Forum |  HardWare.fr | News | Articles | PC | S'identifier | S'inscrire | Shop Recherche
2960 connectés 

 


aimez vous être sondé ?


 
17.9 %
 5 votes
1.  Hummm...
 
 
3.6 %
    1 vote
2.  des fois.
 
 
10.7 %
 3 votes
3.  un peu..
 
 
7.1 %
 2 votes
4.  souvent...
 
 
10.7 %
 3 votes
5.  de plus en plus ?
 
 
0.0 %
        0 vote
6.  je ne peux m'en passer !
 
 
3.6 %
    1 vote
7.  c'est irrésistible !!
 
 
0.0 %
        0 vote
8.  tout le temps !!!
 
 
10.7 %
 3 votes
9.  encore, encore !!!!
 
 
35.7 %
 10 votes
10.  plus fort !!!!!!!!!
 

Total : 32 votes (4 votes blancs)
Ce sondage est clos, vous ne pouvez plus voter
 Mot :   Pseudo :  
  Aller à la page :
 
 Page :   1  2  3  4  5  ..  43  44  45  ..  93  94  95  96  97  98
Auteur Sujet :

La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar.

n°39812424
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-10-2014 à 15:13:07  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Giovanni Boldini (1842-1931)- Girl with a black cat.

 
http://img4.hostingpics.net/pics/3 [...] ackcat.jpg
 
Revue de presse
 
Aujourd'hui : Semaine de l'adoption.

 
http://img4.hostingpics.net/pics/4 [...] option.jpg
 
 
Revue de presse
 
Aujourd'hui : Un virus inconnu.

 
http://img4.hostingpics.net/pics/2 [...] nconnu.jpg

mood
Publicité
Posté le 17-10-2014 à 15:13:07  profilanswer
 

n°39848978
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-10-2014 à 16:20:45  profilanswer
 

Salon littéraire :

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 33.

 

https://zupimages.net/up/18/05/lmc2.jpg

 

Fière de son nouveau rang de sorcière royale, Gisèle baguenauda donc à diantre dans les ruelles de Mouyse, en attendant l’inévitable entrevue avec l’Ovoïde Métoian. Et vas-y que je prend à dextre, à senestre, et vas-y que je reviens sur mes pas pour visiter le marché aux voleurs, car la ville, bien que ceinte par de hautes murailles, s’étendait sur de nombreux hectares. Compte tenu de sa fausse apparence, chacun sur le passage de la sorcière officielle louait sa grande beauté, parfois avec lourde insistance et sifflets de gros cons. Elle transforma donc un de ces quatuor vocal en lézards par charmement, pour bien prouver à toute cette menuaille qu’elle n’était guère bon plan. Ainsi allèrent-ils au bout de leur destin d’hommes libres avec leur dernière idée au bout de leur longue queue agile, pendant que Gisèle s’appliquait dans son nouveau rôle et ne se trompait ni de moyen, ni de méthode pour se faire respecter. Aussi plongea-t-elle dans l’ambiance chaude de Mouyse, ses hauts balcons et ses rues sombres aux odeurs de baleines équarries. Elle s’arrêta au marché faire emplette pour elle-même de bougies et de lubrifiant, car si elle avait changé d’apparence physique, elle se savait toujours pour autant anatomiquement exacte. Elle chercha longuement au gré de sa promenade des corrélations possibles entre l’agencement des rues étroites et leur utilité, plongea dans le mystère insondable des portes grandes ouvertes, lorsqu‘elle entrevit quelques habitants devenus très charnels, car ils se souciaient peu de cacher, comme par exemple à Fion, l‘adultère ou le viol qui régnaient dans leurs murs. De ci, de là, quelques litières de riches Mouysériens circulaient au voisinage du sol sur des routes pavées de pierres plutôt polies. C’était à l’évidence un peuple très actif, composé de magistrats et de musiciens amateurs, de jardiniers spécialistes des rosiers et de factions belliqueuses à la solde du nouveau roi. Ils étaient d’une piété en apparence sincère à l’égard de Sainte Kramouille, bien que leurs prières ne soient que de simples murmures proches du discours politisé. La cité comportait en revanche très peu de romantiques, par décadence de race autrefois honorable.

 

Nul ne pouvait nier l’évidence, Mouyse était sous le joug de son nouveau roi. De nombreuses têtes jalonnaient sur des piques les chemins rectilignes, et la répression était devenue ici une sorte de modèle conceptuel. Par routine de métier qui n‘a pas de frontières, les soldats défrichaient tous ceux qui ne comprenaient pas dans ces caboches sanglantes de possibles œuvres d’art. Plusieurs fois confrontée à ces sinistres rencontres, Gisèle hâta son escapade. L’honnêteté intellectuelle de l’Ovoïde Vazy Métoian LXIX touchait cependant la plupart des gens, vu que de toute manière le commerce tournait rond. Bondissant vers un  ciel serein, le soleil apparut au-dessus des remparts pour éclairer la cité fantastique magnifiquement tracée. Traçant sa route  au milieu des silhouettes humaines qui s‘agitaient partout, sans se soucier des grands yeux implorants qui demandaient grâce, Gisèle continua tranquillement sa promenade pour se familiariser au mieux avec sa nouvelle ville. Un marchand ambulant au style primitif la poussa violemment sur le côté, elle longea par prudence un enclos où couraient quelques poules. La délation occupait sans doute une main d’œuvre nombreuse et l’accroissement de la population s’entendait dans toutes les chambres de cocus. Dans de belles fontaines aux eaux usées contre lesquelles des gueux se soulageaient par technique de grattage, quelques pêcheurs collectaient quand à eux des poissons à la pointe du harpon. Sourire aux lèvres, de belles jouvencelles galopant après les nobles démontraient vivre à l’évidence de la chasse au vison. Sur les terrasses disparates, beaucoup de jeunes paysans fauchaient leur herbe parvenue à maturité, contrairement à eux. Libations et réjouissances allaient donc sans doute se prolonger fort tard en la nuit. Conduite par ses déductions et variations de sa boussole aux portes du palais de son employeur, Gisèle décida finalement de sonner à la porte pour se présenter. Un garde la conduisit servilement devant le roi, d’abord d’humeur bougonne d‘être dérangé, puis subjugué par l’aspect irradiant de sa nouvelle sorcière. Il repoussa du pied sa dixième épouse, Angèle de Médededan, qui bien que fort jolie ne pouvait soutenir la comparaison.

 


– Ainsi te voilà donc ma nouvelle embauchée ? Tu vois que je suis roi du monde, et que je construis dans Mouyse un foyer de progrès. Tu sais lire dans les âmes, à ce qu’on m’a dit ?

 

– Ho je suis bien satanique, rassure toi, une qui connaît comme pas deux les forces universelles et sait lire dans le livre des destinées.

 

– Bon, on va voir ça. Transforme la en crapaud. Ce disant il désigna du doigt la pauvre Angèle, maintenant terrifiée.

 

– Top là, je connais mon boulot.

 

D’une formule sèchement formulée, Angèle de Médededan devint sur le champ un amphibien sautillant sur ses courtes pattes pour trouver la sortie. Son époux l’écrasa d’un seul coup de botte, laissant à la place sur les carreaux peints une peu ragoutante purée brune. La malheureuse souffrit de ses blessures environs deux secondes avant la fin de sa vie, au moment où Kramouille l‘emporta avec elle au ciel. Gisèle constata cependant au fond des braies du tyran une chose bien plus inquiétante, et qui semblait la concerner directement. Une ouverture de la braguette semblait d’ailleurs déjà propice à quelque écoulement. Cet espèce de grand snob tyrannique semblait visiblement en parfaite santé, mais quoi qu’il lui en coûta, la sorcière savait qu’elle devait taire en elle toute volonté de l’égorger, puisqu’il était son nouveau maître et le roi absolu de cette contrée. Enivré par la vision de la magicienne, espérant visiblement quelque heureuse ascension, Vazy Métoian éleva sa température et se déplaça ensuite avec de grands mouvements, après avoir fait sortir son engin, puis sa garde, afin de rester seul avec Gisèle. Celle-ci passa ensuite successivement du jaune au vert, puis du rouge au noir, ce qui affecta longtemps sa digestion, mais compte-tenu de la situation et ce bien malgré elle, elle s’exécuta docilement ; non sans songer distraitement à quelque promotion canapé possible, sous l’épée de feu de ce frénétique qui osait hanter en plein jour ses régions intérieures, alors qu‘elle accusait au bas mot plus de 112 ans.

 


https://zupimages.net/up/18/05/vk9p.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:24:42
n°39857848
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-10-2014 à 11:41:42  profilanswer
 

Revue de presse.

 

Ajourd'hui : Les petits poussaient.

 

https://zupimages.net/up/18/05/d3k6.jpg

 

Courrier des lecteurs.

 

https://zupimages.net/up/18/05/o1nd.jpg

 

Cher Pro-fesseur Talbazar,

 

Je me suis procuré votre splendide ouvrage « Comment se coiffer comme son chien », et je dois dire que c’est une véritable mine d’or pour tout ceux qui veulent ressembler à leur toutou. Désormais, ma petite chienne Calina ne refuse plus jamais de sortir dans la rue, et ma nouvelle coiffure fait l’admiration de toute les dames à Yorkshire de mon quartier.

 

Félicitations, de la part d’un lecteur assidu de la Moyenne Encyclopédie, Paolo Gram.

 


https://zupimages.net/up/18/05/yzft.jpg

 

Cher Pro-fesseur Talbazar,

 

C’est avec une immense joie que je vous écris pour vous remercier d’avoir porté sur le marché vos extraordinaires insectes à raser. J’en ai profité pour mettre sur pied un fabuleux élevage de Wilquinsonnus, famille des jillétoïdes, originaires des jungles Amazoniennes. Depuis, ces bestioles se chargent chaque jour de mon rasage, qui n’est donc plus une corvée matinale. Ce qui me fourni un temps précieux que j’occupe à mieux me laver les dents.

 

Mille fois merci, pro-fesseur Talbazar !
Hanss Demug.

 

Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : affiche de propagande 70.

 

https://zupimages.net/up/18/05/co44.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:31:44
n°39860510
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-10-2014 à 15:12:14  profilanswer
 

où l'on n'avance pas, mais bizarrement, où l'on ne recule pas non plus !

 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 54.

 

https://zupimages.net/up/18/05/my3q.jpg

 

Ewij connaissait à présent les égouts comme sa poche. Catacombes, petit et grand collecteur, aucun tunnel n’avait désormais pour elle le moindre secret. Sa jambe était guérie, mis à part quelques tiraillements sans conséquence, mais elle hésitait à retrouver la surface, qu’elle pensait avec raison trop dangereuse. Contrairement à ses premières prévisions, Fuzz la Glaire lui collait une paix royale. Elle savait qu’il se pointait de temps à autre dans sa chambre lorsqu’elle dormait, pour l’avoir souvent entendu se racler la gorge et sans doute autres choses, mais il ne semblait pas vouloir l’importuner davantage. La princesse était assez épatée de découvrir chez son sauveur une telle nature respectueuse, elle qui ne saurait sans doute plus jamais, depuis la mort d’Alphonse, concilier vie de couple et épanouissement personnel. Ils télescopaient leurs solitudes au milieu des égouts, où soufflait l’esprit du derche des Garatonkons d’une manière absolue. Plongé dans cette soupe, le travail de Fuzz était parfois pénible, mais il ne se plaignait jamais. Là non plus ce n’était pas le genre à s’endormir dans l’inaction et la prière. Il lui avait rendu son colt, qu’elle avait aussitôt testé sur quelques rats, pour vérifier son bon fonctionnement. Ewij renaissait donc de ses souffrances, sans pouvoir toutefois complètement écarter pour elle le spectre de la vieille fille. Pour Fuzz, lui même trop vieux et trop crade pour être séduisant, elle s’efforçait de se faire belle la nuit et aimable le jour. Souvent, elle le suivait sans rien dire, chaussée de cuissardes vertes trop grandes pour elle, avec dans les oreilles un air de rap sorti d’un walkman dont Fuzz lui avait fait le cadeau :

 

Dans ma cité
De proximité
C’est l’opacité
Les gars de la police
M’ont félicité
Quand j’ai balancé 
Mais les gars de la liste
Eux m’ont trucidé !

 

Billy le rat déplaçait beaucoup d’air, mais il s’était réellement pris d’affection pour elle, à tel point qu’il ne quittait guère ses épaules frêles. Il adorait la charrier sur son cœur de midinette, tout en surmangeant comme un goinfre, le bide proche de l’éclatement.

 

– C’est dingue, quand même, comment as-tu fait pour prendre de tels risques ? Ton guru c’était quand même le roi des cons. Sans doute chez toi un souci de maturation hormonale.

 

– Je t’interdis de dire ça, Bill. Le problème d’une bonne relation, ce n’est pas son fondement, mais son intensité, avec Alphonse, j’étais bien servie. La trouille révèle nos sentiments profonds et je n’avais pas peur de lui. Pourtant je sais que je l’aimais.

 

– Ouais, bon, syndrome de Stockholm et tout ça… Il t’as surtout pris pour sa marionnette, ce salaud. Tu savais qu’il faisait chanter le Pape avec ta rondelle sacrée ?

 

– L’amour est plus fort que tout mon petit Billy. J’espère que tu le comprendras un jour.

 

Le rat ne répondis rien, mais il savait que c’était d’elle qu’il était à présent amoureux. Il se colla plus près de sa nuque, en respirant à plein museau, comme une drogue dangereuse, son parfum en provenance du duty free du métro, un Chantal Thomas que Fuzz lui avait offert. Cela lui faisait l’effet d’un anxiolytique, mais peut-il y avoir séduction, si l’autre se montre imperméable à un autre sentiment qu’une simple amitié ? Lui osait s’arrêter de temps en temps de manger, pour oser l’aimer. Il se savait en cela fidèle à lui même. Les grognements de Fuzz la Glaire en faisaient parfois quelqu’un de burlesque, car ils venaient se rajouter à sa physionomie piquante. Comme si elle cherchait à le tourmenter gratuitement, Ewij se plaisait à se caresser en sa présence, ce qui semblait malgré tout fort à son goût. Ewij jouissait de cette perversion consciente où l’interdit devient légitime. Fuzz était pour elle l’objet défendu, mais elle ne pouvait rien contre sa volonté d’être dominée, ce qui rendait l’égoutier parfois terriblement tentateur. Elle espérait presque un abus en tête à tête, avec quelques nasardes à la clé, car ces charmantes modalités sexuelles avaient disparues avec Alphonse. C’était comme ça, son imaginaire amoureux nécessitait des baffes dans le cigare, le guru l’avait d’ailleurs immédiatement compris.

 

Mais avec Fuzz, pas de pouvoir abusif, cet idiot de bonhomme était même trop gentil. Ses simples contemplations nocturnes semblaient l’amener tout bonnement au bord de l’extase. Peut-être, se disait Ewij, que l’âge mûr rend les pulsions de l’âme moins criminelles ? Mais l’égout à la faune douteuse était un univers sans rédemption, d’une noirceur totale, dans lequel le trio plongeait pour traquer sans répit les rats en surnombre, attentif à la présence possible d’un boa traître ou même d’un crocodile. Comme, au comble d’une certaine jouissance, elle flinguait à mort les rongeurs véloces que Fuzz lui désignait, Ewij montrait à ses potes une figure de jeune walkyrie des enfers, et se révélait à eux comme la messagère céleste de leur salut. Ivre de la lumière, Ewij pratiquait dans le réseau labyrinthique des eaux usées une sorte d’auto-châtiment, au-dessous de la capitale ensoleillée, où se trouvait dans sa pauvre cellule sans verrou un placard fermé sur le colt de Bonnie Parker, froid comme un crucifix. Les crachats de Fuzz traçaient pendant ce temps des orbites douteuses vers les eaux amères, comme s’il devait à chaque instant régurgiter ses obsessions coupables, pour lesquelles finalement un de ces jours la princesse était prête à craquer.

 

https://zupimages.net/up/18/05/mczo.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:33:09
n°39879536
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 24-10-2014 à 10:06:31  profilanswer
 

     


https://zupimages.net/up/18/05/d1kt.jpg

     

 

Salon des inventions.

 

Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.

 

Aujourd'hui : L'appareil anti-mauvaise haleine.

 

https://zupimages.net/up/18/05/wqvl.jpg

 

Vous avez surfé assidument pendant des jours et des semaines sur “Catch.com”, le site de rencontre du pro-fesseur Talbazar, et puis vous avez fini par le coincer, l’oiseau rare. Vous êtes en effet tombé sur Michel Total, l’héritier des raffineries Total, dont la fortune est estimée estimable par tout les bédouins du désert pétrolifère. D’un QI de 724, l’homme est d’une beauté à rajeunir Georges Clooney, avec un corps parfait, un humour de bon aloi irrésistible et possède un pénis dépassant les normes en vigueur au Royaume-Uni, puisque les Anglais sont tous des petites bites. Hélas, votre proie se révèle tout à coup avoir des vices cachés. Désoeuvré en raison de son immense fortune, il boit de la bière toute la journée, n’a par contre jamais le temps de se laver les dents et se montre ouvertement, en matière culinaire, amateur fervent d’aïoli, sauce à base d'ail et d'huile d'olive qui servait de contraceptif à Marylin Monroe. Dès le premier rendez-vous, c’est la catastrophe, il vous a gratifié d’un sourire et tous les camions poubelles de Marseille sont entrés par grande chaleur dans vos narines, si sensibles qu’elle repèrent un étron de caniche à trois rues près.

 

C’est au-dessus de vos forces et nous le comprenons. Inutile de lui répondre sèchement, le remède serait pour vous pire que le mal, puisqu’une bouche sèche est un véritable réservoir à bactéries, vous prenez pour vous-même le risque d’une désolante contagion. Mais plus de panique, vous allez simplement brandir devant vous notre extraordinaire appareil anti-mauvaise haleine, lequel se présente sous l’apparence d’un astucieux faux-miroir qui filtrera à merveille les odeurs d’égout balancées dans votre face par votre précieuse conquête. Plus de ces haut-le-cœur qui vous empêchent de l’embrasser, plus de petits matins nauséeux où son simple bonjour vous entraine aussitôt sans prévenir dans la salle de bain pour dégueuler vos tripes. Nul doute que Michel Total appréciera quand à lui votre narcissisme assidu, et cette manie charmante et mystérieuse de vous regarder constamment dans la glace. Vous, vous ne craindrez plus le retour de ses dîners d’affaires. Vous allez pouvoir sans crainte racler amoureusement votre langue contre ses dents cariées.

 

L’appareil anti-mauvaise haleine est constitué d’une membrane imbibée puissamment d’eugénol, une huile essentielle aux puissantes propriétés antibactériennes, mais aussi d’extraits pressurisés de cardamone et d’anis. Un diffuseur chlorophyllien ajoute son action désodorisante et germicide. Mettez le simplement devant votre nez pendant que l’autre vous parle, pour vous protéger de son haleine fétide, et le tour sera joué ! L’autre fera circuler ses mots dans sa bouche infectée sans se douter de rien, ce qui évitera pour lui de stocker en trop grande quantité des propos vexants à l’arrière de sa tête. Notons que l’appareil anti-mauvaise haleine s’utilise à tout moment en autocontrôle, ce qui est très pratique en cas de tête à tête. Le dosimètre olfactif vous indiquera avec précision le seuil de tolérance admissible aux autres, ce qui vous permettra de renoncer à toute vie sociale en cas de dépassement. Le manche de cet engin d’un encombrement minimal est de plus spécialement étudié pour s’enfoncer dans votre gorge et provoquer au besoin un vomissement salutaire qui aidera à vous soulager de votre malaise instantanément.

 

Ce filtre essentiel peut aussi servir d’une manière fort pratique d’hygiaphone portable et vous protègera à chaque instant des germes nocifs et des postillons, pensez-y, car comme dit l’autre, winter is coming !

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Illustration d'art pariétal.

 

https://zupimages.net/up/18/05/1vju.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : les-enfants-pecheurs - Jules Bastien-Lepage (1848 – 1884).

 

https://zupimages.net/up/18/05/rtxr.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : playing-in-sand-laytown-beach.  Serguei Zlenko (1960, Georgian).

 

https://zupimages.net/up/18/05/mak2.jpg

 



Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:38:09
n°39899119
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-10-2014 à 16:07:31  profilanswer
 

https://zupimages.net/up/18/05/5mu3.jpg

 

https://zupimages.net/up/18/05/emvm.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : good-wives-demi-entered  : Salomon van Abbé (1883 – 1955, Dutch-born English)

 

http://img15.hostingpics.net/pics/209490goodwivesdemienteredSalomonvanAbb18831955DutchbornEnglish2.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : peinture à l'huile

 


https://zupimages.net/up/18/05/au1m.jpg

 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 18.

 

https://zupimages.net/up/18/05/3l9r.jpg

 


 Merdenkorinnanâr eut à peine le temps de comprendre que son commando venait de tomber dans le piège tendu par son ennemi qu’il reçut des nouvelles alarmantes de Thèbes, où Ramassidkouch s’en donnait apparement à cœur joie en abscence de son épouse. La récréation radieuse du trône semblait en effet lui offrir  l’occasion d’une rêverie débridée dans la couche de ses maîtresses, tout en lui fournissant l’opportunité de piocher dans le trésor de l’Egypte sans compter. Le royaume sombrait donc de toute évidence dans une dangereuse dispersion financière. Etrangement plongé dans un sévère mutisme rancunier, Tahosétlafer donnait l’image d’un sorcier neurasthénique, au tempérament mâtiné d‘un coup de gueule toujours possible. Il était surtout vexé que le coup de sa tempête de sable n‘ait pas donné les résultats escomptés. La perruque du général dorée à l’or fin se déboucla devant tant d’incertitude, d’autant que devant la résistance inattendue des pillards, nombre de ses soldats cherchaient leur salut dans la cuite. Il pouvait s’en rendre compte en les examinant au plus près des visages et des gestes, c’est sans doute pour ça qu’histoire de redimensionner le réel, il s’effondra lentement lui aussi, mais majestueusement, tout en gardant apparemment son angoisse publiquement sous contrôle. C’est dans une telle disposition d’esprit qu’un clairon vint le prévenir de l’approche encore lointaine d’un cavalier agitant un drapeau blanc. Il se leva de son lit d’apparat et envoya ses jumelles pour aller examiner de plus près ce qu’il en était ; elles revinrent un peu plus tard pour une mise au point et déclarèrent que d’après leur optique, l’inconnu était un messager dépêché par son chef, Dérokelbonfix. L’homme venait sans aucun doute demander rançon pour la reine. Ayant pour le moins raté sa logique de victoire, Merdenkorinnanâr se resservi trois pots de bière et attendit de pied ferme l‘estafette, du nom de Chidanlri. Ce dernier, un Amorite au front ceint d’un turban crasseux se montra de suite insolent, ce qui fit hésiter le général entre l’incision et l’écorchage, pour offrir à ses troupes une sorte de mélodrame éblouissant. Il en avait ras-le-bol de ces esclaves fugitifs qui contrariaient le voyage de la reine.

 

– Salut à toi, général avisé de la haute et basse Egypte, ce qui fait une moyenne. Mon chef à le sourire aux babines, car il détient la pharaonne en otage, ainsi que sa servante et l’un de tes officiers, que tu as eu la bêtise d’envoyer pour la délivrer.

 

– Un bon coup de massue dans la tronche, ça devrait faire à ton chef le calmant idéal, tu lui diras de ma part. C’est la différence entre lui et moi, entre un mec qui ne cherche pas des terres et des biens, mais des victoires. Guerre ou diplomatie, je m’en fous, du moment que je gagne.

 

– Voilà qui tombe bien, Dérokelbonfix a décidé de montrer à Néefièretarée comment monter au ciel sans utiliser de pyramide, si tu ne lui verses pas 250 tonnes d’or et  que soit décrétée l’indépendance de l’oasis de Foufoune en tant que pays libre et indépendant, d’ici trois jours. Et puis tu n’oublieras pas en pourboire un peu de butin et quelques captifs. Bon, salut, nos relations officielles touchent à leur fin.

 

 Il tourna la bride de son cheval pour s‘en aller, mais Merdenkorinnanâr lança à pleine volée sa lance dans le flanc de l’animal. La pauvre bête s’écroula brusquement sans prendre le temps de hennir. Un animal fut évidemment réellement  utilisé pour cette scène, pour plus de véracité.

 

– Trahison, fit l’autre en s’époussetant, c’est une infraction à ma neutralité !

 

– Un crime de guerre, ptèt aussi, fit Merdenkorinnanâr en prenant l’autre par le col.

 

Alors commença le travail d’exploration des tripes du messager par le glaive du général, au milieu d’un flot d’hémoglobine au groupe sanguin indéterminé. On fouilla ensuite son cadavre pour retirer de son pagne des chandeliers, des breloques en forme de scarabée, quelques sceaux et des cachets anti-diarrhéiques, sans compter certainement une envie posthume de mieux négocier. Mais il était bien mort, ce que salua l’armée toute entière en louant la dangereuse déesse Sekhmet, la déesse à tête de lionne. Merdenkorinnanâr épongea son épée sanglante sur la tunique de l’Amorite et demanda qu’on le colle illico dans le creuset d’une catapulte qui sentait toujours fortement le zébu.

 

– C’est quand même sympa, cette invention, on va gagner un temps fou.
 
 Il attendit toutefois la raideur cadavérique pour donner à la main droite de Chidanlri l’apparence d’un doigt d’honneur, puis il ordonna son lancé vers les lignes ennemies. Au terme d’une courbe parfaite, le messager balistique sol-sol s’écrasa dans un nuage de poussière aux pieds de Dérokelbonfix, au beau milieu du cantonnement pirate, avec son doigt toujours bien tendu dans un geste explicite à l’adresse de son chef.

 

– Loué soit Amon ! parce qu’avec ce doigt raidi, je préfère que Chidanlri soit arrivé de face et à mes pieds, fit seulement Dérokelbonfix, en regardant stoïquement ses hommes, eux-mêmes certainement aussi perplexes que soulagés.

 

Comme elle était à la fenêtre de sa prison, Néefièretarée avait tout vu, alertée par des bribes de voix. Elle battit des cils à l’adresse de Jésentilpèla en pouffant de rire, puis elle mordit dans un oreiller en le secouant pour se calmer, tellement la réponse du général la comblait d’aise.

 

– Eh ben mon fougueux Merdenkorinnanâr a du répondant, même si c’est pas très diplomatique, ça s’appelle donner sa réponse par retour de courrier !

 

– C’est marrant un filet de clepsydre, cette histoire, mais ça nous met en danger, car maintenant les pirates ne vont pas hésiter à nous tuer. Le scénario amena quelques larmes aux yeux creusés de cernes noirs de la jeune égyptienne. Devant l’aplomb hilare de sa reine, l’esclave les regretta aussitôt.

 

– Non mais franchement, Jésentilpèla, tu trouves pas ça drôle, la réponse donnée par  mon général ? en ce qui me concerne, j’apprécie sa ferme résolution.

 

– Forcément, tu es de la famille royale, ton maquillage est de meilleure qualité et ça te rend aussi émotionnellement plus stable.

 

– Bien sûr, je te le fais pas dire, c‘est pas pour rien qu‘on m‘aborde sans arrêt dans la rue, lui répondit machinalement Néefièretarée avec un excès visible de fierté, mais aussi  par disséquassions bien comprises des rapports de classes. Toi t’es hyperbasique comme fille de geôlier, normal.

 

– Quand même, n’oublie pas que nous ne sommes pas les simples hôtes de ces pirates, mais leurs otages.
 
 Elles se replacèrent ensuite à la fenêtre munie de barreaux pour suivre la suite des événements qui ne trainèrent pas, puisqu’elles virent qu’on amenait le pauvre Djôserlapéro-Légadi près d’une catapulte, après lui avoir lié les mains. Comprenant qu’on allait le balancer en plein vent contraire, mais pas vraiment chaud pour voler à quarante mètres au-dessus du champ de bataille, il se trémoussa comme un beau diable dans le but inutile de se libérer de la poigne des gardes qui le retenait fermement :

 

–  Hé, déconnez pas les gars, je suis pas volontaire et j’ai quinze gosses à nourrir ! un peu de patience, on finira bien par vous le filer, votre tribut.

 

Sourds à ses suppliques, les soudards le saisirent pour l’asseoir de force au bout du bras de l’engin, préalablement armé. Auparavant, Dérokelbonfix avait discrètement placé sur sa poitrine un rouleau de papyrus écrit de sa main, sans passer par un scribe pour être certain que nul autre que lui en dehors de sa fiancée ne le lirait, parce qu’il contenait un surprenant message.

 

https://zupimages.net/up/18/05/hnc0.jpg

  


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:46:27
n°39909809
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-10-2014 à 16:10:36  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : John C. Calhoun - Henry F. Darby (1829 – 1897)

 
Spoiler :


https://zupimages.net/up/18/05/sxc0.gif

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Seymour Joseph Guy (1824 – 1910) unconscious-of-danger

 

https://zupimages.net/up/18/05/m8b8.jpg

 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 34.

 

https://zupimages.net/up/18/05/9vjh.jpg

 

Le docteur Jason se basait sur l’actualité des travaux de son confrère le docteur James Braid, qui proposait l’utilisation de l’hypnose en médecine dès 1841. Selon cette étude, 90 % des patients pouvaient être perméables à la suggestion, il était donc très confiant pour Jhonny. Si tout se passait bien, la réactivation totale des souvenirs devrait survenir 38 ou 45 ans après le début du traitement. Par souci de vérifier l’analgésie suggérée, manière de voir où on était, Jason pinça férocement le téton gauche de l’amnésique, avant qu’il ne se mette à hurler comme un cinglé, tout en essayant de ne pas rater le visage du docteur pour le frapper violemment en réponse. Si de son côté Jason cherchait à l’endormir, sa lutte à lui n’avait rien de pacifique. Babette louchait sur la seringue de calmant qu’elle avait préparé, mais son chef lui lança un regard apaisant. Mais tellement apaisant !

 

– Bon, ok, ok, on se calme Jhonny, on recommence, car tu n’es pas prêt. Tenez le bien, s’il vous plait, Babette.

 

Le visage de Jhonny ne laissait rien afficher d’autre qu’une sorte de paranoïa désespérée, mêlée à de pauvres meuglements infantiles. Jouant de sa fragilité, Jason reprit la séance sans se laisser perturber par les bruits de larynx de son cobaye. Babette restait stoïque sous les serres tétanisées du malade qui lui perçaient maintenant douloureusement les bras.

 

– Cool, Jhonny, le monde est cool. Arrête de cramponner Babette, laisse-toi aller complètement. Il agitait toujours son pendule devant le visage conflictuel de l‘autre, et sa voix se fit plus beaucoup plus basse, sinon convaincante. Dors, Jhon, dors, dors, mon tout petit Jhonny.

 

Il se fit un silence, puis Jhonny l’envoya chier sur un ton beaucoup plus persuasif, tandis que ses yeux fixaient ardemment ceux du toubib, sans qu’il ne cesse de jouer des épaules et des bras pour s’arracher à l’étreinte vigoureuse de Babette. Jason menait son jeu tambour battant, sans plus de violence cruelle ; mais bien que déterminé, il constata au bout d’un quart d’heure plus épuisant pour lui que pour son malade, l’inutilité de ses efforts.

 

– Merde, y’a un truc qui cloche. Il essayait de comprendre ce qui n’allait pas. Les rideaux de la fenêtre était tirés, pour faire régner dans la chambre une pénombre réglementaire. Lui-même était à jeun et sans pensées négatives. Babette, lâchez-le, je vais tenter l’expérience sur vous, pour voir.

 

Babette relâcha peu à peu Jhonny. Intrigué peut-être par la nouvelle tournure des événements, il ne chercha plus des crosses à quiconque. Elle était ravie de se prêter à l’art de Jason, et constatait même déjà la cicatrisation rapide de ses bras, ainsi qu’une disparition efficiente de sa fatigue. Alors qu’il n’avait même pas commencé, la nervosité de la jeune femme s’apaisait spontanément et une sorte d’optimisme s’installait en elle, pendant que Jason plongeait ses yeux magnifiques dans les siens, tout en agitant vers son front tendu par l’offrande le long pendule en cadence. Elle loucha ses merveilleuses prunelles de droite à gauche, de gauche à droite, ce qui l’immergea aussitôt dans un état étrange, immédiatement sensible à une forte excitation. Soudain libéré, son utérus surtout se contractait pour mieux suivre le rythme du petit balancier doré qui filait sans s’interrompre au bout de sa chaînette. La peau des muqueuses de l’infirmière devint plus moite et sensible, ses troncs nerveux s’animèrent, toute sa volonté se trouva abolie. Livrée à la merci de l’expérimentateur, cet homme en plein forme qu’elle pouvait enfin affectionner sans retenue, elle ouvrit doucement sa blouse pour le laisser malaxer ses seins, car c‘était sans doute l‘occasion ou jamais. Elle écoutait la douce voix de Jason s’insinuer en elle comme une bière puissante et goûteuse. Tout allait terriblement bien, s’entendait-elle se susurrer à elle-même par hallucination auditive, Jason l’aimait, il n’aimait qu’elle, elle était heureuse et les enfants qu’elle aurait avec lui l‘aimeraient également. Coupée de son système encéphalique central, son corps voyageait en rêverie et nageait tout entier dans un bonheur indicible.

 

 Cependant, elle était bel et bien hors service. Jhonny riait à présent sous cape, car Babette venait d’enlever d’elle-même son soutien-gorge qu’elle avait balancé d’un geste vif à l’autre bout de la chambre. Puis, le sourire aux lèvres, elle resta prostrée dans un profond état léthargique en attendant les ordres. Elle plana comme un ange en traversant le miroir et profita de son vide exceptionnel pour jouir intensément une fois ou deux, tellement elle était enthousiasmée par la suggestion directe sous laquelle elle venait de se soumettre de bon gré. Tu penses. L’hypnose ne venait-elle pas de provoquer chez elle une folle invigoration en la soumettant complètement au désir de son cher patron ? Elle voulait tant à présent lui offrir ce matériel qu’elle ne pouvait lui donner par timidité et bonne éducation à l’état de veille, en prenant notamment de cette façon, sur cette petite chienne de Gwendoline, une solide longueur d‘avance. Elle se préparait déjà mentalement à se séparer du reste de ses vêtements, car une douce pornographie fleurissait en elle comme un somptueux défi. Elle se voyait bientôt lui lécher le torse amoureusement. Le sien était de toute évidence disponible.

 

– Vous voyez, Jhonny, les organes et le système nerveux de mon infirmière sont sains, il n’y a rien à dire à ma méthode. Vous ne donnez pas du vôtre, et voilà tout. Je le dis tout net, ça va pas le faire, votre imperturbable refus.

 

 Il se leva de sa chaise pour ouvrir la porte blindée et demander au flic qui gardait l’entrée de la chambre de bien vouloir rentrer. Le planton salua Jhonny, jeta un œil étonné à Babette qui paraissait dormir, toujours assise sur le lit dans une profonde inertie, mais avec les seins impudiquement dévoilés.

 

– Et bien je constate que l’atmosphère de la chambre 93 est on ne peut plus amicale. C’est quoi la tendance thérapeutique, ici, la guérison par la partouze ?

 

– Je suis confronté à une petite problématique, mon gars. Quelque chose qui s’apparente à un échec et j’ai besoin de vous pour vérifier un truc. L’évaluation est ce qui fait la force de n’importe quel protocole. Voulez-vous bien vous laisser soumettre à mon influence ?

 

– Je ne crois pas en avoir le droit, je ne reçois mes ordres que du commissaire Mensinq. Vous savez comme il est prompt à râler.

 

– Ho il n’en saura rien et puis vous ne pouvez refuser d’aider la médecine à s‘exercer. Je vous filerais discrétos cinq cent balles en plus, si vous voulez. C’est l’affaire de cinq minutes, après je vous libère. Mais je dois savoir pourquoi ce mec est réfractaire, alors que je fais visiblement tout bien. Si ça ne marche pas, je laisse tomber et je m’avoue vaincu. Un succès m’offrirait par contre à une clientèle plus large, vous voyez que c’est sérieux.

 

– Finalement,on se fait beaucoup d’idées sur les cliniques, hein, le travail ici est franchement plus drôle qu’à l’usine ! Il louchait ceci dit sans vergogne sur les beaux  nichons de Babette toujours exposés. Bon, mais faites vite alors, parce que me faire hypnotiser, c’est pas inscrit dans ma fiche de poste, et ça fera plutôt huit cent tickets, si vous voulez bien. J’ai un peu d’ambition, comme tout le monde. Je vous fais confiance, docteur, mais quoi qu’il arrive, je tiens à préserver mon anonymat.

