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Surtout quand il s'agit du plus gros fonds de private equity français, Ardian, et de la banque publique Bpifrance.
On est en mars 2023. Indexia est déjà lâché par ses assureurs , poursuivi en justice, et des clients manifestent devant son siège à Romans-sur-Isère. Mais son deuxième actionnaire avec 17 % du capital, derrière le patron Sadri Fegaier, se fait impassible.
Ardian a joué un rôle clef dans l'ascension de Sadri Fegaier, l'autodidacte qui a bâti son empire en rachetant des boutiques franchisées SFR jusqu'à devenir le plus jeune milliardaire de France, encensé par le tout-Paris.
C'est Ardian qui en février 2018 a mis un ticket de 200 millions d'euros dans le courtier en assurances, le valorisant alors 1,7 milliard d'euros au total. Dans le même temps, il soutient le patron avec le fonds de dette ICG dans son ascension au capital de FNAC Darty , qui distribue déjà ses assurances.
Depuis 2016, Sadri Fegaier était appuyé par un autre actionnaire minoritaire prestigieux, Edmond de Rothschild Investment Partners (devenu Andera), qui se diluera partiellement à cette occasion.
En juillet 2018, cinq mois plus tard, la branche internationale de la Caisse des Dépôts associée au fonds souverain d'Abu Dhabi Mubadala accroît encore le prestige de Sadri Fegaier. Ils mettent ensemble 100 millions d'euros et montent, dit-on, à près de 10 % du capital.
La répression des fraudes (DGCCRF) déclenche une enquête. Et moins d'un an après, en juin 2019, la sentence tombe : 10 millions d'euros d'amende transactionnelle. Un montant là aussi hors norme. C'est plus que l'ensemble des quelque 1.500 transactions pénales de 2023 (8,8 millions d'euros), précise aux « Echos » la DGCCRF.
Puis les signaux d'alerte ne peuvent plus être ignorés. En avril 2023, le gendarme financier (ACPR) prononce à l'égard de la SFAM une mesure d'interdiction temporaire d'exercice de l'activité de distribution de contrats d'assurance. En juin, l'entité est en cessation de paiements, mais elle n'en fait pas la publicité.
Bpifrance (qui a repris entre-temps la participation de CDC International) quitte le navire dans la foulée et vend sa part à Mubadala (qui monte de 4,4 % à 9 %).
Il faudra attendre janvier 2024 pour qu'Ardian et Mubadala se retirent de la gouvernance. Le procès au pénal de Sadri Fegaier est déjà annoncé. Pour Ardian, l'addition est déjà réglée : il a tiré un trait sur ses 200 millions d'euros investis.
« Bien qu'étant actionnaire minoritaire d'Indexia avec des droits de gouvernance limités, Ardian a demandé dès 2019 des audits réglementaires, et lancé le recrutement d'un nouveau directeur général dont la mission principale était de mettre en place des plans d'amélioration de la gestion client et du suivi de la qualité », dit aujourd'hui le gérant aux « Echos ».« Mais face au désalignement sur la stratégie, les divergences sur les pratiques et la gestion poursuivies par le management du groupe, Ardian a fait le choix de démissionner du conseil de surveillance de la société. »
https://www.lesechos.fr/finance-mar [...] er-2096754
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