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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°11104925
rahsaan
Posté le 05-04-2007 à 17:35:13  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

alcyon36 a écrit :

Selon Nietzsche "avoir compris , c'est à dire vécu six phrases(du ZARATHOUSTRA), cela vous elevait entre les mortels, à un nivzeau plus sublime que celui que peuvent atteindre les hommes "modernes"." as tu dejà ete capable d'une telle lecture, d'une telle co:mprehension....


 
 :lol: Excellent tout ton message ! :D
 
Pour ma part, je crois avoir vécu et ressenti non pas six phrases du livre, mais UNE !  :lol:  
 
Oui, une phrase !  
Dans les degrés du sublime nietzschéen, dans la hiérarchie terrestre zarathoustrienne, je n'en suis donc qu'au premier degré.  
 
Cette phrase, ou plutôt ce passage, c'est celui du Chant d'Ivresse, le plus magnifique du livre :
 

Citation :

Mais alors il arriva ce qui pendant ce jour stupéfiant et long fut le plus stupéfiant: le plus laid des hommes commença derechef, et une dernière fois, à gargouiller et à souffler et, lorsqu'il eut fini par trouver ses mots, voici une question sortit de sa bouche, une question précise et nette, une question bonne, profonde et claire qui remua le coeur de tous ceux qui l'entendaient.
 
"Mes amis, vous tous qui êtes réunis ici, dit le plus laid des hommes, que vous en semble? A cause de cette journée - c'est la première fois de ma vie que je suis content, que j'ai vécu la vie tout entière.
 
Et il me suffit pas d'avoir témoigné cela. Il vaut la peine de vivre sur la terre: Un jour, une fête en compagnie de Zarathoustra a suffi pour m'apprendre à aimer la terre.
 
"Est-ce là - la vie!" dirai-je à la mort. "Eh bien! Encore une fois!"
 
Mes amis, que vous en semble? Ne voulez-vous pas, comme moi, dire à la mort: "Est-ce là la vie, eh bien, pour l'amour de Zarathoustra, encore une fois!" -


 
J'ajouterais aussi des passages du Chant de la Nuit ("Il fait nuit: hélas! pourquoi me faut-il être lumière! et soif de ténèbres! et solitude!") et la débandade des hommes supérieurs dans le chapitre final, le Signe.


Message édité par rahsaan le 05-04-2007 à 17:35:36

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
mood
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Posté le 05-04-2007 à 17:35:13  profilanswer
 

n°11105005
alcyon36
Posté le 05-04-2007 à 17:46:08  profilanswer
 

si on se lance ds une partie de quel  est le plus beau passage du Zarathoustra on e na pour quelques années;)
jai tjrs eu un faible pr cette traduc de Bianquis ds le 1§ du prologue(je sais plus ce que ca donne en allemand) quand Zara rend hommage au soleil:
"Benis-moi donc, oeil paisible qui peux voir sans envie même l'excès du bonheur!"
mais ce passage du chant d'ivresse est tres beau en effet...


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°11105089
rahsaan
Posté le 05-04-2007 à 17:57:53  profilanswer
 

Je pense que nous devrions nous méfier davantage des philosophes : ils font preuve d'un si parfait et si magnifique enthousiasme à penser le monde, qu'ils sont obligés de dissimuler cette puissance infinie de la pensée derrière de longs discours argumentés.  
 
Je pense notamment au cours de Heidegger, Les concepts fondamentaux de la métaphysique. Monde, finitude, solitude, qui enchaîne quelques 200 pages (oui, 200 pages !) d'analyses serrées du concept d'ennui et de ses trois formes... puis encore quelques centaines, très denses sur l'être-au-monde de l'animal en rapport avec la philosophie biologique de Von Uexküll... puis une centaine consacrée à l'analyse comparée ultra-pointue de la dimension synthétique du Logos chez Aristote et Kant (une sorte d'overdose de cours de métaphysique  :lol: )... et soudain ! dans les dix dernières pages, un des exemples les plus lumineux que j'ai lus (à partir d'une histoire de tableau noir accroché de travers dans une classe, H. te montre rien moins que ce que c'est que le monde) et sur les, quoi, dix dernières lignes, un hommage somptueux à Nietzsche, "le dernier des grands" et une citation du Chant de l'Ivresse pour terminer de façon dithyrambique.  
 
10 lignes de poésie pour près de 500 pages de métaphysique aride. :D C'est un bon ratio. :o
 
Tout ça pour dire que derrière les discours les plus abstraits, les plus conceptuels, les plus sérieux se cache toujours autre chose. Et je ne prendrai même pas l'exemple de Spinoza à l'appui de mon propos, ce serait trop facile !... :D


Message édité par rahsaan le 05-04-2007 à 18:10:15

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n°11105118
rahsaan
Posté le 05-04-2007 à 18:01:58  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

si on se lance ds une partie de quel  est le plus beau passage du Zarathoustra on e na pour quelques années;)
jai tjrs eu un faible pr cette traduc de Bianquis ds le 1§ du prologue(je sais plus ce que ca donne en allemand) quand Zara rend hommage au soleil:
"Benis-moi donc, oeil paisible qui peux voir sans envie même l'excès du bonheur!"
mais ce passage du chant d'ivresse est tres beau en effet...


 
Tiens, tu fais bien de citer le début, puisqu'il renvoie évidemment à ce que j'ai cité moi-même.  
Au début, Z. contemple le lever du soleil et admire sa surabondance de force, qui ne jalouse en rien l'excès de bonheur.  
Et dans le Chant de la Nuit, Z. dit que pour lui, le monde n'est que nuit, car nul n'est prêt à recevoir sa prodigieuse surabondance de lumière. Il est devenu lui-même le soleil qu'il contemplait.
De la dimension cosmique du prologue... à la dimension mystique de la nuit. ;)


Message édité par rahsaan le 05-04-2007 à 18:10:02

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n°11109890
Baptiste R
Posté le 06-04-2007 à 01:51:17  profilanswer
 

Putain mais, Viscere Musc, ils sont trop forts vos posts ! Je veux dire, on pourrait trouver tout ça très cliché (ça n'a pas manqué), mais non. Vous stéréotiser les monotypes (heu) et vous grisez la grisaille, vous réveillez, quoi (parce que je ne dis pas qu'ici c'est la géante contre la bande de nains. mon éloge doit être pris collectivement, parce que vous êtes assez forte pour donner à chacun l'occasion de livrer le meilleur de lui-même (et ça marche)). Vous étiez plus dure à défendre quand vous pissiez sur le toit mais maintenant vous êtes encore plus splendide. Vous êtes la continuation parfaite de ma soirée (pavé de saumon accompagné d'amis et d'un gratin de poireaux), merci.

Message cité 3 fois
Message édité par Baptiste R le 06-04-2007 à 02:08:50
n°11111543
Baptiste R
Posté le 06-04-2007 à 10:47:44  profilanswer
 

Bien que le méta-langage, au fond, n'existe pas.

n°11111716
rahsaan
Posté le 06-04-2007 à 11:07:57  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

parce que vous êtes assez forte pour donner à chacun l'occasion de livrer le meilleur de lui-même (et ça marche)).


 
Mwé.  [:prodigy]  


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n°11111936
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 06-04-2007 à 11:30:10  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

pavé de saumon accompagné d'amis et d'un gratin de poireaux


 
 
Fan de Thomas Harris ?

n°11111981
viscere mu​sc
Posté le 06-04-2007 à 11:33:40  profilanswer
 

Baptiste R a écrit :

Putain mais, Viscere Musc, [...] Vous êtes la continuation parfaite de ma soirée (pavé de saumon accompagné d'amis et d'un gratin de poireaux), merci.