 

– Ho ne t’inquiète pas pour ça ! assieds-toi là. Il se prépara à être impassible, mystérieux, maître de lui mais encore plus de ce flic sympathique, quoique cher.

 

Celui-ci était bonne poire, Jason l’envoya en moins de deux en transe profonde, car le miracle eut lieu. Les petits yeux mouillés du planton clignotèrent comme un camion de livraison sous l‘action du pendule, il tomba rapidement dans un somnambulisme pâteux, puis il sembla dormir paisiblement sous l’ordre d’état zéro que lui avait commandé Jason. Niveau 30 sur l’échelle de Davis et Husband. Le top. Un pic de bon aloi, décidément le talent de Jason n’était pas en cause dans ce non processus qui touchait par manque de bol l‘amnésique. Le nouveau ronfleur prit aux côtés de Babette une position complètement immobile. Essayant de ne pas s’agacer inutilement, Jason se remit bien en face d’un Jhonny, cette fois plus amusé qu‘effrayé, dont il vérifia soigneusement le regard posé, selon l’injonction inébranlable, sur le pendule bien tendu.

 

– Bon, ce fonctionnaire de police estourbi par mes soins patauge désormais comme prévu au sein d’une amnésie hypnotique systématisée. Jhonny, mon bonhomme, maintenant faut pas me faire chier. Donc, par transmission d’images en temps réel, je te dis que tes paupières son lourdes et que tes godasses pèsent trois tonnes, tes bras et tes jambes ont le poids d’une cimenterie à bunker Nazie, ta respiration fait envie aux gros fumeurs et quand je vais placer deux doigts de ma main gauche devant tes yeux, tu vas dormir immédiatement. Tu ne sens plus rien, tu ne vois plus rien et le sommeil va venir à trois, attention : un, deux, trois !

 

Si Jhonny ne broncha pas, Jason en revanche s’écroula bien à plat sur le lit, car il venait de recevoir un étrange feed-back en s’hypnotisant lui-même, les paupières collées par sa transe cataleptique. Une interruption soudaine et totale du trafic de la moindre pensée. Un peu désemparé, mais à vrai dire seulement cinq secondes, savourant un instant le tableau cocasse offert par les dormeurs réunis dans le même brouillard sur son lit, indifférent à l’indécence topless d’une Babette toujours béate, Jhonny les ligota ensemble avec la longue et dernière écharpe qu’il avait tricoté. Puis il se dirigea vers la porte de sa chambre qu’il quitta discrètement, pour se lancer d’un cœur éperdu dans la quête de Jeanne, guidé par l’intuition qu’elle ne serait pas très loin.

 

https://zupimages.net/up/18/05/25ar.jpg

 


Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Peinture à l'huile

 

https://zupimages.net/up/18/05/zej8.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:52:01
n°39917012
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-10-2014 à 11:30:49  profilanswer
 

Et dire que je suis en vacances, pfff !

 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 55.

 

https://zupimages.net/up/18/05/z5m2.jpg

 

L’inspecteur Marlou suggéra et obtint auprès de Carla qu’elle procède à la fermeture temporaire du clandé. Toutefois, les frères Delacotte renâclèrent pour le principe, arguant le manque à gagner qui allait pour eux en résulter :

 

– On est pas du genre à baisser notre froc devant le gars Beau Brown. Si il cherche des noises on l’enverra rejoindre l’autre pomme qui lui servait de caissière. Au pays des supporters, mais pas à coup de torgnoles ce coup-ci, plutôt avec de bons pruneaux d’acier.

 

Afin sans doute de se rendre plus convaincant, Jules tapotait en parlant la crosse de son lourd python 44 magnum. Restait le problème délicat du recyclage de Joe Di Macho, et il n’existait pas de couleur de poubelle pour ce genre de déchet. Comme à son habitude, Jim évitait de s’exprimer. Babe buvait sa bière à même le goulot :

 

– Je savais bien qu’avec vous il y aurait des nids de poule dans le bitume.

 

– Et ben comme ça, au moins, si on met le Lagon Bleu en vacances, ton petit cul aura le temps de ventiler.

 

La bière vola au-dessus du bar pour manquer de peu le Jules en pleine poire.

 

– Ca suffit ! fit Marlou. Il faut nous débarrasser du Joe.

 

– Il s’appelait Bernard, notre syphilitique. La Gorette était fière de son savoir et de pouvoir le partager. Di Macho, ça faisait plus Cosa Nostra, vous voyez le genre ?

 

– Tu parles qu’on s’en fout.

 

– Je sais ce qu’on va faire, on va coller notre loser dans une baignoire remplie de débouche-évier. C’est un produit légal et l’acide va nous le grignoter comme il faut. On passera par la bonde ce qui restera. Et puis comme ça les canalisations de la boite seront nettoyées pour dix ans.

 

– Pas con ça, tiens.

 

 Kiki s’était niché avec un soupçon de délice sur les genoux de Babe, laquelle était toujours quelque peu énervée. Elle lui lissait les poils nerveusement en regardant Jules de travers. Lui semblait vouloir oublier l’incident. Il caressait doucement les jambes de Valéria et paraissait visiblement apprécier le velouté de ses bas noirs impeccablement lissés sur sa peau. Le nylon renvoyait des lueurs moirées dans la lumière un peu chiche de la semi-obscurité du bar. Valéria torchait tranquillement son cocktail, mais chacun savait que la mort de Joe lui collait trois quart de trouille. Elle décrocha pourtant ses lèvres de corail du tube de sa paille pour se tourner vers Gouinette :

 

– Et qu’est-ce qu’on sait exactement de ce beau Brown, au fait ? Il n’est peut-être pas aussi dangereux qu’on le croit.

 

– C’est le propriétaire du Triangle d’Or, un cabaret d’apparence normale dans lequel il siège à demeure, pendant que ses poules tapinent toutes au Reichstag, une boîte cosmopolite bien connue des banlieusards extra-muros. Si il apprend que Joe Di Macho a mangé son bulletin de naissance ici, on peut penser qu’il va se venger, par médisance de jaloux, c’est certain.

 

– Et qui c’est qu’irait lui dire ? demanda Carla, ça ne me semble pas l’intérêt des croupiers. Harry le Chacal n’a pas non plus l’air d’avoir un haut-parleur dans sa poche, mais plutôt un dégommeur à cons, d‘ailleurs. Bon en même temps, c’est vrai qu’on avait encore des clients quand l’autre pomme a démarré son cirque.

 

– On verra bien fit Marlou, en attendant, on ferme la lourde et on fait ce que j’ai dis.

 

– D’ailleurs, intervint Ashley, on choisi quoi comme déboucheur: : liquide, solide ou gel ?

 

– Tu parles qu’on s’en fout, du moment que ça liquéfie Bébert ! Faudra aussi acheter des gants, pour éviter de se brûler les paluches.

 

– Ouais, crut bon d’ajouter Jules en s’esclaffant, et pis ça lui soignera sa chtouille pour de bon.

 

Marlou lui fit bonne mine d’un air forcé, puis il enlaça tendrement Carla, comme si il n’y avait plus rien à rajouter. D’une certaine manière, il confirmait son leadership sur ce petit conseil d‘administration, par conscience groupale. Il libérait la parole inconsciente de tout le monde en exigeant une action rapide. Il savait qu’il aurait dû épurer certains éléments un peu trop stationnaires pour éviter toute nouvelle crise, et régler leur compte aux frères Delacotte ; mais les évincer prématurément constituait un rempart de moins contre Beau Brown. Ils étaient désormais plongés dans le même bain, après tout plus confortable que celui qu’ils projetaient pour Joe. Un temps viendrait ou il devrait certainement éloigner Jule et Jim et leur pensée matoise avec lucidité. En toute circonstance, il valait mieux s’assumer que nier. Les doigts bronzés de Carla frémirent et se crispèrent sur sa cuisse, avec une certaine nervosité, puis son regard sembla se perdre sur la fresque dessinée sur le mur du fond. De l’idée du meurtre au sang versé, il n’y avait chez les frangins aucune différence, mais les sœurs de Gino ne partageaient en rien ce goût du baston gratuit. Elle attendrait l’ouverture du supermarché pour acheter sa propre part de débouche-évier sans aucune impatience. Elle aimait les plantes qui fleurissaient l’hiver, les placards bien rangés et le sud de l’Italie. Ses tréfonds flambèrent, car un baiser de Marlou sur sa nuque vint chahuter ses entrailles. Derrière le bar, Gino lui souriait dans son cadre posé juste à côté d‘un crocodile empaillé, comme si l’ancien patron du Lagon Bleu  bénissait en noir et blanc la liaison de sa sœur avec le privé.

 

Le lendemain, Gouinette Patrol travailla seule à mettre les fringues ensanglantés de Joe dans un grand sac poubelle, pendant que les autres allèrent chacun s’acheter dix litres de déboucheur chimique dans différents commerces de la ville. La rousse trancha les liens qui ligotaient toujours les poignets du cadavre, et elle eut beaucoup de mal à faire jouer les articulations blanchies. Il avait toujours sa sale gueule de pas possible, accentuée par tous les coups qu’il avait subi. Harry le chacal claqua violemment la porte après être revenu de son tour en ville. Jules et Jim portèrent leur victime à l’étage, Marlou distribua les gants et l’on posa Joe au fond de la baignoire. Ensuite, avec un geste de bravade applaudi par les autres, Babe déboucha son flacon la première et il fut procédé au remplissage de la petite piscine à macchabé avec le produit chimique, en faisant gaffe de ne pas tacher le joli carrelage myosotis de la salle de bain. Babe insistait durement là-dessus, vu qu’avant les événements, c’était la sienne. Il fallu prendre un peu de recul, parce que la toxicité du dissolvant ne faisait guère de doute aux narines, et l‘étiquette qui insistait sur cette mise en garde n‘était pas uniquement informative. Une espèce de mousse dégueulasse se forma rapidement autour du corps. Plongé désormais dans son bain d’hypochlorite de sodium, son gros visage couché contre la faïence, Joe lâcha quelques bulles et on ferma la porte à clé pour le laisser tranquillement devenir l’homme invisible. Alors qu’il redescendait l’escalier, Marlou s’empara de son téléphone qui venait de sonner. C’était Géraldine Kidor :

 

– Marlou ? j’ai comme qui dirait une bonne nouvelle. Notre enquête avance, mes services seraient peut-être de nouveau sur les traces d’Ewij Nikasek, ça devrait briser ton train-train quotidien, surtout qu‘on est bien d‘accord que je t‘aide matériellement. Il est important pour tout le monde de ne pas perdre la face, n’est-ce pas ? Je t’embrasse très fort en attendant que tu rappliques honorer ton contrat, et mon mari se joint à moi. Quand tu reposeras les pieds au Gurukislapet, profite-en pour visiter l’arrière pays, il y a partout des châteaux forts magnifiques.

 

L’inspecteur laissa errer pensivement son regard sur le scintillement des rubis de Carla. Les boucles ajoutaient de plus des reflets cuivrés et les dentelles noires de son corsage, pourtant moderne, semblaient tout droit sortir d’une vieille malle de famille. Elle ressemblait au portrait racé de la femme de chambre d’une princesse Italienne qu’il avait déjà vu sur le mur d’un musée.

 

https://zupimages.net/up/18/05/201c.jpg

  

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Loren Entz (1949)-fresh-bread.

 

https://zupimages.net/up/18/05/1hzt.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 09:54:47
n°39930510
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-10-2014 à 14:26:32  profilanswer
 

Salon littéraire :

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 34.

 

Avec une nouvelle carte mise à jour pour servir à l'entendement de ce fantastique récit de fantazy du sous-genre Fentazizi :

 

https://zupimages.net/up/18/05/qprx.jpg

 

https://zupimages.net/up/18/05/5qde.jpg

 

Prétextant son désir de revoir quelques unes de ses terres éloignées, le grand vizir Baristan Lakeu se rendit en catimini, sans rien dire à la reine, sur le beau port de Fion où il comptait embarquer pour se rendre en secret à Mouyse, car Vazy Métoïan l’avait fait mander. L’Ovoïde voulait s’entretenir avec lui de vive voix de ce qu’il advenait de cette communauté de la gnôle, ces chevaliers ronds comme des tables dont personne n’avait plus aucune nouvelle. Le tyran voulait également lui présenter sa nouvelle sorcière, histoire de faire comprendre à son complice qu’il avait désormais les moyens de s’occuper de son cas à distance. Le traître Baristan emmenait avec lui sa petite femme Marie Stetarte, car il ne pouvait plus s’en passer.

 

– Tu es la lune de mon lit, lui disait-il tout le temps, je t’aime et je sème éperdument.

 

– Mon grand vizir, que jamais n’apprenne ta main gauche le bien que me fais ta main droite, je vois que tu sèmes aussi, mais vois bien que je sème assise !

 

La grande rue qui conduisait au môle de la ville était jonchée de sable pour éponger le passage des chevaux. Demoiselles et belles filles de Fion prenaient place aux balcons de leurs appartements avec vue sur la mer, dont les loyers étaient fort coûteux. On entendait en effet sonner la cloche à chaque départ d’un navire, pour avertir les amants des femmes de marins, dévêtues de soie ou de fine toile blanche, du départ du mari. Mal de mer n’était donc pas pour ces finaudes gourgandines synonyme de mal d’aimer. On déchargeait ainsi comme furieux en esbattements joyeux dans chaque recoin des quais. Bois de construction et bois à brûler étaient posés en hautes piles sur les pavés rongés par les embruns. De grands escaliers monumentaux, sur lesquels glissèrent méchamment Baristan et Marie, permettaient de descendre au niveau des flots pour accéder aux embarcadères, incinérer les morts, pêcher la sardine, se baigner et faire la lessive. A l’horizon, sur une mer encore plus houleuse que les hanches de la reine, de gros vaisseaux portés par des vents déliés trafiquaient, sur les proches côtes battues par les ondes desroyées, leurs cargaisons de pinard, de viandes variées, de farines illicites et autres victuailles nécessaires à des vies de clients. Des échoppes bariolées et accolées nombreuses près des flots vendaient du pain noir et moisi, du vin coupé d’eau de mer, des fruits au sirop coupés en tranches et des statues en cire de Sainte Kramouille que prient les morts en mer. Sur les pontons branlants, des gars en pyjama roulaient des mécaniques et attrapaient leur suée à rouler des barriques descendues par les ponts supérieurs. Car Fion exportait dur aux pays alentours, dans cette contrée qui la séparait de Mouyse et qu’on appelait L’Hyperbourrée. Dans ce port grouillant, les putes mises en selle par de vilains maquereaux apprenaient là les secrets du métier. On coltinait partout grande abondance de sel et du blé qui marquait les vêtements. Du haut des nombreux mats des bateaux amarrés, lesquels poussaient au milieu des ponts à trente bancs de chaque bande, des matelots braillards, profitant de la constance des vents, chiaient du haut des hunes, quand d’autres leur répondaient en nageant dans les cales inondées. La mer déferlait donc souvent sur le tillac toujours occupé, où le besoin multipliait les cloisons et où quelque coffre leur servait mal de lit.

 

Baristan rejoignit la capitainerie pour aller tamponner son billet de la guilde. Par privilège d’accès compte tenu de son rang, il avait ainsi possibilité de faire amplement provision auprès des magasins à prix favorisé, et y acheter par billet de banque de quoi se munir de biscuits, sa petite femme et lui, pour se nourrir pendant leur longue traversée sur la mer de Cybrine. Le chef de la guilde leur proposa d’embarquer sur une nef justement prête à appareiller :

 

– C’est une Nef de deux cents tonneaux qu’on nomme "la Rondelle", à cause de sa maniabilité au vent arrière, sa légèreté et surtout sa vitesse. Elle est commandée par un ancien capitaine de galères, un copain que je connais bien et qui gardera silence, car je sais que vous y tenez.

 

– Dans combien de temps met-elle au vent ?

 

– A vue de nez dans trois heures, messire, si les matelots ne font pas grève, ça vous laisse largement le temps de baguenauder.

 

– Voilà qui roule, mais nous ne sommes point là pour danser la carole. Et il paya son dû.

 

Ils allèrent donc ensuite main dans la main trouver taverne à trois sous la pinte et demy pour attendre le départ. Coincées entre brigantins et galions, certaines caraques aux voiles ferlées portaient fièrement leurs étendards de guerre, car la mer de Cybrine s’infestait de pirates et de bateaux de Mouyse, contre qui Amanda avait toujours méfiance. Cette pauvre reine qui ramait dans l’amour à cause de sa galère ne pouvait se douter que son vizir allait à la rencontre de son pire ennemi. Ils retrouvèrent l’effervescence du port défendu par quatre hautes tours, où des barques aux poulies pourries rebouchaient leur voie d’eau en goudronnant à vue pour s‘apprêter à culer. Voyant ces caravelles mouiller en rade, cela donna à Marie l‘idée de prendre hôtel, mais ils n’avaient guère de temps devant eux, et Baristan la pressa d’oublier cette idée, tout en la pressant contre lui en râlant, car des ivrognes la sifflaient au passage sans égards pour son rang, trompés par le fait qu'ils étaient habillés sobrement.

 

– Laissons là ces dervés, ma mie, car je pige une auberge qui m’a l’air bonne à voir.

 

– Je verrais bien ces porcs flanqués au fond des eaux, pour ma part. En revanche, elle devait pourtant reconnaître que quelques beaux mecs musclés occupés à étalinguer leurs câbles lui donnaient bon tournis.

 

En pénétrant dans la taverne, Baristan nourrissait quelque peur d’être reconnu, mais il était fort probable qu’aucun courtisan ne soit attablé dans ce boui-boui. En effet, ils commandèrent deux bières dans l’indifférence générale. La gente ratière passa sans prévenir entre leurs guiboles en effrayant Marie. La bière était noire et amère et leur vida les bourses, puis ils découpèrent des tranches de leur bœuf séché sans plus rien dire, sous les regards avinés des autres clients. Des laquais s’étaient mêlés aux marins pour jouer aux dés, et d’autres remorquaient leur potes enivrés vers les chambrées du premier étage. L’endroit puait la bagarre et le butin possible. Comme l’air devenait irrespirable et que s’entendaient dehors les réjouissances de quelques jeux nautiques, Baristan pressa sa femme de quitter son banc pour retourner dehors. Un soleil mitigé lâchait de pâles rayons sur les barques et les caravelles et l’eau perlait sur le jas de l’ancre d’une nef, vu qu’on était à grands efforts en train de la relever. Baristan nota aussitôt le nom de ce bateau gravé sur le château :

 

– Par sainte Kramouille, loué soit son nom, mais voici la Rondelle, qui est justement l’esquif qui nous mènera vers Mouyse.

 

– Mais mon mari, comment ferons nous, puisque aucun bateau de Fion ne saurait y accoster ?

 

– J’ai fait accord avec Vazy Métoian, qui enverra sa barque lorsque nous approcheront de ses côtes. Nous lâcherons vers lui un poulet messager.

 

– C’est quand même trahison envers la reine de Fion, beau doux ami. Elle ne s’intéressait pourtant guère souvent au travail de son époux, et ne voulait plutôt voir dans ce voyage qu’ils entreprenaient qu’une amusante croisière.

 

–  Mais oui, mais oui, je te l’ai déjà dit, si tout va au mieux, c’est toi qui sera la prochaine, quand je monterai moi-même sur le trône, puisque nous sommes mariés, ce sera récompense méritée.

 

Comme elle était douée d’un optimisme réjouissant, cette réponse dans sa suffisance combla finalement d’aise Marie Stetarte. Lui héla de la main des marins bien montés pour descendre une passerelle qui les conduise à la Rondelle. Plus de cent mulets qui patientaient derrière en profitèrent aussi.

 

https://zupimages.net/up/18/05/21za.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 11:53:04
n°39938323
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-10-2014 à 08:47:47  profilanswer
 

Revue de presse
 
Aujourd'hui : C'est la grève.

 

https://zupimages.net/up/18/05/v3c4.jpg

 

Revue de presse
 
Aujourd'hui : Combustion spontanée.

 

https://zupimages.net/up/18/05/db8y.jpg

 

Revue de presse
 
Aujourd'hui : Noyée dans sa voiture.

 

https://zupimages.net/up/18/05/jdg4.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 11:56:01
mood
Publicité
Posté le 30-10-2014 à 08:47:47  profilanswer
 

n°39944206
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-10-2014 à 15:56:14  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 35.

 

https://zupimages.net/up/18/05/1jwi.jpg

 

L’infirmière inconsciente perdit les pédales pour découvrir qu’elle avait un corps. Grisée par l’étreinte brûlante imposée par Jhonny qui la ligotait contre le dos puissant de Jason, Babette imagina de coller comme une offrande sensuelle sa petite culotte rouge dans la poche du toubib, mais elle ne pouvait pas bouger. Elle tourna son cou par un effort extraordinaire pour tenter de donner sur la joue de Jason un baiser chaud et long comme l’éternité, mais elle n‘y parvint pas. La proximité des solides genoux de l’homme qu’elle frottait jouait sur ses cuisses endiablées un cérémonial lent et raffiné qui chassait toute peur et toute réticence. Chahutée par une fougue incessante, dans une vigoureuse résistance entre l’humain et la matière laineuse de l‘écharpe rose tricotée par l‘amnésique, ses hanches prisonnières balancèrent en une cadence indécente, son petit fourreau moite appelant le gros chibre tendu de son patron, du moins voulait-elle dans son hypnose le supposer ; elle, légère comme une brise d’été, tout son corps enlacé épris de liberté, qui s’abandonne et se donne à la puissance de ses sentiments. Car elle se sentait tout à coup heureuse et fascinée. N’était-ce pas cette ivresse absolue qui faisait dire au poète que l’on dansait sous les étoiles du firmament ? était-ce maintenant la lune qui lui offrait tendrement les bras, ou simplement la lumière de la lampe de chevet qui soudainement l’inonda comme un brûlant soleil, lorsque Gwendoline l’alluma en jurant ? Brutalement réveillée, Babette devint subitement comme orpheline de sa bouche, de ses bras, de ses yeux, devant la figure sévère et ahurie de sa collègue blonde qui n’en finissait plus de balancer des interrogations coléreuses :

 

– Espèce de salope ! non mais c’est quoi ce cinéma ?

 

Toujours à moitié dénudée, Babette se sentait comme un pauvre oiseau de mer lissant ses plumes mouillées par le pétrole. Dans un premier temps, devant le tableau étonnant formé par les dormeurs enlacés assis sur le lit, Gwendoline avait pensé que c'était un mirage, une illusion causée par l'ombre de l’armoire avec la forme de la couverture, puis elle vit qu’elle au moins ne rêvait pas. Que Babette collée contre Jason était bien torse nu. Mais carrément les tétines à l’air. Jason et le flic semblait toujours plongés dans un profond sommeil.

 

– L’hypnose a mal tourné, Gwen, Jhonny a filé. Il faut réveiller le docteur sans attendre.

 

Remettant ses griefs contre elle à plus tard et constatant que ce que qu’elle disait était sans doute vrai, puisque le 93 n’était plus dans la chambre, Gwen délia promptement l’écharpe et s’acharna comme une folle à extirper les dormeurs de leur coma apparent, en effectuant avec science de furieuses passes magnétiques. A la grande stupéfaction de Babette, dont la tête sonnait à présent comme à la suite d’une nuit d’ivresse, cela marcha si bien que Jason revint subitement à lui. Le cri qu’il poussa en découvrant l’évasion de son patient appela à une fraternité immédiate de ses infirmières. A peine remise de sa délicieuse expérience traumatique, Babette avait piteusement ramassé son soutien-gorge sur le sol pour se l’enfiler face au mur de la honte, le regard insistant du planton lui faisait en comparaison de l’indifférence de Jason une sorte de contraste scandaleux. Le flic tirait une drôle de tête, car le commissaire Mensinq lui avait clairement défini un territoire à garder, et lui avait laissé filer l’amnésique. Autant dire que ça allait barder pour son matricule. La police suisse ne rigolait pas avec les procédures d’éloignement. La possible menace de se retrouver à surveiller des vaches à cloches dans un bled peaumé fit fuir en lui tout angélisme, et il fonça comme un beau diable dans les couloirs de la clinique dans l’espoir de retrouver à temps l’évadé. Ce dernier avait cependant eu le temps de retrouver Jeanne, qui l’avait placé de suite en zone refuge dans une réserve de médocs où on mettrait certainement beaucoup de temps à le trouver. En attendant la naissance possible d’un bébé, ils firent longuement l’amour au milieu des boites d’Oméga 3 générique. Par grande collision, les forces de frottements s’accélèrent pour assouvir ce coup de foudre qui venait à nouveau de les réunir. Jeanne fut propulsée dans un petit nuage de haute énergie lorsque Jhonny lui arracha son slip, quand ses doigts s’approchèrent de la valeur critique en se propageant dans son canal bouillant, puis lorsqu’elle quitta le sol sous la poussée ardente de son sexe tendu qui la pénétra sans attendre. L’orage des sens entraina une décharge intense, avec présence de gouttes et autres phénomènes en cascades qui les entrainèrent dans une avalanche de plaisir bienfaisant. Liliane qui était entré dans le cagibi sans rien dire était là aussi, en train de les regarder sans perdre une miette du spectacle. Les chaussures de Jeanne arrachaient encore quelques électrons à la moquette, lorsqu’elle remarqua enfin la présence de l’ado :

 

– Qu’est-ce que tu fais là ? je t’ais pas invité, non mais !

 

– Oh it’s enough. C’est jhonny, lui, ton amourrrrreux ?

 

Voyant que de toute façon la messe était dite et craignant que Liliane ne fasse découvrir Jhon, Jeanne répondit en lâchant encore dans sa voix quelques bouffées de chaleur :

 

– Oui, et maintenant, tu sors.

 

Mais des bruits de pas et des voix hautes venus du couloir se firent bientôt menaçants. C’était clairement le timbre de Jason qui engueulait Babette et Gwendoline :

 

–  Trouvez moi Jeanne, tout de suite, je la veux !

 

Lorsque Jhonny remit sa chemise dans son pantalon et referma sa braguette, Liliane étudia pensivement la zone étudiée, probablement pour parfaite son étude personnelle sur la reproduction. Elle avait bien noté le statut reproductif de l’ami de son amie, avec un intérêt d’autant plus grand qu’elle était elle aussi un mec. Il était mieux monté qu’elle, ceci dit, ce zèbre, mais c‘était peut-être une simple question d‘age, voir d‘entrainement. Et puis d’ailleurs chez les zèbres, les jeunes femelles restaient avec leur mère jusqu’à ce qu’elle fassent leurs propres petits. C’était donc chouette de ne pas être une fille, elle trouvait, car ce serait pour elle une chance d’échapper à sa garce de mère évangéliste qui l’avait toujours considérée comme une petite fille. Jeanne était déjà en train d’enturbanner la tête de Jhonny dans un invraisemblable réseaux de bandage blanc qui le rendait méconnaissable. Elle se pencha vers Liliane, car il était plus petit qu’elle :

 

– Tu fais sortir Jhon de la clinique, et c’est promis, je t’emmène avec nous.

 

https://zupimages.net/up/18/05/e4l0.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 11:58:01
n°39949503
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 31-10-2014 à 09:18:50  profilanswer
 

Revue de presse
 
Aujourd'hui : Elles se battent pour lui.

 

https://zupimages.net/up/18/05/tteq.jpg

 

Revue de presse
 
Aujourd'hui : Ils se battent pour elles.

 

https://zupimages.net/up/18/05/kvvt.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 11:59:41
n°39968075
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 02-11-2014 à 14:24:14  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 56.

 

https://zupimages.net/up/18/05/nmn5.jpg

 

Trois jours plus tard, le gars Beau Brown gara sa belle Porsche grise comme un goret. Il en descendit tranquillement, vaguement aux aguets, pour marcher sur le trottoir. Il était seul. La quarantaine en route et d’une structure robuste, de beaux cheveux bruns soigneusement peignés sur le caillou et des yeux de play-boy, aussi bleus que ceux de sa mère, soi-disant. Une gueule acérée comme la lame d’un couteau de boucher. Il avait cette manie dandy de se fringuer chaque jour avec des costards blancs et montrait tout d’une belle ordure, également. Comme marqué par son destin, il avait même flingué sa maman en naissant et son grand père en grandissant. Son père, il ne l’avait jamais connu. En raison de ses frasques précoces, sa grand-mère était morte de chagrin, sans qu’il eut honte de l’avoir ruinée. Il avait hérité dans les règles du Triangle d’Or, autrefois propriété de son beau père, après avoir occis l’ancien d’une bastos dans le dos, et puis sa propre femme un an plus tard de huit coups de marteau. Cinq ans de cabane pour crime passionnel, où il avait soigneusement travaillé son relationnel, ce qui l’avait autorisé à reprendre les commandes de sa boite à sa sortie et même de monter le Reichstag en plus. Un chic type, Beau Brown, vraiment, avec de vilaines cicatrices plein les épaules et un pédigrée que pas mal de morts auraient pu confirmer. Pas un génie du crime, non, mais juste un sale con. Pas voir, savoir, pouvoir, plutôt se battre, surnager et diriger, très proche des Jules et Jim, finalement. Après avoir tambouriné contre la porte pendant un bon moment, il constata que le Lagon Bleu était fermé. Comme ses hommes l’avait dit.

 

Il examina la serrure, sorti un trousseau de sa poche et essaya quelques clés, en trouva une qui collait et pénétra dans le dancing sans lumière. Ecoutant le silence, il sorti une petite lampe de sa poche et balaya le bar d’un maigre faisceau jaunâtre, passa prudemment dans une autre pièce où il scruta rapidement une à une les tables de jeu. Une odeur désagréable lui piquait ses narines sans moustache, mais il ne s’attarda pas à trouver l’origine de cette puanteur diffuse, car sur l’une des tables de poker, il reconnu le chapeau de Joe Di Macho, maculé d’évidentes petites taches de sang séché. Il tourna et retourna longuement le galure dans ses mains, le reposa d’un air méprisant, puis empoigna son flingue et perdit un instant à fouiller les alentours. L’odeur se fit plus forte en grimpant à l’étage, insoutenable ; il essaya d’ouvrir la porte de la salle de bain, y renonça en raison de la pestilence, car son nez respirait quelque-chose d’atroce, cette fois, quelque chose à vomir. Pas de doute, cette boîte sentait surtout le coup fourré. Il redescendit plus vivement les marches qu’il ne les avait monté, puis il sortit dans la rue pour rejoindre sa voiture. Il ouvrit le coffre afin d’en extraire un jerrycan rempli d’essence, pour revenir avec lui dans la boite. Ensuite, il aspergea les murs et le sol par grands jets, inonda copieusement le bar, puis il décida que les senteurs d’hydrocarbure gommaient agréablement l’agression olfactive qui l’avait assailli dans ce lieu. Pour finir, il fit un clin d’œil à la photo de Gino, qu’il avait bien connu, et se dirigea vers la porte d‘entrée à reculons, balança son bidon au milieu de la pièce et craqua une allumette, qu’il balança vivement sur la moquette. Dans un monde du briquet roi, il adorait ce rituel vieux jeu offert par le frottement du  petit bâton soufré pour allumer son cigare. A chaque fois, la lueur auréolait sa gueule d’acier, avant que l’allumette ne finisse sa course carbonisée et fumante pour être jetée. Après son forfait d’incendiaire, il claqua durement la porte en murmurant pour lui-même, d‘un air satisfait :

 

– Bienvenue au Lagon Bleu, où les cocktails sont merveilleux !

 

Les frères Delacotte possédaient une péniche sur les quais de la Seine, anciennement propriété d’un mannequin Suédois que l‘excès de drogues avait contraint à leur donner. C’est là qu’ils décidèrent de se mettre au vert en compagnie d‘Harry le Chacal, avec Valéria qui craquait toujours pour Jules, en attendant mieux. Marlou retrouva son ancien bureau dans l’appartement confortable qu’il possédait, suffisamment grand pour abriter les filles et Kiki. Chacune avait sa chambre et Carla dormait toutes ses nuits avec Marlou, parce que quand la plus belle fille du monde prodigue ses charmes, un mec courtois ne peut pas se permettre de regarder ailleurs. Il était terriblement amoureux de cette femme fatale venue du chaud, ceci dit. L’annonce de l’incendie criminel leur boosta bien entendu les veines, mais tout le monde se tint à carreau. Somme toute, ça tombait pas plus mal, tout avait intégralement cramé, sans doute une petite insistance de la police. Celle-ci s’était pourtant demandé ce que foutaient les os à moitié rongés de Joe Di Macho au fond d’une des baignoires des sœurs de Gino la Soudure, notoirement bien connu de leurs services. Marlou reçut les flics pour l’enquête et puis on classa prudemment l’affaire. Un clandé de moins, un gorille effacé, le commissaire divisionnaire avait d’autres chats à fouetter et c’était tant mieux pour tout le monde, même si Marlou se savait plus ou moins surveillé. Ceci dit, le temps était venu d’envisager un départ vers le Gurukislapet et Marlou recontacta Géraldine. Il devait cependant se séparer de Carla, ce qui ne faisait surement pas son affaire, mais il se savait pourtant bien loin de la retraite.

 

– Ce job me fout les boules, Carlita, mais je suis en compte avec la présidente du Gurukislapet. J’ai pas les moyens de déchoir, vois-tu. Faut que je lui traque sa petite tueuse parce que ses services, désormais, en ont plutôt la trouille malgré tous leurs moyens. C’est professionnel et ce voyage ne souffre en fait pas de discussions.

 

– T’aurais pas dans l’idée de remettre le couvert avec Géraldine, mon petit salaud ?

 

– Affaire classée, ma chérie, madame est désormais mariée. Et depuis que je te connais je ne compte plus m’éparpiller les grelots, c’est juste mon boulot, je te dis. Pour une fois qu’un bon projet grassement payé se présente au business !

 

–  Je pars avec toi.

 

Marlou n’avait pas envisagé cette possibilité. Embarrassé quelques secondes, il fit un pas de côté et finalement il vit sa prudence et sa raison prendre jour de pause.

 

– D’accord.

 

– Et Babe ? je sais qu’elle en a plus que marre de se coller tous les soirs des plumes de paon dans le valseur. Et puis des bites aussi, d’ailleurs. Tu sais, faudra du temps et des moyens pour remettre le Lagon Bleu sur pied.

 

– Ok, j’ai pas envie que Kiki me fasse la gueule tout le long de cette mission. Ashley et Gouinette resteront chez moi, mais je ne sais pas trop comment tenir les Delacotte en laisse, ça c’est un peu l’inconnu. Je n’ai pas sur eux une autorité immédiate.
 
– T’es un mec élégant, Marlou.

 

Sincèrement émue, elle suggéra de lui filer sur le champ un en-cas avant le copieux menu de la nuit. C’est pour ça qu’avec toute la tendresse dont il était capable, il blinda gentiment sa belle Italienne dans leur chambre à coucher. En voix-off, une petite tonalité lui disait pourtant que l’emmener avec lui n‘était pas forcément très futé.

 

https://zupimages.net/up/18/05/7lmz.jpg

 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro19.

 

https://zupimages.net/up/18/05/heck.jpg

 

Un vol d’ibis passa comme une ombre sur l’impressionnante machine de guerre, près de laquelle le servant de la catapulte attendait sagement l’ordre d’actionner son engin. Pour mieux patienter, Djôserlapéro-Légadi lui demanda son nom.

 

–Youstonkourou.

 

– Je crois bien que j’ai attrapé des morpions, comme la pharaonne. Mais les miens ne sont pas aussi sacrés. C’est dur, parce qu’avec les mains entravées, je ne peux pas me gratter le cul. Enfin, quoiqu’il en soit, Youstonkourou, tu montreras mes bêtes au peuple, elles en valent la peine.

 

Le bourreau en resta sans son :

 

– Non mais tu ne crois pas que je vais te détacher, quand même ? On y est bientôt, ça vient. Tu vas bientôt tutoyer les nuages, fils, au plus près de Râ, y’en a qu’on du bol !

