Reprise du message précédent :

Ses photos d'islande sont à tomber aussi

Petit bonjour de l'Alaska, il fait froid, il pleut, ma tente fuit et j'ai plus de tunes mais bon ca roxx, et j'ai même pris une petite photo pour vous, je voulais ecrire HFR avec des batons sur la rive mais les 17 secondes de soleils journalier ne le permettaient pas

 
Direction valdez puis le denali

ça me conforte bien dans l'idée que j'irai un jour là-bas

jvous en remets 2 car j attends mon bus jme fais un peu chier  

l EXIT Glacier, pres de Seward dans le parc national du kenai, pour la petite histoire, toute la partie en bas avec arbres/rivieres etait couverte de glace il y a quelques decennies

l Alaska Railroad, une des plus belles lignes qui puisse exister sur terre je pense, j ai fait la liaison anchorage-seward; c est bien ma locomotive qu on apercoit, mais les trains sont tres longs et ca tourne pas mal dans la partie montagneuse.
on a mis 4h30 pour faire 200km, a chaque fois qu il y avait un animal en vue le train s arretait et tout le monde cherchait    

Super merci !

La Turquie
De l'antiquité à la modernité

Aujourd'hui débute donc le récit du voyage de 15 jours que j'ai effectué en Turquie en Août 2010.
Au programme :

• Jour 1 - Istanbul
• Jour 2 - Istanbul
• Jour 3 - Istanbul
• Jour 4 - Istanbul
• Jour 5 - Istanbul
• Jour 6 - Istanbul à Antalya
• Jour 7 - Side, Aspendos et Pergé
• Jour 8 - Phaselis et Myre
• Jour 9 - Aphrodisias
• Jour 10 - Pamukkale, Philadelphie, Sardes
• Jour 11 - Ephèse
• Jour 12 - Didymes et Milet
• Jour 13 - Pergamum
• Jour 14 - Assos et Troie
• Jour 15 - Retour à Istanbul, décollage et conclusion

5 jours dans la magnifique Constantinople / Byzance / Istanbul
Environ 3500 kilomètres en Asie mineure

Deux petits points à préciser :
- C'était il y a deux ans, et je n'ai pas conservé de notes du voyage. Tout sera donc de mémoire, avec la possibilité de grossières erreurs, à la fois dans les anecdotes et dans les trajets exacts. D'avance, mille excuses.
- Je suis loin d'être photographe professionnel, je ne suis équipé que d'un appareil bridge, et aucune photo n'a été retouchée. Deal with it !

Pour ceux qui ne seraient intéressés que par les photos : Voici l'album

         La Turquie - De l'antiquité à la modernité   -   Etape 1: Istanbul (Jour 1)          

                                                                             *    *
                                                                                *

Eté 2010 : le dernier été de ma vie d'étudiant. Je l'ai passé à voyager. ^^
De retour de l'hémisphère sud vers 7h du matin, un jour de milieu de semaine en début Août, direction mon lit pour récupérer.
En effet, le lendemain, direction Istanbul avec la fratrie !

Me voilà donc à 6h le lendemain matin à Charles de Gaulle, à attendre d'embarquer dans l'avion qui nous fera faire notre premier saut : Paris -Rome. Le Rome-Istanbul est vraiment long. En effet, en un peu plus de 48 heures, je dois en être rendu à ma 25ème heure d'avion... J'en ai clairement marre, et l'humeur s'en ressent.

Enfin, tant bien que mal, nous arrivons à Istanbul :

Ville entre deux continents (Europe à l'Ouest, Asie à l'Est), entre deux mers (la Mer Noire au Nord, la Mer de Marmara au Sud), Istanbul est réellement à la croisée de plusieurs mondes. Je suis intéressé depuis longtemps par l'histoire de cette région, notamment dans l'antiquité. Nous verrons bien !

En attendant, je me préoccupe de soucis bien plus matériels. Ce qui choque tout de suite, c'est la température. Il fait 35 degrés, tout simplement.
Avec la fatigue, le transport vers l'Hôtel (en transports en commun) est une torture. Le train est bondé, il fait chaud... On m'avait prévenu qu'Istanbul était une ville active, mais cela dépasse ce que j'avais imaginé. Il y a en effet du monde partout, ça grouille dans tous les coins...

Bref, après avoir trouvé l'hostel (genre d'auberge de jeunesse, avec les dortoirs remplacés par des chambres plus ou moins individuelles) non sans difficulté au milieu du quartier touristique d'Istanbul, nous nous dirigeons vers la terrasse installée sur le toit de l'hostel. Pour y deguster une bière bien méritée et décider tranquillement de la suite des opérations.

La Tuborg est une des deux bières "officielles" de la Turquie, avec l'Efes. Pas dégueu quand elle bien fraîche, alors qu'il fait maintenant 40 en plein soleil. Ici, on voit les premières pièces de monnaie Turques, la lire turque étant environ équivalente à 0.50€.

Un peu de géographie : le centre historique d'Istanbul se situe sur une pointe de terre entre la Mer de Marmara et le Bosphore, ce détroit entre l'Asie et l'Europe, qui sont alors séparés de 700m seulement en son point le plus étroit. Cette péninsule contient parmi les plus vielles bâtisses de la ville, et aussi certains des monuments les plus incroyables de la capitale. Nous y reviendrons. Notre hostel était situé environ là où est le mot "Hippodrome" en bas à droite de la carte suivante, donc assez idéal !

Après un léger repas et une bonne sieste (les deux sont obligatoires avec une telle chaleur ), nous partons explorer les rues avoisinnantes. Ayant décidé que de toute façon, nous étions trop épuisés pour apprécier quoi que ce soit, nous décidons de déambuler en attendant le soir, et de prendre la température de la ville, d'essayer d'avoir un premier feeling.
Au détour des rues, nous apercevons pour la première fois les grands bâtiments qui font la renommée de la ville : Sainte Sophie, la Mosqué Bleue, le palais de Topkapi...

Les dômes sont nombreux parmi les toits qui se colorent progressivement alors que le soleil continue sa course effreinée dans le ciel.

Nous passons également par notre premier bazar. A nouveau pleins de monde, en partie des locaux mais principalement des touristes, les couloirs sont colorés et bruyants. Par endroits, les voûtes menacent de s'écrouler. Mais l'ambiance particulière commence à opérer. Je commence à sentir la ville. Ou en tout cas comme le peut un touriste lors de sa première journée.

Après plusieurs heures de découvertes architecturales, une ou deux rencontres marrantes, un quartier de pastèque acheté à un vendeur ambulant, une bouteille d'eau achetée à une vendeuse ambulante (nous n'étions pas vraiment préparés...), nous nous dirigeons vers un restaurant un peu à l'écart, pour déguster un Kebab ! Et là :    Ca fait oublier tous les kebabs mangés en France ! Une merveille. Encore un peu de marche dans la ville, le soleil se couche, les bâtiments s'illuminent. Nous allons nous coucher, fourbus, et ne tardons pas à tomber dans les bras de morphées.

Cette première journée a plus été un premier contact, nous avons pas mal flané, sans activité au programme. Une mise en bouche donc, qui laisse augurer de belles choses pour la suite.

         La Turquie - De l'antiquité à la modernité   -   Etape 1: Istanbul (Jour 2)          

                                                                             *    *
                                                                                *

Nous avons passé une bonne nuit, malgré la grosse chaleur que le ventilateur d'un autre âge tenant comme par miracle au plafond n'arrive pas à dissiper. De toute façon, vu notre état de fatigue la veille au soir, même un tremblement de terre ne nous aurait sans doute pas empêché de ronfler jusqu'à s'en rendre sourds. Nous déjeunons dans la salle commune de l'hostel alors que le soleil commence son ascension. Il est 8h du matin, et il fait déjà 25 degrés.

Pendant ce petit dèj, nous préparons le plan de la journée : la Mosquée Bleue et le palais de Topkapi avant de rencontrer une amie de ma soeur, une Turque qui pourra nous faire sortir un peu des sentiers battus. Beau programme !

Nous nous dirigeons donc vers la mosquée bleue. Construite au début du 17ème siècle par le Sultan Ahmet Iier, elle est l'une des plus grande du monde musulman lors de sa construction (l'une de celles qui sont plus grandes se trouve juste en face ). Elle est surnommée ainsi en raison des mosaïques bleues qui recouvrent une grande partie de son intérieur. Vue de loin, elle est très impressionnante : des minarets qui semblent vouloir toucher le ciel, un dôme immense. Elle en impose !

Nous nous approchons par des rues parallèles à l'immense esplanade qui s'étale entre la Mosquée Bleue et la basilique Sainte Sophie. Du coup, on n'aperçoit la mosquée qu'occasionnellement, entre des maisons, bazars et murs à hauteurs et couleurs variées. Ce qui met une sorte de voile mystique entre elle et nous. L'approche semble durer longtemps, alors que nous ne marchons pas plus de 5 grosses minutes.

Finalement, nous arrivons au pied du monstre :

Majestueux ! L'architecture est vraiment intéressante, avec d'énormes piliers saillants, des voutes apparentes, des dômes, des colonnes, des balcons et fenêtres à tous les étages. Nous restons facilement quelques bonnes minutes à observer depuis le pied. Impressionnant.

Nous finissons par pénetrer à l'intérieur. La "hauteur sous plafond" est immense. L'intérieur est très richement décoré, le tapis au sol est finement travaillé. La lumière pénètre par des dizaines de vitraux disposés scientifiquement à divers étages de la construction. Les larges piliers disposés au quatre coins finissent de convaincre de la solidité de la mosquée. Les mosaïques bleues donnent un caractère particulier à l'ensemble : une couleur diffuse qui marque une spécificité.

Tout est HAUTEUR dans ce bâtiment. Le fait qu'il soit de forme plus ou moins carrée lui impose une verticalité incroyable, loin du sentiment que l'on peut avoir dans une grande cathédrale par exemple, où l'architecture même de la Nef et du transept mettent le centre de gravité au niveau de l'autel. Ici, le centre de gravité est, bizarrement, au niveau du dôme, loin au dessus de nous. Le regard est sans cesse attiré par les hauteurs. Nous trouvons ce spectacle facinant.

Malheureusement, mes photos ne lui font pas justice.
Notez la couverture sur les épaules : nous sommes dans un lieu de culte musulman encore en activité, et avant d'entrer, si les gardiens estiment qu'une femme est trop legèrement vétue, ils lui demanderont de se couvrir partiellement, par respect pour le lieu. Au final, ce n'est peut-être pas forcément un mal, étant donné la fraîcheur qui règne à l'intérieur

Nous sortons de la mosquée pour nous diriger vers le palais de Topkapi. La sortie est située sur l'esplanade annoncée plus haut, et la vue en sortant de la mosquée est sympathique :

Cette esplanade est un havre de paix relatif au milieu d'Istanbul. 'Havre de paix' parce qu'elle est piétonne, qu'il y a beaucoup de fleurs et d'arbres et parce que les bruits sont lointains et diffus. 'Relatif' parce qu'elle est tout de même pleine de touristes. Elle nous permet tout de même d'observer Sainte Sophie entre la végétation, et de réaliser que les chats errants sont légion et règnent en maîtres.

