Bon, il pleut et j'ai roulé 6 fois sur les 7 derniers jours donc je prends une petite journée de repos.
J'en profite pour faire un petit CR de mon essai du fameux fat. C'est un peu confus, j'ai fusionné plusieurs messages postés ailleurs mais l'essentiel est là.
Même si je manque encore de recul avec seulement 3 sorties, voici mon ressenti de débutant sur le fat!
Samedi, j'avais rendez-vous avec Yann ( je ne suis pas schizophrène et je ne parle pas de moi à la troisième personne ) de Salamandre cycles, le gourou Ardéchois du fat en France.
Il m'a proposé un petit tour technique au départ de chez lui pour que je puisse me rendre compte des qualités et défauts de ces vélos à grosses roues.
J'ai donc enfourché un gros vélo rose au look très sympa avec ses tubes d'acier cintrés, chaussé de pneus de 4,8" sur jantes de 80mm de large. Il est un peu court pour moi dans les pédalages et manque d'un poil de hauteur de selle mais je m'y suis quand même senti à l'aise très vite.
On attaque donc par une courte portion de route en faux plat descendant pour traverser le village. La tenue de cap est très étrange, les pneus mous ont tendance à tirer le vélo vers l'intérieur de la courbe et l'effet gyroscopique est assez déroutant. Bref, c'est à première vue pas le point fort du vélo à moins de surgonfler mais quelle idée de faire du fat sur la route.
Hop, on plonge sur un petit sentier assez raide et caillouteux, je jauge un peu le comportement du vélo mais n'ayant pas de tds télescopique, je ne suis pas super à l'aise avec la selle haute. Je sens tout de même que le vélo mange les cailloux et lisse le sol.
On enchaine par une piste en faux plat montant, l'occasion de changer de vitesse, de manipuler un peu la boite Pinion. Le vélo est monté avec une boite Pinion à 18 rapports. Les rapports sont tous étagés de manière très régulière et on peut ajuster très précisément le développement du ultra-court au ultra-long. On doit retrouver une plage égale ou supérieure au triple plateau. Les rapports se passent à l'arrêt ou en roulant sous réserve que l'on relache un peu la pression sur les pédales. J'apprécie vraiment ce système, je vais avoir du mal à reprendre mes dérailleurs.
Biensur, tout se fait dans un silence absolu et dans une grande souplesse. Je n'ai pas noté de sensation de perte de rendement, il parait que le Rohloff est moins bon de ce coté-là.
On continue donc notre boucle en plongeant dans la vallée du Granzon, par un single épinglu et très caillouteux comme on en trouve beaucoup ici. Cette-fois j'ai baissé la selle pour la descente. Les caillasses sont avalées par les pneus, on conserve facilement de la vitesse dans ce champ de mine, c'est impressionnant. On oublie que l'on a pas de suspension. Le vélo, bien que considéré comme pataud par Yann est assez maniable et tourne sans problème dans les épingles. Bon, avec 17kg sur la balance, les nose-turns demandent un peu d'énergie mais vu qu'il n'y a pas de fourche qui s'enfonce plus que de raison, ça passe assez-bien. Malgré-tout, avec l'effet monster truck, on vise la sortie et le vélo avance sans souci, pas besoin de faire le kéké en levant la roue.
Arrivés en bas, on décide de faire un peu d'exploration dans le lit du Granzon, une rivière presque à sec. Le sol se compose d'un lit en calcaire avec des grosses marches, des grosses pierres et des bancs de sable.
Je roule là-dedans, escaladant les marches sans effort particulier. Le passage devient de moins en mois évident, on alterne portage et roulage. On fait donc demi-tour peu après.
En descente, même topo, les grosses marches se descendent sans effort ni appréhension. Le gros diamètre des roues et l'amorti des pneus font merveille. Ça roule tout seul alors qu'avec mes 26", je serais à pieds à de nombreux endroits.
Ensuite, on rejoint un sentier plus roulant et on regagne une crête pour attaquer une descente en faux plat descendant, avec un nombre incalculable de S rapides entre les petits arbres sur un sol couvert de cailloux de 7-8cm.
En montée, plus le sol est mauvais, plus le fat tire son épingle du jeu. Le grip est très bon et on a la sensation que le pédalage est dissocié du sol. En 26", par ici, on s'épuise car le vélo lutte pour avancer et butte sur chaque cailloux, faisant remonter une secousse dans les cuisses et il faut sans cesse relancer et se battre pour garder de l'équilibre. Là, il suffit de pédaler à rythme constant et ça passe.
Bon, le train roulant est lourd, les pneus se déforment, il ne faut pas espérer foncer aussi vite qu'avec des petits pneus sur une piste lisse et emmener le vélo est assez énergivore. Un peu comme les 29" je pense. On a toujours envie de relancer et de forcer pour conserver la vitesse. Bref, je reviendrai sur les défauts plus tard.
Donc nous attaquons une descente en single assez rapide avec beaucoup de virages qui se succèdent sans répit.
Et là, grosse claque, on penche le vélo dans les cailloux, il ne bronche pas, on sent que l'on flotte sur les cailloux sans même les déplacer. Le grip est dingue mais je relance non stop, je me fatigue vite. Le but du jeu doit être de conserver de la vitesse sans relancer mais ne connaissant pas le single, je freine un peu trop.
Ensuite, on rejoint encore une zone trialisante, celle où la vidéo Salamandre a été tournée, je me fais un peu chahuté en descendant un mur en me mettant trop à l'arrière. Le pneu frotte mon short, ça chauffe.
On saute des cassures et 50cm sont avalés dans un bon confort pour un tout-rigide!