 

– Très drôle. Et moi la momie de ta sœur, je la prend, je la retourne et je…

 

Ptoing ! mach 1 direct, Djôserlapéro-Légadi fusa sur une trajectoire parabolique parfaite, pour atterrir finalement dans le camp de l’armée royale, au milieu d’un énorme tas de fourrage prévu pour les zébus. Le choc ne le tua pas, mais il perdit néanmoins pour toujours l’usage de ses jambes. Les jumelles avaient suivi sa course dès le départ, comme tout le monde, mais elles s’étaient prudemment écartées au moment de sa chute, croyant se le prendre sur la tronche. Merdenkorinnanâr félicita son officier pour être revenu vivant des lignes ennemies, exigea qu’on le transporte sous une tente de l’infirmerie en lui promettant une médaille ; puis il s’empara du papyrus trouvé sur lui, qu’il confia d’un air sombre à Tahosétlafer, car en tant que militaire de carrière, il n’avait jamais su lire. Dans le camp des pirates, on commenta avec une jubilation exubérante la réussite de ce vol semi-orbital d’une précision idéale, puisqu‘il venait de venger admirablement leur camarade Chidanlri. De son côté, Néefièretarée enrageait, car elle avait tout vu. Aussi brisa-t-elle de colère quelques cruchons sur le sol, avant de voir Sicégratisjpépa s’introduire dans sa prison, accompagnée d‘un garde à qui elle demanda de l‘attendre dehors. La fiancée de Dérokelbonfix ne fit aucun cas de Jésentilpèla, puisqu’elle n’était qu’une vulgaire esclave. La pharaonne traita sans attendre la nouvelle venue de tête de jarre et autres sarcasmes désespérés.

 

– Dis donc, Jésentilpèla, tu trouves pas que ça pue un peu trop le nénuphar bon marché ici, tout d’un coup ?

 

– Calmons nous, ma reine, je suis là pour discuter, pas pour servir de cible à ton courroux, que je comprend très bien.

 

– Non mais quel culot ! je ne crois pas avoir quelque chose à te dire.

 

– Si, je pense que si. Que dirais-tu de transformer l’utopie de ta délivrance en réalité possible ?

 

– Voilà un truc qui m’arracherait des larmes de bonheur, c’est certain.

 

– Mon fiancé m’a dit que tu lui avais proposé d’épouser une bourgeoise de Thèbes, là je dis non, mais que tu lui aurais également fait miroiter un poste de haut dignitaire, genre ambassadeur, voir de gouverneur. Est-ce que c’est vrai ?

 

– Il avait pas l’air d’en vouloir, de sa place au soleil.

 

– Disons qu’on en a discuté longuement, tous les deux.

 

– Ah d’accord,  pour faire la révolution, y’a du monde, mais pour s’en mettre plein les fouilles, y’ a encore plus de monde !

 

– Donc, supposons qu’on te délivre, mon homme pourrait devenir nome de province ?

 

– Mieux que ça, je promet de m’arranger pour qu’il devienne roi de l’oasis de Foufoune, devenu royaume autonome, puisque vous tenez tant à ce bled. Comme ça, vous démarrez là-bas une petite dynastie peinarde, en toute indépendance. La bande de cons illetrés qui vous sert actuellement d’armée vous servira de peuple enthousiaste et puis ce sera plié. Dis-donc, il serait pas un peu ivre de puissance et avide de prestige, ton chef de pillards ?

 

– Lui non, pas tant que ça, mais moi si. Foufoune est riche en dattes, en figues et en melons. De quoi changer de robes cinq fois par jour pour celle qui la gouverne, quoi.

 

– Ho mais par Amon,  ce n’est pas une belle héroïne prolétarienne, que je vois là ?

 

– C’est facile pour toi de railler, t’es pharaonne d‘Egypte. Je m’assure juste que Dérokelbonfix fasse un bon choix de carrière avant de prendre de la bedaine. A propos, tu savais que ton Ramassidkouch faisait les quatre cent coups à Thèbes ? je serais toi, j’irai lui tirer les oreilles, ou même autre chose, parce qu’apparemment la couche de ce bouseux est bien remplie. Et ton trésor se vide comme le Nil en période de décrue.

 

– Pas vraiment tes oignons. Au fait, on cultive aussi l’oignon, à Foufoune ? Bon, moi je veux bien confronter ton imaginaire à la réalité, mais ton ambition folle est d’une précision qui fait plaisir à voir. Tu peux porter la bonne parole à ton mec, je promet. Mais j’aime pas trop les types qui ont toujours une arme à portée de la main, j’ai un règne pacifique.

 

– Nous serons les plus fiables alliés de ta couronne, cochon qui s‘en dédit. Sans compter qu’en acceptant la proposition, tu pourrais t’éviter un décès prématuré.

 

– Mouais, compte quand même pas trop sur moi pour être ta meilleure amie.

 

– J’en demande pas autant.

 

– Ceci dit, tu as un langage bien à toi et ça me plait, ça m’estomaque, mais ça me plait. Tu n’as pas l’air d’une épouse inhibée, toi.

 

– Alors on fait comme ça ?

 

La voix de Néefièretarée pris tout à coup une tessiture grave pour approuver. Elle louait la plaidoirie brillante de cette mignonne petite brune et la puissance efficace de son lobbying personnel. Et puis, c’était sans doute accepter sa petite magouille ou tomber lourdement du ciel. Cette banale discussion de filles recelait le cœur d’un dispositif essentiel qui surpassait l’action des armées, et c‘était somme toute pour la pharaonne et son esclave une très bonne nouvelle.

 

https://zupimages.net/up/18/05/0ndf.jpg

 


bon dimanche pluvieux à tous !

 

https://zupimages.net/up/18/05/y925.gif


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:09:04
n°40028208
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-11-2014 à 15:52:45  profilanswer
 

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Le zoo s'équipe.

 

https://zupimages.net/up/18/05/n4od.jpg

 


Salon littéraire :

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 35.

 

https://zupimages.net/up/18/05/0vs2.jpg

 

Le couple s’accrocha aux haubans pour pénétrer dans les flancs du vaisseau encombré d‘une multitude de gros ballots. Lorsqu’il s’engagea finalement dans les profondeurs obscures de la Rondelle, en prenant bien garde de ne pas se cogner au gaillard arrière, il allèrent rendre une visite de courtoisie à son capitaine, le sieur Gaëtan Maldamour. Celui-ci prenait baignade, plongé voluptueusement dans son étuve personnelle, cependant qu’une jeune bachelette aux seins nus l’éspongeait.

 

– Holà compaing, il y a longtemps que vous êtes dans la flotte ? lui demanda Baristan, après avoir présenté à l’homme du bain Marie.

 

– Une demi-heure à peine, proprement dit.

 

– Je veux dire dans la marine royale.

 

– Dans la marine à rame trente ans, dans la marine à voile, quand j’ai pris le commandement de ce bateau, c’est à dire deux jours. Au milieu des vapeurs il passa un savon à la jeunette qui l’étrillait fâcheusement.

 

– Hé ben ça promet.

 

– Ho si vous n’êtes pas content, vous n’avez qu’à sauter par-dessus bord, pas de souci. Moi je ne vous ai point carillonné, après tout.

 

– Tu sais à qui tu parles, maraud ? c’est moi, Baristan Lakeu, le noble vizir de Fion ! Notre administration navale serait-elle si déplorable ?

 

– Ici sur ma Rondelle, c’est moi le maître après Kramouille, vois-tu. On m’a dit que tu voulais silence de ta virée, il te vaudrait donc mieux éviter de chipoter, sinon gare à la reine qui ne ferait de toi qu‘une bouchée. Il traita méchamment sa suivance de gourdasse, car elle l’ébouillantait visiblement par fait exprès, puis il donna congé d’un ton bourru à Baristan et sa donzelle.

 

– Il a vraiment sale trogne et n‘est point galantin, notre amiral au long-cours, fit Marie, en déployant une mauvaise couvrante en poils de Yack sur le lit de leur cabine.

 

– Autant ce vaut de son maudit bateau qui fleure partout la pisse de ses gabiers, mortecouille ! j’ai gratouillement de puces depuis notre arrivée.

 

Il se calma en leur servant sans respit deux bonnes chopes de vinasse de Fion,  fort drue et bonnement gouleyante. Quittant la côte, ils furent sur l’eau très peu après, après avoir rendu côte à côte au-dessus du bastingue, d’une manière peu rentable, le bouet au chapon qu‘ils venaient d‘avaler. Pour mieux fuir les pirates, la Rondelle se hâtait dans l‘écume de toutes les forces conjuguées de son arroir, en grande partie des marins chevronnés. Ce qui n’empêchait pas Gaêtan, prenant son air paterne, de faire cingler les mousses et les novices qui manquaient au courage sous le grand cacatois, par chat de grosses queues. Comme sa réputation le précédait sur les flots, les pirates rencontrés s’écartèrent prudemment à la vue de son pavillon. Le lendemain, le plus jeune des matelots fut descendu en cale et collé en barrique pour servir d’amusement aux plus anciens. Certains lui occupèrent les mains tout le long du voyage de leurs bons nœuds marins, ce qui était besogne exténuante et périlleuse. Marie n’échappa pas non plus aux harcèlements, mais elle n’avait, hélas, ni la science ni l’astuce de sorcière Giséle pour en maudire, Baristan en flanqua malgré tout un ou deux par nuitée aux requins. Naviguant au plus près, on s’approcha plusieurs fois de nombreuses côtes pour décharger, en s‘aidant de bonnes grues. Dans chaque port, Gaëtan Maldamour descendait à terre pour négocier dès son arrivée et défoncer les caisses des négociants hardis, avec grande vantardise et bons dommages pour eux. Fatigué de chatouiller son astrolabe, le capitaine était à chaque escale fort aise de se poser à terre et compter ses profits. Baristan et Marie restaient cloîtrés en permanence dans leur cabine, se gardant bien de se montrer aux gentilshommes. Et puis, on repartait ensuite balloté par la houle, les cales de la Rondelle gonflées de vivres et d’enthousiasme, sous les acclamations de l‘équipage. Le mousse trempé dans le rhum barrissait pendant qu’on le barriquait, car il servait sous son cher amiral, sans pour autant espérer un jour devenir contre-amiral. Comme on ménageait l’eau sur le vaisseau on buvait beaucoup de vin, la coque frappa donc de nombreuses fois la terre, par sorte de fâcheuse méprise. Baristan et sa femme descendaient les escaliers avec une dignité convenable, la tête haute, et se cognaient souvent dans le haut des portes des cabinets qui servaient également d’offices, faute de place. Le vizir éprouvait parfois la cruelle tentation de nager jusqu’à Mouyse ; Marie ne pouvait en effet se tenir sur le pont sans se tenir à quelque bon mât charitable, pour jouer des coudes dans la cohue des manœuvres. Elle pompait même hardiment, par esprit de corps et bonne volonté. Elle disait à qui voulait bien l’entendre qu‘elle aurait bien voulu tenir elle-même la barre.

 


 Leur entreprise fut cependant pleinement couronnée de succès, car après avoir jeté une poule messagère à la mer, un chébec de Mouyse repéra la Rondelle et s’en approcha, vergue à vergue. Les tours de la haute ville se détachaient en gris dans le lointain. Baristan distribua des poignées d’or à tout le monde pour les remercier de ce voyage, prévint Gaëtan Maldamour de venir le quérir dans deux jours dans les mêmes eaux, puis il embarqua avec Marie en direction de la cité ennemie, dont l’activité de son port était incessante et variée. Gaëtan ne dit rien en les regardant partir, tant il était avare de son souffle. Pour tout dire, il trouvait vraiment très louche cette petite visite du haut fonctionnaire au royaume rival de Fion. Et puis le vent battit sa poupe et il oublia tout, donnant barre à bâbord, pour aller ensuite déchiffrer ce qu‘avait mis son mousse sur le grand livre de rancune.

 


https://zupimages.net/up/18/05/onu5.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Alfred Stevens-winding-the-mantle-clock.

 

https://zupimages.net/up/18/05/vqcm.jpg

 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Portrait of Willem II painted in the 1690s

 

https://zupimages.net/up/18/05/6f4p.jpg

 



Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:12:14
n°40042184
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 09-11-2014 à 16:41:57  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 36.

 


https://zupimages.net/up/18/05/an6x.jpg

 

Côte à côte dans l’ascenseur avec son pote momifié, Liliane était heureux. Sa relation mère-fille n’en pouvait plus d’être conflictuelle, quand bien même l’adolescent avait toujours été plutôt élevé par les chats de la famille, dans leur bel appartement New-Yorkais. Cette décision d’hospitalisation venait pourtant de son père, lequel vivait essentiellement dans des avions son existence itinérante, loin des yeux, loin du cœur et de ses responsabilités affectives. Enfin ceci-dit, sa mère déjà mariée onze fois avait pour sa défense à réaliser sa propre vie, toute entière dédiée au choix de la garde-robe idéale et d‘un amant possible. Aussi, les yeux rivés sur l’indicateur d’étage, Liliane fonçait en pesanteur vers le rez-de-chaussée, avec le sentiment de vivre enfin sa vie, par et pour elle-même, loin des apparences illusoires. Son passé la lâchait brusquement pour lui révéler enfin sa part d’humanité. Elle sauverait à tout prix le pote à Jeanne, que cette dernière venait de lui confier, toute entière dévouée à protéger ce couple dont elle venait d’admirer avec délectation le court entrelacement des vies dans la réserve de médocs. Sans doute le plus bel hommage qu’elle pouvait à présent faire à sa mère serait de changer son prénom pour s’appeler Lilian, digne héritier de son père, qui en aurait sans doute des larmes plein les pneus de son long-courrier. Dans un sens, ce sauvetage de Jhonny transcendait son histoire personnelle.

 

 Au chevet du 86, le père Albin Michel s’occupait d’un pauvre euthanasié en train de remettre son âme au Pape, dans une ambiance tout de même anxiogène. L’aumônier vit bien passer par la porte ouverte la silhouette hagarde du garde suisse hypnotisé par le docteur Jason, mais accaparé par sa remise des clés du paradis au mourant victime d’une lustration définitive de son Niloléum, il n’y prit pas garde. Un quart d’heure plus tard pourtant, le planton en état de désespoir se jetait par la fenêtre de la chambre 73, pour aller s’écraser sur le sol du parking, non loin de l’accueil de la clinique. Ce suicide tragique rajouta subitement à l’effervescence qui régnait dans l’établissement, où tout le monde s’efforçait à présent de remettre la main sur Jhonny Alité. Les sourds-muets faisaient plus de bruit, sans pour autant donner preuve de langage, les infirmières affolées couraient dans tous les sens et se rabrouaient sans raison particulière, la quiétude de l’établissement se lézardait. Les couloirs d’un jaune serin étaient parcourus par une foule qui se fit brièvement hurlante lorsqu’on retrouva à l’extérieur le corps du flic tristement fracassé. Bruit et fureur, auxquels suivi un pesant recueillement. Profitant de cette cacophonie et de toute cette friture sur la ligne, Lilian et Jhonny s’en allèrent tranquillement par les portes de l’entrée, dont les battants vitrés s’ouvrirent docilement à leur approche. Les agents d’accueil venaient de fébrilement déserter leur poste pour aller voir le mort. Plongé dans la ville avec son faux malade anonyme à son bras, Lilian avait le sentiment de suspendre la course du temps pour se redonner vie. Il perdit avec reconnaissance son regard dans la consistance crémeuse des nuages traversés par un zinc, dans lequel daddy était peut-être niché et certainement occupé à draguer subtilement l’une des ravissantes hôtesses. Bien qu’elle en découle, une catastrophe sans doute plus grave que la fuite de Jhonny venait d’avoir lieu, dont le commissaire Mensinq ne manquerait pas d’être informé au plus tôt. Babette et Gwendoline luttaient elles-mêmes contre la regrettable situation, source d’angoisse pour Jason et de panique pour elles. Un terrible sentiment d’échec les possédait, émues de voir leur patron mutique mâchouiller nerveusement son crayon. Elle s’efforcèrent le mieux possible d’être pour lui d’une formidable sollicitude, surtout qu‘il devait opérer dans pas longtemps au bloc 3. C’est donc avec soulagement qu’elle mirent enfin la main sur une Jeanne étrangement calme, car l’aide-soignante affichait une attitude de résignation fort raisonnable. Gwen la secoua avec une puissance navrante :

 

– Où qu’il est, ton amnésique ?

 

– Il s’appelle Jhonny.

 

– T’as conscience que c’est le bordel, quand même ?

 

–  De quel droit vous vous permettez de me menacer ? je ne sais pas où il est.

 

– Ouais, fit Babette, à d’autres.

 

–  Ma très chère et vénérée Babette, je crois bien que je t’emmerde.

 

La colère de ses collègues prenait un tour qui amusait Jeanne. Elle venait de perdre sur le champ la confiance de Babette, qu’elle voyait par une savoureuse ironie s’allier pour la bonne cause à Gwendoline. Elles formaient devant elle un charmant duo monothématique, avec mention spéciale pour la fureur de Gwendoline. La blonde l’avait saisie en criant comme une hyène, pauvre petite rose fanée et mal en point. Son expression de mépris faisait plaisir à voir. Elle livrait désormais clairement contre les deux infirmières un combat singulier, mais elle les suivi docilement vers le bureau de Jason qui l’avait réclamé.

 

– Laissez moi seul avec Jeanne, mesdemoiselles.

 

Le tic nerveux de Jeanne lui vampirisait la figure, une vision que Jason tentait mentalement d’éluder. Un embryon d’agacement le rendait tout à coup très las.

 

– Je loue votre entêtement à croire en l’amour absolu, mais l’heure est grave, Jeanne, votre amnésique est encore responsable d’un drame qui risque bien de fermer ma clinique. Quand à vous, je crois que vous n’êtes pas très bien partie pour vous gorger de bonheur.

 

– Je vous aime, Jason, quand je vous vois, je me sens légère, j’ai envie de faire la fête et de flâner au soleil. Elle esquissa une parodie de sourire, ouvrit tout grand ses cuisses, comme d’habitude elle n’avait pas de culotte.

 

– Votre manège ne prend plus, ma pauvre amie, vous perdez la tête. Je vais être obligé de vous confier au commissaire Mensinq qui va bien entendu vouloir vous entendre, vous savez. Il s’efforçait de regarder cette fille un peu malingre dans les yeux, pour ne pas être le jouet d’un trouble maléfique. Prévenir, dépister et traiter les troubles, telle était sa mission, qu’il devait en premier s’appliquer à lui-même.

 

– Nous sommes tous les héritiers de notre génétique, docteur Jason, pourtant Jhonny n’a jamais été fou, juste amnésique, il est même guéri.

 

– Ce n’est qu’une hypothèse. La sienne et la vôtre, bien entendu. Face à l’échec de l’hypnose devant laquelle il s‘est montré tellement résistant, j’envisagerais plutôt pour lui la greffe de moelle osseuse, histoire de tirer ensuite quelques conclusions maitrisables. Je ne sors pas le diagnostic de ce mec ex nihilo et il va finir par me coûter cher. La clé de tout mon système monétaire, c’est la confiance, mais l’argent n’est pour moi qu’un outil, vous savez. Il arrive parfois qu’une dépense symbolique puisse avoir un rôle structural, ors une greffe, ça se paie, et même bien. Ou vous l’avez planqué, notre ami ?

 

– Vous voyez bien qu’il n’est pas dans ma poche. Vous allez me virer ?

 

– En dehors de votre manque de coopération, je n’ai rien à vous reprocher. Rien qui puisse justifier un licenciement, non, Jeanne. Nous devons simplement retrouver et soigner votre amant, je vous demande de m’aider au mieux, c’est tout. Il s’agit là d’une refonte en profondeur de mes objectifs d’urgence. Et puis je vous conseille tout de même amicalement d’adopter à l’avenir le port de la culotte, ça pourrait bien constituer à la longue un ferment de scandale.

 

On frappa timidement à la porte, Jason pria qu’on l’ouvre, ce que fit Gwendoline en s‘écartant un peu. Face à eux, le commissaire Mensinq manifestement contrarié les plomba d’un air sombre. Bien que son estomac lui annonçait l’heure du dîner, il montra de suite dès son apparation, rien qu’en la regardant, qu’il avait grande envie d’échanger avec Jeanne en vase clos.

 

https://zupimages.net/up/18/05/hdbb.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:13:54
n°40058574
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 11-11-2014 à 12:46:20  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 57.

 

https://zupimages.net/up/18/05/l1aj.jpg

 

Résumé du résumé :

 

L’ignoble guru Alphonse-Jean-Justin de Saint Exupéry, président non élu et gourou des évangiles secrètes de Saint Jean l’Apostiche de la Jésuralem Céleste, voie des bonnets verts du Saint Temple de l’amicale non laïque de l’école de la petite Jéricho, est mort. Dès lors, la princesse Ewij Nikasek accuse une perte de poids non intentionnelle et s‘enfuit dans les égouts de Garatonku, où elle est hébergée par Fuzz la Glaire et Billy le rat. L’inspecteur Marlou est sur ses traces, en compagnie de Kiki Yorkshire, de Babe et de Carla.

 

https://zupimages.net/up/18/05/n2rj.jpg

 


 Le rat était enfin piégé. Après avoir tenté une course effrénée le long du mur pour échapper à la course pugnace d’Ewij, il n’avait plus d’issue. Son terminus ne menait nulle part. Enfin presque, si l’on excepte l’autre côté du monde des vivants. Sa petite gueule tordue en rictus haineux feula de colère et de désespoir pour émettre un cri strident. Ewij le pointa doucement, lui essaya de glisser follement entre ses jambes, ce faisant il réduisit la distance qui le séparait du colt. Le coup de feu tonna brusquement, arracha instantanément sa petite tête aux moustaches rabattues et la détonation formidable se répercuta longuement en échos dans le souterrain. L’odeur de poudre, la fumée et le sang grisèrent Ewij comme un excès de cognac. Un de moins. 45 depuis le début de sa chasse, mais à force de les massacrer, les rongeurs connaissaient désormais son pas, son odeur, et devenaient méfiants. Quarante cinq petits salopards griffus démolis dans toutes les configurations. Rien d’autres que des réservoirs au virus de la peste, 91 cas répertoriés à Paris en 1920, dont 23 mortels. Pas de paix pour leur âme. A chaque tir, un étrange plaisir lui chatouillait le bout des seins. Ewij shoota du pied dans une oreille sanglante, puis elle gagna un tunnel où l’attendaient Fuzz et Billy. L’égoutier lui offrit un sourire édenté qui dénotait seulement un effet de connivence, un simple échange de connaissances implicites :

 

– Tu gaspilles tes balles, ma petite cocotte.

 

– Tu rigoles, j’en met pas une seule à côté.

 

– Ouais, mais elles coûtent chers.

 

– C’est vrai, tu as raison, je te remercie pour les boîtes que tu m’a ramené.

 

– Le gaz dans les conduites, je dis, c’est le meilleur moyen.

 

– Peut-être, mais c’est moins drôle, mon pépère.

 

Ils revinrent en devisant tranquillement vers leur pénates. Billy avait sauté sur le col d’Ewij en ronronnant sa joie. Ils ignoraient que cet achat récent des cartouches par Fuzz venait d’être une erreur fatale, car il venait d’alerter les services spéciaux du Gurukislapet, attentifs justement aux acheteurs des munitions correspondantes au colt d’Ewij. C’est ainsi que le gouvernement venait de retrouver sa trace et d’en informer l’inspecteur Marlou. Encore insouciante de cette nouvelle donne, Ewij pris une bonne douche en compagnie de Billy, dont les petits yeux noirs la mataient comme des prunes incandescentes. Son amour pour elle était toujours pour le rat comme un feu dans la nuit. Il la voyait se masser dans le brouillard des gouttes, son corps délicieux tout mouillé dans la brume tiède qui le trempait aussi, ses petits nénés pointés vers lui, ses doigts graciles jouant sensuellement du robinet, ce mitigeur inox que se mettait à jalouser subitement Billy. La proximité dénudée de l’adolescente provoquait pourtant un sentiment d’euphorie qui chassait alors chez le rongeur l’angoisse que la princesse puisse un jour les quitter, Fuzz et lui, pour rejoindre le grand air en sortant des égouts. Qu’importait si la donzelle de ses rêves passait tout son temps libre à dépecer méchamment les mecs de sa lignée ? Elle donnait chaque jour à Billy la preuve qu’elle était son amie, pourquoi ne pas imaginer qu‘elle puisse un jour lui donner d‘avantage ? Elle sortit de la douche vêtue d’une simple serviette, en prit une seconde dans laquelle elle entoura ses beaux cheveux bruns, puis gagna la cuisine pour aider Fuzz à préparer le dîner. Il venait de plonger quelques légumes dans l’eau bouillante. Alors qu’il se calait sur le couffin de sa tête, elle taquina le rat d’un bout de serviette :

 

– Hey dis-donc, Billy, les rats, ils mangent même les carottes quand elles sont cuites ?

 

– On bouffe de tout, on n’est pas des lapins, mon cœur. Et la tambouille de Fuzz, ça mérite d’y tremper les lèvres.
 
 Comme Fuzz la Glaire avait tout de même un caractère affirmé, il cracha pas loin de sa soupe, laquelle dégageait effectivement une invitation à déguster des saveurs soutenues. Jamais malade, sobre comme un dromadaire, seuls ses paluchages nocturnes près du lit d’Ewij pouvaient être considérées comme un abus de sa propre faiblesse. Traîtresse, elle se posa en face de lui dans sa serviette rose imbibée de son puissant parfum, ses jeunes tétons perçaient le tissus éponge comme une provocation à venir les caresser. Devant son homme de ménage, son cuisinier, son confident, elle jouait cruellement sous la table de ses jambes dévoilées. Fuzz restait debout, un étrange masque impassible sur le visage, les mains jointes, comme s’il lui demandait pardon. Il déboucha sans effort une bouteille de rouge provenant d’un achat d’enchères solidaires et la posa sur la table. Ils mangèrent tous les trois sans rien dire, mais dans ce monde sans ciel, Ewij était pour Bill et Fuzz la plus belle des étoiles. Parce que tout à coup elle se sentait heureuse, que le souvenir d’Alphonse ne la hantait pas à cet instant là, elle délaissa son assiette pour se lever et aller prendre l’égoutier dans ses bras. Elle avait voulu brusquement tripoter l’anguille de son froc pour la faire grossir, elle s’apprêtait à faire tomber son pareo de salle d’eau, mais tout ce qu’elle parvint à faire ce fut de pleurer. Peut-être gêné, bien qu’il n’en montra rien, Fuzz se racla longuement la gorge pour en émettre un son pitoyable. Billy le rat savourait cet instantané familial en continuant de laper son potage, il admirait avec bonheur le savoir être de son pote figé dans un stoïcisme de bon aloi et déplorait cet élan déraisonnable de son amour qui frisait le blasphème. Sa voix au débit accéléré enfla brusquement :

 

– Mange ta soupe, princesse, ça va refroidir.

 

Approuvant sans doute de se soustraire à l’arbitraire de l’autorité du rongeur, elle le toisa avec des yeux pleins d’innocence et de larmes, puis elle regagna piteusement sa place. Ce sont les rats qui squattaient le cloaque sous la place de la révolution qui mirent plus tard la puce à l’oreille de Billy, en dénonçant le fait que les forces spéciales venaient de prendre position devant chaque bouche d’égout de la ville. Garatonku se maillait d’un dispositif policier important destiné à collecter Ewij si elle commettait l’erreur  de se montrer. En apprenant ces faits, Ewij se douta de la présence de Marlou et de Kiki dans la ville. Mieux que ça, venant confirmer la véracité de son intuition, elle apprit un peu plus tard qu’en dehors du palais présidentiel, ils passaient tout leur temps au bar des « Trois Levrettes », en compagnie de leurs deux nanas corrosives. Planquée dans son bunker souterrain, elle ne pouvait cependant pas admettre que le ciel lui tombait sur la tête. Elle explosa juste de rage, elle, la poupée mal pulmonée mais par contre aussi belliqueuse qu’un chat enragé, hantée par le souvenir d'Alphonse et le désir de venger la mort de ce dernier sur ce connard de privé implacable, comme de son chien fou. Marlou incarnait désormais à lui seul la gangrène qui souillait son âme de jeune fille. La haine qu’elle couvait comme une poule depuis si longtemps l’habillait d’une seconde nature, la shootait comme une drogue dont elle éprouvait à présent le besoin dans chaque fibre de son corps juvénile, d’une beauté frêle finalement pathétique.

 

https://zupimages.net/up/18/05/m3hr.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:15:39
n°40100672
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-11-2014 à 08:32:25  profilanswer
 

Les grands barbus.

 

Aujourd'hui : Darwin.

 

https://zupimages.net/up/18/05/w3j7.jpg

 

Charles Darwin serait sans doute né d’un accouchement dans les choux du potager familial le 12 février 1809 à Shrewsbury, en Angleterre, consécutif du mélange des chromosomes de sa mère, Susannah Wedgwood et de son père, Robert Darwin. En dépit de fortes réticences religieuses concernant cette probabilité, car sa mère eut peut-être une relation charnelle avec son confesseur, la plupart des historiens des sciences prennent désormais ce paradigme pour absolument vraisemblable. L’accouchement par la mère est en effet essentiel au processus d'évolution humain et toujours à l‘ordre du jour, jusqu‘à preuve du contraire. Charles Darwin n’est donc pas né un an après la mort de sa mère, comme l‘affirment certains révisionnismes audacieux sommés dans leur choix par les actionnaires décideurs des bavardes religions monothéistes. En revanche, Susannah eut 45263 enfants, mais par sélection naturelle, seul six, dont Charles et son cousin Francis Galton, survécurent. Le père de Charles soignait les pauvres en les enrichissant, pratiquait la sélection sexuelle et se faisait payer en espèces. Tout petit, Charles Darwin dépeçait des chèvres, des cigales et des lombrics, ce n’est pas bien, mais c’était ça ou fumer des clopes, on voit que la raison à toujours dominé chez lui, car c‘était un homme très réfléchi. La preuve en est qu’ouvrir des chats n’a jamais donné le cancer, et tels furent d‘ailleurs les résultats qu‘il admit de ses investigations, alors qu‘il n‘avait que huit ans. C’est à cet âge qu’il perd sa mère et persévère. Il portait déjà sa célèbre barbe dès l’âge de 11 ans. Cette ornementation pileuse fait qu’on le reconnaît tout de suite sur les boîtes de camembert à son effigie. Esprit très curieux, car il tapissait les murs de sa chambre avec des déjections de rats, ce fut un enfant précoce, mais également un amant précoce, c’est certainement la raison pour laquelle sa fiancée le quittera plus tard. Il donnait son avis sur tout, subjugué par la diversité de la vie, et fut fortement influencé par les théories de Louis XVI sur l’art de porter le chapeau.

 

A 23 ans, Charles Darwin se bourre la gueule et dort sous les ponts. Ayant grimpé clandestinement sur un bateau pour y cuver son vin, il embarque par mégarde sur le HMS Beagle (His Majesty’s ship Beagle) en direction des révolutionnaires gauchos de la pampa. Il collecte là-bas de curieux spécimens qu’il identifiera comme étant des morpions et utilise la peau des lézards pour s‘en faire de slips, car il est très sémillant. Pendant ce temps là, Dieu façonne l’univers en six jours, ce qui donne largement à Charles le temps de l‘étudier pendant quatre ans, neuf mois et cinq jours. Il l’ignore encore, mais l’Angleterre n’est pas à cette époque une colonie antillaise. Il bat la campagne et se fait brièvement arrêter pour coups et blessures, montre à qui veut les voir ses collections d’insectes de pantalons et dessine comme un pied. Révolté par la condition des esclaves qu’il constate au Brésil, il en taxidermise quelques-uns. Une lettre lui apprend que sa fiancée, Fanny Owen, vient de happer l’appendice d’un autre qu’elle va épouser, en raison comme on l’a vu de la précocité de notre savant. La notion de créature divine lui semble alors très fumeuse. Cinq bons membres de l’équipage qui l’appuient chaudement en profitent pour s’occuper de lui, lui accuse le coup et s’enfuit à cloche-pied dans la forêt afin d’attraper la malaria au filet, dans le but avoué de mieux l’étudier. En 1823, sont effectués des cartographies des côtes près de Montevideo, qui préfigurent le tracé des plans du métro Parisien. Darwin reste sur le rivage, empoigné fermement par ses compagnons qui admirent son petit cercle scientifique et le charrient sur Pine l‘ancien. C’est à cet instant qu’il découvre les os de grands mammifères qu‘il s‘emploie de suite à comparer en les opposant aux lombrics. C’est le déclic. Il s’émerveille autour de lui des cabrioles des cochons d’eau et de ses marins. Il apprend que des territoires séparés peuvent se chevaucher et sait désormais qu’un être organisé peut survivre dans un environnement hostile, à condition de s’adapter. Il entame alors la rédaction de son journal intime, avec des larmes dans les yeux, où il note : sous ces tropiques c‘est trop, ça pique. L’arrivée en Terre de Feu l’irrite donc terriblement et lui offre l’opportunité d’une accalmie que son esprit espère, bien que son ouverture soit constamment mise à l‘épreuve. Le 1er mars, un coup de barre, ça repart, et il arrive aux Malouines où il s‘émerveille de la similitude entre bananier et plante du pied. Ayant découvert des analogies entre les indigènes et leurs poteries cordées, Darwin constate dans cette région quelques différences imperceptibles entre ces moqueurs polyglottes, les mygales et les chevaux. Méthodiquement, il essaie d’accoucher, mais comprend sa fausse route, ce qui lui permet d’échafauder sa théorie de l’évolution. Il naturalise quelques sauvages et ramène un tas de merdes à bord du Beagle, susceptibles d’y rester quelques milliers d’années. Du haut du bateau, on distribue un tas d’espèces dans les océans. Un samedi soir, le savant est pris d’une fièvre inconnue, mais les marins lui imposent le respect des forces de la nature et reprennent leurs incursions. Le Beagle et son équipage épuisé arrivent au Pérou sans se tromper, par élimination systématiques de plusieurs voies d‘eau.

 

Le 2 octobre 1836, d’après l’abbé Julio, (Vie de Darwin, zoologie et pratiques bestiales à bord du HSM Beagle - 1902) c’est le retour en Angleterre devenue entre temps colonie de vacances. Le public s’émerveille devant les confessions de Charles Darwin sur la flore vaginale endémique des îles Galapagos, dont il a bourré ses sacoches, puis il épouse pour se distraire sa cousine Emma Wedgwood, afin de mieux étudier son intérieur criard. Alors qu’elle accuse un énorme retard, il met en pratique ses théories par processus graduel pour lui faire dix enfants. Puis il s’épuise ensuite à lui écrire pour qu’elle revienne, produisant cinq volumes, entre 1838 et 1843. Insomniaque, dépressif, atteint de Darwinisme, il se console en constatant que son livre sur « l’origine des espèces » fait le bonheur de son banquier. Brusquement, il meurt et cesse d’évoluer le 19 avril 1882, en disant merde au Pape, qui ne l‘a pas payé pour sa mission évangélique aux îles Cocos. Il se trouve depuis installé dans les collections du Muséum, complètement rétabli.

 


Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : peinture acrylique.

 

https://zupimages.net/up/18/05/dv92.jpg

 



Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : peinture à l'huile.

 

https://zupimages.net/up/18/05/m8ko.jpg

 


Et en prévision de Noël, encore de beaux jouets pour les enfants des autres sponsorisés par la Moyenne Encyclopédie :

 

Le sac scaphandre à mettre sur sa tête pour jouer au cosmonaute :

 

https://zupimages.net/up/18/05/mk8n.jpg

 

Et le splendide Roller Coaster évolutif :

 

https://zupimages.net/up/18/05/9bo6.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:20:10
n°40126159
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 18-11-2014 à 10:12:18  profilanswer
 

Salon littéraire :
 

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 36.

 

https://zupimages.net/up/18/05/47ng.jpg

 

Gisèle de Lècheku avait éclipsé par feintise les neufs autres femmes de Vazy Métoian, puis elle les avait transformées en pots de fleurs méchamment alignés à l‘entrée du palais, pour servir de pissotières aux chiens. Baristan et sa meschine arrivèrent au devant du chastel, à l’angle du boulevard des bordes et de la 5ème avenue, près du Prinzipalmarkt. Le vizir s’épousseta après avoir cogné sur quelques mendiants sans sous ni maille qui les harcelaient, ces pauvres gueux constamment enivrés d’Ährengeist, en si grand nombre depuis la montée de Vazy Métoian sur le trône. Le couple mira en arrivant avec un frisson d’effroi tous les morts sur les hauts murs qui pourrissaient dans leur sinistre cage de fer. La ceinture verte qui égayait les remparts se plantait également de tilleuls où pendaient de malheureux filleuls, agrémentés de charmants chants d‘oiseaux. La ville toute entière fournissait en fait à chaque coin de rue de nombreux empalés. Les joues de Marie se teintèrent comme fraises à la vue de l’imposante bâtisse, dont les bretèches zébrées de fils à linge les dominaient avec majesté :

 

– Me voilà bien mésaise de n’avoir point apporté de cadeau pour le roi de Mouyse, ça ne sied pas à des gandins comme nous d’arriver pognes vides !

