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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
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10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°11568811
rahsaan
Posté le 19-05-2007 à 01:01:26  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

alcyon36 a écrit :

à propos de ce bouquin completement pourri, "Heidegger et l'intro du nazisme en philo", dont la publication et les eloges ds la presse et par certains universitaires de renom, me fait froid ds le dos...expression d'une terrible vacuité au sein de "l'intelligentsia" francaise.
Je sais que ca te saoule un chouya, tant la querelle n'en finira jamais..bla..bla...
Mais, avec ce bouquin c'est pas tant le cas Heidegger qui m'interresse, mais ce  que Faye et visiblezment d'autres considerent être une recherche valable, alors que son brûlot n'est qu'une pitauable expression de son incapacité à lire un texte de philo. Je n'ai aps lu ses travaux sur Descartes, ils sont peut être tres bon, je ne peux pas juger...mais en revanche ce bouquin est veritablement une honte.


 
Ah ok.  
 
Je lis un nouvel avis sur Heidegger et le nazisme, dans le dernier livre de Marcel Conche : Avec des si, journal étrange. L'auteur consacre un des chapitres à cette épineuse question. Citations à l'appui, il en conclut que H. a été moins nazi que hitlérophile. La nuance est subtile : il veut dire que H. voyait dans le Fuhrer une sorte d'incarnation de l'Etre, prêt à mener le Dasein du peuple allemand vers l'authenticité.  
Délire complet d'un professeur voyant l'Etre se dévoiler à lui, avec une petite moustache et la mèche en travers du front...  
Au passage, Conche écorche méchamment le livre de Faye : "un livre d'autant plus faux, si l'on peut dire, qu'il ne l'est pas toujours."
 
J'ai vu que Faye s'appuyait en partie sur un texte de H. d'après guerre dans lequel il est dit que dans les camps, les victimes ne pouvaient pas mourir en hommes, mais ne faisaient que décéder. H. veut dire que les camps privaient les hommes de leur humanité, qu'ils crevaient littéralement comme des bêtes : ils ne pouvaient mourir en homme, avec les rituels, le sens que l'on attache à la mort humaine. Ils décédaient. C'était une mort "biologique", un arrêt de vie, pas une mort humaine.  
Faye déforme le sens de ce texte pour faire comme si H. félicitait les nazis d'avoir réussi un tel exploit d'empêcher les victimes de mourir en hommes. Il s'agirait plutôt, de la part de H. , j'ai l'impression, d'un début de semblant d'esquisse d'amorce de repentir...

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 19-05-2007 à 01:02:14

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
mood
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Posté le 19-05-2007 à 01:01:26  profilanswer
 

n°11569109
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 01:33:17  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Tu me donnes l'occasion d'aborder un auteur dont on a encore peu parlé sur ce forum... Nietzsche. :) ( [:klemton] )
 
N. qui critique l'anarchisme par ex. , comme révolte des esclaves qui forment un troupeau qui prétend se passer de maître. Donc toute libération n'est pas bonne, non.  
Ensuite, ce n'est en effet pas la fausseté d'une idée qui peut lui enlever toute valeur. cf. l'Antéchrist : le prêtre peut mentir mais embellier la vie, par ex. avec le code de Manou. Ce que reproche N. au prêtre chrétien, ce n'est pas de mentir. C'est de mentir pour jeter l'opprobre sur la vie saine, ardente. Ne pas refuser une idée parce qu'elle est fausse, c'est dors et déjà se placer par delà bien et mal : dans une perspective où le Bien et le Vrai ne sont plus liés nécessairement. Il n'est ni possible ni souhaitable de se passer d'illusion pour vivre.  
 
J'espère avoir un peu répondu à ta demande. On voit facilement la différence avec le jeune Marx dénonçant le mensonge des idéologies et luttant pour l'affranchissement du prolétariat.  
 
Est-ce que tu peux me dire comment tu comprendre ce §38 du GS ? je ne suis pas sûr de bien le saisir.


déjà, merci comme d'hab, un jour faaudra k'on aille prendre un verre ensemble si ca te dit...
dc tout à fait ok sur tout les points!
pr laphorisme 38
si je me souviens bien, Feuerbach pose justement que ce n'est pas Dieu qui a crée l'homme, mais l'homme qui a crée Dieu (la celbre inversion sujet/predicat), et justement le jeune Marx dit bien "que le fondement de la critique irréligieuse est: c'est l'homme qui fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme". et plus loin il ajoute "la critique de la religion détruit les illusions de l'homme pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusion parvenu à l'âge de la raison, pour qu'il gravite autour de lui-même, c'est à dire de son soleil réel. La religion n'est que le soleil illusoire qui gravite autour de l'homme tant que l'homme ne gravite pas autour de lui-même"(Critique du droit pol hegelien)D'ailleurs il ecrira que "pour l'allemagne la critique de la religion est finie en substance"(contribution à la philo du droit de hegel) en se referant justement à Feuerbach...et il me semble , c'est pr ca qque le concept d'ideologie comme ce qui mérite en soi d'être critiqué, se fonde plus ou moin sur cet apport de Feuerbach.
Ds cet aph Nietzsche, selon moi, met en evidence tout son problème de l'ennoblissement de l'homme...tuer Dieu, admettons, mais est on à la mesure d'un tel acte? Le faity que l'on ait crée Dieu n'est pas un motif pour le nier, si on l'a crée c'est qu'on en avait besoin..dont acte!
Pour Feuerbach il sagit juste de réatribuer à l'homme les qualités que l'on attribut à Dieu, et hop c'est bon (pour Marx c'est plus compliqué, car quand on a fait ca, on a encore un homme aliéné ds la société)...Homo homini deus, et youpi pour  une philo anthropologik.
pour Nietzsche il me semble c'est plus compliqué: "Nous n'avons absolument plus aucun maître au dessus de nous; le vieux monde des valeurs est theologique_ il est renversé. Plus brièvement: il n'y a pas d'insistance superieure au-dessus de nous: dans la mesure où Dieu pourrait être, nous sommes maintenant nous-même Dieu...Nous DEVONS (c moi ki souligne) nous imputer les attributs que nous imputions à Dieu..."(FP, 1887-1888, 11[133]
Feuerbach fait surement parti des athés qui à côté du barge du §125 GS, ne sont pas en mesure de saisir ce qui s'est passé, qui ne saisissent pas l'evenement!
d'ailleurs le passage que j'ai cité de Marx où il dit "la critique de la religion détruit les illusions de l'homme pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusion parvenu à l'âge de la raison, pour qu'il gravite autour de lui-même, c'est à dire de son soleil réel. La religion n'est que le soleil illusoire qui gravite autour de l'homme tant que l'homme ne gravite pas autour de lui-même" me fait tout de suite penser à cette reponse de Nietzsche (etant entendu que Nietzsche n'a pas lu Marx) :
" Le tps vient où il nous faudra bien payer pour avoir été chretiens durant deux millenaires: nous perdrons le centre de gravité qui nous permettait de vivre"(FP XIII?11[148]
Qui sont justement les derniers hommes dont Nietzsche nous parle, si ce n'est cette Humanité centré sur elle-même, sur de son petit bonheur, mais qui est incapable de créer, de se surpasser, de viser le Surhumain
Saloperie nihiliste que cette religion de l'humanité;)
d'ailleurs c'est ce que dit notre bon ami Consantidinès
"Le surhumain incarne justement cette persistance d'une dimension "sacrée", malgré l'effacement definitif de tout horizon transcendant. (...)Il ne faut dc pas se tromper: la lutte contre l'alienation religieuse ne doit pas déboucher sur une "profanation" du monde réel, car la volonté d'en finir avec le sacré, que l'on donne à tort pour un progrès en liberté ou en maturité de l'humanité, n'est en réalité qu'un signe des temps, un symptôme de nihilisme" (in N et le tps des nihilisme, p.60)
 
je suis pas certain d'être bcp plus clair, dc si tu px me taquiner un peu nhesite pas;)

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 19-05-2007 à 02:01:51

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569169
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 01:39:47  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Ah ok.  
 
Je lis un nouvel avis sur Heidegger et le nazisme, dans le dernier livre de Marcel Conche : Avec des si, journal étrange. L'auteur consacre un des chapitres à cette épineuse question. Citations à l'appui, il en conclut que H. a été moins nazi que hitlérophile. La nuance est subtile : il veut dire que H. voyait dans le Fuhrer une sorte d'incarnation de l'Etre, prêt à mener le Dasein du peuple allemand vers l'authenticité.  
Délire complet d'un professeur voyant l'Etre se dévoiler à lui, avec une petite moustache et la mèche en travers du front...  
Au passage, Conche écorche méchamment le livre de Faye : "un livre d'autant plus faux, si l'on peut dire, qu'il ne l'est pas toujours."
 
J'ai vu que Faye s'appuyait en partie sur un texte de H. d'après guerre dans lequel il est dit que dans les camps, les victimes ne pouvaient pas mourir en hommes, mais ne faisaient que décéder. H. veut dire que les camps privaient les hommes de leur humanité, qu'ils crevaient littéralement comme des bêtes : ils ne pouvaient mourir en homme, avec les rituels, le sens que l'on attache à la mort humaine. Ils décédaient. C'était une mort "biologique", un arrêt de vie, pas une mort humaine.  
Faye déforme le sens de ce texte pour faire comme si H. félicitait les nazis d'avoir réussi un tel exploit d'empêcher les victimes de mourir en hommes. Il s'agirait plutôt, de la part de H. , j'ai l'impression, d'un début de semblant d'esquisse d'amorce de repentir...


 
bon c'est un peu long, et il manque l'intro et la conclusion, mais ca pourra ptet en aider certains... pour ce dont tu viens parler, lis surtout la 2eme parite, la premiere etant plutot une critique de la méthode de lecture de Faye.
 
 
 
 
 
Il semble que de tels témoignages de puissent pas être si facilement écartés par un geste de la main, et quant à notre lecture, ils nous ouvre la possibilité de lire Heidegger sans que la présupposition de nazisme ne s’impose comme principe de lecture. Mais qu’une telle possibilité « s’offre » à nous, ne signifie pas nécessairement que l’on doivent la saisir.  
En revanche, c’est bien la question que pose Mr. Faye et la manière dont il cherche à y répondre qui nous impose de ne pas rejeter les doutes sur le degré d’engagement d’Heidegger dans le nazisme. Car, en l’espèce, il s’agit bien d’un procès, avec son jugement et sa peine. Il s’agit bien de savoir si la pensée de Heidegger est de fond en comble vouée au nazisme et à sa légitimation et donc s’il n’est pas nécessaire, de toute urgence, de s’en prémunir :    
   
« Pour préserver l’avenir de la pensée philosophique, il est également indispensable de s’interroger sur la vraie nature de la Gesamtausgabe de Heidegger, avec les principes racistes, eugénistes et radicalement destructeurs pour l’existence et la raison humaine que ces écrits portent en eux. Un e telle œuvre ne peut pas continuer de figurer dans les bibliothèques de philosophie : elle a bien plutôt sa place dans les fonds de l’histoire du nazisme et de l’hitlérisme ».(p.513)  
   
C’est dire l’importance et le danger d’une telle démarche, si le verdict tombe contre Heidegger, son œuvre ne devra plus être étudié comme celle d’un philosophe_ et quel philosophe, mais à la seule lumière de son engagement. Ce procès, ou bien plutôt cette logique de chasse aux sorcières vise la mise à l’index de la pensée de Heidegger. Car ce n’est pas une petite chose que d’accuser quelqu’un de nazisme. Surtout que Faye ne dit pas seulement que Heidegger a été nazi de bout en bout, mais plus encore que sa pensée est le nazisme !  
Aussi, François Fedier a éminemment raison de rappeler une règle indispensable à la bonne tenue de tous procès, à savoir que :  
   
« le moindre soupçon légitime que l’on peut concevoir à l’encontre des « thèses » de l’accusation doit faire pencher la balance en faveur de l’accusé, et non de l’accusation ».(p.32)  
   
Ainsi, s’il est plus que légitime de poser la question des rapports de Heidegger avec le mouvement national-socialiste, nous devons le faire sans présupposer ce nazisme dans notre lecture, en tenant bon sur le respect de la « clause du doute raisonnable ».Ainsi, et c’est la démarche même de l’auteur qui nous l’impose, il nous faut rejeter de toutes nos forces ce mauvais procédé consistant à conditionner le lecteur avant la « révélation », à le placer ,avant toute lecture, dans une situation de choix entre un héroïque combat contre le mal incarné et la compromission avec « l’ignoble ». Aucune interprétation valable ne peut tenir et maintenir un lecteur sous la pression d’un tel chantage.  
A la lecture de ce livre, il est d’ailleurs étonnant (et effrayant) de voir jusqu’où son auteur est capable de pousser la présupposition de nazisme dans sa lectureÂ…à savoir jusqu’au ridicule. Le cas le plus significatif est ce merveilleux passage de la page 180, où Faye dévoile à son lecteur l’étendue de ses « qualités » d’interprète. Ce dernier, reprenant un passage où Heidegger tente d’expliciter l’hymne de Holderlin intitulé Le Rhin, n’hésite pas à voir dans un schéma dynamique rassemblant les termes principaux du poème (Geburt, Lichtstrahl, Not et Zucht) une interprétation « ésotérique de la gestation et du sens occulte de la croix gammée ».(p.180) (cf, Fedier 26-27)  
Une telle méthode de lecture ne peut pas ne pas faire penser à ce que nous disait Nietzsche de la mauvaise philologie, en l’espèce celle du christianisme s’appropriant « l’Ancien Testament » juif :  
   
