Amibe_R Nard a écrit :
1) Qu'est-ce qui vous attire en premier ? (titre, couverture, nom de l'auteur)
L'auteur : 12
Le titre : 7
Conseil d'un ami/Forum/Etat d'âme : 6
Conseil Journaux /Radio/présélections libraires : 6
Couverture : 4
Sujet : 3
Conseil Prix littéraire : 2
Editeur : 2
Odeur : 2
Illustration : 1
Collection : 1
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Intéressant, en tout cas plus que l'indigent choix du sondage du posteur d'origine, reparti aussi vite qu'il était venu après s'être octroyé la fierté d'avoir créé un topic. Il y manque pourtant trois critères majeurs, peut-être parce que ceux-ci relèvent purement du marketing, et orientent le choix de manière inconsciente :
1 - Le prix. Voir le succès des livres à 2 pour s'en convaincre. Peu importe que dans le cas au moins des Folio 2 , ces opuscules ne soient que des sélections extraites d'un livre deux fois plus cher mais quatre à cinq fois plus épais (que l'on possède en outre parfois déjà, le changement de titre favorisant la supercherie), ce qui en fait de médiocres affaires : le livre à 2 joue le même rôle que le paquet de chewing-gum à la caisse et il exerce un attrait considérable. On citera dans la même catégorie le livre de cuisine à 2,90 qui tient dans la main et dont les recettes (peu nombreuses) sont équivalentes à celles des fiches cuisine de Télé-Poche.
2 - L'épaisseur (non, on ne parlera pas de la taille, pour une fois ). On peut constater que ce critère recoupe le premier. Néanmoins, le petit livre de 50 pages, même abusivement vendu 6 , est lui aussi charmeur, surtout s'il est regroupé avec ses congénères à maquette identique. A 15 pages, il devient tout simplement irrésistible, à condition de lui donner un aspect "culturel" (papier vergé, rabat, impression de luxe), comme les Allia à 6 , ou d'être griffé d'une grande marque, comme "La mélancolie de Zidane" chez Minuit ou "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier" chez Actes Sud.
3 - L'emplacement. Non, il n'y a pas que les têtes de gondole des best-sellers. D'ailleurs, dans une librairie il n'y a pas de gondoles, on laissera ça aux super-marchés dits "culturels", que certains ici confondent avec une librairie (j'ai les noms). Il y a par contre un certain nombre d'endroits névralgiques, d'où le livre va se propulser dans la main de l'acheteur comme s'il était doué d'une vie propre. On citera bien sûr la vitrine, où un livre invendu depuis un an dans les rayons trouvera acquéreur dans la journée. Sans parler de l'effet kiss-cool, qui fait que retirer un livre de la vitrine amènera immédiatement un ou plusieurs clients à s'enquérir d'une voix angoissée de "ce livre que j'ai vu dans votre vitrine au début de la semaine, vous l'avez plus ?". Mais il y a aussi le comptoir, où chaque livre est potentiellement un message subliminal d'incitation à l'achat.
Enfin, et même si le titre du livre est cité dans ce sondage, et vient même en 2ème position, on ne dira jamais assez que certains motifs textuels sont de véritables appeaux. N'importe quel synonyme de "bêtise", par exemple, utilisé dans un titre, rend l'achat du livre quasiment indispensable.
Imaginons un ouvrage qui cumulerait plusieurs de ces critères : un ouvrage très court, présenté de manière élégante et avantageuse pour son acheteur, placé au comptoir tout près de la caisse, et au titre irrésistible. Par exemple "De la bêtise" de Robert Musil, chez Allia. Eh bien malgré le peu d'êtres humains qui ont acheté "L"homme sans qualités" (et le nombre 100 fois plus réduit qui ont dépassé les vingt premières pages), "De la bêtise", essai pourtant mineur que l'on pourrait à peine considérer comme une note en bas de page en regard de l'oeuvre de Musil, se vend vous avez pas idée, mais alors carrément trop grave. Si si.