 

– Crois-tu qu’il soit l’un de ces ploucs qui quêtent des sous dans les passages, et dont je viens d’ailleurs d’aplatir le nez bourré d‘eau de vie ? La seule chose qu’il désire vraiment, c’est la clé des portes de Fion et les soyeuses jarretelles de la reine Amanda.

 

– Alors ce n’est point le moment de tomber en disgrâce auprès de l’un ou l’autre, mon traître de mari. Elle lui frotta la barbe avec espièglerie.

 

Hommes d’affaires, jongleurs, troubadours, fabricants de pal, tresseurs de cordes et ménestrels se pressaient également sous la herse insérée minutieusement dans la pierre. Plusieurs générations de refoulés avaient gravés leurs injures sur les piliers qui soutenaient la porte. Au premier étage, une galerie ouverte voyait laisser passer les hommes de cour richement habillés et leurs belles damoiselles amatrices de soleil, à cette heure au brûlant zénith. De grands corbeaux noirs traçaient des cercles au-dessus du palais et des murs de la ville pour se réjouir des condamnés. Comme il s’était écoulées trois bonnes heures depuis leur débarquement, Marie avait hâte de pénétrer au château, surtout qu’à présent, la grande queue la poussait violemment en avant. Largués par une foire commerciale hystérique toute proche, des charrettes et des chevaux qui passaient dans la rue caillouteuse frôlaient bruyamment la cohorte alignée des visiteurs en attente. En accord avec les conventions qui régissaient le monde-clos de la maison du roi Vazy Métoian, quelques gardes armés de lances collèrent des baffes aux plus impatients, avant de les jeter sur un tas d‘ordures. On leva enfin la herse, un garde du secrétariat-business examina les passeports de Baristan et de sa femme et les fit pénétrer sous le porche austère. Dans la cour située à l’intérieur du château, les hommes d’armes, leurs fils et leurs neveux s’entrainaient à lancer leur javelots dans le cul de quelques grands mannequins. Un autre garde du confort-service vint prendre le couple en charge pour les conduire devant leur souverain. Dans la vaste salle du donjon, Gisèle de Lècheku à la silhouette fine et déliée filait sa petite quenouille et faisait tapisserie devant la grande cheminée. A la vue des invités, elle posa son ouvrage pour venir s’asseoir sur un trône à la droite de celui de Vazy, vêtu d‘un manteau noir et d‘une toque de fourrure. Le tyran envoyait à sa mie des clins d’œil avec un humour constant, tout en chatouillant sans vergogne le dard du phallus qui poussait dans sa chair, à chaque fois qu‘il la regardait. Il parla d’une voix qu’il voulut douce, pimentée cependant d’une poésie faciale dédiée à Bristan, ouvertement meurtrière :

 

– Comment s’est déroulée la traversée de la mer de Cybrine, vous eûtes un bon voyage ?

 

– Nous avons trouvé le paysage bien charmant, surtout la ligne d’horizon.

 

– Et la reine Amanda, toujours aussi entichée de ses boursemolles qu‘elle épuise tot à tire?

 

– Et oui, sire, en son palais d’aventurine, la triste reine de Fion s’échine toujours à jouer des pines, elle est pourtant comme chacun sait fort mal baisée.

 

– Bien, je te présente ma nouvelle sorceresse Gisèle de Lècheku, avec laquelle entre autre je m‘escambille dans mon dormitoire, car j‘en ai fait ma drue. Elle n’a point vilaine trogne, n’est-ce pas ? Elle est de plus très apensée.

 

Marie Stetarte la constatait surtout d’approche facile, mais elle baissa les yeux devant le regard insistant de la sorcière qui jouait d’elle comme d’un pantin. Une vision propre à décoiffer les femmes et rendre les hommes fous. Marie eut sur le champ grand froid d’ovaires et regarda ses pieds. Maintenant qu’elle était certaine que l’épouse du vizir ne piquerait pas son mec, Gisèle leva rêveusement la tête sur la voûte en berceau, d’où pendaient de grands lustres aux riches corolles évasées.

 

– Parlons de cette communauté de la gnôle, qu’en sait-on ?

 

– Rien de nouveau, de William de Bochibre et de toute son armée, rien non plus, je suis désolé.

 

– C’est fâcheux, tout de même. Mais Gisèle a don de devinance, c’est pour que tu puisses le constater de tes propres yeux  que je t’ai fait mander. Allez ma chère, montre au vizir ce que tu vois dans les boules.

 

Gisèle s’exécuta, tournant les prunelles comme prise de boisson :  

 

– Il existe quatre gés qui interfèrent, c’est pourquoi je reçois mal : ce fameux Poingé qui nous intéresse, l’Ombragé, un vieux coin sans soleil, l’Apogée, nom d’un pic lumineux, l’Outragé, un lac aux eaux troubles. Mais je vois à présent nos compères stationner au pied du Mont Velu. William est avec eux.

 

Puis l’image se brouilla et la sorcière ne vit plus rien. Baristan et Marie restèrent figés devant le trône comme deux stalactites humaines. Le vizir s’était soudain pétrifié en apprenant de la bouche de Gisèle que la communauté n’était point morte et continuait sa quête. Mais la sorcière n’en disait pas plus. Il sentait déjà la chaleur du pal lui brûler l’intérieur.

 

– Ah, William est avec eux, c’est assez bon signe. La peur le rendait hésitant.

 

– J’en reste le seul juge, Baristan, mais vaudrait mieux que nos amis ne ramènent jamais à Fion la petite fleur de pinette, tu servirais de lampe vivante pour éclairer mes remparts. En attendant, profitez bien de Mouyse !

 

Un seul claquement de doigts leur demanda de partir, car son zob à lui s’agitait à présent comme baguette de sourcier, tant il était épris de sa jolie Gisèle, presque deux fois centenaire.

 

https://zupimages.net/up/18/05/ougz.jpg

 



Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:22:27
n°40172341
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-11-2014 à 09:59:50  profilanswer
 

Revue de presse.
 

 

Aujourd'hui : Un cas de travail au noir.

 

https://zupimages.net/up/18/05/076w.jpg

 

Revue de presse.
 

 

Aujourd'hui : Une regrettable méprise.

 

https://zupimages.net/up/18/05/qo8w.jpg

 


Salon littéraire :

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait n° 58.

 

https://zupimages.net/up/18/05/bdza.jpg

 

« Les trois levrettes » n’avait rien du petit comptoir intime et sympa, mais se trouvait être la plus grande brasserie de Garatonku. Là venait se rassasier du fameux Goulag aux trois épices, spécialité notoire du pays, une horde de fonctionnaires qui envahissait les tables sur l’heure de midi. L’endroit était tenu par le fils du précédent propriétaire, pendu lors du coup d’état de Géraldine Kidor pour avoir soutenu l’ancien régime. Prouvant qu’il n’épousait pas les idées paternelles, le jeune et nouveau patron était en revanche un ancien membre des sentinelles de la révolution et sa maison était à présent fort respectée. Au pied de la riche façade de l’établissement qui dépotait à lui seul 2% de la production brassicole du Gurukislapet, une noria de taxis larguait en continu des clients affamés. Le bar était immensément long et classieux, recouvert de cuir noir, ce qui donnait aux blondes accoudées un chic insensé. Des loupiotes rouges l’égayaient de loin en loin pour paver sa surface d’un romantisme nocturne qui sentait plus le plan cul que le débat philosophique. On y croisait chaque soir quelques paumés venus y faire quelques provisions d’illusions plus ou moins tarifées, mais ce n’était cependant pas la raison sociale de l’endroit, lequel abritait aussi des couples légitimes et des représentants de commerce tout à fait respectables. Restaurant à la mode au décor un peu kitsch, « Les trois levrettes » n’était pas non plus un lieu de spectacle. En tout cas, c’était là que Marlou, Kiki, Babe et Carla échouaient la plupart de leurs soirées Garatonkoniennes. Après avoir pris possession d’une table, Marlou touilla les glaçons tombés dans sa vodka en faisant face aux autres :

 

– On a bien déconné avec Gégé, lorsqu’elle m’a dit que les forces spéciales formaient un mixte entre police et armée. Je lui ai répondu que les hybrides étaient le plus souvent stériles.

 

– Allez, fit Kiki, t’es pas le seul couillu dans ce bas-monde, mon pote.

 

– Tu veux dire que tu te mets sur la liste, mon cher Yorkshire ?

 

– On va dire ça comme ça. Il s’étala en s’étirant sur la cuisse de Babe avec un air satisfait.

 

– Fais gaffe à tes griffes sur mes collants, bougre d‘âne.

 

Avec cette manière si élégante de tenir son verre à deux doigts, Carla leur lâcha son plus beau sourire. Tout l’être de Marlou succombait au désir de ce piège charmant, comme un papillon de nuit qui se crame sur une lampe, sous l‘emprise fatale d‘une claque brûlante. La peau du visage de l’Italienne rieuse était du satin pur et elle avait épinglé dans ses cheveux frisés une seyante fleur de tissu incarnat. Ses seins magnifiques dormaient dans un décolleté savoureux. Babe n’était cependant pas en reste, car elle portait une courte robe noire aux lacets démentiels qui lui barrait carrément le bassin, pour laisser fugacement entrevoir une affriolante lingerie de luxe, blanche comme la neige. Ainsi passaient les heures, à boire des cocktails, discuter de conneries diplomatiques ou échafauder le meilleur plan pour coincer Ewij Nikasek. Le patron lui-même tourbillonnait derrière le zinc au milieu des bouteilles alignées, comme un ours dans sa cage, en surveillant son monde. Il savait que Marlou était un pote de la présidente et le considérait, lui et ses amis, comme des clients VIP. Quelques mecs en uniforme assis dans les fauteuils rouges, avec leurs stupides petits bonnets noirs sur la tête, prouvaient que la guerre civile n’était pas si éloignée. Eux aussi saluaient l’inspecteur de deux doigts sur la tempe lorsqu’ils le croisaient, car ils n’étaient pas sans savoir qu’il avait buté Alphonse de Saint-Exupéry. Lorsque le groupe quitta le bar à sa fermeture, le bitume inondé par la pluie les happa d’un tapis abstrait de lumières rouges orangés et de bleus intenses. De blanches colonnes de troncs d’arbres mouillés s’alignaient sur les trottoirs, aussi minéraux que le reste du décor. La rue s’agita brusquement. Sirènes hurlantes, des voitures de police passèrent à vive allure pour s’agglutiner un peu plus loin. Rejoignant l’attroupement, Marlou fut tout de suite mis au courant qu’on venait d’arrêter Fuzz la Glaire, sans aucun gun shot. On le sortait d’ailleurs à présent avec poigne d’une bouche d’égout, il en cracha de mépris dans le caniveau. Le commando chargé de l’appréhender avait cependant fait chou blanc dans leur tentative d’attraper Ewij, qui restait introuvable. Mais la culpabilité de l’égoutier ne faisait pour les policiers plus aucun doute, compte tenu des dizaines de boîtes de cartouches qu’ils avaient trouvés dans son repaire, sans compter les petites culottes d’Ewij, qu‘un chien identifia formellement. Il faudrait le lendemain investir soigneusement le réseau pour coincer la minette et Marlou confirma à tous qu’il en serait, bien évidemment. Il n’ignorait pas que tous, à commencer par Géraldine, comptait sur lui pour clore la légende de cette princesse déchue à la gâchette facile.

 

Les événements s’accéléraient pour Ewij qui courait à perdre haleine, Billy le rat trottant sur ses pas. Sa connaissance extrême des égouts lui donnait pour l’instant l’avantage à semer ses poursuivants, peu nombreux, mais déterminés et armés jusqu‘aux dents. La pluie avait envahie certains tunnels qui grondaient de flots bouillonnants. Le son évoquait les tambours d’une armée en campagne et les eaux charriaient une écume sale, vagues rapides qui léchaient le béton gris des conduits en raclures torrentielles. Ewij revenait tout juste d’une chasse au rat, avant d’aller dormir, lorsqu’elle avait vu Fuzz la Glaire se faire alpaguer. Elle n’avait pas voulu tirer pour ne pas le mettre en  danger. Comme elle n’avait pas mis ses bottes, ses tennis et le bas de son jean étaient trempés, mais elle s’élançait à présent au bord de la sentine endiablée comme une dératée, pour rejoindre un endroit précis qui devait selon elle lui donner un peu de répit. Son colt au bout de sa main était plus froid que l’eau. Elle souffla un peu, penchée en avant les mains sur les cuisses, pressentant la solitude mortelle qui l’attendait. Une drôle de manière de vivre son adolescence. Le noir se fit plus intense devant elle, Billy l’encourageait en piaillant :

 

– Fonce chérie, encore un effort, on arrive.

 

– Je suis désolée pour Fuzz, tu sais.

 

– Ne t’inquiète pas pour lui, je le connais, il dira rien aux flics.

 

Il suffisait que Billy formule cette fragile vérité pour que la jeune fille se mette à le croire, mais s’ils l’avaient arrêté, c’est bien qu’ils la savaient avec lui. Non, les dés étaient joués et elle allait devoir se battre pour sauver sa peau, les yeux lui piquaient de savoir ses chances de s’en tirer d’une minceur fatale. Ils foncèrent à présent dans une obscurité totale. Alors que cette fuite éperdue pourrissait son espérance, Ewij reprit courage. Prenant un tunnel divergeant, ils tombèrent en arrêt sur une lourde porte circulaire en fer dont Ewij actionna le mécanisme rouillé de l’ouverture, en abaissant une grosse barre grinçante. La pièce où ils débarquèrent n’avait fait les frais d’aucune modernisation, un simple réduit de béton puant qui suintait des murs comme un tombeau, mais par un trou muni d’une plaque d’aération, Ewij pouvait avoir une vue partielle du souterrain qui les avait mené là, si une source de lumière venait à l‘éclairer. Dos au mur, elle se laissa tomber comme une poupée désarticulée pour s’assoir sur le sol et le rat lui grimpa aussitôt dessus. Dans le mur d’en face, une porte identique à celle de l’entrée leur offrait un possible échappatoire. Ewij enleva son sac de ses épaules. A tâtons, elle vérifia qu’elle n’avait perdu ni ses munition, ni les fumigènes toxiques qui servaient ordinairement à Fuzz pour gazer les rats.

  

https://zupimages.net/up/18/05/dxyu.jpg

 

Et très bon WK à tous, roulez pas bourrés !

 

https://zupimages.net/up/18/03/2hrt.jpg

  


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:28:07
n°40183815
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 23-11-2014 à 18:26:26  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 20.

 

https://zupimages.net/up/18/05/mmr1.jpg

 

Les poils de la reine avaient repoussés, comblant d’aise ses morpions sacrés. Alors qu’allongée par terre elle se grattait le pubis où s’ébattaient avec joie Siphilis et ses potes, Dérokelbonfix et Sicégratisjpépa vinrent la nuit suivante pour libérer leurs prisonnières. Ils avaient donc l’intention de s’enfuir avec elles vers le camp royal sans rien dire aux autres. La femme du pillard, fort de son futur statut de reine de Foufoune et soucieuse de mêler dignité et travail s’était outrageusement maquillée, ourlant ses yeux d’un massacre de noir égyptien. Obéissant à leur injonction, riant sous cape de ces imbéciles de parvenus, Néefiertarée leur signa l’ordre de sacre, sans savoir que Dérokelbonfix avait déjà produit un faux semblable en imitant son cartouche. Tel était le message inscrit sur le papyrus envoyé avec Djôserlapéro-Légadi qui précisait en plus que la pharaonne arriverait dans la nuit. Le bandit ne doutait donc pas, à juste raison, de la réussite des efforts diplomatiques secrets de sa femme. Dupé partiellement, Merdenkorinnanâr les attendait en conclusion de pied ferme, donnant des ordres à ses soldats pour se préparer à les recevoir pacifiquement, et c‘était bien ce qu‘espérait le bandit. Une nouvelle fois mises en sac, la reine et sa servante droguées avec de l’opium de Niakwés afin de les faire dormir, furent chargées sur des ânes convoyés par le chef et sa femme. Aux pirates qu’ils rencontrèrent, Dérokelbonfix expliqua qu’il déplaçait son butin personnel pour aller le mettre dans le coffre sécurisé d’une banque réputée d’un village lointain :

 

– On marche de nuit afin d’arriver au matin, comme ça on va revenir dans la journée.

 

 Puis il pria brièvement Sobek en vue d’implorer avec eux la clémence des cieux et permettre des moissons favorables, ce dont ses soldats n‘avaient à vrai dire rien à battre. Par respect pour sa fonction, ils le laissèrent toutefois s’agiter et faire toutes ses respectueuses simagrées en hommage au Dieu crocodile ; à la suite de quoi les sergents se donnèrent le mot pour laisser la petite troupe traverser tranquillement les lignes. En marchant de nuit, on était à l’abri des ardeurs du soleil et l’on ne voyait pas le sang qui avait coulé dans les tranchées en abondance. Les plus exposées gardaient ainsi les traces de terribles corps à corps, sans compter qu‘une forte odeur de fayots imprégnait toujours les boyaux glaiseux. Il fallait constamment contourner les cadavres rebondis des zébus morts à la peau blanche et glacée. Dérokelbonfix saluait ses hommes au passage, surtout ceux dont il restait encore un peu de sang dans les veines. Même en sachant qu’il était en train de les trahir, il était fier de voir son camp d’aussi bonne tenue. La nuit noire empêchait de bien voir mais les sons s’entendaient clairement, c’est ainsi que certains osaient lacher « vlà l’enculé », mais le chef n’était pas en mesure de flêcher ces types pour l‘exemple, pressé de parvenir à la dernière tranchée qui leur barrait encore le no man’s and. Ils firent trembler des planches posées sur le sol boueux, les ânes crottés pataugèrent ensuite dans une fange de sable mêlée d’urine, car elle avait coulé autant que le sang. Circulant enfin dans l’ultime sape, Dérokelbonfix donna congé aux sentinelles, avant de s’élancer vers les lignes ennemies. L’affirmation de sa nouvelle liberté le fit marcher d’un pas princier, comme devait sans doute le faire le nouveau roi de Foufoune. Derrière eux, les soldats ne tarissaient pas en commentaires surpris, mais personne n’osa le moindre geste.

 

Prévenu par ses jumelles, Merdenkorinnanâr se hissa pour se mettre à découvert et les accueillir, car telle était la nouvelle règle du jeu qui l‘obligeait à serrer la main de son ennemi. Ce qui le faisait le plus braire, c’était de composer un discours officiel ampoulé, vu que la reine avait fait d’un esclave un roi. Il tournait toujours en rond sur lui-même, lorsque la propagation des sons dans la nuit lui apporta le braiement d’un âne. Il les vit enfin débouler dans son champ visuel, un grand con et une petite boulotte, qui poussaient deux bourricots fatigués avec une force singulière pour avancer plus vite. Encore tout étourdis de leur bonne fortune, ils saluèrent le général qui vérifia la présence de Néefièretarée, puis il invita le couple à rechercher promptement l’abri d’une tranchée, dans laquelle il sauta lui aussi à pieds joints. Alors il donna l’ordre de déclencher les catapultes et de sonner la charge. Le tumulte réveilla la pharaonne toujours enfermée dans son sac. Comme on la libérait, Dérokelbonfix se mit à protester mollement :

 

– C’était pas prévu dans nos plans que les combats reprennent.

 

– Vous croyez peut-être que je finirais ma carrière en petit homme brisé de honte et de remords ? Estimez-vous heureux de votre sort, parce qu’il n’y aura pas de prisonniers.

 

– Tant qu’à faire, s’interposa Néefièretarée encore étourdie par le somnifère, ligote moi ces deux là et conduit les au temple de Luxure où je m’occuperai d’eux plus tard. Et va gagner ta guerre après avoir réveillé Jésentilpetla, pour qu’elle puisse me peigner, j’ai une tête affreuse. Sicégratisjpépa s’étrangla comme sa taille, ruant d’embardées démoniaques sous la poigne des gardes qui lui collèrent des baffes pour la calmer. Dérokelbonfix avait déjà reçu sa dose et ne produisit plus rien d’autres que des borborygmes navrants, heurté avec violence de quelques coups de bottes dans l’estomac :

 

–  C’est trahison, vos paroles sont du miel frelaté et ne valent pas un pet de cocher !

 

Sicégratisjpépa était si outrée que les yeux lui sortaient de la tête. Un bon coup de poing les lui remis dans leurs orbites et la fit taire pour de bon. On traina le couple enchaîné  sur les restes du papyrus qui les nommaient monarques de Foufoune, et que Néefièretarée venait de soigneusement déchirer en de nombreux morceaux. La guerre avait reprit de plus belle, mais les pillards n’étaient désormais plus commandés.

 

https://zupimages.net/up/18/05/osn7.jpg

 


Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1, sur la queue du dragon. Extrait numéro 37.

 

https://zupimages.net/up/18/05/lzu1.jpg

 

Comme l’avait parfaitement vu Gisèle dans les boules, la communauté arpentait à présent péniblement les flancs escarpés du Mont Velu. L’air vif des hauteurs chassait avec bonheur le souvenir des miasmes du marchais. Le chevalier Erald donnait par habitude la main à Helga pour l’aider à grimper, pendant que Belbit sous l’aplomb de la belle en profitait pour regarder ses cuisses, qu‘elle avait fort jolies. Il en prit quelques pierres dans la tronche et se fit traiter par la belle de maudit valdenier. Tout en marchant, William fermait sagement sa gueule. Hivalanoué les avait quitté quelques instants pour aller chercher un sanglier, il revint bientôt chargé d’un seul lapin. L’ombre bienfaisante des sapins enveloppa leur ripaille où l‘on tosta le lièvre, puis Belbit tressaillit sous le choc d’une étonnante vision, car il aperçut en contrebas un cavalier solitaire qui venait à eux, éperonnant à diantre pour forcer son cheval à monter la dérude.

 

– Par Sainte Kramouille, mirez donc ce chevalier qui nous arrive !

 

Hivalanoué avait tiré sa grande épée, Erald se descella d’Helga et contourna le rocher qui les cachait des autres. Refourguant ses braies, il tira lui aussi son épée de son feurre de bon cuir. Mirlen plissait les yeux pour alchimier l’inconnu chevelé, nonchalamment vautré sur une belle selle d’ivoire et vêtu d’un élégant mantel. Le vieux magicien  remarqua qu’il était récemment amputé du bras gauche. Son écu ne trahissait en rien de sa maisonnée.

 

– Mes amis, point ne devons l’occire sans parlement, attendons qu’il arrive, il est tout seul et nous sommes nombreux. De plus, je vois bien qu’il manque à ce galapiat la pogne de senestre, ce qui doit le rendre fort malhabile à tenir une rapière.

 

– Pour certain que si ce fredain d’estranger nous cherche noises, où s’il n’est qu’un vulgaire larcineur, je le cingle d’un seul coup de ma lame en plein dans sa ventraille.

 

Comme l’autre se rapprochait, après avoir traversé un ruisselet aux graviers polis, Erald empêcha Helga de dégager ses biaux tétins pour l’amadouer. Quand il fut à leur hauteur, Mirlen s’avança vers lui le premier :

 

– Holà damelot, voilà un lieu bien étrange pour aller se promener. Quel est votre nom ?

 

– Beaux sires, je suis bien aise de vous trouver. Mon nom est Lancebroque du Lac, chevalier errant amputé de la main gauche.

 

– Ah ouais, et tu fais quoi dans la vie ? lui demanda Helga, par suspicion bien légitime de femme qui bien que déjà en couple, cherche quand même un mari.

 

– Ben, j’erre. Et vous ?

 

– Nous sommes de la communauté de la gnôle, venue dans ces contrées pour quérir la fleur de pinette et réchaudir avec cette plante la reine Amanda Blair de Fion, fort gelée à l’heure actuelle dans la région de son bassetement.

 

– Bien mes amis, il se fait que j’ai grand soif, à présent.

 

– Alors allons trinquer pour l‘achoison de notre rencontre, il est temps de toute façon pour nous de monter la tente.

 

Après avoir établi le campement, on choqua force cornes en compagnie de ce Lancebroque du Lac, qui leur conta son aventure avec de nombreux gestes agités par la main qui lui restait. Belbit n’en comprenait donc que la moitié. Helga trouvait que de sa face, l’homme ne présentait point de hideur, mais qu’une paluche gauche esmoignonée devait le rendre bien solitaire et frustré. Mirlen couchait par écrit le moindre de ses mots dans son grand livre, pour en avoir plus tard une meilleure souvenance :

 

– Oyez, oyez, je suis issu de noble et grande famille qui a des fiefs au nord de l’Hyperbourrée. Un jour, j’eus vent par un aïeul d’une histoire qu’il eut lui-même par ouïe-dire de sa grand mère. Et c’est celle de cette fameuse sainte grolle qui recueillit à l’aube du monde quelques gouttes des dernières périodes de notre Sainte Kramouille. Mon ancêtre m’a donc dit que cette grolle serait enfouie depuis dans un endroit situé sur le Mont Velu, plus précisément dans le sanctuaire du vent de Proutachatte bâti sur le col le plus élevé d’un sommet, que les Onkulés cannibales appellent Broutminayt.

 

– Et qui sont donc ces Onkulés cannibales dont vous dites ?

 

– Des gens terribles qui grignotent père et mère et qui vivent au-delà des ronciers.

 

– Au-delà des mûres ?

 

– C’est ça. Au-delà des mûres. Pour mon malheur, je les ai rencontré, je fus leur prisonnier et voilà le résultat, car ils m‘ont à moitié dévoré ! il leur montra son bras manquant. J’ai réussi à m’échapper d’eux, mais prenez garde aussi, car ils ne sont guère éloignés.

 

– Foutre Kramouille, fit Belbit, j’ai maintenant sanglots et larmes à parcourir ces forêts sombres car malgré mon serment, je ne veux point être mangé.

 

– Tout le monde sait, railla Helga, que vous êtes un peu couenne, messire le nain poilu.

 

– Qu’importe, s’interposa Mirlen, messire le chevalier Lancebroque du Lac, louez la destinée, car nous sommes à présent avec vous bras dessus, bras dessous.

 

https://zupimages.net/up/18/05/cisx.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:31:39
n°40200642
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-11-2014 à 11:03:19  profilanswer
 

Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Panne à l'hôpital.

 

https://zupimages.net/up/18/05/aeo1.jpg

 

Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Un chien agressé.

 

https://zupimages.net/up/18/05/3se6.jpg

 


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:33:19
n°40244635
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-11-2014 à 07:13:04  profilanswer
 

https://zupimages.net/up/18/05/rp69.jpg

 


Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 37.

 

https://zupimages.net/up/18/05/2j62.jpg

 

– Docteur Halrequin, fit Mensinq, j’ai trouvé huit cent balles dans les poches de mon malheureux factionnaire fonctionnaire, à mon avis ça n’est pas très clair.

 

– Que voulez-vous insinuer ? Jason trouvait effectivement dommage de considérer comme perdu cet argent donné au suicidé.

 

– Bien, nous allons procéder à la fermeture administrative de cette clinique, le temps d’enquêter sur vos petites dérives et l’évasion de l’amnésique psychopathe. Quand à vous, là, Jeanne Hachette, je vous embarque.

 

– Mais vous ne pensez pas ce que vous dites ? Fermer la clinique, non, c’est impossible !

 

–  Vous voulez finir en taule, c’est ça ? Son œil se fit tout à coup malicieux.

 

–  On est samedi.

 

–  Et alors ?

 

– Alors c’est pochetrons, bagarres conjugales et sorties de route aux urgences.

 

– Ok, vous avez le week-end, pas d’avantage. Faites le bilan des entrées et des occupations, on transfère tout le monde vers l’hôpital et…

 

Gwendoline pénétra en trombe dans le bureau, sans frapper, comme si elle n’avait pas le choix :

 

– Docteur Halrequin, Liliane Marshmallow est introuvable.

 

– Qui c’est ça, encore ? Mensinq avait harponné son monde en prenant un air hargneux.

 

– La 35, un vocal fry.

 

– Ok, on ferme.

 

– Je vous en supplie, commissaire. Jason était abasourdi, sonné, KO debout.

 

Mensinq lui envoya cette fois une œillade assassine. Sadique comme il se doit, il parraissait jubiler de la dissidence impuissante du toubib. Il régla au millimètre la position de son corps, offrant une image saisissante d’un dictateur en portrait officiel :

 

– Vous avez fait du chemin depuis votre concours de l’internat, mais moi je suis flic fool time, et quand je dis on ferme, on ferme, c’est clair ? Cette décision n’a pour moi rien d’un exercice de fin d’études, mon pote. Bon, vous, (il désigna Jeanne), vous me suivez.

 

Une fois la porte fermée sur un claquement de talons du commissaire, Jason se retrouva en compagnie de Gwen. Il ne pouvait se tirer une balle dans la tête, les armes le dégoutaient. L’infirmière était figée, elle savait que son rôle premier consistait à comprendre et rassurer, mais la détresse du médecin tellement visible recroquevillait ses pensées au fond de son cerveau d’une façon tellement inutile et minable, qu‘elle en avait presque la nausée. Si le monde de Jason s’effondrait, alors le sien s’écroulait aussi. Elle le regardait à présent, éprouvée de lui voir la langue haletante et les yeux exorbités ; ce dont il avait le plus besoin, se dit-elle, c’est d’un entourage de fer. Elle sentait bien qu’il avait envie de courir, mais qu’il était mystérieusement entravé. Comme une fabuleuse marionnettiste, elle lui rappela gentiment son devoir, prenant une voix qualifiée :

 

– Docteur Jason, on vous attend au bloc 3 pour opérer un élan du cœur. Sans cette intervention, le 65 risque un départ cardiaque, je vous le rappelle. Babette nous attend déjà là-bas, l’anesthésiste aussi.

 

Il lui jeta un regard de cocker âgé de vingt ans. Sa vie plongeait dans un cauchemar redoutable, ce qui était somme toute très rare dans son milieu. La vision de Gwendoline lui donna une impression de pureté blanche, comme s’il dévisageait un ange empreint de tendresse et de poésie. Une femme dont il savait par une indiscrétion de Jeanne qu’elle portait des culottes de grand prix. Comme frappé de maléfice, il lui échangea malgré tout un sourire douloureux. Il tomba tout à coup sous le charme de cette jeune et jolie infirmière. Mensinq allait enquêter, et c’était sans doute les prémices d‘une apocalypse. Il se mit à pleurer quelques larmes que Gwendoline s’efforça sur le champ d’épancher d‘un mouchoir en papier. Comme elle se plaçait derrière lui en contournant sa chaise, sa poitrine lui cogna légèrement la nuque, la respiration saccadée de Jason ondula sa blondeur lorsqu‘elle lui fit résolument face. Puis elle s’approcha lentement de son visage en lui présentant ses lèvres par une sorte d’allusion transparente. Il était impossible à Jason de ne pas être frappé par le fait que leur couleur s’accordait à merveille avec le grain de sa peau.  A mi-chemin, elle le fixa de ses yeux d’un bleu merveilleux, illustrant seulement le prédicat sensuel d’un amour éperdu, mais son visage progressait très vite. Néanmoins, le médecin fut étonné par la longueur du parcours.

 

Le baiser de Gwen s’écrasa mollement sur sa bouche. En réponse à ce désir brûlant et propositionnel, il lui fouilla le palais avec sa langue. Il y alla de son petit bonhomme de chemin, mais ça lui faisait l’impression de sucer une cerise tiède, douce et sucrée. La volonté de l’infirmière était solide, elle ne lâcha rien. Par un effort constant, elle s’abandonna à ce muscle délicat qui la fouillait, avant qu’il ne s’envole trop tôt. Elle avait tellement attendu ce moment. Tellement souhaité venir en elle cette chaleur partagée. Sous le coup de ce trait d’union organique et délicieux, elle se sentait soudain comme une aveugle qui retrouve subitement la vue. Oui, aucun doute, cet amour rendu enfin si généreusement par Jason se révélait émotionnellement beaucoup plus fort que l’accompagnement d’une personne âgée vers la mort. La fermeture de sa clinique donnerait à Jason du temps et l’occasion pour lui de prendre enfin un peu de recul ; il allait sans doute maintenant l’inviter à dormir chez lui, dans son splendide chalet perdu dans la montagne, sur un pic ensoleillé enseveli sous la neige. Gwendoline savait bien qu’un autre pont charnel aurait là le décor idéal pour se concrétiser. Un combat qu’elle mènerait au fond de son grand lit, sans merci, sans règle, qui modifierait à tout jamais sa condition en faisant d’elle une épousée. En se dégageant, le visage de Jason se métamorphosa à nouveau et redevint totalement livide, tendant les bras il la repoussa doucement :

 

– Pardonnez-moi, Gwendoline, je ne sais pas ce qui m’a pris.

 

https://zupimages.net/up/18/05/36g6.jpg

 


Les beaux ouvrages de la Moyenne Encyclopédie, pour Noël, encore :

 

https://zupimages.net/up/18/05/ga65.jpg

 

https://zupimages.net/up/18/05/5w37.jpg

 



Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:38:15
n°40253378
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-11-2014 à 15:58:47  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.
 

 

Aujourd'hui : Norman Rockwell (1894 - 1978)

 

https://zupimages.net/up/18/05/q475.jpg

 


Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 59.

 

https://zupimages.net/up/18/05/q475.jpg

 

https://zupimages.net/up/18/05/19ro.gif

 


 Elle trouva sa lampe frontale. Toujours hésitante à l’allumer, elle la posa néanmoins sur sa tête, parée désormais à toute éventualité. La rumeur liquide leur parvenait toujours, mais elle était fort assourdie par l’épaisseur des murs. La marée sombre durerait sans doute encore quelque temps après la fin des averses de surface. Un genoux à terre, elle fit la lumière, moins d’une minute, histoire d’explorer sa cachette de fond en comble. Les portes jumelles de ce sas étaient conçues comme des sortes d’écoutilles massives, à la peinture verte écaillée de rouille et de crasse. Elle se leva enfin pour faire jouer le mécanisme de celle qui lui faisait face, l’ouvrit avec moins de peine que l‘autre, puis, peut-être un peu rassurée, elle la repoussa sans la fermer. Avec une fausse indifférence, Billy se lissait les moustaches, mais dans l’obscurité ses yeux voyaient mieux. Surtout, une certaine vibration du sol lui indiqua que les autres approchaient. Ses narines reniflaient le clébard, aussi. Il murmura à l’adresse d’Ewij :

 

– Voila du monde. Ils ont un chien.

 

– Good rat, Billy. Elle cramponna son colt.

 

– Ces mecs là bataillent à l’artillerie lourde, mon trésor.

 

Peut-être, vautré de bonne grâce dans le leurre d’un amour romantique, espérait-il vaguement la reddition de sa canaille adorable pour qu‘elle puisse rester en vie. Ainsi enfermée dans le noir, le cœur d’Ewij battait trop fort, un peu de sueur perla sur ses lèvres, qu’elle épongea de sa manche. Elle essaya de respirer à fond pour abaisser le rythme de ses palpitations cardiaques. Bonne pioche, son anxiété diminua un peu, mais elle frissonna tout de même involontairement, car elle avait la peur au ventre. Comme il y voyait un peu, Billy ne quittait pas sa divine des yeux, cette petite et jolie bourrique grandie trop vite à l’ombre d’Alphonse-Jean-Justin, visiblement prête à relever hardiment tous les défis. Finalement, en dehors de Fuzz, elle restait la boss, après tout. Les types faisaient le galop dans les tunnels, mais le chien arriva le premier. Des lueurs fugaces et désordonnées balayaient la nuit.

 

– T’as trouvé quelque chose, Kiki ?

 

– Elle est là notre fillette. Beuark ! ça pue le rat.

 

Un flic encagoulé et prudent se hissa sur la pointe des pieds pour pointer sa lampe sur la trappe d’aération, il n’eut qu’une vision partielle et peu significative du réduit. Mais il ne distinguait aucune silhouette.