 
Oui, une bonne Call Girl bien chienne après la bectance et ensuite dormir avec le sommeil du juste...
Cher Baptistère, je baigne en votre eau bénite et d'un bras sorti nu de l'écûme, j'éclabousse les passants philosophant.
Hélas répondre et radoter m'est un narcissisme mal venu donc :
 
Dernière exhibition et ensuite
 
 
1) mes mots d'ordre je ne les adresse qu'à moi
2) "la ménopause ne me concerne pas" : ah bon? la sexualité de l'autre sexe ne te concerne pas ?! (là encore l'accueil de l'Etranger laisse à redire)
3) Je ne prèche pas des convertis, je fais de la pédagogie à partir de ce que vous semblez entendre. Cela à la demande répétée d'Alcyon36. "objet transitionnel", quand je parle de vous citer Deleuze, ça veut dire quelque chose.
4) Nietzsche et american beauty :
- l'amen intégral jusque dans la mort (et pas seulement de la part du narrateur)
-l'ERM qui sélectionne les évènements par leur valeur affective (écouter la fin du film avant qu'il ne sombre dans les Beatles)
- (petits plus, pour ceux qui sentent) Les larmes sur les chemises vides d'époux/les larmes sur le cheval de Turin (pourquoi oublie-t-on toujours que Nietzsche pleurait ?)
 
Continuation d'une soirée, j'aurai donc été une nuit, de laquelle il ne faut pas manquer d'émerger
 
Adieu
 
PS : n'oubiez pas la scansion d'un rythme pour l'existence dont la philosophie est également la possibilité (il n'y a pas que le dialogue, fût-ce avec les hommes du passé, les immenses).
 


---------------
entre centre et absence
n°11116818
jean eymar​d
Posté le 06-04-2007 à 20:10:58  profilanswer
 

viscere musc,
 
J'aime bien vos posts. Ils sentent bon la personne d'expérience.
Les émotions au service de la pensée, c'est fort.
Et d'autant plus méritoire quand on a de la culture: elle est mieux digérée.  
Enfin ce qui est fort c'est de ne pas abandonner ses émotions pour faire acte de penser mais de les consulter a bon escient.
 
Bon trève de digressions, vous etes vraiment de sexe féminin ?

mood
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Posté le 06-04-2007 à 20:10:58  profilanswer
 

n°11122133
rahsaan
Posté le 07-04-2007 à 14:20:47  profilanswer
 

Il y a pas mal de textes que j'ai à coeur d'écrire depuis longtemps. Des choses auxquelles j'ai pensé pour la première fois il y a deux ou trois ans, mais que je n'arrive pas à écrire pour de bon.  
Alors, je profite de ce forum pour m'y mettre, comme je l'ai déjà fait plusieurs fois.  
Si ça vous dit, vous pourrez me dire ce que vous en pensez. Même si ce ne sont que quelques remarques décousues, trop rapides, trop intuitives.
 
Interroger le monde
Je m'intéresse par exemple à savoir ce que c'est que la littérature.  
 
Et je pense que c'est une question tout à fait philosophique.  
 
Par exemple, je me demande : quels rapports y a t-il entre la philosophie et la littérature ?  
D'une part, il est facile de les différencier : la littérature suscite l'imagination, les sentiments, l'émotion, elle recherche le beau, elle crée des fictions... Quant à la philosophie, c'est un mode de discours qui se veut raisonnable.  
Mais en réalité, cette distinction est bien trop fragile et il est évident que les grands écrivains et les grands philosophes font la même chose : ils interrogent le monde dans son entier, dans tous ses aspects. Ils s'interrogent selon des voies différentes, mais qui aboutissent en réalité à poser les mêmes problèmes.  
Freud, Husserl et Bergson ont interrogé le tournant du 20e siècle autant que Proust, Bernanos...  
 
On pourrait évidemment citer les auteurs à cheval sur la philo et la "littérature" : Montaigne, Diderot font oeuvre d'écrivains autant que de pensée conceptuelle. Rousseau a écrit des livres politiques, des discours, autant que des romans. Et les Rêveries du promeneur solitaire sont les dernières confessions d'un homme qui, seul, parvient enfin peut-être à une certaine harmonie entre sa pensée, ses sentiments et le monde autour de lui.  
Par ailleurs, La Bruyère s'est réclamé de la philosophie, mais il ne figure pas du tout dans l'histoire de cette discipline. Ses Caractères parlent pourtant de l'homme dans son entier : il est aussi "anthropologue" que Kant, et avant lui.  
Quant à Diderot, on le cite toujours dans les "philosophes des Lumières" mais uniquement dans les études de lettres. Il est vrai qu'il ne suffit pas de réclamer le titre de philosophe pour l'être, mais est-ce parce qu'on ne vous le reconnaît pas que vous ne l'êtes pas ?...
 
La philosophie, une branche de la littérature ?
On peut se demander en fait laquelle englobe l'autre. La philosophie n'est-elle qu'une partie des lettres (Descartes est un écrivain français, autant que La Rochefoucauld ou Pascal, Hegel autant que Goethe, Hume comme Shakespeare) ou bien la littérature n'est-elle qu'un objet que comprend la philosophie, parmi d'autres ?
Tel que je le dis, on voit bien que je penche pour la première solution. Et si l'on admet que la philosophie est dans son essence métaphysique (elle interroge le tout de l'étant et l'étant en tant que tel), alors on pourrait s'amuser à dire, avec Borges, que "la métaphysique est une branche de la littérature fantastique". [J'avais d'ailleurs commencé à écrire un petit article sur ce sujet précis :o]
Au fond, la philosophie serait un mode particulier de la littérature, mais une manière qui se prend trop au sérieux, qui se laisse prendre au piège de la raison. Le philosophe joue les purs esprits. Le philosophe prétend avoir une posture dégagée, une posture de surplomb, une posture sérieuse, mais l'écrivain arrive, se moque de cette attitude, qui n'est qu'une attitude, rit, plaisante et rappelle au philosophe que lui aussi n'est qu'un homme et que, "qui fait l'ange fait la bête" (Pascal).  
 
Vivre la vie
Je me souviens d'une phrase du rédacteur d'un rapport de jury du capes de lettres, Yves Touchefeu, qui conseillait aux futurs professeurs de la discipline de ne pas oublier ceci : que par leurs oeuvres, les auteurs n'ont pas voulu écrire de belles pages ou faire de la littérature, mais qu'ils nous ont dit comment ils ont vécu la vie.
Par le biais de leurs récits, de leurs poèmes, de leurs discours, de leurs romans, ils ont interrogé le monde. Ils ont dit indirectement ce qu'ils ont vécu, ils ont essayé de saisir ce qu'il y avait de problématique dans l'existence et de se confronter à ces difficultés. En somme, ils n'ont pas écrit pour la joliesse du style ou pour faire de belles phrases. Bien sûr, toute littérature est de circonstance. On n'écrit pas pour le ciel bleu et les nuages mais pour ses contemporains, pour manger, pour être reconnu aussi, pour peser sur son époque, pour se vider de ce trop-plein de choses et l'oublier et pour des tas d'autres raisons... Mais peu importe les raisons. La littérature est le résultat d'une confrontation avec le réel. Mais ce n'en est pas la simple trace, comme s'il y avait moins dans le livre que dans ce qu'a vécu l'auteur.  
Montaigne dit bien, dans l'adresse au lecteur de ses Essais, que ceux qui liront son oeuvre le connaîtront bien peu que s'ils l'avaient connu à son époque. Au 16e siècle, nous aurions connu un magistrat, un personnage public affairé. Par son livre, nous découvrons simplement l'homme qui s'est demandé "que sais-je ?", celui qui a voulu humilier l'homme en lui montrant qu'il n'a aucun accès à l'Etre, aucun pouvoir de participer à une vérité supérieure, mais aussi lui montrer sa grandeur s'il accepte de vivre dans un monde incertain, multiple, changeant... (c'est à l'étude de Hugo Friedrich, Montaigne, que je reprends cette idée).  
 
