Ha, c'est difficile d'avoir des amis dans le bizness de la Hifi. Ma maison est envahie de matériel que je dois écouter et photographier; je participe contre mon grès (et sous la torture) à des tests de prototypes pour donner mon avis d'européen sur du matériel des états-unis... Et j'avoue que parfois j'en ai marre de brancher et débrancher, j'aimerais juste m'assoir, allumer et écouter tranquillement. Mais non, tel n'est pas mon destin.
D'un autre côté, la passion m'anime, ainsi que l'envie de faire partager mes coups de coeur. Alors, j'ai l'intention de profiter du forum pour vous faire partager quelques unes de mes expériences, tout en prenant la précaution préliminaire d'indiquer ceci : mon but n'est pas de faire de la publicité gratuite par le truchement du forum ; il existe de la publicité payante pour le public, il suffit d'acheter certaines revues !
Revenons à nos moutons. Depuis quelques années les amplificateurs de classe N sont apparus sur le marché. Un fabriquant représentatif de cette nouvelle technologie est NuForce. Il s'agit d'une société des états unis, composée essentiellement de trois personnes : un technicien, un commercial, un financier (ces trois personnes sont d'origine asiatique). Cette société propose notamment deux amplis N-amp, les Ref 8 et les Ref 9 (des bloc monos). Les électroniques NuForce sont conçues aux USA, mais la fabrication est réalisée en Asie, ce qui permet d'abaisser notablement le prix de revient, et au final de proposer des amplificateurs de haute volée à des prix "raisonnables". Depuis leur disponibilité, les électroniques NuForce ont été maintes fois récompensées par la presse internationale.
Je connais de NuForce les deux amplis, Ref 8 et Ref 9, car depuis leur importation en France (environ dix huit mois) j'avais l'occasion d'écouter, parfois plusieurs fois par semaine, les Réf 8 chez Casimir. J'ai même eu la possibilité de les écouter chez moi, mais le rendu sonore des 8 ne m'avait pas convaincu. Je formulais alors que cela ne me plaisait pas, mais comprenait que cela pouvait plaire à un autre, en reconnaissant que selon le système dans lequel les boiboites étaient intégrèes, cela pouvait "marcher".
Il y a quelques semaines, mon amitié de plus de vingt ans avec une personne proche de l'importateur (Casimir), ainsi que l'habitude de n'être pas du même avis sur les résultat d'écoute - uniquement pour le plaisir de la polémique - m'amenaient à réaliser une écoute critique du prototype d'une version modifiée du Référence 9. Avant d'aller plus loin, il faut indiquer que NuForce est sans arrêt en train d'améliorer ses appareils, apportant des petites modifications, touches par touches, qui sont toujours intégrables dans des appareils distribués deux ans plus tôt. La blague qui circule à propos de NuForce, c'est de dire "Never twice the same components", jamais deux fois les mêmes composants, ce qui est plutôt injuste vis à vis d'une entreprise qui en pratique est loin de s'endormir sur ses lauriers. La preuve en est que les blocs mono NuForce Ref 9, objet de mon "petit" post, avaient acquis en 2005 la distinction Amplifier of the year d'Abbsoulte Sound, et que nous voila désormais en train d'écouter des Ref 9 SE V2.
L'écoute des prototypes des nouveaux Ref 9 était interessante, dans le sens ou tous les désagréments entendus avec la version 8 avaient disparus (surtout cette sensation d'écouter du numérique). Les protos étaient très intéressant, il restait encore un peu de travail à réaliser pour la version définitive, mais ça marchait bigrement bien. Voila, pour moi la classe N apportait son "proof of concept", la validation du principe.
Hier soir, après une écoute rapide chez Casimir de la version qui est désormais commercialisées, cet énergumène m'a proposé gentiment d'amener les blocs chez moi, afin de lui dire ce que j'en pensais. J'ai demandé de mon côté l'autorisation, si l'écoute était positive, de publier un compte rendu sur le forum : marché conclu. Pour l'équipe qui commercialise ces petits joujoux, c'est toujours confortant dans les choix d'avoir des retours positifs ! Les deux blocs monos de presque 200W d'environ deux kilos, me voila rentrant chez moi avec deux boites à chaussures de couleur cuivre sous le bras : impossible de faire la même chose avec un Audio Research ou un Goldmund ! A propos de la couleur, vous avez le choix entre noir, silver, cuivre, ou bien sur commande vous pouvez choisir dans un nuancier de 25 couleurs. Vous m'en mettrez deux roses, c'est pour offrir à la Saint Valentin.