Nous nous dirigeons, toujours à pied, vers le palais de Topkapi. Construit au XVème siècle, il s'étend sur 70 hectares, tout au bout de la péninsule qui fomre le centre historique de la ville. Il est le lieu de résidence de la cour de l'Empire Ottoman pendant quelques siècles, avant que la cour ne se déplace vers un autre palais construit suivant le style européen lors du XIXème siècle. L'influence occidentale sur le pays a eu des répercussions importantes avant même le XXème siècle. Il est composé de nombreuses cours intèrieures, et de beaucoup de petits bâtiments en plus du principal. Un sentiment de monde à part, arboré, espacé, calme s'en dégage. Pèle-mèle, cela donne ça :

Des fontaines, des escaliers, des allées fleuries. C'est superbe.
Il y a également un musée, qui retrace l'histoire du palais, de l'Empire Ottoman et de certaines fonctions clé dans la gestion de l'Empire, comme la monnaie et la bibliothèque. Intéressant. Au coin du palais, une vue imprenable sur le Bosphore, où l'on voit encore une fois la verdure extraordinaire du lieu, si hors de propos dans une ville comme Istanbul, où règnent la pierre et le béton.

Nous passons une bonne partie de la matinée dans les jardins et bâtiments du palais, puis déjeunons tranquillement dans un boui-boui à touristes. Nous aurons tout de même le temps de rencontrer une procession (religieuse, il me semble) en sortant du palais.

Il est l'heure de retrouver l'amie de ma soeur, qui agira pour nous comme un guide pendant presque 3 jours ! Une chance inespérée pour quelqu'un comme moi qui aime sortir des sentiers balisés pour aller découvrir des choses que le commun des touristes ne verra normalement pas... Tout de suite, elle nous emmène vers Taksim, un quartier animé au Nord de la péninsule-centre historique. Nous prenons le tram, bondé bien entendu. D'ailleurs les transports sont nombreux dans Istanbul : bus, trams, vélos, taxis, taxis collectifs entre bus et taxi privatif, ferrys et bateaux traversant le Bosphore ou ralliant les îles environnantes...

(voitures, trams et ferry...)

Nous arrivons dans une zone où bien moins de personnes parlent anglais ou une langue autre que le Turc, d'ailleurs. Les restaurants et cafés sont nombreux, et nombreux sont les clients qui innondent les terrasses.

Je m'essaie bien sûr au fameux café Turc, et ne suis pas déçu. Le marc au fond de la tasse étant évidemment à éviter.

L'après-midi se déroule tranquillement, entre discussions autour de café et bières et marches en long, en large et en travers du quartier de Taksim. Je découvre un peu plus le mode de vie des Stambouliotes. Dans bien des cas, au moins un minaret est toujours visible. Ils dessinent le profil de la ville. Les mosqués rythment la vie, avec les appels de muezzins 5 fois par jour. Aujourd'hui, les appels à la prière sont faits par haut-parleur, pour être entendus au-dessus du bruit de fond que cause le traffic automobile. C'est une ambiance globale très particulière, on s'étonne au début, puis on s'habitue très bien. Cela donne en tout cas l'occasion de contempler de nombreux lieux de culte, certains étant vraiment photogéniques.

Finalement, après un bon dîner (la nourriture est un vrai régal en Turquie), nous rentrons à l'hostel, passant encore une fois devant Sainte Sophie teintée des couleurs du soir. Je sens vraiment une attirance grandir pour cette basilique. J'attends avec hâte sa visite prochaine. En attendant, nous filons dormir, toujours par une température de nuit qui ferait pâlir d'envie pas mal de coins où le mercure n'atteind que rarement de tels niveaux à 14h au soleil le jour le plus chaud de l'année.

Superbe    
 
Je ne connais pas, mais ce pays semble être un des rares à accumuler une telle richesse et diversité de paysages et de patrimoine.

         La Turquie - De l'antiquité à la modernité   -   Etape 1: Istanbul (Jour 3)          

                                                                             *    *
                                                                                *

Une nouvelle nuit passe, et nous nous réveillons plus tard ce matin. Au programme : ballade dans les quartiers Nord et tour en bateau sur le Bosphore.

Après avoir à nouveau déambulé dans le centre-ville proche de notre hostel (les rues, batisses, détails à découvrir sont infinis) jusqu'à 10-11h, nous nous rendons en transport vers Besiktas, dans le Nord d'Istanbul. Le centre-ville est vraiment situé à l'extrême Sud du Bosphore, et nous nous dirigeons vers le Nord, environ au tiers du Bosphore en partant du Sud. Nous sortons de la vieille ville et traversons des quartiers beaucoup plus populaires, certains autres beaucoup plus riches aussi. Un peu de diversité après un centre ville assez uniforme dans son excentricité et son pot pourri des diverses civilisations qui se sont succédées aux commandes de la ville.

Nous sommes déposés sur le quai du Bosphore, le long d'une petite marina, avec des bateaux plus ou moins grands. Beaucoup de petites vedettes ou de simples barques qui permettent sans doute de rejoindre l'autre côté assez facilement (au plus 3km de large). Les bâtiments sont très modernes et ont l'air d'être assez luxueux. C'est en somme un petit port de plaisance à quelques dizaines de minutes de l'hyper-centre de la ville.

Nous nous balladons un peu le long des quais, mais le soleil tape assez fort, donc nous nous réfugions assez vite dans un petit restaurant spécialiste du poisson. Istanbul est finalement une ville proche de l'eau, avec une culture relativement impreignée par cette culture marine. Et notamment pour sa cuisine : une nouvelle fois, c'est royal. Je ne me souviens plus de mon menu, mais je me souviens être sorti du restaurant avec un grand sourire aux lèvres.

Nous quittons ensuite les quais pour nous enfoncer un peu dans les terres. Cela monte un peu. La topographie est particulière : des collines peu élevées trempent leur pied dans le Bosphore, avec des pentes cependant suffisamment peu marquées pour que les humains aient pu construire de nombreuses habitations. Cela donne un peu un sentiment de surpopulation, car on peut apercevoir beaucoup de bâtiments d'un coup. Mais la marche est très agréable, et on trouve même des parties ombragées.

C'est beaucoup plus aéré que dans le centre historique, et la végétation est très présente.

Nous finissons par revenir vers le Bosphore, avec des petites rues aux maisons colorées et aux minarets toujours très présents. Nous passons par un petit marché et déambulons encore à droite et à gauche, au hasard des rues.

Nous embarquons enfin pour le tour en bateau sur le Bosphore. Une bonne heure et demi à remonter vers le Nord puis revenir tranquillement. L'impression de richesse ambiante que nous avions eue au départ se confirme alors. Nous passons devant des villas splendides et des bateaux luxueux. Tout respire l'affluence sur les quais du côté Européen.

Nous passons sous l'un des deux ponts suspendus gigantesques qui enjambent le Bosphore pour relier Asie et Europe. C'est le premier pont sur le Bosphore. Il était le 4ème le plus long du monde à sa construction. Il fait plus d'un kilomètre de long et il me semble me souvenir qu'il culmine à plus de 50m au-dessus de l'eau. Un bel ouvrage.

Un peu plus loin, des restes de différentes murailles qui empêchaient, ou du moins compliquaient la traversée du Bosphore pour rejoindre la Mer Noire, ou qui protégeaient d'une éventuelle invasion venant d'Asie. Les défenses s'approchaient très près du bord et forment un réseau qui a l'air très peu prenable.

Nous passons en revenant devant l'un des nombreux lieux de culte qui jalonnent notre parcours. Nous apercevons également devant nous les minarets des bâtiments du centre-ville, malgré un épais brouillard causé par la chaleur et la pollution. L'une des 'découvertes' de la journée : la pollution est un gros problème à Istanbul. En même temps, on parle d'une métropole de plus de 13 millions d'âmes  

La journée finira par un verre et un dîner sur le bord du Bosphore, avec notre 'guide' non-officielle, l'amie Stambouliote. Sa soeur et ses amis nous rejoindront un peu plus tard, et s'en suivra une discussion sur la Turquie, son futur, son entrée hypothétique dans l'Union Européenne. Un optimisme omniprésent dans le discours de ces jeunes Turcs me fascine. Ils se sentent globalement dans un boom, poussés vers le progrès économique et culturel. Un dynamisme rafraichissant.

Nous rentrons à l'hostel la tête pleine de belles pensées.
Une nouvelle fois, la Mosquée Bleue expose ses beautés illuminées. C'est l'avantage de coucher tout proche du bâtiment : on peut le découvrir sous un oeil nouveau tous les jours, en fonction de l'heure, de la lumière, de l'humeur...

  très sympa ton CR sur la Turquie, bien écrit en plus   .
 
ça semble très intéressant au niveau culturel (pour avoir eu un petit air dans les balkans) et j'attends d'en voir plus sur les paysages..
je t'encourage à continuer, ça change des CR USA SW    

Yep, les paysages arrivent bientôt, avec le roadtrip.

         La Turquie - De l'antiquité à la modernité   -   Etape 1: Istanbul (Jour 4)          

                                                                             *    *
                                                                                *

Aujourd'hui, nous ne nous pressons pas pour nous lever. Nous commençons à souffrir à cause de la chaleur qu'il fait la nuit dans la chambre. Et ce n'est pas le minuscule filet d'eau froide de la douche qui peut nous réconforter... En même temps, il fallait s'y attendre quand le lit coûte 15€ par nuit en plein centre touristique

Nous enchainons par le traditionnel petit déjeuner, et pour ce jour, j'ai une photo !! Le proprio de l'auberge nous l'a un peu vendu comme le déjeuner typique Turc. Oeuf et fromage pour la consistance, concombre pour l'équilibre, olives noires pour le goût et café noir... parce que : j'ai besoin de mon café ...

Nous avons pas mal vu Istanbul depuis 3 jours, et décidons donc de demander à "notre guide" de nous indiquer de potentielles visites intéressantes dans les environs, dans des endroits faciles d'accès. Notre choix se porte, après de rapides délibérations, sur les Iles des Princes, au Sud-Est d'Istanbul dans la mer de Marmara, et plus précisemment l'île d'Heybeliada.