«Il y eut alors une rage d’interprétation et d’interpolation qui ne pouvait certainement pas s’allier à la bonne conscience ; quelles que fussent les protestations des savants juifs, partout, dans l’Ancien Testament, il devait être question du Christ, et rien que du Christ, partout notamment de sa croix, et tous les passages où il était question de bois, de verge, d’échelle, de rameau, d’arbre, de saule, de bâton ne pouvaient être que des prophéties relatives aux bois de la croix : même l’érection de la licorne et du serpent d’airain, Moise lui-même avec ses bras étendus pour la prière, et les lances où rôtissait l’agneau pascal,_tout cela n’était que des allusions et, en quelque sorte, des préludes de la croix ! » (A,§84)  
   
A chacun sa croix ! Avec de telles méthodes, n’importe qui peut « lire » à peu près n’importe quoiÂ…D’ailleurs M. Faye assume parfaitement sa méthode de lecture indirecte. Il s’agit toujours, de mettre en rapport les textes de Heidegger avec ceux de différents idéologues nazis afin de mettre en exergue la nocivité de sa pensée. Aussi, c’est sans même, semble-t-il, réfléchir sur ce qu’une telle méthode est susceptible de mettre en lumière, qu’il énonce explicitement :  
   
« Nous avons étudié les écrits de personnalités jusqu’à laissées dans l’ombre telles que Erich que, Rudolph Stadelmann, Erik Wolf et Oskar Becker. Par les relations parfois extrêmement proches que leurs auteurs ont entretenues avec Heidegger, ces textes apportent des éclaircissements décisifs sur la dimension raciale qui se trouve au fondement des conceptions de ce dernier. En effet,lorsqu’on observe tout ce qui rattache entre eux, dès les années 1920, et sur fond de doctrine raciale articulée autour du concept de « monde environnant » (Umwelt) des auteurs comme Heidegger, que, Becker et Clauss, on comprend que l’oeuvre de Heidegger ne correspond nullement à une « philosophie » qui se serait formée avant de rencontrer sur sa route le nazisme, mais bien à une doctrine qui, dès ces années 1920,se fonde sur une conception de l’ « existence historique » et du « monde environnant » qui s’apparente à la doctrine raciale du national-socialisme, telle qu’elle essaime alors dans la vie intellectuelle, sous des formes en partie transposées et masquées. » (p.15,)  
   
« L’essentiel nous semble acquis à savoir qu’il ne sera désormais plus guère possible d’étudier les notions d’historicité et de tenue chez Heidegger sans évoquer les développements correspondants de que, ou d’analyser les notions de « monde ambiant » et d’ « être en commun » dans Etre et temps sans tenir compte des ouvrages de Clauss »(.p.53).  
   
« une certaine connaissance des écrits de Ludwig Clauss, d’Oskar Becker, et même d’Alfred Rosenberg , n’est donc pas inutile pour mieux réaliser  ce qui est véritablement en jeu chez Heidegger, à travers les notions d’âme et d’essence. Sans doute faudrait-il aller plus loin et procéder à des confrontations en profondeur entre les textes canoniques de ces différents doctrinaires du nazisme. Car ce n’est pas dans Kant ou dans Hegel que l’on trouvera la clef pour comprendre l’enjeu des commentaires heideggériens de Hölderlin, mais bien dans la comparaison avec les autres mythologues du nazisme. » (page 185).  
   
   
Quel est le problème que pose un tel procédé ? On voit bien que ce qu’il cherche avant tout c’est la contextualisation de la pensée de Heidegger. Il semble utile de rappeler que la contextualisation d’une œuvre philosophique, bien que pouvant être utile, n’en reste pas moins plutôt limitée, car tout l’enjeu est à chaque fois de pouvoir comprendre le sens de cette pensée en tenant compte de la structure spécifique de son questionnement. Chercher à contextualiser n’est donc certainement pas une faute en soi, surtout en ce qui concerne le cas HeideggerÂ… mais toutes les méthodes de contextualisations de se valent pas, car ce qui importe c’est de rapporter celles-ci à la démarche du commentateur. En l’espèce, la démarche de M. Faye étant d’établir la culpabilité de Heidegger, de montrer à quel point sa pensée est le nazisme, il faut bien comprendre qu’un tel procédé de lecture indirecte ne pourra jamais rien établir, le raisonnement étant circulaire. En fait, une telle contextualisation du texte  est entachée par la présupposition du nazisme de Heidegger. Car si nous tenons bon sur cette « clause du doute raisonnable », la contextualisation se doit d’être tout autre ; nous ne pouvons ni ne devons exclure l’hypothèse d’un Heidegger en opposition avec le nazisme, d’un penseur usant de ses « idéologèmes » pour les critiquer, les subvertirÂ…leur faire dire tout autres choses.(cf,L.Strauss, p.282) C’est justement une telle hypothèse, qui pourtant découle de la plus simple probité, que M.Faye et ses méthodes de lectures ne peuvent envisager. Répétons nous, que doit établir M. Faye ? Non pas qu’Heidegger utilise des termes d’autres nazis, ou que sa pensée serait contaminée par ses rapports à d’autres individus, mais bien que sa pensée, en elle-même et par elle-même, est le véhicule du nazisme ; ce qui impose tout sauf une lecture « indirecte ». Au risque d’être rébarbatif, sans toutefois viser l’exhaustivité, voici quelques exemples de ces arguments, qui juxtaposant deux éléments concluent à leur identité :  
   
*page18 : Heidegger « emploie » certains termes allemand, or ces termes sont utilisés par l’idéologie national-socialiste, donc la pensée de Heidegger exprime « les principes les plus extrêmes de l’hitlérisme et du nazisme ».  
   
*page 32 : le mot « elementare » est utilisé plusieurs fois par Heidegger dans Sein und Zeit, or ce terme est également utilisé par Alfred Beumler, donc Sein und Zeit est un livre raciste.  
   
*page 112 : Heidegger écrit dans une conférence de 1933 (en faveur du mouvement national-socialiste), que les allemands doivent se battrent « comme une race dure », or à la même année Ernst Forsthoff oppose la « race dure  en lutte contre [Â…]  la juiverie internationale », donc Heidegger en parlant de « race dure » pensait également à la « juiverie internationale ».  
   
*page 128 : Heidegger a écrit que « la structure de l’existence volkisch qui se forme dans le travail et comme travail, est l’Etat », or dans Mein Kampf, Hitler « affirmait que le travail créateur est et serait à jamais antisémite », donc Heidegger partageait cet antisémitisme.  
   
Page 184 : Heidegger, en commentant un hymne de Holderlin, insiste sur le terme Geburt(qui est un des termes centraux de cet hymne), or Rosenberg revient constamment sur le thème de la Wiedergeburt, donc Heidegger dit la même chose que Rosenberg.  
   
   
   
   
De tels arguments n’établissent rien, si ce n’est le doute du lecteur quant aux méthodes utilisées. Ce qu’il importe de retenir, c’est que, si la volonté de mettre à jour les rapports qu’entretient la pensée d’Heidegger avec le nazisme est légitime, elle ne pourra jamais rien établir de probant tant qu’elle se confinera à une lecture indirecte par contagion et contamination.  
Il s’agit pour nous à présent d’examiner plus en détail la thèse de M.Faye, et particulièrement ce fameux neuvième chapitre, où il entend établir, non seulement que Heidegger a justifié la sélection raciale, mais en plus que ce dernier  soutiendrait même après 1945, ce que M. Faye appelle, un « négationnisme ontologique ».  
   
   
   
   
   
   
   
   
Avant d’entamer véritablement notre lecture de ce neuvième chapitre, il est nécessaire d’apporter quelques précisions quant aux raisons qui nous poussèrent à choisir spécifiquement d’étudier ce passage. N’étant pas question pour nous de nier l’engagement de Heidegger, ce que nous voulons réfuter, c’est la thèse selon laquelle son œuvre serait vouée au nazisme et à sa légitimation dès avant 1933 et encore bien après 1945. Nous ne pensons pas nécessaire de nous attarder sur la « lecture » que M. Faye propose de Sein und Zeit ; parvenir à voir dans ce sommet de la pensée une inscription « dans les fondements même du national-socialisme » demeure pour nous une énigme. Comme l’affirme d’ailleurs M. Faye lui-même, et ce avec quelques arrières pensées, « à l’époque de son enseignement à Marbourg, Heidegger n’affiche pas ouvertement une position antisémite » (p.58)Â… aussi s’il s’agit de montrer le nazisme de Heidegger à cette époque ce ne peut être par la lecture de ses livres, mais seulement par celle des intellectuels qui l’auront « entouré ». Ensuite, et surtout, ce chapitre 9 est, selon les dires même de M. Faye, « une investigation en profondeur jusqu’au fond le plus noir de la doctrine de Heidegger »(p.399).  
   
Le chapitre commence par une citation tronquée de Heidegger posant « le principe de l’institution d’une sélection raciale est métaphysiquement nécessaire ». M. Faye va même plus loin, car selon lui, « au début des années 1940, l’un de ses thèmes les plus obsessionnels n’est autre que la froide légitimation de la sélection raciale, qu’il présente dans son fondement comme métaphysiquement nécessaire »(p.396). Et il s’agit de ne pas se leurrer sur les changements de Heidegger dans ses rapports au national-socialisme,    
   
« car, en réalité, la seule mutation importante du discours de Heidegger a eu lieu durant les années 1942-1949, et sa motivation est stratégique. Elle est esquissée alors que se profile la défaite du nazisme, puis elle se précise qu’il a dû faire face à l’échec du IIIème Reich, qui signifiait en même temps l’échec total de son œuvre qui en accompagnait le mouvement »(p.397).    
   
« En 1949, devant le public choisi du « club de Brême », il se risque, dans la conférence intitulée « Le Dis-positif »(Das Ge-stell), à propos des camps d’anéantissement et des chambres à gaz, à une affirmation d’un révisionnisme radical, qu’il se gardera de publier dans son édition des conférences de 1962. Et comme nous le verrons, il ira encore bien plus loin dans une autre conférence, rédigée au même moment mais publiée seulement en 1994, dans la Gesamtausgabe ».(p.397)*cf négationnisme ontologique  
   
   
Aussi, ce qu’il nous faudra principalement montrer, c’est d’une part le fait que Heidegger n’entend pas du tout légitimer la sélection raciale ou soutenir un quelconque « négationnisme ontologique », et d’autre part que la « mutation importante » de sa pensée face au nazisme a bien lieu avant 1942, et ne peut donc être considérée comme « stratégique ».  
   
   
   
La première sous partie se veut une lecture du cours de 1935 (publié en 1953*) intitulé Introduction à la métaphysique. Il faut voire la « lecture » que M. Faye en propose pour être en mesure d’apprécier les dégâts de son interprétation et sa manière de citer les textes. Dans ce texte, Heidegger tente de présenter, sur plus de 200 pages, la métaphysique à partir de la question de l’Etre. Déjà, il nous faut rejeter cette proposition de M. Faye selon laquelle :  
   
« dans la première partie du cours, Heidegger réduit la question directrice de la « métaphysique » à la « question de l’être ». Celle-ci est entendue en un sens qui ne relève plus, de près ou de loin, de la vrai philosophie, laquelle concerne tout être humain et ne saurait donc être confisquée au profit d’un peuple ou d’une « race » »(p.403).    
   
Visiblement M. Faye se pose comme le dépositaire et le garant de la « vrai » philosophie. Pourtant Heidegger n’a jamais dit que cette « question de l’être » ne concernait pas l’homme en général, au contraire, une lecture attentive de Sein und Zeit montre bien qu’il est question de l’homme en général.  
   