"Que faire ?"
Il m'a semblé, intuitivement, que la littérature était la réponse à la question : que faire ?
La plupart du temps, nous savons que nous avons à faire. Notre famille, notre entourage, notre pays, nos professeurs, nos hommes politiques, nos supérieurs nous le disent sans cesse. Ils nous ramènent à ce que Bergson a appelé : le tout de l'obligation ; l'ensemble de ce qui doit être fait au quotidien en vue de la conservation de la société (cf. Les deux sources... , chapitre I)
Kant a élevé ce "tu-dois" jusqu'à l'absolu, à l'impératif catégorique, par lequel le sujet pratique peut se prescrire à lui-même, de façon autonome, la maxime de son action. Kant nous dit ce que nous devons faire.
A l'inverse, la philosophie éthique de Spinoza nous enseigne que nous pouvons faire. Il nous dit quelle est notre puissance d'être et nous encourage à l'accroître, en apprennant à contempler la puissance divine et en créant des actes qui procurent de la joie.  
 
Peut-être que la littérature pose une question encore plus simple que celle de Spinoza et Kant. Non plus "que dois-je faire ?" ou "que puis-je faire ?" mais... "que faire ?". Question plus bien indéterminée, bien plus simple et donc plus angoissante.  
Que faire de ma vie ?...
Il me semble que la question de Montaigne est une autre manière de poser cette question. Car au fond, c'est pratiquer le même doute, que d'avouer qu'on ne sait pas ce qu'on sait ou qu'on ne sait pas quoi faire.  
Peut-être que l'envie d'écrire vient quand on a besoin de répondre à cette interrogation." Que vais-je faire, demain, l'année prochaine, dans dix ans et jusqu'à ma mort ?..."  
 
Si d'autres se le sont demandés, ce qu'ils ont dit ne vaut pas que pour eux. Ils ont essayé de se donner des réponses. Et nous n'avons pas à reprendre leurs réponses, mais la question. Et s'ils se sont posés la question, pourquoi pas nous à notre tour ?... Peut-être que nous ne ferons pas aussi bien qu'eux, peut-être que nous n'avons pas le génie de Montaigne ni de Rousseau ou de Proust, mais il ne pourra que nous être profitable de s'y essayer.  
Certaines personnes se demandent : "Est-ce que je vis tout ce que je mérite de vivre ? Est-ce que je vis tout ce que je pourrais vivre ? Est-ce que je ne suis pas en train de commettre une erreur, de passer à côté de l'essentiel ? Est-ce que je n'aurai pas de regrets plus tard ?..."
 
La littérature comme séduction
Ce n'est que par le biais d'un artifice que la littérature peut répondre à ces questions. Cet artifice peut aussi bien être une fiction romanesque qu'un recueil de poèmes, de chanson, ou une pièce de théâtre.  
Mais ce n'est que par le biais de cet artifice que nous nous débarrassons de nos oeillères, de nos illusions. L'artifice de l'imaginaire contre l'illusion. En faisant une oeuvre où il invente un petit monde fictif, l'écrivain opère une variation, une déviation par rapport au réel. Et c'est cette déviation, ce "léger décollement" (Barthes) qui nous séduit. Etymologiquement, séduire vient du latin se-ducere ; ducere = conduire, se-ducere = mé-conduire, donc tromper. La littérature comme séduction du lecteur. Et le concept philosophique comme artifice particulier de cette séduction ? Le concept comme paradoxe, qui ne serait qu'une façon, parmi d'autres, d'opérer cette transformation fictive du réel ?...  
 
Aller au bout de son destin
C'est cette transformation qui constitue la liberté propre de la littérature, celle d'imaginer un monde, qui aille du légérement différent au complétement inconnu, de façon à opérer des changements dans ce qui s'y passe et à voir comme l'on agit dans ce monde, ce qui s'y fait, quels choix font les personnages. Et plus encore, dans un récit, les personnages ont ce privilége par rapport aux êtres réels d'aller jusqu'au bout de leur destin. Ils ne sont pas arrêtés comme nous par les interdits sociaux, par la peur, la lâcheté, les incertitudes de la vie et les hasards malencontreux.  
S'ils ont l'intention de tuer, ils tueront. S'ils aiment, ils aimeront. Ils accompliront leur destin jusqu'au bout, ils l'épuiseront jusqu'à la dernière goutte. Ils auront incarné à fond leur personnage, ils auront tout donné. Madame Bovary va au bout de sa bêtise et préfère mourir quand elle comprend qu'elle n'a cessé de se tromper. Etienne Lantier mène jusqu'au bout la grève et repart aussi misérable qu'il est arrivé à la mine, dans Germinal.
 
Simenon, dans une interview de la vieillesse, s'explique sur son oeuvre et reprend l'idée balzacienne qu'un héros, c'est n'importe qui dans la rue mais qui va au bout de son destin. L'auteur de Maigret dit d'ailleurs qu'il a arrêté d'écrire parce qu'il était épuisé de vivre, à chaque roman, pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines avec des personnages dont il ne connaissait pas le destin avant de l'écrire mais qu'il dont il devait pourtant écrire la vérité jusqu'au bout. Ainsi, de nombreux criminels, chez Simenon, qui, dostoievskiens, n'attendent qu'une chose : c'est d'être arrêtés et envoyés à l'échafaud.  
 

Citation :

Le commissaire Maigret, de la Police judiciaire, avait l'habitude de voir ainsi des gens pénétrer en coup de vent dans sa vie, s'imposer à lui pendant des jours, des semaines ou des mois, puis sombrer de nouveau dans la foule anonyme. Le bruit des boggies scandait ses réflexions. [Cette enquête] serait-elle passionnante, banale, écœurante ou tragique ? (Le port des brumes)


 
L'étoffe des songes
La littérature propose donc une vision de la vie en raccourci. Bien sûr, nous ne pouvons pas nous confondre avec des héros de romans. Marc-Aurèle dit que nous aurions tort d'avoir des regrets à la fin de notre vie si nous n'avons pas accompli ce que nous voulions, car notre destin est selon l'ordre des choses et nous ne sommes pas des personnages de théâtre qui n'ont pas réussi à vivre jusqu'au bout de la pièce. Mais il n'en demeure pas moins que la littérature, et plus encore l'écriture, est une incitation à faire les choses entièrement, à les faire comme si nous étions désinteressés, aussi détachés que nous sommes distants des personnages fictifs (faute de tomber dans le bovarysme). La littérature est cette séduction, cette incitation à aller au bout et ce détachement qui seul nous permet de vivre la vie adéquatement. C'est en ce sens qu'elle est la réponse à la question "que faire ?".  
 