Donc, NuForce, vous voila. La chaine est composée d'un lecteur CD Teac P10 révisé il y a quelques mois par Casimir, d'un convrtisseur Audio Synthesis Dax, ainsi que des deux blocs monos, sûrement une des premières paires commercialisées telle quelle en Europe, dont la référence complète est Reference 9 Special Edition V2. Pour l'écoute, j'ai tenté de connecter le Dax en direct, ce dernier disposant d'une sortie variable : puisque ça semblait marcher, je suis resté dans cette solution. Les enceintes sont une paire de Wilson Audio : des petites Watt et leurs puppies.
Apparté dont vous m'excuserez, pour dire un mot sur le DAX : cet appareil est une bombe totale, c'est à ce jour le meilleur convertisseur que j'ai jamais entendu. Casimir me conforte dans mon évaluation extrêmement positive, en me disant qu'après avoir comparé tout ce qui lui était passé dans les mains, c'était l'appareil qui restait le meilleur, quel que soit le budget jusqu'à 15 000 roros (après on sait pas, nous n'avons pas écouté).
Les blocs disposent d'entrées symétriques et asymétriques, et de borniers extrêmement sympathiques car acceptant tout : les bananes, les fourches, du câble dénudé : si tout le monde pouvait s'en inspirer ! Ces appareils sont sensibles au sens de la prise (amis idiophiles bonjour, les autres vous pouvez oublier cette phrase) et coup de chance, le tournevis testeur m'indiquait que le phase était respectée.
Par contre, il faut savoir que ces appareils ne supportent pas de ne pas être connectés : il faut impérativement brancher une paire d'enceintes en sorties, et en entrée les connecter à un préampli (ou un DAX si vous en avez un qui traine sur une étagère). Casimir indique qu'une protection thermique est intégrée (ce qui ne fut pas toujours le cas), mais cela ne l'agrée pas qu'elle se déclenche, il préfère que l'utilisateur soit attentif. Puisque l'on en est au détail, la mise tension est surprenante : une petit bruit, comme une turbine qui se met en route, se fait entendre dans les tweeters. Ensuite, il faut envoyer du signal, pour que l'ampli le détecte et sorte de son état "Mute". C'est cent fois mieux que les Ref 8 qui faisaient un ploc énorme dans les enceintes à la mise en et hors tension. Pour le peu de courant qu'ils consomment, Casimir propose de les laisser branchés, bien que cela puisse choquer Al Gore (personnellement je n'ai ni congélateur, ni téléviseur et seulement des ampoules basse consommation : je m'autorise à les laisser sous tension).
Passons à l'écoute. J'ai envie de commencer par dire qu'il n'y a rien à dire, cela donne l'impression d'avoir branché le DAX sur les enceintes, tant les deux bloc monos sont transparents. Mais bon, je ne peux pas m'en tirer comme ça ! Alors allons-y ! Commençons par le disque AERO de Jean Michel Jarre, il me tombe dans la main. Ou la la, on entend les allumettes craquer largement à gauche puis à droite des enceintes, en enfin très clairement positionnées au centre. Casimir dirait que cela provient du grand respect de la phase des blocs. La musique électronique riche de détails sonne comme jamais, les jeux gauche droite devant derrière sont mis en évidence, argh ce disque est une véritable publicité pour les appareils qui respectent la phase, et justement j'en ai deux devant moi ! Misère le disque révèle des trésors de détails qui jusqu'à ce jour m'étaient restés inconnus. La bande passante dans le haut du spectre me semble illimitée, les petites clochettes se détachent distinctement, non seulement il y a du niveau, mais en plus c'est extrêmement fin et détaillé, d'une grand lisibilité. Chaque morceau est un plaisir immense et il est bien difficile de sortir le disque pour en mettre un autre, alors qu'il faudrait pourtant les enchainer pour cerner la personnalité. C'est difficile tous les morceaux sont infernalement rendus, avec de la dynamique, une image stéréo incroyable qui déborde largement de chaque enceinte, une qualité de timbre saisissante...
