Ernestor a écrit :
Ce qui bien avec les articles, c'est quand on les comprend :
Citation :
Ceci peut être dû en partie au phénomène connu sous le nom de "compensation du risque", ce qui signifie que si quelqu'un utilise une technique de réduction d'un risque comme le préservatif, il perd souvent le bénéfice de cette réduction en compensant, ou prenant plus de risques que s'il n'avait pas utilisé cette technique
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Le problème donc est qu'il faut apprendre aux gens à bien se servir de l'outil. Ce qui pose problème ici en fait. Comme ce scientifique l'explique.
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D'accord, mais alors, pourquoi les campagnes de prévention basées uniquement sur le préservatif, qui sont donc normalement censées apprendre aux Africains se servir correctement du préservatif, n'ont-elles pas fait leur preuves?
Il parle bien d'une "technique de réduction du risque", pas d'une "technique d'élimination du risque" : donc il reconnait que le risque existe malgré tous les efforts de "formation" que l'on pourrait faire pour que les Africains sachent correctement se servir du préservatif.
Bien-sûre qu'il faut mettre l'accent sur la "technique", pour que les gens sachent parfaitement s'en servir
Mais il aura malheureusement toujours un part de risque...
On est parti du postulat vrai qui est : "parfaitement bien utilisé, le préservatif est fiable à 100%".
On a donc mené des campagnes fondées sur cette certitude (qui ici est parfaitement vraie), en considérant que le préservatif allait de lui-même faire réduire considérablement la pandémie du SIDA.
Et bien dans les faits, cela ne s'est pas vérifié...
Il a bien une raison?
La raison, c'est ce phénomène de "compensation du risque".
Et c'est justement ce que dénonce Benoit XVI en parlant du terme "aggraver le problème".
Le préservatif n'est pas la panacée absolue, c'est démontré par les chiffres... Je n'invente rien.
Citation :
Le pape fait remarquer que "nous risquons d'aggraver le problème" du sida si les programmes de prévention s'appuient seulement sur les préservatifs. Ceci aussi est l'état des connaissances en matière de santé publique et d'épidémiologie. Les programmes de prévention centrés sur le préservatif donnent un message inadapté à la population en général et en particulier aux jeunes. Ils véhiculent le message : "Tout ce que vous faites avec le sexe est en toute sécurité, sans risque, tant que vous utilisez des préservatifs."
Ce qui est faux. En effet, ce type de campagne mène généralement à un phénomène de compensation des risques. Si les gens se sentent en sécurité à 100 % aussi longtemps qu'ils utilisent des préservatifs, ils ont tendance à prendre plus de risques. Par exemple, les jeunes qui ne sont pas encore engagés dans des rapports sexuels commencent à le faire, ou ceux qui ont des rapports sexuels, commencent à avoir plus de partenaires - exactement ce dont le VIH a besoin pour se propager.
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http://www.lemonde.fr/opinions/art [...] _3232.html
Alors, oui, en tant que tel, par ses propriétés, le préservatif n'aggrave pas le problème : il est fiable à 100% s'il est parfaitement bien utilisé
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..Mais le "parfaitement n'est pas toujours ce qui se passe en réalité :
Et vu la façon dont ont été menées les campagnes de prévention, et bien, cela ne se vérifie pas :
C'est pour cette raison que Benoît XVI met l'accent sur une voie beaucoup plus sûre, fondée sur la responsabilité et le sens que chacun doit donner à sa responsabilité.
Citation :
Le discours du pape est réaliste et juste : il nous interroge sur une vision de la prévention limitée au seul préservatif. Il adopte un point de vue anthropologique et moral, compréhensible par tous, pour critiquer une orientation uniquement technologique qui, à elle seule, n'est pas en mesure de juguler la pandémie, comme l'a noté aussi en son temps l'ONU. En l'espace de vingt-cinq ans, ces campagnes centrées sur le préservatif n'ont pas réussi à la réduire. Le discours exclusivement technologique se comprend si l'on choisit de refuser l'abstinence et la fidélité.
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http://www.lemonde.fr/opinions/art [...] _3232.html
Et pour le préservatif précisement :
Citation :
Edward Green, directeur du Aids Prevention Research Project (APRP) de l'université de Harvard, lors d'une interview dit, en parlant de l'Afrique : "Théoriquement, le préservatif devrait marcher, et théoriquement, une utilisation du préservatif devrait conduire à de meilleurs résultats que pas d'utilisation. Mais cela, c'est théorique... Nous ne trouvons pas d'association entre une utilisation plus fréquente du préservatif et une réduction des taux de contamination par le VIH" ("Harvard Researcher Agrees with Pope on Condoms in Africa", Catholic News Agency, mars 2009).