Dans La Nuit des Rois, Shakespeare fait dire à un de ses personnages : "l'illusion disait vrai." L'artifice littéraire ne nous trompe que pour autant qu'il peut, provisoirement, nous faire sortir du songe de la vie pour mieux nous aider à l'accepter et le vivre. La littérature est faite de l'étoffe dont nous sommes faits dont sont faits les songes.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 07-04-2007 à 15:33:27

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11123700
le vicaire
Posté le 07-04-2007 à 19:51:14  profilanswer
 

"(...) Celui qui reconnaît pour sa tâche essentielle l'action efficace au sein de l'histoire, ne peut pas préférer l'action artistique. L'art agit mal et agit peu. Il est clair que, si Marx avait suivi ses rêves de jeunesse et écrit les plus beaux romans du monde, il eût enchanté le monde, mais ne l'eût pas ébranlé. Il faut donc écrire Le Capital et non pas Guerre et Paix. Il ne faut pas peindre le meurtre de César, il faut être Brutus. (...)". Maurice Blanchot  (L'espace littéraire, 1955, Gallimard, p. 284)

n°11123766
rahsaan
Posté le 07-04-2007 à 20:04:45  profilanswer
 

Oui, mais qu'a fait Blanchot lui-même, sinon écrire d'énormes pavés marécageux ? -qui n'ont pas remué grand monde, je m'excuse de le dire...  
Et la littérature, c'est aussi une façon de sortir des faits accomplis de l'histoire, de la sanction irrémédiable du passé.  
 
Je suis d'accord avec Blanchot quand, ailleurs, il dit qu'est lâche celui qui prétend préserver sa vie du danger uniquement par amour des oeuvres qu'il écrira. L'homme moderne, dit Blanchot, se caractérise par le refus de s'extérioriser, d'affronter la mort au sens hégélien, celle qu'a surmontée la conscience du maître. L'homme moderne préfère son confort, son plaisir, la vie immédiate.  
Il est vrai qu'on ne doit pas avoir besoin d'écrire des oeuvres si on veut en écrire de bonnes.  
Je maintiens toutefois que la littérature crée des actes, mais pas des actes de l'ordre de la politique. Pourtant, il y a bien du politique dans l'écriture, c'en est même le coeur.  
Souhaitons qu'il y ait toujours à l'avenir des écrivains, et d'autres artistes, pour nous permettre de respirer, hors de la tyrannie des politiques, "marxistes" ou autres.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 07-04-2007 à 20:24:15

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n°11123980
le vicaire
Posté le 07-04-2007 à 20:47:31  profilanswer
 

L'antithèse de Blanchot
 
"On me demandera si je suis prince ou législateur pour écrire sur la Politique ? Je réponds que non, et que c'est pour cela que j'écris sur la Politique. Si j'étais prince ou législateur, je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu'il faut faire ; je le ferais ou je me tairais." Jean-Jacques Rousseau (Du contrat social - livre I).

n°11124006
rahsaan
Posté le 07-04-2007 à 20:52:06  profilanswer
 

Et la synthèse ? ( :D )


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n°11124023
le vicaire
Posté le 07-04-2007 à 20:56:18  profilanswer
 

quoique ils disent tous les deux que l'art n'agit pas. Mais Rousseau semble renverser l'idée, en justifiant qu'il faut dire avant de faire mais en séparant tout aussi clairement que Blanchot l'action de l'écriture. Ceci est peut être spécifique au politique ou en tout cas à l'idée que le politique ne peut pas se sortir de la contingence, de l'Histoire. Ce qui remet un autre problème en perspective celui de la possibilité d'agir en politique.

n°11124037
rahsaan
Posté le 07-04-2007 à 21:01:25  profilanswer
 

le vicaire a écrit :

quoique ils disent tous les deux que l'art n'agit pas. Mais Rousseau semble renverser l'idée, en justifiant qu'il faut dire avant de faire mais en séparant tout aussi clairement que Blanchot l'action de l'écriture. Ceci est peut être spécifique au politique ou en tout cas à l'idée que le politique ne peut pas se sortir de la contingence, de l'Histoire. Ce qui remet un autre problème en perspective celui de la possibilité d'agir en politique.


 
Alors, en quoi est-ce que ça pourrait consister, l'agir en politique ?


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n°11124114
le vicaire
Posté le 07-04-2007 à 21:13:41  profilanswer
 

Hitler serait-il devenu Hitler s'il avait réussi son concours des beaux arts ? Je veux dire que la politique est faite par les hommes, par l'Esprit du monde dirait Hegel, mais à la condition que celui qui agit en politique soit capable de se jouer des circonstances. C'est un peu l'idée du caméléon de Machiavel. La virtù répond à cette nécessité de l'agir en politique. Sans cette capacité à tordre le réel, l'homme politique agit peu ou mal pour reprendre Blanchot. Agir en politique c'est ainsi dévoiler l'esprit de son époque, mais plus encore celui du flux de l'histoire au moment où je le vis, parce que l'on en a saisi son intention. Lorsque je regarde le monde dans lequel je vis, je peux le gouverner si le flux ne m'emporte pas en me brisant mais surtout s'il m'emporte avec lui au risque de me briser.

n°11124639
pascal75
Posté le 07-04-2007 à 22:19:11  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Il y a pas mal de textes que j'ai à coeur d'écrire depuis longtemps...


A propos de l'écrivain, je trouve épatant que tu reprennes de Barthes l'idée du léger décollement de la réalité. C'est ce qu'on ressent, il me semble, chez un grand écrivain : un grain de folie, un truc pas net qui nous fait dévier vers un monde inconnu, vers des sensations, des visions ou des musiques propres à sa littérature, et qui nous séduit, qui nous capte, nous emmène malgré nous (les trois poins de Céline comme des notes d'une musique proprement littéraire).
Mais je vois moins que toi la littérature comme une réponse à la question "que faire ?" et les écrivains (les philosophes, tu rajoutes) comme ceux qui "interrogent le monde". Justement parce qu'ils le font délirer, le monde, qu'ils l'emmènent là où il ne serait pas allé tout seul. Bref, ce sont, les philosophes et les écrivains (les bons), dans ce sens, moins des questionneurs que des créateurs. Peut-être parce que les gens qui se posent trop de questions n'ont plus la force de rien faire, des sortes de Gilbert Delausse, quoi...


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n°11126965
rahsaan
Posté le 08-04-2007 à 11:35:02  profilanswer
 

Peut-être qu'en posant des questions, ils ne font pas que retrouver une vérité toujours déjà présente, qui n'attendait qu'eux pour être dévoilés.  
Peut-être que ces questions créent quelque chose de nouveau, car ce sont des questions inédites.  
Il me semble bien d'ailleurs que Céline a dit lui-même : "Un livre, ça pose une question."
 
Un livre n'est pas écrit pour la beauté du geste.  
On peut penser aussi à cette formule de Bergson : "Nul n'est tenu d'écrire un livre."
Si tu écris une oeuvre, ce n'est pas par obligation, ou par déterminisme social, parce que tu appartiens à tel groupe social dont tu exprimes les idées ; c'est que ça te tient à coeur, qu'il y a quelque chose que tu tiens absolument à atteindre par le biais de cette oeuvre.  
 
Pour Heidegger, l'oeuvre d'art nous apprend ce qu'est le monde. Exemple célèbre des souliers peints par Van Gogh : ils renvoient au monde paysan, à la terre, au travail, donc à des hommes qui ont habité le monde d'une certaine façon.  
Au contraire, Nietzsche dit que l'oeuvre d'art est l'expression de l'ivresse de vivre de l'artiste, et rien d'autre ; que l'artiste ne peut pas du tout "sortir de lui" : il ne peut que présenter une vision transfigurée, intensifiée de sa propre vie. L'art parachève la vie.


