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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°14317284
Profil sup​primé
Posté le 12-03-2008 à 22:08:58  answer
 

Reprise du message précédent :
Bien le soucis ce que je ne sais pas ce que cela veut dire réellement !

mood
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Posté le 12-03-2008 à 22:08:58  profilanswer
 

n°14317461
rahsaan
Posté le 12-03-2008 à 22:21:20  profilanswer
 

Est-ce que tu ne t'es jamais dit : "Maintenant, je suis un homme  :fou:  ! J'assure  :sol:  (à tous points de vue :o )."
 
Voilà un bon point de départ.  


---------------
Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°14318067
Profil sup​primé
Posté le 12-03-2008 à 23:03:02  answer
 

Nan car je ne sais ce que ca veut DIRE !

n°14318628
crackingod​01
Posté le 13-03-2008 à 00:22:28  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Bon, comment pourrait-on aider BluesSpencer à répondre à cette question ma foi fortement, euh, forte ? :D Sans tout lui mâcher...  
C'est d'ailleurs pas comme si on avait nous-mêmes une réponse toute prête.  
 
Alors, ce serait quoi être un homme ?
Qu'est-ce que ça veut dire, tout simplement, de se dire : "Maintenant, je suis un homme... Je me conduis en homme. Je suis un homme !"
 
C'est vraiment une question très riche, que tu as dénichée là. :)
 
Ce serait quoi, ne pas être un homme ? Manquer à être un homme ?... Voilà une première piste.  
Qu'est-ce que ça implique, d'être un homme ? A quoi ça oblige ?...


 
Ne pourrait-on pas dire qu'etre un homme implique d'etre parmis d'autres hommes? (un sentiment d'appartenence a un groupe, a une espece)

n°14318634
crackingod​01
Posté le 13-03-2008 à 00:23:59  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


 
La première chose à savoir sur ce livre, c'est, de l'aveu même de l'auteur, que ça ne parle ni des mots, ni des choses.


 
J'avoue que j'ai un peu peur de me lancer dans du Foucault brut, sachant que pour l'instant je n'est lu que Surveiller et Punir et l'histoire de la sexualite (Et l'ordre du discours, mais c'etait une lecture trop rapide) mais mon cours de ce matin m'a donner envie de me replonger dans Foucault.

n°14319026
l'Antichri​st
Posté le 13-03-2008 à 05:25:33  profilanswer
 

"Etre" un homme, "devenir" un homme plutôt et le devenir au sens où l'on dit communément que l'on "devient quelqu'un"... Mais "devenir quelqu'un", est-ce devenir ce que l'on est déjà d'une certaine manière (non encore aboutie) ou bien est-ce devenir autre que ce que l'on est, c'est-à-dire quelqu'un d'autre ? Je "deviens un homme", cela peut s'entendre au sens d'un mot d'ordre ou d'un précepte, celui de l'arriviste ou du héros vertueux... Mais si l'on fait de l'expression, non plus un impératif social ou moral, mais une description ? En tant que j'ai une histoire personnelle et singulière, je suis un être du devenir. Ce qui pose problème, c'est "cet" homme que je deviens. Au fur et à mesure de mon histoire, je persévère dans mon être singulier. Je suis donc le fruit d'une histoire singulière. Je suis "un tel", un "quelque "un"", c'est-à-dire un être qui n'est pas comme les autres. Fruit de ma propre histoire, je suis à la fois, comme l'écrit Bergson dans l'Essai sur les données immédiates de la conscience, un être d'habitudes mécaniques et de liberté. Au sein des premières, je suis un somnambule, c'est-à-dire pas vraiment quelqu'un puisque non-maître absolu de mes actes dictés par le poids de mon passé. Or, mon histoire se produit par soubresauts, par moments de liberté où le moi total remonte à la surface du moi superficiel et où l'acte libre surgit au sein des habitudes. Dans ces moments de liberté, je me constitue moi-même, c'est-à-dire que je forge mon histoire en devenant en quelque sorte ma création. Je deviens un homme, cet homme là et ce devenir est la description de la conquête de ma liberté parce que je deviens quelqu'un de singulier et même d'unique. En jetant un regard rétrospectif, je peux alors comprendre le processus de mon histoire et en saisir sa constitution. Cet homme que j'ai constitué, c'était moi dans ma liberté créatrice à tel ou tel moment. Le problème ici consiste à s'interroger sur ce quelqu'un que je deviens au moment où je réalise un acte libre : celui-ci, qui me sort de ce que j'étais devenu par mes habitudes, me fait advenir autre que je suis : je deviens alors à ce moment précis de l'acte libre, un étranger à moi-même, en rupture avec ce que j'ai toujours produit. "Devenir un homme", ect homme là, ce "quelqu'un", c'est alors faire l'expérience de l'altérité ou de l'étranger au sein même de ma constitution.
 
Je me conquiers petit à petit et je deviens progressivement un homme parce que j'ai une histoire propre et singulière. Mais peut-on dire que l'on devient soi-même ? Oui, si l'on entend par là que je reste le sujet de mon histoire. Or, cela n'est pas si sûr car à chaque fois qu'un événement apparaît dans mon existence, je me découvre moi-même, mais sous la forme de l'étrange et de l'étranger. Dans les actes libres que j'exerce, je déchire le carcan de l'habitude et fait apparaître du nouveau, un quelqu'un qui n'est pas moi mais que je dois me réapproprier dans ma nature afin de me saisir. C'est alors le "devenir" du "devenir un homme", "devenir quelqu'un" qui pose maintenant problème : je me change tout le temps moi-même à tel point que je peux me demander si je suis quelqu'un, c'est-à-dire si j'ai une essence. Deux éléments se font jour ici. Le premier élément prend la forme d'une hypothèse : peut-être que vouloir devenir quelqu'un au sens de l'arriviste, c'est reculer d'effroi devant la vacuité de mon être, devant mon absence d'essence que je veux combler. Le second élément prend la forme d'une certitude pratique d'inspiration humienne : devenir un homme parmi les hommes s'identifie à devenir un être parmi les autres, un être qui ne se signale pas par des faits extraordinaires (n'être ni le saint ou le héros, ni être le salaud ) mais se situer dans l'ordinaire de l'existence.
 
Devenir un homme, c'est-à-dire un être ordinaire, sans volonté grandiose, telle est la caractéristique de l'ambition humienne dans sa critique des métaphysiciens : c'est être entraîné par une imagination délirante que de vouloir devenir quelqu'un au sens d'un moi cause de ses perceptions. Dans cette quête du moi, je perds de vue la nature humaine et ses principes. Or, ceux-ci se caractérisent par leur simplicité : "Je dîne, je joue une partie de tric-trac, je converse dans la joie avec mes amis ; si trois heures de distraction plus tard, je revenais à ces spéculations, elles m'apparaîtraient si froides, si forcées, si ridicules, que je ne pourrais trouver en mon coeur de quoi les poursuivre" (cf.début du Traité sur la nature humaine). Devenir un homme, c'est donc vivre dans la recherche de ce que je peux connaître sans me laisser emporter par les envolées folles de l'imagination spéculative : il s'agit d'un appel à la simplicité et à l'humilité. Il convient alors de savoir si cet appel à la modération dans une partie de l'existence (les spéculations abstraites) peut être étendu à toute l'existence.
 
"Devenir un homme" peut donc s'entendre comme la description d'une ambition pratique : cela consiste à devenir "quelque "un"", un anonyme qui sait que son moi est haïssable quand il veut tyranniser autrui. "Devenir un homme" peut donc s'entendre comme la lucidité de celui qui met entre parenthèses son désir de domination afin de constituer une communauté éthique. Ainsi Montaigne dans Les Essais se peint-il mais ne se donne pas comme un exemple ou en exemple afin que son lecteur acquière tel ou tel trait de son caractère. Il s'agit plutôt du chemin où il se découvre petit à petit, l'écriture étant pour Montaigne le moyen adéquat de se connaître, de devenir ce qu'il est. Pour devenir soi-même, c'est-à-dire pour s'accomplir comme homme singulier, il faut comprendre la maxime de Montaigne : "Je porte en moi-même la forme de l'humaine condition". Devenir quelqu'un, c'est donc tenter de se rejoindre, d'être à soi-même son propre guide, et par là porter témoignage de l'humaine condition, c'est-à-dire de l'universelle humanité. Pour devenir quelqu'un, il convient d'entrer dans un processus d' "invisibilisation" de son ego pour comprendre sa nature. C'est entrer dans la sphère de l'humanité foncière. Cela devient alors le viatique pour comprendre que je porte en moi la forme de l'humaine condition, c'est-à-dire pour me comprendre tel que je suis. "Devenir quelqu'un" est donc le moyen de devenir soi-même mais non compris comme un îlot isolé du monde, comme un empire dans un empire, mais plutôt comme un être conscient de sa place au sein d'une herméneutique de la facticité qui me fait mieux me connaître parce que je me connais dans un processus de connaissance générale. Devenir quelqu'un, c'est donc devenir son propre emblème. C'est devenir soi-même. Mais ce moi-même doit être bien compris, à savoir comme un parcours où je me perds et où je me retrouve, comme un parcours dans lequel ma liberté surgit par moments, où je deviens donc quelqu'un d'autre parce que dans l'acte libre et nouveau, je suis face à un autre que je dois me réapproprier pour me saisir et être moi-même, comme porteur de l'humaine condition.