Je ne vais pas me laisser faire, l'album de Dire Straits "Communiqué" est enregistré avec les pieds : il est plat, la bande passante est tronquée dans le haut du spectre, et comble de l'horreur : sur la pochette figure le nom de l'ingénieur du son. On passe immédiatement sur le morceau "Where do you think you going" : Mark Knopfler est pas content, et ça discute ferme avec sa femme. Ha ben zut alors, il est pas si mal enregistré que cela cet album. Dès les premières notes on entend les harmoniques de la guitare de Mark. Les cymbales sont un peu tronquées, à cause de l'enregistrement, mais la voix est particulièrement bien rendue, et les guitares aussi. Toujours cette précision dans l'image stéréo. Je laisse dérouler le disque. Sur Communiqué les basses sont super propres et bien tenues, je suis certain que ça fait plaisir aux voisins. Ha sur ce morceau ce truc là je ne l'avais jamais entendu, "Come on... Yeah". "Y mange avec nous ce soir Mark, ou bien il rentre à Portobello directement après l'enregistrement ?".
Un autre album de Dire Straits, On every night. Le morceau "You and you friend" présente la particularité d'être honteusement enregistré : chaque fois que le micro de Mark Knopfler s'ouvre, on entend un sale sifflement. Mais comme l'ingénieur du son était sourd, il a laissé passé ça (en fait il n'était pas sourd, c'est juste que c'est lui qui était sorti avec la femme de Knopfler sur l'album précédent). En avant. Wha, la Dobro comme elle sonne ! Et oui, le sifflement est bien là, c'est une preuve d'amplification ("putain la Dobro !" ) avec un rapport signal / bruit très élevé, les détails ne sont pas noyés, ils sont EVIDENTS. Casimir signale que la nouvelle version à gagné 20db sur ce critère. Ca fait toujours bien de confirmer un paramètre d'écoute par une donnée technique : c'est une manuvres pour rendre votre jugement indiscutable aux yeux des néophytes, vous devriez essayer vous aussi.
Sur le disque "La Folia" de Panaguia, enregistré pas très loin d'Avignon, à Arles au Mas de Vert, on entend à chaque silence tous les petits oiseaux chanter dans le jardin. Le son des instruments baroques prend corps dans les enceintes, les percussions sont tendues, franches et fermes, les résonances de la salle sont rendues avec précision. Le grand Bang sur le morceau numéro quatre doit pouvoir provoquer un arrêt cardiaque : à écouter avec un certificat médicial autorisant les grands écarts de dynamique : BAAAANNNG ! Je le savais, j'avais baissé, et pourtant je l'ai pris en plein dans la poire ! Encore une fois, quelle transparence ! Et toujours les volatiles qui chantent dans le jardin.
Bon, c'est pas tout, mais qu'est ce qu'ils ont dans le ventre ces blocs mono ? Surement pas beaucoup, Casimir indique que le courant disponible est de l'ordre de 4 ou 6 ampères - quand un Goldmund va sortir ses 50 ampères - de quoi alimenter des enceintes avec un bon rendement (au moins 90db). Avec les Wilson ça marche du feu de Dieu. Maintenant je sors mon Arizona Dream, cet album de Goran Bregovic descend super bas et agit comme un révélateur. C'est là que nos avis diffèrent, celui de Casimir et le mien... Casimir indique que les amplis descendent à 5Hz. Il ne passent pas le continu par conception, il y a un filtre. Personnellement je trouve le grave excellent, très défini, très propre, avec du corps, les hauts parleurs sont bien tenus (il y a tout de même quatre bonnes gamelles à bouger), mais je trouve que l'extrême grave est un brin tronqué. Entendons nous bien, à mon avis il est tronqué, sur une ou deux notes pour lesquelles l'ampli ne semble pas descendre, et de toutes façons ces fréquences ne passent pas sur la plupart des enceintes. Encore une fois c'est mon avis, Casimir ne le partage pas, mais je m'autorise à l'exprimer.
Ike Quebec, It might as well be spring, un album Blue Note de 1961. Rhaaaa, un peu de quiétude, une joyeuse équipe qui prend un évident plaisir à jouer ensemble, ainsi qu'une prise de son de qualité et sans artifice, comme on savait les faire à l'époque : chacun sa piste. Le charley et les cymbales se détachent bien à droite (toujours cette bande passante très étendue dans le haut du spectre), la basse et l'orgue sont mis en retrait par l'enregistrement, sauf pour les solos, et Ike qui nous régale avec son saxo. Il va peut être rester là pour manger avec Mark ce soir. Messieurs dames, ça c'est de l'enregistrement. Ca c'est du hard bop, ça swingue et ça se prend pas la tête. Trente cinq minutes, c'est vite passé, je vais l'écouter à nouveau cet album. Il est tard, j'ai sommeil, je me régale et demain je bosse. Putain, il va falloir les rendre.
http://www.nuforce.com/
Message édité par renaudmumu le 17-05-2007 à 23:23:17