« Le traité de l’Etre et temps entreprend, sur le fondement de la question concernant non plus la vérité de l’étant mais la vérité de l’Etre, de déterminer l’essence de l’homme à partir de son rapport à l’être et rien qu’à partir de ce rapport, laquelle essence de l’homme dans ce traité est définie en un sens rigoureusement délimité en tant qu’être-là »(N,II,p.155)  
   
Ensuite, M. Faye n’hésite pas affirmer, qu’il faut « considérer, comme il le laissera entendre dans une lettre à Die Zeit de septembre 1953, que le cours de 1935 sur l’Introduction à la métaphysique est tout entier conçu pour conduire l’auditeur jusqu’à l’éloge final de ce qu’il n’hésite pas à nommer « la vérité interne et la grandeur du mouvement » national-socialiste »(p.401). Après une telle affirmation on ne peut qu’être sceptique. M. Faye nous présente d’abord un Heidegger cherchant stratégiquement, dès avant la sortie de la guerre, à se poser comme opposant au nazisme, pour affirmer par la suite que dès 1953, ce dernier se permet de laisser entendre qu’un de ses cours était « tout entier conçu pour conduire l’auditeur à l’éloge final » du mouvement national-socialisteÂ… que cela soit dit une foi pour toute, à en croire M. Faye, Heidegger, en plus de ne pas être un philosophe, est un crétin. Soyons sérieux quelques instants, quand Heidegger dit dans sa lettre au Zeit qu’il « est convaincu que le cours supporte de fond en comble les phrases évoquées », il s’agit pour lui de dire, non pas que le cours tout entier vise cet éloge, mais que de telles phrases n’entachent en rien le contenu même de ce cours.*  
Par la suite, M. Faye cite ce passage du cours sur l’Etat, où il est dit « un Etat_il est. En quoi consiste  son être ? En ce que la police d’Etat arrête un suspect. »(p.403) Pour tout lecteur, une telle citation fait froid dans le dos, on y voit un Heidegger légitimant la Gestapo et l’Etat hitlérienÂ… enfin c’est ce que M. Faye voudrait nous faire croire, car si l’on se rapporte au texte même du cours on y lit tout autre chose. En fait, cette citation se situe dans un ensemble d’exemples (sur la craie, la motocyclette, le coq de bruyère, l’orage, la montagne, le portail d’une église romane, l’Etat et le tableau de Van Gogh) où Heidegger cherche à montrer à son auditeur que même si nous disons de toutes ces choses qu’elles sont, nous ne sommes pas en mesure de savoir où est leur être. « Tout ce que nous avons nommé est pourtant, et néanmoins, lorsque nous voulons saisir l’être, c’est toujours comme si nous refermions la main sur le vide »(Intro,p.47) D’ailleurs, il nous semble judicieux de citer en entier cet exemple sur l’être de l’Etat pour bien mettre en évidence qu’il ne s’agit en aucun cas pour Heidegger de le légitimer.    
   
« Un Etat_ il est. En quoi consiste son être ? En ceci que la police d’Etat arrête un suspect, ou en ce que, à la chancellerie il y a tant et tant de machines à écrire en action, qui prennent ce que leur dictent des secrétaires d’Etat ? Ou bien est-il dans l’entretien du Führer avec le ministre anglais des Affaires étrangères ? L’état est. Mais où se cache l’être ? Se cache-t-il d’ailleurs où que ce soit ? »(intro,p.46)  
   
Enfin, malgré ce que laisser entendre M. Faye, quand Heidegger décide de renoncer au terme d’ontologie, ce n’est pas pour faire de l’histoire, ce n’est pas pour s’occuper de « l’existence historique de l’homme », tout au contraire le propos d’Heidegger est de montrer que c’est l’histoire qui doit être pensé dans l’horizon de l’être, loin de confondre « l’existence historique de l’homme et le « nous » du seul peuple germanique réuni sous la Fuhrung hitlérienne »(p.404). Comme le laisse entendre Heidegger dans ce même cours :    
   
« si cette situation tenait à ce qui, depuis l’origine, est en marche à travers toute la provenance de l’Occident, à un évènement que tous les yeux de tous les historiens n’arriveront pas à percevoir, et qui pourtant pro-vient autrefois, aujourd’hui et dans l’avenir ? Que diriez vous si les choses étaient telles que l’homme, que les peuples, dans leurs plus grandes affaires et machinations, aient bien une relation à l’étant, et cependant, soient tombés depuis longtemps hors de l’être sans le savoir, et que cela même soit la raison la plus intérieure et la plus puissante de leur décadence ? »(intro,p.48)  *nous soulignons  
   
On est loin de trouver dans ce cours une « introduction du nazisme dans la métaphysique », mais bien toujours le même cheminement de la pensée de Heidegger sur ce qu’est la métaphysique. Attardons nous quelques instants sur ce point. Quand M. Faye nous dit que  
   
« cette perversion heideggérienne dans l’usage du mot « métaphysique » atteint un degré tel qu’il va jusqu’à présenter, en juin 1940, la « motorisation de la Wehrmacht » comme « un acte métaphysique » ! C’est pourquoi il est aujourd’hui essentiel de prendre conscience que ce dont nous parle Heidegger sous le nom de « métaphysique » est sans rapport avec la vraie métaphysique ou philosophie première, science des principes et des causes, telle qu’on la voit à l’œuvre chez les philosophes aussi différents qu’Aristote ou Descartes ».(p.407)  
   
Ce point est extrêmement important, car c’est là que se joue tout le contresens qui guide la lecture de M. Faye et l’empêche de comprendre ce qu’il cherche à commenter. En effet, Heidegger a conféré un sens particulier au terme de « métaphysique », il entend par là la pensée qui depuis le geste platonicien se fonde, à son insu, sur l’oubli du sens de l’être, pour ne se pré-occuper que de l’étantité de l’étant, bref une pensée qui se fonde sur l’occultation de ce qu’il appelle la différence ontologique, différence entre l’Etre et l’étant. Or, nul ne peut ignorer que depuis Sein und Zeit(*et même avant), sans oublier Qu’est ce que la métaphysique, ou encore Comment dépasser la métaphysique, Heidegger tente avec plus ou moins de réussite à se départir de cette pensée oublieuse du sens de l'être. Afin de faciliter par la suite la mise en exergue du contresens que la lecture de M. Faye véhicule, citons ce passage récapitulatif, où Heidegger conclut le chapitre de son Nietzsche II, intitulé Le nihilisme européen :  
   
« Depuis le jour où Platon interpréta la propriété d’être de l’étant en tant qu’idea jusqu’à l’époque où Nietzsche détermine l’Etre en tant que valeur, donc tout au long de l’histoire de la métaphysique, l’Etre se voit sauvegardé sans discussion en tant que l’a priori par rapport auquel l’homme se comporte en tant que nature raisonnable. Parce que la relation à l’’Etre pour ainsi dire a disparu dans l’indifférence, la distinction de l’Etre et de l’étant ne saurait non plus devenir problématique [soit »digne de question »] pour la métaphysique. [Â…] La référence à des « idées » et à des « valeurs » et l’établissement de celles-ci constitue l’instrument le plus courant et le plus compréhensible de l’interprétation du monde et de la conduite de la vie. Cette indifférence à l’égard de l’Etre, au sein de la suprême passion pour l’étant témoigne du caractère absolument métaphysique de l’époque. La conséquence essentielle de cet état de choses se montre en ce que les décisions historiales se sont désormais sciemment, volontairement et intégralement transférées hors des districts séparés des anciennes activités de la culture_politique, science, art, société_ dans le domaine de la « conception du monde ». La « conception du monde » est cette structure de la métaphysique moderne qui devient inévitable dès lors que l’achèvement de la métaphysique débute dans l’inconditionnel. [Â…] Cet accouplement de l’idée avec la valeur a fait disparaître dans l’essence de l’idée le caractère de l’Etre et de sa distinction par rapport à l’étant. [Â…] La puissance de la « conception du monde »  s’est désormais emparée de l’essence de la métaphysique. Ce qui veut dire : Ce qui est particulier à toute métaphysique, à savoir que la distinction de l’Etre et de l’étant qui la porte, lui demeure par essence et nécessairement indifférente et « sans question », désormais devient ce qui caractérise la métaphysique en tant que « conception du monde ». Ici se trouve la raison de ce que, à partir du moment où l’achèvement de la métaphysique commence, la souveraineté intégrale et inconditionnelle sur l’étant peut enfin se développer sans plus rien qui vienne la déranger ou la confondre. »(N II,p.201-203)  
   
On reproche souvent à Heidegger son obscurité. Même s’il est vrai qu’il use, et à dessein, d’une terminologie déroutante à certains égards, ce texte dit clairement ce qu’il en est, pour Heidegger, de la « métaphysique ». On peut ne pas être d’accord avec sa lecture de l’histoire de la philosophie, mais on ne peut lui faire dire le contraire de ce qu’il dit. Cette « métaphysique » que Heidegger met en rapport avec le nihilisme européen, oublieuse du sens de l’Etre, ne peut être présentée comme ce que veut ou préconise Heidegger, tout au contraire. Ce texte nous permet également de mettre en lumière la critique d’Heidegger à propos des « conceptions du monde », n’en déplaise à M. Faye.  
Si la « motorisation de la Wehrmacht » est présentée comme un « acte métaphysique », cela ne revient pas l’approuver, mais à constater et décrire notre époque contemporaine, celle de l’achèvement de la métaphysique,  où la métaphysique de la subjectivité devient « subjectivité inconditionnée de la volonté de puissance », époque du déferlement de la Technique visant la domination de la totalité de l’étant. Nous pouvons à présent poursuivre notre lecture.  
   
   
L’interprétation de Descartes et de la métaphysique lors de l’invasion de la France  
   
Dans ce passage il est question de l’interprétation de Descartes et de sa métaphysique qu’Heidegger propose dans son Nietzsche. Pendant les premières pages, M. Faye critique cette interprétation de Descartes et entend démontrer qu’elle ne se fonde sur rien. N’étant pas, comme M. Faye, un spécialiste de Descartes, il n’est pas question pour nous de contester son interprétation.(*citation de jf-Marquet) De toute façon, en l’espèce, il n’est pas question pour nous de défendre en quoi que ce soit la « véracité » des thèses de Heidegger sur Descartes, Aristote ou n’importe quel autre philosophe.  
En revanche, M. Faye en « résumant » le propos de Heidegger va  fournir de l’eau à notre moulin :  
   
« Cette conception de l’ »histoire de la métaphysique » moderne comme histoire de la subjectivité, où s’égrènent dans une continuité « destinale » implacable les noms de Descartes, Hegel et Nietzsche, a été répétée à l’envi par maints commentateurs depuis la publication du Nietzsche de 1961. Cependant, il ne semble pas que l’on se soit sérieusement demandé comment Heidegger pouvait passer ainsi de la mens cartésienne à la Macht nietzschéenne. Rien ne permet en effet de traduire en termes de puissance l’esprit humain tel qu’il prend conscience de soi dans les Méditations ».(p.435)  
   
Admettons, comme le veut M. Faye, que ce passage de Descartes à Nietzsche ne se fonde sur rien. On peut toutefois remarquer que notre interprète lui-même s’accorde sur le fait qu’Heidegger identifie histoire de la métaphysique moderne avec l’histoire de la subjectivité. Or comme nous l’avons montrer précédemment la « métaphysique » et en particulier cette « métaphysique moderne » reposant sur la subjectivité est bien ce que Heidegger cherche à dépasser. D’ailleurs, M. Faye lui-même, au début de son ouvrage, dans les passages où il caricature Sein und Zeit perçoit bien que Heidegger refuse de penser l’homme comme sujet(*ce qui ne veut pas dire identifier le soi à la communauté), et même bien plutôt dépasser la question du subjectif/objectif. M. Faye poursuit ainsi :  
   
« En outre, si l’on prend en considération les textes supprimés dans le Nietzsche de 1961, on découvre que Heidegger conçoit la subjectivité moderne en un sens radicalement opposé à la philosophie cartésienne. En effet, ce n’est plus à l’esprit et au moi humain qu’il relie la subjectivité : l’attachement au moi n’est écrit-il, qu’une « dégénérescence »(Entartung) de l’être soi-même. Heidegger n’hésite pas à employer à plusieurs reprises, dans ce passage, le terme Entartung qui appartient au vocabulaire racial le plus connoté du nazisme. Ce n’est donc nullement l’être humain dans sa valeur individuelle, mais au contraire le peuple et la nation entendus comme communauté, et donc la Volksgemeinschaft, que Heidegger conçoit sous le nom de « subjectivité ». »(p.435)  
   
Ce passage est particulièrement intéressant. M. Faye voit bien que quelque chose cloche ; Heidegger parle de « subjectivité » en renvoyant à des notions (communauté, nationÂ…) qui semblent en contradiction avec elle. Trop accroché à sa vision de Heidegger comme horrible nazi, M. Faye ne peut voir dans un tel rapprochement qu’une tentative de légitimer ces conceptions « nazies » de la Volksgemeinschaft. Dans le monde de M. Faye, les notions de « subjectivité », de « sujets »Â…ne peuvent que revêtir un sens positif. Comme on va le voir, il s’agit de tout le contraire. Pour Heidegger, qui, répétons le, ne cesse depuis Sein und Zeit de chercher à dépasser cette métaphysique du sujet, qualifier de « subjectivité » les conceptions tournant autour de la Volksgemeinschaft constitue clairement une critique(*et ce cours a été écrit avant 1942) de ces dernières. M. Faye continue et cite, pensant appuyer son propos :  
   
« Lorsqu’un homme se sacrifie, il ne le peut que pour autant qu’il est entièrement soi-même_ à partir de l’être soi-même et de l’abandon de son individualité. [Â…]  
La subjectivité ne peut en aucun cas être déterminée à partir de l’égoïste ni se fonder sur elle. Cependant il nous est difficile de nous ôter de l’oreille la tonalité fausse de « l’individualiste », lorsque nous entendons les mots « sujets » et « subjectifs ».  
Néanmoins, il faut inculquer ceci : plus, et plus universellement l’homme en tant qu’humanité historique (peuple, nation), repose sur soi-même, plus l’homme devient « subjectif » au sens métaphysique. L’accent mis sur la communauté (Gemeinschaft) par opposition à l’égoïsme de l’individu n’est pas, métaphysiquement pensé, le dépassement du subjectivisme, mais bien son accomplissement, car l’homme_ non pas l’individu séparé, mais l’homme dans son essence_ entre à présent en piste : tout ce qui est, tout ce qui est mis en œuvre et crée, subi et conquis doit reposer sur lui-même et s’établir sous sa domination »(p.435-436)  
   
M. Faye commente :  
   
« Ce passage nous montre comment, à partir du thème national-socialiste de l’Opfer, du sacrifice qui scelle l’appartenance de l’individu à la communauté, et sous couvert de l’attaque habituelle chez les nationaux-socialistes de l’ « égoïsme » supposé de l’individu, Heidegger identifie en 1940, l’accomplissement de la subjectivité moderne à la domination de la Volksgemeinschaft nazie, et celle-ci à l’entrée en scène de l’homme entendu « dans son essence » ! »(p.436)  
   
Le contresens est plus que flagrant. Si en effet Heidegger « identifie » l »accomplissement de la subjectivité moderne à la domination de la Volksgemeinschaft, ce n’est pas pour valoriser, ou reprendre à son compte cette domination, mais pour critiquer ceux (les nationaux-socialistes) qui voulant lutter contre l’ »égoïsme » au travers de la domination de la Volksgemeinschaft, son loin d’être en mesure de dépasser ce subjectivisme, mais bien plutôt effectuent son accomplissement.    
Un peu plus loin M. Faye continue sa « lecture », il cite :  
   
« En ces jours nous sommes nous-mêmes les témoins d’une loi mystérieuse de l’histoire, selon laquelle il vient un jour où un peuple n’est plus à la hauteur de la métaphysique surgie de sa propre histoire, et cela à l’instant même où cette métaphysique s’est convertie en l’inconditionnel ».  
   
