votre avenir ne s’annonce pas très sympathique, surtout si vous n‘avez pas de cheveux. Sachant dans le cas contraire que vous pouvez compter sur l’aide de votre ami(e) qui vous attend à l’extérieur au volant de sa 8 cylindres aux lignes dynamiques et le moteur allumé, vous allez pouvoir vous évader. En tout cas plus facilement que de jeunes rebelles Birmans. Vous venez ainsi de conquérir votre espace de liberté, mais tout le monde, et en particulier la police, sait que vous êtes brun(e).

 

Un collège d’expert mondiaux a donc épaulé le pro-fesseur Talbazar pour que votre cavale ne soit pas un calvaire, et mettre au point cette fantastique teinture instantanée, issue d‘une technologie renversante. Muni(e) de ce produit indifféremment vendu en spray ou en gel, vous voici blond(e) le temps d’une simple pression. Bien entendu, la décoloration doit de préférence s’effectuer de votre vivant. En changeant de coloration capillaire à volonté et en façonnant vos cheveux presque sans les polluer, plus jamais vous ne serez reconnu(e) dans la profession, ni par Interpol. De quoi vivre votre nouvelle vie de roux(sse) au soleil des tropiques libérateurs. Vous gratterez juste avec l’ongle les petites croûtes qui pourraient apparaitre après la plage, ou mieux encore, redevenir brun. Et puis, même si par malheur vous crevez de faim, rappelez vous : maintenant vous frappez les regards dans le bon sens, d‘un simple coup de mèche. Rappelons nous aussi qu’il n’est pas toujours facile de travailler avec des ingénieurs lorsqu’on est presque roux, en dépit d‘un comportement de surface soit-disant fraternel. Un unique et rapide tour du poignet effacera repeints et repentirs, en une minute seulement et en tout lieu. Grâce à la teinture instantanée d‘une durée de 24 minutes sans effet carton, vous maîtrisez à merveille l’art de la tromperie, rien de plus facile ! Les cinéastes apprécieront certainement ce nouvel art de la mystification. Quel jeu, par le simple fait de changer instantanément de couleur de cheveux, de pouvoir se moquer des complexités sentimentales, ce qui est indispensable et une nécessité absolue pour celui ou celle qui prétend séduire. Vous faites semblant d’aller aux toilettes, vous sortez notre bombe dont l‘invention confine à la magie, et il vous reste trente secondes pour colorer votre crinière selon votre désir de l’instant. Quelle joie, de chantiers en bistrots, que de pouvoir devenir dans la même journée blond, brun, roux ou gris, dans toutes les nuances !

 

Le buste droit, la main en l’air posée devant vous sur le spray de teinture à sec aux extraits de melons, psssschitt, la volupté de l’œil entre pour les autres à son paroxysme. On se bombarde dans un mouvement où le corps et l’esprit œuvrent de concert à nous changer la grosse tête. En route pour les ellipses coquines et les franches allusions sur votre nouvelle blondeur, si vous œuvrez dans le BTP. La teinture instantanée du pro-fesseur Talbazar est en tout cas pour vous et restera très longtemps la meilleure alliée de votre propre road-movie, surtout que ce produit n‘empêche nullement d‘être maman ou papa à quarante ans, bien au contraire.

Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Jean Richard Goubie - Looking out to the sea

 

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Imports :

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:48:18
n°42927248
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 18-08-2015 à 12:42:33  profilanswer
 

salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion-Tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 61.

 

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Le royaume de Fion bruissait des rumeurs de la guerre et fourbissait ses armes, prêt à lancer ses troupes contre le trône de Mouyse. Belle humeur et gaudrioles fuyaient toutes les tavernes, et des larmes moultes grosses chéaient par les yeux des jouvencelles en passe de fiançailles. Fraîche et joyeuse, Amanda Blair régnait bien au contraire dans son château, ragaillardie par sa bonne idée qui faisait fuir chez elle les fêtes carillonnées. D’autant plus que Baristan recommanda de lever des taxes plus importantes, histoire d’enrichir son trésor. L’omniprésence des soldats chassait l’insécurité sur terre et sur mer, et les brigands les entendaient venir de loin, s’éclipsant par sage prudence. Non, vraiment, la bonne semonce de la reine vis à vis de Mouyse consolait bien des avanies et tous profitaient de ce répit. Amanda continuait néanmoins de dormir dans son lit accompagnée d’un vain cortège, mais sa couronne de dure à jouir n’était pas vacante, à contrario de sa liesse physique. L’armée de Fion comptait deux sergents à cheval et quarante-six mille chevaliers à pied, plus un grand nombre de machines de siège, ce qui constituait, selon le propre avis du seigneur Franquette de Labonne, une base solide pour mettre bonne raclée à l’Ovoïde. Les escholiers avaient fait grands poèmes pour célébrer la prochaine victoire que les Fionnais allaient mener fleur à l‘épée ; on aurait dit que seul le vizir ne semblait pas partager leur enthousiasme, car lui délaissait pour un temps les dés ou les échecs. Il s’efforçait de fortifier son corps par toute sortes d’exercices physiques, et prenait même le temps de grimper moult doucement, contre quelque pan de mur, des dindons plus ou moins volontaires. Plus que jamais maintenant, alors que se profilaient à grande vitesse les heures de combats, ou chacun voulait quérir butin, gloire et honneur en terre étrangère, Marie lui manquait cruellement. Il savait bien, lui, que régnaient sur Mouyse un tyran redoutable et une terrible sorcière. La seule façon de régler son problème était de tuer la reine, aussi se convint-il de l’idée géniale de pousser dans le lit de la reine un bellâtre atteint de wérolerie.