Et voilà, nous reprenons le chemin du retour. Il n'y a pas de grosses pentes mais le vélo demande quand même un effort constant pour avancer. On remonte au point de départ par un chemin puis un bout de route. Ça monte au train mais je ne m'amuserais pas à tenter une montée rapide. J'ai l'impression que plus on brusque le vélo, plus il absorbe l'énergie. Puis je me suis bien grillé sur cette sortie, à suivre Yann en Dinglespeed. Les parcours qui alternent autant de montées et descentes courtes ne me sont pas favorables, je préfère les profils pyramidaux.
La boite Pinion permet par contre d'avoir toujours le rapport pile-poil comme on le souhaite tant ils sont rapprochés et nombreux.
Le lendemain matin, je change de versant et de type de sol. Il pleut, mais avec la bête au garage, je ne résiste pas à partir pour une courte sortie pour voir ce que ça donne sur le mouillé. Le terrain est donc très escarpé, garni de dales de schistes un peu moussues et rendues extrêmement glissantes par la pluie. En temps normal, j'évite de rouler, c'est trop casse-gueule. Et ben c'est pareil en fat.
Autant le vélo arrive à trouver du grip n'importe où quand le sol n'est pas tout à fait lisse, autant sur les grosses dalles lisses, c'est inroulable. Mais bon, même à pieds c'est limite. On peut comparer ça à des plaques de verglas...
J'enchaine donc dans la forêt par une longue montée sur DFCI. L'effort est constant, le pneu gomme tous les reliefs, pas besoin de soulager le dos, on reste sur la selle même dans les cailloux. J'adore.
La descente arrive, une descente dans les pins avec de la terre et des cailloux roulants. C'est facile, on prend de la vitesse tout en se sentant en sécurité, je retrouve des bonnes sensations, c'est top!
Je termine le parcours en roulant à coté d'une trace de moto dans le sable mouillé, amusé de constater que ma trace est 2 fois plus large que l'autre. Par contre, je m'enfonce beaucoup moins. On dirait même que je marque moins le sol qu'avec des pneus en 2.30.
Troisième sortie:
J'ai fait ma boucle habituelle d'ici. 18km avec une montée sur piste, une courte jonction de route montante, une descente en single assez cassante et une montée pleine de caillasses.
J'ai gonflé un peu plus qu'hier. Il faut lancer la machine et se contenter d'entretenir le rythme, sans être un XC, c'est moins scotchant que la veille, surtout que le sol avait bien séché.
Finalement, au bout de 3 sorties, j'ai enfin pigé le truc. Les roues ont de l'inertie, il faut jouer avec. Les changements d'allures ne sont pas conseillées. Et finalement, vu que je roule en pédales plates et que j'ai un pédalage assez carré, l'inertie des roues me permet d'avoir un effort plus continu puisque le vélo n’accélérè pas à chaque coup de pédale et ne ralentit pas à chaque point mort.
Voici le verdict rapide de cette troisième sortie:
J'ai explosé mon temps de descente en passant de 10:30 à 9:50 malgré un sentier bien raviné par rapport à mon record de l'été dernier. Les passages vraiment défoncés et un peu rapides secouent beaucoup plus qu'en TS et il faut se cramponner au cintre. On se rend compte qu'on est sur un tout rigide.
Mais les autres parties s'avalent beaucoup plus vite et dans une sensation de sécurité et un confort déroutants. On semble flotter au dessus du single mais avec un grip fou au freinage et en courbe.
J'ai aussi battu mon temps pour la remontée juste après malgré un vélo presque 4kg plus lourd. C'est une remontée de chemin muletier assez abimée. D'habitude il faut pousser par endroits pour franchir des marches en montée, là tout est passé sur le vélo.
Pour finir, j'ai amélioré mon temps sur le parcours malgré des arrêts pour régler la selle. Ça confirme mes sensations, je suis allé plus vite presque partout et je suis rentré plus frais après la dernière grosse cote.
Il me reste une seule inconnue, l'état du pilote après une sortie longue, quand il a trainé ce monstre sur plus de 1500m ou quand il faut porter mais je ne pense pas pouvoir tester ça cette fois.
Bref, pour les sorties ici, avec le sol très exigeant, je suis convaincu de la supériorité du fat.
Ailleurs, la différence est surement moins sensible et la tendance doit vite s'inverser dès que le terrain devient trop facile.
Points positifs:
le confort
la facilité de progression dans le défoncé. Plus le terrain est défoncé, plus le fat creuse l'écart avec les autres vélos
le grip en toutes conditions
la boite Pinion, un vrai coup de cœur!
la simplicité du tout
la géométrie ultra ludique avec des bases relativement courtes et un boitier haut. J'ai enfin compris que c'est ce qu'il me faut. Ça explique aussi pourquoi je préfère le comportement de mon SR par rapport à mon TS ultra-bas.
l'impression de rouler sur la lune et de flotter sur le sol.
l'inertie du train roulant qui lisse l'effort.
Points négatifs:
l'inertie du train roulant qui rend difficile les changements de rythme
le rendement sur sols "lisses" même si je m'attendais à pire
le poids total
le prix des composants (hors cadre)
le choix encore limité pour les pièces adaptées aux fats
le comportement presque dangereux sur route quand il faut tourner (c'est mieux en gonflant un peu plus et au bout de 3 sorties, je m'y suis habitué!)
le comportement qui incite à toujours appuyer et qui épuise vite.
j'ai du mal à voir comment se passerait une sortie accompagné de vélos classiques. Certes dans le défoncé je serai devant sans forcer mais pour le reste...
Je tiens aussi à remercier Yann pour sa gentillesse et le prêt du vélo.
Je me donne quelques mois de réflexion et pour constituer un budget confortable (4400€ le vélo complet ), mais il est probable que je craque d'ici 2016.
---------------
Flick r