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Une série sur Johnny Hallyday provoque des débats à France 2
LE MONDE | 09.05.03 | 13h04
L'opportunité de promouvoir un artiste dont le concert sera retransmis sur TF1 a été discutée.
Johnny dînant ou jouant aux cartes avec ses copains, embrassant sa femme Laeticia, chahutant avec ses chiens, préparant son prochain concert... Depuis le 16 avril, Johnny Hallyday s'affiche sur France 2. Soixante jours avant son concert du 15 juin au Parc des Princes, à Paris, où il fêtera ses 60 ans, la chaîne publique a remplacé la série "Un Gars, une fille" par "J - 60", un module de six minutes entièrement consacré au rocker français.
Oscillant entre télé-réalité et reportage, cette émission, programmée du lundi au vendredi à 19 h 50, est censée servir de locomotive au journal de 20 heures de France 2, qui est largement distancé en audience par celui de TF1.
Or, trois semaines après son lancement, "J - 60" peine à s'imposer. Produite par Isabelle Camus (Production 22), fille de Jean-Claude Camus, organisateur des spectacles de Johnny Hallyday, l'émission a réuni, la première semaine de mai, 3 millions de téléspectateurs, soit 18 % de part de marché, alors qu'en avril les rediffusions de "Un Gars, une fille" - également produit par Mme Camus - obtenaient en moyenne 24 % de part d'audience.
La chute est encore plus notable chez le public prisé par les annonceurs, les ménagères de moins de 50 ans, qui composaient le gros du public de la sitcom. "On ne peut pas comparer les deux émissions, affirme Yves Bigot, responsable des variétés sur France 2, à l'origine du projet. "Un gars, une fille" est un succès exceptionnel basé sur l'humour, qui a mis du temps avant de s'imposer. Avec Johnny, nous sommes un peu moins dans l'humour..."
L'audience de "J - 60" pourrait encore souffrir davantage à partir de lundi 12 mai, lorsque TF1 va mettre à l'antenne, avant le "20 heures", une mini-série dans l'esprit de "Un Gars, une fille", "Laverie de famille".
La décision de programmer "J - 60" à la place de "Un gars, une fille", arrêtée en raison de la défection des deux acteurs, qui sont en tournage pour le cinéma, n'a pas fait l'unanimité au sein de la direction de France 2. Si Christopher Baldelli, le directeur général, évoquait un "véritable coup de c?ur", certains s'interrogeaient sur l'opportunité de faire la promotion d'un artiste comme Johnny, dont le concert au Parc sera retransmis en direct le 15 juin sur TF1. "Ce projet a fait l'objet d'un vif débat au sein de la chaîne, reconnaît M. Bigot. Il a été décidé que ce programme n'était en rien de la promotion, car le concert de Johnny était déjà complet. Le but est aussi de montrer que cet artiste n'appartient pas à TF1."
Grâce à Isabelle Camus, France 2 se félicite d'avoir eu accès à des images inédites de la star. La productrice affirme s'être battue pour obtenir l'accord de son père pour la réalisation de cette série. "Je n'ai rien à voir avec cette production, promet de son côté M. Camus. La seule chose que j'ai demandée est que l'on ne montre pas les décors du futur spectacle de Johnny."
Achetée 1,4 million d'euros, cette série documentaire de 46 épisodes est tournée au jour le jour par une équipe de trois personnes. Chaque émission est visionnée avant sa diffusion par le service du contrôle et du respect de l'éthique de la chaîne, qui vérifie, entre autres, que la loi sur la publicité clandestine n'est pas transgressée. En effet, Johnny Hallyday est engagé dans plusieurs entreprises commerciales. Dans "J - 60", l'artiste y est, par exemple, filmé en train d'inspecter les cuisines de son restaurant ou de superviser les travaux de construction de sa future boîte de nuit à Paris. "La chaîne n'a aucun sentiment de culpabilité, affirme M. Bigot. Ce type de sujet, fait à partir d'images exclusives, aurait pu aussi bien, sous une autre forme, être diffusé dans le cadre d'"Envoyé spécial"."
Par ailleurs, l'émission bénéficie du parrainage de l'opticien Optic 2000, en contrat avec Johnny Hallyday. "Ce parrainage a fait l'objet d'un appel d'offres dans les règles", assure M. Bigot. Il ajoute que le générique de l'émission a été modifié afin que la star y apparaisse sans lunettes.
Pour l'heure, l'émission n'a pas suscité de débat au sein du Conseil supérieur de l'audiovisuel. "Dans la mesure où l'émission fait la promotion d'un spectacle diffusé sur une chaîne concurrente et dont les places sont déjà toutes vendues, nous n'avons, pour l'instant, rien à redire", indique un membre du conseil
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