 

Après la dixième messe de fin de matinée, il avisa un type occupé dans un coin à chanter matines, mais surtout à se gratouiller mesdemoiselles, car le vizir vit bien que celui-là se frottait copieusement les franquettes, puisqu’elles étaient prises de fortes combustions. L’officier du culte renseigna Baristan, et puis après confirmation de ses propres doutes, il considéra l’inconnu comme le dangereux sauveur qu‘il espérait.

 

– Comme tu sais, lui dit-il en le prenant à part pour chuchoter derrière quelque pilier, le corps de notre reine est si froid qu’il ne lui est plus possible de s’enivrer par gaillardises. La médecine pense que le mal brûlant dont tu es atteint lui rendra certainement l’usage de son pertuis d’amour. Va, couche avec elle et je te couvrirais d’or, si par aventure la reine se trouve à cause de toi en train de follayer, avec la bénédiction des apothicaires.

 

Puis, sire Baristan retourna au temple de Kramouille pour chanter primes et y coller un cierge au succès de sa géniale idée, car la wérole était mortelle. Lorsque le wérolé se présenta au château, jamais la reine ne vit si beau prétendant plonger sur sa couche, un valeureux plus prestigieux même qu’un arbalétrier à pied. Toutefois, il s’avéra que son bazar enflammé, suspect et tout gonflé, pesait facile ses deux kilos. Tout en lançant sa main hardie sur Amanda descoiffée autant que conquise, il dit :

 

– Sachez ma reine que je suis sur ce lit aux ordres de votre vizir, mais comme par honnesteté il me faut attester que je suis bien atteint de grande wérolerie, ni vous ni moi n’en reviendrons, je le sçais bien, n‘en déplaise aux carabins.

 

– FoutreKramouille, que me bailles-tu cy devant ? Mon vizir aurait trouvé là le moyen d’attenter à ma vie, car ce couard aurait trop peur des jours à venir ?

 

L’autre allait crier que le félon l’avait juste couvert d’or et puis c’est tout, lorsque sur l’ordre d’Amanda, trois gardes le transformèrent en tronc sanguinolent gisant sur la jonchée ; puis ils filèrent ses grosses balloches irradiantes et bouffies à quelque chien, qui en mourut deux heures plus tard. Mais Amanda ne pouvait en demeurer là, aussi ordonna-t-elle qu’on plaça immédiatement son vizir au fond d’un sombre cachot. Le coin suintait la trouille ténébreuse, sentait la pisse et le rat, où Baristan savait qu’il allait respirer là-dedans l’ultime air de sa vie. Il avait échoué dans ses plans et à cause de lui Marie Stetarte se voyait condamnée. Il y avait fort longtemps qu’il n’avait point reçu d’elle une poule messagère qui puisse le rassurer. Plongé dans sa geôle obscure, le vizi déchu ne pesa bientôt plus que 20 kg de muscles et n’avait point béguin de son vil bourreau vêtu de satin noir. De grosses larmes coulaient sur ses joues pâles, sa poitrine creuse respirait un air vicié, et puis un jour, on farfouilla dans la serrure. Le prisonnier vit se profiler la tête d’Amanda, laquelle venait constater s’il était bien, par grands tourmens, réduit à boire son urine et à manger des rats. Elle crut apercevoir son petit cadavre recroquevillé au milieu de ses chaînes toutes rouillées, mais il était encore vivant. Gelé, moulu et le regard fiévreux, il protesta faiblement de son innocence :

 

– Ma douce reine, vous rappelez-vous de nos douces nuitées ? Comment vous laissez aller à mon égard à autant d’injustice ? Assurément ce maraud wérolé tout plein d’imagination estrange vous a trompé et n’est qu’un fieffé menteur.

 

–  Hélas, Baristan, garde tes paroles pleines de saletés, j’aurais préféré de ta part un clair ferraillage, mais je suis tellement furieuse de ta trahison. Lorsqu’il a appris ton arrestation, j’ai reçu la visite du sieur Gaëtan Manquedamour, capitaine de la Rondelle, lequel m’a raconté que tu es allé à Mouyse  rencontrer mon ennemi, et que ta petite chérie en est devenue l’otage. Les propos de ce capitaine qui a bien voulu témoigner ne sauraient, eux, être taxés de fables ni visions de folz, pour dire vrai ! Te voilà pendu, puisque c’est bien la seule façon de châtier ton affreuse félonie. En plus de diriger mon armée qui s’apprête à donner l’offensive générale pour écraser tes amis, sire Franquette de Labonne te remplacera aisément au poste de grand vizir, bien qu‘il n‘a su lui non plus dominer mon corps, si peu comme tu sais excité de noble fantaisie.