 

– On y va, fit Marlou.

 

La lourde porte s’ouvrit lentement sur son bruit de ferraille mal graissée. Tous pointèrent leurs fusils, mais la pièce était vide, Ewij s’était barrée. Kiki renifla le moindre recoin, il tomba en arrêt sur la deuxième porte entrouverte, puis il s‘élança à nouveau. Marlou s’engagea le premier à sa suite dans le couloir carré, il tenait dans sa main, outre un Riot Gun de calibre 12 à canon court, magasin 6 coups, un puissant projecteur portatif qui l‘éclairait comme en plein jour. Ewij fuyait loin devant eux, lampe allumée. Sur le plafond bas, le faisceau de sa frontale lui dessinait au-dessus de sa tête comme une auréole. En attendant, mue par une étonnante force de vie, ce n’était pas une sainte qui courbait l’échine dans le couloir crayeux. Une vilaine queue de cheval battait ses épaules sur lesquelles son sac ne pesait rien. Les murs qu’elle frôlaient se constituaient de moellons réguliers posés sans mortier, un très vieux conduit. Elle courait d’une foulée ample et résolue, Billy au fond de sa poche, lequel savourait ainsi au mieux l’odeur pimentée par la transpiration excessive de son amie. Ewij dépassa une vieille armoire électrique extraordinairement poussiéreuse et sans doute désaffectée. Puis elle trouva une petite porte d’acier sur la droite, engagea une des clés de Fuzz, l’ouvrit, la referma soigneusement et repris sa course dans un tunnel circulaire plus large. Sa lampe collait à son front moite. Cette fois, au-dessus d’une jungle de câbles désordonnée, de gros tuyaux boulonnés longeaient les murs comme des serpents noirs, les ombres mouvantes les faisaient partir vers l’infini. Les bruits de pas se répercutaient dans le dédale en échos lancinants. On chahuta à grands coups de boutoir la porte qu’elle venait de refermer, un coup de feu titanesque prouva qu’on avait tiré en plein dans la serrure pour l’ouvrir. Elle dégagea un fumigène de son sac. Courant toujours sous la cité abreuvée de péchés, elle suivait comme des fils d’Ariane les tuyaux posés cette fois sur de frêles mais nombreux supports en fer oxydés. Le passage, susceptible de foudroyer sur place un claustrophobe, rétrécissait peu à peu. Elle tourna sur la gauche, avisa une échelle qu’elle grimpa rapidement. Kiki déboula peu-après, feinté par cette verticalité impraticable pour lui. Une sorte de torche tomba à ses pieds, un chuintement et une épaisse fumée lui fit de suite comprendre le danger, aussi fila-t-il à toute pattes vers l’arrière, pour se planter en jappant devant Marlou :

 

– Elle a gazé le tunnel, reculez, vite !

 

Effectivement, un lent nuage de fumée blanche et toxique envahissait peu à peu le bout de la galerie. Tout le monde battit en retraite pour repasser la porte et la refermer soigneusement.

 

– La petite garce, fit Marlou, la main sur la bouche.

 

Kiki suffoqua en toussant. Dans l’action, il n’avait pas pris garde au fait qu’il avait sans doute respiré un peu de poison. Il fallut reculer d’avantage, compte tenu de l’étanchéité relative de la porte. C’était perdu pour aller plus loin, la salope venait de semer ses traqueurs, d’une façon glaçante que personne n’avait seulement prévu. Ewij courait à présent dans une ambiance de vaisseau spatial, car les tuyauteries se faisaient plus nombreuses, mais ses pas soulevaient une poussière abondante qui en amortissait le son. Chassant les ténèbres, des luminaires disposés au plafond inondaient maintenant sa course d’une lumière crue dans laquelle se fondait la silhouette sans couleur de la princesse. Des canalisations privées d’emploi posées au bas des murs encombraient sagement le sol sans gêner sa marche. Au débouché d’un virage, elle tomba nez à nez avec un flic, trop surpris pour tirer. Bam ! il tomba en tirant quelques balles dans les murs, après avoir fait une pirouette sur lui-même ; Ewij s’empara de sa Kalachnikov et l’enjamba. Pestant contre ce barouf intempestif, elle grimpa quatre à quatre l’escalier que ce connard devait garder. La montée lui sembla interminable, mais elle savait où elle voulait aller. Une bouffée de chaleur tiède lui signala qu’elle touchait au but.

 

Voilà. Le souffle coupé, elle se courba pour passer sous une grosse canalisation, écrasant Billy qui couina brusquement, puis ils virent devant eux une anodine porte en bois perçant le mur lépreux. Nouveau tour de clé, derrière c’était l’aventure et l’inconnu, la mort instantanée, peut-être. Fuyant la cavalcade de ses pensée, Ewij se concentra dans l’ouverture de l’entrée. Pas de flic, personne, une nouvelle pièce bétonnée vide de tout mobilier, une autre porte, non fermée, et derrière, un vaste tunnel avec des rails au sol. Dans le mur ajouré protégé par de hautes grilles, une ouverture laissa passer un train rapide éclairé de néons jaunâtres. Elle était dans le métro. Au fond d’un second tunnel parallèle d‘une taille identique, elle distingua au lointain deux silhouettes armées de mitraillettes qui stationnaient, apparemment sans l’avoir aperçu. Elle se trouvait pourtant dangereusement visible. Marchant dans l’espace offert par l’étroit rebord, Ewij longea la voie sur une bonne longueur, plongée dans l’ambiance verdâtre offerte par une constellation de lampes alignées avec symétrie. Il régnait là-dedans une odeur étouffante de caoutchouc brûlé. Ensuite, un peu soulagée, elle monta sans attendre de petites marches, poussa un portillon de sécurité et se retrouva finalement isolée sur un quai désert, un espace redoutablement calme qui lui sembla pourtant tout à coup d‘une beauté à pleurer. Larguant avec rage dans son geste chagrin et colère, elle fusilla sans prudence deux caméras qui la mataient. Alertés, les deux sentinelles aperçues tout à l’heure foncèrent aussitôt dans leur tunnel, mais Ewij les attendaient, elle les dégomma au débouché des marches, tous les deux. Deux petites lopettes qui ne reverraient plus jamais la lumière du jour. Alors que elle, démentiellement chanceuse, assoiffée de sang et de vengeance, elle était toujours vivante.

 

https://zupimages.net/up/18/05/tqid.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:42:19
n°40314620
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-12-2014 à 09:48:36  profilanswer
 

Revue de presse.
 

 

Aujourd'hui : Un go fast.

 

https://zupimages.net/up/18/05/wqpe.jpg

 

Revue de presse.
 
 
Aujourd'hui : Elle frappe son partenaire.

 

https://zupimages.net/up/18/05/582k.jpg

 


Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 21. The péplum !

 

https://zupimages.net/up/18/05/0lsj.jpg

 

https://zupimages.net/up/18/05/5cxo.jpg

 

Merdenkorinnanâr lança enfin ses troupes pour l’assaut final. Les départs de zébus produisaient un vacarme terrible en faisant trembler le sol, alors qu’une âcre odeur de fayots empestait l’atmosphère. La grenadine coulait à flot. Les burnous collés de sang servaient de pansements aux hommes qui se battaient par snobisme ou gloriole jusqu’au dernier souffle de leurs copains de chambrée. Certaines physionomies exprimaient la terreur de voir leurs corps soudainement privés de bras et de jambes. Au milieu d’une cohue belliqueuse indescriptible, de longs manches s’enfonçaient de toute part n’importe où, alors qu’ailleurs les fantassins s’égorgeaient dans les tranchées en se tranchant l’aorte au couteau de silex. Osiris, dieu des morts, régnait sur le massacre, mais les blessés des deux camps louaient plutôt pas cher Khonsou, au pouvoir guérisseur. Bras levés, les pillards privés de chef courraient partout pour se rendre, bientôt massacrés, puisque selon les ordres reçus du général, ont les envoya rapidement se faire avaler par la Grande Dévorante. Les scribes s’affairaient dans toutes les tranchées ou rampaient dans les arrières pour établir leur correspondance de guerre ; puis, dans les niches individuelles, ce fut homme contre homme, sous un fort soleil vigoureux masqué par une pluie de javelots. Tous piétinaient d’innombrables cadavres au cœur transpercé d’un mortel bouquet de flèches aiguisées. Au bout de quelques heures de ce carnage, les arbres gravés de cœurs transpercés se mirent à refleurir et les oiseaux à gazouiller, car la guerre fut gagnée au bénéfice de l‘armée royale. Le jour de cette victoire fut aussitôt déclarée fête Nationale par Néefièretarée, laquelle loua au passage la détermination de son général, espoir vivant de sa nation. Déjà, quelques entreprises Romaines arrivaient là pour investir des millions dans les ruines providentielles, construire des routes, ériger des villages et exploiter les habitants qui venaient de survivre aux horreurs de la guerre.
 
 Puis, à la cinquième heure de gnomon, vint le temps de juger au temple de Luxure la noirceur du crime de Dérokelbonfix et de son épouse, Sicégratisjpépa. Selon un rigoureux code de la croûte, le service d’hygiène et santé dépêchés par la ville d’Isdiboulaouane les avait nettoyés un peu, pour ne pas que leurs plaies attirent les mouches et les panthères, ni générer aux narines de la reine d‘odeur désagréable. En effet, pendant toute la durée des combats, coups de pieds et coups de poing ne leur avaient pas été ménagés. En revanche, ce procès s’annonçait plutôt pour la pharaonne comme un moment convivial et de détente. Elle traversa dans sa litière l’avenue rectiligne colorée de beaux drapeaux qui conduisait au temple, sous les vivats à la fois libres et contraints de ses trois soldats restants. Un petit mot de travers les réduisit à deux. Une fois montée sur son trône d‘une pure splendeur, Merdenkorinnanâr assis à sa droite et Tahosétlafer posé loin derrière, on jeta à ses pieds les deux prisonniers enchaînés. Gardée par un fort parti d’hommes armés de la garde personnelle de Néefiertarée, Sicégratisjpépa balaya du revers de sa manche en coton gris ses tempes trempées de sueur. Un coup de savate lui avait cassé les dents de devant, aussi parvenait-elle à prononcer malhabilement phallus, bien qu’elle n’eut aucune envie de penser ce mot, alors qu’elle disait foleil pour soleil, se sachant sans doute bientôt privée pour toujours de sa chaleur bienfaisante. Les scribes s’occupaient à vérifier sur leurs rouleaux la liste des personnes autorisées à être présentes, en raison de leur appartenance au cénacle de la cour ambulante, avec pour seul point commun de garder pour eux tout l‘argent qu‘ils amassaient sur le dos du royaume. Il y avait là des jeunes femmes très élégantes couvertes de bijoux, avec leurs mecs en pagne et perruques qui dodelinaient de la tête en un mouvement merveilleusement fixé par les pellicules, sur leurs épaules nues. Sicégratisjpépa se lança d’emblée dans un petit exercice d’impertinence :

 

– Tu nous as trompés, efpèfe de falope !

 

– Ouais ouais, fit la reine, c’est pas faux.

 

Les juges frappèrent dans leur mains, un garde frappa la femme du bandit et le procès débuta par un long réquisitoire mené par Tahosétlafer :

 

– Ho ma reine de l‘Egypte, resplendissante idole des prépubères, vois ces deux chacaux puants qui…

 

– Chacals.

 

– Attendu que d’après ce que j’en sais, le casier judiciaire de ce Dérokelbonfix n’est pas vierge et que sa femme non plus, nous réclamons une peine exemplaire pour ceux qui ont déclenché la guerre qui vient si terriblement de nous endeuiller.

 

– Ah bon, et c’est quoi les antécédents de cet esclave en révolte, rappelle-nous ?

 

– Il aurait été condamné à ses 17 ans pour un viol de vautour appartenant au sanctuaire de Nekhbet, épouse du dieu du Nil Häpi.

 

Néefiertarée s’adressa à Dérokelbonfix. L’information lui avait collé un petit sourire ironique sur son visage :

 

– Tu dis quoi ?

 

– Ah mais dans ma cité éternelle on viole des vautours par désoeuvrement, c’est courant chez les jeunes esclaves fauchés.

 

– Oui, coupa Tahosétlafer, mais non seulement tu te serais tapé cet oiseau sacré une fois, après l’avoir maquillé, mais ensuite ce vautour de luxe a été retapé par tes potes. Bref, de primo-délinquant tu es devenu le chef de la rebellion contre le trône. Acte odieux s’il en est que Merdenkorinnanâr vient de réprimer d‘une façon magistrale. Tu n’es pas ce leader charismatique chéri par ton ramassis de bandits mais un vulgaire voyou, un caïd, et ta femme ne vaut guère mieux.

 

– Oui, fans doute, s’époumona Sicégratisjpépa, mais on vous a rendu la varaonne bien vivante. En un fenf, on l’a brotégé. Elle nous avait bromis la gouronne de Foufoune gontre sa vie.

 

– Ferme là. Bon, au nom d’Amon Râ, son viol de vautour met ce pillard en état de récidive légale et j’accuse ces deux misérables d’avoir porté atteinte à la tranquillité du voisinage. J’exige donc auprès de ce tribunal qu’ils fassent l’objet d’une procédure de destruction particulière. Qu’on décide également de rayer cette oasis de Foufoune de la carte, pour que son pillage aide à payer la solde des militaires, vu qu‘avec les exactions répétées de Ramassidkouch, j‘avoue qu‘à présent, on a du mal.

 

– Voilà, fit Néefièretarée, un peu vexée tout de même de cette dernière allusion faite au sujet de son mari, ces deux morts là sont encore beaucoup trop chauds à mon goût.

 

– Falope !

 

– Du calme chérie, cette maudite scélérate a gagné. Car en beau joueur, Dérokelbonfix se résignait visiblement à son sort. C’en est fini de notre mouvement collectif et libérateur.

 

 On les enterra donc vivants profondément dans le sable, à l’écart de la ville, après avoir placé deux ou trois scarabées dans leurs trous du cul. Puis, toute la ville d’Isdiboulaouane fêta l’armistice, pendant deux jours de folie. Isdiboulaouane, Isdiboulaouane outragé ! Isdiboulaouane brisé ! Isdiboulaouane martyrisé ! mais Isdiboulaouane libéré !... libéré par lui-même, libéré par son peuple, avec le concours des armées de la Pharaonne... Et même ce pauvre amputé de Djôserlapéro-Légadi vit à cette sympathique occasion de belles esclaves mettre leurs longues jambes à son cou médaillé.

 

https://zupimages.net/up/18/05/5g7e.jpg

  



Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:47:14
n°40335542
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 08-12-2014 à 17:09:25  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 38.

 

https://zupimages.net/up/18/05/e1z3.jpg

 

Tous grimpaient en silence tant la pente était rude. Dans quelques creux, gisaient des eaux perdues d’un bleu de méthylène, percolées par les blancs glaciers figés dans les hauteurs ; les retenues formaient de petits étangs calmes d’où surgissaient des houppes de joncs jaunes. On y voyait nager des cruchons vides, des canards, des grenouilles, des dindons, et de temps à autre les chevaliers Erald, Hivalanoué, William et Lancebroque y piquaient en riant un plongeon. Belbit ne baignait pas, mais patouillait sur la rive relevant seulement son pantalon aux genoux. Helga s’éloignait d’eux pour nager hors de vue, de manière à ne pas dévoiler son bazar. Peine cependant perdue, car le nain voyait loin. Dans ce pays étrange, les corbeaux avaient l’étrange manie de voler sur le dos, ce qui amusait fort Helga de les voir se poser sur le sol, avec leurs pattes en l’air. Les bêtes noires s’écrasaient sur les troncs, le bec en plein dedans, mais ils étaient forcément peu nombreux. Mirlen cherchait à décoder dans les gravures des pierres les histoires de l’histoire de ce peuple farouche nommé les Onkulés. Leur civilisation avait laissé à maints endroits quelques vestiges d’une étonnante monotonie, en gravant dans la pierre de grosses quéquettes à l’infini, ce qui faisait alchimier dans la pensée du mage que ces ogres avaient l‘esprit branleur. La rocaille était partout et les falaises regorgeaient de grottes camouflées, remplies jusqu’à leur fond de belles chèvres angora, que Belbit visita quelquefois avec appréhension. Les vastes pinèdes dévalaient jusqu’en plaine, mais les arbres devenaient de plus en rares à mesure qu’on gagnait en hauteur. Encore loin du sommet, en invitant les autres à relever la tête, Lancebroque montra du doigt un point noir isolé dans la neige, aussi petit qu’une mouche à crotte égarée au plafond d‘une chambrée :

 

– Le Sanctuaire du Vent de Proutachatte, messires, où nous passerons probablement la nuit !

 

– Chevalier, fit Helga en lui dressant un œil énamouré, j’ai grande foi en vous.

 

Erald goûtait moins, mais il fit mine de rien :

 

– Eh bien, messire Lancebroque, une fois rendu là-bas, vous pourrez enquester fort à l’aise sur votre sainte grolle, si jamais il en est.

 

– J’y compte bien, mais nous avons surtout grand besoin d’un abri. Ce pic du Broutminayt me parait très venté, mais c’est partout pareil, en haut du Mont Velu.

 

Et l’on repris la marche, effectivement sous un blizzard de plus en plus fâcheux. Hivalanoué s’en alla un instant tuer une dizaine d’ours pour en faire des fourrures à gros poils, grâce auxquelles ils eurent tout de suite plus chaud. L’odeur, faute de les avoir tannées, c’était quand même autre chose. Mirlen fermait la marche en compagnie de Belbit, ce dernier l’arrêta :

 

– Maître mage, avez-vous remarqué que les dindons d’ici ont tous les pieds palmés ?

 

– Il y a tant de magie en ce monde, Belbit. Tenez, que voyez-vous ? Il pointait l’horizon.

 

– Non, je ne vois rien.

 

– Peu de gens le peuvent. Il darda sur lui ses yeux d’acier en défrisant sa barbe de folie. Je vous montrais mon doigt, voilà tout.

 

Et puis la communauté repris sa route, foulant au pied la parisette à quatre feuilles et les sclérodermes blancs, sous la morsure d‘une bise de plus en plus glacée. Lancebroque et Helga, devenue subitement très sensuelle, devisaient gaiement côte à côte en riant de bon cœur, sous le regard soupçonneux du chevalier Erald, un peu en rogne contre ce noble indigène venu d’ailleurs. Il avait bien vu qu’elle venait d’arranger ses cheveux en se mirant dans une mare, uniquement pour offrir à ce manchot une qualité d‘image irréprochable. Ces prévenances sans pudeur, toutes nimbées de perversités, commençaient à affecter Erald profondément. Croyait-elle qu’il n’avait rien vu et qu’il allait applaudir innocemment ? lui au moins l’aurait pu des deux mains, quand l’autre pomme se contentait de loucher à loisir sur ses tétons. Vint une large platière de grès recouverte de callunes roussies remplies de hérissons pointus, étendue odorante qui formait à la vue un tapis rouge très plaisant. On s’y reposa un instant pour y boire quelques cornes et raffermir sa panse, car tous avaient grand soif, à présent. Enjouée, Helga leur prépara un clafoutis aux mirabelles, de la pintade au pain d’épices arrosé de bon cidre. On termina en se suçant les doigts sur du nougat glacé. Mirlen au contraire des autres faisait grande vigilance, craignant de voir apparaître devant eux un de ces Onkulés ou une male beste. Le mont Velu était bien fait pour gâter le pas des mortels venus y randonner. Ce n’était point jardin fleuri de rose, mais pierres et caillasses coupantes, toutes mouchetées de besoins de fourmis. Glissant sur un pignon de roche, sans doute atteint par une ivresse qui n’était en rien celle des cimes, ou simplement fatigué de se lever tôt et de se coucher tard, Belbit chuta de quelques mètres au-dessus du vide, accroché par sa manche à un jeune arbrisseau. Bloqué dans son fou-rire, Mirlen avait bondi :

 

– Mort et sang, par Sainte Kramouille, tenez bon petit nain !

 

https://zupimages.net/up/18/05/q81o.jpg

 


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:48:37
n°40379708
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-12-2014 à 16:17:10  profilanswer
 


Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 38.

 

https://zupimages.net/up/18/05/0jg2.jpg

 

Un soleil froid peignait pourtant délicatement d’un jaune éphémère les cimes enneigées du Kirschtörtchen. Une invasion effervescente de Japonais d’une couleur identique déferla d’un bus de tourisme pour saisir en photo la beauté de ce splendide paysage. Pour mieux traverser la ville, Jhonny s’était débarrassé rapidement de ses bandages à la tête, puisque ce qui vous garantit l’anonymat dans un lieu donné devient explicitement suspect dans un autre contexte. Lilian marchait à ses côtés, ayant lui-même enlevé pour toujours ses colliers et ses boucles d’oreilles.  Ils suivaient pas à pas les indications de Jeanne Hachette qui devaient les conduire en périphérie de la cité, où se trouvait parquée dans un camping la caravane de son cousin Albert Demonac. Lilian serrait la clé de la roulotte au fond de sa poche, comme le précieux sésame de sa liberté retrouvée. Ils longèrent en marchant vite de hautes maisons aux façades grisées de pollution et contournèrent un hôtel un peu délabré, dont le jardin en friche tombait tristement au bord du lac. De rutilants 4x4 derniers modèles glissaient en se suivant docilement dans les avenues. Quelques boutiques de souvenirs étalaient sur le trottoir, pour réaliser en grande concurrence l’exploitation fiévreuse des ressources naturelles du patelin. Un gardien soupçonneux leur indiqua du doigt la caravane d’Albert, avant d’essayer de leur vendre une bible, pour leur apporter la bonne parole. Lilian l’envoya chier sobrement puis il tourna la clef, laissa Jhonny s’engouffrer dans l’espace réduit et referma la porte métallique sur un nouveau tour de verrou. Plongeant avec délice sur les banquettes fleuries, les deux évadés savourèrent l’idée de se trouver à l’abri, en quelque sorte chez eux. La caravane n’était pas très grande mais pourvue des nécessaires commodités, ils auraient même chacun leur lit. Echafaudant un projet plus lumineux que la voie lactée, ils allaient jouer là-dedans l’enterrement par une prudente stratégie d’isolement, en attendant de recevoir des nouvelles de Jeanne. Jhonny contraria Lilian en le dissuadant de jeter sur leur abri le filet de camouflage qu‘il avait découvert sous son siège. Le gosse était râleur et certainement un peu fainéant, mais Jhonny lui devait sa sortie en douceur de la clinique Saint Bernard.

 

– Ok Jonny, whe arrrrrrrrre finally fine therrrrrrrrrre, tu ne trrrrrrouves pas ?

 

– J’espère que Jeanne n’aura pas trop d’ennuis à cause de nous.

 

– Don’t worrrry, Jhon.

 

Pendant ce temps, complètement consternée par l‘attitude de Jason suite au merveilleux baiser qu‘elle avait enfoncé dans sa bouche, Gwendoline avait rejoint le bloc 3 dans un état second. Elle avait envie de boire trop d’alcool et de se ballader en bikini, mais la vue de Babette affairée près du patient la jeta dans une saisissante glacière émotionnelle. Cette maudite surveillante générale, avec ses deux gros nichons que Jason n’imaginait même plus, pour les avoir déjà vu… En somme leur petit match amoureux était nul et les paris pouvaient reprendre. Jason avança vers la table d’opération comme un dieu qui marche sur l’Olympe. Lui, il allait devoir opérer ce 65 et gagner de l’argent. Ses pensée étaient pourtant très éloignées de sa tâche, écoeuré sous son masque de voir les portes de sa clinique bientôt se refermer, selon les exigences de Mensinq et pour les raisons de son enquête. Jason allait sans doute avoir bien du mal à retomber sur ses pattes. Pas de bol, l’anesthésié victime d’un élan du cœur avait mangé du camembert Français, tout le bloc 3 s’en trouvait dorénavant infecté. Babette faisait des ronds de jambes, Gwendoline limait ses seringues et Jason porta un regard attentif sur le baromètre. Les pieds des soignants crépitaient sur le dallage fraîchement lessivé, petite musique de nuit temporisé par le fracas de quelques pinces tombant sur le sol.

 

– Merde, faite donc un peu attention, Gwen ! je garde la détermination, mais je vous laisse la concentration.

 

Et alors, il n’avait qu’à lui claquer de sa belle main sur ses cuisses somptueuses, pour ce qu’il en faisait, après-tout. Elle ne s’attendait pas à ce qu’un simple baiser soit aussi fort et puissant, Jason avait été pour quelques secondes le chef d’orchestre de son corps et de ses émotions, avec cette humilité louable qui le caractérisait si bien. Gwendoline en était restée sur le moment béate de vivre avec lui cet instant de réunion fusionnelle, nullement effrayée, puisque cette communion l’avait été à son initiative. Loin de gommer sa féminité, ce délicieux tandem l’avait propulsé vers un sentiment d’osmose partagée, lequel lui laissait à présent une sensation de manque terrifiant. Babette n’offrait maintenant en face d’elle qu’une silhouette menaçante, à qui elle se devait de fourguer de temps à autre quelques compresses propres. Le sang giclait comme à Verdun, Jason confirma poliment que ce n’était plus la peine de s’activer, parce que le 65 avait bouclé son Karma. Tout le monde quitta le bloc 3, fatigués et sans doute un peu soulagés. Le retour à la pause café fut silencieusement partagé avec les mecs d’une équipe mobile. Personne ne fit allusion à la fermeture programmée de la clinique, Babette et Gwendoline admiraient l’aplomb du docteur Jason, en le regardant boire sa tasse debout, comme un fier monolithe blanc, mais elles pouvaient toutefois discerner dans son air maussade qu’il avait l’esprit ailleurs. Sa douleur le laissait férocement seul, sans même l‘idée de balancer une vanne salace. La façon dont il avalait chaque gorgée brûlante témoignait de sa souffrance silencieuse. Gwendoline en était presque physiquement malade, elle savait maintenant que Babette pouvait passer à l’acte d’un instant à l’autre. Et d’ailleurs, pourquoi se serait-elle gênée ?

 

– Un autre café, docteur ?

 

– Non, merci Babette, ça ira, merci beaucoup.

 

Gwendoline la regarda qui redressait son satané buste, avec une manière de séduction que l’infirmière surveillante générale voulait sans doute aussi incisive que captivante. Tiens, prend toujours ça dans les dents, bien fait pour ta gueule !

 

https://zupimages.net/up/18/05/kcap.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:50:25
n°40393227
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-12-2014 à 15:28:12  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 22.

 

https://zupimages.net/up/18/05/b59k.jpg

 

Une fois la victoire savourée, penchés au-dessus d’une carte de l‘Egypte, copie d’un document autrefois tracé par Hyradote le Grec lui-même, Néefièretarée, Merdenkorinnanâr et Tahosétlafer tâchaient de visionner la prochaine étape de leur voyage vers le sud. Le général pointa du doigt l’emplacement d’une grande ville :

 

– Halopolis. C’est une cité importante, là vous pourrez vous reposer un peu, majesté.

 

– C’est loin !

 

– Oui, d’autant plus que je n’ai presque plus de soldats. Mais il reste une solution plus économique, sans doute plus sûre mais surtout plus rapide. Il nous suffirait de descendre le Nil. Il me semble d’ailleurs que nous n’ayons par d’autre choix que d’opter à présent pour l’option fluviale.

 

–  Alors il nous faut des bateaux, pour moi et ma suite.

 

–  A vrai dire, j’ai déjà ordonné leur construction, ho fille sacrée d‘Ouséret, déesse Thébaine de seconde zone ! A deux semaines de litière en aval d’ici, le gros village de Tépafou est célèbre pour ses chantiers navals. Nous verrons bien où ils en sont, en arrivant là-bas.

 

– Faut qu’on arrive avant juillet à Larnak, où se trouve le chantier du tombeau de la pharaonne, avant les crues, sinon la navigation pourrait être dangereuse à cause des rapides. Tahosétlafer ne voulait pas avouer qu’il était en vérité sujet au mal de mer.

 

– J’ai demandé aux scribes de consulter le puits du nilomètre d’Isdiboulaouane, on n’est qu’à cinq coudées, c’est tout bon. De toute façon, un bateau va plus vite qu’une armée à pied, on devrait être à l’aise pour y arriver. Et puis le Nil, au contraire, devrait efficacement nous protéger des rencontres hasardeuses. Bon, mettez-vous en route sans tarder, Tahosétlafer veillera sur votre sécurité, mais je pense qu’aucun danger ne devrait survenir. Moi, je recrute pendant ce temps-là aux alentours pour refaire des troupes, je pars raser Foufoune avec elles et je vous rejoins à Tépafou. J’en aurais tout au plus pour une petite semaine, j‘ai un cheval qui va bien.

 

Merdenkorinnanâr roula la carte craquante avant de la ranger dans une jarre scellée par trois bouts de ficelle, puis après un dernier bisou, il laissa la reine se faire poudrer les narines par Jésentilpèla. Les deux femmes ne tarissaient pas d’éloges au sujet du général :

 

– Je me demande si je ne devrais pas coucher avec lui, finalement.

 

– Que la déesse Nekhbet lui fasse des jours heureux mais non, ma reine, un officier de sa trempe ne saurait pas à la fois faire l’amour et la guerre.

 

– Ouais, t’as raison, fille de Baraput. Ceci dit t’es gentille, toi, mais j’ai plus de mec. Tout en perdant son regard sur les tambours gravés du signe de la fête, heb, illustrant  une grosse colonne mise à la disposition de sa vue, elle caressa rêveusement sa petite chatte occupée à minauder.

 

Au moment de quitter Isdiboulaouane, un esclave chassa deux lycaons pouilleux qui fouillaient les poubelles, afin de laisser passer la pharaonne parée d’une couronne taillée dans la dépouille d’un vautour empaillé. Elle était respectueusement suivie par son escorte de porteurs, parés de leur côté à soulever la litière pour gagner leur croûte. Tahosétlafer avait insisté pour lui tenir le bras, mais Néefièretarée s’en était vivement dégagée. Depuis le départ du général, le visage du devin pris d’une acide mélancolie ressemblait à un vieux pot de terre cuite. Elle ne l’invita pas à monter dans son véhicule, mais fit en revanche un signe à Jésentilpèla pour qu’elle vienne la rejoindre, surtout pour qu‘elle lui passe ses volumineux bagages-cabines. L’esclave avait la jupe au ras des fesses qui renvoyait chez la reine quelques folles résonnances. Rideaux rouges fermés, la belle esclave lui cajola les sens, on vérifia le plein des pots d’encens et sous un soleil généreux tout le monde s’ébranla. La litière travaillait dans la poussière un sillon rectiligne et les porteurs lancèrent un chant scandé en fredonnant la gloire de l’Egypte sur l’air de Blow Your Nose qui résonna jusqu’à Jérusalem.

 

– Regarde ça, Jésentilpèla, mes petits gars au pas de métronome, ils n’ont pas de fourmis dans les jambes.

 

– Ouais, mais s’ils pouvaient arrêter de sautiller quand ils reprennent leur refrain en cœur, ça m’arrangeait. Dis-donc, l’autre squelette, là, il a pas l’air en forme.

 


– Tahosétlafer ? j’ai remarqué aussi, avec sa gueule d’olive écrasée on a l’impression qu’il est toujours en train de comploter, mais quand on passe son temps à tripoter la magie occulte, faut s’attendre au revers de la médaille. Je crois toutefois qu’il ne faut pas le sous-estimer, mes morpions sont là pour me rappeler son sens de l’image.

 

Du coup, elle se gratta un peu, ce qui dérangea Siphilis dans sa sieste. L’allusion au prêtre leur faisait un pensum déprimant, plein de vérités désagréables, aussi préfèrent-elles changer de sujet dans un esprit plus ludique, en se gavant de leurs figues fraîches bien juteuses, du plat de la main gauche.

 

Sur des pistes déjà tracées, elles traversèrent sans s’arrêter des paysages remplis de lieux cultuels gorgés de poulets morts et gérés par de nobles prêtres cauteleux. En arrière, suivaient en file indienne les brouettes surchargées par les vivres et les robes de la reine. La litière à huit motorisations Lybiennes, dotée d’un faible coefficient de pénétration dans l’air, rodée par de nombreux kilomètres au compteur, constamment réparée par des mécaniciens vigilants aux tuniques graisseuses, était impeccable. On avançait là-dedans à coup de forces vives sans être vu de personne. Le défi était d’arriver le plus vite possible à Tépafou et d’y trouver un endroit pour dormir, mais pour l’instant, le palanquin devenait leur unique foyer, où Néefièretarée aux cheveux de jais et Jésentilpèla et son minois de poupée y passaient des moments extrêmes à se découvrir mutuellement pour avoir moins chaud. En dehors d’essayer de se trouver une oreille musicale, le seul véritable désagrément pouvait se lire sur elles, quand en plein maquillage elles sentaient leur civière se balancer follement au creux d’un méchant dénivellé, sous une brutale giboulée de sable brun, ce qui faisait bien rire les singes perchés dans les palmiers.

 

https://zupimages.net/up/18/05/nxf5.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:53:10
n°40463678
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-12-2014 à 17:06:54  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 60.

 

https://zupimages.net/up/18/05/on8y.jpg

 

Une rame passa à toute allure, sans conducteur visible et sans aucun voyageur. Le souffle de sa course rapide glissa sur le quai, comme une brise légère qui fit flotter sur le front d‘Ewij une mèche capricieuse. La princesse était sale, son jean était toujours trempé et elle sentait mauvais. Bien sûr que tout le métro était sous leur contrôle ! C’était même étonnant qu’un train puisse encore circuler, même vide. Comment avait-elle pu imaginer grimper dans un wagon pour prendre le conducteur en otage et regagner la surface avec lui ? elle jeta un œil à gauche, à droite, les extrémités du quai allaient d’un instant à l’autre amener la mort vers elle. Ou peut-être d’en face. Cette saleté de Marlou et son chien, par exemple. Alors qu’elle s’y préparait, colt en main, elle se dit que peut-être, prendre en vie la détentrice de la rondelle sacrée intéresserait sans doute la nouvelle présidente. Que si elle se rendait, elle pouvait garder la vie, une chance sur deux, et comme l’aurait sans doute suggéré Alphonse, elle disposerait peut-être plus tard du loisir de penser à son évasion. Elle n’avait ceci dit plus rien à foutre de l’existence, mais l‘idée de ne pas mourir l‘emportait presque malgré elle sur toutes les autres. La certitude, c’est qu‘en résistant, son trépas était vraiment signé. Son jeune cerveau cogitait, malgré le risque de se faire trouer d’ici quelques minutes, elle apprécia subitement cette ruse excitante destinée à conserver cette vie qui bouillonnait avec plus d’impétuosité que jamais dans ses artères. Elle fouilla dans sa poche pour en sortir le rat :

 

– Billy, c’est bon maintenant, barre-toi.

 

– Tu vas faire quoi, là ? il redoutait de la voir se poser le canon de son arme sur la tempe.

 

– Dégage, je te dis, je vais me rendre.

 

– Ah ben ça m’éclaire, j’ai eu peur, d’un coup. Des clous, je reste.

 

– Ecoute Billy, tout ce que tu vas être maintenant, c’est un caillou dans ma godasse. Va-t'en.

 

– Non, je meurs avec toi.

 

– Et ça te dis de mourir avant moi ? elle lui pointa son arme sur son petit museau. Tu veux fumer après la mort, banane ? tu me seras plus utile plus tard, tu piges ? mon pauvre Billy, les rats ne sont pas libres de choisir, c’est ce qui fait d’eux des rats. Elle l’embrassa entre ses grandes oreilles, puis le repoussa d’une pichenette.

 

La menace était un argument. Touché par ce baiser généreux, mais la mort dans l’âme, Billy traina ses pattes et sa queue vers un distributeur de choses sucrées, parce que malgré tout, il voulait assister à la scène qui suivrait. Elle avait raison, si les FS la laissaient en vie, il se tiendrait au courant. Il se sentait investi de la mission sacrée d’incarner à lui seul l’espoir de liberté pour sa princesse de cœur. Après l’arrestation de Fuzz, il perdait cependant en la quittant un amour véritable et ses deux amis humains. De loin, il vit Ewij balancer sa kalash sur les voies et donner un coup de pied à son gun, de façon à l’éloigner d’elle tout en restant bien visible, puis s’aplatir ventre au sol et les mains sur la tête. Par terre, impossible de voir l’ensemble du quai, ils pouvaient survenir devant elle ou dans son dos. Qu’importe, Ewij avait fait son choix. Elle respirait la poussière avec une sensation de délivrance étrange. Autrefois héritière légitime du Gurukislapet, elle en était à présent l’ennemi numéro un. S’ils ne voulaient pas la prendre au sérieux, elle aurait bientôt simplement l’air d’un affreux cadavre, tout droit sorti d’un hachoir à viande. Sachant que si elle tentait la fuite, le résultat serait le même. Cette lucidité lui procura un sentiment d’apaisement, elle garda fermement sa position soumise. Son revolver dormait à présent loin devant ses yeux, hors de sa portée. Une voix mâle résonna fortement dans un couloir, avec un fort accent Italien :

 

– Ewij Nikasek, ne tirez pas. Je m’appelle Baby Saleface et je suis un ami. Je vais descendre les marches, lentement, mais je ne suis pas armé.

