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  De l'idéologie dominante à la croyance diffuse ?

 


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De l'idéologie dominante à la croyance diffuse ?

n°7583955
Profil sup​primé
Posté le 04-02-2006 à 08:14:39  answer
 

vendredi 3 février 2006 par Pierre Delvaux.  
 
Au-delà d’une réaction de dépit, la non-acceptation par les médias du rejet français du TCE s’explique sans doute aussi par la grille d’analyse rédactionnelle d’inspiration libérale qu’ils ont progressivement intégrée depuis plusieurs années.
Certes, la grande majorité des médias ont toujours défendu le capital, d’autant qu’ils y sont organiquement liés. Cependant, même la « presse bourgeoise » d’antan était fidèle à une tradition de débat d’idées qui tend à disparaître au profit d’un discours unique, lequel est encore plus prégnant à la télévision (prédisposée à cela par sa persistante culture peyrefitienne).
 
Prenons l’exemple de l’actualité sociale et économique. Quel que soit le sujet traité (PAC, dette de l’Etat, santé, école, fonction publique, CPE, etc...), presque tous les commentateurs reprennent le même postulat de départ (il y a besoin d’une réforme) et basent leur argumentation sur le même étonnement (pourquoi ne veulent ils pas être réformés ?).
 
En fait, il est de plus en plus rare que la présentation des faits se démarque du point de vue des pouvoirs étatique et économique. Ainsi pouvait on entendre ces derniers jours sur ITV deux commentateurs de gauche défendre la flexibilité et les contrats précaires au nom de l’adaptation à la mondialisation (Bernard Maris, économiste écrivant dans Charlie Hebdo et Christophe Barbier de l’Express). Comment et pourquoi de tels exemples sont ils devenus le cas général ?
 
1983 : la gauche renonce  
Ce que l’on a appelé « la pensée unique » a réellement pris son essort au milieu des années 80. En fait, son développement coïncide avec le tournant de la rigueur en 1983.
 
Jusqu’alors, les médias étaient le champ de l’affrontement entre le camp conservateur et le camp progressiste. On parlait alors « d’idéologie dominante ». Après que la gauche au pouvoir se fut ralliée à l’économie de marché, on vit l’affrontement idéologique dans les médias tomber progressivement en déshérence. Ne pouvant plus s’opposer sur un réel enjeu politique, les commentateurs allaient de plus en plus se concentrer sur les enjeux électoraux. Il ne s’agissait plus de changer de système mais d’en choisir les gestionnaires, situation qui allait entraîner la personnalisation accrue de la vie politique et le renforcement du rôle présidentiel. Le caractère bonapartiste de la Vème République se prêtait déjà à cette double dérive du débat politique et des institutions, la féroce cohabitation Mitterrand-Chirac l’accéléra. A la suite de quoi, Edouard Balladur, Lionel Jospin et, aujourd’hui, le couple Sarkozy-Villepin ont creusé ce sillon.
 
1989 : l’horizon indépassable du marché  
Dans la même période, la chute du mur de Berlin participa fortement de cette perte de contenu politique dans l’information. On se souvient que certains n’hésitèrent pas à nous annoncer la fin de l’Histoire alors que d’autres, plus modestes, se contentaient de la mort des idéologies et des classes sociales. Ce fût la rengaine de ces « années fric », la chaîne cryptée des amis de François Mitterrand donnant le ton dans l’audiovisuel et Libération dans la presse.
 
1992 : le traité transcendant  
Une nouvelle étape fût franchie dans l’appauvrissement et l’uniformisation de l’information à l’occasion du débat européen.
 
De l’Acte Unique au Traité de Maastricht on vit se développer de toute part une campagne de propagande régulière et méthodique. L’Europe était partout, elle irradiait déjà les plus inattendus aspects de nos vies et nous ne le savions même pas.
 