 

Sur sa paille qui n’était que vil fumier, Baristan ne sut que répondre. Trois jours plus tard, on monta une grue de bois toute simple dans la cour du château de Fion. De nombreux badauds apportèrent épluchures et cacas de chiens pour donner un coup de main au bourreau, alors que leur ancien vizir attendait sa condamnation au piloris, ployant la têtes sous les odieux gabois. Une tribune fleurie aux estranières de Fion fut agencée pour Amanda, sur laquelle elle siégea aux côtés de messire Franquette, en armure brillante. A l’autre bout d’icelle les tavernes étaient encore fermées en cette heure matinale, et beaucoup de fêtards dormaient sur les gravats. Mais Ducs, Comtes, Chevaliers et Bourgeois, avec de jeunes enfants dans leur panier, patientaient en mangeant leur pain noir bourré de fèves et de lentilles, achetées la veille rien que pour l’occasion à la cohue. On disposa le criminel sous la potence, en cloufichant sa langue rose tout en fouillant dans son nombril un brandon enflammé, ce qui le fit brailler par grandissime merveille. Le bourreau aux oreilles en feuilles de betteraves lui brisa posément de son bâton les bras et les jambes. Puis, d’une poussée de la trappe sur laquelle il se tenait branché la corde au cou, Baristan Lakeu quitta le temps présent, perdant au passage l‘une de ses poulaines en gigotant. Oubliant aussitôt le mort et le gibet, Amanda se leva de la tribune avec une certaine frisqueté, mais sans un mot, puis elle jeta un regard satisfait sur les catapultes et les tours d’assaut déjà concentrées en grand nombre et bon ordre aux abords de sa ville.

 

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Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:51:48
n°42939183
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 19-08-2015 à 14:09:45  profilanswer
 

Fiche métier

 

Aujourd'hui : Etageur.

 

https://zupimages.net/up/18/04/nzul.jpg

 

Selon une étude personnelle du pro-fesseur Talbazar le chômage a ceci de nocif qu’il augmente, mais aussi qu'il décuple le risque de s’adonner journellement à la masturbation par un facteur 10. Un homme soucieux de son audition, et plus généralement de sa santé, une femme qui craint que les sex-toys modernes ne la détournent des vrais mecs, autant de raisons nécessaires pour retrouver au plus vite un emploi. C’est alors qu’il convient de consulter les utiles et intéressantes fiches métiers de la Moyenne Encyclopédie.

 

Ses missions

 

Etageur, voilà un job parfait qui vient s’insérer à merveille dans une époque de mobilité exacerbée. Le meuble n’a plus la cote, il faut le remplacer par un dispositif plus souple. Impliquant dans sa pratique de savoureux tableaux vivants, il est bien entendu indiqué pour la reconversion du personnel d’encadrement. Sous la conduite d’un chef étageur qui supervise la construction du décor utile structuré par ses collaborateurs, l’équipe va s’employer à une fusion physique pour servir d’étagères, mais également de tout mobilier dont on lui passera commande. N’importe quelle pièce de la maison peut donc leur être confiée, sachant qu’une clause particulière de confidentialité s’attache à la salle de bain, aux toilettes et à la chambre à coucher. L’étageur a une triple mission : servir de meuble, meubler les conversation, offrir au mobilier qu’il incarne son propre design exceptionnel. C’est toujours un travail très humain qui pousse à l’étroit contact avec ses collègues, selon la place qui lui est réservée. Il faut souvent du temps pour trouver la bonne position. Le reste, c’est à dire l’essentiel, s’apprend sur le terrain. Un bon étageur organisé, efficace, rapide puis très patient accroche l’œil et fait plaisir à regarder, au-delà de son aspect utile. L’intérêt du métier d’étageur réside tout autant dans sa technique personnelle d’ameublement que dans sa relation avec les objets du client qu‘il sert. Porte-manteau (déjà illustré dans un article précédent) et table de salon sont proches de ses compétences, mais s’exercent le plus souvent en solitaire. L’étagement à domicile est par contre presque toujours un travail collectif.

 

Formation

 

CAP d’agent d’accueil, bac pro aménagement et petites finitions, avec un minimum d’expérience en installations rapides. Avoir été sous-officier dans la gendarmerie est un plus.

 

Rémunération

Son salaire est généralement proportionné à la taille de ses bras, mais comme lui, le salaire peut grimper, surtout en libéral. La paye tourne environs autour de 30 euros, pour finir.


Message édité par talbazar le 24-01-2018 à 12:54:47
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