Message cité 1 fois
Message édité par l'Antichrist le 13-03-2008 à 05:45:14
n°14319203
le vicaire
Posté le 13-03-2008 à 09:00:26  profilanswer
 

Il y a deux méthodes sur ce topic pour les nouveaux. La méthode "coup de marteau" de l'AC, du lourd qui envoie (j'aime bien) mais à mon avis le débutant se sauve en courant. Et la méthode maieutique de Rahssan (j'aime bien aussi le pas à pas prudent), plus lente, et là le débutant fait du sur place. Vous avez essayé le déroutage ? Une fois dans le vide, le débutant tombe quelque part.

n°14320639
crackingod​01
Posté le 13-03-2008 à 12:31:33  profilanswer
 

l'Antichrist a écrit :

"Etre" un homme, "devenir" un homme plutôt et le devenir au sens où l'on dit communément que l'on "devient quelqu'un"... Mais "devenir quelqu'un", est-ce devenir ce que l'on est déjà d'une certaine manière (non encore aboutie) ou bien est-ce devenir autre que ce que l'on est, c'est-à-dire quelqu'un d'autre ? Je "deviens un homme", cela peut s'entendre au sens d'un mot d'ordre ou d'un précepte, celui de l'arriviste ou du héros vertueux... Mais si l'on fait de l'expression, non plus un impératif social ou moral, mais une description ? En tant que j'ai une histoire personnelle et singulière, je suis un être du devenir. Ce qui pose problème, c'est "cet" homme que je deviens. Au fur et à mesure de mon histoire, je persévère dans mon être singulier. Je suis donc le fruit d'une histoire singulière. Je suis "un tel", un "quelque "un"", c'est-à-dire un être qui n'est pas comme les autres. Fruit de ma propre histoire, je suis à la fois, comme l'écrit Bergson dans l'Essai sur les données immédiates de la conscience, un être d'habitudes mécaniques et de liberté. Au sein des premières, je suis un somnambule, c'est-à-dire pas vraiment quelqu'un puisque non-maître absolu de mes actes dictés par le poids de mon passé. Or, mon histoire se produit par soubresauts, par moments de liberté où le moi total remonte à la surface du moi superficiel et où l'acte libre surgit au sein des habitudes. Dans ces moments de liberté, je me constitue moi-même, c'est-à-dire que je forge mon histoire en devenant en quelque sorte ma création. Je deviens un homme, cet homme là et ce devenir est la description de la conquête de ma liberté parce que je deviens quelqu'un de singulier et même d'unique. En jetant un regard rétrospectif, je peux alors comprendre le processus de mon histoire et en saisir sa constitution. Cet homme que j'ai constitué, c'était moi dans ma liberté créatrice à tel ou tel moment. Le problème ici consiste à s'interroger sur ce quelqu'un que je deviens au moment où je réalise un acte libre : celui-ci, qui me sort de ce que j'étais devenu par mes habitudes, me fait advenir autre que je suis : je deviens alors à ce moment précis de l'acte libre, un étranger à moi-même, en rupture avec ce que j'ai toujours produit. "Devenir un homme", ect homme là, ce "quelqu'un", c'est alors faire l'expérience de l'altérité ou de l'étranger au sein même de ma constitution.


 
Moi je comprenderai plutot etre un homme comme faire partie de la communaute humaine, etre dans la norme. Meme la volonte d'etre celebre, d'etre un "heros" me parait rentrer dans cette optique justement: on est apprecier par les autres car on a servi la "communaute", que les gens s'identifie a soit parce-que l'on est justement un symbole de cette "norme" humaine...
Je sait pas si je me fait bien comprendre  :kaola:  


Message édité par crackingod01 le 13-03-2008 à 12:32:40
n°14320916
Siron
Posté le 13-03-2008 à 13:18:15  profilanswer
 

Bonjour, je viens de terminer de lire le Tractatus de Wittgenstein, et à mon grand étonnement, plusieurs critiques et explications du tractatus sur le net mette en avant l'incapacité à trouver les faits élémentaires et donc indépendants du tractatus dans notre monde.
Ainsi "A est vert" et "A est bleu" ne peuvent être des propositions élémentaires indépendantes, car la première exclut la véracité de la deuxième et vis versa.
Sur wikipedia on peut lire  (le particulier est un fait élémentaire) :

Citation :

L'objet étant simple, et les états de choses mutuellement indépendants[10], les particuliers ne peuvent correspondre qu'à des éléments précis. Si un objet est dans un état de choses de sorte qu'on puisse tirer une conséquence de cet état de choses concernant le reste des états de choses, alors ce n'est pas un particulier.

 

Par exemple, un point spatial ne peut être un particulier. Si un point est situé dans l'espace, il n'est pas situé ailleurs dans l'espace : on peut déduire de sa situation des éléments concernant d'autres états de choses. De même pour les points situés dans le temps. Tout ce qui est spatio-temporel ne peut donc pas être un particulier wittgensteinien.

 

Le Tractatus ne développe pas à quoi pourrait correspondre un particulier. Cette question n'a pas d'intérêt dans la perspective du livre. Deux interprétations existent cependant : on pourrait penser que les particuliers sont les points massifs de la physique, ou les points du champ perceptif. Dans les deux cas on a des éléments qui possèdent des propriétés sans qu'on puisse déduire de ces propriétés quoique ce soit sur le reste du monde.

 

On peut aussi lire sur http://www.entretemps.asso.fr/Badiou/93-94.htm :

Citation :

Alors cette histoire des états de choses indépendants les uns des autres, est un talon d’Achille pour Wittgenstein lui-même. C’est une thèse qui va être fortement attaquée par plusieurs amis de Wittgenstein, en particulier par le logicien et mathématicien Ramsey. Il va lui faire remarquer que certains énoncés, certaines propositions atomiques ne peuvent pas être indépendantes complètement. On va d’ailleurs retrouver les couleurs. Un des exemples est : « ceci est bleu ». Cette proposition n’est pas indépendante de ceci est rouge, car « ceci est bleu » exclut « ceci est rouge », faisaient remarquer les critiques de Wittgenstein sur ces propositions censées être atomiques, parce que manifestement « ceci est bleu » exclut « ceci est rouge », ce qui est une liaison. Quand une proposition en exclut une autre, il y a un lien entre les 2 propositions. Wittgenstein a beaucoup repris ceci ce type de considérations, et a abandonné la thèse de l’indépendance des états de choses.

 

Or si je me permet de poster ici c'est parceque justement pour moi il n y a aucun problème dans la vision de fait indépendants telle que décrite dans le tractatus :

Citation :

2.061 : Les états de choses sont mutuellements indépendants.
5.557 : [...] Il est clair que la logique ne saurait entrer en conflit avec son application.  [...]


Mais surtout :

Citation :


6.3751 : [...] (Il est clair que le produit logique de 2 propositions élémentaires ne peut être ni une tautologie ni une contradiction.).

 

Ainsi donc, dans le tractatus, le problème cité plus haut est bel est bien traité (du moins pour moi), deux propositions sont indépendantes l'une de l'autre mais restent liées par la logique, de sorte que si l'une contredi l'autre, elle ne peuvent êtres vraies toutes les deux ensembles et cela implique une contradictions.

 

Y a-t'il d'autre personne ici qui ont lu le tractatus et qui pourrait donner leur avis sur la question ?
Pourquoi cette opposition aux faits indépendants uniquement en dehors de l'aspect logique ?

 

Siron

Message cité 1 fois
Message édité par Siron le 13-03-2008 à 20:28:21
n°14320975
foutre de
Posté le 13-03-2008 à 13:24:31  profilanswer
 

le vicaire a écrit :

Vous avez essayé le déroutage ? Une fois dans le vide, le débutant tombe quelque part.


 
 
...ça, c'est ma méthode à moi... :D  

mood
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Posté le 13-03-2008 à 13:24:31  profilanswer
 

n°14321147
foutre de
Posté le 13-03-2008 à 13:45:20  profilanswer
 

Siron a écrit :

Bonjour,
Tractacus
étonnement,
critiques et explications
un point spatial
états de choses
Mais surtout
?Pourquoi  ?


difficile d'aider. Il me semble en tout cas qu'on se place dans une perspective assez structuraliste quand on avance qu'une entité ne peut avoir d'existence sans référence à une autre (exemple : les phonèmes qui sont les unités minimae des différenciations dans une chaîne phonique ; célèbrement tirée de Raymond Roussel "billard/pillard" - tout phonème non discriminant dans une langue disparaît de l'usage).