L'accès se faisant par ferry, il nous faut rejoindre le port depuis lequel s'effectue la liaison. Pour cela, nous allons emprunter les Dolmus. Le dolmus, c'est un taxi collectif : un van jaune de 8 places (ou 6 places en fonction de la taille des occupants ). De mémoire, le dolmus part d'une gare routière lorsqu'il est plein, suit une route bien définie, et finit sa course dans une autre gare routière; et l'on peut monter et descendre où l'on veut sur la route. Ainsi, le dolmus reprend la régularité du bus ET la flexibilité du taxi.

Dans la théorie, c'est parfait. Dans la pratique, on parle d'un bolide avec des banquettes plus dures que des bancs de garde-à-vue, des amortisseurs à bout de souffle et un chauffeur sous acide : nous avons eu l'impression que les chauffeurs essaient vraiment au maximum de faire le plus de courses possibles dans la journée, et dans un traffic blindé, c'est "chaud-patate" ! (mais nous reviendrons sur la conduite en Turquie plus tard dans le voyage...). En attendant, on a vraiment l'impression que chaque seconde compte, et il faut avoir le coeur accroché quand ils se mettent à faire la course dans une zone à 30 km/h :

Bref, nous arrivons tant bien que mal au port, et embarquons pour environ une heure de bateau. Aux premier abord, lorsque l'on commence à apercevoir les premiers signes de l'île, rien ne semble particulier. Une île avec ses constructions en bord de mer et ses rues convergeant vers son sommet.

On est même plutôt frappé par la beauté simple du debarcadère, dont les pierres blanches et les décorations bleues ne sont pas sans rappeler certaines îles Grecques qui, finalement, ne sont pas très loin.

Et la deuxième chose qui frappe : les Îles des Princes sont des îles sans voitures !
La circulation est complètement interdite excepté pour les quelques véhicules de secours, type ambulance et camion de pompier. Les constructions sont modernes, les routes goudronnées, les réseaux de distribution de gaz/electricité sont tout ce qu'il y a de plus fonctionnel. Simplement, tout le monde se déplace à pied, à cheval, en cariole, à vélo... Tout moyen de locomotion non motorisé est permis.

Lorsque l'on débarque, on se situe dans le centre urbain de l'île. L'équivalent du centre-ville d'une petite commune balnéaire touristique : une ou deux rues principales, des échoppes d'artisans, des terrasses de café avec ponton directement sur la Mer de Marmara... Nous sommes d'ailleurs jour de marché, et les artisans locaux étalent leurs productions. Ici, des broderies fines :

Nous trainons quelques minutes dans ces rues, et décidons ensuite de nous éloigner un petit peu, afin de trouver un endroit où manger. Nous trouvons le restaurant d'un hôtel qui dispose d'une terrase en contrebas, à l'ombre de quelques arbres, et surplombant la mer. Nous nous y installons donc pour un repas accompagné d'une legère brise salavtrice.

Le repas fini, nous continuons notre ascension, à notre rythme, sans nous presser. Les chevaux attendent à l'ombre le retour de leur maître, les gamins courrent et crient dans les rues, les quelques promeneurs à vélo se laissent tirer le long des pentes par la gravité... Les rues des hauteurs de l'île respirent le calme et la sérénité. On franchit une porte temporelle par rapport à l'agitation constante d'Istanbul. Ici, pas de bruits, pas de fumées, pas de stimulations incéssantes. Simplement une paix incroyable qui ressource les visiteurs fourbus que nous sommes. Une sorte d'insouciance qui est parfaitement matérialisée par ces enfants que nous apercevons au loin :

Plus nous montons (d'ailleurs un assez gros effort, par les chaleurs de gueux qui nous sont imposées), plus la végatation se fait présente, envahissante même. A cette saison, la fleur majoritaire est une sorte de glycine d'une magnifique couleur violine, qui explose à chaque coin de rue, débordant des grilles des jardins. Avec l'altitude les routes deviennent plus étroites, les arbustes plus téméraires, l'ambiance plus 'secrète', d'une certaine manière. Les deux photos suivantes sont prises à quelques dizaines de minutes d'écart :

Nous atteignons plus ou moins le sommet. Les maisons sont énormes, richement décorées. Il se dégage une impression de puissance de ces bâtisses en bois. Le style est assez colonial et rejoint, si j'en crois mes lectures, le type d'architecture que l'on pouvait trouver dans les îles d'Amérique au 19ème siècle.

Nous entamons notre descente en empruntant des rues parallèles à celles de l'aller. La descente est un soulagement, les mollets apprécient.

Nous prenons un café lorsque nous atteignons les alentours de l'embarcadère, en attendant le ferry qui nous redéposera à notre point de départ. Finalement le bateau arrive. La marche, le soleil, le grand-air nous ayant plus ou moins cassés, nous somnolons, bercés par les flots et le vrombissement sourd des moteurs, lors du voyage retour. Entre deux paupières mis-closes, j'aperçois tout de même une dernière fois l'île. Gros coup de coeur, un havre de paix appréciable au milieu de la folie douce qu'est Istanbul !  

De retour en ville, et l'après-midi touchant à sa fin, nous déambulons tranquillement en zigzaguant mollement de rues ombragées en passages couverts, et finissons par commander des brochettes auprès d'un marchand ambulant. Ce dernier est accompagné d'un chat errant, sans doute à l'affût de la moindre miette qui tomberait du plan de travail.

Une nouvelle fois, le repas est excellent, pour une brochette payée trois francs six sous. Le soir tombe vite, mais l'activité ne faiblit pas. Toujours autant de monde partout. Impressionnant. Les rues sont blindées, et les lumières partout attirent l'oeil. Sur le chemin du retour, nous nous affalons dans les canapés étroits de l'une des nombreuses terrasses animées bordant les rues et allées, et apprécions une shisha arrosée de cocktail. Nous finissons par rentrer, fourbus mais extrêmement contents de la journée. Demain, dernier jour à Istanbul, et enfin ! la visite de la basilique Sainte-Sophie ! Une motivation supplémentaire pour se coucher tôt et être en forme.

Le petit dej'    
 
L'île, magnifique  

 
 
Un des meilleurs CRs du topic    
 
Istanbul est vraiment une ville fascinante, j'y ai passé une semaine entière il y a plusieurs années sans m'y être ennuyé une seconde.

powa ce cr de ouf malade

je plussoie kivi...    
 
j'ai hate de lire la suite et trouve dommage qu'il n'y ait pas plus de lecteurs qui se déclarent      quand ce sont les USA SW y a du monde, mais sinon y a pu personne  

Merci Pantadarell  !  

Les réponses encouragent à continuer  
Parce que ça prend un temps fou !!

Beau boulot !

On en veut encore  

         La Turquie - De l'antiquité à la modernité   -   Etape 1: Istanbul (Jour 5)          

                                                                             *    *
                                                                                *

Aujourd'hui, nous nous levons relativement tôt pour aller, enfin, visiter la basilique Sainte Sophie !
C'est réellement un bâtiment à part. Les premières constructions religieuses sur le site datent sans doute de l'époque de la colonisation Grecque, au début du millénaire. La première basilique chrétienne est bâtie au IVème siècle, mais sera détruite plus tard. On reconstruira alors sur le même lieu une basilique immense au VIème siècle. Elle atteint plus de 50 mètres de hauteur, il y a environ 1500 ans !

C'est cette basilique qui est encore debout aujourd'hui, modifiée, réparée, transformée. C'est en effet ce qui fait la particularité du lieu : c'est un joyeux mélange de toutes les cultures qui ont influencé la ville d'Istanbul, l'emblème parfait du multiculturalisme de la région. En effet, commandée par Justinien, alors Empereur Romain d'Orient, la basilique va traverser des tremblements de terre, incendies, conquêtes et autres changements de régimes qui modifieront sa fonction :
- Justinien avait érigé une basilique Chrétienne qui deviendra le siège du Patriarche Orthodoxe de Constantinople.
- Les Croisés en route vers Jérusalem prendront la ville en 1204 lors de la 4ème croisade, et après avoir mis la ville et la basilique à sac, ils en feront une cathédrale.
- Les Bizantins reprendront Constantinople aux croisés 60 ans plus tard.
- Les Ottomans transformeront la basilique en mosquée lors de la conquête d'Istanbul en 1453.
- Enfin la République Turque, dans son effort de sécularisation du pays et à travers son homme phare, Ataturk, fera de la mosquée un musée en 1934.

Place à la star : nous approchons de la basilique en la longeant sur deux côtés. Ce qui donne l'occasion de voir des manifestations materielles de son Histoire : les minarets, signes distinctifs des lieux de culte musulmans, sont imposants, et on observe d'énormes arcs-boutants qui soutiennent les murs, sans doute construits suite à un tremblement de terre ou aux destructions engendrées par les Croisés.

A l'époque de notre visite, la mosquée est dans un état qu'elle a connu à peu près à tous les moments de sa vie : elle est en réparations !! Ainsi, nous voyons des échafaudages à droite et à gauche, des échelles pour les ouvriers, des outils et tout le bazar nécessaire aux rénovations :

Nous finissons par pénétrer à l'intérieur. Contrairement à la Mosquée Bleue visitée quelques jours plus tôt, on ne pénètre pas directement dans la salle principale. Il existe en effet un réseau de couloirs qui entourent cette dernière. Ils sont richement décorés, et on aperçoit déjà quelques unes des mosaïques qui participent à la renommée de l'édifice. Les couleurs sont vives, les portes finement travaillées, les sols et la moitié basse des murs sont pour la plupart plaqués de marbre blanc.

En tout cas, au début. Car on passe assez vite à des couloirs ayant l'air beaucoup plus vieux, avec des sols beaucoup plus irréguliers et des décorations beaucoup moins fines. Je trouve tout de même un certain charme à l'endroit.

Nous pénétrons enfin dans la basilique à proprement parler : la salle centrale. Et là, c'est la claque ! L'endroit est IMMENSE. 56 mètres de hauteur maximale sous la coupole, plusieurs étages de galleries séparées de la salle par des murets et colonnes de couleur blanc/gris, un plafond peint en jaune, des fenêtres laissant entrer une forte lumière blanche. C'est époustoufflant.

Un mélange de couleurs, une impression d'être minuscule, le bruit ambiant est étouffé par l'immensité du lieu. Un mélange d'émotions incroyable.
Alors que la coupole et certaines représentations orthodoxes plaident pour le côté "basilique" de la bâtisse, d'immenses panneaux de bois affichant les noms d'Allah, du prophète et d'anciens califes en langue arabe sont accrochés aux 4 coins de la salle, rappelant son passé musulman. Le mélange des genres est saisissant.

Nous nous promenons quelques instants en bas, écrasés par les siècles, le nez en l'air et l'esprit rêveur.
La suite de la visite passe par les étages. De mémoire, l'accès à ce deuxième étage passe par de petits couloirs pentus, peu éclairés, et respirant le mystère à chaque coin.