L’adoption du Traité de Maastricht nous était annoncée comme la Terre Promise. Pour les raisons énoncées plus haut, la plupart des opposants officiels au Traité (tant politiques que médiatiques) dépensèrent beaucoup d’encre et de salive à le critiquer sans réellement le remettre en cause. On parla, d’ailleurs, à l’époque, d’opposition « de témoignage », chacun se félicitant à la fin de « la qualité du débat démocratique ». A ce titre, le débat Mitterrand-Séguin restera effectivement un chef-d’œuvre historique de simulacre de démocratie et de leçon de jésuitisme. Que de travail pour nuancer les moyens législatifs de surexploiter les peuples !...
 
2005 : l’union sacrée  
Le jésuitisme et les leçons de morale se sont, d’ailleurs, largement répandus dans les médias depuis Maastricht. C’est dans l’ordre des choses puisque les « pères de l’Europe » (terme lourd de sens) étaient inspirés par la doctrine sociale de l’Eglise et que leurs successeurs n’ont jamais trahi cet héritage.
 
Ce substrat chrétien de la politique européenne renforce un fait nouveau que Guy Debord avait annoncé et que Daniel Schneidermann évoquait le 20 janvier dans Libération à propos de Ségolène Royal : l’émergence d’une pensée irrationnelle entretenue par la sphère politico-médiatique. L’absence de réel débat, la propagation concertée d’un apparent consensus s’appuyant sur l’image et l’émotion favorisent la substitution de la pensée politique par la pensée religieuse.
La mondialisation tend à devenir une vérité révélée et ceux qui osent la remettre en cause des hérétiques. Le Parlement Européen n’a-t-il pas « excommunié » la semaine dernière ceux qui persistent à se réclamer du communisme ?
 
2006 : l’expiation de 2005  
De la confrontation sociale et politique on nous entraîne dans le rituel expiatoire.
 
La retranscription des événements mondiaux par les médias tend à ne plus se faire que sur un ton allégorique, les reporters n’hésitant plus à asséner des jugements personnels tels des prêcheurs témoignant du courroux divin.
 
Le champ politique, lui, est traité comme un livre d’images offrant certaines figures à notre vénération : la légende dorée de Nicolas, les cent jours de Dominique, la tentation de François, Lionel dans la vallée des ombres et, bien sûr, l’édifiante Ségolène.
 
Quant à l’actualité sociale, elle consiste (sur le schéma que j’évoquais plus haut) à prêcher aux foules de travailleurs incroyants l’immanence de la mondialisation devant laquelle ils feraient mieux de s’agenouiller humblement. C’est ainsi qu’on peut voir une journaliste de LCI soutenir ouvertement une représentante patronale qui déclare tranquillement à son interlocuteur étudiant : « mais dans votre vie, vous changerez plusieurs fois d’employeur et vous aurez des périodes de chômage ! ... ». Et la journaliste de faire remarquer qu’il vaut tout de même mieux être en CPE qu’au chômage. Il suffit d’y croire !
 
Voilà le message qui nous est inlassablement adressé en guise d’information. Et sur le même principe de réitération collective que la prière, ceux qui veulent nous convaincre finissent par croire eux-mêmes au contenu frelaté de ce discours ambiant. J’avais déjà eu l’occasion d’évoquer ce phénomène (*) et c’est l’objet de l’article de Daniel Schneidermann : un jeu de miroirs dont les trois facettes sont le pouvoir politique, les médias et la société.
 
De la « pensée unique » ne serions nous pas en train de passer à ce que l’on pourrait appeler « la croyance diffuse » ?
 
Pierre Delvaux  
(*) : Lettre n° 4 : « à 20h tu compatiras... »  
 
 
 
 
 
 
http://www.info-impartiale.net/
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Posté le 04-02-2006 à 08:14:39  profilanswer
 

n°7583983
justelebla​nc
Posté le 04-02-2006 à 08:51:43  profilanswer
 

et ?
tu veux pas faire ajouter un commentaire perso plutôt que de jeter ça comme ça ?

n°7586355
charlie 13
Posté le 04-02-2006 à 18:44:47  profilanswer
 

C'est bien ecrit, mais un peu pompeux pour dire que la grande presse appartient au patronat capitaliste et ne vehicule que sa propagande.

n°7586513
skinny-boy
vive la saucisse de morteau
Posté le 04-02-2006 à 19:12:04  profilanswer
 

un lien c'est bien aussi, pas besoin de tout nous coller sans explication


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