 

D'autre part, s'il faut exclure de la particularité tout élément dont on pourrait tirer une conséquence sur un autre élément, alors l'ensemble des concepts me semble devoir être exclu puisque dès l'instant qu'un concept désigne une extension définie par des traits, des attributs, alors il implique au minimum de son contraire non=A avec lequel il partage le reste du phénomène.
On pourrait avancer que "Tout", "Univers" ne connaissent pas cette contradiction puisqu'ils ne partagent pas le réel. mais on sait combien en logique, l'Ensemble des ensembles est un gros problème.

 


un point demeure intéressant, si les particuliers ne permettaient pas de tirer de conséquence sur un autre état de chose parce qu'ils agissent sur eux...

Message cité 1 fois
Message édité par foutre de le 13-03-2008 à 21:12:46

---------------
« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14321204
pascal75
Posté le 13-03-2008 à 13:51:21  profilanswer
 

Siron >> Juste une remarque : quand Wittgenstein vise à démontrer que les états de choses sont mutuellement indépendants, il faut avoir en tête l'idée que Wittgenstein se situe dans des coordonnées précises : celles du langage. Du point de vue de la science, c'est faux, les états de choses ne sont pas indépendants ; du point de vue du langage on peut dire que ça peut être vrai dans certains cas. Le problème, il me semble (à moi pauvre lecteur) c'est quand Wittgenstein veut tenter de montrer la corrélation voire l'identité de la logique des propositions de ce genre avec la logique des faits.


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14321280
phyllo
scopus inornatus
Posté le 13-03-2008 à 13:59:18  profilanswer
 

foutre de a écrit :

célèbrement tirée de Raymond Roussel "billard/pillard" -


 
Tiens curieux, je connaissais billard/milliard mais bon, c'était juste une histoire de grosse mite.
 
 
(je suis loin, très loin...)

n°14321290
pascal75
Posté le 13-03-2008 à 14:00:35  profilanswer
 


 
Les bandes du vieux pillard

Message cité 1 fois
Message édité par pascal75 le 13-03-2008 à 14:18:12

---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14321456
Siron
Posté le 13-03-2008 à 14:21:23  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

Siron >> Juste une remarque : quand Wittgenstein vise à démontrer que les états de choses sont mutuellement indépendants, il faut avoir en tête l'idée que Wittgenstein se situe dans des coordonnées précises : celles du langage. Du point de vue de la science, c'est faux, les états de choses ne sont pas indépendants ; du point de vue du langage on peut dire que ça peut être vrai dans certains cas. Le problème, il me semble (à moi pauvre lecteur) c'est quand Wittgenstein veut tenter de montrer la corrélation voire l'identité de la logique des propositions de ce genre avec la logique des faits.

 


Pour Wittgenstein le monde est l'ensemble des états de choses positifs, la mathématique est une méthode logique, et la physique, bien que usant des mathématiques et donc de l'appareil logique, parle des objets du monde.
Il ajoute qu'il n y a de nécessité et d'impossibilité que logique, la loi de causalité n'est pas une loi.  Pour moi il est clair que W parle bien du monde autant que du langage, si en physique un événement en implique un autre, alors c'est que c'est une nécessité logique.  Cette nécessité devra se retrouver dans la réalité, car la physique, en tant qu'image, langue du monde, a comme point commun avec le monde la forme logique (sinon elle ne serait pas une image du monde).

 

Je sais pas si c'est très clair, à force de lire et penser le tractatus, il me semble très clair pour moi, mais j'en oublie que je m'y suis pris à mainte reprises pour le comprendre (et mon déclic sur le sujet ne s'est réellement fait qu'a la fin du livre, reste à voir si il est bon).

Message cité 1 fois
Message édité par Siron le 13-03-2008 à 20:27:40
n°14321544
pascal75
Posté le 13-03-2008 à 14:33:01  profilanswer
 

Siron a écrit :


 
 
Pour Wittgenstein le monde est l'ensemble des états de choses positifs, la mathématique est une méthode logique, et la physique, bien que usant des mathématiques et donc de l'appareil logique, parlent des objets du monde.
Il ajoute qu'il n y a de nécessité et d'impossibilité que logique, la loi de causalité n'est pas une loi.  Pour moi il est clair que W parle bien du monde autant que du langage, si en physique un événement en implique un autre, alors c'est que c'est une nécessité logique.  Cette nécessité devra se retrouver dans la réalité car la physique, en tant que image, langue, a comme point commun avec le monde la forme logique.


Je ne peux que te donner un sentiment : l'idée de mette en équations le langage (je résume, je résume...) me paraît une idée folle. Ca peut marcher pour "A est vert" "Pierre est plus petit que Paul", des propositions de ce genre, simplifiées à l'extrême, mais dès que ça se complique, ça marche plus, la logique. Hic.


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14321555
Siron
Posté le 13-03-2008 à 14:34:58  profilanswer
 

Peux-tu me donner une exemple de propositions plus complexes ou ça coince ? :)

n°14321619
phyllo
scopus inornatus
Posté le 13-03-2008 à 14:43:53  profilanswer
 
n°14321635
pascal75
Posté le 13-03-2008 à 14:45:28  profilanswer
 

Mmmhhh...
"A la recherche du temps perdu". Je commence : "étant donné a, dit "le narrateur"...


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14321661
pascal75
Posté le 13-03-2008 à 14:47:48  profilanswer
 


Excellent  [:gigli]


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14321890
Siron
Posté le 13-03-2008 à 15:12:41  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

Mmmhhh...
"A la recherche du temps perdu". Je commence : "étant donné a, dit "le narrateur"...

 

Es-tu sur de pouvoir donner un sens à t'es deux (ou t'as) proposition (s) ?

 

De ce que j'ai compris de Wittgenstein :
Pour pouvoir faire un parallèle entre une proposition et le monde, il faut pouvoir en saisir le sens (ce qui en soit doit être évident pour un langage logique).
La langue "verbale" n'est pas une langue logique, elle est remplie d'homonyme et de synonyme et la signification d'une proposition n'est pas délimitée par des frontières nettes, de plus la grammaire de cette langue est parfois mal utilisée et donne lieu à des propositions qui si elles paraissent correctes à première vue, son dépourvues de sens.  C'est avec tout ces problème que Wittgenstein en vient a critiquer une certaine philosophie qui pour lui ne fait que débattre sur du non sens.

  

Ainsi peut-on donner un sens à par exemple "A la recherche du temps perdu" ?  Pascal75, peux-tu nous clarifier cette proposition ?

 

Wittgenstein traite beaucoup des ambiguités du langage (il en parle un peu dans la tractatus aussi) dans sa seconde philosophie (que je viens à peine de commencer et qui, contrairement aux dires de certains,pour ce que j'ai pu en lire, me semble être dans la continuité du tractatus).

Message cité 1 fois
Message édité par Siron le 13-03-2008 à 23:05:24
n°14323460
alcyon36
Posté le 13-03-2008 à 17:34:44  profilanswer
 

dsl, je sais que c'est pas du tout constructif, mais j'ai relu ce passage hier soir, et comme d'hab j'ai pouffé de rire comme une midinette...Ca me fait le coup à chaque fois...
"Mais cette sphère [...], c'est ce que la logique n'est capable que de MONTRER, suivant un mot célèbre, sans pouvoir jamais le saisir dans des prpositions, ni le rapporter à une réference. Alors la logique se tait, et elle n'est interessante que quand elle se tait."(Qph? p. 133)
 
Quoique la pointe la plus sympa de D et G me semble la premiere page de l'homme aux loups dans MP, sur la difference névrose/psychose:
"Freud dit qu'un hysterique ou un obsede sont des gens capable de comparer globalement une chaussette à un vagin, une cicatrice à la cstration, etc... Sans doute est-ce en même temps qu'ils appréhendent l'objet comme global et comme perdu. Mais saisir érotiquement la chaussette comme une multiplicité de mailles, voilà ce qui ne viendrait pas à l'idée du névrosé, tandis que le psychotique en est capable: "Nous croyons que la multiplicité des petites cavités empêcherait le névrosé de les utiliser comme substituts des organes génitaux féminins." Comparer une chaussette à un vagin, ca va encore, on le fait tous les jours, mais un pur ensemble de mailles à un champ de vagins, il faut quand même être fou: c'est ce que dit Freud."
lol, mdr
 
sinon tout mon soutien à Rashaan, je suis sur que tu as dignement representé le topic au capes...bon courga e pr tes revisions de l'agreg....
 