Arrivés au premier étage, nous découvrons de larges halls, à nouveau richement décorés. C'est l'une des parties les mieux restaurées de la basilique. La lumière est beaucoup plus forte que dans la salle principale. Nous pouvons donc admirer à loisir de nombreuses mosaïques murales qui ont réussi tant bien que mal à traverser les remous de l'Histoire. Malheureusement, de nombreuses mosaïques ont été détruites à l'occasion de tremblements de terre et de guerres, mais aussi complètement sciemment, notamment au VIIIème siècle, quand un Empereur Bizantin instaurera une période d'interdiction de vénération des icônes. Les restaurations ont cependant fait des miracles.

Vue d'en haut, on se rend mieux compte de la taille du bâtiment : hors catégorie. Mais le point de vue est superbe, et nous continuons tranquillement notre tour, allant de points de vue magnifiques en mosaïques surprenantes.

L'architecture particulière donne également des points de vue inouïs sur la ville. Les coupoles, minarets et autres toits de la ville s'étalent sous nos yeux qui doivent se rhabituer à la forte luminosité.

La visite n'aura sans doute duré qu'environ une heure et demi, mais on en prend plein les mirettes. C'est superbe, et on arrive même par moment à faire abstraction des masses de touristes se massant dans les entrailles de la bête. L'espace est suffisant pour pouvoir poser son regard sur une zone moins passagère. Quelle visite ! L'un des passages obligés lors d'une visite d'Istanbul, mais qui en vaut entièrement la peine.

Nous allons ensuite déjeuner en avisant de la suite : il nous reste une après-midi à Istanbul. Nous décidons d'aller visiter les bazars de la ville afin de faire un peu de shopping cadeaux/souvenirs, car lors de notre retour à Istanbul après notre roadtrip, nous pensons que nous n'aurons pas le temps de le faire. Direction donc le quartier du bazar. Les rues sont très animées et nous nous faufilons avec difficulté. Mais nous sommes à l'ombre une bonne partie du chemin gràce à un système de toiles tendues au dessus des rues pour protéger les passants et commerçants des rayons meurtriers du soleil.

Je n'ai malheureusement pas pris de bonne photo de l'intérieur des bazars. Il faut imaginer des réseaux interminables de couloirs aux voutes en pointe, avec des boutiques larges de quelques mètres (en général 5-6 mètres au maximum) et du monde PARTOUT. C'est blindé. Il faut faire attention à ses effets personnels, car les touristes sont pris pour cible par des pickpockets agiles ! Tout se négocie au bazar. Les prix, les quantités... C'est assez amusant pour certains, énervant pour d'autres...

On accède au bazar par plusieurs portes d'entrée, toutes ayant un charme particulier. En général, un représentant de la Loi s'assure de la sécurité de chacun et renseigne les visiteurs sur le chemin à suivre pour se rendre aux endroits x, y ou z. Nous sommes tombés plusieurs fois sur des policiers très aimables. Agréable.

Nous faisons nos emplettes. Je repars avec un service à thé, des babioles et des épices. PLEIN d'épices. A prix cassé et qui feront le bonheur de mes papilles pendant très longtemps.

Finalement, fatigués par plusieurs heures de marche et de station-debout, nous allons manger une glace. Nous restons à observer les réactions des touristes. Souvent, le procesus est le même : au début, on rigole. Puis on se demande quand il va finir par nous la donner cette glace. Enfin, on s'énerve quasiment. Et puis quand on est finalement en possession de la chose... elles sont quand même bonnes ces foutues glaces !

Nous continuons à nous ballader, allons dîner, et nous couchons très tôt. En effet, le lendemain, nous allons de très bonne heure à l'aéroport pour déposer certains d'entre nous qui rentrent à Paris, et prendre la voiture de location pour entamer le roadtrip, à deux (avec ma soeur).

Istanbul, c'est hors norme ! Une ville à part. J'utilise beaucoup ce terme pour la décrire, c'est sans doute car je ne pense pas avoir traversé une ville aussi diverse, aussi active. Il y a des découvertes à faire partout, des gens à rencontrer dans tous les coins. J'ai vraiment senti un dynamisme incroyable. On aurait sans doute pu passer encore 10 jours sans s'ennuyer, car même le simple fait de marcher à l'improviste dans les rues est plaisant. Une réussite donc !

Maintenant, place à l'aventure !!

Edit:

 
 
CR qui change de "l'ordinaire" effectivement (même si pour ma part je ne me lasse pas de lire des CR sur le SW US ).
 
Ca donne vraiment envie d'y aller, tu décris bien cette diversité et cette sensation de ville hors norme qui font qu'on a envie d'aller voir ça de nous-même !

Hésitez-pas à poser des questions si vous en avez, histoire de flooder un peu. Parce que là, la page commence à devenir un peu longue à loader...

Yep, c'est pas le genre de destination qui m'attire au premier abord mais ce genre de CR est capable de donner envie.

Ben en fait, moi non plus ça ne me disait rien de particulier, j'avais jamais pensé à la Turquie pour des vacances. Et puis comme on cherchait un endroit pas trop loin (disons moins de 5-6h de vol), pas trop cher sur place et avec plein de choses à voir... On a entendu parler de la Turquie, alors on s'est renseigné un peu. Et roulez jeunesse !  
 
En plus j'adore l'Histoire. Donc ça collait bien !

 
 
Quelle résurection du CR...    
 
Je regrette de n'être resté que quelques jours à Istanbul... c'est rare de voir une ville aussi cosmopolite et historique à la fois.
 

 
Faut continuer, peu importe le temps que ça prend

         La Turquie - De l'antiquité à la modernité   -   Etape 2: Istanbul à Antalya (Jour 6)          

                                                                             *    *
                                                                                *

Le jour du Grand départ vers la partie Asiatique de la Turquie est arrivé !

D'abord un rapide mot sur la motivation du roadtrip. Nous voulions voyager, être mobiles. Avoir l'impression de mériter l'arrivée dans la chambre d'hôtel le soir, d'avoir parcouru des distances, d'avoir commencé à appréhender la taille du pays. La voiture a été le meilleur choix pour nous : 2 conducteurs, la mobilité et l'indépendance d'aller où bon nous semblait, ne pas dépendre d'un groupe.

Niveau géographique, une grande partie des choses que nous voulions voir se trouvaient sur la côte de la Mer Egée ou sur la Mer Méditerrannée. Nous avons du faire des arbitrages, car nous n'avions que 10 jours. Le plus difficile à abandonner a été la Cappadoce : trop loin à l'Est, trop d'autres choses à voir. Ce sera pour le prochain voyage dans la région.
Partant de là, nous avons décidé de rallier la ville d'Antalya, sur la côte Sud, en une seule traite, faire une grosse première journée de conduite uniquement, afin de profiter ensuite et de remonter tranquillement le long de la côte, sans se presser.

Environ 750 kilomètres de route à avaler dans la journée, donc il s'agit de se lever tôt, car Google Maps annonce 10h de trajet. Cela tombe très bien puisque l'avion de ceux d'entre nous qui rentrent à Paris décolle aux alentours de 7h de l'aéroport d'Istanbul, endroit où nous avons prévu de récupérer la voiture de location. Tout se passe parfaitement : lever à 4h, départ à 4h30 de l'hostel, arrivée au Terminal de départ vers 5h30, cérémonie d'adieux, clés de la voiture en main un peu après 6h... Nous filons rapidement afin d'éviter les embouteillages, car l'aéroport est à l'Ouest d'Istanbul, que nous devons contourner par le Nord.

Après un premier problème (retour à l'aéroport après 10 minutes de route car le GPS ne fonctionne pas), nous faisons bonne route et arrivons au niveau du Bosphore alors que la lumière du jour se fait de plus en plus forte. C'est mon premier réel passage en Asie, et je suis excité comme une puce, au fond de mon siège passager. Le pont au-dessus du Bosphore est aussi impressionnant vu d'ici que lors de la croisière d'il y a quelques jours.

Nous décidons de faire des relais courts, une heure de conduite chacun, environ. C'est ce que nous ferons toute la durée du voyage, et nous trouvons celà bien plus agréable que des relais plus longs. Les transferts passent plus vite, ce qui est apréciable. La partie asiatique des banlieues d'Istanbul est beaucoup moins sympa, mais nous avalons les kilomètres sans vraiment faire attention. Les barres d'immeubles et les usines désaffectées en bord d'autoroute ne sont pas du plus bel effet, mais une grosse brume (pollution ?) nous cachera le paysage par intermittence.

Je profite de la deuxième pause pour vous montrer "La Bête" ! Nous devions avoir une citadine, type clio ou 206. Nous serons finalement surclassés et auront une berline compacte, une Fiat, 26 000 km au compteur. Motorisation un peu faible, qui se fera sentir dans les montagnes, mais globalement confortable. Avec GPS, donc, et surtout : la CLIMATISATION ! Ce n'est vraiment pas un luxe...

Au passage, une anecdote : à la sortie de la banlieue d'Istanbul, nous voyions vraiment rarement des panneaux de limite de vitesse. Mal informés, nous conduisons environ au rythme des personnes nous entourant, décidant de nous calquer sur la coutume locale. Evidemment, celà ne rate pas : on se prend une prune... Les policiers tentent de nous faire comprendre que nous roulions trop vite, dans un Anglais excécrable. Nous jouons un peu aux cons, ne comprenons pas ce qu'ils veulent dire... ( ) Finalement, ils nous collent un papier sous le nez avec marqué quelque chose du style :
   " 110 km/h = 200 TL"
Donc pas loin de 100€ d'amende, pas prévus au budget, évidemment, alors que ma soeur qui conduisait à ce moment m'assure depuis ce jour qu'elle n'allait pas à plus de 95... Mystère donc, mais ne voulant pas prendre de retard, et étant assez vexés d'être tombés dans un piège à touristes, nous payons et poursuivons notre route.

Depuis le départ, nous allions plein Est, direction Ankara, sur une autoroute tout ce qu'il ya a de plus moderne. Normal, elle relie la capitale politique du pays à sa capitale économique. Presque 200km en moins de 2 heures. Le rythme est bon. Mais dès que nous bifurquons et allons plein Sud, nous quittons les belles routes et les paysages commencent à s'élever. La route serpente entre les montagnes, suivant tant bien que mal les vallées.

Commence alors une journée assez étrange. Très longue, car beaucoup de kilomètres à faire ! Mais aussi des paysages sublimes, des montagnes, des endroits semi-désertiques... Et une qualité de revêtement qui laisse vraiment à désirer. Des chauffards un peu partout. Pas de marquage au sol, donc des dépassements souvent hasardeux. Conduire en Turquie est une aventure de tous les instants.