Puis commente :  
   
« Cela signifie en clair que pour Heidegger, l’invasion de la France par l’armée allemande est un évènement non pas seulement militaire mais « métaphysique », qui révèle aux Allemands_désignés dans ces pages par l’expression wir selbst_ que la France en tant que peuple n’est plus à la hauteur de la métaphysique instituée par Descartes. »(p.347)  
   
Rappelons que ce passage provient encore du chapitre intitulé le nihilisme européen. Puisqu’il faut un minimum de précision, notons déjà que Heidegger n’affirme pas que le peuple français n’est plus à la hauteur de la métaphysique de Descartes, mais qu’il n’est plus à la hauteur de cette métaphysique « à l’instant même où cette métaphysique s’est convertie en inconditionnel », c'est-à-dire quand la métaphysique de la subjectivité devient « subjectivité inconditionnée de la volonté de puissance », à savoir justement le nihilisme européen dans son accomplissementÂ…cette époque de la Technique qui « nécessite » un homme nouveau, capable d’assurer la domination totale de la planète. Il suffit d’ailleurs de citer la suite de ce passage pour voir, et ce sans ambiguïté, où Heidegger veut en venir :  
   
« Maintenant apparaît ce que Nietzsche avait d’ores et déjà reconnu métaphysiquement : que la moderne « économie machinaliste », la calculation machinalisante de toute action et de toute planification sous sa forme absolue exige une humanité neuve qui aille au-delà de ce que l’homme a été jusqu’alors.[Â…] Il y faut une humanité qui soit foncièrement conforme à l’essence fondamentale singulière de la technique moderne et à sa vérité métaphysique, c'est-à-dire qui se laisse totalement dominer par l’essence de la technique afin de pouvoir de la sorte précisément diriger et utiliser elle-même les différents processus et possibilités techniques. »(NII, p.133-134)  
   
Loin d’être une « légitimation » ou une « apologie », Heidegger se contente, avec l’intercession de Nietzsche, de décrire cette lame de fond qu’est le nihilisme européen se présentant sous la forme de la domination technique. Comment donc ne pas voir, que dès 1940 (et donc bien avant de 1942) Heidegger critique radicalement cette « conception du monde » nationale-socialiste visant la domination et l’exploitation de la totalité de l’étant.  
Il s’agit enfin pour nous de nous interroger sur la véracité de e que M. Faye appelle « la légitimation de la sélection raciale ».  
   
La légitimation de la sélection raciale comme « métaphysiquement nécessaire »  
   
Il faut dire que le lecteur de M. Faye attend ce passage depuis longtemps, son introduction a été soigneusement préparée.(*p.46, p.180, p.181, p.395, p.440, p.483) Commençant par quelques propos où il continue à développer le contresens dont il est victime à propos du statut de la « métaphysique » dans le cheminement de pensée heideggérien, M. Faye affirme :  
   
« En 1941-1942, dans son cours rédigé mais finalement non prononcé sur la métaphysique de Nietzsche, il n’hésite pas à présenter le « dressage (Zûchtung) des hommes » et le « principe de l’institution d’une sélection de race »(Rassenzuchtung), comme « métaphysiquement nécessaire »(metaphysich notwendig) !  
En outre, Heidegger parle à ce propos de « pensée de la race »(Rassengedanke), en soulignant le mot « pensée ». Il élève ainsi la doctrine raciale à la dignité d’une « pensée », en vue de lui conférer une légitimité non plus seulement historique, mais « philosophique ». Dans cette perspective de froide légitimation des fondements mêmes du nazisme, où la « sélection raciale de l’homme » est présentée comme une nécessité « métaphysique »_ ce qui constitue dans quelque sens que l’on prenne la phrase, une perversion inacceptable dans l’usage du mot_, Heidegger nous conduit jusqu’à la destitution de l’être humain, à l’opposé absolu de la philosophie cartésienne de la perfection de l’homme »(p.440).  
   
Il ne nous semble pas nécessaire d’insister sur ce contresens flagrantÂ…que peut bien vouloir dire « métaphysiquement nécessaire » ? Comme précédemment, à propos de la subjectivité, on voit que dans le monde de M. Faye, qualifier quelque chose de « métaphysique » revient, inévitablement, à la « légitimer » ou à en faire l’ « apologie ». Il faut remarquer que pas une seule fois dans tout son ouvrage, M. Faye ne prend la peine de citer dans son intégralité ce passage tant dénoncé. S’il le faisait, le lecteur serait forcé de constater qu’Heidegger continue sa description du nihilisme européen, de cette époque Technique et machinale qui vise la maîtrise de la totalité de l’étant :  
   
« En tant que l’exploration de tout étant, susceptible d’être exploitée et dirigée, elles (les sciences) fixent l’étant et par leurs fixations elles conditionnent la consistance ainsi assurée à la Volonté é de puissance. Or, la sélection de l’homme ne revient pas à une discipline nivelante et paralysante de la sensualité : la sélection consiste à emmagasiner et à purifier les énergies en l’univocité de l’ »automatisme » rigoureusement maîtrisable de tout agir. Là uniquement où l’inconditionnée subjectivité de la Volonté de puissance devient vérité de l’étant en sa totalité, là même le principe (de l’institution) d’une sélection de race, c'est-à-dire non pas une simple formation de race se développant à partir d’elle-même, mais la notion de race, consciente d’elle-même en tant que notion, est possible, soit métaphysiquement nécessaire. »  
   
On peut donc constater, que c’est seulement quand « l’inconditionnée subjectivité de la volonté de puissance devient vérité de l’étant en sa totalité », que l’institution de la sélection raciale devient « métaphysiquement nécessaire ». Cela ne veut en aucun moment dire qu’une telle institution est susceptible d’être souhaitable ou désirable ; bien au contraire, pour Heidegger, cela ne fait que traduire cette situation dans laquelle l’homme n’est plus en mesure de répondre à l’appel de l’Etre, tout engagé qu’il est dans sa recherche de maîtrise et d’organisation de la totalité de l’étant.  
M. Faye poursuit un peu plus loin :  
   
« Heidegger laisse alors entendre_ce qui sera amplement développé par maints épigones_ que la métaphysique elle-même et la « subjectivité » cartésienne en particulier seraient les véritables responsables du déchaînement planétaire de la technique, les chambres à gaz et les camps d’anéantissement nazis n’étant présentés, dans les conférences de Brême de 1949, que comme une particularité parmi d’autres du « dis-positif » de la technique moderne. C’est là une forme particulièrement grave de négationnisme, qui nie ouvertement la spécificité de la Shoah_ de la « Solution finale »_ et tend à disculper le national-socialisme de sa responsabilité radicale dans l’anéantissement du peuple juif et la destruction de l’être humain à laquelle s’était vouée l’industrie du nazisme »(p.441)  
   
Sans partager, loin de là, ce point de vu (peut on être qualifié de négationniste si l’on ne reconnaît pas l’unicité de la Shoah ?), Heidegger ne cherchant pas à « disculper » les coupables, on peut néanmoins constater que cette critique de la Technique dans les conférences de Brême n’est pas liée à une stratégie de retournement après la défaite de l’Allemagne, car comme nous venons de le voir ce thème était déjà au cœur de toutes ses recherches concernant Nietzsche et son rapport à la métaphysique. Avant de nous attarder sur le soi-disant « négationnisme ontologique »de Heidegger, prenons le temps de prendre connaissance de la lecture que M. Faye nous propose de Koinon. Dans ces pages présentées par M. Faye nous verrons se dessiner, à l’insu de notre « interprète », une véritable critique de toute pensée de la race ; conception qui, selon Heidegger, se fonde toujours sur la métaphysique de la subjectivité.  
   
La « pensée de la race » rapportée à l’expérience de l’Etre dans Koinon  
   
Cette partie pousse le ridicule à son comble. Persistant à ne pas comprendre que la métaphysique de la subjectivité est ce que cherche à critiquer Heidegger, M. Faye va, tour à tour, citer des bouts de textes qualifiés de monstrueux, d’horribles. Pourtant, et c’est là, sans doute, que le bas blesse, l’ensemble de ces textes constitue une critique radicale des plus cinglante envers toute pensée de l’homme se fondant sur une conception raciale.  
   
« La pensée de la race, cela veut dire que le fait de compter avec la race jaillit de l’expérience de l’être en tant que subjectivité et n’est pas quelque chose de « politique ». Le dressage-de-la-race est une voie de l’affirmation de soi en vue de la domination. Cette pensée vient à la rencontre de l’explication de l’être comme « vie », c'est-à-dire comme « dynamique » »(p.460)(pour une critique de la conception de l’être comme vie cf Sein und Zeit,§10)  
   
« Le soin de la race est une mesure conforme à la puissance. C’est pourquoi on peut tantôt le mettre en œuvre et tantôt le négliger. Son maniement et sa promulgation dépendent à chaque fois de la situation de domination et de puissance. Il ne s’agit en aucune façon d’un « idéal » en soi, car il devrait alors conduire à renoncer aux prétentions de puissance, et pratiquer le laisser-valoir de toute disposition « biologique ».  
C’est pourquoi, toute doctrine de la race comporte à strictement parler, d’emblée, la pensée d’une prééminence raciale. La prééminence se fonde diversement, mais toujours sur des choses que la « race » a réalisées, réalisations qui sont subordonnées aux critères de la « culture » et autres choses semblables. Mais qu’en est-il lorsque celle-ci, considérée du point de vue restreint de la pensée de la race, n’est plus que le produit de la race ? (Le cercle de la subjectivité.)  
Ici apparaît au premier plan le cercle oublieux de lui-même de toute subjectivité, qui ne contient pas une détermination métaphysique du moi, mais de l’essence humaine toute entière dans sa relation à l’étant et à soi-même.  
Le fondement métaphysique de la pensée de la raciale n’est pas le biologisme, mais la subjectivité (à penser métaphysiquement) de tout être de quelque chose d’étant (la portée du dépassement de l’essence de la métaphysique des Temps modernes plus particulièrement).  
(Pensée trop grossière de toutes les réfutations du biologisme ; donc en vain)(p.461)  
   
Ce que dit Heidegger est primordial, on peut, comme nous l’avons déjà dit, ne pas partager son interprétation, mais on ne peut pas en faire un apologiste de la « pensée de la race ». Au contraire, Heidegger tente de montrer, qu’une telle « pensée » se fondant sur la subjectivité, ne peut se voir réfuter, par une seule critique du biologisme. D’ailleurs, il est assez troublant que dans un moment de lucidité et d’effroi, M. Faye semble entrevoir quelque peu ce que veut dire Heidegger.  
   