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°14324498
pascal75
Posté le 13-03-2008 à 19:26:14  profilanswer
 

En fait ils invoquent, si je me souviens, la paranoia critique de Dali, à propos du champ de vagins :D


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14325355
foutre de
Posté le 13-03-2008 à 20:50:53  profilanswer
 

Siron a écrit :


Ainsi peut-on donner un sens à par exemple "A la recherche du temps perdu" ?  Pascal75, peux-tu nous clarifier cette proposition ?


c'est une traduction de "zu den sachen selbst" : mais la chose même pour Proust, c'est le temps...
sinon c'est une proposition averbale, mais je ne vois pas la difficulté...


Message édité par foutre de le 13-03-2008 à 20:51:30

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14326701
Siron
Posté le 13-03-2008 à 22:17:06  profilanswer
 

Mais comment peut-on perdre du temps ?  Le temps n'est pas un objet ou une chose (il en est de même pour la beauté, l'éthique ... ).  Si on comprend la phrase c'est parceque on fait une métaphore, on donne une signification au mot temps qui ne lui revient pas de sa grammaire première.  Et pour Wittgenstein, c'est de ce genre de comportement avec la langue que la philosophie en vient a débattre sur ce qui ne peut être débattu.

 

Le sens de "A la recherche du temps perdu" imcombe à une autre proposition que nous lions via une métaphore, ou encore il n'y a pas vraiment de sens et le titre du livre est simplement un attrait poétique.

 

W ne dit pas que la langue courante est mauvaise, tout au contraire elle remplit parfaitement son rôle dans une utilisation courante, mais dans certain cas, ses imperfections deviennent gênantes.

Message cité 2 fois
Message édité par Siron le 13-03-2008 à 23:06:41
n°14330975
pascal75
Posté le 14-03-2008 à 13:23:31  profilanswer
 

Siron a écrit :

Mais comment peut-on perdre du temps ?  Le temps n'est pas un objet ou une chose (il en est de même pour la beauté, l'éthique ... ).  Si on comprend la phrase c'est parceque on fait une métaphore, on donne une signification au mot temps qui ne lui revient pas de sa grammaire première.  Et pour Wittgenstein, c'est de ce genre de comportement avec la langue que la philosophie en vient a débattre sur ce qui ne peut être débattu.
 
Le sens de "A la recherche du temps perdu" imcombe à une autre proposition que nous lions via une métaphore, ou encore il n'y a pas vraiment de sens et le titre du livre est simplement un attrait poétique.
 
W ne dit pas que la langue courante est mauvaise, tout au contraire elle remplit parfaitement son rôle dans une utilisation courante, mais dans certain cas, ses imperfections deviennent gênantes.


J'aimerais être meilleur que je ne le suis en philo pour te répondre clairement sur Wittgenstein. Je ne peux donc encore une fois que te donner un sentiment à la lumière du film de Derek Jarman (http://fr.youtube.com/watch?v=r0cN_bpLrxk) et à celle de ma lecture trop rapide parce qu'agacée de son tractatus : W. me paraît au fond plus intéressé par les maths et la physique que par la philo. Il voudrait traiter le langage qui est l'ensemble de ce qu'il nomme "proposition" comme s'il était une image (c'est lui qui le dit 4.01) de la réalité. Et bien cette conception du rapport langage / réalité sous la forme de la représentation ma paraît une vieille lune qui ne m'a jamais rien fait comprendre. Donc je suis allé voir ailleurs, mais c'est aussi bien de faire ce que tu fais, de poursuivre assidument tes lectures de Wittgenstein, et si un jour du moins tu trouves qu'il ne te convient plus, tes raisons seront alors meilleures que les miennes  [:wanobi le vrai]


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14331089
foutre de
Posté le 14-03-2008 à 13:40:58  profilanswer
 

Siron a écrit :

Mais comment peut-on perdre du temps ?  Le temps n'est pas un objet ou une chose (il en est de même pour la beauté, l'éthique ... ).  Si on comprend la phrase c'est parceque on fait une métaphore, on donne une signification au mot temps qui ne lui revient pas de sa grammaire première.  Et pour Wittgenstein, c'est de ce genre de comportement avec la langue que la philosophie en vient a débattre sur ce qui ne peut être débattu.

 

Le sens de "A la recherche du temps perdu" imcombe à une autre proposition que nous lions via une métaphore, ou encore il n'y a pas vraiment de sens et le titre du livre est simplement un attrait poétique.

 


pas de métaphore; il suffit de comprendre temps au sens d'époque, comme dans l'expression "de mon temps...".

 

tu devrais te reporter à "vérité et mensonge au sens extra-moral" de Nietzsche, pour tâter un peu de la relation métaphore-concept.
Pour l'instant, le seul comportement que je voie qui amène à débattre de n'importe quoi, c'est celui qui consiste à postuler un "grammaire première"... Voilà le genre de fantasme de logicien qui me fait préférer les métaphores historiales de Heidegger...

 

sincèrement, il y a une mauvaise foi à prétendre que "à la recherche du temps perdu" est un énoncé sans signification autre que métaphorique et seconde, dans la mesure où le temps est par définition l'épreuve d'une perte, d'un épuisement.

 

et puis j'aime bien la façon dont tu minores le "simple attrait poétique" après avoir lancé que le beau, comme le temps, n'est pas un objet. Alors pourquoi minorer dans un énoncé, ce qui n'est pas un objet : sa beauté, l'effet de cette beauté sur qui la goûte, s'en imprègne????
Est-ce à dire que seuls les objets ont de la valeur ?
N'est-ce pas donner dans le positivisme et écraser Wittgenstien avec auguste comte ? autrement dit : n'est-ce pas lire le Tractatus sans les investigations philosophiques, alors que Wittgenstein les fournit explicitement ensemble ???

 

comment penses-tu un énoncé comme "à la recherche du temps perdu" au regard de l'usage qui le fonde et du jeu de langage ???


Message édité par foutre de le 14-03-2008 à 17:31:29
n°14331686
alcyon36
Posté le 14-03-2008 à 14:35:03  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

En fait ils invoquent, si je me souviens, la paranoia critique de Dali, à propos du champ de vagins :D


en fait non, pas pour le champ de vagins...en revanche juste après ils font bien reference à Dali, mais à propos de la corne de rhino...là dessus D et G disent que de parler d'UNE corne ca sent le ptit névrosé, en revanche quand Dali nous parle de la chair de poule de notre peau et qu'il l'investi comme une multiplicité de cornes de rhino, là ca sent bon la folie;)
 
Sinon pour Wittgenstein, tout à fait ok avec la totalité de ton dernier post....


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°14333041
neojousous
Posté le 14-03-2008 à 17:02:30  profilanswer
 

Une tite question que je me pose : en quoi la phénoménologie (Husserl, Scheler) est-elle autre chose qu'un certain type de psychologie introspectioniste ? J'ai l'impression que c'est toujours justifié de manière bidon.

n°14333273
foutre de
Posté le 14-03-2008 à 17:29:38  profilanswer
 

en quoi apparaître relèverait plus spécifiquement de la psychologie ?


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14333663
neojousous
Posté le 14-03-2008 à 18:33:19  profilanswer
 

C'est quoi cette langue de bois ? Il me semble que l'intuition catégoriale, l'intuition des intuitions, atteindre la manière dont se manifestent les choses n'est rien d'autre (et c'est déjà beaucoup) qu'une manière d'aborder la structure de la subjectivité.
 
"en quoi apparaître relèverait plus spécifiquement de la psychologie ?"
Si toute conscience est conscience de quelque chose, cela signifie que la chose en tant que pôle noématique apparait nécessairement dans une conscience. Apparaître en phénoménologie,  c'est apparaître pour un sujet. Appeler ce sujet un sujet phénoménologique, pourquoi pas, mais celui-ci n'est rien d'autre qu'un sujet psychologique abordé selon une certaine perspective.

n°14333732
foutre de
Posté le 14-03-2008 à 18:42:18  profilanswer
 

bien pardon pour la langue de bois, mais je vois mal pourquoi tu poses une question dont manifestement tu as déjà tranché la réponse...

 

J'ajouterai cependant que je perçois peu en quoi une approche qui identifie dans l'intentionnalité le sujet et l'objet pourrait aborder les structures de la subjectivité puisque ces structures ne se distinguent plus de celles de l'objectivité.
la chose n'apparaît pas "dans" une conscience puisque la conscience intentionnelle ne précède pas la chose mais que tout apparaître est et apparaître de chose et apparaître de conscience : pas de cogitatio sans cogitata. Il n'y a donc pas d'apparaître "pour un sujet" en phénoménologie.