Un soleil de plomb nous accompagne, et comme nous déscendons vers le Sud, nous le voyons passer de notre gauche à notre droite au fur et à mesure que la journée avance. Nous remarquons que, comme la France et ses nombreux clochers, chaque village a sa mosquée, dont l'unique minaret domine la campagne avoisinante. Les kilomètres défilent très lentement, mais nos relais courts permettent de faire une pause de 5 petites minutes pour chaque heure de conduite et de somnoler lorsqu'on est passager.

Assez vite, nous nous rendons compte que le cable d'alimentation du GPS fait un énorme faux contact. Nous achetons donc une carte routière de l'Ouest de la Turquie à la première occasion, pour pallier à une éventuelle défaillance de l'objet. Progressivement, nous nous rendons compte que si le co-pilote tient le GPS d'une certaine manière, SANS BOUGER, en l'inclinant un peu vers le conducteur, l'alim. fonctionne. On fera avec.

Nous arrivons en fin de journée à Antalya, peu avant 19h. Ce seront donc quasiment 13h de route qui auront été nécessaires. Nous sommes accueillis par Ataturk, et cette phrase qu'il aurait prononcée :
"Sans aucun doute, Antalya est le plus bel endroit dans le monde"

Nous sommes fatigués, mais une fois la voiture garée et la chambre occupée, nous allons nous promener sur le port, qui se trouve à 10 bonnes minutes à pied. La température est un peu tombée, mais reste tout de même élevée. Nous aurons le même traitement ici qu'à Istanbul, et nous commençons à nous faire à l'idée. Nous assistons au coucher de soleil sur le port.

La Lune se lève au-dessus des murailles datant de l'ère Romaine qui surplombent le port.

Nous finissons par aller dîner, ce qui nous ressource un brin. Le voyage a été un peu pénible, long et fatiguant, mais nous savons que le plus dur est derrière nous. A partir de maintenant, nous aurons normalement au maximum 350-400km à parcourir en une seule journée.

Nous rentrons à l'hostel par des ruelles timidement éclairées. Je regarde un peu de foot du championnat Turc avec le gérant de l'auberge, qui m'explique les rivalités qui existent entre les équipes du pays. Ereinté, je finis par m'écrouler sur mon lit, dans notre chambre climatisée ! Ce qui est un bon point pour la fraicheur !

          La Turquie - De l'antiquité à la modernité   -   Etape 3: Side, Aspendos, Perge (Jour 7)          
 

                                                                            *    *
                                                                                *

On ne le dira jamais assez : aller en Turquie en plein mois d'Août, c'est une bêtise ! Il fait extrêmement chaud, et il y a des touristes partout ! Du coup, quand on a la chance de tomber sur une chambre avec climatiseur, on se rend compte à quel point on est plus frais le matin... (je parle en pur parisien, hein... les sudistes seront moins dépaysés !) C'est le cas, en ce 7ème jour du voyage. En revanche, la douche est toujours pourrie, avec une salle de bain où les toilettes, le lavabo et le pommeau de douche sont tous dans 1,5 m², avec une évacuation au sol et basta !

La voiture est garée à quelques centaines de mètres de l'hostel, car le centre ville historique est réservé aux piétons. C'est très sympa, des ruelles dans tous les sens, des boutiques, des chats errants, du monde se promenant lentement en ce début de matinée ensoleillée...

Nous avons pris 2 nuits dans l'hostel à Antalya, car il y a pas mal de choses que nous voulons voir à l'Est de la ville, tandis que notre voyage va vers l'Ouest. Heureusement, on ne va pas trop loin, et nous retournerons dormir à Antalya le soir :

Point B : Side
Point C : Aspendos
Point D : Pergé
Google maps : 160 km - 3h30

Direction Side, donc, en bord de Mer Méditerrannée. La route n'est pas particulièrement intéressante, on traverse des zones assez habitées, on sent que la côte est touristique à cet endroit. Beaucoup d'hôtels, des resorts de luxe, des piscines, des centres commerciaux et magasins... Pas ce qu'il y a de plus passionnant. Mais cela nous permet de nous équiper en chapeaux, crème solaire et autres bouteilles d'eau. Le parfait panier du voyageur pas préparé à affronter les 40 degrés quotidiens en plein cagnard.

Nous arrivons à Side, où des ruines Grecques datant du VIIème siècle av. JC bordent la mer. Nous remarquons tout de suite que les ruines sont vraiment en bord de route, en accès libre aux visiteurs, pas protégées pour deux sous... Ici, d'anciennes boutiques qui longent la route qui menait au centre ville depuis la porte principale taillée dans la muraille d'enceinte.

Le cadre est sympa. On aperçoit au loin la chaine de montagnes que nous avons traversée la veille, certains pics s'élevant au-dessus des 3000 mètres. La mer est bleu profond. La végétation est très... méditerranéenne : de l'herbe "brûlée", des pins, quelques oliviers. Des paysages qui ressemblent à ce que j'ai pu observer en France du côté de Grasse / Fayence, dans l'arrière pays Niçois au niveau des premiers contreforts des Alpes.

Les ruines sont intéressantes et variées. Le port a été successivement Grecque, Romain et Byzantin avant d'être abandonné au VIIème siècle, lors des attaques arabes. Tous les bâtiments typiques de ce genre de villes de l'antiquité y passent, un théâtre, une agora... L'état de conservation est très bon, mais l'organisation du site est très mauvaise, les fouilles pas finies. Des machines sont en place, on sent que le site est en chantier.

Nous trouvons cela étrange, et sommes un peu desarçonnés. Nous nous attendions à un peu plus d'ordre. Nous nous accomodons de cet état de fait et poursuivons notre visite, ce qui permet d'observer de belles colonnes remontées par les archéologues, des bains en marbre en assez mauvais état...

C'est notre première visite de ruines antiques, je ne suis pas encore bien habitué à la topographie de ce genre de lieux, et les photos s'en ressentent : peu sont montrables... Nous ne nous éternisons pas, car le programme de la journée est chargé.

Direction Aspendos ! Nous sommes équipés d'un guide de voyage, acheté à Paris. Malgré le fait que l'ami Turque rencontrée à Istanbul nous ait dit que son auteur était peu apprécié en Turquie même, les informations incluses font leur boulot, et nous indiquent des endroits sympas où nous arrêter. Ainsi, sur le chemin, nous faisons un tout petit crochet pour aller observer un pont Seldjouke au-dessus de la rivière Köprüçay. Bâti sur les fondations d'un pont romain, le pont actuel a plus de 700 ans. Il est en zigzag car les fondations romaines auraient été décalées par le courant.

Nous reprenons la route et arrivons peu de temps après à Aspendos, dont l'intérêt principal est un théâtre romain. Comme beaucoup de colonies grecques de la région, elle a d'abord été indépendante, puis est tombé sous le joug d'Alexandre le Grand lors de son passage en Asie mineure. Puis, les romains prendront le relai avant que la ville ne soit abandonnée au moment des invasions arabes au VIIème et VIIIème siècles.

Cela diffère beaucoup du profil des ruines antiques trouvées en Europe de l'Ouest. En France, par example, les villes romaines telles que Massilia, Lugdunum ou Lutecia n'ont pas été abandonnées, mais plutôt modifiées, changées par deux millénaires d'occupations successives par des civilisations différentes pour donner Marseille, Lyon et Paris. Dans nos contrées, quand un bâtiment n'était plus utilisé, il était détruit et les pierres qui le composaient été réutilisées ailleurs. En Asie mineure en revanche, les pierres sont toutes restées, ce qui créé une abondance de sites d'une richesse extraordinaire, à peine explorés.

Ainsi, à Aspendos, la ville en elle-même n'est pas vraiment visitable, car les archéologues ne sont pas encore passés par là. En revanche, son théâtre a été restauré au XIIIème siècle par un sultan pour en faire une résidence secondaire ! Ce qui donne le théâtre antique le mieux conservé que j'aie eu l'occasion de voir.

Contrairement à celui d'Orange, qui a été restauré récemment, et offre tout le "confort" moderne lors de spectacles tous les étés, celui-ci respire encore l'authenticité. L'immensité du lieu est surprenante. Les marches menant vers le haut des gradins sont irrégulières et un peu casse-gueule... Mais la vue d'en haut est magnifique. De plus, la gallerie située tout en haut est très appréciable : un peu d'ombre bienvenue.

Vraiment incroyable. Nous nous apprêtons à partir quand nous réalisons qu'un petit sentier mène vers le haut de la colline à laquelle le théâtre est adossé. Nous entamons donc l'ascension des quelques dizaines de mètres sous une chaleur accablante. Ma soeur fera d'ailleurs un tout petit malaise. Assuré qu'elle va bien, après avoir bu un peu d'eau, je la laisse se reposer à l'ombre et poursuis tant bien que mal. Et cela en a valu la peine : la vue d'en haut est à couper le souffle :

On aperçoit également les restes en friche de nombreux autres bâtiments : un stade, une agora, une basilique... Sans aucun doute de bien belles choses, mais comme dit plus haut, non visitables car non excavées. Dommage. Je me ballade quelques minutes sur des sentiers de gravier au milieu d'ébauches de murs et de bâtiments avant d'amorcer la descente.

En chemin vers la voiture, une scène marrante, montrant un peu l'envers du décor. Les acteurs aussi souffrent de la chaleur.

Ravis par ce que nous avons vu, nous repartons toujours vers l'Ouest, direction Pergé. La ville est vieille de 3 millénaires ! L'une des villes majeures de la région pendant de longs siècles, elle s'est développée grace à son port fluvial, à 17km de la côte, et donc à l'abri des attaques des pirates. Comme Aspendos, elle sera abandonnée, mais à la différence de sa voisine ce ne sont pas les arabes qui chasseront les habitants, ce sera plutôt le fleuve devenu non-navigable qui les poussera à trouver des contrées plus accueillantes.

Le long de la route qui mène au parking se trouve un stade géant, fort de ses 12.000 places. En relativement bon état de conservation, sa taille indique l'importance de la cité à l'époque romaine. Il doit faire dans les 200m de long...

La ville de Perge elle même est une visite géniale ! On se ballade en complète liberté au milieu des ruines. L'agora est gigantesque, la quantité de colonnes relevées un peu partout donnent l'impression de faire un saut dans le passé. Nous errons pendant plus d'une heure dans la ville, entourée d'une enceinte plusieurs fois restaurée au cours de la vie de la cité. On distingue très bien les anciens bâtiments, et des panneaux explicatifs décrivent leur fonction : les thermes, les boutiques, les habitations...

Ce qui rend l'endroit si magique à mes yeux, c'est que l'on voit à quel point la nature a repris ses droits. La cité a été recouverte d'une dense végétation, même par des champs de maïs sauvages. Dans les zones non fouillées, les pierres sont à moitié recouvertes de terre, d'herbes sauvages et autres arbustes. L'ambiance est quasi-indéscriptible. Je me suis même pris à philosopher sur le passage du temps, l'Histoire, et "on est bien peu de choses, n'est-ce pas Madame Michel !"