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n°11127063
pascal75
Posté le 08-04-2007 à 11:54:06  profilanswer
 

Oui, oui, d'accord, une question, un problème, est toujours à l'origine d'une oeuvre. Mais l'écrivain, l'artiste, ne peuvent pas la formuler clairement. Leur oeuvre n'est pas une réponse à une question mais le développement du monde qui rend la question pertinente, il me semble.
Evidemment que si on écrit c'est parce qu'on a quelque chose à coeur. Quant à Heidegger, je sais pas. Qu'il se débrouille avec ses propres questions :D


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n°11127081
rahsaan
Posté le 08-04-2007 à 11:57:05  profilanswer
 

Bien sûr, la formulation de la question arrive après que l'oeuvre a été écrite. C'est le livre qui pose une question, pas l'auteur. Ou bien disons que l'auteur pose la question que lui pose son livre.  
Ceci pour dire qu'en écrivant, un auteur ne réalise pas un projet. Ca, c'est une vision rétrospective. Comme si l'artiste contemplait une Idée avant de l'actualiser dans une oeuvre.


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n°11127108
pascal75
Posté le 08-04-2007 à 12:02:33  profilanswer
 

Mais ce problème (plus qu'une question) est toujours particulier. Je doute qu'il puisse se poser sous la forme générale du "que faire ?" J'imagine mal qu'une oeuvre puisse être la réponse à cette question (léniniste).


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n°11127207
rahsaan
Posté le 08-04-2007 à 12:22:30  profilanswer
 

Pas une seule oeuvre, non ; chacune apporte un petit quelque chose. Et la réponse ne se trouve pas virtuellement dans la totalité de la littérature mondiale, puisqu'il s'agit toujours d'agir, ensuite, quand on a refermé le livre.


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n°11127235
pascal75
Posté le 08-04-2007 à 12:25:31  profilanswer
 

C'est ce point que je ne comprends pas, faudra que je relise ton post. Mais je ne trouve pas très stimulante cette question, c'est un peu celle de quelqu'un qui semble s'ennuyer.


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n°11127271
rahsaan
Posté le 08-04-2007 à 12:30:40  profilanswer
 

Possible, oui.  
Mais il me semble que se la poser peut être bénéfique. Ce n'est pas seulement être accablé par l'ennui, c'est aussi décider librement de ce qu'on fera.


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n°11127309
pascal75
Posté le 08-04-2007 à 12:36:38  profilanswer
 

Dans mon expérience perso ( :spamafote: ) je me pose plutôt des questions du genre : comment le faire ? comment éviter les pièges ?, des questions plutôt pratiques. Quant au problème qui me motive, je serais bien infichu de le formuler comme une question simple.

Message cité 1 fois
Message édité par pascal75 le 08-04-2007 à 12:37:13

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n°11127318
rahsaan
Posté le 08-04-2007 à 12:37:55  profilanswer
 

Tiens, Le Vicaire évoquait la séparation art / action politique.  
Mais il se trouve que le roman de Nikolaï Tchernychevsky, Que faire ? a donné son titre à un célèbre livre de Lénine, où se trouve décrite l'organisation du parti révolutionnaire bolchévique.


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n°11127335
foutre de
Posté le 08-04-2007 à 12:41:20  profilanswer
 

Je vous avoue que ce long week end n'est pas propice à la médidation pour ma part mais cette question littéraire me touche.
étrangement c'est la littérature envisagée comme un "artifice" qui m'arrête. C'est un lieu commun mais l'ambiguité du mots fait constamment versé dans la prestidigitation. Je veux dire que cette conception emporte un implicite, celui d'une norme du vrai, et du décollage par rapport à lui comme référence première.
Dès qu'on aborde la littérature ainsi, c'est l'ornement qui y domine, les figures de styles sont des fioritures et plus des possibilités de penser.
Or cette conception est une conception juridique de la littérature, elle nous vient principalement de la rhétorique latine, celle de Ciceron, bien sûr, celle des frères Gracques aussi bien, qui nourrissent encore aujourd'hui l'apprentissage du Droit en France. C'est une théorie littéraire en soi, sans nul doute, mais c'est une théorie littéraire qui instrumentalise la compréhension du fait de construire un discours, en vue de convaincre et d'emporter l'assentiment.
 
Or la littérature telle qu'elle est étudiée dans notre université, à partir d'outils aristotéliciens que vous reconnaîtrez, plonge pour une grande part dans un phénomène qui vient contredire la vision juridique de la construction du discours : serait littéraire à la différence des autres types de discours, le texte en qui coïncide significativement le fond et la forme. Cela formerait le fond harmonique des esthétiques littéraires.
Et quand le fond et la forme coïncident, la figure de style n'est plus un simple ornement ajouté à un discours mis en scène dans sa tête (avec toute la technologie mnémonique-architecturale des classiques qu'on connaît), elle est un phénomène sémantique à part entière.
Elle n'est donc pas un artifice au sens  prestidigitatoire, mais un travail du langage au bout de ses possibilités. Et si la littérature séduit, ce n'est plus par effets de maquillage, mais parce qu'elle nous arrête sur une formulation dont la puissance formelle atteint jusqu'au thème du discours.
Les calligrammes me semblent un très bon exemple de cela.
 
Je crois qu'en plus ta description, rahsaan, est extrêmement liée à la littérature romanesque, narrative, on pourrait dire "figurative" pour introduire une distinction qui existe en peinture. Donc une littérature qui amène des question du genre : "qu'est-ce que ça raconte?", "quelle vision du monde ça donne ?"...
On peut dire que depuis le XIXeme en poésie, avec la pensée de l'art pour l'art, bien des aspects de la littérature ont changé, probablement à cause du tournant industrielle des productions littéraires et de la diffusion de masse par voie de presse (Balzac, Zola...).
Une des possibilités littéraires, grandement développée au vingtième siècle (Joyce, l'écriture automatique, le nouveau roman...), est d'éloigner la littérature de toute représentation, de toute figuration. La poésie contemporaine d'avant-garde (depuis Mallarmé, voire Nerval) n'a plus rien a voir avec des "visions du monde", la psychologie de personnages allant au bout de leur destin, qui sont des catégories de critique littéraire du XIXème (st Beuve, Lanson, Bourget...). Ainsi on ne sera pas surpris de trouver au sommaire d'une revue de littérature d'avant garde comme "Change", des contributions de Deleuze, à côté de poèmes d'un mathématicien comme Roubaud (affiliation oulipo).
La littérature n'est pas seulement artifice séduisant, elle est aussi agencement expérimental qui explore d'autres formes de dire. Abordée ainsi il n'est pas sûr qu'elle ne soit pas tout autant "écoute du logos" (je pense à Marcel Conche en prenant cette formule de son édition d'Héraklite) que ne l'est la philosophie qui, pour "raisonnable" qu'elle serait, n'en aurait pourtant pas fini de voisiner avec le délire.
 
Du coup, je ne vois pas, je ne crois pas, à cette littérature qui interroge un "que faire?" Les écrivains que je connais, sont comme les artistes de n'importe quel autre domaine (plastique, musical) : ils savent que faire depuis longtemps ; apprendre à jouer d'une matière, découvrir les effets sensibles et intelligibles dont cette part du réel est capable et en nourrir alentour qui en veut, qui participe à leurs joies, leurs curiosités.
Je crois que peu d'auteurs se demandent "que faire?", ou se propose de se le demander pour leur lectorat. c'est une question très moraliste qui s'applique admirablement à la littérature qu'on peut dire  "prescriptive", déjà moins à la littérature "descriptives", absolument pas à la littérature expérimentale qui caractérise le champ littéraire des cent dernières années.
 
Je ne sais si cela te renverra à certains aspects que tu as soulevés. qui me semblent à moi trop philosophiques pour la littérature ("que faire ?" c'est quand un philosophe se met à faire de la littérature (sartre par exemple), c'est très "thétique" comme attitude). Le plus souvent les littérateurs ne sont pas des usagers du discours mais des contemplatifs qui bricolent des recettes à faire goûter à leurs lecteurs.
 