Message édité par foutre de le 14-03-2008 à 18:42:56

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14333828
neojousous
Posté le 14-03-2008 à 18:53:41  profilanswer
 

Si tous les hommes disparaissent de l'univers, tu crois réellement que tout vas disparaite, y compris les structures de l'objectivité ? C'est un sacrifice du sens commun important. Le sens commun me dit que si tous les sujets disparaissent, les lois de la physique n'en seront pas affectées. Poser qu'on atteint les choses mêmes, en relativisant la distinction sujet-objet, me parait conduire à ce genre de conclusion en réduisant l'objectif à des lois psychologiques découvertes par introspection par quelques personnes qui réfléchissent devant leur bout de papier (cf l'arbitraire de la hiérarchie des valeurs de Scheler).
(excuse moi pour le "langue de bois" c'était déplacé et non pertinent.)

Message cité 2 fois
Message édité par neojousous le 14-03-2008 à 18:56:39
n°14334173
foutre de
Posté le 14-03-2008 à 19:49:44  profilanswer
 

Moi je me demande pourquoi tu t'emmerdes avec la phénoménologie quand tu as les arguments du sens commun avec toi.
A moi le sens commun ne parle plus depuis longtemps. Les lois de la physiques quand personne ne les mesure ni ne les éprouve de manière vivante me semblent comme le bruit de l'arbre qui tombe au fond d'un bois où personne n'est là pour l'entendre : ce bruit me laisse perplexe.
ta position me semble celle de la personne qui se suicide en imaginant ce qui va se passer pour ceux qui lui survivront, pour jouir du défi qu'elle lance ou de la vengeance qu'elle exerce ; une pure idéalité sans vécu.
En dépit du sens commun, je ne crois pas à l'existence d'un univers selon des lois qui ne sont éprouvées ni perçues par rien qui soit ; donc quand la dernière perception s'effondre, quand plus rien n'est vécu éprouvé senti, alors oui, l'univers n'existe plus.
(que ces sens soient ceux d'un homme ou de firmicutes, c'est un vaste débat...)

Message cité 4 fois
Message édité par foutre de le 14-03-2008 à 20:50:54

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14334845
Siron
Posté le 14-03-2008 à 21:14:37  profilanswer
 

Citation :

pas de métaphore; il suffit de comprendre temps au sens d'époque, comme dans l'expression "de mon temps...".


Ben soit y a une métaphore soit le mot temps à plusieurs signification qui ne sont pas si proche l'une de l'autre (ce qui n'aide pas pour clarifier une proposition).

Citation :


sincèrement, il y a une mauvaise foi à prétendre que "à la recherche du temps perdu" est un énoncé sans signification autre que métaphorique et seconde, dans la mesure où le temps est par définition l'épreuve d'une perte, d'un épuisement.


Franchement t'as définition du temps est loin d'être pour moi ce a quoi on pense premièrement en pensant le temps.
Il en est de même dans le dictionnaire de l'académie française.  Peut-être que t'a définition est une définition philosophioque, mais quel est l'intérêt de parler du monde avec un langage qui se replie du sens commun ?

 

Je ne dis pas que c'est mal d'avoir un langage vivant et riche, ce qui permet pleins de choses, mais dans certains cas, comme en philo ou ça passe parfois beaucoup de temps moments (on va un peu varier  :D ) sur la définition d'un mot pour un but final autre que clarifier la signification d'un mot, c'est un peu lourd et parfois ça ne mène à rien. (va t-on faire exception ?  ;) )

Citation :


et puis j'aime bien la façon dont tu minores le "simple attrait poétique" après avoir lancé que le beau, comme le temps, n'est pas un objet. Alors pourquoi minorer dans un énoncé, ce qui n'est pas un objet : sa beauté, l'effet de cette beauté sur qui la goûte, s'en imprègne????
Est-ce à dire que seuls les objets ont de la valeur ?

 

J'ai juste utilisé le terme simple pour opposer la recherche de sens à la reconnaissance de la beauté.  Mais ça ne veux pas dire que je minore le rôle de la beauté, elle me semble simplement plus simple à cerner (on aime ou on aime pas [:airforceone]) que le sens d'un mot.

 
Citation :

mais c'est aussi bien de faire ce que tu fais, de poursuivre assidument tes lectures de Wittgenstein, et si un jour du moins tu trouves qu'il ne te convient plus, tes raisons seront alors meilleures que les miennes  [:wanobi le vrai]

 

J'ai failli abandonné la lecture du tractatus (je comprenais pas ou peu, et le livre est d'ailleur resté dans un tiroir quelques mois), et après ma seconde lecture, il m'a fallu lire quelques articles dessus pour que je cerne les dernières zones d'ombres du livre, mais je suis bien content d'être allé jusqu'au bout.  Et c'est parceque une fois compris ça me semble si clair que j'ai envie de continuer à lire du w, mais ce n'est pas pour ça que je ne cherche pas la confrontation avec d'autre "vision du monde", ce pourquoi je viens notamment ici.


Message édité par Siron le 14-03-2008 à 21:22:17
n°14335399
foutre de
Posté le 14-03-2008 à 22:00:37  profilanswer
 

bon allez, ce soir je jette l'éponge .
Transcendance : 1 - Immanence : 0


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°14335591
pascal75
Posté le 14-03-2008 à 22:18:51  profilanswer
 

foutre de a écrit :

bon allez, ce soir je jette l'éponge .
Transcendance : 1 - Immanence : 0


 
Nietzsche avant centre, Heidegger ailier gauche


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°14337602
l'Antichri​st
Posté le 15-03-2008 à 05:14:18  profilanswer
 

neojousous a écrit :

Si tous les hommes disparaissent de l'univers, tu crois réellement que tout vas disparaite, y compris les structures de l'objectivité ? C'est un sacrifice du sens commun important. Le sens commun me dit que si tous les sujets disparaissent, les lois de la physique n'en seront pas affectées. Poser qu'on atteint les choses mêmes, en relativisant la distinction sujet-objet, me parait conduire à ce genre de conclusion en réduisant l'objectif à des lois psychologiques découvertes par introspection par quelques personnes qui réfléchissent devant leur bout de papier (cf l'arbitraire de la hiérarchie des valeurs de Scheler).
(excuse moi pour le "langue de bois" c'était déplacé et non pertinent.)


 
Bon, je vois que vous n'avez toujours rien compris à la méthode phénoménologique : j'avais pourtant, il y a déjà un bon moment, proposé un petit article sur la question... et foutre de vient, juste au dessus, de vous rappeler le changement radical de méthode qui donne sens et valeur à cette philosophie (bon, c'est vrai que le monsieur ne justifie pas grand chose et a la fâcheuse tendance à adopter un point de vue historiciste souvent insupportable...). Mais, comme on dit, "il n'y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre" (ou encore "on ne convainc que ceux qui sont déjà convaincu"...) Reprenons donc depuis le debut : vous avez le temps j'espère car ça va être, comme il se doit toujours en philosophie, un peu long...
 
Introduction :
 
Philosophiquement parlant, la phénoménologie a pris naissance dans la confrontation entre les conceptions classiques de la conscience, celles que l’on a désigné sous l’expression "philosophies de la conscience", d’une part, et d’autre part des recherches qui visaient à déstabiliser une position privilégiée qui avait été accordée à la conscience jusque là.
 
L’expression "philosophies de la conscience" désigne fondamentalement une attitude commune à des philosophies différentes, et qui consiste à voir dans la conscience à la fois une réalité fondamentale et un point de départ pour l’établissement des vérités, y compris et surtout les vérités scientifiques. Parmi ces auteurs, ont peut citer Descartes, "l’inventeur" de la conscience, celui qui le premier a définit le sujet par son activité de penser, le cogito, mais aussi Pascal qui, au lieu de ne voir dans la conscience que la certitude du sujet pensant, celui-ci puisant sa vérité ontologique dans l’humanité appauvrie et sèche d’un "Je" théoricien, insistera au contraire sur la faiblesse du sujet humain (ce "roseau pensant" ) sans fondement, dont la conscience lui fait savoir qu’il est un être fini, tout entier dans ses qualités ou Spinoza qui cherchera à penser l’union de l’âme et du corps, à faire apparaître leur interaction mutuelle, ou encore Leibniz qui reconnaîtra des degrés dans la conscience, depuis les formes de sous-conscience (animal) jusqu’aux formes de sur-conscience (divine). Pour tous ces philosophes, être conscient de ce qui nous entoure (dans l’attention, la vigilance) ou avoir conscience de soi-même inclut de façon générale, même implicite, une forme de rapport à soi qui peut s’éprouver, soit dans l’ordre de la connaissance, soit sur le plan de l’éthique.
 