On observe sur le plan suivant que la ville (en gros 400m de haut sur 500m de large) est encore quasiment entièrement recouverte de végétation. Seuls le quartier de l'agora et des thermes (au Sud), la rue principale et ses boutiques, un quartier d'habitation à l'Est et la muraille Ouest ont été fouillés. Imaginez qu'un jour la ville entière soit mise à nu ! Quelle vision ce serait. Parallèlement, l'ambiance actuelle est si spéciale que l'on risque de perdre ça si la végétation disparaît...

Nous sommes décidémment enchantés d'avoir visité ces sites. Pour une première journée de visite, on en a pris plein les yeux ! Nous commençons même à nous habituer à la chaleur extrême (40 degrés largement dépassés au soleil) qui participe à l'expérience.

Sur la route du retour, nous faisons une dernière étape de 15 minutes dans un petit coin de paradis sur terre. Un sous-bois avec une petite cascade : il fait 15 degrés de moins qu'au soleil, le choc thermique est puissant. Mais les jeux de lumières, les couleurs, les bruits sourds sont charmants.

Une journée très remplie qui laisse augurer du meilleur pour les jours qui viennent. Une fois n'étant pas coutume, nous nous écroulons de fatigue le soir, après un dîner excellent dans un petit restaurant du centre d'Antalya. Demain, programme chargé !

           La Turquie - De l'antiquité à la modernité   -   Etape 4: Phaselis, Myra (Jour 8)            
 
 
                                                                             *    *
                                                                                *
 
Nous avons pris le parti pendant ce roadtrip d'adopter un rythme de vie très sain : couché tôt, levé tôt. Plusieurs raisons à cela. Premièrement, le matin, il fait plus frais, ce qui fait qu'on est moins fatigué le soir venu. Ensuite, cela donne un peu de temps pour voir venir en fin de journée si l'on a pris du retard. Enfin, nous apprécions le fait de pouvoir trainer le soir dans la ville étape, prendre le temps de dîner et découvrir les lieux alors que le soleil se couche.

Nous décollons donc de l'hostel d'Antalya vers 8h en cette superbe matinée, en direction de l'Ouest. Nous allons suivre la côte pour rejoindre Fethiye.

Départ : Antalya
Point B : Phaselis
Point C : Myre
Arrivée : Fethiye
Google Maps : 300 km - 5h30

La sortie d'Antalya est un peu pénible, heure de pointe oblige. Mais assez vite, on se trouve sur une voie rapide qui traverse les montagnes. Un peu de monde, mais tout à fait supportable. Nous rallions Phaselis rapidement, en un seul trajet.

Phaselis est située sur une presqu'île, entourée à l'Est, au Sud et à l'Ouest par la Méditerranée. Ville portuaire d'importance, son histoire reflète bien l'Histoire de la région : depuis sa naissance, elle a été la propriété des empires et royaumes suivants :

• Fondée par une colonie Rhodienne au VIIème siècle av. JC,
• Dominée par l'empire Perse un siècle plus tard,
• Passée sous domination Athénienne au siècle suivant,
• Conquise par Alexandre le Grand lors de son passage au siècle suivant,
• Ballotée entre les règnes successifs des Lagides, des Séleucides et des Rhodiens jusqu'en -190,
• Adossée à la Confédération Lycienne en -150,
• Rattachée à l'Empire Romain,
• Prise par les Seldjoukes au XIIème siècle.

Sa situation sur cette presqu'île au bord de la Méditerranée lui a permis de survivre plus tard que les autres villes abandonnées que nous avons vues. A notre arrivée, nous remarquons immédiatement un aqueduc construit par les romains. Une ambiance étrange : très boisé, frais car en bord de mer, quelques rares bourrasques viennent nous décoiffer.

Alors que nous progressons vers le bout de la presqu'île, les pierres commencent à apparaître, enchevétrées dans des racines d'arbres, certaines recouvertes de ronces ou autres plantes grimpantes. Cette symbiose entre nature et constructions humaines est ici encore plus frappante que la veille à Pergé. C'est carrément une fôret qui a poussé sur les ruines. Alors que la ville n'est abandonnée "que" depuis au plus 8 siècles, on se croirait par moment dans une forêt millénaire.

Nous arrivons alors dans la Grand-rue de la ville antique. C'est tout bonnement superbe. Les jeux d'ombre sur les pierres blanches, les branches basses des pins qui viennent nous caresser le dessus du crâne, tout semble si poétique. Ou plutôt féérique. C'est vraiment le mot qui convient. On pourrait être dans un livre d'aventure ou participer à une chasse au trésor.

Les habitations qui bordent cette rue ont été remises debout par les archéologues qui ont fait un superbe travail : donner une impression de vie à des pierres abandonnées depuis si longtemps. La visite dans son ensemble est particulièrement vivante, puisque nous profitons de la liberté offerte sur la plupart des ruines que nous avons vues en Asie mineure : pas de barrières, pas de lignes à suivre et en général pas d'interdictions d'accès. Cela changera peut-être si le tourisme se développe vraiment, mais pour l'instant, cela permet des visites passionantes. Nous avons par ailleurs été agréablement étonnés de la quasi-absence de vandalisme, du type "Jenifer + Kevin = love" gravé sur les pierres.

Je disais donc, avant d'être grossièrement interrompu par moi-même ( ), que les habitations sont dans un état de conservation remarquable, et que, déambulant entre les murs, franchissant les portes, parcourant les jardins, nous allons de surprise en surprise.

La photo suivante est particulièrement intéressante : on observe que les bâtisseurs de cette maison connaissaient les principes d'isolation par rapport au sol. Les piles de pierres plates disposées au sol servaient sans doute à poser le parquet. De plus, le bas du mur de gauche est garni de deux trous rectangulaires à la même hauteur, ce qui laisse penser que des poutres venaient s'y encastrer.
Cours d'architecture antique avec les meilleures illustrations imaginables !

La ville a également été un siège culturel relativement important, d'où la présence d'un théâtre antique. Il est bien moins impressionnant que celui d'Aspendos, mais il possède énormément de charme, au milieu des arbres. Les gradins tournent le dos à la mer et regardent plein Nord, avec les montagnes en ligne de mire. Prodigieux.

Une nouvelle expérience qui nous ravit ! Pour l'instant, c'est presque du 100% qualité sur les visites effectuées, avec simplement Side qui était un peu décevante. Nous quittons Phaselis à regret. Nous aurions apprécié y passer plus de temps, mais un car de voyage et un bateau de croisière pleins à craquer font leur apparition presque simultanément, déversant un flot apparemment intarissable de touristes bruyants et laids (oui, le touriste qui porte un bermuda orange, un T-shirt sale, des chaussettes dans ses claquettes, qui pèse 150 kilos et ne se préoccupe que de savoir si il y a un marchand de glace...). Nous nous félicitons d'être venus tôt.

Nous reprenons la route vers l'Ouest. Cette côte est superbe. Les montagnes viennent directement jeter leur masse dans une eau azurée ! Des criques, des bassins, des bancs de sable blanc : la route est très agréable. Elle suit les contours de ces monts, tournicote entre vert et bleu. Conduire est un réel plaisir, car à chaque fois que l'on contourne un mont, le paysage alors révelé est enchanteur.

Nous arrivons à Myre vers l'heure du déjeuner. Nous prenons notre casse-croûte dans la voiture, faute d'endroits réservés au pic-nic. Nous sommes rejoints par de beaux spécimens en liberté : je remplacerais volontiers mon pauvre sandwich au thon par un peu de cet animal !

Place ensuite à la visite de Myre, ville d'origine de Saint Nicolas. Oui, le même que celui du 6 décembre ! Par je ne sais quel miracle, des reliques de ce personage sont arrivées dans le Nord-Est de la France, et la tradition est née.

Toujours est-il que Saint Nicolas y a vécu au IVème siècle, pas loin de 1000 ans après la naissance de la ville. C'est de cette époque que date la nécropole qui fait la célébrité de Myre : des tombeaux à flanc de montagne, certains creusés dans la roche. Nous approchons, et les tombeaux sont visibles de loin. C'est impressionnant.

De plus près, on s'aperçoit que le travail est vraiment remarquable : fenêtres, colonnes, frontons sont dessinés à même la roche. Le résultat est saisissant. La montagne paraît pourtant d'une solidité à toute épreuve. Nous passons pas mal de temps le nez en l'air, à observer les détails sculpturaux. On nous expliquera plus tard que quasiment toutes ces tombes ont été pillées à diverses époques.

Pour ne rien gacher, juste à droite de cette façade de montagne, on peut assister au spectacle suivant : un théâtre romain juste devant la montagne. L'ensemble dégage une impression de force énorme, la force de la nature associée à la force des pierres, ou comment l'Homme réussit à prendre ce qu'il y a de mieux dans la nature pour le faire sien.

D'ailleurs, on peut constater que la nature cherche à tout prix, ici aussi, à reprendre ce qui lui revient de droit.

Le temps a en effet fait son oeuvre sur le monument. Les marches et les gradins sont émoussés, lassées par l'érosion. Les colonnes sont tombées, certaines voutes des galleries faisant le tour du théâtre me paraissent plus que branlantes... Le théâtre n'est plus utilisé, et il n'y a sûrement que peu de fonds disponibles pour le rénover. Un trésor architectural qui ne reçoit pas le traitement qu'il devrait, pour la simple et bonne raison qu'il y en a beaucoup de bien plus beaux et plus accessibles ailleurs en Asie mineure. Il règne une certaine atmosphère de décrépitude, qui est tout de même originale pour nous.

Nous restons encore un peu, à nous imprégner du lieu. Nous finissons par reprendre la route, direction Fethiye, ville étape pour la soirée. Les paysages traversés sont superbes, que ce soit la côte que nous longeons sur quelques dizaines de kilomètres, ou l'intérieur des terres plus tard lorsque nous remontons vers le Nord.

D'ailleurs, la conduite est vraiment plaisante : la route en bord de mer est sincèrement la plus belle route sur laquelle j'aie jamais conduit. Des lacets, des lignes droites, ça monte et ça descend. Un plaisir fou, avec un petit regret : ne pas avoir quelques chevaux de plus sous le capot.

Les villes traversées ont un profil différent aussi. Le pays est montagneux, et les communautés urbaines s'accrochent tant bien que mal le long des pentes. Ces mêmes pentes qui sont fendues horizontalement par la route que nous suivons. Un paysage envoutant, malgré les quelques fous du volant qui ne manquent pas de nous faire une ou deux petites frayeurs.

Nous arrivons enfin à Fethiye, grosse station balnéaire de la région. Nous suivons le GPS, qui fonctionne toujours par intermittence, et longeons la route portuaire sur plusieurs kilomètres. Notre hostel est un peu à l'écart du centre ville, mais avec vue sur la baie. Des bateaux en réparation lui font face. C'est charmant. Cela nous rappelle l'influence de la mer sur la culture turque.