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http://www.lemonde.fr/opinions/art [...] _3232.html
Donc résoudre le problème uniquement en "apprenant à bien se servir de l'outil" n'a donné aucun résultat sensible...
Conclusion : le problème n'est pas le préservatif en lui même, l'outil donc (qui est fiable à 100% : quand il est bien utilisé, il ne laisse jamais passer le virus), mais dans le comportement des gens qui l'utilisent.
Pas seulement le comportement "technique" (à savoir connaître parfaitement la manière de mettre un préservatif) que tu soulignes ici, mais le comportement en général de sa sexualité, notamment le "vagabondage sexuel".
Les ONG pourront déployer tous les moyens possibles et inimaginables pour que les préservatifs soient toujours parfaitement bien utilisé... et bien dans le cas d'une pandémie aussi développée en Afrique, ça ne fonctionnera jamais.
Et ce n'est pas le Pape qui l'invente.
Ernestor a écrit :
La morale bien pensante, c'est marrant que tu en parles, parce que c'est toi qui la prone la morale bien pensante "pas de sexe en dehors du mariage et tutti quanti".
Le discours ABC il est cohérent et pertinent. On peut vouloir rajouter une couche de morale et de comportement mais il ne faut pas rejetter les solutions techniques obligatoires. Et la solution technique obligatoire est : "si vous baisez, mettez des capotes". C'est le message le plus important. Et le message qui n'est pas dit par le Pape. Ce qui est gravissime.
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Le Pape ne rejette absolument pas la "solution technique obligatoire", à savoir le préservatif...
Il dénonce cette solution technique obligatoire, qui, quand elle utilisée seule, ne marche pas.
Mais si le travail de responsabilisation est suffisamment mené, alors oui e préservatif a son utilité.
C'est bien pour ça que le Vatican et le Pape approuvent les campagnes ABC menées en Ouganda notamment, qui ont fait leurs preuves...
Dans la religion catholique (même toutes les autres d'ailleurs), rien n'impose de ne pas coucher avec le mariage, tu ne trouveras aucun texte officiel
qui "oblige" les croyants à ne pas coucher avant le mariage...
C'est juste un idéal de vie que chacun est libre de choisir, ou pas.
J'ai des amis catholiques pratiquants qui ont couché avec le mariage, ce n'est pas pour autant que l'Eglise a refusé de les marier, ou les a "critiqué"...
Après, là où tu t'inquiète, c'est de constater que le Pape n'a pas dit explicitement : "si vous baisez, mettez des capotes".
Mais ce message est implicite...
Si tu enlèves la conditionnelle dans sa phrase, et bien il admet que le préservatif aide à endiguer l'épidemie.
Et les Africains le comprennent très bien, rassure-toi.
S'ils veulent vivre leur sexualité comme ils l'entendent, ce n'est pas parce que le Pape ne leur a pas dit cette consigne indispensable de mettre une capote avant de baiser qu'ils ne le feront pas...
Donc il n'y a rien de "criminel" à ce que le Pape ne l'ai pas dit "explicitement".
La-dessus, Mgr Vingt-Trois, Federico Lombardi et Mgr Di Falco l'expliquent très bien
Ernestor a écrit :
Je t'ai donné hier l'exemple des ados américains : on leur monte le chou avec "pas de sexe avant le mariage". Résultat, un type ou une fille de 17 ou 19 ans, ça a envie de baisser. Alors ils baisent quand même, ou juste des rapports plus léger type fellation, cunni. Mais gros problème : sans se protéger pour la plupart. Pourquoi ? Parce que le message est uniquement "pas de baise" et non pas "baisez pas c'est pas bien, mais si vous arrivez pas à vous en empêcher, mettez quand même des capotes". Résultat : le retour de MST qu'on pensait complétement éradiquées. Belle réussite de la morale religieuse non ?
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Oui, mais là, ce n'est pas du ressort la responsabilité de l'Eglise : encore une fois, elle n'impose rien, n'oblige rien...
C'est surtout un rôle éducatif de l'école ou des parents qui doivent avertir leur enfants que, s'ils souhaitent avoir des rapports, même légers, qu'ils prennent toutes leur précaution.
J'ai eu des cours d'éducation sexuelle au collège, et tout était bien expliqué, notamment les risques non pas forcement du SIDA, mais des MST qu'on pouvait aussi attraper dans des rapport "légers"...
Et ce n'est pas à l'Eglise de le dire justement, parce qu'elle justement suffisamment confiance en la liberté des individus de choisir par eux-mêmes leur sexualité.
