Les catalogues de vente par correspondance (VPC) ont décidément bien du mal à prendre le virage de l'Internet. Après le naufrage de la Camif et la suppression annoncée de plus de 13 % des effectifs à la Redoute en octobre (lire ci-dessous) , c'est au tour des 3 Suisses et de son « Chouchou » d'être dans la tourmente. Selon « le Figaro », le numéro deux de VPC en France (3 000 salariés) pourrait supprimer plus de 400 postes en février.
Dont 140 et 170 à son siège de Croix (Nord). Ses 6 centres d'appels téléphoniques, qui emploient au total 500 salariés en France (Villeneuve-d'Ascq, Rouen, Marseille, Nantes, Lyon et Nancy), seraient aussi touchés par cette vaste réorganisation, avec sans doute à la clé des délocalisations au Maghreb.
L'entreprise affiche de lourdes pertes
Hier, au siège de l'entreprise nordiste, contrôlée à 45 % par la famille Mulliez (groupe Auchan) et à 50 % par le géant allemand de la VPC Otto Versand, on confirmait être engagé dans « une transformation du modèle commercial où l'e-commerce représente déjà plus de 40 % du chiffre d'affaires (...) Ce redéploiement nécessite une réflexion sur les process, les organisations et les compétences clés. A ce stade, aucune décision n'est finalisée », précisait-on tout en « démentant » le chiffre de 400 disparitions de postes.
Mais les salariés ne se font guère d'illusion. Les ventes en novembre ont été très mauvaises. Et l'entreprise affiche de lourdes pertes. Fin octobre, le précédent directeur général Jean-Marie Bouckaert, redresseur de la Blanche Porte, autre catalogue du groupe, a été brutalement remercié après seulement deux ans de maison. Son remplaçant, Pascal Gires, un ancien des activités internationales du courrier de La Poste, n'a pas caché « qu'il était là pour trouver toutes les économies possibles et qu'il était favorable à un départ des salariés de plus de 57 ans sur la base du volontariat », explique Fatiah Bouzaoui, secrétaire (CGT) au comité d'entreprise.
Forte concurrence sur Internet
Avec son catalogue papier, renouvelé seulement deux fois par an, les 3 Suisses (comme son concurrent historique La Redoute) ont bien du mal à sortir de la crise qui frappe le secteur de la VPC.
Au début des années 2000, la firme du Nord a raté le virage Internet. Une erreur stratégique qu'elle continue de payer lourdement, même si aujourd'hui le site 3suisses.fr figure dans le top dix des sites marchands les plus visités. La concurrence grandissante des chaînes comme H&M, Zara, qui mettent en rayons tous les deux mois de nouveaux articles, a également donné un sérieux coup de vieux aux vépécistes nordistes qui peinent à attirer les jeunes. Alors qu'il est parallèlement délicat d'abandonner le catalogue papier - très coûteux mais toujours très prisé par le socle de leur clientèle traditionnelle.
Le Parisien