« Ce qui est monstrueux dans la thèse de Heidegger, c’est qu’il fait du racisme l’expression ultime de la « métaphysique » ».(p.462)  
   
M. Faye ne s’arrête pas là, et après quelques remarques filant son contresens sur le sens de la « métaphysique », il finit par citer ces « textes insensés et pervers » ; textes qui constituent, à bien des égards, une critique du national-socialisme :  
« Ce n’est qu’ainsi que l’entrée dans le combat pour la possession de la puissance mondiale reçoit sa portée et son acuité, car cette visée également est un moyen qui est mis sur la voie par la poussée en avant de la puissance. Ces types d’objectifs, tout comme les modalités de leur promulgation et de leur inculcation, sont indispensables dans les combats pour la puissance mondiale ; car la défense des biens « spirituels » de l’humanité, et la sauvegarde de la « substance corporelle » des nationalités doivent partout être retenues comme des tâches à nouveau là où l’étant est dominé de part en part par la structuration fondamentale de la « métaphysique », conformément à laquelle cette réalisation a besoin de la force vitale spirituelle et corporelle tout entière. Mais cette structuration de la métaphysique est le fondement historique du fait que, par-dessus l’explication de l’être comme réalité et efficacité, c’est finalement l’essence de l’être comme puissance qui s’impose au premier plan. Ces visées sont métaphysiquement nécessaires, elles ne sont pas imaginées et mises en avant comme des choses et des « intérêts » fortuitement souhaitables » (p.464-465)  
   
Inutile de revenir sur cette critique de la métaphysique de la « subjectivité inconditionnée de la Volonté de puissance », où « c’est finalement l’essence de l’être comme puissance qui s’impose au premier plan ». Les remarques d’Heidegger ne sauraient être plus claires, et nous permettent de constater la continuité de son questionnement. Il est enfin temps de nous attaquer au fameux « négationnisme ontologique » de Heidegger.  
   
Du révisionnisme de la réponse à Marcuse au négationnisme ontologique des Conférences de Brême  
   
M. Faye commence par reprocher à Heidegger sa « réponse », ou plutôt son silence à propos de son engagement dans le nazisme, et de l’extermination des juifs. Il est certain que qualifier son engagement d’ »erreur » n’est pas le genre de réponse que nous, à l’instar de M.Marcuse ou de M. Faye, souhaiterions entendre. Mais, nous ne pensons pas non plus d’être en mesure de juger ce qu’un homme, en son âme et conscience, considère être la réponse la plus judicieuse.  
Attardons nous plutôt sur ceci :  
   
« En effet, après 1945, Heidegger, comme nous allons voir, abandonne tout ce qui fonde humainement la philosophie »(p.490)  
   
Ce qui choque tant M. Faye est un passage de la conférence de 1949 intitulé Das Gestell (le Dispositif), qui a été supprimé par Heidegger dans sa première édition en 1962. Citons, d’un seul coup, ce passage, et le commentaire qui en est donné :  
   
« Dans la même énumération, Heidegger se livre à des comparaisons insoutenables :  
   
L’agriculture est aujourd’hui une industrie d’alimentation motorisée, dans son essence la même chose ( das Selbe) que la fabrication de cadavres dans les chambres à gaz et les camps d’anéantissement, la même chose (das Selbe) que le blocus et la réduction de pays à la famine, la même chose (das Selbe) que la fabrication de bombes à hydrogène.  
   
En prononçant une telle phrase, Heidegger s’exclut lui-même de la philosophie et montre qu’il a perdu tout sens humain. Après avoir exalté, dans ses cours, la motorisation de la Wehrmacht comme « acte métaphysique »_et l’on sait que les premiers gazages eurent lieu dans des camions_, il se sert maintenant du caractère planétaire de la technique moderne pour nier la spécificité irréductible du génocide nazi et l’associer à l’une des manifestations les plus banalisée de la technicisation de l’existence, à savoir la transformation de l’agriculture en industrie d’alimentation motorisée. »(p.490-491)  
   
Nous tenons là un gros morceau. Que dire ? Déjà, il faut remarquer (*pour l’instant nous n’avons, et ce à dessein, cesser d’user des traductions que nous proposait M. Faye), qu’Heidegger ne dit en aucun cas que l’industrialisation de la production alimentaire et les camps d’exterminations sont « la même chose ». En allemand, « la même chose » se dit dasselbe, or ce que nous devons préciser c’est qu’Heidegger prend soin d’user d’une formule spécifique das Selbe. Que cherche donc à nous dire Heidegger ? Il se contente de décrire se qui constitue une ignominie, à savoir, qu’en effet il s’agissait dans ces camps d’extermination d’une production de cadavres, et c’est bien là qu’il y a ignominie, comme l’on entend produire des bombes ou quoique ce soit d’autre. Ne nous trompons pas, ce qui est horrible ce n’est pas le propos de Heidegger sur les camps d’exterminations, mais bien ce qui s’est passé dans ces camps. Le propos de Heidegger ne cherche en aucun cas à « banaliser », au contraire, il met en lumière la singularité dans tel évènement. C’est à peu près la même erreur que commet M. Faye, à propos de ce passage tiré de la conférence intitulé Die Gefahr (Le Danger) :  
   
« Des centaines de milliers meurent en masse. Meurent-ils ? Ils périssent. Ils sont tués. Meurent-ils ? Ils deviennent les pièce de réserve d’un stock de fabrication de cadavre (Bestandstûcke eines Bestandes der Fabrikation von Leichen).Meurent-ils ? Ils sont liquidés discrètement dans dès camps d’anéantissement. Et sans cela_ des millions périssent aujourd’hui de faim en Chine.  
Mourir cependant signifie porter à bout la mort dans son essence. Pouvoir mourir signifie avoir la possibilité de cette démarche. Nous le pouvons seulement si notre essence aime l’essence de la mort. Mais au milieu des morts innombrables l’essence de la mort demeure méconnaissable. La mort n’est ni le néant vide, ni seulement le passage d’un étant à un autre. La mort appartient au Dasein de l’homme qui survient à partir de l’essence de l’être. Ainsi abrite-t-elle l’essence de l’être. La mort est l’abri le plus haut de la vérité de l’être, l’abri qui abrite en lui le caractère caché de l’essence de l’être et rassemble le sauvetage de son essence.  
C’est pourquoi l’homme peut mourir si et seulement si l’être lui-même approprie l’essence de l’homme dans l’essence de l’être à partir de la vérité de son essence. La mort est l’abri de l’être dans le poème du monde. Pouvoir la mort dans son essence signifie : pouvoir mourir. Seuls ceux qui peuvent mourir sont les mortels au sens porteurs de ce mot » (p.492)  
   
Loin d’y voir une quelconque disculpation des exactions nazies, Heidegger qualifiant lui-même Hitler de Hauptverbrecher dans les années 40, ce texte constitue une profonde méditation sur ce qu’est l’extermination. Il n’est pas question pour Heidegger de dire que « personne n’est mort dans les camps d’anéantissement, parce que personne de ceux qui y furent exterminés ne portait dans son essence la possibilité de la mort ». (p ; 493)  
Comme le rappelle M.Faye, cette conférence se situe dans la continuité de celle portant sur La question de la technique. A ce propos, Heidegger nous apprenait que ce « Danger suprême » n’est autre que l’époque de la technique, entendu comme mode d’apparaître qui se rapporte à la totalité de ce qui est.  
   
« La centrale hydro-électrique est installée (gestellt) sur le Rhin. Elle le somme(stellt) de livrer sa pression hydraulique, qui somme à son tour les turbines de tourner, rotation qui entraîne la machine dont le mécanisme produit(herstellt) le courant électrique pour lequel la centrale régionale et son réseau sont commis(bestellt) à la distribution. Dans le domaine de ces conséquences qui s’enchaînent à la commande (Bestellung) d’énergie électrique, le Rhin lui-même apparaît comme quelque chose de commis. » (Technique,p.21-22  
   
 Or justement,  « dès que le non-célé ne concerne même plus l’homme en tant qu’objet mais exclusivement en tant que fonds, et que l’homme, à l’intérieur du sans-objet, n’est plus que le commissionnaire du fonds (Bestand) _l’homme marche à l’extrême bord du précipice, à savoir où lui-même ne doit plus être pris que comme fonds (Bestand). »(Technique,p.36) Dans sa conférence sur die Gefahr, où Heidegger cherche à décrire ce qui se passe dans un camp d’extermination, ce que peut vouloir dire mourir dans un tel « contexte », il met expressement en évidence qu’une telle « organisation » n’est possible que  lorsque l’homme lui-même est compris comme « pièce de réserve d’un stock de fabrication de cadavre ».  


Message édité par alcyon36 le 19-05-2007 à 12:37:23

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569201
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 01:42:53  profilanswer
 

fais chier, la typo deconne...c pas agreable à lire, déjà ke mon style est lourd;)


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569299
rahsaan
Posté le 19-05-2007 à 01:52:15  profilanswer
 

J'ai pas compris, c'est de qui ce que tu cites ?
 
Non, ton style n'est pas lourd. Par contre, ce qui peut gêner la lecture, ce sont tes abréviations. Si tu peux, fais-en moins : ça rendra la lecture de tes posts plus confortable. ;)


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11569379
rahsaan
Posté le 19-05-2007 à 02:01:31  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

je suis pas certain d'être bcp plus clair, dc si tu px me taquiner un peu nhesite pas;)


 
Si, c'est assez simple : pour Marx, s'affranchir de la religion est un premier pas dans l'affranchissement du genre humain. Mais on ne peut s'affranchir de la religion uniquement ; ce ne serait qu'une libération théorique, par la pensée. Libération seulement idéale, en esprit : celle à laquelle, selon Marx, Stirner s'est cantonné, lui qui ne supprime l'aliénation que dans la tête de l'individu, au lieu d'oeuvrer à la libération réelle de l'Homme.  
Donc s'affranchir de la religion n'est pas un moyen mais un résultat, et ce résultat ne sera obtenu que par la révolution, qui concerne tous les domaines de la société. La religion n'est, me semble t-il, pour Marx qu'un phénomène particulièrement révélateur de la misère de l'homme de la société moderne, qu'un outil particulièrement efficace au service de l'Etat.  
 
Pour Nietzsche, le problème est différent, comme le montrent bien les citations que tu fais : se libérer de Dieu, oui très bien, cela constitue une Bonne Nouvelle, un Evangile, une promesse immense... mais aussi un risque immense.  
Si l'on suit Deleuze, N. prend le "Dieu est mort" comme une vieille histoire, presque déjà une plaisanterie. Dieu est mort depuis longtemps mais ce n'est que maintenant que nous commençons à prendre conscience de cette dévaluation des valeurs. Nous sommes au pied du mur : nous ne pouvons pas ne pas tenir compte de ce fait crucial, mais rien ne dit que nous soyons en mesure de répondre à ce défi, celui du nihilisme.  
C'est toute la question des problèmes que l'humanité est capable de poser en fonction de sa capacité à résoudre lesdits problèmes. N. , dramatisant le propos, dit que l'humanité périra lentement de sa décadence si elle ne peut surmonter le nihilisme...


Message édité par rahsaan le 19-05-2007 à 03:03:34

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n°11569389
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 02:03:05  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

J'ai pas compris, c'est de qui ce que tu cites ?
 
Non, ton style n'est pas lourd. Par contre, ce qui peut gêner la lecture, ce sont tes abréviations. Si tu peux, fais-en moins : ça rendra la lecture de tes posts plus confortable. ;)


 de quel texte parles tu?


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569394
rahsaan
Posté le 19-05-2007 à 02:04:18  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

de quel texte parles tu?


 
Le long texte sur le livre de Faye (celui copié avec les erreurs de typo), il est de qui ? de toi ?


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n°11569404
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 02:06:34  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Le long texte sur le livre de Faye (celui copié avec les erreurs de typo), il est de qui ? de toi ?


vi , malheuresment ptet :lol:


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569420
rahsaan
Posté le 19-05-2007 à 02:09:44  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

vi , malheuresment ptet :lol:


 
Non au contraire ça m'épate parce que c'est vraiment solide, avec force références, bien argumenté, un vocabulaire solide et varié, un discours qui avance, des citations, tout quoi.  :ouch:  
Du bon boulot.  :jap:  
Moi je ne suis qu'un amateur qui lit à droite à gauche, qui n'a pas cette discipline de travail, bref je ne suis pas bien sérieux. :D


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Posté le 19-05-2007 à 02:09:44  profilanswer
 

n°11569447
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 02:16:27  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Non au contraire ça m'épate parce que c'est vraiment solide, avec force références, bien argumenté, un vocabulaire solide et varié, un discours qui avance, des citations, tout quoi.  :ouch:  
Du bon boulot.  :jap:  
Moi je ne suis qu'un amateur qui lit à droite à gauche, qui n'a pas cette discipline de travail, bref je ne suis pas bien sérieux. :D


 :D  merci , c'est un bien gentil compliment, enfin c'est pas super profond non plus... (et quand je lis tes resumés sur  telle question, c moi qui ait l'impression de ne pas être serieux...)
t'as une "putain" de capacité à faire des trucs bien propres et carrés...très util pour tes futurs etudiants;)  
 
enfait, je suis le seminaire de Gauchet sur le nazisme, je dois lui rendre un truc, aussi n'étant pas trop historien, je vais lui rendre cette note de lecture...en un peu mieux quand même...lol
 
au fait, c kan les oraux? pour l'agreg et le capes?


Message édité par alcyon36 le 19-05-2007 à 02:18:49

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569490
rahsaan
Posté le 19-05-2007 à 02:29:46  profilanswer
 

On va pas s'envoyer des fleurs toute la nuit, mais j'aimerais bien avoir ta capacité à retrouver des références précises. :D
Faut dire que je n'ai jamais sous la main (zuhendan, dirait Heidegger :o ) les livres dont je parle. [:gratgrat] Ils sont toujours à droite à gauche, mais pas avec moi.  
 