Si l'Eglise disait : "ne baisez pas, c'est pas bien", elle enlèverait toute la responsablité de chaque individu de faire son choix librement...
Je te l'accorde, ce n'est pas évident à saisir, mais c'est bien le principe même de toute religion : laisser choisir ses adeptes librement d'adhérer ou pas à la doctrine proposée...
Au lycée, j'ai trainé dans une école catho, avec cours de cathé, toussa.
Justement, un élève avait posé cette question à un prêtre de savoir pourquoi l'Eglise imposait la règle "pas de sexe avant le mariage".
Le prêtre a tenu la même réponse que moi...
Ernestor a écrit :
Alors je persiste et je signe : c'est extrêmement dangereux de proner uniquement une solution morale à un problème de santé aussi grave. Mais c'est ce que fait l'Eglise. C'est totalement inacceptable et intolérable.
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Le Pape ne prône pas une solution "uniquement" morale : il veut qu'on mette avant-tout l'accent sur la moralité de la sexualité, en plus du préservatif. (en gros : parler d'abord de A et B, avant d'en venir à C)
Nuance.
Relis les liens que je t'ai mis hier, la-dessus, l'Eglise est très claire aussi
Si vraiment, malgré les explications que j'ai essayé de te donner, tu n'es toujours pas convaincu que les propos du Pape n'ont rien de "dangeureux", tu peux toujours essayer de demander des précisions sur tout le sens des propos du Pape à un autre personne que moi, qui saura mieux trouver les mots que moi
Ca peut te paraître débile, parce-que la personne ne sera un "spécialiste" en la matière, mais tu peux toujours demander à un prêtre/un religieux qu'il t'explique en détail la position de l'Eglise sur la sexualité et le préservatif, et notamment concernant la pandémie du SIDA.
Tu comprendras, je l'espère, beaucoup mieux
Il y toujours 2 cituations claires :
-Pourquoi des scientifiques spécialistes ont-ils approuvés les Propos du Pape?
Si le terme "aggrave le problème" les choquait, ils ne se seraient pas gênés pour le dire, non?
-Si les Africains n'étaient pas d'accord avec les propos du Pape sur le préservatif, ils se seraient aussi exprimé lors du voyage du Pape en Afrique...
Paradoxalement, ils ont plus eu tendance à dénoncer nos réactions en France - dont la problématique du SIDA ne nous concerne pas du tout de la même façon, vu que la question portait sur le rôle de l'Eglise en Afrique concernant le SIDA - qu'à critiquer les propos du Pape...
Parce qu'en bons Français, on a eu tendance à penser à leur place plutôt que les écouter...
Citation :
Dire moins, c’est mépriser l’Africain et témoigner de zèle à tuer ce qu’il y a d’authentiquement humain en l’homme noir dont par exemple toutes les traditions valorisent tant la virginité constatée au mariage. Nous déplorons et nous condamnons cette prétendue responsabilité vis-à-vis de l’homme noir qui n’aurait de solution que mécanique à un problème aussi vital qu’est la sexualité pour tout homme et donc pour l’Africain lui aussi. La responsabilité des media est élevée ; ils ne doivent pas déchoir, sous peine de faire déchoir quelque chose de l’humain fondamental.
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http://www.libertepolitique.com/ac [...] planifieeq
« Les Africains ont compris le message du pape, les médias occidentaux non »
http://www.zenit.org/article-20570?l=french
"Le Pape, le préservatif et la prédation sexuelle en Afrique"
http://www.camerounlink.net/fr/news.php?nid=44458
Citation :
Il faut sortir de ce regard misérabiliste et de pitié que l’on jette sur l’Afrique. Car l’Afrique n’a pas besoin de la pitié ou des indignations teintées d’hypocrisie. Les propos du pape doivent être compris dans une équation différente et ne pas la poser dans le même référentiel que celui des occidentaux.
Il est hors du propos ici de dire que le préservatif soit inutile, et dans le cas de l’Afrique, il est plus qu’encourageant. Mais cette nécessité est paradoxalement une invitation à des pratiques qui mettent en péril les sociétés. L’utilisation du préservatif a permis de mettre en place une forme d’exploitation de la misère en livrant de jeunes filles et garçons aux mains de prédateurs sexuels sans vergognes. Oui ! Il ne faut pas se voiler la face côté africain, le préservatif a aggravé les choses, on l’a instrumentalisé pour exploiter la misère helàs.
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Peut-être parce qu'ils sont d'accord?
Edit : fogarino, globalement en relisant tes posts, je suis d'accord avec toi
C'est peut-être pour ça que je me suis permis de répondre à sa place
Mais si tu as des choses à compléter, n'hésite pas