Par ailleurs je suis assez chagrin de lire ça sous ta plume :
 
 

rahsaan a écrit :

Oui, mais qu'a fait Blanchot lui-même, sinon écrire d'énormes pavés marécageux ? -qui n'ont pas remué grand monde, je m'excuse de le dire...  


 
 
Pour ce qui est de l'activité politique de Blanchot, à l'extrême droite comme à l'extrême gauche ("le terrorisme comme méthode de salut public", etc.), elle a cessé comme celle de Bataille, au moment de l'Occupation allemande, pour des raisons de retraits méditatifs qu'il serait malvenu ici de lui reprocher (ou alors bien des auteurs de philosophie sont méprisables à ce compte).
Quant à "ces pavés marécageux" dont tu parles, tu me sembles tomber aussi bas que Viscere musc avec ce genre de jugement à l'emporte-pièce. Si sa lecture t'ennuie, dommage, celle de Kant pourrait encourrir les mêmes reproches qu'un minimum de courtoisie nous fait relativiser assez facilement. Pour moi le "marécage" blanchot fut très fécond, notamment à cause de ses proximités avec la phénoménologie (jusque Derrida levinas) et je ne vois qu'un seul de ses livres pouvant ressembler à un pavé : c'est un recueil d'articles qui est moins gros que la CRP1, "L'entretien infini". Le reste de ses livres semble de petits livres et je crois que tu n'as guère fréquenté les récits qu'il a donnés (je pense à "Thomas l'obscur" notamment).
Enfin, Blanchot prolonge une pensée initiée d'une part par les romantiques allemands d'Iena (Novalis, les Schlegel,...), celle du fragment, et d'autre part l'expérience mallarméenne du vide et de la raréfaction du dire. Je crois que tu es bien imbu et bien ignorant de dire qu'elle n'a pas remué grand monde. L'atmosphère était si blanchotienne à la fin des années 70 qu'elle pouvait même en devenir irrespirable à beaucoup (le premier universitaire d'une fac de lettres te le confirmera) ; bien des écritures contemporaines lui sont redevables : celles de Valère Novarina, de Richard Millet, celle de Bernard Sichère (en tout cas le prisme qui gravite autour de la revue "Ligne" ).
Et je serais assez réticent à juger d'une oeuvre sur la quantité de monde qu'elle a remué, connaissant la doctrine des "happy fews" qui règne depuis Stendhal (importe peu d'être peu lu, pourvu qu'on le soit bien... voire pas par n'importe qui... reste de "noblesse oblige" ).
 
 
en attendant bon weekend pascal à tous
 
 
 
 

n°11127394
rahsaan
Posté le 08-04-2007 à 12:54:42  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

Dans mon expérience perso ( :spamafote: ) je me pose plutôt des questions du genre : comment le faire ? comment éviter les pièges ?, des questions plutôt pratiques. Quant au problème qui me motive, je serais bien infichu de le formuler comme une question simple.


 
Schopenhauer dit que chacune de nos volontés trouve sa motivation. Pas d'acte sans motif d'agir. Mais ce que veut un homme en général, nul ne le sait et personne n'est capable de le dire. "Que veux-tu dans la vie ?..." Le vouloir-vivre est sans motif.  
Ce dont on a besoin, c'est peut-être moins de raisons d'agir que de courage pour agir, pour ne pas tergiverser. Fameux problème de la procrastination.  
 
Je me souviens de la fin des Carnets du sous-sol de Dostoievsky, où le héros jette à la face du lecteur que celui-ci peut de moins en moins se passer de livres, qu'il a besoin d'eux pour vivre, qu'il est en quelque sorte vampirisés par eux. Je déforme certainement pas mal le propos du livre.  
 
Après quelques recherches, je ne trouve en ligne qu'une traduction anglaise. Si quelqu'un trouve en français la fin de la 2e partie, A propos de neige fondue. (ou "de neige mouillée" ).  
 

Citation :

Why, to tell long stories, showing how I have spoiled my life through morally rotting in my corner, through lack of fitting environment, through divorce from real life, and rankling spite in my underground world, would certainly not be interesting; a novel needs a hero, and all the traits for an anti-hero are expressly gathered together here, and what matters most, it all produces an unpleasant impression, for we are all divorced from life, we are all cripples, every one of us, more or less. We are so divorced from it that we feel at once a sort of loathing for real life, and so cannot bear to be reminded of it. Why, we have come almost to looking upon real life as an effort, almost as hard work, and we are all privately agreed that it is better in books. And why do we fuss and fume sometimes? Why are we perverse and ask for something else? We don't know what ourselves. It would be the worse for us if our petulant prayers were answered. Come, try, give any one of us, for instance, a little more independence, untie our hands, widen the spheres of our activity, relax the control and we...yes, I assure you...we should be begging to be under control again at once. I know that you will very likely be angry with me for that, and will begin shouting and stamping. Speak for yourself, you will say, and for your miseries in your underground holes, and don't dare to say all of us--excuse me, gentlemen, I am not justifying myself with that "all of us." As for what concerns me in particular I have only in my life carried to an extreme what you have not dared to carry halfway, and what's more, you have taken your cowardice for good sense, and have found comfort in deceiving yourselves. So that perhaps, after all, there is more life in me than in you. Look into it more carefully! Why, we don't even know what living means now, what it is, and what it is called? Leave us alone without books and we shall be lost and in confusion at once. We shall not know what to join on to, what to cling to, what to love and what to hate, what to respect and what to despise.

 
 
Voilà, c'était ça l'idée de cette fin de livre : sans livre, nous ne savons plus quel est le sens de la vie, ni quoi aimer, haïr, respecter, mépriser ; nous devenons lâches, nous tombons dans l'incertitude, la confusion...


Message édité par rahsaan le 08-04-2007 à 12:55:18

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n°11127452
rahsaan
Posté le 08-04-2007 à 13:10:54  profilanswer
 

> Foutre de : Merci pour ta réponse, très intéressante. :)
Blanchot, ça m'a ennuyé. J'ai trouvé ça trop long, pour le peu que j'en ai lu.  
Les histoires de raréfaction du dire et de recherche mallarméenne de la fleur absente de tout bouquet, ça m'assomme depuis que je suis sorti de khâgne. J'en ai tellement entendu parler...  :sleep:  
Sur Mallarmé, ou disons cette façon d'aborder Mallarmé, je fais un blocage. Je ne peux pas dire que je n'aime pas. D'ailleurs, ce n'est pas une question de goût. Ni de trouver ça beau ou pas. Peu importe.  
D'ailleurs, c'est sans doute plus un problème d'enseignement de la littérature que de littérature elle-même...  
Les meilleurs critiques semblent, pour beaucoup, fascinés par le manque à être, le vide, l'absence toujours si présente, la quête impossible de l'absolu etc.  
Pour le critique J-M Maulpoix, le lyrisme se définit par le manque : le poète exprime un manque impossible à combler et cette ardeur à créer provient d'un échec fondamental... Blanchot nous dit que la poésie nous confronte à "l'infracassable noyau de nuit". Baudelaire rêve à un idéal inacessible. Le "nouveau roman" dit que le monde est indescriptible. La poésie est un "bloc obscur ici-bas chu" (encore Mallarmé).  
Il règne dans la critique, une partie de celle-ci (surtout en poésie), un dogmatisme du négatif. Est "moderne" (mot employé à tort et à travers) ce qui se définit par un manque. C'est une sorte de sous-hégélianisme : le travail du négatif...  [:prodigy]  
 
Sans doute pour m'échapper de ces marécages, j'ai eu la lecture de Deleuze, Rosset etc. Je ne voulais plus de littérature de l'ineffable, de l'indicible. Assez des arrières-mondes et des fantasmes d'une perte originelle.  
Mais je conçois que ce problème ne concerne que moi.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 08-04-2007 à 13:11:14

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n°11127530
pascal75
Posté le 08-04-2007 à 13:30:18  profilanswer
 

De Blanchot, je te conseille "le livre à venir". C'est loin de l'image que tu en as. Ses études sur Proust, Artaud, sur le devenir de la littérature, sont particulièrement fines et restent lisibles.