A force, j'arrive à avoir sur qqes points une vue synthétique mais comme je n'en fais qu'à ma tête, c'est seulement sur les auteurs et les questions qui me passionnent.  
D'ailleurs, il n'est pas difficile de voir que la mémoire est très dépendante des préférences affectives. Autrement dit, en langage courant : quand on aime, on ne compte pas.  [:r2 d2]


Message édité par rahsaan le 19-05-2007 à 02:30:08

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n°11569491
rahsaan
Posté le 19-05-2007 à 02:29:56  profilanswer
 

Par exemple, il y a un auteur dont on n'a encore peu parlé : Stirner. Hé bien, c'est un auteur dont la lecture m'a vraiment transporté. Il a un style époustouflant.  :love: L'Unique et sa Propriété est vraiment un livre ! euh... unique. :D
 
Il y a qqes ressources sur le Web sur Stirner. En particulier, un article voulant établir (de manière franchement capilotractée à mon avis) que Nietzsche (et Marx aussi) doit tout à Stirner, qu'il l'a lu et lui a pris plein d'idées sans le citer. http://www.lsr-projekt.de/poly/frinnuce.html
 
A cette adresse, http://kropot.free.fr/Stirner-Nietszche.htm, une thèse bien plus convaincante qui compare N. et Stirner, thèse datant de 1894.
 
Dans l'Histoire de la philosophie, dirigée par François Châtelet, on trouve un chapitre sur Stirner. Chapitre certes fort sympathique et dithyrambique, mais plus enthousiaste que vraiment approfondi. Disons qu'il donne envie de lire S. mais ne l'étudie que très superficiellement.  
 
J'avais essayé d'écrire un ptit truc sur Stirner et son idée fixe d'Unique... je posterai ça un jour si je trouve le courage de le reprendre. :o

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 19-05-2007 à 02:36:50

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n°11569516
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 02:35:08  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Par exemple, il y a un auteur dont on n'a encore peu parlé : Stirner. Hé bien, c'est un auteur dont la lecture m'a vraiment transporté. Il a un style époustouflant.  :love: L'Unique et sa Propriété est vraiment un livre ! euh... unique. :D
 
Il y a qqes ressources sur le Web sur Stirner. En particulier, un article voulant établir (de manière franchement capilotractée à mon avis) que Nietzsche (et Marx aussi) doit tout à Stirner, qu'il l'a lu et lui a pris plein d'idées sans le citer. http://www.lsr-projekt.de/poly/frinnuce.html
 
A cette adresse, http://kropot.free.fr/Stirner-Nietszche.htm, une thèse un peu plus convaincante sur N. et Stirner, datant de 1894.


me too, jai adoré Stirner, ca a été une révélation pdt mon adolescence...j'étais ds un collège catholique;) le premier (avec Nietzsche puis après Deleuze) qui m'a vraiment touché...son style, son ton, ces pointes...tt simplement brillant!!!
il y a un bouquin d'arno Munster sur les rapports entre Nietzsche et Stirner, mais je l'ai trouvé plutot sans interet...


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569525
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 02:37:19  profilanswer
 

je voulais te demander pour l'agreg, il me semble qu'à l'oral, tu as entre autre un texte en langue etrangèe...comment se passe l'epreuve? t'as le droit à un dico...ou jsuis vraiment et definitivement ds la merde;)


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569536
rahsaan
Posté le 19-05-2007 à 02:39:15  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

il y a un bouquin d'arno Munster sur les rapports entre Nietzsche et Stirner, mais je l'ai trouvé plutot sans interet...


 
Par contre, Fabrice Cancoillotte et Jean-Louis Camembert ont écrit des études très... bon j'arrête, il est tard, désolé.  :lol:


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n°11569540
rahsaan
Posté le 19-05-2007 à 02:41:03  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

je voulais te demander pour l'agreg, il me semble qu'à l'oral, tu as entre autre un texte en langue etrangèe...comment se passe l'epreuve? t'as le droit à un dico...ou jsuis vraiment et definitivement ds la merde;)


 
Attends... [:klemton]
Oui tu as une oeuvre en langue étrangère. 1h30 de prépa, 30mn de passage. Tu dois traduire le passage et le commenter.  
Tu as droit à dico unilangue dans la langue choisie.  
1h30, c'est super super court pour préparer.  :ouch: Donc le dico, faut pas perdre de temps avec, c'est le piège. Faut vérifier vite fait la définition d'un ou deux mots mais c'est tout.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 19-05-2007 à 02:41:22

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n°11569543
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 02:41:10  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Par contre, Fabrice Cancoillotte et Jean-Louis Camembert ont écrit des études très... bon j'arrête, il est tard, désolé.  :lol:


honteux! :lol:


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569545
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 02:42:31  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Attends... [:klemton]
Oui tu as une oeuvre en langue étrangère. 1h30 de prépa, 30mn de passage. Tu dois traduire le passage et le commenter.  
Tu as droit à dico unilangue dans la langue choisie.  
1h30, c'est super super court pour préparer.  :ouch: Donc le dico, faut pas perdre de temps avec, c'est le piège. Faut vérifier vite fait la définition d'un ou deux mots mais c'est tout.


merci, dc jsuis ds la merde...
vais me choucher aussi, a+


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569563
rahsaan
Posté le 19-05-2007 à 02:48:22  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

merci, dc jsuis ds la merde...
vais me choucher aussi, a+


 
Sinon, tu me demandais pour les oraux. Les résultats de l'écrit du capes et de l'agreg tombent début juin. Les oraux débutent mi-juin.


Message édité par rahsaan le 19-05-2007 à 03:02:33

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n°11569614
k-rott0
Posté le 19-05-2007 à 03:11:22  profilanswer
 

Le contenu de ce message a été effacé par son auteur

Message cité 1 fois
Message édité par k-rott0 le 19-05-2007 à 03:13:13
n°11569621
neosaver
scrofulariacée dialypétale
Posté le 19-05-2007 à 03:15:43  profilanswer
 

dans un sens oui :sweat:  
 
je sais pas si il a déjà été cité: Freud: Sur le Rêve


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tu as envie de vendre ton âme au diable? mais tu ne veux pas te faire entuber? clique ici!
n°11569669
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 03:41:34  profilanswer
 

k-rott0 a écrit :

Etant donné que vous avez l'air plutot calés en philosophie vous allez peut ètre pouvoir m'aider. Je précise avant tout que je n'ai pas autant de connaissances que vous et que je n'ai eu qu'un apercu de ce qui se fait en philosophie (terminale S + 3 années de prépa HEC).
 
Alors voila je me pose une petite question, mais d'abord je dois expliquer comment elle m'est venu. On constate dans l'éléction de Nicolas Sarkozy que beaucoup de francais de classe populaire ont voté pour lui. Personnellement je considère que c'est se tirer une balle le pied et c'est ce qui m'a fait penser que les gens devaient vraiment ne plus croire en la possibilité de pouvoir s'en sortir à travers le groupe, que c'est tout seul et seulement tout seul que l'on peut s'en sortir. C'est idée de se sentir seul m'a fait penser à l'idée d'esseulement chez Arendt. Cela semble en plus aller dans le sens de l'individualisme (edit: et de désintéret pour la chose publique) qui se développe nécessairement en démocratie chez Tocqueville. Par conséquent j'en suis venu à me demander si on ne peut pas considérer que le capitalisme est un totalitarisme :d .  
J'ai regarder rapidement (il est tard) un extrait d'Arendt, et d'autres éléments semble aller dans ce sens.  
 
Voila je me demandais si vous pouviez m'apporter quelques éclairages et me dire ce que vous en pensez.
 
Edit: désolé pour les éventuelles fautes d'orthographe.


 
déjà, j'aime bcp les gens qui posent de telles questions à 3heures du mat...Respect;) ensuite, je suis le roi de la faute d'orthographe sur ce forum...
 
tu pourrais lire le bouquin de Deleuze et Guattari "anti-oedipe: capitalisme et schizophrenie", c'est pas evident à lire, mais ca pourrait te donner quelques pistes.(même si il date un peu quand même)  
 
sinon pas certain que lier directement individualisme et totalitarisme soit pertinent, un des traits du totalitarisme c justement qu'il nexiste plus la distinction privé/public...donc ft que tu precises un chouya ta pensée pour que je puisse te repondre correctement...je suis pas sur de bien comprendre ce qui te turlupine;) enfi, si je crois comprendre, tu  veux dire que ds un regime totalitaire chacun ne pense qu'à soi, du genre le propos celebre de Brecht...ils ont arreté les juifs, j'etais pas juif, jai rien dit. ils ont arreté les chretiens, jetais pas chretiens, jai rien dit...il m'ont arreté, et personne n'a rien dit....il me semble que pr Arendt, si ill y a esseulement, atomisation des masses, c'est particulierement à cause de la terreur...
si c'est ca, tout à fait, mais ca fait pas du capitalisme un totalitarisme, notre société moderne se fonde entre autres sur la multiplication des interets privés (voir particulièrement, le federaliste qui est la base de la constitution americaine), mais justement une grande partie de l'ideologie nazie consiste en une critique radicale de cet individualisme libérale petit bourgeois au profit du sacrifice pour la communauté (je simplifie à l'extreme). ..
Mais precise quand même un peu ta pensée;)
 
 
sinon un des problèmes que j'ai avec Arendt, j'en ai déjà parler sur ce forum, c'est sa conception de la vertu chez les anciens, vertu pub desinteressée...c'est une idée assez sympa, mais completement bidon quand on etudie un peu ce que les anciens eux même disaient d'eux...(en fait cette conception de la vertu des anciens nous vient de Montesquieu)


Message édité par alcyon36 le 24-12-2008 à 14:12:03

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569712
k-rott0
Posté le 19-05-2007 à 04:14:10  profilanswer
 

Le contenu de ce message a été effacé par son auteur

Message cité 2 fois
Message édité par k-rott0 le 19-05-2007 à 04:14:51
n°11569719
k-rott0
Posté le 19-05-2007 à 04:27:03  profilanswer
 

Le contenu de ce message a été effacé par son auteur


Message édité par k-rott0 le 19-05-2007 à 04:27:43
n°11569724
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 04:31:03  profilanswer
 

k-rott0 a écrit :

Je vais deja essayer de préciser le rapport avec l'individualisme. A mon avis, je considère l'individualisme de façon négative. L'individu s'attache de plus en plus à lui-meme et de moins en moins au groupe. Ainsi, le groupe est peu à peu détruit et l'individu crois de moins en moins en la capacité du groupe. Par ailleurs, si le groupe est détruit, au moins en partie, le sentiment d'esseulement est renforcé.
 
Je pense que replacer mon idée dans le contexte n'est pas inutile, ca vous permettra peut ètre de mieux comprendre.  
Pour moi, en gros la gauche ca représente le groupe. Les gens ne croient plus en la gauche, alors ils ne voient plus comme solution possible que la fin du groupe et donc de la gauche. Ce désengagement du groupe se révèle par exemple à travers la critique virulente portée contre l'assistanat:  "Certes les aides sont positives, mais elles mettent le système en danger et ainsi elles me mettent en danger. Si je veux m'en sortir je dois renoncer au groupe et je vote à droite.".  
Le capitalisme étant a priori (je sais que c'est plus compliqué que cela je tiens à le préciser) pour moi associé à la droite, voter à droite c'est voter "pour" le capitalisme et ainsi favoriser son extension. Or le capitalisme (je résume) étant la cause des conditions de vie des classes populaires, voter "pour" le capitalisme c'est voter contre soi-meme, c'est s'auto-détruire en quelque sorte.  
C'est peut-ètre ce fait d'auto-destruction qui me fait dire que le capitalisme est un totalitarisme.
 
Je me rends compte en écrivant que c'est assez confus :p j'essaierai donc d'apporter des précisions si nécéssaire.


 
en effet, on peut considerer que pour les classes pop, voter pr Sarko c'est se tirer une balle ds le pied..bla..Bla...mais bon c plutôt secondaire...
 
 
le terme de totalitarisme est trop galvaudé, c'est pas un terme particulièrement pertinent pour decrire le nazisme ou la periode stalinienne du communisme...on en reparlera plus tard;)
ce qui me gene dans ce que tu dis, c'est que si le totalitarisme pousse à une sorte d'individualisme, c'est un effet de la terreur du regime, ce n'est pas ce que vise ideologie de ce regime, qui elle lutte contre l'individualisme du bourgeois capitaliste... alors que justement ideologie qui ss-tend le capitalisme vise explicitement au developpement de l'individualisme. Sous le capitalisme, l'individualisme n'est pas un effet d'une terreur.