 

Que voulait dire cette embrouille ? Ewij ne bougea pas, insulte ou moquerie, elle ne comprenait pas cette soudaine politesse. Comme le mieux était sans doute de ne rien faire, toujours allongée, elle laissa l’autre s’approcher derrière elle. Elle respira plus fort, un peu déplorable et lamentable, en attendant le coup de grâce. Encore quelques secondes et elle allait peut-être involontairement se pisser dessus. Une main exerça une douce pression sur son épaule :

 

– Redressez vous bon dieu, je suis là pour vous sauver, vous comprenez ?

 

Elle se leva doucement, le type était seul, un chapeau sur la tête, une vilaine tronche de papa incestueux sur laquelle il essaya de placer un peu de chaleur, uniquement pour la rassurer et lui faire plaisir. Pire que tout, ce con là lui souriait d‘un rictus qui prouvait que ce n‘était pas vraiment dans sa nature. Mais par-dessus tout, bien qu’impatient, il ne la menaçait pas, bien au contraire.

 

– Dépêchons nous, vite, suivez-moi.

 

– T’es pas flic ?

 

– Pas du tout, je vous dis. Un ami qui est aussi le mien tient à vous aider, je vous expliquerai.

 

– Tant qu’à mettre les petits plats dans les grands, je peux récupérer mon pétard ?

 

– Ok, vite.

 

C’était trop beau, vraiment. Ewij fusa vers son colt, prête à tirer. Elle pointa le gars, mais vit que son geste n’était pas forcément approprié. Ce Baby n’avait pas l’air déloyal et continuait de sourire, mais il se fit cette fois plus impératif, agita un signe de la main et lui tourna le dos. Elle courut avec lui. Chaque pas de plus égrenait de nouvelles questions, son cœur frappait fort, mais il n’était plus temps de chercher des réponses. En haut des marches, plein de flics, fallait s’y attendre. Comme dit l’autre, trop de rose tue le rose, n’est-ce pas ? Baby Saleface lui barra vivement l’avant-bras qu‘elle avait subitement levé, avant qu’elle ne commette une connerie irréparable :

 

– Ne tirez pas. Malgré les apparences, ces gars sont à nous, je les ai payé.

 

Alors que Ewij s’en allait dans les pas de son sauveur, quelques hommes descendirent sur le quai qu’ils venaient de quitter. Au même instant, Marlou et des flics réguliers déboulaient en face. Heureusement pour lui, car il serait mort, Kiki Yorkshire suivait pour une fois d’assez loin, salement essoufflé depuis sa bouffée de poison. La fusillade crépita aussitôt. A coups de flingues de chasseurs de lions. Autant dire que le carrelage de la station fut durement dévasté. Au milieu d’une grêle d’acier, Marlou revint de sa surprise d’être tiré par des types des forces spéciales, il répliqua, en buta deux, puis il prit une balle près du genou et chuta sur les marches en se pétant deux côtes, il avait lâché le Riot Gun qui glissa jusqu‘en bas. Les hommes qui le suivaient tiraient comme des dingues, mais ils ne trouvaient pas de couvert, ils tombèrent tous dans l‘escalier, morts ou blessés, en gueulant comme des truies égorgées. Quelques balles perdues fauchèrent follement des gars par la bande, imitant des coups de billard. En face, il y eut des cadavres, mais il restait encore pas mal de survivants pour couvrir la fuite de Baby et de sa protégée. Comme il n’y eut bientôt plus personne à flinguer, ils s’éclipsèrent à leur tour sur un final de feu d‘artifice, laissant derrière eux un méchant carnage d’une quinzaine de quidams rectifiés.

 

https://zupimages.net/up/18/05/cf4h.jpg

 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 39.

 

https://zupimages.net/up/18/05/d817.jpg

 

Belbit dansait effectivement bien vilaine gigue dans les airs, au risque de tomber. Les coutures de sa défroque craquaient si prêtes à rompre qu’Hivalanoué se précipita au dessus du gouffre, mais il risquait par acte de courage de chuter lui aussi. Il héla de voix vive Erald et William pour qu’ils fassent avec lui, en se tenant les bras, une chaîne solide. Elga s’était penchée, considérant la position de Belbit avec une certaine ironie, puis elle cria au nain qu‘il fasse confiance aux autres. Elle s’éloigna plus loin dans l’herbe en compagnie de Lancebroque qui ne pouvait servir, car il n’avait qu’un bras. Ils s’allongèrent tous deux dans les paquerettes, en attendant le sauvetage de leur ami. L’amputé avait saisi une poignée de graminée :

 

– Savez-vous, dame Helga, que l’on peut siffloter comme un piaf avec un seul brin d’herbe ?

 

– Et comment sera-ce ?

 

– Il faut joindre les deux mains, ce que je ne puis faire, mais tenez, je m’en vais vous montrer. Il passa dans son dos et lui plaça la tige entre les pouces, frottant son bras sur le torse ajouré de la belle, qui en fut pour le coup fort échauffée. Les joues roses comme fardées, elle mit bouche en cul de poule et souffla comme il dit.

 

– Pfuit, Pfuit ! par Kramouille cela marche, voilà chose plaisante à entendre, mon messire chevalier. Elle s’allongea de tout son long, la robe amplement remontée.

 

– Tiens donc, votre cotte a laissé choir un sein, ma chère Helga.

 

– Oh le vilain gaultier de gueuse, peut-être a t’il envie de vous saluer pour souhaiter le bonjour à une main vigoureuse. Pensez-donc à le prendre par la membru qui vous reste, en retour d‘hommage. Allez-y vaillamment, vous saurez mon ami que je ne suis point jeune fille issue de la noblesse, mais autrefois paillarde de bordel les ongles peints en rouge, aussi apte à guérir les fièvres de puceaux qu’à offrir aux messieurs des rêves éveillés.

 

Sitôt dit ces aveux, Lancebroque choppa sans plus de façon le téton prestement, puis il troussa plus haut la robe, fouillant l’affublement d’Helga qui lui pogna sans respit son gros tuyau d’amour pour le mettre en gosier. Alors qu’il était prêt à ferrailler de la queue, ils furent prévenus par les hourras de Mirlen que la délivrance de Belbit venait bien d’avoir lieu.

 

– Allez-y Belbit, allez-y, poussez, poussez fort, nous y sommes arrivés !

 

Helga vit tout à coup surgir la tête du petit Huelabit, elle rhabilla vivement son sein et lissa sa tenue. Tout occupé à son sauvetage, Erald n’avait rien vu. Ils se fit qu’après cette émotion, tous eurent grand-soif, à présent. Mais dame Hega et chevalier Lancebroque se montraient désormais, à chaque instant, de plus en plus complices. Alors qu’ils débattaient des yeux au cœur de leur secret, Helga avait le souffle court d’un sentiment nouveau pour le jeune estranger. Elle louait ses nobles manières et admirait ses riches vêtements couverts de pierreries. Par Kramouille, pensait-elle, pour son plus grand bonheur Lancebroque saura bien voir en moi une brodeuse de couilles talentueuse, car j’ai bien vu que la main qui lui reste est d’une force incroyable. Elle se sentit émue aux larmes en lui offrant secrètement son cœur. Puis il fallut reprendre le voyage périlleux vers le sommet du Broutminayt, à 2 888 mètres d‘altitude, sans aucun refuge. Lancebroque avait posé par cadeau de galanterie Helga sur son cheval, mais Mirlen, qui voit tout, manda au chevalier de ne point y monter, aussi le manchot marcha t-il pied à terre en suivant la compagnie. S’offraient partout à eux les très poétiques croyances des haut-plateaux, issues du riche imaginaire des Onkulés. Helga désignait à l’adresse de Lancebroque chaque bite gravée sur les cailloux avec un coup de clin d’œil qui échaudait Erald. Il est vrai que les graffitis offraient un procédé narratif et visuel très détaillé.

 

– Non, répondait Lancebroque à Mirlen, les Onkulés n’ont point forme animale, mais sont gens comme nous autres, toutefois leur manie de se manger entre eux est à vrai dire un peu barbante. Voyez, ils m’ont coupé le bras à la jointure du coude, en incisant avec les dents les ligaments liés aux os. Puis ils l’ont dévoré en famille avec poivre et vanille.

 

– Kramouille n’est point théologie expérimentale, mais je vois bien que ce sont des barbares qui ne vivent point dans sa grandiose vérité. Quoi qu’il en soit, ils habitent un pays bien triste et froid, où l’existence doit y être bien dure.

 

Et puis chacun déplia les jambes en cadence pour avancer dans l’extraordinaire  décor chaotique. Mirlen dérangeait et bousculait Belbit comme un père vigilant pour ne pas qu’il s’écarte, mais sa chute avait été pour le nain une aventure terrifiante, aussi marcher bien droit sur le sentier étroit devenait pour lui décision importante. Quelques pigeons tombèrent en masse sous les flèches d’Hivalanoué, on les grilla ensuite sur un bon feu à la pointe de l’épée.

 

– Si j’avais temps, disait aux autres le grand colosse en mâchouillant les os de sa bête, j’aurais posé collet pour y chopper des lièvres, car j’en ai vu partout les crottes en billes.

 

Contrairement à ce que pensait au début le chevalier Lancebroque, l’ascension du col dura vingt jours, après s’être plusieurs fois gourré de route, étant bien loin du monde connu. L’arrivée au sanctuaire de Proutachatte soulagea les hardis voyageurs aux pieds poudrés de neige. Ils posèrent leurs valoches remplies des herbes de rivières, de racines en salades, d’oiseaux et de navets recueillis en chemin. Les chevaliers en avaient mal au cou de porter lourdes charges. Bien qu’à moitié ruiné, le temple avait encore bien fière allure.

 

https://zupimages.net/up/18/05/xtmt.jpg

 

bon dimanche à tous !

 

https://zupimages.net/up/18/05/yo9p.gif

    


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 12:57:32
n°40482867
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 23-12-2014 à 15:54:41  profilanswer
 

courrier des lecteurs

 

https://zupimages.net/up/18/05/e3au.jpg

 

Cher pro-fesseur Talbazar

 

Afin de soigner un prurit libidinal tenace dont je souffre depuis quelques temps, j’ai testé en institut votre traitement exclusif par l’excrémenthérapie.

 

Ben c’est de la merde.

 

Bien à vous.  Emanuelle Labranlette

 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 39.

 

https://zupimages.net/up/18/05/s2sp.jpg

 

Le lundi matin à l’aube, à l’heure dévolue aux exécutions capitales, une noria d’ambulances transféra les malades de la clinique Saint Bernard vers différents  hôpitaux du pays. On procéda à la fermeture de l’usine interne de chimiothérapie de l’établissement du docteur Jason, ainsi qu’à celle du service d’Apérotologie qui faisait sa fierté. On débrancha les reins électriques. La cafetière nécessaire à la pause café du personnel fut soigneusement nettoyée par Gwendoline, désinfectée par Babette et revendue sur le web par un petit malin. On dégivra la morgue passée au vinaigre blanc. Les draps furent envoyés au lavage et pour une fois repassés. D’autres furent transformés en chiffons et refourgués aux garagistes. Toutes les fractures par bitures reçurent leurs factures avant de monter en voiture, avec ou sans chaussure. Bras armé de la justice, le commissaire Mensinq était passé à l’acte, comme il l’avait dit. Pour le policier, le docteur Halrequin méritait d’emblée le placard, mais il n’en était pas encore là. La peopilasation et la gueule du toubib en photo des couvertures de magazines, même pas spécialisés, le rendaient jaloux. Pour être un bon flic, faut quand même de l’intuition et de la méthode, alors que chirurgien, il suffisait juste de faire quelques études ; surtout que les suisses étaient après les français et en particulier les françaises, les plus gros consommateurs de pilules. Tu parles d’un fameux business ! jamais soldés, les médocs, tiens, pour le plus grand profit des firmes pharmaceutiques, toujours susceptibles d’évaluer par l’intermédiaire d’un médecin des symptômes à la hausse, quand l’autorité sanitaire, elle, dérembourse parce que les gélules coûtent trop chers. Et qui c’est qui l’a dans le cul, son furoncle ? heureusement, dans son créneau à lui, les tartes dans la gueule étaient gratuites, et les bavures ne coûtaient pas grand chose. Dans la cave du commissariat, il s’efforçait d’offrir à Jeanne Hachette une grande liberté d’expression, afin qu‘elle puisse avouer sous la torture où pouvaient se trouver Jhonny Alité et Liliane Marshmallow. Une secrétaire de l‘accueil avait en effet révélé avoir vu la gosse sortir avec un type au visage masqué d‘un bandage, sans savoir qu‘on cherchait la gamine, qui était un gamin, paraît-il. Il n’avait pas fallu trente secondes à Mensinq pour qu’il comprenne que la momie était son fugitif. Il se réjouissait d’ailleurs par avance que ce coupable ne soit pas trop normal. Un amnésique, tu parles, tous les mêmes.

 

– Pour la centième fois, où se trouve ton mec actuellement ? et dans la chambre 35, les ampoules sont-elles à vis, ou à douilles ?

 

Jeanne étouffait, à cause de la balle de tennis qu’elle avait dans la bouche. Elle remua faiblement l’annulaire pour parler :

 

– Tout ce que je sais, c’est que Jhonny prenait une ampoule de 15 ml le matin, de préférence, et qu’il ne fallait pas casser l’ampoule au-dessus de son jus de fruit, pour éviter de coller des bris de verre dedans.

 

– C’est bon, vas-y, continue à te foutre de moi. Il replaça la balle.

 

– Humm, humm…

 

– Oui ? il enleva la balle.

 

– Fallait agiter l’ampoule avant la prise, aussi.

 

Jeanne arrivait au terme légal de sa garde à vue, mais bien que fâché, Mensinq devait à présent traiter dans l’urgence quelques vols de hangars dans une exploitation agricole. Elle n’avait rien dit, il avait comme on dit épuisé la ressource. Ne pouvant prouver sa complicité, il fallait maintenant la remettre en liberté. Elle quitta le commissariat en rampant, après avoir salué tout le monde. Son tic facial avait disparu. Comme elle, mais d’une façon moins spectaculaire, Jason était effondré. Il faisait et refaisait le calcul qu’en tant que médecin libéral, ça serait tout juste quatre patients par heure, une misère. Si la fermeture de sa clinique devait se prolonger, il allait courir à la ruine. Gwendoline pleurait elle aussi car elle avait la crainte, à cause de cette histoire, de grossir les rangs des 500 millions d’obèses mondiaux. Babette vivait sa culpabilité comme un péché. Tout ça à cause d’une gamine qui n’en était pas une, qui grayait de la voix et qui rêvait dans ses jeans slim de prendre une certaine indépendance. Tout ça à cause d’un fada dont s’était entichée Jeanne. Et même son push up à elle ne lui avait pas livré Jason corps et âme. Perdus en salle d’attente, quelques patients insistaient encore pour clôturer leur compte, Gwendoline écoutait distraitement les talons aiguilles feuler dans la salle aseptisée. Dans la gorge de l’infirmière, sa salive devenait lourde et aigre. Elle savait que dans un tel état de faiblesse elle aurait pu être une proie facile pour n’importe quel escroc. Elle regarda Babette remettre à un futur greffé du foie son bordereau de rétractation inutile, puisque Jason avait pris soin d’antidater son contrat, tout en conseillant de préférence au type furieux de recourir à l’emprunt. La surveillante générale tassa du poing une pile de documents, puis elle racla avec un doigt le fond d’un vieux pot de Nutella. Elle ressemblait au cadavre d’une femme assassinée, Gwendoline se sentit pour elle déborder de pitié, car finalement tous les soignants de Saint Bernard vivaient le même chagrin, en faisant le deuil de leur outil de travail. Apre et même un peu violent, le père Albin Michel s’occupait en priorité des chers bambins que leurs parents avaient sans doute oublié. Perché dans son bureau, Jason soudain désoeuvré en était à s’imaginer ouvrier en cimenterie, après avoir été contraint de vendre son chalet XIVéme à la bougie. Bientôt, peut-être n’aurait-il même plus les moyens de s’acheter un pyjama.

 

https://zupimages.net/up/18/05/t0xz.jpg

 



Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:00:18
n°40505146
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-12-2014 à 15:31:20  profilanswer
 

http://img11.hostingpics.net/pics/929601scancededdicacedesngresdelencyclodanslafermedupreMathurinTroulbled.jpg
 
Grande scéance de dédicaces des nègres de l'encyclo dans la ferme du père Mathurin, à Troulbled.

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 40.

 
http://img11.hostingpics.net/pics/866117400767sagafion06copiecopie3.jpg
 
 
 Posés au pied de la façade imposante à travées répétitives, au milieu des flocons capricieux, ils restèrent un moment à lorgner la construction qui n’avait rien d’un humble toit. Inhabitée depuis des millénaires, la bâtisse de pierres bleues au plan colossal déployait vers le ciel la majesté de son envergure. Ancien évêché de Kramouille tombé dans l’oubli et puissante place forte, l’édifice noyé dans la brume dominait vaillamment ce sommet du Broutminayt qui lui servait de socle, lequel s’accrochait lui-même en partie intégrante au Mont Velu. De petites bites d’Onkulés malhabilement gravées en blasphémaient cependant la gigantesque entrée. Ici venaient autrefois s’échouer, au début du monde, des vagues de pèlerins locaux pour y fêter Kramouille un beau jour d’ascension. Là s’exécutaient de spectaculaires séances de purification, pour la fêter et l’ovationner, afin qu’elle exhausse les vœux les plus chers. Payés par les familles contre quelques cliquailles perçues sur le proche héritage, les prêtres en boutaient parfois quelques-uns dans le vide pour qu’ils expient leur faute. C’était là l’un des secrets cultuels de l’aube des âges le mieux gardé. Mirlen craignait que ce château ne fut bourré d’enchantements, mais il garda silence pour ne point effrayer ses amis. Deux énormes statues posées près de la porte, aux faciès étranges fissurés de curieux ricanements, menaient en face d’eux une garde silencieuse. Belbit fit l’acrobate pour se réchauffer et se gela mademoiselle près d’une haie de houx en essayant de pisser, car il était plus ras du sol. On lui donna l’accolade pour le soulager de ce moment pénible. Quand bien même dame Helga lui fit nique, le nain gagna félicitations et louanges de tous, lorsqu’il y parvint enfin, après avoir secoué sa stalactite.  
 
– Diantre et foutre-Kramouille, peste soit les hauteurs de ce pays de mortaille blanche. On se pèle la busine, ici !
 
 Il était vrai qu’après la neige, une espèce de bruine glacée commençait à tomber sur eux. Le doux chant des piafs, la beauté fraîche des arbres verts étaient bien oubliés. Lancebroque s’en alla de trois pas à main droite pour établer son bon cheval Chopper dans un petit réduit adjacent, afin de lui enlever sa selle, son frein et ses lorains. Puis il le délaissa après lui avoir donné trois carottes à brouter. Quand il revint, le vent porta à ses oreilles des hurlements de loups.
 
– Allons, bailla Mirlen en les ennortant à le suivre, rentrons donc dans ces tours qui vont nous héberger, pour se soigner la panse et nous y réchaudir un peu. Je ne sais pas vous-autres, mais moi, j’ai fort hâte de licher.
 
 Ils pénétrèrent derrière lui avec appréhension dans un long couloir sombre décorés de grandes filets arachnéens pendouillant tout partout. Une torche allumée par William leur offrait en effet un halo de lumière bienvenue. La chevelure déployée, Helga serrait les dents par déconfort en frôlant ces peu ragoûtant macramés. Quand aux chevaliers, ils avaient trop roulé leur bosse pour en trouiller. Belbit régressait toutefois sans rien dire vers le berceau, craignant d‘être enterré dans ce lieu, car il rêvait pour sa part d‘aventures plus modestes. Mirlen les encourageait à aller plus avant dans ce décor lugubre et blême, marmonnant dans sa barbe des mots pour conjurer les sorts. Cet endroit autrefois sacré pouvait être, pourquoi pas, truffé de pièges mortels.  
 
– Prenez garde où vous posez les pieds, il pourrait y avoir quelque part de vilaines crottes de chien posées en sentinelles.
 
 On donna à sa blague un bon succès d’estime qui réchauffa un peu l’ambiance d’un froid polaire, mais chacun chatouilla sa médaille de Kramouille posée sur la poitrine. Après un long cheminement devenu silencieux, satisfaits de leur pugnacité, ils déambulèrent sans enthousiasme dans une vaste salle qui permettait d‘entasser en ses murs plus de 10 000 pèlerins.  
 
– Ce lieu est pitoyable, lança Hivalanoué.
 
– Icelui fut pourtant autrefois bien couru ! Allumons donc ces cierges que je viens de trouver, ordonna Mirlen, et voyons voir si nous tenons l’alcool pour lui rendre hommage. Il se fait que j’ai grand soif, à présent.
 
 Fatigués de traveler, on fit comme il le dit. Ainsi, chapela-t-on les cornes remplies de bonne gnole, avant de faire pitance en parboulant quelques navets à la graisse de marmotte, sur haute flambée des bouses de rennes qu‘on avait collecté en chemin. Comme Helga avait un certain don pour le chant, elle leur servit quelques refrains qui célébraient avec bonheur le bon vieux temps. Mais elle s’aperçut vite que Lancebroque ne pouvoit applaudir à l’envoûtement mélodieux de ses phrases, en imitant les autres.  La belle se mordit alors les lèvres en regrettant son idée foireuse, puisque sa cote d’amour pour lui ne cessait d’augmenter. Il fallut finalement s’accoisser à piquer roupillon dans la lumière crépusculaire d‘une seule chandelle. On largua les sandales pour lancer sur le sol les rêches couvertures en poils de biquette. Comme il avait la croupe d’Helga collée bien conjointement sur son gourdin, Erald se sentit d’humeur à batailler, aidé par un instinct incomparable. Au moment où son implication fut la plus forte, car il portait la langue flexible, les ongles souples, son os ni mou ni fragile, Helga se retourna vers lui, repoussant sa guilleri qui lui choquait les fesses :
 
– Que nenni, cela ne saurait s’accomplir cette nuitée, Erald, n’étant point disposée car  j’ai les Zgomatix en débarquement.
 
– Ce qui prouve que vous n’attendez point marmot, ma mie. Mais hier c’était migraine, avant-hier grosse fatigue, voilà vingt jours que mon serpent dort en terrier.  
 
– Sans nul doute, j’en suis navrée pour toi car tu joues de guignon, mais ce voyage a des effets néfastes sur ma fragile nature, hélas ! ne sois donc pas si égoïste et essaye de mûrir un peu. Et puis, un petit problème peut sans nul doute se réparer tout seul.
 
– Holà, holà, fit Belbit, taisez vous donc tous les deux, vous troublez le sommeil  d’autrui ! moi je l’avais bien dit que le manque de place obligerait à un tassement de nous autres en hauteur. Nous en aurions d’ailleurs nettement plus chaud.
 
– Calme dont ta jactance et cesse là tes criements, bouffon de nabot. Quand même, reprit Erald toujours penché sur sa drue nue, tu me tiens d’un coup comme un mauvais compère que l’on veut éloigner. Moi je te baille que l’on s’est rencontrés, épris, et qu’en rentrant à Fion nous nous épousaillerons.
 
 Après lui avoir répondu qu’il avait sans doute la tête plus grosse que le reste, Helga ferma les yeux pour imposer silence. Elle en laissa le chevalier en proie à une myriade de questions, puisqu‘il constatait sa frénétique quéquette plongée dans une misère extrême, sous la fatalité de sa diction. Une vraiment dure misère, pour tout dire. Ce sanctuaire était somme toute dédié à une déesse fort exigeante. Il rêva cette nuit-là que les belles cuisses et jambes de sa ribaude devenaient bien vilaine queue de poisson qu‘il ne pouvait fleurer.  
 
http://img11.hostingpics.net/pics/222141mySuperLamePic70873214094c255916100e7820ed821a.jpg

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 61.

 
http://img11.hostingpics.net/pics/343316377840Detectivemarloucopiejpg04copie3.jpg
 
Les fuyards franchirent pendant ce temps là une bouche de métro, croisant au passage quelques gardes aussi complices qu’impassibles. Une grosse bagnole rapide aux vitres noires les attendaient contre le trottoir, un sbire ouvrit précipitamment l’une des portières et Baby poussa Ewij à l’arrière, avant d’ordonner au chauffeur de démarrer en trombe dans les rues de Garatonku. Sans lui indiquer de direction, parce que le mec savait sans doute exactement où il devait se rendre.  
 
– Si je puis me permettre, vous sentez la tartiflette périmée, princesse, ça heurte un peu. Mais avec moi, vous êtes en sécurité.
 
 Non seulement les vitres de la voiture étaient d’une opacité d’ébène, mais de petits rideaux crèmes pour l’instant fermés donnaient à l’habitacle un air de luxe cosy. Ne pouvant porter son attention sur le trafic de la rue, Ewij scruta l’homme assis à ses côtés avec intensité :
 
 – Qui êtes-vous exactement ?
 
– Je vous l’ai dit, mon nom est Baby Saleface. Je suis l’associé d’un ennemi de cet ennemi que vous appelez Marlou. Mon ami à moi s’appelle Beau Brown, je dirige disons… une de ses filiales partenaires, à Palerme. Il m’a demandé de vous retrouver, de vous aider et de vous conduire à lui, à Paris. Il m’a juste précisé que c’était pour la bonne cause. Nous  serons bientôt en France par avion, ça ne pose pas de problème. Les hommes que j’ai employé m’ont dit que Marlou s’était fait descendre, il ne nous gênera plus. Vous êtes vengée.
 
 – J’aurais préféré faire le travail moi-même.
 
 – Je n’ai aucun doute là-dessus. Si jeune et déjà un lourd passé sur vos épaules, à ce que je vois, princesse. Vous aviez le pouvoir et l’argent, mais ça ne paye plus la liberté, on dirait.
 
 – Je préfère affronter mes trouilles quitte à en payer le prix, voilà tout.
 
 – On ne peut pas revenir en arrière, mais on peut s’efforcer de mieux vivre son avenir.
 
 Des sirènes hurlantes les croisèrent un bref instant au milieu de leur errance urbaine, Baby ne bougea même pas la tête. Ewij l’observait copieusement. Il aurait pu être son vioc, mais ce type racé avait sans doute été dans sa jeunesse un séducteur patenté aux nombreuses conquêtes. Il ne dégageait pas l’enthousiasme d’un marrant, par contre, mais malgré ses tempes argentées il gardait quand même pas mal de restes de sa splendeur. Sa cravate proprement nouée était un objet de grand prix, ainsi que sa montre. Comme il avait retiré son chapeau, elle contempla la calvitie luisante qui lui tondait le haut du crane en lui dégageant largement le front. Ses rides profondes lui donnait un air de vieux sage. Ou de vieux singe. Un criminel galonné, cependant, jaugea la jeune fille, et pas du tout philanthrope, tu peux en être sûre. Il ouvrit devant ses jambes un mini bar pour leur servir deux verres de scotch avec glaçons. Ewij siffla le sien presque cul sec, sans dire un mot. Ok pour suivre ce bonhomme et ok pour Paris, là ou ailleurs… Elle retendit son verre :
 
–  J’ai un ami, ici, en ce moment entre les mains de la police.
 
– L’égoutier ? Je suis désolé de vous l’apprendre, il est mort peu de temps après son arrestation. Crise cardiaque. J’ai beaucoup d’informateurs chez les flics. Il dégagea finalement un coin de rideau, jeta un œil, puis le referma.
 
– Fuzz la Glaire ? ho non, pas lui ! Elle en aurait pleuré, mais elle n’avait plus de larmes pour quiconque. La perte d’Alphij l’avait comme asséchée. Elle vida son scotch comme le précédent. Je l’aimais bien ce vieux salaud, vous savez. Elle savait qu’elle l’avait fait jouir, un peu, quand même, et pardonnez lui mon Alphonse, parce qu‘il a péché.
 
– Dites-vous qu’au moins il ne croupira pas dans une taule, derrière des barreaux. J’enverrai quelqu’un vous acheter quelques fringues avant de décoller, j’insiste. Avec une certaine classe, mais tout de même, il avait pincé les narines.
 
 Au bas des marches du métro, entouré de ses frères d’armes occis au milieu des douilles et des flingues éparpillés, Marlou souffrait en silence, incapable de respirer ou de bouger la jambe. La balle n’avait pas touché le genou en plein, mais la plaie avait quand même bien saigné. Il leva les yeux, pour réaliser qu’il venait de dévaler sur le ventre un putain de toboggan, pas vraiment lisse Ce quai avait été en quelques minutes un foutu nid de guêpes. Une attaque en règle, un bordel monstre. Le privé ne savait que penser. Il se trouva soudain une nécessité de parole. Un gars à côté se tenait le ventre recouvert d’une grande plaque de sang frais. Leurs yeux se croisèrent, Marlou essaya de ramper vers lui, sans y parvenir, l’effort était trop monstrueux :
 
– Ca va aller ?
 
– Ton inquiétude me touche, Marlou, mais ouais je suis touché. Je peux quand même encore parler, pas comme eux. Il désigna les cadavres qui parsemaient les marches au milieu de leur arsenal. Ce con de Dédé, il a jamais su, sa femme et moi.
 
– Te fatigue pas, j’appelle les secours.
 
– Fais livrer une pizza sans tomate, j’en ai pour deux. Un rictus de douleur hors de contrôle s’échappa de sa face crispée. Ses mains posées sur l’estomac s’imbibaient de coulures carmines.
 
 Billy le rat n’avait pas bougé. Son nez fin respirait la poudre et il fixait avec intensité de ses yeux noirs le champ de bataille. Tout s’était passé trop vite, lui non plus n’avait rien compris au film. Ewij s’était barrée saine et sauve, protégée par de mystérieux assaillants, c’est tout ce qu’il avait retenu. Mais là, devant lui, il y avait ce Marlou toujours en vie dont la princesse voulait tant faire la peau. Il savoura sa joie de finir le travail par amour pour elle. Il trottina à toute allure afin de bondir sur le privé.
 
– Hé Marlou, ta mission a mal tourné, mais t’as pas encore tout vu ! faut aller jusqu’au bout de l’enfer, maintenant, parce que tu vas crever. Il s’élança pour déchirer l’aorte de Marlou à coups d’incisives.  
 
 Kiki le choppa en plein vol, en plein flanc. S’ensuivi pour le chien un festin d’intestins bourrés d’une merde luxueuse, car le dernier repas du rat avait été concocté par Fuzz la Glaire. Le Yorkshire aux babines retroussées s’excita encore un moment en grognant sur le cadavre du rat, quasiment coupé en deux. Les comportements humains peuvent étonner face à l’adversité, ceux des chiens, quasiment jamais.
 
– Mais nom de dieu, c’était quoi encore, ça ? merci Kiki. Puis il essaya de retrouver un peu de souffle, au moment où les secours chargés de civières arrivaient enfin sur les lieux avec un seul mot d‘ordre : trier les morts des blessés. La chose alla vite, des vivants, il n’en restait que deux.
 
 
http://img11.hostingpics.net/pics/905175mySuperLamePicf48153309cf100373b7fdb0aa6a9f77c.jpg
 
 
 

n°40541169
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 01-01-2015 à 17:51:08  profilanswer
 

Revue de presse.
 
Attention : une fois n'est pas coutume, les deux articles à suivre proviennent d'un générateur

 

https://zupimages.net/up/18/05/ktr4.jpg
https://zupimages.net/up/18/05/aet8.jpg

 


Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 24.

 

https://zupimages.net/up/18/05/6u1p.jpg

 

Presque rendue à Tépafou, Néefièretarée tira grand les rideaux pour aérer l’espace confiné. Jésentilpèla demanda de descendre un instant, à cause d’une envie.

 

– Dis-donc ma vieille, t’aurais pas une vessie hyperactive, par hasard ?

 

– C’est la bière, on en boit trop, ça me provoque des désordres.

 

Profitant que l’esclave trempait le désert, Tahosétlafer s’approcha de la litière :

 

– Ho ma reine Néefièretarée, dont le nom veut dire « la belle est velue », glorieuse facette de l’œil d’Horus ou d’Atoum, à tes souhaits. Un grand malheur est en train de danser en surimpression sur mes visions. Ton mari m’oblige au grand déballage, bien que je sache que tu ne sois pas dupe.

 

– Qu’est-ce qu’il a fait encore ?

 

– Il vient d’inviter les Hittites à diner, pour leur témoigner son amitié.

 

– Il fonctionne à flux tendu, mon bonhomme. Il fait chier. Il ne me fait plus rire du tout et depuis Safaitoulbenef, je sais qu’il ne m’a jamais fait jouir. Jusque-là je subissais docilement ses frasques, mais va falloir penser à m’en débarrasser. Merdenkorinnanâr assure brillamment ma protection renforcée jusqu‘à Larnak, tu pourrais peut-être retourner à Thèbes et le zigouiller, pour la gloire du trône.

 

– En gros, tu comptes sur moi pour changer le destin de l’Egypte, quoi. L’idée est certes ambitieuse et la piste mérite d’être explorée jusqu’au bout. Mais j’y gagne quoi, moi ? roi de Foufoune je m’en tamponne, vois-tu. Par compte, roi de la reine, je dis pas.

 

– Tu veux que je t’épouse ? C’est un défi de taille, j’aime autant manger mes porteurs.

 

– Tu crois que j’ai pas pigé cette amitié toxique que tu as noué avec cette fille de Baraput ? Je pourrais la statufier d‘un geste, là, maintenant, je te signale.

 

– Je vois que je suis appelée à mener une lutte bien solitaire. Jésentilpèla est d’un age fragile, moi je pourrais claquer dans les doigts et quinze gardes te martèleraient le plexus, mon gars. Bon, j’ai pas le goût du mélodrame, tu files à Thèbes, c’est un ordre de la pharaonne. Pour le reste, on en reparlera. Elle usait d’un ton abrupt parce qu’elle sentait qu’il lâchait prise.

 

– Donc ça veut dire non ?

 

– Ca veut dire peut-être, on verra. La mort de mon julot devient désormais un enjeu existentiel pour le pays, la couronne compte sur toi. Il paraît que tout le trésor y passe, dans ses soirées joyeuses. Et ils invite les hittites à pioncer au palais, maintenant ! je pense qu’il auront dans mon dos des conférences passionnantes, déjà que nos frontières peinent à s‘étendre. Tout en grattant la couche de peinture sur son visage, elle croqua un scarabée grillé en recrachant les pattes. C’était une invitation caustique offerte au prêtre pour qu’il dégage. Devin blanc d’élite, stratège de nome, prêtre en chef des dieux nilotiques, espion de la reine, grand maître de ma ménagerie de morpions, et peut-être pharaon en tant qu’époux de la reine, si je le décide, tu peux dire que tu grimpes à toute bringue les échelons de notre société.

 

– Et je te ramène la tête de Ramassidkouch ?

 

– Non, non, tu la plonges dans l’huile, je la trouverais en rentrant. Et je t’autorise à gouverner à sa place et à la mienne, en attendant, mais seulement les affaires locales, et surtout pas la politique étrangère. Les Hittites, je m’en chargerai plus tard. Mais je suis certaine que les choses s’apaiseront à Thèbes, grâce à tes résolutions constructives.

 

– Et bien je suis pas le genre à fuir la difficulté des problèmes posés.

 

– Tant mieux. La pire des choses est de se fuir soi-même. Vas-y maintenant, je ne serais pas ingrate, tu verras. Finalement, je te vois bien en personnage richissime et fastueux.

 

– Tout ça mériterait quand même d’être inscrit quelque part. Enfin bon, d’accord, j’y vais. Mais après la mort de Ramassidkouch, je veux que toi et moi, on tire des plans sur le vraiment long terme.