Message édité par pascal75 le 08-04-2007 à 13:30:43

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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°11127608
rahsaan
Posté le 08-04-2007 à 13:55:47  profilanswer
 

Je ne sais pas très bien comment expliquer mon histoire du "que-faire". Je la crois assez liée à ceci : un livre pose une question.  
 
On pourrait relier ceci à une question classique : "la littérature nous apprend elle la vie ?"
Je me servirais de ce "que-faire ?" pour répondre positivement. La littérature pose la question : que faire ? Elle nous aide à vivre.  
 
Mais surtout, je ne dis pas que la littérature nous enseigne à bien nous conduire, qu'elle est finalement un roman moral nous montrant pourquoi les méchants sont punis et qu'elle permet ainsi d'élever notre âme en pleurant d'admiration à la victoire des justes ou en tremblant de colère quand les bons sont mis à mal par les méchants et que nous découvrons ainsi comment bien nous conduire dans la vie...  [:prodigy] Ca, c'est la comtesse de Ségur et les petites filles modèles. Et encore la chère comtesse aimait-elle sans doute autant les fessées et les humiliations que les héros du marquis de Sade...  [:prodigy]  
Donc bien sûr, je ne dis pas que la littérature doive être édifiante, pas plus que je ne souhaite en revenir à la critique des Lanson et Sainte-Beuve sur la psychologie du héros et les rapports entre la vie et l'oeuvre de l'auteur...  
 
Pour essayer de m'expliquer, je vais revenir à Simenon.  
On sait qu'il a écrit, entre 1931 et 1972 une centaine d'aventures du commissaire Maigret, de Pietr le Letton à Maigret et monsieur Charles.
Surtout dans les livres des années 50 et 60, l'intrigue devient de plus en plus mince. Pas dans tous, mais c'est une tendance générale. Et cela démarque cette période des années 1930, où l'intrigue est bien plus développée, encore que dès le début, l'étude des personnages et des milieux, et de la nature de l'homme importe plus que de savoir qui a tué.  
 
Je prendrai l'exemple de Maigret hésite (1968). Très jeune, Simenon a lu les grands auteurs russes. Et s'il y a bien un livre où il explore la psychologie des profondeurs, c'est bien celui-ci.  
L'intrigue est des plus minces : le commissaire reçoit dans son bureau une lettre anonyme lui annonçant qu'un malheur va bientôt se produire chez un avocat parisien. L'homme en question est spécialiste de droit maritime et a pour hobby de décortiquer l'article 64 du code pénal, qui établit dans quelles circonstances un homme peut être considéré responsable de ses actes.  
Quand Maigret arrive, rien ne s'est produit mais bientôt, le commissaire découvre les haines familiales. Finalement, la secrétaire de l'avocat est assassinée. Bien sûr, comme souvent chez Simenon, elle était amoureuse de son patron et couchait avec lui, sur un coin de bureau, au vu et au su de tout le monde... y compris de la femme de l'avocat... que Maigret va bientôt convaincre de ce meurtre. Jalouse, celle-ci a tué la secrétaire, pour être sûr de faire souffrir son mari, qu'au fond elle déteste.  
 
Histoire aussi sordide que banale en somme. Seulement, on découvre que le motif de la femme, s'il paraît évident au premier abord, est rien moins que net. Et au-delà de savoir pourquoi elle a tué, se pose pour le commissaire la question de savoir comment un être humain peut en arriver à tuer. A mesure que Maigret cuisine la femme, celle-ci finit par "s'effondrer" et sans avouer, continuer à jurer qu'elle n'est pas folle.  
Une question se pose pour le commissaire : qui est coupable ? Mais quand il trouve la réponse, évidente rapidement, même pour le lecteur, il est confronté à autre chose, de plus grave, et qui le taraude à chaque enquête : comment peut-on établir la responsabilité de quelqu'un ?  
Dans ce livre, le problème se complique, avec l'évocation du rôle de plus en plus grand des experts psychiatriques, censés établir scientifiquement si un accusé a été responsable de ses actes au moment du crime.  
Maigret a devant lui cette femme en pleurs, qui jure qu'elle n'est pas folle.  
Est-il toujours fou celui qui tue ?... Peut-on tuer en étant responsable de ses actes ?... Autant de questions que Maigret ne voudrait jamais avoir à trancher, lui dont le rôle n'est pas de juger, puisque cette responsabilité revient au jury des assises.  
 
Ce qui m'apparaît exemplaire dans ce livre, c'est qu'il pose une question. Et ce n'est pas celle des romans policiers : qui a tué ? (who done it ?) En l'occurrence, ce qui se pose ici, c'est la question même posée par l'existence de l'article 64. Et elle se dédouble en deux questions : comment peut-on tuer quelqu'un ? Et surtout : comment peut-on juger quelqu'un ?  
Il n'est pas difficile de lire, d'un Maigret à l'autre, une mise en cause radicale de l'appareil judiciaire dans son entier : des magistrats, des jurés n'ayant presqu'aucune connaissance d'un homme et de son entourage se voyant attribués le droit de le déclarer coupable ou non.  
Et ce livre de 1968 est l'un de ceux où l'interrogation va le plus loin.  
 
La dernière phrase du livre est à peu près celle-ci : "Et en partant, [Maigret] passa devant le palais du Président de la République."
Je me pose la question de ce que veut dire cette phrase.  
Le Président a le pouvoir de grâcier un condamné à mort. Il est aussi le garant du fonctionnement des institutions, dont celle de la Justice. N'est-ce pas à lui, finalement, qu'il faut poser le problème de l'article 64 ?...
 
Bon, ce que je viens de dire concerne plutôt "un livre pose une question". Pour le "que-faire ?", j'y reviendrai, si ça vous intéresse.  


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n°11127828
jeanne d'a​rc1
Posté le 08-04-2007 à 15:02:58  profilanswer
 

antichrist pkoi tu ne repond pas tu m'as mis  en ignore list vas y envois moi un message pour te defendre ........................... depeche ou je dis atout le monde ki t'es etc

n°11127843
rahsaan
Posté le 08-04-2007 à 15:04:57  profilanswer
 

jeanne d'arc1 a écrit :

antichrist pkoi tu ne repond pas tu m'as mis  en ignore list vas y envois moi un message pour te defendre ........................... depeche ou je dis atout le monde ki t'es etc


 
L'Antichrist a des voix et ce sont celles de Jeanne d'Arc !  :lol:


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n°11127875
jeanne d'a​rc1
Posté le 08-04-2007 à 15:09:45  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

L'Antichrist a des voix et ce sont celles de Jeanne d'Arc !  :lol:


 lol rahsaan signé les fruzi( 4 personnes que antichrist connait ...ou pa ) ah

n°11127893
rahsaan
Posté le 08-04-2007 à 15:13:53  profilanswer
 

:lol:  
 
"L'Antichrist, espèce de sale lâcheur, dépose ce soir 50.000€ en petites coupures usagées, dont les numéros ne se suivent pas, derrière la 3e poubelle de la place d'Italie, sinon on révélera sur tout HFR que tu es dans le comité de campagne de CPNT et que tu te fais fouetter chaque soir par Viscere Musc en hurlant à l'uni-dualité de l'homme.
Signé : les 4 Fruzi -Jeanne d'Arc, Charles VII, l'Abbé Cauchon et le duc de Bourgogne"