Message édité par alcyon36 le 19-05-2007 à 06:20:50

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569732
alcyon36
Posté le 19-05-2007 à 04:42:08  profilanswer
 

k-rott0 a écrit :

Je viens de lire en plus la présentation du texte de Arendt que j'ai lu il y a de cela bien longtemps, et il est dit que le projet totalitariste, selon Arendt, est de conquérir et de conserver un pouvoir mais aussi de soumettre à des lois implacables l'humanité toute entière. On pourrait ici penser à la loi du marché.  
Par contre, le totalitarisme se caractérise par deux composantes: la terreur et l'idéologie. Reste à savoir si elles sont présentes dans le capitalisme.


en fait, j'ai jamais été vraiment convaincu par la conception d'Arendt sur le totalitarisme, mais j'ai lu ca ya longtps et vite fait, dc à voir...
je prefere ce qu'en dit Gauchet:
on ne peut pas rendre compte de la spécificité de ces regimes (nazisme et une partie du communisme) avec une seule notion, il faut utiliser plusieurs notions partielles.
on peut qualifier le regime de totalitaire, mais cela ne nous dira que tres peu de chose du contôle intellectuel de ces regimes, ca qualifie uniquement la structure de ces regimes, organisation du pouvoir. D'où la necessité d'user du concept d'ideocratie pour rendre compte de la place qu'occupe l'ideologie au sein de cette structure du regime. Mais là encore, avec ces deux seuls concepts, nous sommes incapables de qualifier le contenu de cette ideologie, d'où l'utilité du concept de religion séculière... c'est pour ca que de parler simplement de totalitarisme ne me semble pas pertinent pour rendre compte de la spécificité de ces régimes.


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11569835
le vicaire
Posté le 19-05-2007 à 08:41:00  profilanswer
 

Saltadrow a écrit :

Première incursion ici... Pas sur d'être au bon endroit... Y a pas de topic juste Philo?
 
Bre, je voudrais m'inscrire l'année prochaine en Licence de philo (en L1 quoi), mais je voudrais le faire par correspondance car je travaille (normal), et je suis déjà à la fac (sciences de l'éducation). J'ai beau chercher je ne trouve pas de licence de philo en ligne, ou par correspondance. Peut-être y a-t-il ici des gens qui en savent plus sur la question?
 
Et éventuellement vu que mon année de Terminale n'est plus si près que ça, des conseils, des lectures, si je suit cette voie?
 
EDIT : Finalement j'avais vraiment du mal chercher, Paris X propose la licence en ligne... Maintenant, vient le plus dur, j'y vais, j'y vais pas?


 
Je travaille aussi et ça fait 6 ans que je suis au SEAD de Reims. C'est le département de l'enseignement à distance de l'université de Reims. Tu peux faire tout le cursus en philosophie de la licence 1 jusqu'au DEA (Master 2). Tu travailles à ton rythme chez toi à partir de cours polycopiés ou CD audio. Il y a une ou deux fois par an des regroupements pédagogiques. Les examens sont à passer à Reims comme dans le parcours ordinaire de tout étudiant, avec deux sessions. La semaine prochaine je vais passer l'examen de philosophie du langage et d'anglais pour philosophe... Si tu veux je peux te passer tous les renseignements par mail. En attendant voici un lien.  ;)  
 
http://www.univ-reims.fr/index.php?p=46&art_id=

n°11569846
Saltadrow
Posté le 19-05-2007 à 08:53:17  profilanswer
 

le vicaire a écrit :

Je travaille aussi et ça fait 6 ans que je suis au SEAD de Reims. C'est le département de l'enseignement à distance de l'université de Reims. Tu peux faire tout le cursus en philosophie de la licence 1 jusqu'au DEA (Master 2). Tu travailles à ton rythme chez toi à partir de cours polycopiés ou CD audio. Il y a une ou deux fois par an des regroupements pédagogiques. Les examens sont à passer à Reims comme dans le parcours ordinaire de tout étudiant, avec deux sessions. La semaine prochaine je vais passer l'examen de philosophie du langage et d'anglais pour philosophe... Si tu veux je peux te passer tous les renseignements par mail. En attendant voici un lien.  ;)  
 
http://www.univ-reims.fr/index.php?p=46&art_id=


 
Je veux bien des renseignements oui, Reims c'est pas si loin que chez moi, et c'est une chouette ville (même si on y va que 2 fois par an ^^) Je t'envoi un MP.

n°11587034
foutre de
Posté le 21-05-2007 à 13:34:06  profilanswer
 

k-rott0 a écrit :

L'individu s'attache de plus en plus à lui-meme et de moins en moins au groupe. [...] Si le groupe est détruit, au moins en partie, le sentiment d'esseulement est renforcé.

 

Pour moi, en gros la gauche ca représente le groupe.


Bon, il y aurait beaucoup à dire sur Droite=capitalisme, sachant que l'extrême-droite nazie s'est en grande partie constituée dans le peuple comme refus du capitalisme, dont le représentant était évidemment le juif rentier...

 

mais je crois que le plus important est de reconsidérer de façon plus dialectique la relation groupe individu. Pour qu'il y ait groupe, il faut qu'il y ait sentiment d'appartenance. Ce sentiment d'appartenance peut avoir diverses sources, affectives, fondées dans des souffrances partagées (l'Occupation, la Résistance, par exemple), dans des projets en commun (eschatologie, messianisme etc.)...
Pour la gauche française, qui dort depuis quelques décennies déjà, aucun discours n'est venu fonder un avenir depuis l'effondrement de l'Internationale : le groupe n'est plus justifié par un projet créatif et une vision de l'homme qui se construit internationalement (mais un jour prochain, le PS apprendra à prononcer des mots comme écologie et altermondialisation sans frisonner ni rougir de marginalité...). Or ce projet existe encore dans le libéralisme, qui réunit toujours des peuples dans l'échange (fauteur de paix selon montesquieu), et qui revendique quelques grandes victoires humaines (humaniste?) comme la fin de l'apartheid, l'effondrement du bloc de l'est...
Le vote à droite n'est pas un vote individualiste si simple puisqu'il fait actuellement valoir l'appartenance au groupe national en tant que culture dont il serait temps de ne plus avoir honte. Il y a là un groupe enthousiaste qui spécule son avenir sur l'effort, le travail, l'émulation compétitive etc. (ce n'est pas une idéologie de l'invidu esseulé)

 

Par ailleurs, Il faut bien regarder les faits de la critique de l'assistanat : c'est assistanat contre assistanat. La droite sécuritaire est une béquille pour des personnes incapables de faire respecter leur espace vitale sans la présence policière, tandis que la gauche est la béquille des incapables financiers : en gros c'est ceux qui ne savant plus dialoguer avec leur voisin contre ceux qui ne savent plus échanger : incapacité verbale contre incapacité monétaire.
Le duel gauche/droite s'est réduit au duel de superpapa (garant de la Loi et des valeurs symboliques) contre supermaman (garante de la nutri-consolation), c'est "retrousse tes manches, ça ira mieux" contre "pleure un bon coup, ça ira mieux".
Là où la gauche semble durablement échouer, c'est qu'elle continue d'appliquer à l'humain des transcendances qui le déterminent (l'économie, la position sociale...) et promeut ainsi une victimisation sous la Nécessité, alors que c'est d'une donne immanente qu'elle est la figure...
Alors je ne sais pas si l'esseulement culmine avec le totalitarisme, mais je sais que je ne me sens pas de communauté avec une homme qui serait déterminé par mon regard dans ses mouvements, ses choix, ses actes. C'est dans l'esseulement goûté, voire partagé, que je rencontre ceux que j'éprouve comme mes semblables, de loin en loin, de proche en proche.

 


NB: pour rédiger ce post, j'ai eu droit à une interface de merde. C'est moi qui ai merdé dans les options ou il y a eu des modifications Hardware dont d'autres se ressentent?


Message édité par foutre de le 21-05-2007 à 13:35:58

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11587339
rahsaan
Posté le 21-05-2007 à 14:12:07  profilanswer
 

Je trouve intéressante l'idée que les mesures sécuritaires sont aussi un assistanat. C'est aussi un assistanat forcé, que les citoyens sont tenus de désirer, pour sentir leur dépendance vis-à-vis de l'Etat et développer un sentiment d'insécurité permanente.  
cf. Spinoza : la sécurité est une passion triste. Des hommes raisonnables demandent à l'Etat qu'il soit d'abord le garant de leur liberté.  
Ethique IV, prop. 47, scholie : "Joignez à cela que ces passions [l'espérance et la crainte] marquent un défaut de connaissance et l’impuissance de l’âme ; et c’est pourquoi la sécurité, le désespoir, le contentement et le remords sont aussi des signes d’impuissance. Car bien que la sécurité et le contentement soient des passions nées de la joie, elles supposent une tristesse antérieure, savoir, celle qui accompagne toujours l’espérance et la crainte."
Spinoza entend par sécurité : "sentiment de joie qui provient de l’idée d’une chose future ou passée sur laquelle toute cause d’incertitude est disparue." (Ethique III, appendice, def 14)
L'incertitude est bien la cause du sentiment d'insécurité.
 
 
cf. Deleuze (dans un cours de 1978 et dans l'ABCDaire, à "J comme Joie" ) : le pouvoir a besoin de développer des passions tristes chez ceux à qui il s'impose.
 
Et aussi, TTP ch20 (merci Pascal75) :  
"[...] ce n'est pas pour tenir l'homme par la crainte et faire qu'il appartienne à un autre que l'État est institué ; au contraire c'est pour libérer l'individu de la crainte, pour qu'il vive autant que possible en sécurité, c'est-à-dire conserve, aussi bien qu'il se pourra, sans dommage pour autrui, son droit naturel d'exister et d'agir. [...] La fin de l'État est donc en réalité la liberté." http://www.unites.uqam.ca/philo/co [...] inoza.html
 
 

Message cité 2 fois
Message édité par rahsaan le 21-05-2007 à 14:44:48

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11587976
foutre de
Posté le 21-05-2007 à 15:26:07  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

C'est aussi un assistanat forcé, que les citoyens sont tenus de désirer, pour sentir leur dépendance vis-à-vis de l'Etat et développer un sentiment d'insécurité permanente.
 le pouvoir a besoin de développer des passions tristes chez ceux à qui il s'impose. .

 

 



  


Merci pour Spinoza, j'aime bien toujours comme il répartit chaque élément. J'aimerais le connaître aussi sur le bout des doigts comme ça (quand je serai en retraite peut-être...)

 

j'ai plus de mal avec ce que tu dis (et que je cite là) : je ne crois pas que la peur soit un sentiment forcé qu'impose l'Etat. Les retraités qui votent sécuritaire (outre que l'angoisse de mourir les travaille sérieusement par cancers interposés) n'ont pas eu besoin de Sarkosy pour comprendre que certaines banlieues n'étaient plus que des coupe-gorges, Sarko ramasse le pactole accumulé avant.
C'est difficile à évaluer parce que ça évolue sur plusieurs plans constamment (et sur plusieurs générations). Cette thèse deleuzienne ne me semble acceptable qu'en terme d'inconscient, sinon on tombe dans la théorie du complot constant, qui est une forme d'homogénéisation du sens et d'étouffement de l'angoisse face au hasard des évènements (il y aurait une intention derrière l'historique).
Par ailleurs, il y a un anarchisme qui me semble être l'exercice du philosophe (le principe d'anarchie heideggerien que fait ressortir Schürmann dans son livre ou la remise à plat socratique) et que le philosophe a tendance à vouloir étendre alentour parce qu'il y prospère. Or tout homme n'est pas formé à vivre dans ces conditions : retourner en deçà de l'Etat, des institutions, c'est un peu comme dire qu'on peut re-parcourir à chaque instant la longue chaîne de l'ustensile depuis la pierre et qu'il est donc inutile de garder une perceuse chez soi. Tout le monde n'est pas, comme le philosophe, capable de refonder son éthique constamment ; l'Etat, le Droit, l'exercice policier de la protection, de la défense, les institutions électorales me semblent des pouvoirs sur lesquels nous ne pouvons pas ne pas veiller pour qu'ils restent vivants, non ?
Qu'on me pardonne cette outrance, mais il me semble parfois que Deleuze tombe dans les excès de son époque ; je continue d'avoir du mal à l'entendre dire qu'il n'y a pas de Devenir-homme (mais je n'ai pas l'abécédaire à disposition pour aller écouter le passage auquel tu renvois)


Message édité par foutre de le 21-05-2007 à 15:28:52

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11588648
rahsaan
Posté le 21-05-2007 à 16:22:20  profilanswer
 

C'est à dire que rien ne garantit que la diffusion de la peur sécuritaire garantisse aux citoyens qu'ils soient réellement en sécurité. L'Etat prospère aussi sur le désordre et la malheur quotidien car ils poussent les gens à faire appel à lui et fontt prospérer ceux qui font campagne sur les sujets "phobiques".  
 
Quant au devenir, ce qu'en dit D. , c'est qu'il nous fait sortir du désir d'un avenir sur le mode du "quand je serai adulte, quand je serai reconnu, quand j'aurai le pouvoir..." qui sont l'expression d'une volonté de domination, elle-même inscrite dans des valeurs toutes faites.  
 