 

– Bien entendu, les projets ambitieux s’œuvrent toujours bien mieux en tandem. Embrasse bien fort mon petit mari de ma part, en guise d’adieu, quand tu le verras.

 

Tahosétlafer laissa passer Jésentilpèla qui finissait tout juste sa petite affaire. Une fois que le devin eut tourné les talons pour retourner dare dare à Thèbes sur sa mule, la jeune esclave referma les rideaux de la litière et d’une plume colorée autant qu’allègre, elle s’occupa à chatouiller la légende dorée de la pharaonne avec une obsession singulière :

 

– Elle te voulait quoi, la momie ?

 

– Tut…tut, secret d’ambassade ! espionnage, complot et romance, pensa-t-elle en silence, ça va bien occuper ce rasoir et nous, en attendant, on l’a plus dans les pattes. Il n’avait pas été si difficile, finalement, de faire briller ses envies.
 
 Et puis ça secoua sec, parce que ses cons de porteurs avaient tout à coup décidé de sortir des sentiers battus. Leur chef avait insisté lourdement pour que Néefièretarée précise l’adresse d’arrivée de sa cargaison embarquée, pour la facturation suivant la livraison VIP. Comme, au lieu d’avancer, il insistait encore pour préciser que les frais de douane seraient uniquement remboursés sur facture, en cas de franchissement malencontreux de frontière, il filait à présent tout seul sur le Nil dans un emballage cadeau offert aux crocodiles. Celui qui fut désigné pour le  remplacer était équipé d’une aide à la conduite, et Néefièretarée trouva très pratique ses vigoureuses alertes vocales à l’approche des nids de poule, mais aussi le fait qu’il criait le plus souvent possible la vitesse réelle estimée de la litière. Elle loua les dieux, parce qu’elle vit bien qu’il avait le foie en bonne santé et que son corps sain semblait en parfait état de fonctionnement.

 

https://zupimages.net/up/18/05/o43g.jpg

 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 40.

 

https://zupimages.net/up/18/05/2a2o.jpg

 

Le docteur Jason était l’homme de leurs vies, cependant, malgré les luminosités trompeuses de l’amour, Gwendoline et Babette aux prises avec l’injustice du destin voyaient leur cœur aussi déchiqueté que les côtes Bretonnes. Elles ne pouvaient aussi facilement se résoudre à éteindre autant de passion, fut-elle fractalisée. Au-delà des apparences, elles possédaient toutes les deux cet aura de mystère qu’ont parfois les infirmières, une ravissante fêlure discrète, pourtant bien tapie derrière le décor de leurs grains de beauté. Licenciées provisoirement de la clinique Saint Bernard, elles se voyaient toutes les deux chassées du paradis terrestre, mais ne pouvaient se résoudre à le quitter. Somme toute, Jeanne faisait payer très cher aux autres le prix de ses lubies. On pouvait admettre en elle l’ombre sournoise et permanente de Choupinou, ce doberman qui l’avait soit-disant violenté autrefois, mais certes pas cette incartade sensorielle envers le 93, laquelle débordait visiblement en dehors de toute saine éthique. La tragédie qu’elles vivaient à présent gommait leurs contradictions féminines en leur prouvant qu’il leur fallait finalement faire cause commune pour soutenir Jason. Un homme qui n’était pas directeur de clinique pouvait-il encore hériter du nom d’homme ? Gwendoline posa sur sa supérieure hiérarchique ses yeux de lagon Tahitien :

 

– J’imagine que je me sentirais pareil si ma fille de quinze ans venait me dire qu’elle est enceinte, fit-elle, tout en faisant cliqueter d’affolement ses boucles d’oreilles aux pampilles de strass perlées.

 

– Et moi si je fermais ma bagnole avec les clés dans le coffre. Elle ponctua sa phrase d’une moue dégoûtée digne d’une princesse chinoise.

 

– Oui, on est salement barrées, ma chère. Soudain remplie d’empathie, elle renonça à lui faire remarquer qu’elle la trouvait rapetissée de deux centimètres.

 

Babette évita maladroitement le regard insistant que sa collègue portait sur ses chaussures plates. Au moins ne pouvait-elle rien penser de la géométrie austère de sa tenue de soignante, puisqu’elle figurait leur uniforme obligatoire et commun. La surveillante générale préféra elle-même se taire sur le fait qu’elle ne pensait pas Gwendoline en mesure de réaliser pleinement sa vie. Il leur fallait d’évidence de nouvelles boussoles pour envisager l’avenir. Les règles qui avaient jusqu’à présent dominé leur monde se lézardaient, craquaient comme un pantalon de pervers, leurs certitudes réciproques concernant l’une et l’autre chancelaient, mais par-dessus tout, Jason Halrequin allait bientôt se voir traquer par les impôts. D’ailleurs, que pouvait-il faire encore, là-haut, tout seul dans son bureau ? Mues par un consensus muet, elles résolurent d’y aller voir, en parcourant les couloirs cette fois immensément vides, puisqu’à cette heure tardive, il n’y avait plus qu’eux trois dans toute la clinique. C’est toujours plus facile de se concentrer sur son boulot que sur sa famille, quand on en n’a pas. Voilà pourquoi à ce tournant brutal de sa vie, après avoir vidé son coffre-fort de ses liasses de billets, Jason collait dans un lourd carton les documents d’une telle importance qu’il devait en urgence les brûler dans l‘incinérateur. Il salua ses infirmières, bien décidées toutes les deux à lui donner le courage d’avancer. Il fallait qu’il puisse reprendre de l’assurance et se ressentir beau :

 

– Salut mes petits coeurs. Ah, quand je pense que j’avais autorisé les poussettes dans mes couloirs et qu’on vient maintenant m’emmerder !

 

– Allons, Jason, remarqua Gwendo, sans nul doute sous le coup d’une douce fébrilité, car il avait bien dit mes petits cœurs, vous avez supporté avec tellement de professionnalisme les crises de colères et les rages de dents de vos patients !

 

– Il y a un mystère de la maladie, sans doute, mais plus encore de la guérison. Peu importe, à vrai dire, si le client règle sa facture. L’espoir tarifé ou non restera toujours la meilleure thérapeuthique, de toute manière.

 

En quête soudaine de l’ultra-confort, Gwendoline s’approcha du médecin pour lui poser la main sur le bras. Babette n’en fut pas courroucée, mais elle s’approcha pour faire de même de l’autre côté :

 

– Vous savez bien que vous nous avez, nous.

 

Aucune des deux ne savait comment aborder en douceur leur chef pour lui proposer un massage-resto en leur compagnie. Les hommes n’avaient pas cette faculté des femmes à deviner les choses, il se dégagea d’elles pour continuer à bourrer son carton. Dans cette boîte périssable, se rangeaient plusieurs secrets inavouables, quelques combines médicinales comme une copie annotée par Jason du précieux « saignare, purgare, clysterium donare » et pas mal de preuves plus financières qui pouvaient lui valoir un bon nombre d’années de prison. Au moins, il ne tituberait pas lorsque les policiers viendraient fouiller son bureau. Ce qui n’allait pas tarder.

 

– Votre capital articulaire est tellement précieux, Jason, laissez-nous vous aider, cela vous soulagera.

 

Babette fit un clin d’œil à Gwendoline, chose impossible à imaginer le matin même. Elle ôta même mentalement un peu de la graisse qu’elle lui avait perfidement attribué. Il les laissa manipuler sans rien dire les contrats de labos, les certificats de legs, de donations, de dons et autres assurances-vie, pour fourrer le tout en piles qui remplirent deux nouveaux cartons. Le trio savait qu’il était hors de question de déposer le tout en déchetterie, Mensinq aurait fouillé jusqu’au compost. Non, un vieux carton porté à 1000° ferait à ces papelards un conteneur bien plus adapté. Quand ils eurent finis, Jason plongea dans son fauteuil avec un brin de fatigue :

 

– C’est toute la clinique que je devrais brûler, tiens !

 

– Vous faites preuve d’une belle assurance, docteur Halrequin, mais ça ne couvrirait peut-être pas tous vos frais. Calmez-vous donc, Mensinq ne trouvera rien, ni ici ni chez vous, et vous pourrez rouvrir bientôt. Nous, on va retrouver Jeanne pour lui faire cracher où se trouve son mariole. En tout cas, l’aide bénévole de Gwen et moi est gratuite et ne nécessite ni référence client, ni avocat. Je vous ai laissé voir mes seins, rappelez-vous, n’est-ce pas là une grande preuve de confiance ?

 

Ce fut au tour de Gwendoline de tourner la tête pour passer à Babette un peu de pommade visuelle :

 

– Babette a raison, Jason, n‘avez-vous pas le souvenir de mon french kiss ? Aucun médecin ne se trouve à l’abri de la maladie de Raynaud, qui trouble la circulation sanguine dans les extrémités. Nous pourrions d’ailleurs le vérifier aisément, toutes les deux, si vous étiez plus disponible.

 

Enervée, Babette se mit à boire beaucoup d’eau, pour neutraliser l’effet toxique de ce que venait d’avouer Gwendoline :

 

– Ah bon, vous vous êtes roulés un palot, ça tu t’étais bien gardée de me le dire !

 

https://zupimages.net/up/18/05/xbfm.jpg

 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 41.

 

https://zupimages.net/up/18/05/cgco.jpg

 

A l’anjorner, William de Bochibre, seigneur de Balaizebaloches, fut le premier levé. Il s’étira dans la froidure du matin en ajustant son bonnet de fourrure, sous de biens vilaines ombres qui dansaient au plafond, puis il alla refaire le feu pour un peu mangeailler. Il fatrouillait dans sa tête des pensées sombres, car il n’oubliait point son but de s’octroyer pour lui-même la plante de magie. Fort heureusement, ces gens de la communauté avec qui il s’occupait à bourlinguer le prenaient pour heureux compère, et non point comme le vil fredain qu‘il était en réalité pour eux. Hélas, il était loin de Fion et le sieur Baristan Lakeu ne pouvait avoir connaissance de sa joïance à tromper si facilement l’ennemi. Que Kramouille confonde ces patrouilleurs qui avaient décimés son armée, soit-dit en passant. Il restait cependant une route longue et hasardeuse avant de revenir en son logis, et la fameuse pinette de curation n’était point encore cramponnée dans ses paumes. Comme il cogna sur le pavage son casseron, il réveilla Mirlen qui dégagea de son mantel en se grattant les burnes. William toisa en douce le vieux mage, se demandant pendant combien de temps encore il pourrait bien lober ce clairvoyant aux joues creuses et à la barbe grise.

 

– Bonjour William, on n’a vraiment point chaud à roupiller, dans cette castellerie !

 

– Venez donc partager ma flambée pour y faire bonne chière, je suis tout juste en commençaille de mon dîner.

 

Ils mangèrent en silence en se mirant leurs figures enflammées. Mastiquant leurs grenouilles, ils entendirent soudain un loup gueuler, ce qui donna aux alentours un sentiment d’alarme. Puis ils firent une cordiale réception aux autres, lesquels un par un sortaient des couvertures. Rassasié, le chevalier Lancebroque du Lac alla dehors en débarrant la porte, pour aller dire bonjour à son cheval. Il se fraya passage dans un mètre de neige, puis il revint tout à coup affolé, comme s’il venait de parcourir une trouée des enfers :

 

– Assassiné, Sainte Kramouille de nos ancêtres, mon bon Chopper au poil si doux n’est plus en vie !

 

Tous se précipitèrent à sa suite dans l’écurie, pour constater que la pauvre bête avait les os à nu. Ses cuissots avaient été savamment découpés comme par lame de faux. Helga émit en voyant ça un cri plaintif. Mirlen s’avança vers le crime avec gravité, en alchimiant longtemps sous tous les angles le gros corps mutilé :

 

– Ma science puise à une eau très pure, et je peux déjà dire que ce n’est point ici le travail des loups.

 

Soutenu par les autres, la larme à l’œil, Lancebroque s’empara de la queue du cheval qu’il dégagea de l’horrible spectacle pour la montrer à tous, en l‘agitant de sa main valide :

 

– Ce que vous voyez là n’est pas autre chose que la rapine odieuse des Onkulés. Les rôdeurs de la nuit sont venus là pour nous dévorer. Sachez qu’il est bien impossible de calmer les tortures de leur faim. Boudiou de Kramouille, adieu mon bon Chopper, qui n’avait point encore produit gentil poulain pour lui succéder, sans compter que tu m‘avais coûté bien cher au marché de Kiess !

 

– C’est force de bon sens et nous nous bornerons à votre témoignage, seigneur Lancebroque, mais à présent, amis, rentrons pour aviser, car maintenant ces vilains pourraient bien nous épier.

 

 Blanches armes à la main, on revint dans l’abri en barrant le loquet de la lourde porte qui défendait l‘entrée. Belbit était déjà depuis longtemps revenu près du feu et, sa langue un peu épaisse, tirait de sa corne quelques gouttes discrètes :

 

– Nous ferons bien de fermer au plus vite nos ballots pour retourner chez nous.

 

Notre voyage, lui répondit Mirlen, n’est point vain exercice, ni construit pour nous divertir. Nous devons tenir tête aux cannibales. Il n’y aura point de brouille entre nous, car nous devons lutter. Si nous manquons à nos devoirs, nous nous verrions autant coupables de perfidie que de parjure.

 

– Bien dit, fit Hivalanoué, qui avait le cou gros et les épaules larges, n’oublions d’ailleurs pas que nous avons toujours sur nous nos bonnes épées et des épieux pointus.

 

– Kramouille punit les paresseux et récompense les courageux, lâcha Erald, pour ne pas être en reste.

 

Helga sécha sa jupe aux flammes et tous jurèrent de rester unis, en lichant force gnôle sous les voûtes en berceau, ce qui changea leurs craintes en de grands éclats de rire. Pleine de breuvage, Helga fit sa coquine à l’adresse de Lancebroque, en l’invitant à venir s’asseoir près d’elle, car elle avait envie de le consoler.

 

– Beau doux ami, dit-elle en chuchotant à ses oreilles, priez Kramouille en mon nom de ce qu’il vous plaira. J’ai eu tant de bonheur à m’arçonner dans l’herbe en votre compagnie.

 

– J’en aurai bonne grâce, mais retournez chérir Erald, car j’esgarde bien qu’il n’est pas comme vous disposé à me faire tant d’honneur. J’ai bien vu qu’il n’a rien mangé depuis la veille. Sans compter que hier soir, je vous ai entendu.

 

– Sire Lancebroque du Lac l‘estropié, dit-elle déconfite, vous voyez mon ami follement prisonnier. Je suis sans doute bien lasse de cette convoitise qui fait craquer ses chausses. Peut-être serait-il bon de lui donner enfin lumière sur nos envies.

 

– Point n’est bon, dame Helga, car Mirlen a bien dit de ne pas chamailler.

 

– Ne suis-je point selon vous une damoiselle d’une grande beauté ?

 

– Si fait, si fait. Mais nous devons pour l’heure pacifier vaillamment le feu de nos entrailles.

 

– C’est vous qui dites, ami, mais moi je jase que c’est quand vous voudrez, car j‘ai bien d‘autre idée pour le calmer. Elle se sentit d’un coup mouiller en soupirant et ses yeux pétillèrent de gaité. C’est beau geste de secourir les veuves en tant que chevalier, moi je dis qu’il y a autant de gloire à venir en aide aux femmes mariées. Et puis d’ailleurs, rappelez vous qu’Erald et moi ne sommes rien d’autre que deux copains qui s’unissent quelquefois en joyeuses foutreries.

 

Puis ils cessèrent de donoyer, pour ne point transformer le chevalier Erald en dévé. Mais il avait en cette heure d’autres chats à fouetter, puisqu’il avait en tête de parcourir plus en détail le sanctuaire de Proutachatte, avec Hivalanoué et William portés à ses côtés. L’idée était pour eux de trouver une sortie dérobée.

 

https://zupimages.net/up/18/05/7i5x.jpg

 

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : il lisait par dessus les épaules.

 

https://zupimages.net/up/18/05/a6sb.jpg

   



Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:15:54
n°40560179
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 04-01-2015 à 16:26:54  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 42.

 

https://zupimages.net/up/18/05/z6yv.jpg

 

Tous avancèrent en faisant grand silence, pour pénétrer lentement dans quelque salle de garde du vieux chastel aux ogives tréflée, où leurs épaules tremblantes frôlaient la pierre trop poussiéreuse. La peur de ces lieux remplis d’eau stagnante fouettait en eux un mauvais sang, qui leur collait à tous des frissons sous la peau. Ils s’arrêtèrent comme appelés devant l’huis d’un vieux cabinet de lecture, caressés par les toiles d’araignées méprisantes, par moment aussi raides que d’horribles fils de fer. Le teint du visage de Belbit en était pâle et tirait sur l‘ambré. Helga par derrière eux faisait doucement fontaine sans rien leur dire. Les gestes de Mirlen le Tchatteur se firent plus vifs, captant l’attention de tous, lorsqu’il ouvrit facilement la porte vermoulue. Le regard pénétrant et froid, il marmonnait ce faisant dans sa barbiche, s’occupant nullement d’eux, pour conjurer la pièce malfaisante. Ses pupilles sautèrent tout à coup sur un lutrin pourri, où dormait une vieille godasse dans laquelle le squelette d’un pied, planté debout, était encore visible. Fort esbaudi, le chevalier Lancebroque le bouscula pour aller examiner la chose plus en détail, pris dans le délice d’un moment fabuleux :

 

– Mortecouille, ce brodequin que nous voyons, ne serait-ce pas la fameuse Sainte Grolle, d’où se supposent advenir quantités de merveilles ? voici s’offrir à nous le trésor de ma quête, secret qui doit se protéger coûte que coûte, j’y met ma main dans le feu, oyez-vous ?

 

– J’ois surtout qu’il ne faut point jeter son bonnet par-dessus les moulins, tempéra Mirlen. Il s’approcha lui-aussi de la relique aux lacets défilés, pour la quérir et l‘alchimier dans les moindres détails, du talon noir à son bout déchiré.

 

Un os humain bruni sortait tout droit de la chaussure, un tibia calcifié que Mirlen empogna pour la montrer aux autres, dans la lumière fournie par la torche de saindoux. La chose avait jadis été propice au développement des larves.

 

– Voilà se présenter à nous bel ouvrage de savetier, certes, mais qui n’a cependant point quelques millions d’années ! Nous dirons que ce brodequin fut porté par un vilain fort riche, peut-être même un prélat, car chacun sait que les prêtres d’autrefois attiraient les voleurs. Il renifla, point de bouffée de sang précieux qui eut mit sur la piste d’une Kramouille en cyclée.

 

Comme perclus et madré, le chevalier Lancebroque était tombé en prière à genoux, ce que voyant dame Helga aussitôt l’imita. Erald la bouta pour mieux voir :

 

– Holà, holà, pas de panique, un instant messieurs-dame. Que trépasse si cette grolle moche est sainte, tudieu ! Voyons Mirlen, combien chaussait Kramouille, d’après-vous ?

 

– Du 44, d’après les précieux dires du texte sacré écrit par Sœur Hildegarde Chiourme, car on y lit dedans ce manuscrit que Kramouille et ses prêtres vivaient sur un grand pied.

 

– Celle-ci ferait au mieux à peine du 31, ce qui lui donne tout juste l’air d’une poulaine de gueuse, sans doute en plus ménopausée. Et pas de blanche lueur divine pour l’auréoler, soit-dit en passant.

 

– Ce serait fort pratique, persiffla Belbit, parce qu’en attendant dans cette pénombre je ne vois même pas mes pieds.

 

– Sacrilège ! fit Lancebroque, par tans tu verras le pouvoir en sortir d’icelle avant peu, et tous les anges du paradis nous feront ménestrels, pour le divin plaisir de nos ouïes ébahies.

 

L’aura tamisé du lampion et les dires du chevalier rendirent le fameux godillot soudain plus menaçant aux yeux de la compagnie. Mais Mirlen restait quiet, sans vouloir lâcher prise. Il alchimia seulement que la trouvaille pointait tout au plus dans les trente, donnant ainsi raison à Erald de Bavevieux. Une vile savate de croquant, dit-il finalement aux autres, n’ayant pas crainte de blasphémer. Comme, tout en parlant, il secouait par grand geste la bottine, un pistol en tomba sur le sol, daté de l’année dernière.

 

– Voyez, leur dit savant Mirlen, les liquides ont tendance à stagner dans les membres inférieurs.

 

 La petite monnaie brilla dans la paume de William, lequel la fit passer de la main à la main, pour que tous en connaissent. Lancebroque se releva à l’instar d’un lardé de vive, forcément déçu, en invitant Helga à faire de même, puisqu’elle était toujours prise en sermon. Les mains jointes et les yeux clos, la bachelette mandait secrètement à Sainte Kramouille de bientôt rendre roide pour son giron la bébête turgescente de messire Lancebroque. Elle le sentait déjà rentrer en elle, un gros bouquet de fleurs des marais au bout du bras, et qui lui promettait de piocher sans compter dans la prodigieuse fortune de sa parenté. L’insistance d’Erald pour qu’elle revienne à elle la piqua comme frelon, car elle venait de ressentir soudain une folle et étonnante envie de materner.

 

– Calmons nous les amis, les rassura Mirlen, cette chaussure n’est rien d’autre qu’un quelconque et puant soulier en cuir de bélin qui nous fout dans l’essoine. Mystification et moquerie, donc, mais point trésor mythique, ha ça que nenni ! Il jeta avec mépris la godasse bien loin dans un coin, comme si c’était objet maudit venu de ladrerie. En la projetant ainsi, il désolidarisa l’os pour l’envoyer choir ailleurs à grand bruit, sous un autel crasseux gravé de runes mystérieuses.

 

– A coup certain, intervint William en se grattant le heaume, j’ai bien l’idée d’un coupable qui aurait boulotté ce mal-chaussé, et je dirais nos cannibales qui rôdent en la contrée.

 

– Ainsi, si l’on en croit la découverte de ce pistol dont la date est formelle, car elle est gravée dessus, son propriétaire est sans doute mort l’année dernière, bouffé aux Onkulés, qui seul ce bottillon ont bien voulu nous en laisser. Helga avait pointé du doigt vers où le brodequin s’était perdu.

 

– C’est navrant, ajouta Erald pour conclure, car nous aurions eut bien besoin de quelques miracles pour nous sortir vivants du Mont Velu. A voir cette grolle, les Onkulés m’ont bien l’air d’être le plus grand défi de cette détestable région.

 

Avant de reprendre la route, Belbit alla toutefois en douce s’enquérir sous la table du tibia détaché, avec l’idée de s’en faire plus tard pour lui-même un beau flûtiau. Après tout, il se trouvait libre de faire ce qu’il voulait de ces ossements qui n’étaient point sacrés, et il ne craignait pas en ce lieux de se faire rattraper par quelque justice, fut-elle celle de notre Sainte Kramouille. Helga en voulait juste un petit peu à Lancebroque qui la devançait à trois pas dans le couloir, parce que sur ce coup-ci, il l’avait rendu fort naïve.

 


https://zupimages.net/up/18/05/gahj.jpg

 


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:17:34
n°40645730
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 10-01-2015 à 11:06:20  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 41.

 

https://zupimages.net/up/18/05/0s24.jpg

 

Résumé

 

Infirmière Gwendoline Nathan se la fille la plus chanceuse du monde considérée. Elle aimait travailler dans glamour clinique privée Suisse Saint Bernard, où son patron cherche une financière politique croissante. Et elle était en amour mais non pratiquement engagé de lui. Mais elle, dynamique et ambitieuse afin que tout le monde savait qu'il devait obtenir ce qu'il voulait de la vie. Bientôt, la jeune infirmière se trouva impuissante balayée le long par la force de la passion de sa personnalité. Il était impossible pour Gwendoline de penser à Jason Halrequin que les autres opportunistes impitoyables lui étiquetés. Après tout, elle a estimé, le commissaire Mensinq cherche à Babette Gallimard une collègue et l’aide qui soigne Jeanne Hachette voir que chaque geste était suspect, chaque acte une question de l'intrigue. Mais comment pouvait-elle bien la raison, quand elle ne était pas vraiment certaine que ce qu'elle ressentait pour Jason était l'amour ou tout simplement l'engouement romantique ?

 

Après cette vilaine douche froide initiée par cet horrible aveu, il y eut un flottement, puis, agitées par un solide déterminisme, les infirmières firent front commun pour accompagner Jason vers l’incinérateur afin d’y cramer les documents.

 

– Non, leur disait-il en mettant ses liasses au feu, personne ne peut me qualifier de héros, vous savez… Infirmiers, aides-soignants et ambulanciers sauvent des vies chaque jour, alors que moi je me contente de changer d’avis assez souvent.

 

– Qu’est-ce que vous comptez faire à présent ? malgré la crise, les résultats se montraient encourageants, Gwendoline pensait peut-être se faire inviter chez lui.

 

– Je vais me retrancher chez moi. D’ailleurs, venez donc y passer la soirée, si le cœur vous en dit.

 

Babette réaffirma aussitôt son rôle stratégique avec enthousiasme :

 

– D'accord.

 

Sans plus attendre, ils quittèrent la clinique désertée pour grimper dans l’hélicoptère de Jason, bien que le transport de passagers ne soient pas habituel chez lui. Voilà sans doute le signe le plus évident que cet homme riche était bel et bien perdu dans sa propre vie. Avant la fin de la semaine, il se verrait sans doute délaissé par tous ses amis. Obéissant parfaitement à la maitrise de son pilote, ce qui provoqua l’admiration unanime des infirmières, l’engin survola la ville, la vallée, puis grimpa en direction du vaste domaine du docteur, sur le flanc sud du Kirschtörtchen.

 

– Quand je pense que j’allais juste démontrer l'efficacité du traitement préventif de mon antirétrospirale pour soigner les humeurs du cerveau, lorsqu'il est pris au moment des rapports sexuels sur des personnes saines, en prévention, et non plus simplement sur les malades. Quel gâchis !

 

– Allons, fit Babette en se laissant griser par le fantastique paysage de carte postale qui défilait sous eux, mais visiblement touchée par tant de sincérité et d’humanisme, ce n’est que partie remise. Tranquilisez-vous donc.

 

L’appareil se posa près de la piscine en provoquant quelques vagues de surface, et les blonds cheveux de Gwendoline ondulèrent sous le vent des pales lorsqu’elle sortit. Sa jupe se souleva également, mais déjà, ignorant volontairement ce détail, Babette fonçait vers la cuisine de l’immense chalet pour éplucher des légumes, carottes, pommes de terre, courgettes, alors que Gwendoline s’offrit aimablement pour passer l’auto-laveuse dans les couloirs. La préparation des apéritifs et le nettoyage des cinq sanitaires exigea pendant ce temps de la part de Jason son intervention exceptionnelle. Puis, tout le monde raccrocha son tablier afin de s’installer confortablement sur l’immense divan acceuillant du séjour, où flambaient quelques bûches de chêne dans la belle cheminée post-moderne. L’horloge affichait 10h32. Une heure plus tard, alors qu’investis dans le tourbillon des conversations ils en avaient oublié de manger, ils étaient par contre complètement bourrés. Gwendoline proposa de travailler dans la transparence en se mettant toute nue. Un brouhaha provoqué par les applaudissements des deux autres salua sa proposition. Jason se leva maladroitement pour aller activer les alarmes du chalet. Quand il revint, Babette et Gwendoline avaient œuvrés en bonne intelligence pour lui offrir la vision mirifique de leurs corps somptueux. Jason chercha une solution pour attirer leurs regards sur lui, car elles lui avaient tourné le dos.

 

– Je vous sers un autre verre ?

 

Sa proposition produisit l’effet escompté, elles se retournèrent, remplies de convoitise. Ils leur faudrait trouver en elles tellement de courage, lorsqu’elles seraient inévitablement interrogées par les inspecteurs du Trésor public. Pour l’heure, il n’était pas question d’évaluer la situation fiscale de Jason, mais de détourner son attention du chômage et ne pas se laisser abattre par les événements. Il n’y avait plus de whisky, plus de rhum, plus de vodka, on déboucha un Saint Emillion. Ils formaient une équipe soudée, l’ambiance était plus que bonne, les fauteuils confortables et spacieux et sans doute pour la première fois de sa vie Jason enculait ses actionnaires, bien que cela ne fut qu‘un bref égarement passager. Il appréciait cependant à leur juste valeur ces quelques instants de liberté d’esprit. Chassant toute idée de crainte, une métamorphose rapide rendit le trio joyeux. La bonne question arriva de la part de Gwendoline, au bon moment, frontale ;  elle s’irradia véritablement, toute à la joie de sa pensée elle-même :

 

– Pourquoi ne pas calmer en nous ressentiments, lâcheté, égoïsme, sadisme, idée de puissance et de meurtre et transformer notre culpabilité individuelle en responsabilité collective ? nous devrions faire l’amour, cela nous délasserait, ce n’est pas un crime.

 

– Oui dit Babette, le jeu de miroir du sentiment de jalousie porte à nous nuire. La morale porte des impératifs qui nous oblige trop souvent à nous écharper, Gwen et moi. Aimons nous donc, puisque nous sommes tous les trois libres de le faire. Nous qui sommes professionnellement voués à guérir les autres de la mort, nous savons bien que nous pouvons y passer à tout moment, alors autant réaliser nos envies.

 

– Vous avez peut-être raison, si l’on s’interroge trop longtemps sur le fait de savoir par quoi commencer, boire ou aimer, on risque de mourir de soif. Il en profita pour remplir les verres à nouveau et les filles le déshabillèrent.

 

Ce fut dès lors une nuit de bouleversements mémorable. Ils essayèrent de se diriger vers l’ascenseur pour monter à l’étage, bien que la cuite ne les autorisa aucunement à marcher droit. Même Jason erra en tournoyant pour chercher sa chambre, sans désespérer d’y arriver à un moment donné. Alors qu’il tenait de chaque côté les infirmières par la taille, il vacillait d’un côté et de l’autre, alors que les jeunes femmes avaient des étincelles dans les yeux. Jason savait déjà comment bien vivre, il décidait avec elles de vivre bien, sur cet étrange fond de triangle amoureux. Ils prenaient tout les trois grand soin de nourrir cet amour naissant, pour le protéger de ce qui pouvait lui nuire, et réitéraient sans arrêt cette volonté initiée dans le salon d’essayer d’avancer ensemble en conservant la direction choisie. Ils vivaient simplement au présent leur futur commun, avec 2 g d’alcool dans le sang, mais sans prise de tête. Ils se heurtèrent néanmoins à d’infranchissables obstacles, dont quelques murs et autres cloisons, et la vie leur prouvait ainsi qu’il valait mieux de temps en temps changer de direction. L’existence humaine étant un projet, ils se projetèrent sur le grand lit pour se prouver une certaine constance dans leur résolution. Enfin ils se mirent à vivre les événements comme ils arrivaient, par de menus choix, impatients et répétés. Par un engagement tout entier de son être, Gwen alla chercher dans les profondeurs de Babette ce qu’il y avait de meilleur et d’humain en Jason. Dans la chambre devenue furieusement conviviale, ils dépensèrent follement leur ivresse en surfant physiquement sur un sentiment d’accomplissement jubilatoire, en rébellion contre tous les diktats qu’ils s’étaient auparavant imposés. Aventuriers des extrêmes, ils flirtèrent donc toute cette fameuse nuit-là pour mettre leurs corps à l’épreuve. Un moment, Jason et Gwendoline rabrouèrent gentiment Babette qui eut quelques tendances à les quitter pour partir en solitaire.

 

– Neuf milliards d’euros, c’est le prix que la France pourrait mettre de côté si les patients prenaient correctement les médicaments prescrits, réfléchissait tout haut Jason à l‘adresse de ses femmes, histoire de mesurer sa capacité à rester calme dans l’urgence.  

 

https://zupimages.net/up/18/05/cwcy.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:18:52
n°40730162
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 16-01-2015 à 16:43:40  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 61.

 

https://zupimages.net/up/18/05/4vm3.jpg

 

La guibole droite de Marlou fut immobilisée dans un gros plâtre et son buste enfermé dans un corset pénible. Le moindre effort coûtait, mais il respirait mieux. Comme on n’avait pas retrouvé Ewij, malgré l’arrestation en masse de flics véreux, l’hôpital se trouvait protégé par une véritable armée. Au niveau des forces spéciales, il y aurait semble-t-il pas mal de fringues sales à déballer à propos de cette histoire. L’inspecteur dormait profondément lorsque Géraldine Kidor, son ex, mais aussi l’ex N°3 des services secrets et désormais présidente à vie du Gururkislapet, se pencha sur son lit. Son parfum suave réveilla le détective qui lui heurta les seins.

 

– Ouille !

 

– Pardon Géraldine, c’est gentil de venir me voir.

 

– Si je n’étais pas certaine que tu puisses respecter les liens du mariage, je dirais que même dans un lit d’hosto, tu sautes par divine projection sur toutes les occasions. Elle eut un sourire espiègle pour Carla, qui se tenait précisément derrière, dans un beau satin pourpre agrémenté d’un long boa noir.

 

– Pour le moment, je ne suis qu’un terrain vague bourré de gravats, mon petit poussin.

 

– Même si Ewij court toujours, merci de ton aide, en tout cas.

 

– Ho de rien. Vois-tu, je crois que le monde se divise en deux, il y a ceux qui vivent à fond et les autres qui s'emmerdent. On finira bien par l’avoir, mais on peut dire qu’elle nous laisse le temps de bien la détester.

 

Même si elle était désormais effectivement impraticable, il la trouva carrément michetonne, madame la présidente. Absolument rien d’une silhouette opaque, ni d‘une pensionnaire de couvent. Marlou se fit un instant violence pour chasser le trompe l’œil du passé. Mu par un élan sauvage d’exister, Kiki sauta sur le plumard et fouina la couverture pour y dormir. Sans Babe à ses côtés, il n’était somme toute qu’un animal de compagnie. Il savait y faire pour donner l’image d’un gentil Yorkshire. Carla affichait une mine sombre et tragique, car elle avait eu très peur de perdre son amant. Marlou en fut touché et honoré. Comme si l’objet exerçait sur elle un étrange pouvoir hypnotique, elle caressa du bout du doigt le holster accroché à la tête de lit, puis elle posa ses lèvres sur la bouche du privé, afin d’échanger avec lui un long baiser. Gégé les observa avec une certaine gourmandise, sans détourner le regard.

 

– On pourrait peut-être se lancer dans une séance de branlette collective, quand vous aurez fini ?

 

D’une manière touchante, prouvant qu’elle n’était pas seulement un joli brin de femme écervelé, Carla lui accorda un de ses beaux sourires.

 

– De grandes promesses sortent souvent de petits gestes, madame la Présidente, mais non. Ses grands yeux noirs étaient de véritables joyaux.

 

– Alors l’illusion ne m’abusera plus. Puis elles se mirent à rire ensemble, noyant Marlou dans une bonne humeur contagieuse.

 

Comme s’il avait plongé sa jambe dans une fonte d’airain brûlant, Marlou dérouilla d’une douleur fulgurante au genou. Le raz-de-marée brutal de cette violence intime lui arracha deux secondes de complainte. Et puis ça passa. Les deux femmes alarmées en redevinrent sérieuses.

 

– J’ai l’impression de plonger dans la chaux vive, mes poulettes, à chaque fois. Paraît que c’est normal. Je préfère quand tu me laboures le dos avec tes ongles, Carlita.

 

– Je ne sais pas si c’est le moment de te le dire, mais j’ai reçu des nouvelles de Paris. Nos amies Gouinette Patrol et Ashley la Gorette se sont fait embaucher par Beau Brown, elles travaillent désormais pour lui au Reichstag et elles ont déménagées de ton appartement. L’info réveilla Kiki, sans qu’il ne bronche.

 

– Des traitres à la nation, hein ? ben c’est leur vie, après-tout. Ce qui m’importe actuellement, c’est plutôt cette putain de princesse assassine, quelqu’un de puissant l’a aidé à s‘enfuir, au moment précis où on la tenait. J’ai l’impression de me retrouver face à un putain de puzzle.

 

Carla corrigea machinalement l’orientation de la lumière, comme si elle cherchait à se donner une contenance. Puis elle embrassa à nouveau Marlou, l’entourant du rempart intime de ses longs cheveux noirs, ses yeux devinrent encore plus ardents :

 

– Y’a autre chose, mon trésor.

 

– Quoi donc ?

 

– Je suis enceinte.