L'hostel est super ! Très agréable, avec piscine dans laquelle nous allons faire un tour, et une terrasse avec vue sur le port pour le dîner. Et tout cela toujours pour des prix quasi-dérisoires (en moyenne, nous avons payé 60€ par nuit pour une chambre à deux lits).

Le dîner est délicieux, composé d'un ensemble de spécialités locales. Nous restons longtemps à discuter sur la terrasse, alors que se lèvent les étoiles. Il fait enfin bon. La soirée est parfaite. Une fin de journée à l'image du début du roadtrip : tout va bien !

Magnifique CR sur la Turquie, plus beau pays du monde (Je dis pas ca parce que je suis Turc hein...)
 
Bon sinon, je fais ce voyage: http://www.lesvoyagesdejosephine.f [...] -americain les 2 dernières semaines d'octobre.
J'ai déja lu pas mal de CR sur l'ouest US, mais si vous avez des conseils sur les trucs à faire, ne pas faire, d'apres le parcours qui est défini, n'hésitez pas!
 
Sinon, niveau climat, j’emmène quoi dans ma valise?
J'ai cru comprendre que ca varie pas mal, selon LA, Las Vegas, SF...

 
Tu peux vite avoir froid dans l'utah, dans le yosemite, ou à SF. Donc un pull + une petite veste me semble le minimum.  
 
Un short pour Las Vegas et les endroits où il fait chaud, et voilà
 
Sur le parcours, il est tendu, ça laisse pas énormément de temps pour visiter chaque site. Mon principal conseil : sur tous les sites naturels, y aller soit tôt le matin soit au coucher du soleil, ça vaut toujours le coup.

+1.. l'an dernier à Bryce on avait eu 0°C pil-poil (en tente ). Pas si surprenant, c'est +/- à 2000m d'altitude en fait (de mémoire)..

edit : en pleine nuit hein , de jour il faisait bien 30°C

            La Turquie - De l'antiquité à la modernité   -   Etape 5: Aphrodisias (Jour 9)              
   
 
                                                                             *    *  
                                                                                *  

Aujourd'hui, nous nous levons à nouveau tôt. L'hostel était pas mal du tout, et c'est avec regret que nous quittons nos lits. Beaucoup de route au programme aujourd'hui : nous quittons la côte pour embrayer plein Nord. Il y a en effet deux endroits majeurs que nous souhaitons visiter à léintérieur des terres : Aphrodisias aujourd'hui, et Pamukkale demain. Le programme, donc :

Départ : Fethiye
Point B : Aphrodisias
Arrivée : Pamukkale
Google Maps : 300 km - 6h15

Notre parcours passe une nouvelle fois par la montagne. La Turquie intérieure est vraiment très accidentée, avec de nombreux cols, des plateaux immenses. On ne monte jamais très haut, mais les dénivellés sont importants. La circulation est toujours périlleuse à certains moments.

Sur des routes de montagne, donc à visibilité souvent réduite, les dépassements sont vraiment faits à l'arrache. Un peu la loi du plus fort : le sens de circulation qui charrie le plus de véhicules est comme prioritaire, et peut donc souvent avoir la voie centrale, qui semble acceptée par tous, même dans les zones ou le marquage au sol est présent. En revanche, la tendance peut s'inverser très rapidement, et il faut toujours faire attention aux camions.

Plusieurs fois, nous avons doublé des camions avançant à 25 km/h dans une montée, avant que ces derniers ne nous dépassent dans la descente suivante, roulant à tombeaux ouverts, le pied sur l'accélérateur... Une nouvelle fois, cependant, nous traversons de magnifiques paysages, très sauvages pour la plupart, voir quasi-désertiques si l'on excepte les marchands ambulants qui vendent les fruits de leur travail sur les bas-côtés.

La saison des récoltes a d'ailleurs l'air de commencer, avec des paysans au travail par un soleil de plomb dans les champs qui s'étendent à perte de vue sur ces plateaux arides.

La route est longue, mais nous sommes maintenant habitués ! Des voyageurs aguerris, rompus aux plus longues étapes. Je me retrouve à vraiment apprécier ce rythme si particulier du roadtrip, fait de longues périodes de conduite silencieuse, du ronflement des pneux sur le goudron et du sifflement de l'air s'écoulant autour de la voiture. Les rencontres aux stations services qui jalonnent le parcours sont aussi souvent intéressantes, même si dans ces régions, nous ne pouvont pas échanger verbalement avec les locaux : très peu maîtrisent l'anglais.

Enfin, après une matinée entière de voyage, nous arrivons à Aphrodisias. Ville fondée à une époque inconnue par un peuple local, elle passe sous influence grecque au IIIème siècle av. JC. La divinité qui y règne en maîtresse est, comme le nom du lieu le laisse déviner, Aphrodite, déesse grecque de  l'Amour et des Plaisirs. La ville sera détruite au IVème siècle de notre ère par ... un séisme, comme beaucoup de villes de la région.

La première chose que l'on voit en approchant du site, ce sont les ruines d'une porte qui marquait la direction vers le temple d'Aphrodite. Toutes seules, posées sur une étendue d'herbe plate, elles paraîssent assez gigantesque, surtout lorsque l'on passe en dessous.

Les frontons sont finement sculptés, impressionnants de détails. La pierre blanche est éclatante, baignée de lumière.

Nous nous dirigeons ensuite vers le fameux temple d'Aphrodite, qui lui, en revanche est dans un sale état. Il ne reste plus qu'une douzaine des 40 colonnes qui le composaient naguère. Néanmoins, leurs dimensions donnent une bonne idée de la taille originelle du bâtiment. Il est toujours aussi poétique de déambuler tranquillement au milieu de ces colonnes, en escaladant quelques pierres, à la recherche des vestiges du passé.

Un peu à l'écart du reste des ruines, un sentier se dirige vers un petit promontoir avec un panneau explicatif. Curieux, nous marchons quelques centaines de mètres, et arrivons devant l'un des points de vue les plus saisissants du voyage : un stade antique datant du Iier siècle ap. JC. Mais nous avons déjà vu des stades, me direz-vous ? Oui, mais celui-là est gigantesque : 270 m de long, 60 m de large : un monstre.

Il est en très bon état de conservation, les galleries en haut des gradins sont encore présentes par endroit. Les dimensions sont difficiles à appréhender. Mais les arbustes qui poussent dans l'arène ont plutôt l'air de petits buissons. Nous descendons au milieu, faisons le tour. Je m'essaye même à une petite course sur ce sol jadis foulé par gladiateurs et athlètes. Des plantes sauvages sont en pleine floraison.

Après un certain temps, nous retournons dans les ruines de la ville même, et nous avons l'occasion d'observer des restes de maisons de l'époque. Nous admirons l'agencement des pièces. Incroyable à nouveau de voir que les restes ont été suffisamment bien conservés pour permettre aux archéologues de reconstituer le plan au sol d'une maison entière.

Beaucoup plus rare, il y a même des restes de décoration, sous la forme de carrelages, sur un sol quasiment plat. On observe également que des canalisations d'origine ont été exposées par les fouilles. Incroyable de penser que des peuples avaient une technologie dont ce sont passés les peuples Occidentaux pendant les nombreux siècles du Moyen-Âge.

Au centre du village, à côté de la double agora, il y avait un bassin, dont voici le bord.

Nous avons l'occasion de monter sur un léger promontoir au centre de la ville, ce qui permet d'observer qu'à nouveau, la végétation est très présente et les anciennes pierres s'y intègrent parfaitement.

Nous finissons notre visite du lieu par un théâtre et des thermes. Le théâtre est aussi en très bon état, notamment sa scène, composée d'une colonnade superbe. L'entrée des thermes est aussi impressionnante, avec une solennité importante : ce large couloir dallé encadré par ces colonnes est remarquable.

Nous finissons notre tour, qui aura duré pas loin de 3 heures. Les distances sont plus grandes entre les bâtiments, et la végétation plus dense que lors des visites précédentes, ce qui cause une durée de visite plus importante. Et puis nous ne nous sommes vraiment pas préssés, sachant que c'était notre seule visite de la journée. Nous reprenons donc la route, avec des rencontres insolites et de nouveaux cols à franchir, sur une route dont le goudron a l'air de fondre par endroit.

Nous arrivons à Pamukkale en fin d'après-midi, et il y a ici beaucoup de cars touristiques et beaucoup d'hôtels. Pammukale est une destination de choix pour beaucoup de tour operators. A cause de ça :

Mais j'en dirai plus au prochain épisode.
Nous prenons possession de notre chambre qui a vue sur la cour intérieure de l'hostel, profitons de la piscine et d'un excellent dîner en terrasse. Nous allons à nouveau nous coucher tôt, car demain le réveil est à 6 heures et le programme est chargé, tant niveau visites que niveau kilomètres.

CR superbe    

Superbe!
Le château de coton
Denizli, mes parents y vivent, je retrouve vraiment l'ambiance de la Turquie a travers ton CR, chapeau...

Merci.
Si je suis capable aussi de me souvenir à ce point de ce voyage, qui était il y a 2 ans, c'est parce que j'étais vraiment tombé sous le charme du pays !  
 
(et puis en plus, wikipedia aide bien pour les détails historiques... )

Vraiment superbe... ça prend un temps fou en plus.
 
J'adore les cartes    
 

 
C'est lequel ?
Lonely ?

Non, c'est pas lonely planet. De mémoire, c'est un bouquin qui ne fait pas partie d'une collection type lonely ou le routard...  
 
Pour les cartes, vive google earth intégré au navigateur !

             La Turquie - De l'antiquité à la modernité   -   Etape 6: Pamukkale, Philadelphie, Sardes (Jour 10)              
   
 
                                                                             *    *  
                                                                                *  
 
Déjà le 10ème jour du voyage, et nous avons déjà vu de très belles choses, avec pas mal de kilomètres au compteur. Et ce n'est pas vraiment la journée qui nous attend qui va nous permettre de nous reposer. Programme très chargé :

Départ : Pamukkale
Point B : Philadelphie
Point C : Sardes
Arrivée : Cesme
Google Maps : 320 km - 5h15

Nous avons décidé de dormir à Pamukkale même, afin d'être parmi les premiers sur les lieux, avec les premiers rayons du soleil. Nous nous levons donc tôt, et sommes dehors vers 7h, prêts à affronter la journée.

Le principal attrait de Pamukkale, c'est le "château de coton" : une formation géologique extraordinaire. De l'eau provenant de sources chaudes coule à flanc de montagne et dépose ce faisant du carbonate de calcium sur la pierre. Ce dernier durcit, et laisse un revêtement complètement blanc sur la pierre. Nous avons lu lors de nos recherches que le site est pris d'assaut par les visiteurs en été. C'est pourquoi nous avons voulu être là tôt, pour profiter du site dans le calme, avec plus d'espace. Cela a pour conséquence de nous offrir un spectacle sublime, arosé des premiers rayons timides du soleil.