Il n'y a donc de devenir que minoritaire, alors que d'une certaine façon, nous n'envisageons l'avenir que sur le mode "majoritaire". D. dit que l'étalon-majoritaire est l'Homme blanc moyen, urbain, adulte. A partir de là, les devenirs sont des fuites (au sens où un tuyau fuit) hors des normes étalonnées : devenir-femme, devenir-plante, devenir-imperceptible (par opposition à "être-reconnu" )...
"Tu seras un Homme, mon fils", c'est l'avenir. Mais nous sommes parcourus de devenir qui nous emmènent, parfois à notre insu, à l'écart des normes de l'étalon majoritaire.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 21-05-2007 à 16:22:59

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11588863
alcyon36
Posté le 21-05-2007 à 16:39:41  profilanswer
 

Problème très intéressant à différents niveaux… mais en effet, le point de vu de Deleuze me semble plutôt bancal… enfin faudrait que je précise ;)
 
Si on lit Tite-live, on se rend vite compte que le problème de la crainte est au cœur de ses analyses sur la religion…ce qui est frappant, c’est que cette question de la crainte est tout sauf centrale chez nos amis les grecs, par exemple ds « éthique à Nico » si on cherche à crainte, on nous renvoie illico à la vertu du courage…pour les grecs la crainte n’est pas un affect central, elle doit être reliée à l’ensemble des autres affects (tempérance, respect,…)
Chez les modernes, le problème est tout autre. Par exemple pour Machiavel ds le Prince, on voit bien que ce dernier doit nécessairement faire peur pour assurer domination. C’est encore plus flagrant chez Hobbes, où c’est la peur (fear) qui est LA passion sur laquelle on peut compter…la crainte est la passion « fiable » par excellence. On voit donc s’opérer une simplification des affects à la seule crainte ; c’est d’autant plus troublant que la crainte est plutôt un affect dépolitisant, elle a plus tendance à séparer que le contraire.
La fondation de l’Etat moderne reposant sur la crainte se fait sur une base plutôt religieuse que politique…car la crainte c’est avt tout la crainte des dieux.. Or, justement l’Etat moderne doit être cette institution humaine qui doit faire ressentir la crainte (en parallèle avec peur de Dieu)…aussi, alors que la politique romaine (cf T-L) passe par la médiation de la crainte des Dieux, la politique moderne (Hobbes) fonctionne sur la peur de l’Etat..
Dans la psychologie moderne, la mort joue un rôle qu’elle ne jouait pas chez les anciens…si l’on se penche sur  Platon ou Aristote, on voit bien que pour eux,  la mort est conçue en rapport avec le courage, elle est ce qu’il ne faut pas craindre, la finalité philosophique de la vie humaine repose sur la maîtrise et domination de la crainte devant la mort.
Or, et ce particulièrement à partir du 17eme siècle, les modernes rejettent cette enquête sur les finalités humaine, pour réduire ces dernières à leur plus simple expression, par exemple le désir de pouvoir chez Hobbes, qui ne cesse qu’au moment de la mort.
La mort est ainsi pensée comme terme, et non plus comme un moment de la vie que l’on est censé pouvoir maîtriser par l’exercice de la vertu…elle n’est plus au bout du compte que le terme qu’il nous faut repousser. Alors, que la polis cherchait à éduquer le citoyen, à renforcer ses vertus, à le rendre courageux et apte à défendre la cité, l’Etat hobbesien ne cherche plus du tout à éduquer le citoyen au courage, car il a besoin pour assurer sa domination, que les citoyens craignent la mort. (ce qui subira une inflexion lors du développement des Nations, qui a besoin que ses citoyens soient disposés à mourir pour elle…)
 
 
edit: des que j'ai le tps, je ferai un ptit commentaire sur le Monde grec à l'époque archaique à partir du livre d'E. Cantarella intitulé "Ithaque; de la vengeance d'Ulysse à la naissance du droit"


Message édité par alcyon36 le 21-05-2007 à 16:57:30

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11589077
alcyon36
Posté le 21-05-2007 à 16:54:51  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

C'est à dire que rien ne garantit que la diffusion de la peur sécuritaire garantisse aux citoyens qu'ils soient réellement en sécurité. L'Etat prospère aussi sur le désordre et la malheur quotidien car ils poussent les gens à faire appel à lui et fontt prospérer ceux qui font campagne sur les sujets "phobiques".  
 
Quant au devenir, ce qu'en dit D. , c'est qu'il nous fait sortir du désir d'un avenir sur le mode du "quand je serai adulte, quand je serai reconnu, quand j'aurai le pouvoir..." qui sont l'expression d'une volonté de domination, elle-même inscrite dans des valeurs toutes faites.  
 
Il n'y a donc de devenir que minoritaire, alors que d'une certaine façon, nous n'envisageons l'avenir que sur le mode "majoritaire". D. dit que l'étalon-majoritaire est l'Homme blanc moyen, urbain, adulte. A partir de là, les devenirs sont des fuites (au sens où un tuyau fuit) hors des normes étalonnées : devenir-femme, devenir-plante, devenir-imperceptible (par opposition à "être-reconnu" )...
"Tu seras un Homme, mon fils", c'est l'avenir. Mais nous sommes parcourus de devenir qui nous emmènent, parfois à notre insu, à l'écart des normes de l'étalon majoritaire.


 
tjrs distinction entre histoire/avenir et la question du devenir...on en avait parler à propos de la révolution il me semble...
D nous dit que poser question de l'avenir de la révolution c'est d'une part empecher même l'idée de revolution...car on sait qu'elle n'a aucun avenir, la revolution sera au bout du compte trahis) et surtout qu'elle amalgame l'histoire de la revolution avec le devenir revolutionnaire des hommes...
Dans un de mes premier post qui portait sur Deleuze je disais que "le 11 septembre est la trhison de toute révolution"..ce que bcp n'avaient pas compris...en fait je faisait reference au bouquin de Mengue sur "Deleuze et le pb de la democratie" qui même si il dit quelques trucs sympa, me semble se planter du tout au tout quand il voit ds la philo de Deleuze une apologie "du terrorisme d'AL  qaida"


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11589118
foutre de
Posté le 21-05-2007 à 16:58:24  profilanswer
 

Rahsaan>
Oui, c'est ça, je reproche à Gilles de m'imposer d'être "majoritaire" en tant qu'homme, de supposer qu'il n'y a pas de minorité homme, qu'on ne puisse être minoritaire à l'intérieur même de la figure idéologique prétendûment dominante. Ma minorité est celle sur laquelle une population crache en y identifiant une domination, sous la figure qui s'impose à moi comme le concept à l'extension duquel j'appartiens.
C'est un peu comme si Gilles désignait un ennemi honteux, et c'est moi, et j'avoue ne pas apprécier d'être castrer de tout devenir, comme si "homme" ne pouvait pas offrir des lignes d'invention, de fuite, des déterritorialisations spécifiques, etc.
Je trouve cela d'autant plus malvenu que biologiquement on parlerait plus justement, au moment de la sexualisation du foetus, de devenir hormonalement homme de la femme (comme souche embryonnaire basique).
c'est pourquoi ta description du devenir comme "fuite-hors de x" me semble rien d'autre que l'inverse du "aller vers x" hégélien, mais au lieu d'être déterminé vers l'avant, on serait déterminé de l'arrière ; au lieu d'aller-vers, on fuirait-de. C'est un peu jouer une causalité aristotélicienne contre une autre, une sorte de finalisme inversé, et ça ne me satisfait pas
pas du tout

 

...

 

pas plus que cette nouvelle interface... quelqu'un a-t-il une explication.

Message cité 2 fois
Message édité par foutre de le 21-05-2007 à 17:01:43

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°11589119
alcyon36
Posté le 21-05-2007 à 16:58:26  profilanswer
 

dis moi Rashaan, comment fait on pour modifier cette typo de merde quand on fait un copier/coller à partir de word?


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11589162
alcyon36
Posté le 21-05-2007 à 17:01:14  profilanswer
 

foutre de a écrit :

Oui, c'est ça, je reproche à Gilles de m'imposer d'être "majoritaire" en tant qu'homme, de supposer qu'il n'y a pas de minorité homme, qu'on ne puisse être minoritaire à l'intérieur même de la figure idéologique prétendûment dominante. Ma minorité est celle sur laquelle une population crache en y identifiant une domination, sous la figure qui s'impose à moi comme le concept à l'extension duquel j'appartiens.  
C'est un peu comme si Gilles désignait un ennemi honteux, et c'est moi, et j'avoue ne pas apprécier d'être castrer de tout devenir, comme si "homme" ne pouvait pas offrir des lignes d'invention, de fuite, des déterritorialisations spécifiques, etc.
Je trouve cela d'autant plus malvenu que biologiquement on parlerait plus justement, au moment de la sexualisation du foetus, de devenir hormonalement homme de la femme (comme souche embryonnaire basique).
c'est pourquoi ta description du devenir comme "fuite-hors de x" me semble rien d'autre que l'inverse du "aller vers x" hégélien, mais au lieu d'être déterminé vers l'avant, on serait déterminé de l'arrière ; au lieu d'aller-vers, on fuirait-de. C'est un peu jouer une causalité aristotélicienne contre une autre, une sorte de finalisme inversé, et ça ne me satisfait pas
pas du tout
 
...
 
pas plus que cette nouvelle interface... quelqu'un a-t-il une explication.


foutre, un ptite question au passage...
ca ne serait pas justement ce qui pousse Laruelle, déjà ds le "principe de minorité", mais bien plus encore ds "bio d'un homme ordinaire" à rejeter la minorité au sens deleuzien, qui est toujours ou bout d'une compte qu'un mixte étatico-minoriaire, pour lui preferer la minorité radicale de l'homme ordinaire en tant qu'Un?


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11589169
rahsaan
Posté le 21-05-2007 à 17:01:57  profilanswer
 

Dans Word, tu vas dans Edition > Remplacer, et tu remplaces les "Â" par " " (rien quoi).  
 
"Si on lit Tite-live, on se rend vite compte que le problème de la crainte est au cœur de ses analyses sur la religion…ce qui est frappant, c’est que cette question de la crainte est tout sauf centrale chez nos amis les grecs, par exemple ds « éthique à Nico » si on cherche à crainte, on nous renvoie illico à la vertu du courage…pour les grecs la crainte n’est pas un affect central, elle doit être reliée à l’ensemble des autres affects (tempérance, respect,…)  
Chez les modernes, le problème est tout autre. Par exemple pour Machiavel ds le Prince, on voit bien que ce dernier doit nécessairement faire peur pour assurer domination. C’est encore plus flagrant chez Hobbes, où c’est la peur (fear) qui est LA passion sur laquelle on peut compter…la crainte est la passion « fiable » par excellence. On voit donc s’opérer une simplification des affects à la seule crainte ; c’est d’autant plus troublant que la crainte est plutôt un affect dépolitisant, elle a plus tendance à séparer que le contraire.  
La fondation de l’Etat moderne reposant sur la crainte se fait sur une base plutôt religieuse que politique…car la crainte c’est avt tout la crainte des dieux.. Or, justement l’Etat moderne doit être cette institution humaine qui doit faire ressentir la crainte (en parallèle avec peur de Dieu)…aussi, alors que la politique romaine (cf T-L) passe par la médiation de la crainte des Dieux, la politique moderne (Hobbes) fonctionne sur la peur de l’Etat..  
Dans la psychologie moderne, la mort joue un rôle qu’elle ne jouait pas chez les anciens…si l’on se penche sur  Platon ou Aristote, on voit bien que pour eux,  la mort est conçue en rapport avec le courage, elle est ce qu’il ne faut pas craindre, la finalité philosophique de la vie humaine repose sur la maîtrise et domination de la crainte devant la mort.  
Or, et ce particulièrement à partir du 17eme siècle, les modernes rejettent cette enquête sur les finalités humaine, pour réduire ces dernières à leur plus simple expression, par exemple le désir de pouvoir chez Hobbes, qui ne cesse qu’au moment de la mort.  
La mort est ainsi pensée comme terme, et non plus comme un moment de la vie que l’on est censé pouvoir maîtriser par l’exercice de la vertu…elle n’est plus au bout du compte que le terme qu’il nous faut repousser. Alors, que la polis cherchait à éduquer le citoyen, à renforcer ses vertus, à le rendre courageux et apte à défendre la cité, l’Etat hobbesien ne cherche plus du tout à éduquer le citoyen au courage, car il a besoin pour assurer sa domination, que les citoyens craignent la mort. (ce qui subira une inflexion lors du développement des Nations, qui a besoin que ses citoyens soient disposés à mourir pour elle…)"


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11589189
alcyon36
Posté le 21-05-2007 à 17:04:08  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Dans Word, tu vas dans Edition > Remplacer, et tu remplaces les "Â" par " " (rien quoi).  


merci, car sinon c'est vraiment trop indigeste;)


Message édité par alcyon36 le 21-05-2007 à 17:04:45

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11589195
foutre de
Posté le 21-05-2007 à 17:04:26  profilanswer
 


Citation :


foutre, un ptite question au passage...

 

ca ne serait pas justement ce qui pousse Laruelle, déjà ds le
"principe de minorité", mais bien plus encore ds "bio d'un homme
ordinaire" à rejeter la minorité au sens deleuzien, qui est toujours ou
bout d'une compte qu'un mixte étatico-minoriaire, pour lui preferer la
minorité radicale de l'homme ordinaire en tant qu'Un?

 


 


oui, c'est une hypothèse. Mais c'est la première fois que je perçois Deleuze aussi déterminé par l'arrière. Il y a bien une minorité boiteuse si elle est encore "autre de" plutôt que "autre que"
bien vu.


Message édité par foutre de le 21-05-2007 à 17:07:31

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
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