 

La proposition esthétique de ce nouveau baiser avait malgré elle fait trembler Géraldine d’envie. Kiki se redressa d’un coup sur le lit pour se tenir fièrement sur ses quatre pattes :

 

– Hey Marlou, je te jure que ce coup-ci, c’est pas de moi.

 

https://zupimages.net/up/18/05/kg7c.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:20:12
n°40745980
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 18-01-2015 à 16:18:23  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 43.

 

https://zupimages.net/up/18/05/kzwf.jpg

 

Ils arpentèrent pendant des heures de longs corridors visiblement taillés dans le roc lui-même. Ils courbaient l’échine sous les faux-plafonds et prenaient garde de ne point chuter dans de cruelles fosses pavées. Devant le monumental cercle de granit qu‘ils croisèrent en se bousculant pour l‘admirer, Mirlen s’extasia sans retenue :

 

– Différents facteurs me font dire que cette sculpture est un calendrier.

 

Le vieux mage pointa d’ailleurs son doigt sur le signe indiquant la fête du gland neuf, toujours connue à Fion, laquelle marquait l’équinoxe de mi-saison :

 

– « A la Saint Armand, emmène tes cochons au gland ! » (verset XVX, ap. 01- Psaume 8 - tiroir de gauche - étagère 22 )

 

 Nullement impressionné, Belbit portait cependant un intérêt moyen aux aspects relatifs à l’histoire de l’art, fut-il religieux. Ils parvinrent dans une haute salle, appelée par Mirlen la fameuse Kaisersaal, car il pensait d’une manière hautement culturelle qu’elle fut, il y a plus de mille ans, le théâtre du sacre du Kaiserabaaldumdum, l’empereur du Bonanzaza en ce temps là. Plus loin, gravés directement sur les parois de calcaire, des hiéroglyphes rappelaient les événements de la vie de Kramouille, comme cette fois où par malice elle avait fait semblant d’enfanter l’univers sans l’aide de personne, afin de permettre aux ignares d‘en faire un monde moins humain. Sous les cryptes voûtées de grès rouge, la voix de Mirlen résonnait saine et claire :

 

– En réalité, nous avons bien quitté l’Hyperbourrée en grimpant ce Mont Velu, puisque nous sommes déjà sur le territoire du Bonanzaza, constitué par ces immenses chaines montagneuses qui bordent en l’encerclant le gouffre du Poingé.

 

Ils débloquèrent à grande peine un passage fermé par une lourde pierre circulaire, laquelle pouvait rouler sans amasser de mousse. Une ancienne meule de moulin à huile de coude, d’après la science du magicien qui l’examina attentivement, tout en mesurant ses dimensions à l‘aide de son mètre pliant. Les murs du couloir étaient du jade pure, mais la quasi totalité de la surface du sol terreux était occupée par les traces de leurs pas. Par position honorifique, Mirlen s’engagea le premier dans l‘antichambre, pour découvrir un peu plus loin deux conduits qui s’ouvraient chacun vers une direction opposée. Il supposa aux deux trous, par leur position respective, une sorte de fonction sans doute sacrée, puis laissa ses amis débattre sur la nouvelle marche à suivre. En relativement peu de temps, les cornes furent remplies de bonne gnôle qui fit paraître la pièce plus grande qu’elle ne l’était vraiment. On prit le temps de savourer de la laitue, du poireau et du colin pané en hors-d’œuvre, des tétines de carpes puis des saucisses de renard, du choux, des haricots aux lardons, enfin du raisin, des poires cuites et des châtaignes grillées. Après la bonne pitance, tout en faisant pour eux la danse du ventre qu‘elle venait de remplir, Helga leur chanta finalement sa chanson, à l’heure bénie du Handkäs mit musik, qui termina leur ripaille par un petit fromage blanc aux oignons. L’atmosphère joyeuse et décontractée laissa la place à la réflexion, quand dame Helga cessa de faire la libellule pour divertir la confrérie.

 

– Je prodigue, par judicieux conseil, de prendre le tunnel de gauche, lâcha Erald, aussitôt approuvé par Mirlen et William.

 

– Point ne croyons, répondirent Belbit et Hivalanoué, lesquels décidèrent pour la droite. Helga et Lancebroque étaient sans avis et votaient blanc.

 

Danser le quadrille m’a épuisée, ma chair est désormais molle, pâle et fade et je dois reposer. Prenez donc chacun la voie que vous voulez, puis revenez nous cherchez quand vous aurez trouvé la sortie, puisque j’attendrais ici sagement votre retour en compagnie du chevalier Lancebroque, qui saura bien me protéger.

 

– Allons ma dulcinée, vous n’y pensez guère, cela est fort dangereux. Le sanctuaire de Proutachatte n’est point castel de vacances, songez un peu aux Onkulés !

 

– Adieu Erald, inutile d’implorer, il serait vain de vouloir me faire avancer, car je n’en puis, par miséricorde.

 

– Allons coupa Mirlen, il nous faut nous hâter, bien que mon cœur abhorre aussi vous laisser là tout deux. Il plissa les sourcils en signe d’un déni fataliste.

 

– N’ayez crainte, le rassura Lancebroque, comme vous me voyez là, je suis preux et vaillant : qui molestera Helga devra d’abord en découdre avec ma brave épée.

 

– Bon, par Kramouille, c’est selon votre bon vouloir, donc nous à gauche, vous autres à droite, et que Kramouille bénisse notre communauté. Ceux qui trouvent sortie les premiers reviennent ici au ralliement, pour avertir les autres. Puis il donna lui-même l’exemple du boute selle en prenant à senestre, suivi d‘Erald et de William.

 

Restés seuls, Helga et Lancebroque laissèrent les pas s’éteindre pour faire assaut de malicieuse druerie. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, le sanctuaire devint pour eux seuls un décor idyllique, car la jeunette avait bonne idée de jointure avec son amputé. Par une ingénieuse mise en scène d’imagerie, Helga posa sans vergonde sa robe au sol pour s‘esnuer, ce qui fit aussitôt bandeler comme un poney messire Lancebroque. Ainsi transformé et agrandi, il profita d’abord de la vue en flânant, puis la bouche de sa dame se plaça en cuvette. Après petite sucette et dégustation de son tronçon, Helga opta pour une technique à l’ancienne, afin d’élaborer en s‘enroulant sur lui contre les murs, une série de tableaux humains ; puis,  glorieusement fichée en pal, aussi barattée que crème à beurre, elle chanta de voix d’or en l‘enjoignant de ne point lâcher pis, veillant à ne pas laisser le chevalier roidi se décloisonner de son croupion arsé. Tout en la quartelant avec vivacité, lui se lança sur ses mamerons de sa main unique, agile, aventureuse, pour se livrer à un recensement précieux qui les fit tous les deux rendre grâce. Ils s’entrelacèrent ainsi de longues minutes dessous les escaliers, zigzaguant au petit bonheur la fortune pour ponctuer leur foutrerie d‘une joie intolérable, au cours de laquelle Lancebroque se vida dans Helga de son peuplement. L’oiance d’un dangereux bruit de pas provenant de derrière eux, suivi du parlement d’une langue étrangère les fit rapidement déchanter. Lancebroque connaissait en effet bien le son de ce langage, pour l’avoir déjà entendu, puisque c’était celui que jasaient les Onkulés. Déjà, les tourmenteurs se bousculaient avec furie dans les couloirs. Les dévoreurs pelaient leur voix de bonheur en les voyant se rhabiller, puisque les deux humains n’offraient pour ces odieux cannibales qu’un vil espoir de bonnasse picorée.

 

https://zupimages.net/up/18/05/6hwp.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:21:48
n°40822495
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-01-2015 à 17:35:49  profilanswer
 

Activités ludiques.

 

https://zupimages.net/up/18/05/mcmp.jpg

 

https://zupimages.net/up/18/05/vkp0.jpg

 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 24.

 

https://zupimages.net/up/18/05/rtlz.jpg

 

– Vous dépassez la vitesse autorisée, prenez à droite après 500 pieds, prenez à droite après 200 pieds, tournez à droite, recalcule de l’itinéraire, conduisez prudemment ! cria à ses hommes Jèpéess, ce nouveau chef des porteurs qui ne prenait jamais à gauche, par atavisme familial.

 

Décidemment, la reine se félicitait d’avoir fait remplacer le régulateur principal de charge de son véhicule pour ce nouveau gars là, lequel maintenait savamment une vitesse de croisière comprise entre 0,2 et 5 km/h. Avec les camarades qu‘il commandait, il maniait à merveille la lourde caisse, laquelle était conçue comme un mélange de litière de tourisme et royale, avec cuisine et cabinet de toilette en bout arrière. Quatre ouvertures éclairaient le séjour voilé par de belles moustiquaires en mousseline, des rideaux précieux aux splendides décors d’oies gavées, en plus d’un store en ébène nubien. Venu de la dinette, l’éclairage se distribuait au séjour par de belles lampes à huile. Allongée sur les coussins galbés d’un large lit commode, Jésentilpèla dormait profondément, une main sur le sein de la reine et l’autre sur le sien. Néefièretarée se leva pour gratouiller la tête de son python personnel, le laissant couver tranquillement sa dizaine d’œufs dans un coffre situé sous la penderie double. Pour ne plus risquer toute nouvelle mésaventure, ont avait disposé partout des attrape-scorpions. Elle tira sur le rideau de sa résidence rustique pour admirer Jèpéess. Il hurlait à présent pour donner à ses hommes la bonne cadence. Elle découvrait en ce type une petite mécanique rageuse, avec une silhouette basse, profilée et élégante et un arrière trapus. Il connaissait la litière sur le bout des bras, ce qui était très rassurant, et bien que souvent camé, il marchait en tête, fort comme un arbre. Elle loucha malgré elle sur son pagne :

 

– Dis-donc, toi, je vois bien que t’es une flèche et que tu m’as l’air d’avoir une sacrée barre de remorquage ?

 

– Hélas ma reine glorieuse, votre esclave n’est qu’un misérable eunuque !

 

Néefièretarée fit subitement la gueule. Puis elle se dit qu’il ne consommait que 8,6 l de bière par levée de coude, donnant la preuve qu’un coupé pouvait aussi être économique, car il n’avait visiblement rien d’un castré de vitrine. Comme ses morpions la dérangeaient, elle fit juste passer la consigne qu’on lui trouve rapidement dans ce bled un barbier muni d’une bonne pâte dépilatoire, mélange de chaux vive et d‘oxyde d‘arsenic. Et puis elle préféra oublier son châtré pour reporter son attention sur le charmant paysage qu‘ils traversaient. Le commerce maritime était vital pour Tépafou, comme s’en rendit compte la pharaonne une fois parvenue à ses abords, parsemés de nombreuses digues construites sur les rives tranquilles léchées par les flots. C’était un petit village ensoleillé blotti près d’un méandre creusé dans la plaine aride où serpentait le Nil, lequel s’écoulait là aussi lentement que les siècles. Ils s’enfoncèrent vers le centre-ville en empruntant une allée sculptée de sphincters géants et de scribes accroupis. Réveillée par le tumulte de la foule, Jésentilpetla en salua la perfection des bronzes monumentaux. Le village entier était dédié à Thouëris, déesse bienfaisante à tête de crocodile et à corps d’hippopotame, supposée protéger en particulier les femmes enceintes, ce dont Néefièretarée n‘avait pas grand chose à faire. Quelques enfants dépeignés suçaient des éponges, pendant que leurs mères pompaient des vieux sous de vastes entrepôts malheureusement vides, puisque Ramassidkouch ruinait tranquillement le pays. La grande majorité des habitants semblait d’ailleurs avoir moins de huit ans. Un peu partout au milieu des vagues, des moulins flottant profitaient à la fois de l’eau et du vent pour laver et chasser la forte odeur des meuniers. Une cohue indescriptible de riverains transportaient de lourds paniers de terre. Ils relevaient ainsi des murailles armées de grands pieux, au pied d’une haute tour, dont la fonction principale consistait à servir de fanal aux mariniers obligés d’allonger au port de nuit. Sur le fleuve lui-même, des bateaux aux culs rond et au nez relevé semblaient bien adaptés aux difficultés conjugales de leur capitaine, pour permettre à celui-là de fuir très loin de son foyer. Soumis aux facéties des vagues, quelques mariniers sondaient les bancs de sable avec leur perche de bois, pour éviter de s’engraver à cause des basses eaux. De temps à autre, on les voyaient perdre dans les remous leur frère ou leur petite sœur qui tombaient comme par hasard des ponts surpeuplés. De lourds chalands chargés d’épices, de pommade pour les mains et de papier lotus, à la toile bien gonflée, reprenaient de la fesse par brise arrière, alors que d’autres équipages attendaient les ordres pour affaler la voile. Dans de petites felouques colorées, certains marins ramaient comme des dingues pour échapper aux turpitudes du Nil, mais aussi aux radeaux de bois qui glissaient sur le fleuve ondulant en direction de l’aval. Arrivés près du débarcadère, un type nommé Sneucéèph et perché sur un mastaba désaffecté aboya pour saluer l’arrivée de sa reine :

 

– La litière royale de la pharaonne Néefiertarée, en provenance d’Isdiboulaouane et en direction d’Halopolis, va entrer sur la grève avec deux jours de retard. Eloignez-vous de la bordure des quais, s‘il vous plait !

 

Néefièretarée fut soulagée de voir que Merdenkorinnanâr l’attendait, en compagnie des 80.000 soldats neufs qu’il venait de recruter. Dans sa belle armure polie, le général avait l’air d’un lion à visage humain. Ses yeux étaient rehaussés de couleurs vives et la pharaonne ne voulut pas savoir ce qu’il avait fait de sa nuit. Elle ignora aussi le limon noir irrévérencieux qui souillait ses sandales :

 

– Alors, as-tu rasé l’oasis de Foufoune ?

 

– Bien sûr, O mon adorée de Bastet, la belle chatte associée aux joie de l’existence, dégommée naturellement pour ton plaisir. Et je te ramène comme tu peux le constater une armée bien vaillante. Mais je n’aperçois pas à tes côtés Tahosétlafer ?

 

– Il est retourné à Thèbes pour affaire, une histoire de backchich impayé, je crois.

 

– Voilà qui n’est pas très prudent, je lui avais expressément confié ta garde.

 

– Bon écoute, je suis crevée, faut qu’on trouve un palais.

 

– C’est fait, on vient de le bâtir, les fresques sont à peine sèches.

 

Une foule immense de cinq personnes se pressait autour d’eux, dans un faste inouï, soudain indifférents au trafic intense qui avait lieu sur le fleuve sacré. Le palais dominait la rive droite, à l’écart du faubourg. La pharaonne et sa suite y furent reçus en grande pompe, au son des crotales et des flûtes de champagne. C’était une riche demeure protégée par de hauts murs, ornée de jardins, de servantes innombrables et nues, sans compter de jolies pièces d’eau. Quelques salles délimitaient le logement du bétail décoré de fresques et les enclos de serviteurs couverts de paille fraîche. Les appartements privés de la reine s’ouvraient sur une grande cour centrale et un escalier montait sur une belle terrasse ouverte, d’où l’on pouvait admirer la course du Nil et l’activité des énormes chantiers. Ils étaient destinés à construire en hâte les fins bateaux royaux qu‘emprunterait Néefiertarée par la suite. Dispersés ça et là, quelques serviteurs jouaient au senet en gobant les mouches innombrables qui infestaient les lieux.

 

https://zupimages.net/up/18/05/6pwv.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:24:41
n°40884430
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-01-2015 à 14:16:43  profilanswer
 

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Vol d'avion.

 

https://zupimages.net/up/18/05/xzxr.jpg

 

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : La brigade anti drones

 

https://zupimages.net/up/18/05/hzzy.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:27:15
n°40891671
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 31-01-2015 à 10:40:30  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 42.

 

https://zupimages.net/up/18/05/a5g6.jpg

 

Au lendemain de cette nuit fatidique, Gwendoline tarda à ouvrir les yeux. Dans sa tête, un bombardier lâchait sporadiquement ses dix tonnes de bombes sur son thalamus. Elle avait envie de gerber, elle se retint, puis elle posa enfin le regard sur l’un des gros tétons bruns de Babette qui sortait du drap. Ils contrastaient tant avec ses propres petits bouts de chairs roses que Jason avait tant malaxé hier soir. Ce dernier dormait toujours profondément, un peu de sa bave avait filé en douce sur l’oreiller. Complètement nue, Gwendoline se leva, enquilla la direction des toilettes et gerba. Elle n’osa plus retourner dans la chambre. Bien sûr qu’elle n’était pas vierge, bien sûr qu’elle avait vécu nombre de soirées étudiantes fortement arrosées, mais la culpabilité est une arme terrible et il n’y avaient pas que les remugles de l’alcool pour la rendre à présent malade comme une chienne. Elle avait pour le moins adopté hier soir une attitude indolente qui, en entremêlant fantasme et réalité, loin de l‘avoir apaisée, nourrissait à présent de nouvelles peurs. Elle croisa les doigts pour qu’un bon café fort puisse la soulager. Après s’être habillée, ayant retrouvé ses fringues dans le séjour, elle fila donc dans la cuisine se faire une cafetière, histoire d’exprimer son angoisse d’une manière créative. Elle sirota en soufflant sur sa tasse d’arabica brûlant, prise de ruminations remplies de tristesse. En admirant l’immense magnolia du jardin, elle se faisait le constat que le plaisir se partage souvent, quand la souffrance isole toujours. Les ébats de la veille la privaient à présent pour ainsi dire de l’essentiel, parce qu’elle sentait que Jason ne lui vouerait plus que le culte d’une simple amitié. Une barrière intime avait été franchie et toute sa vie se voyait gâchée par cette histoire. La porte de la chambre claqua, Gwendoline fit trois pas dans le couloir pour observer Babette à poil qui dégueulait ses tripes, à genoux devant la cuvette des WC, comme elle-même venait tout juste de le pratiquer.

 

– J’ai fait du café.

 

– Je ne sais pas trop si j’en ai envie.

 

Le constat était rude pour Gwendoline, elle avait pris plus de plaisir avec elle qu’avec Jason, et cette folle nuit lui avait révèlé qu‘il était un éjaculateur prématuré. Tout en faisant faussement la fière, elle regarda Babette sans faiblir, pour lui lancer tout de go le fruit de sa pensée :

 

– Il est rapide, Jason. J’ai trouvé la noce bien décevante, quoi.

 

– Comme 27/% des mecs, il paraît. Ben peut-être que l’alcool a trop stimulé son système orthosympathique. Peut-être qu’il avait le trac.

 

– Ouais, ben dix secondes, quand même… Et puis ça n’est pas un champion des préliminaires, il n‘en sort pas bonifié.

 

– Ben toi, visiblement t’as pas de problème à faire monter la sève, j’ai été submergée ! Elle pouffa bêtement.

 

Tous les téléphones fixes du chalet se mirent à sonner, en réveillant Jason. Il leur apparu en tee shirt et caleçon, sans se précipiter pour répondre, il ressemblait à un chien noyé depuis huit jours :

 

– De quoi parlez-vous, les filles ? Il décrocha sans espérer leur réponse.

 

– On a fait du café.

 

Mais il ne les écouta pas. Sa mine montrait cependant que le coup de fil était important. Il adoptait une pose de penseur à l’air grave et les infirmières le dévisageaient attentivement, car elles avaient l’image, mais pas le son. C’est dans ces instants là qu’on comprend que l’écriture peut-être très utile. Emprunt d’une grâce débraillée, le visage buriné par sa nuit presque blanche, il redevenait enfin tout à fait sexy. Babette en profita pour aller prendre une douche et s’habiller, pantalon de mousseline et sobre pull-over blanc ; quand elle revint, Jason avait raccroché. Il était aux anges et sous le coup d’une agitation volcanique :

 

– Les labos ont fait pression sur Mensinq, la clinique peut rouvrir. Il l’a dans son cul, mon enquêteur fétiche. Tant mieux, j’ai des projets par poignées, mais je pense qu’il faudra augmenter la productivité horaire. Merci pour le café.

 

Les femmes accueillirent l’information avec beaucoup de plaisir. Néanmoins, aucune des deux ne sembla supporter trop longtemps son sourire de hyène et sa diction de prince orgueilleux. Il semblait complètement affranchi des sorcelleries sexuelles pour replonger dans la vérité du monde de ses petites affaires. Déjà, il volait vers la salle de bain pour se raser, leur beau lapin à peine triquard. Il les retrouva dans le salon, habillé de pied en cap et impeccablement ajusté :

 

– Bon, je fais pas dans le loisir de masse, je vous dépose dans la vallée.

 

Bousculée sur un matelas de mélancolie, Gwendoline fut prise d’un douloureux vertige, mêlé à une vilaine nostalgie de l’enfance insouciante, puisque son cœur faisait le clochard. Jason n’avait pas eu un mot sur leur rapport collectif, il les renvoyait brutalement à leur rôle, qui était de servir sa clinique sous son œil omniscient, et c’était tout. Sans doute que plus jamais elle n’ouvrirait les pages d’un classique de la littérature libertine. Elle s’absorba longuement dans le coiffage de sa belle chevelure dorée. Le docteur Jason était à l’image de la Suisse, riche et égoïste, et il la renvoyait dans une pénible solitude dont elle ne tirerait aucun profit. Une chose cependant avait changé, Babette et elle, elles étaient bien parties pour se serrer à présent les coudes. La ballade en hélico leur servit d’exorcisme à toutes les deux, et quelques mauvaise blagues de Jason les firent même se marrer noir, mais chaque mètre gagné par l‘hélicoptère les éloignait un peu plus d‘une sorte de paradis perdu.

 


https://zupimages.net/up/18/05/2kri.jpg

 


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:28:42
n°40898817
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 01-02-2015 à 11:01:26  profilanswer
 

Salon littéraire :
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 44.

 

https://zupimages.net/up/18/05/goq3.jpg

 

Massues de bois, flèches en os, harpons faits de vertèbres humaines et haches de silex, ils étaient effrayants et n‘avaient sans doute point encore inventé ni le peigne ni la brosse. Couverts de touts petits gilets cousus en peau de malheureuse victime, sales comme des chiffonniers, nageant dans de larges caleçons aux ficelles apparentes, ils progressaient à présent plus lentement vers le couple en passe d’être dépiauté, lequel les distinguait dans la pénombre, rasant les murs pour se lancer sur lui. Les cannibales se tenaient à peine debout, coiffés de chapeaux de paille, les moustaches tombantes bistrées au brou de noix, ils ricanaient en dévoilant de grandes dents coupantes, relevées vers l‘avant de leurs mâchoires puissantes, exhalant violemment une haleine de viande avariée. L’odeur atroce en disait long de leur infâme patrimoine culinaire. Ils dardaient sur leurs proies de petits yeux cruels posés très proches de leurs narines, annonciateurs d’intentions assassines. Plus doués de force que de ruse, pattes et crocs dressés, ils allaient, redoutables, grattaient leurs culs d’où sortait peu d’hygiène, et même certains arrachaient aux parois du couloir des kyrielles d’étincelles, lorsque leurs armes aussi larges que soc de charrue en frottaient le basalte.

 

– Formons deux groupes, cria Lancebroque à Helga dans un spasme affolé : toi tu les distrais et moi je cours chercher secours !

 

– Mais tu dis quoi, maudit couard ? attaque ces mazeliers, foutrekramouille !

 

– Que nenni, je ne saurais batailler, en vérité, avec ce bras qu’il m’ont laissé.

 

– Mais attaque, ribaud, ou il t’en cuira ! Helga se voyait déconfiée de la pire des manières et chut en grande détresse, tout en essayant de piétonner vers l’arrière. Avec horreur, elle se vit au contraire impulsée par Lancebroque d’un coup de pied destiné à la pousser dans les bras de l’ennemi. Odieux lâche, vous m’avez pris minette, et c’est donc ainsi que vous me traitez maintenant ? par Sainte Kramouille, vous perdez la raison.

 

Pour toute réponse, Lancebroque la refoula plus durement encore, hurlant aux Onkulés par solution globale :

 

– Prenez-là elle, prenez-là elle, c’est bonne fraîche jeunesse et jolies cuisses de franche repue, croyez-m’en !

 

Toujours tapis dans l’ombre, les Onkulés s’interpellaient entre eux bruyamment ; l’un d’eux qui semblait chef semblait bailler aux autres de se lancer sur eux. Lancebroque avait fui précipitamment vers l’arrière, disparaissant pour s’engouffrer dans le tunnel de gauche, tout en laissant Helga à merci des sales trognes emplumées. La pauvresse ne voulait point mourir encore, car elle était aussi jeune qu’enjouée. Tout en brandissant des épieux aiguisés, la meute affamée et insatiable fatrouillait de plus en plus fort, en déclinant ce baragouin de sauvages arraché avec peine de leurs gorges avides :

 

– Louillibems ou lotirons, ces leudocs là lonvé nous lairefoque la lemainessuche, loimique je te le dis.

 

– La leulessem lanièremuche de se lébarrassédoque d'une lentationtem est d'y luccombéssem.

 

C’est alors que dans la lueur des torches, ils constatèrent qu’Helga était vraie blonde. Leur chef stoppa brusquement son attaque :

 

– Larrêtéquème les larguems ! c'est un liraclemas, cette lamefé létrangèrepucheme lemblessem la léincarnationroque de lamouillettekroc, notre landegrem léessedem! Losternomprass nous à lenougics levandoc sa lajestémas !

 

A l’écoute de ces mots, les Onkulés tombèrent avec respect face contre terre. Tétanisée par l’attitude soudainement déférente de ces attifés, Helga mouilla sa robe, mais n’eut point le réflexe de s’enfuir et resta immobile. Bien que toujours dangereuse, la tribu se faisait nettement moins belliciste, même si la belle s’imaginait déjà affreusement ligotée sur l’autel sanglant de leur sacrifice. Alors qu’elle était morte de frousse, le chef releva la tête pour s’adresser pieusement à elle :

 

– Ho laintessem lamouillekrem, loivattes en nous tes lumblehés ladorateuruches, et lénibatte notre libutroc.

 

Helga ne pigeait rien, mais elle sentit par intuition qu’elle n’avait rien à craindre. D’une manière incroyable, ils ne semblaient plus avoir envie de l‘occire, mais au contraire de l‘honorer. Elle leva le bras pacifiquement, en s’attirant par ce simple geste l’adoration des cannibales. Pendant ce temps précieux, le chevalier Lancebroque cavalait ventre à terre dans le noir du couloir, avec la trouille au corps et l’unique désir de distancer les Onkulés. Dans le tunnel, l’énergie dégagée par sa course dégageait derrière lui une intense fumée. C’est alors qu’ils tomba sur Erald, Mirlen et William, car ils avaient par grand malheur échoués à trouver la sortie.

 

– Beaux messires, j’ai bataillé, mais je n’ai pu sauver Helga des Onkulés.

 

– Sur ta maudite sainte Grolle, lui répondit Erald en lui posant sa lame sur la gorge, tu vas payer cet échec insensé de ta propre vie.

 

– Il suffit Erald, l’arrêta Mirlen, nous sommes en cul-de-sac, ils nous faut voir nous-mêmes.

 

– Que nenni vous dis-je, il n’y a plus d’espoir, la belle est dévorée.

 

Erald lui colla tout de même sur la gueule, puis il s’élança aussitôt vaillamment. Ne voulant rester seul, Lancebroque frotta son nez meurtri et n’eut pas d’autre choix que de suivre les trois autres, en restant toutefois prudemment derrière eux. Il craignait l’accrochage, se sachant dans ce cas piteusement condamné. Ors, ils arrivèrent à l’endroit de la funeste rencontre et ne virent point les Onkulés, Lancebroque en fut tout de suite apaisé. Erald se pencha sur le sol tout souillé du pipi de sa belle, et ramassa au centre de la flaque un bijou dérisoire qu’il savait bien venir d‘Helga :

 

– La bague que je lui ai donné. Hélas, ces gueux ont fait leur sale boulot.

 

– Je vous l’avais bien dit. Elle a maintenant cerveau bouilli, intestins de boudins, os brisés et chair déchiquetée par ces affreux !

 

Erald lança encore son poing, mais William l’intercepta à temps, avant qu’il ne s’écrase sur la hure apeurée du manchot.

 

– Il suffit on vous dit, et voyons voir où ils s’en sont allé.

 

Belbit et Hivalanoué déboulèrent sur ces faits en leur chantant un bon air de triomphe :

 

– Venez, venez, nous avons découvert l’entrée nord du sanctuaire de Proutachatte. Où donc est dame Helga ?

 

Ils écoutèrent sans dire mot le magicien Mirlen leur avouer la triste vérité. Puis ils se mirent en route pour quitter le grand temple, sachant que les cannibales avaient sans doute fait de même. Ils furent bien soulagés en retrouvant le ciel ouvert et la glorieuse vision des montagnes enneigées.

 

https://zupimages.net/up/18/05/iqu1.jpg

 

bon dimanche à tous, et gaffe au verglas.

 

https://zupimages.net/up/18/05/q6al.gif


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:32:59
n°40964542
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-02-2015 à 17:09:26  profilanswer
 

Salon littéraire :

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait n° 62.

 

https://zupimages.net/up/18/05/cfe6.jpg

 

Samed Ben Lasemoul avait longtemps hésité entre une carrière de député et le vol de bagnole. Ayant une fois pour toute fait son choix en l’estimant sans doute plus rentable, il était devenu un petit malfrat de banlieue habitué du crochage de berlines allemandes haut de gamme, pour le compte d’une filière roumaine. Malheureusement pour lui, il repéra un jour la Porsche de Beau Brown, avant de décider de s’en aller  avec. Il s’installa au volant, grisé par l’odeur du cuir, calcula ce qu’il allait tirer de ce bolide et le prix de revient de ses prochaines vacances. Il calculerait d’ailleurs le destin commercial de cette voiture sur cette seule base. Ainsi, chaque minute perdue lui coûtait maintenant un max, c’est pourquoi il démarra sans plus attendre. Il y eut une formidable déflagration, la porsche sauta sur place sur une hauteur de 20 m et retomba calcinée dans la rue, puis le cadavre en charpie de Samed compléta l’équipement d’origine de l’épave fumante. Il mijotait toujours dans les flammes lorsque le malabar qui servait de portier au Triangle d’Or sortit précipitamment de la boîte, puis rentra ventre à terre prévenir son patron des dégâts. A l’annonce de l’attentat, Beau Brown éclata son verre de punch entre ses doigts, aussitôt soigné par sa poulette, une belle déesse brune nommée Mala Gutti, versée quand à elle dans le culte de la consommation à outrance. La consommation d’à peu-près tout. Comme ses penchants avaient tendance à la vieillir prématurément, elle s’en tirait en prenant une ampoule d’un truc concentré chaque jour. Accorte, elle sentait bon le thym blanc, avait de beaux yeux limpides, une molaire en or, un corps soigneusement entretenu aux muscles félins, pratiquait l’ashtanga yoga, le reiki et en compagnie de Beau, la brouette japonaise le plus souvent possible. Après avoir pendant un temps été pratiquée par tout le monde au Reichstag, la jeune trentenaire ne l’était plus à présent que par le boss du Triangle d’Or. Elle remplit pour lui un nouveau verre, qu’il enfila sous le coup d’une colère inouïe.

 

– Un complot des Delacotte, pas besoin de le dire.

 

– Tu vas faire quoi ?

 

– Finir mon verre.

 

Mala n’insista pas, ça voulait dire occupe toi de tes fesses. Toute intelligence a besoin d’une expérience pour se convaincre, Beau s’enferma peu-après dans son bureau pour réfléchir. Un coup des Jules et Jim, bon, ils avaient finalement décidé de lui faire la peau, il allait leur servir sur un plateau quelque contre argument. Avec à la fois implication et distance, mais avec une conclusion bien sentie. Il n’allait en tout cas pas s’enfoncer dans l’inquiétude, ni renoncer à ses habitudes. Il chercha quelque temps la riposte idéale ; dans le silence de la pièce et de ses réflexions, pas mal d’options vinrent nourrir son plaisir. Plus tard, des flics et un certain commissaire Boudin se déplacèrent jusqu’au club pour enquêter sur l’explosion de la Porsche, il se paya avec eux une bonne tranche de rire en affirmant pour leur plaire qu’il ne se connaissait pas d’ennemi. Les frangins étaient cependant, depuis la mort de Joe di Macho, l’un des motifs privilégiés propre à noircir son agenda. Il avait donc une certaine hâte de la page blanche. Le patron du Reichstag s’en alla tout bonnement en guerre en confiant à l’un de ses hommes, Ricardo Pastaga, la mission de coller une mine sous la coque de la péniche des frérots. Quand ces cons seraient divisés en vingt morceaux, il pourrait se réconcilier avec eux. Mala entra quelques jours plus tard dans son bureau sans frapper. De charmants rehauts de couleur lui charmaient les paupières où battaient de longs cils. Elle, il fallait surtout pas qu’elle songe à changer de sexe. Beau tira sur le gros cigare qu‘il avait coincé dans sa bouche, la môme aux courbes engageantes avait visiblement un truc important à lui dire.

 

– Tu as de la visite.

 

– Qui c’est ?

 

– Baby Saleface, avec ta protégée.

 

Sous les yeux intéressés de Mala, Beau tomba dans les bras de son acolyte, histoire de fraterniser dans les règles, puis il fit un bonjour poli à Ewij, laquelle le toisa sans laisser filer la moindre émotion.

 

– Palerme file un mauvais coton, Beau, gestion difficile, expansion trop rapide, mais ne t’inquiète pas, je suis loin du dépôt de bilan. Ils éclatèrent d’un rire tonitruant qui laissa la princesse de marbre.

 

Mala jeta à la jeune fille un regard coquin quelque peu téléphoné, sans réussir non plus à sortir Ewij de son indifférence polie. Cette bonne femme est une espèce de louve songea-t-elle seulement, en essayant de lui rendre son sourire.

 

– Te biles pas Baby, tu vas quand même pas me dire que c’est les charges sociales qui t’emmerdent. Faut juste pas trop s’éloigner des fondamentaux. Ceux qui possèdent les armes auront toujours une longueur d’avance sur ceux qui les fabriquent.

 

– Oui, comme tu dis, je vais m’efforcer de matérialiser un peu plus notre économie. Et puis, je suis certain qu’il y a encore bien des quartiers que personne ne revendique. Tu me connais, je suis un inventif. Bon, je te présente notre petite princesse Ewij Nikasek, ramenée tout droit du Gurukislapet, avec sa petite rondelle sacrée.

 

– Mademoiselle, on m’a dit que vous vous êtes fait voler votre couronne, c’est à la fois romanesque et tragique, mais je tiens à vous rassurer, vous êtes ici chez vous. Il hocha également la tête à l’adresse de son pote buriné.

 

– Salut. Prenant une attitude poseuse, elle s’arracha cette fois un rictus, dans un effort brouillon à paraître vis à vis de son hôte plus sociable qu‘impertinente. Au lieu de ça, au regard que lui rendit Beau Brown, elle se rendit compte que les mensonges avaient bien du mal à masquer toute vérité. Il avait franchement une gueule de vilain, son prochain colocataire. D’emblée, elle n’aimait pas ce mec, parce qu’il était visiblement du genre à frapper son chien.

 

https://zupimages.net/up/18/05/pa04.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:33:27
n°40968757
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-02-2015 à 09:40:42  profilanswer
 

Revue de presse.
 
Aujourd'hui : En route pour Mars !

 

https://zupimages.net/up/18/05/rivu.jpg

 


Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Les naturistes embarqués.

 

https://zupimages.net/up/18/05/riic.jpg


Message édité par talbazar le 29-01-2018 à 13:35:01
mood
Publicité
Posté le   profilanswer
 

 Page :   1  2  3  4  5  ..  43  44  45  ..  93  94  95  96  97  98

Aller à :
Ajouter une réponse
 

Sujets relatifs
Le topik des gens de taille moyenneEncyclopédie de la musique
[Topic Unik] Wikipédia - L'encyclopédie libre!échange dvd ufc mème qualitée moyenne pour les fans
Température Moyenne pour un petit moteur corsa ?Meilleure encyclopedie en langue anglaise ?
Topic vérification de LU : Pensez vous être plus con que la moyenne ?Encyclopédie Musicale en ligne
[Rch] livre semblable a l'encyclopedie du savoir relatif et absou B.WLa classe moyenne en France
Plus de sujets relatifs à : La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar.


Copyright © 1997-2022 Hardware.fr SARL (Signaler un contenu illicite / Données personnelles) / Groupe LDLC / Shop HFR