L'ascension n'est pas très longue, elle consiste en une pente douce que je gravis pieds nus, de minces filets d'eau trouvent leur chemin vers la plaine entre mes doigts de pieds. Le flanc recouvert de blanc fait plus de 2.5 km de largeur sur 160m de haut. Après un large virage sur la gauche, nous apercevons les bassins calcaires si photogéniques de Pamukkale.

Le soleil est encore très bas dans le ciel, ce qui donne un jeu d'ombre fascinant. La montagne prend parfois des teintes bleutées qui rappellent certains glaciers, ou les versants éternellement ombragés des plus hautes montagnes.

Ces bassins sont fascinants. Nous restons un certain temps à les observer, avec leur forme si caractéristique. Le soleil finit tout de même par sortir au grand jour, ce qui donne des points de vue très surprenants.

La montagne blanche éclate sur ce fond aux couleurs plus minérales, terreuses. Même si les jeux d'ombre de plus tôt étaient intéressants à observer, la singularité du lieu frappe vraiment lorsque le soleil est de sortie et que l'on se rend compte de l'intensité de cette couleur blanche.

Vraiment une formation géologique hors norme, et surtout insoupçonnée dans les parages. Evidemment, elle ne s'est pas formée en quelques dizaines d'années. Elle était déjà là lors de l'installation des premiers hommes dans le coin, et une cité importante, Hiérapolis, y fut fondée au IIème siècle av. JC. Les habitants ont du être attirés par les sources chaudes, et la célèbre Cléopâtre viendra s'y baigner un peu plus tard.

La ville était située juste au-dessus de la montagne blanche, sur le large plateau qui domine la plaine environnante. Comme beaucoup de cités antiques des environs, elle sera détruite plusieurs fois par les tremblements de terre et les armées d'envahisseurs perses et Seldjoukes. Elle sera finalement abandonnée au XIVème siècle. Et comme beaucoup de cités des environs, elle est également en train d'être ramenée à la vie par des archéologues déjà au travail de bon matin.

Les expéditions archélogiques successives se sont principalement concentrées sur les bâtiments principaux, le théâtre, la piscine "sacrée", les bâtiments les plus proches du bord. Mais on aperçoit à perte de vue des traces minimes qui montrent que le site doit regorger de vestiges. Mon oeil vif maintenant habitué aux subtilités des ruines greco-romaines , je distingue au loin des traces au sol qui témoignent d'un riche passé, sans doute enfoui sous quelques bons centimètres de terre.

Au loin, là où le plateau s'élève un peu en s'approchant d'un relief un peu plus élevé, on observe également des ruines un peu plus conséquentes. La photo n'est pas très bonne car je dois me situer à environ 300-400m de l'escalier qu'on aperçoit. Cela montre une nouvelle fois l'étendue du travail qu'il reste à accomplir pour que le site entier soit exploré.

Le théâtre est moins beau que certains que nous avons vus auparavant, mais sa situation est vraiment privilégiée. Assis sur les marches émoussées, on peut voir la campagne s'étendre à des kilomètres. Il y a d'ailleurs aussi un certain nombre de ruines entre le théâtre et le bord du plateau.

Hiérapolis était culturellement importante, et on y a retrouvé de belles statues, des bas reliefs richement sculptés, quantité de pièces et d'objets de la vie courante.

Nous faisons le tour du propriétaire encore quelques instant, mais la chaleur et les visiteurs moins matinaux que nous arrivent. Nous passons par le musée du coin, très intéressant, et redescendons ensuite, en regardant bien où nous mettons les pieds, pour ne pas glisser sur une pierre humide ou se retrouver nez-à-nez avec ce genre de malotrus :

Comme à Phaselis en début de roadtrip, nous nous félicitons d'avoir fait l'effort de nous lever tôt pour éviter la foule, cela en valait largement la peine. Nous prenons la route tranquillement, direction plein Ouest, après avoir navigué plein Nord hier. Nous allons rejoindre la côte de la mer Egée. Dès les premiers kilomètres cependant, nous rencontrons un barrage inexpliqué accompagné d'une déviation. Nous suivons donc les panneaux, et passons par de minuscules chemins de terre qui ne sont pas faits pour nous rassurer.

Heureusement, pas d'incidents, et nous retrouvons des routes plus normales après une petite demi-heure de détour. Cela nous aura au moins permis de vraiment observer de près les techniques agricoles de la région, notamment l'irrigation. Nous faisons bon chemin, toujours dans une région assez montagneuse, et arrivons assez vite à Philadelphie.

La cité de l'amour fraternel, construite par un roi en l'honneur de son frère. Elle a peu d'intérêt au niveau des ruines grecques ou romaines. Son intérêt principal est qu'elle était le siège de l'une des 7 églises de l'Apocalypse. Ces 7 églises, terme entendu ici au sens de communautés chrétiennes aussi bien qu'au sens de lieux de culte, sont parmi les plus vieilles de l'Histoire de la Chrétienté. Elles se sont développées après les premiers voyages des apôtres en Asie mineure après la mort du Christ, pour répendre la parole de ce dernier.

Elles sont citées dans l'Apocalypse, dernier livre de la Bible, où le Christ aurait dicté à Saint Jean un message à destination de cette communauté :
"Puisque tu as gardé la consigne de mon endurance, moi aussi je te garderai du temps d'épreuve qui doit venir sur le monde entier pour éprouver les habitants de la terre"

Voici ce qui reste de l'église physique (la communauté chrétienne a disparu depuis des lustres) après les épreuves du temps et de l'Histoire :

Cocasse...
Mine de rien, il reste de nombreux vestiges sous forme de bas reliefs et de tablettes d'écriture.

La visite est très rapide, et l'endroit un peu décevant, nous ne nous éternisons pas. Cela permet de rattraper un peu du temps perdu sur la route ce matin. Nous déjeunons à la va-vite et filons sur Sardes, qui promet un peu plus de choses à voir.

Située sur la rivière (ça ne s'invente pas !) "Pactole", Sardes a été la capitale du royaume de Lydie, royaume majeur d'Asie mineure entre le VIème siècle av. JC et la conquête d'Alexandre le Grand 2 siècles plus tard. Ce royaume a eu un roi dont le nom est encore prononcé par tout le monde aujourd'hui : le fameux Crésus. Les Grecs y construiront l'un des plus vastes temples de l'époque : un temple dédié à Artemis, déesse de la chasse. Il aurait fait, à l'époque de son apogée, environ 100m de long.

Aujourd'hui, peu de restes de ce temple. Mais le cadre est superbe. On est dans une étroite vallée, de rondelettes collines s'élèvent à quelques pas des ruines, ce qui nous donne encore des paysages différents.

Tout de même, les quelques vestiges indiquent la taille proprement ahurissante que devait faire le lieu de culte. La comparaison à la taille humaine m'abasourdit quand ma soeur cherche à profiter de l'ombre de l'un des quelques piliers encore debout.

Il est curieux d'observer que ce temple est quasiment la seule ruine grecque ou romaine qui persiste à Sardes. Ou alors, comme ailleurs, le reste est encore caché, quelque part sous nos pieds ou derrière quelque arbre ou buisson.

Sardes était également l'une des 7 Eglises de l'Apocalypse. L'Apocalypse dit à son sujet : "Je connais tes façons d'agir, tu passes pour vivant mais tu es mort", symbolisant apparemment le confort et l'opulence de ses habitants. Une chapelle est toujours debout à Sardes, juste collée à l'un des côtés du temple. Elle est minuscule, mais ne manque pas de charme.

Le guide mentionne également les restes d'un gymnasium romain de l'autre côté de la rue qui traverse le village contemporain. Nous décidons d'aller voir. Ce qui nous attend est tout bonnement extraordinaire. Nous voyons un haut bâtiment approcher. Nous le contournons.

Le gymnasium a été construit par les romains lors de leur période d'influence à Sardes. Ce complexe de magasins, thermes et autres lieux de vie commune est un véritable centre commercial antique. Sa façade a été rénovée, et il faut s'éloigner un peu pour en obtenir une vue d'ensemble. C'est majestueux.

Une nouvelle fois, la comparaison avec la taille humaine est un bon moyen de se rendre compte de l'échelle massive de l'imposante structure.

Il a été utilisé pendant plusieurs siècles, même après le départ des romains, par les byzantins surtout. C'est une vision à laquelle nous ne attendions pas. Une belle surprise !

Alors que nous en finissons le tour, nous voyons une sorte de pont en métal qui enjambe un muret de plus d'un mètre de haut. Ne voyant pas d'interdiction explicite et se sentant l'âme d'explorateurs en herbe, nous l'empruntons et trouvons de l'autre côté un nouveau spectacle inespéré.

Il s'agit d'une synagogue juive. Lors de sa découverte, elle montra avec quasi-certitude que contrairement aux croyances des historiens de l'époque, juifs et chrétiens cohabitaient dans cette région sous l'empire romain. Le lieu est très calme, très carré, très organisé. D'éclatantes mosaïques au sol et des marbres colorés sur les murs contre-balancent son architecture assez épurée.

Décidemment, que de surprises dans cette ville de Sardes, qui a gardé des vestiges de beaucoup des peuples qui ont successivement régné dans la région. Nous reprenons la route à contre-coeur, car il ne nous reste maintenant que de la route avant la fin de journée, avec un gros obstacle : Izmir. Troisième ville du pays, nous devons la contourner par le Sud afin de continuer plein Ouest pour rejoindre Cesme, sur une presqu'île sur la mer Egée. Nous nous préparons au pire niveau circulation, surtout que nous y arrivons vers 18h.

Finalement, nous ne rencontrerons pas de difficulté majeure, et pourrons tracer tout droit sur une autoroute fraichement construite, la plus moderne que nous ayons empruntée en Turquie. On nous expliquera plus tard que beaucoup de diplomates et membres de l'OTAN travaillant à Izmir ont une maison de vacances du côté de Cesme... Cela explique peut-être partiellement cette modernité.

Cesme est une ville balnéaire riche, type St Tropez. Bateaux de luxe, magasins de luxe, tout le bazar. Comme nous y arrivons tôt, nous avons le temps de flaner en bord de mer, le long des jetées. Nous finissons par dîner dans un restaurant italien où nous sommes quasiment les seuls, soir de semaine oblige. Nous nous retrouvons à parler avec le patron et sa femme pendant presque tout le repas, super expérience, des gens adorables.

La fin de soirée est tranquille, direction l'hôtel alors que le soleil se couche tranquillement sur la mer Egée. Encore une belle journée.