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 08-04-2007 à 15:14:14

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11128403
jeanne d'a​rc1
Posté le 08-04-2007 à 17:03:02  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

:lol:  
 
"L'Antichrist, espèce de sale lâcheur, dépose ce soir 50.000€ en petites coupures usagées, dont les numéros ne se suivent pas, derrière la 3e poubelle de la place d'Italie, sinon on révélera sur tout HFR que tu es dans le comité de campagne de CPNT et que tu te fais fouetter chaque soir par Viscere Musc en hurlant à l'uni-dualité de l'homme.
Signé : les 4 Fruzi -Jeanne d'Arc, Charles VII, l'Abbé Cauchon et le duc de Bourgogne"


 :bounce:  :bounce:  :bounce:  :bounce:  
trop fort ton message rahsaan ..  antichrist depeche de repondre .arrete de faire celui qui est occupe . tu ne prepares pas ta campagne pour les presidentiels qu'on sache ...les fruzi  iiii

n°11128459
Kryten
Casio brille-brille, t'entends
Posté le 08-04-2007 à 17:17:06  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Pascal et moi avons réalisé une vidéo, sous forme d'un entretien. Je parle de philosophie, autour d'un auteur méconnu, G. Delausse et je le compare à quelques figures marquantes du 20e siècle. :)
 
Vidéo disponible à cette adresse :  
http://videosvariees.free.fr/1.wmv  
 
;)


 
Marx qui veut monter un mouvement syncrétique en Argentine en 46 [:rofl]


---------------
Technique maquereau | ECNSP | Fructifier son argent avec les branques
n°11128786
rahsaan
Posté le 08-04-2007 à 18:15:04  profilanswer
 

jeanne d'arc1 a écrit :

:bounce:  :bounce:  :bounce:  :bounce:  
trop fort ton message rahsaan ..  antichrist depeche de repondre .arrete de faire celui qui est occupe . tu ne prepares pas ta campagne pour les presidentiels qu'on sache ...les fruzi  iiii


 
Tu peux aussi lui envoyer un message privé avec le forum.


Message édité par rahsaan le 08-04-2007 à 18:15:15

---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°11133321
foutre de
Posté le 09-04-2007 à 10:57:19  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

>  
Blanchot, ça m'a ennuyé. J'ai trouvé ça trop long, pour le peu que j'en ai lu.


 
 
c'est un paradoxe intéressant. Je suis d'accord avec toi sur le poncif de la pseudo ontologie littéraire des critiques, ça va rarement très profond, on récite de tête quelques phrases bien pratiques pêchées à droite à gauche sans aucune exigence de pensée fondamentale (ce qui en matière d'ontologie, fût-elle négative, est particulièrement déplacé)
 
 

rahsaan a écrit :

Les histoires de raréfaction du dire et de recherche mallarméenne de la fleur absente de tout bouquet, ça m'assomme depuis que je suis sorti de khâgne. J'en ai tellement entendu parler...  :sleep:


 
Ca je comprends, mais je ne peux m'empêcher de rappeler que Mallarmé ne la cherche pas, l'absente de tout bouquet, il la fait advenir par un travail sur la langue :
 

Citation :

Je dis: une fleur! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tous bouquets.


 
 Pas trace d'attente dans cette citation. le poète le fait. et Mallarmé l'a fait, avec la reconnaissance de ses contemporains. C'est par la musique que se sent la notion pure, qui n'a pas le caractère d'une négativité, mais d'une épiphanie. C'est pourquoi je suis un peu gêné quand tu dis :
 
 

rahsaan a écrit :

Sur Mallarmé,[...] Je ne peux pas dire que je n'aime pas. D'ailleurs, ce n'est pas une question de goût. Ni de trouver ça beau ou pas. Peu importe.


 
Car je ne vois pas l'intérêt de lire du mallarmé s'il n'importe pas de trouver ça beau, s'il n'importe pas d'y cultiver son goût, auprès d'un modèle esthétique inégalé en terme de prosodie (et j'entends "goût" en termes kantiens de la CFJ). Il y a un travail d'orfèvrerie qui n'est pas questionnable si on ne trouve pas les bijoux beaux ; et si on ne s'émerveille pas de cette beauté pour se demander "comment?"
 
 
 
 

rahsaan a écrit :

Les meilleurs critiques semblent, pour beaucoup, fascinés par le manque à être, le vide, l'absence toujours si présente, la quête impossible de l'absolu etc.  
Pour le critique J-M Maulpoix,...


 
Je crois que justement, ce ne sont pas les "meilleurs critiques", et le nom que tu références est en effet des plus douteux (Yves Bonnefoy est par exemple une lecture bien plus probante). Lui, et bien d'autres nous servent des vieilles lunes... Je ne vois guère qu'un grand "négativiste" qui tienne la route aujourd'hui, même si discutable, c'est Ch. Prigent, dont le négativisme doit beaucoup à la psychanalyse, probablement lacanienne. Il continue un travail très sérieux.
 
 
 

rahsaan a écrit :

Blanchot nous dit que la poésie nous confronte à "l'infracassable noyau de nuit".


 
Justement, "noyau infracassable", ça me paraît nettement plus concret qu'un manque. Mais je ne suis pas là (je n'ai pas envie de l'être) pour défendre blanchot. Simplement pour revenir sur sa spécificité : c'est un essayiste qui a réussi dans une proportion rarement atteinte à cette coïncidence du fond et de la forme dont je te parlais, et dans un genre, l'essai, où on n'avait peu travaillé en ce sens là. Cette réussite est tellement indiscutable que la plupart des critiques de son oeuvre sont incapables de faire autre chose que de la citer, de produire dans leur écriture du "sous blanchot", parce qu'on ne sait pas dire ce que dit Blanchot hors de la façon dont il le dit. C'est le pari d'écrivain de son oeuvre : ça ne pense pas ailleurs que dans une écriture. C'est un grand préliminaire à la logomachie derridienne d'ailleurs.
 
 
 
Je suis assez pris par ce que tu dis de Maigret. mais je ne comprends pas que tu distingues ça d'une question sur les moeurs. Juger, chercher une responsabilité si elle a lieu, autant de questions qui sont celles de la morale. Ségur, si elle est le parangon de la morale, alors Sartre, c'est quoi ? Et Zola ? Dans le genre roman à thèse qui programme une humanité...  Ce sont les chants de foi, les bigoteries d'après 1789 (enfin surtout 1793).  
J'ai du mal à réduire la morale à ce que tu décris, ou alors à la confondre avec la moraline et les sucreries.  
Toute prescription littéraire sur la nature de l'agir humain me semble relever du domaine moral à part entière.
 
D'ailleurs la question que tu te poses sur la fin du roman, ce passage devant le palais présidentiel, c'est une question d'interprétation sur un "vouloir dire" qui décrit bien que tu es à la recherche des jugements de Simenon, c'est une démarche quasi éthique que celle de ta lecture.
c'est d'ailleurs un trait assez marquant de l'intérêt pour le roman policier et ses dérivations (le nouveau roman lui-même en passe par là). C'est le fond moral occidental, maintenu à flot par la morale narrrative américaine télévisuelle, qui continue de transiter par là ; un très vieux fond de civilisation (où l'anti-héros bruce Willis n'est que la question suivante posée au héros fou Mel gibson, lui même question renouvelée à Clint eastwood, qui la posait à john Wayne etc.)

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Message édité par foutre de le 09-04-2007 à 10:59:58
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