Il est intéressant de faire remarquer que l’usage du terme conscience a justement appartenu très longtemps de façon exclusive au champ de l’éthique. Avant d’être reprise à l’âge classique dans la perspective métaphysique ouverte par la réduction cartésienne de l’âme à la pensée, la conscience a partie liée avec celle de jugement, sous la forme de l’opinion morale : sorte de témoin intérieur des actes accomplis par soi-même, qui atteste leurs intentions véritables, et les juges, cette conscience en appelle à une connaissance susceptible d’être partagée avec les autres. Ainsi, la pensée grecque décrit la conscience ou plus précisément la connaissance que chacun a de son for intérieur, ou de son coeur, le thumos, comme une sorte de consultation, d’entretien intérieur. Les héros d’homère parlent ainsi à leur coeur, le consultant avant d’agir. Témoignage que l’on se rend à soi-même, la conscientia ne trouve ainsi sa pleine efficacité que par l’affection qui l’accompagne, et qui donne un sens prospectif à son caractère essentiellement rétrospectif et récapitulatif. Montaigne adopte ce point de vue dans les deux chapitres des Essais consacrés explicitement à la conscience. C’est d’ailleurs avec Montaigne qu’apparaît une recherche philosophique de la véritable nature de la conscience elle-même. Si pour Montaigne, il s’agit moins d’une enquête théorique que de la justification d’une perspective morale universaliste : "chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition", par delà la diversité des expériences, individuelles et collectives, qui forment chaque conscience en sa singularité irréductible, c’est avec le débat métaphysique autour de la signification et de la valeur fondatrice du cogito cartésien qu’émergera une réflexion centrée sur la nature de la pensée (cogitatio), et sur la fiabilité de la conscience.
 
Avec le cogito cartésien donc, être conscient, c’est penser (à soi, aux autres et aux choses) et savoir immédiatement qu’on pense (la relation enveloppe une connaissance d’elle-même : la pensée ou conscience - ...de quelque chose - est en même temps pensée de la pensée, donc conscience de soi), sans que cette connaissance soit forcément médiatisée par une réflexion critique, un jugement (c’est la différence, sur laquelle insiste tous les profs de philo en terminale, entre "conscience directe" et "conscience réfléchie" ). Bien des textes de Husserl, ou de Sartre (pourtant tous deux appartenant à la seconde catégorie citée plus haut), sont exemplaires d’une telle attitude. Si la concscience de... est toujours aussi conscience de soi, elle ne peut donc prétendre être immédiatement connaissance de soi. C’est précisément la dimension transcendantale du "Je pense" (unité sans contenu - forme vide - susceptible de recevoir n’importe quel contenu), telle qu’elle apparaît chez Kant, qui permet de penser le sujet comme un Moi empirique, système complexe, toujours menacé de disparaître et souvent illusoire, des appartenances par lesquelles se constitue l’identité de ce sujet.
 
Les recherches susceptibles de contester le primat de la conscience relèvent principalement à l’époque contemporaine de la psychanalyse et de la phénoménologie.
 
La découverte de "l’inconscient" ou du non conscient n’est certes pas nouvelle. Il ne faut pas simplifier la confrontation conscient/inconscient jusqu’à la caricature. Une philosophie pour laquelle l’analyse de la conscience est centrale n’ignore pas qu’il y a de l’inconscient : non seulement des réalités hétérogènes à la conscience, telles que les choses de la matière inerte, mais des faits qui, tout en lui échappant, la concernent en son déroulement, tels que les phénomènes psychiques à l’oeuvre durant le sommeil ou encore dans la sélection entre ce qui est oublié et ce qui est retenu (Bergson). Ainsi, les conceptions classiques de la conscience au XVIIe puis au XVIIIe siècles sont elles-mêmes travaillées par certaines formes d’ "inconscient" : tout n’y est pas toujours ni continûment conscient. La conscience inclut dans sa définition la logique élémentaire de son émergence depuis ce qui n’est pas elle mais la constitue, à savoir l’inconscient lato sensu. La dynamique du devenir-conscient est un trait dominant de la conscience. L’insconscient n’est donc l’opposé de la conscience que si l’on définit la conscience en termes de réflexivité. Dès qu’on pense la genèse, l’inconscient en devient le terreau originaire d’enracinement, son autre intime, non son ennemi. En somme, la formulation même d’une théorie de la conscience oblige à s’interroger sur cet autre intime de la conscience qu’est le non conscient. Les formes d’inconscient nourrissent d’ailleurs une grande partie des critiques que l’on a adressées à Descartes, qu’il s’agisse, de façon indirecte, de Pascal, de Spinoza, lesquels, respectivement, enracinent la conscience dans l’affect, le corps ou la passivité de notre sentiment intérieur, ou encore, plus directement, de Leibniz, qui met l’accent sur des formes de pré-conscience internes à la conscience (d’où l’idée chez lui qu’il n’y a qu’une différence de degré entre conscience et inconscient).
 
Cependant, l’inconscient freudien n’a absolument pas le même caractère que les modalités de l’inconscient dont on trouve trace au Siècle classique. Premièrement, à la différence de ce qu’on trouve chez Pascal ou Spinoza, l’inconscient freudien est psychique et non pas affectif ou corporel ; deuxièmement, contrairement aux autres philosophes classiques mentionnés, il s’agit d’un inconscient effectif, doté d’un pouvoir et d’une autonomie, et non d’une modalisation faible de la conscience (différence de nature cette fois et non de simple degré entre conscient et inconscient). Bref, l’inconscient freudien n’est plus ce qui n’est pas ou plus conscient, sur un mode encore négatif : il est une force psychique active, ayant ses règles et sa logique propres, et un élément constitutif de l’économie psychique globale dont le rôle interdit de penser à part et selon une logique d’autonomie le fonctionnement de la conscience. L’inconscient acquiert, dans le cadre de la théorie psychanalytique chez freud le rôle d’un moteur actif unique qui reste cependant paradoxalement opaque, c’est-à-dire inaccessible. Ce qui caractérise au fond dans son originalité l’inconscient psychique freudien, c’est son caractère de point aveugle originaire, constitutif de ce que l’on a jusqu’alors appelé "conscience" et cependant irrécupérable par celle-ci, aussi bien, évidemment, que par lui-même.
 
Freud est donc l’auteur d’une anthropologie dualiste : il ne faut pas ériger la conscience en principe d’explication unique de tout le réel. Et c’est pourquoi, Freud verra en Schopenhauer le précurseur de la psychanalyse : "on peut citer comme précurseurs des philosophes de renom, au premier chef le grand penseur Schopenhauer dont la "volonté" inconsciente peut être considérée comme l’équivalent des pulsions psychiques de la psychanalyse."... "Il n’a pas seulement soutenu la thèse du primat de l’affectivité et l’importance prépondérante de la sexualité, mais il a même eu connaissance du mécanisme du refoulement." (cf. Sigmund Freud présenté par lui-même).
 
En fait, par-delà l’accent opposé qu’elles portent sur la conscience comme connaissance immédiate ou réflexive, se sachant ou pouvant s’apercevoir elle-même, ou bien sur l’inconscient comme lieu d’un savoir opaque à lui-même mais plus profond que celui qui est l’apanage de la conscience, la pensée classique et la psychanalyse ont grosso modo en partage la conception d’un sujet individuel et clos sur lui-même, c’est-à-dire figé dans le dualisme, fermée à toute forme d’altérité, qu’il s’agisse du monde des choses (dont le corps), des autres consciences ou des forces inconscientes. Or, la phénoménologie, que fonde Husserl au début du XXe siècle, se présente comme une discipline de pensée radicalement nouvelle : l’approche phénoménologique de la conscience consiste à en faire une structure dynamique d’ouverture au monde, aux objets et aux autres. Ainsi, à l’aperception de soi qu’encouragent cartésianisme et freudisme, Husserl oppose le mouvement d’un déploiement du soi vers son dehors. En d’autres termes, au retour introspectif sur soi, repliement sur le monde intérieur, enferrement dans les méandres de l’inconscient que peuvent impliquer les premières, le second signifie une fin de non-retour, à savoir l’accueil de l’extériorité, c’est-à-dire de ce qui est autre que soi, nous excède et, ce faisant, nous aide à nous dépasser nous-mêmes. La phénoménologie est fondamentalement une méthode de passage de l’attitude naturelle à l’attitude philosophique : il s’agit de convertir notre regard sur le monde et les choses en une prise de conscience philosophique des actes de la consciences par lesquels nous visons les choses du monde. La conscience est une expérience intégrante tout à la fois de soi et du monde, de soi par le monde et du monde via soi-même. Le monde n’a pas d’autre sens d’être que d’être pour une conscience : il n’y a rien d’autre en lui que ce qui est visé en lui : il est phénomène. Toute la réalité du monde s’épuise dans le fait de se présenter à la conscience. Le monde n’existe pas d’abord pour lui-même pour se présenter "après-coup" à la conscience : il n’est lui-même que dans le mesure où il se manifeste. Mais si le monde renvoie par essence à une conscience, l’être de la conscience à son tour, c’est de se rapporter au monde, c’est l’intentionnalité. Il n’y a pas une conscience qui, par ailleurs, prendrait conscience du monde, mais une conscience qui n’est elle-même qu’en sortant d’elle-même vers le monde, qu’en "s’éclatant" dans le monde. Le monde ne se soutient que d’être pour une conscience qui ne se soutient elle-même que de se rapporter à lui.
 
