Ca y'est les copains, j'ai écrit le chapitre consacré au piratage des informations ultra secrètes pour mon roman. Si vous avez du courage, je vous laisse le lire. Je suis bien sûr toujours en attente de vos remarques et suggestions.
Gildas raccrocha précipitamment son téléphone. Il était dans un état d?effervescence indescriptible : Eva avait réussi ! Grâce à elle et à son réseau de relations, il avançait enfin dans son enquête. Il ne comprenait rien du tout à la technique, mais il faisait totalement confiance à son amie et sa confiance commençait à porter ses fruits. Ils avaient rendez-vous ce matin avec l?un de ses amis ingénieurs, un dénommé Groody, officiellement spécialiste des réseaux de communication nucléaire interstellaire, un nouvel axe de recherche qui tardait à décoller par manque de subventions. Le gouvernement avait coupé les vivres à toute la cellule chargée du projet, alors qu?ils approchaient enfin du but. Et donc le Groody en question, était-ce vraiment un hasard, se réjouissait de pouvoir jouer un tour pendable à ces technocrates pénétrés de certitudes d?un autre âge. Il avait repris le problème à la base. Si des échanges avaient bien lieu entre les grosses têtes pensantes de la communauté scientifique internationale, il était légitime de penser que l?Académie des Sciences, où travaillait Florentin Sanfon, vieux compagnon de Gildas, détenait un exemplaire de ces informations ultra confidentielles. Comme le professeur Sanfon l?avait expliqué, il ne faisait pas partie des initiés, mais il était connecté au réseau interne de l?Académie. Il lui fut alors relativement aisé, en tâtonnant ici et là sur sa station, et en utilisant un programme de traçage, sorte de sniffeur amélioré, développé par Groody, de savoir qui, parmi les hôtes de l?Académie, avaient accès à un autre réseau que le sien. Ce fut la seule participation du professeur à l?entreprise. Il n?était pas question de faire peser sur lui les moindres soupçons au cas où l?intrusion sur les systèmes d?information de la vieille institution viendrait à être découverte. Trois bureaux furent décelés comme pouvant être les destinataires des rapports confidentiels : celui du professeur Yann de la Morandière, ancien conseiller scientifique auprès du général Lanturlu, situé au dernier étage, celui d?un dénommé Martin Bofleur, rapporteur officiel des projets classés top secret, de surcroît bilingue de naissance français-anglais, installé dans l?aile gauche du second étage, et enfin, le bureau de mademoiselle Clotilde Chagrin, dont les allées et venues transatlantiques en étonnaient plus d?un dans la maison. On la soupçonnait d?entretenir des relations équivoques avec la pulpeuse secrétaire du Conseil de Sécurité des Nations Unies à Manhattan. Elle était installée au rez-de-chaussée. Ces trois personnages étaient avant tout des scientifiques de haut niveau, mais leurs relations avec l?armée ou les autorités politiques du pays étaient connues de leur entourage immédiat. Ce n?était pas un hasard si les premières investigations du professeur Sanfon menaient à eux. Lui-même n?en fut guère étonné. Groody, muni des plans hâtivement crayonnés par le professeur, fit alors une visite de reconnaissance autour du bâtiment. Il voulait se rendre compte d?où il pourrait le mieux capter les champs magnétiques qui s?échappaient des systèmes à espionner. Son oscilloscope de poche dissimulé dans la paume de la main, il put observer à loisir la qualité des interceptions. L?Académie des Sciences, tout comme le cordonnier mal chaussé, n?était pas à la pointe en matière d?informatique. Son système était encore composé de ces premiers ordinateurs quantiques, mis sur le marché dans les années 2010, où les calculs n?étaient plus effectués par des circuits électroniques, mais par des molécules. Ces dernières, en interagissant entre elles, émettent des signaux qui peuvent être détectés par une machine à résonance magnétique. Groody jeta donc son dévolu définitif sur le bureau de Yann de la Morandière, le plus éloigné, mais celui dont il arrivait le mieux à capter les signaux. Muni du matériel adéquat, il revint un peu plus tard sur les lieux avec un véhicule d?emprunt. Sa surveillance dura près d?une semaine, prenant soin à chaque fois d?utiliser une voiture différente. Il put ainsi mettre au jour un puit d?informations dont il était persuadé qu?elles raviraient ses « clients ».
- « Salut Groody, je te présente Gildas Fontevraud, l? ami journaliste dont je t?ai parlé, dit Eva, à peine arrivée.
- Bonjour, répondit avec enthousiasme Groody, enchanté de faire la connaissance du reporter. Je vais vous montrer l?ensemble des renseignements que j?ai pu récolter à l?Académie. Ils sont classés par dates et par thèmes.
Défilèrent alors une quantité inimaginable de dossiers touchant à des sujets multiples et variés, mais rien qui puisse intéresser Gildas. Il commençait à désespérer quand un sous-titre «dégénérescence organique», renvoyant à un autre dossier, l?interpella. Groody essaya alors d?y pénétrer et se retrouva face à une demande d?identification personnelle. Aucun problème : il disposait de toutes les clefs d?entrée, y compris, si nécessaire, de l?empreinte digitale du propriétaire des informations. En un tour de clics, la barrière fut aisément franchie. Le dossier semblait effectivement contenir une étude approfondie, un pavé d?un millier de pages, entièrement consacré à l?étrange maladie. Mais, c?était à prévoir, chaque titre de l?index pointait sur un chapitre crypté : au moment où la curiosité de Gildas allait enfin aboutir, où son excitation était à son comble, le texte, qui s?affichait enfin, se réduisait à un infâme délire de signes cabalistiques, incompréhensibles et désespérants. Même pas esthétiques ! La rage au c?ur, Gildas ne put se retenir de crier sa déception. Groody, qui avait trouvé relativement facile, trop facile, l?interception des informations pourtant ultra confidentielles, s?attendait à affronter l?obstacle des données cryptées. Loin de se décourager, il rassura Gildas sur la suite des opérations et promit de lui remettre très rapidement le résultat de son décryptage. Ce nouveau défi n?était pas pour lui déplaire !