Bonjour à tous !
Voici une petite réflexion perso que je viens partager avec vous.
Introduction
Au Japon, du fait d’une superficie limitée, on construit en hauteur. C’est un processus purement adaptatif, impulsé par la Nature, qui permet de continuer de croître lorsque s’étaler n’est plus possible. Mais, à partir de quel seuil peut-on considérer qu’il est dangereux de poursuivre l’ascension ? Y a-t-il une limite où ce qui relève du développement vient menacer la survie d’une entité ?
Extrapolons : N’est-on pas allé trop loin dans notre quête de la Connaissance en utilisant les seules capacités intellectuelles comme discriminant ? L’importance de la force physique étant devenue très relative pour celui qui n’est pas sportif professionnel…
Cette question mérite d’être posée car, si l’on considère cette quête comme une tendance, l’analyse cyclique nous met en garde contre un reflux possible. Alors, à vouloir institutionnaliser le réveil des consciences, ne va-t-on pas assister à un crash façon obscurantisme moyen-âgeux ?
1- Remise en question de ceux qui détiennent le Savoir
L’arrivée d’Internet interroge sur l’importance du Savoir. Est-il si essentiel que cela lorsque la Connaissance est rendue accessible à tous, partout et instantanément ? Comme le Savoir n’est qu’une incarnation de la Connaissance, une appropriation, que dire d’un obstacle, ici l’acquisition, n’agissant plus comme un filtre ? N’a-t-il pas perdu sa fonction première d’obstacle ? Le « savoir réfléchir » n’est-il pas plus important que le seul « savoir » ? Et si apprendre était en réalité un enseignement portant sur la façon de se comporter avec un savoir élargi ? Cela signifierait qu’il est extrêmement dangereux de le rendre universel, sans une éducation portant sur sa gestion. Pourtant, dans une poussée aux aspirations communistes, c’est ce qui est en train de se passer car le partage d’une donnée, qui n’a plus de propriétaire sinon l’intérêt collectif, est une fonction fondamentale du web. La lutte des classes Acte II se joue actuellement sur la toile où il y a mise en commun de ressources d’importance qui sont ensuite redistribuées à la multitude.
2- Relecture de l’Information
Sans cette éducation à la gestion du Savoir, on ouvre la porte à la ré-interprétation des faits. Ainsi, la naissance de multiples îlots de pensée semble inévitable. On a rassemblé pour mieux disperser. Avant de réunir à nouveau et ainsi de suite. Poumon se gonflant puis se vidant à loisir. La phase actuelle est l’expiration et les expectorations sont nombreuses. Le danger ? Que nous n’arrivions plus, pendant un temps, à nous comprendre et donc à communiquer et donc à ne pas se faire la guerre. On peut légitiment penser que la disparition d’un socle commun de faits acceptés entraînera l’anéantissement du concept de Nation et verra s’opposer des groupuscules revendiquant tous la détention de la bonne Information. En ce sens, Internet est une fabrique de religions. Il autorise le rassemblement d’individus autour de pôles de réflexions aux allures de guildes.
3- Eloge du doute
L’élément premier se manifestant avant l’effondrement d’un système portant les stigmates de l’action humaine est le doute. L’évaporation de la confiance. Or, il est aujourd’hui courant de questionner la véracité des paroles politique, médicale et scientifique. Cela est même en train de devenir un marqueur social. La cause ? La corruption. Corruption des gens d’en haut qui n’a fini par susciter que le rejet systématique de ce qu’ils émettent. Perçus comme les dépositaires de la pensée dominante, ils ne sont plus accueillis comme les gardiens de la Vérité.
Fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me.
Par conséquent, sous l’action de la capillarité, le doute a gangrené tous les domaines et l’on voit fleurir des critiques plus ou moins fondées de tout ce qui était communément admis. Apparition de fissures mettant en péril la cohésion du groupe.
4- Transversalité de l’échange de biens immatériels
L’interconnexion des individus, notamment via les technologies « peer-to-peer » ou « blockchain », a permis de démontrer qu’il était possible d’établir un maillage horizontal fonctionnel dans l’organisation effective des grands ensembles. D’ailleurs, l’audience accordée, par ce biais, à des interprétations du réel qui n’étaient que marginales, semble attaquer l’idée-même d’organisation pyramidale. N’importe quel individu peut se décréter expert et livrer aux internautes sa vision des choses sans passer par une quelconque forme de modération.
Il semble intéressant de constater qu’Internet agit tel un virus fractal, déployant à l’échelle macroscopique ce qu’il effectue à l’échelon microscopique. En zoomant, on réalise qu’il permet à un individu de s’affranchir des barrières liées à sa condition initiale dans le Vieux Monde en lui offrant un espace d’émission et de réception dégagé de toutes contraintes liées à l’âge, l’éducation, le handicap etc. A un niveau supérieur, Internet réduit le poids accordé à la pensée dominante par un processus de fragmentation, de morcellement. On peut dire qu’il exploite les failles de ce qui l’a précédé pour s’assurer d’un développement rapide. Les faiblesses de l’organisation pyramidale étaient un isolement des élites, ce qui avait pour conséquences de les déconnecter des aspirations de la base. C’est une pure destruction mécanique de la verticalité qui n’est alors plus qu’un substrat informe relégué au rang de vestige.
5- Failles de la néo-architecture
Comme chacun peut l’expérimenter en empruntant un escalier, on dépense plus d’énergie pour se déplacer verticalement qu’horizontalement. De cette façon, le sommet de l’édifice était encore protégé de l’écume de la masse du fait de la pesanteur. La relation directe qui semble se mettre en place dans les rapports entre individus annihile l’existence de statut. Disparition de la gravité. Or, si certains noeuds constituant le rhizome deviennent des émetteurs de données négatives, néfastes, la propagation de cette négativité ne peut plus être stoppée par le rempart de la critique ou de la discrimination, qualités disparues qui faisaient office de résistances. La négativité contamine l’ensemble du réseau comme le ferait un agent infectieux dans un corps dépourvu d’immunité.
Conclusion
Le rejet d’un modèle caduc de société au profit d’une organisation plane, où les flux de données circulent sans frottement, ne doit pas nous faire oublier l’importance du sens critique. Ajoutons que les germes de l’émancipation ont besoin d’être bichonnés, choyés, car ils sont fragiles et ne garantissent en rien son bon développement. En effet, il existe encore un risque que l’asservissement soit une condition volontairement recherchée dans la quête absurde d’une sécurité illusoire.
Merci de m'avoir lu