Les dimensions multiples de la relation que, en tant que sujets, nous entretenons avec le monde, s’y trouvent d’emblée inscrites : perception, affect, temporalité, mouvement, imagination, volonté, jugement, langage, rencontre d’autrui, communauté, histoire, savoir-faire, habitus, aspiration infinie au sacré et à l’absolu, telle est l’ample palette des différentes couleurs de la conscience. Chacune de ces dimensions en reflète tout à la fois la structure et la dynamique. Sur un mode structurel, ce sont les actes de la conscience qui définissent chacun à leur manière mon rapport au monde : perceptif, remémorant, imageant, empathique, langagier, volontaire, moteur, émotionnel, social, historique, habituel et spirituel.
 
Ainsi, avec la psychanalyse et la phénoménologie, sont mises au jour des données qui paraissent encore plus fondamentales que la conscience et qui déterminent le mode d’être de celle-ci (je vous parlerai un peu plus loin de "l'horizon" du vécu intentionnel motivé chez Husserl, c'est-à-dire de la visée d’un fond ou d’un "halo", relativement indéterminé, auquel renvoie l’objet lui-même mais dont la visée intuitive demeure vide).
 
Qu'est-ce donc que la conscience ?
 
Reprenons notre première caractérisation de la conscience : relation à soi, aux autres, aux choses, telle qu’elle enveloppe une connaissance d’elle-même. Cette connaissance, avant toute analyse ou explication, n’est autre que le fait de s’apercevoir : en éprouvant un sentiment, je m’aperçois que je l’éprouve ; en adressant la parole à autrui, je m’en aperçois ; en voyant mon entourage, je m’en aperçois... Cette " aperception", tant qu’elle n’est pas relayée par une réflexion, reste implicite (conscience directe) et n’est pas dénuée de risque d’illusion. Mais elle est au moins une expérience de la présence à soi et au monde sans laquelle il n’y aurait qu’inconscience.
 
Or, deuxième aspect de notre caractérisation, cette expérience (de soi) est toujours mêlée à une relation, quel qu’en soit le terme : réalité extérieure ou idée. La conscience n’est pas elle-même un des termes de la relation, elle est cette relation. On rencontre donc ici l’idée d’intentionnalité telle qu’elle a été reprise par Husserl, et formulée notamment dans un de ses principaux ouvrages, les Méditations cartésiennes : "le terme d’intentionnalité ne signifie ici rien d’autre que cette propriété fondamentale et générale de la conscience qui est d’être conscience de quelque chose, de porter en soi, en tant que cogito, son cogitatum." (fin du § 14). Il n’y a pas d’un côté un "je pense" (cogito) et de l’autre "ce qui est pensé" (cogitatum), de telle sorte qu’après coup s’établirait un lien entre les deux. Le fait même d’être conscient, s’accomplit comme rapport à ce qui est pensé ou toute pensée de... est en même temps pensée de la pensée. Avoir conscience de quelque chose est toujours conscience de soi ! "Penser" doit ici s’entendre sans restriction : il ne s’agit pas seulement de travail intellectuel, mais de tout mode de représentation. De fait, la conscience telle que nous commençons à la saisir - unité de l’aperception et de l’intentionnalité - est susceptible d’une variété peut-être indéfinie d’états ou de dispositions. Sans prétendre à l’exhaustivité, on peut en relever quatre : sentir, se souvenir, imaginer, réfléchir.
 
Sentir : nous sommes présents aux choses et les choses nous sont présentes grâce à nos sens. On peut certes soupçonner ceux-ci de tromperie. Mais s’il est vrai que certaines données sensibles peuvent incliner à des erreurs de jugement, comme dans le cas des illusions d’optique, elles n’en sont pas moins elles-mêmes manifestation de quelque chose. D’autre part, le sentir ne se limite pas aux opérations rendues possibles par les organes sensoriels (vision, audition...), il consiste aussi à éprouver des émotions et des passions qui contribuent à constituer notre perception du monde et de nous-même.
 
Se souvenir : la conscience sensible - à la fois sensorielle et affective - se déploie temporellement. Elle n’est pas seulement dans le temps, comme un objet qui passe par des états différents et successifs, mais elle constitue le temps en le rendant représentable par sa capacité à envisager le futur et à retenir le passé. Ce deuxième point notamment correspond à un aspect inséparable de la conscience : si quelque chose n’était pas retenu des différents états par lesquels elle ne cesse de passer, des impressions les plus fugitives aux représentations les plus manifestes, elle n’existerait même pas. Bergson l’a remarquablement souligné, dans une conférence sur "La conscience et la vie" : "Une conscience qui ne conserverait rien de son passé, qui s’oublierait sans cesse elle-même, périrait et renaîtrait à chaque instant : comment définir autrement l’inconscience ?" (cf. L’Energie spirituelle). Cette conservation du passé consiste à retenir ce qui vient juste d’arriver, et se manifeste aussi à travers l’effort de rappel d’un passé plus lointain; mais dans l’un et l’autre cas, elle est inhérente à la conscience : être conscient, c’est, en même temps que sentir, se souvenir.
 
Imaginer : il n’y aurait pas de rappel du passé sans le pouvoir de former des représentations sensibles en l’absence de ce qui est représenté. Telle est l’imagination, déjà à l’oeuvre donc au coeur de la mémoire, elle-même intriquée avec le fait de sentir. Mais en imaginant, on peut aussi dépasser ce que livrent l’expérience perceptive et le souvenir. Bergson encore, juste après le passage cité plus haut à l’appui de l’idée que "conscience signifie d’abord mémoire", continue ainsi : "Mais toute conscience est anticipation de l’avenir. Considérez la direction de votre esprit à n’importe quel moment : vous trouverez qu’il s’occupe de ce qui est, mais en vue surtout de ce qui va être." L’imagination ne fait pas que reproduire, elle crée : elle produit des images de ce qui n’est pas encore. Et on pourrait encore prolonger : elle produit des images de ce qui ne sera jamais ; non qu’elle se détache du sensible : les données de celui-ci, notamment visuelles (figures, couleurs) sont toujours son matériau ; mais elle peut les combiner en des agencements qui défient toute référence directe à la réalité communément perçue. Les mythologies, certaines formes d’art, et bien des fantasmes de la vie individuelle de tout un chacun, témoignent de ce pouvoir constitutif de la conscience.
 
Réfléchir : par rapport aux opérations précédentes, celle-ci semble faire rupture. Sentir, se souvenir, imaginer, se produisent à même le courant de conscience au point que celui-ci n’est peut-être rien d’autre que le champ mouvant des expériences sensibles et affectives, des souvenirs et des images ; est-il jamais un moment de la vie éveillée qui serait dépourvu de tout objet de perception, de toute rétention du passé, de toute production imaginaire ? En revanche on ne réfléchit pas tout le temps qu’on est conscient. C’est que la réflexion est un retour sur soi qui exige d’abord une prise de distance. Ce n’est pas le simple rapport à soi que nous avons mis sur le même plan, lors de notre définition initiale, que le rapport aux autres et aux choses, et qui ne désigne rien d’autre alors que la capacité à se sentir soi-même. C’est un dédoublement interne par lequel la conscience se prend elle-même pour objet, ou prend pour objet certaines de ses manières d’être ou certaines de ses opérations : ce que nous faisons précisément en essayant de dire ce que c’est que sentir, se souvenir, imaginer, et même réfléchir (la réflexion étant alors auto-réflexion). Cependant, même si cette activité relève d’une attention qui ne peut qu’être intermittente, il faut la considérer comme essentielle à la conscience. C’est qu’elle est ce par quoi celle-ci devient conscience de soi. Et certes il y a vie de conscience, plus ou moins obscure et confuse, avant le passage à la conscience de soi. Mais c’est par cette conscience de soi que la vie spontanée de conscience, faite de données sensibles, de souvenirs et d’images, devient manifeste et donc véritablement effective.
 
Ainsi, l’idée d’un sujet psychophysique à laquelle nous sommes parvenus ne met-elle pas en cause le primat de la conscience ? Le rôle de l’inconscient, et notamment en celui-ci des pulsions, donc également le rôle de la vie organique, n’inclinent-ils pas à voir dans la conscience un phénomène relativement superficiel ? Bien sûr, ce n’est pas si simple.
 
D’abord, par "primat de la conscience" on ne veut pas dire, et nul n’a jamais voulu dire, que seule existerait la conscience, ni même qu’elle existerait "en premier" (du point de vue d’une succession chronologique) ; on veut dire que c’est à partir d’elle, notamment en tant qu’elle est capable de réflexion, que peuvent être produites des connaissances, des plus communes aux plus élaborées théoriquement, et que peuvent être accomplies des actions, du moins tant qu’elles ne se réduisent pas à des comportements automatiques. Ensuite donc, tout ce que nous venons de dire de l’inconscient et du corps ne peut l’être que du point de vue d’une conscience qui cherche à connaître ce qui n’est pas elle et qui cependant la concerne intimement : l’inconscient n’apparaît pas comme tel (sinon il ne serait justement pas inconscient), il se signale à travers des indices que seul un travail d’interprétation très réfléchi et instruit peut déchiffrer comme expressions de tel ou tel processus inconscient ; la vie organique n’apparaît pas comme telle en ses mécanismes les plus fondamentaux, même si certains de leurs effets peuvent être ressentis consciemment, elle n’est accessible qu’à des recherches dont on voit mal comment elles pourraient s’effectuer si elles n’étaient pas chaque fois le fait d’une conscience en éveil. Ajoutons également que le patient du psychanalyste doit lui-même faire preuve d’une conscience particulièrement vigilante : il ne faut pas oublier les jours et heures des séances, il faut faire en sorte de pouvoir les payer, il faut accomplir un travail sur soi qui vise non pas à rendre conscient l’inconscient (du point de vue psychanalytique on n’en aura jamais fini avec ce dernier) mais à établir des relations telles entre sa vie consciente et la part inconsciente de soi-même que la première se déroule sans souffrance trop pénible. Bref, si l’on est attentif à la démarche par laquelle une conception du sujet implique des références hétérogènes à la conscience, on n’en est pas moins renvoyé à celle-ci comme condition sans laquelle le sujet ainsi conçu ne serait qu’un artifice théorique.
 
Qu’est-ce donc que cette conscience, si elle ne se réduit ni à un effet psychologique secondaire et intermittent, ni à une notion logique qui reviendrait à la déréaliser ? Husserl retient l’intentionnalité comme attribut essentiel de la conscience. C’est que pour Husserl, notre connaissance des choses, aussi bien commune que scientifique, ne peut trouver un appui que sur l’étude de leurs modes d’apparition ; c’est ce que signifie le mot "phénoménologie" tel qu’il le reprend pour dénommer la méthode philosophique qu’il entend promouvoir : c’est littéralement l’étude des phénomènes, de ce qui apparaît tel que cela apparaît (c'est sur ce point que Michel Henry s'opposera à Husserl). Or, cet apparaître est toujours le fait d’une conscience dont les visées ou intentionnalités - perceptions sensibles, souvenirs, images, actes intellectuels - constituent ce qui apparaît comme ayant tel ou tel sens d’être - une chose matérielle, un événement du passé, une chimère, un concept mathématique. Elucider les phénomènes, c’est donc analyser les intentionnalités de la conscience. Mais ce travail n’est nullement spontané, car ce que Husserl appelle "l’attitude naturelle", que nous avons tous en partage, autrement dit notre disposition la plus constante et immédiate, consiste à être dirigés sur le monde, les êtres et les choses, ainsi que nous-mêmes comme êtres du monde ("sujets psychophysiques" comme nous le montre Freud). Et certes nous sommes cela et il y a tout cela. Seulement, tant que nous sommes polarisés en cette direction, nous ne pouvons pas être attentifs à la façon dont ce monde, ces êtres et ces choses nous apparaissent. L’étude des phénomènes, sans laquelle toute science et sans doute aussi toute action risque de rester aveugle, requiert donc une rupture avec l’attitude naturelle, une mise en suspens (non pas une négation) des croyances et intérêts liés à la supposition inévitable de l’existence du monde et de nos personnes dans le monde, précisément, pour décrire comment ce monde apparaît à la conscience : c’est ce mouvement de pensée que Husserl appellera "épochè phénoménologique".
 
Qu’est-ce que l’épochè ? Dans l’ensemble de la culture scientifique ou philosophique, l’étude des expériences humaines repose sur le présupposé d’un sujet qui se met en rapport avec un objet, c’est-à-dire sur une attitude fondamentale et naturelle n’envisageant la réalité que sur le mode spatial et matériel afin d’en rendre compte selon un schéma causaliste. La "thèse du monde", autrement dit la position du monde autour de moi comme existant, l’attribution d’être à tout ce que je perçois en dehors de moi, est l’attitude spontanée de chacun de nous, ce pour quoi Husserl l’appelle "attitude naturelle". Elle est, dans le fond, une méconnaissance des distinctions essentielles et nous est donnée d’entrée de jeu avec la première perception, comme si le monde nous incitait, au moment même où son phénomène se donne à nous, à le poser comme existant. A partir de là, nous nous voyons nous-mêmes comme des choses parmi les choses du monde. Opinion originaire, cette thèse figure à l’arrière-plan de nos jugements et de nos conduites. Une science comme la psychologie ou la sociologie se tient dans l’attitude naturelle, puisqu’elle cherche les relations entre l’homme et les phénomènes extérieurs, comme si entre les deux il pouvait y avoir relation de causalité de la même manière qu’entre deux substances homogènes. Mais l’attitude naturelle obscurcit précisément le fait que les choses spatiales extérieures ont une manière propre de nous apparaître : elle dénie le type d’apparaître du monde, le monde comme phénomène. Le psychologisme naturaliste explique les faits psychiques (y compris les idéalités comme les essences mathématiques...) à partir d’un modèle physique : les prémisses produisent leurs conclusions comme l’eau est produite par l’union de l’hydrogène et de l’oxygène. Le moi vivant (union inaliénable du corps et de l’esprit), l’uni-dualité du sujet et ses expériences subjectives, tout ce qui en lui échappe aux catégories et aux modes d’existence des réalités naturelles, ne peut donc avoir d’objectivité, à moins, justement, d’être réduit à un contenu psychologique. Ainsi, pendant des siècles, l’observateur des expériences humaines et des facultés actives est resté un spectateur focalisé sur la visibilité de la pensée : il fallait rendre l’esprit manifeste, le saisir sur le mode de l’extériorité. C’est encore aujourd’hui l’espoir des neuro-sciences : lier les opérations de l’esprit à des processus organiques déterminés et à des comportements observables. Mais dans les passions, correspondant au jeu de nos organes sensibles, nous ne pouvons lire que des effets, relevant d’une réceptivité passive. Une telle voie nous condamne au désespoir en nous interdisant tout accès direct aux phénomènes, en rendant impensable la possibilité d’une manifestation immédiate, l’intuition d’une constitution antérieure au constitué. C'est pourquoi, à l’inspectio mentis doit être substitué une vision directe, une "pensée de contact" qui s’installe au coeur même de l’expérience, du vécu (au lieu de le décomposer, comme le fait le psychologisme, en ses éléments ultimes au point de perdre le noyau significatif), là où s’entrecroisent les rapports du sujet et du monde, de la corporéité et du psychique.
 
Etant donné la différence d’évidence entre le monde et les vécus, dans la mesure où Husserl a le projet d’un savoir absolument évident et ne présupposant rien, sa phénoménologie devra donc par principe suspendre ("épokhè" ) la thèse de l’existence du monde. Je continue à regarder, à entendre, mais je ne pose pas l’existence de ce que je vois et de ce que j’entends : je "neutralise" en quelque sorte mes vécus, je fais comme s’ils continuaient certes à s’effectuer, mais sans qu’ils concernent une réalité existante.
 
Cependant, Husserl ne pense absolument pas que le monde n’existe pas, qu’il n’y a peut-être que des esprits. Le sens philosophique de l’épokhè consiste à mettre en lumière la différence essentielle de phénoménalité entre la conscience et le monde, afin de comprendre ultimement en quoi consiste la thèse du monde. "L’idéalisme phénoménologique n’a qu’une seule tâche et une seule fonction : expliciter le sens de ce monde, précisément le sens par lequel il vaut pour tout un chacun comme existant effectivement, et de plein droit. Que le monde existe, que dans l’expérience continue convergeant sans cesse vers la concordance universelle il soit donné comme monde existant, voilà qui est parfaitement indubitable. Toute autre chose est de comprendre cette certitude sur laquelle s’appuient la vie et les sciences positives, et d’expliciter son bien-fondé." (ID, III, Postface à mes Idées)
 
Suspendant la thèse du monde, la phénoménologie sera donc une analyse de ce qui  reste : la structure des vécus. Comment dèslors cette analyse des vécus pourra-t-elle avoir un contenu ? En comprenant que la structure même de la conscience est d’être ouverte sur le monde et d’inclure en elle le sens de chacun des objets auxquels elle a affaire. C’est là la signification de "l’objet intentionnel".
 
L’attitude naturelle (la vôtre donc !), courante, voit les choses de façon binaire : d’une part le monde, de l’autre moi. Ainsi elle croit qu’en mettant entre parenthèse la thèse de l’existence du monde pour passer à l’"attitude transcendantale", il ne reste plus que le "moi", seul et vide.
 
C’est là son erreur (votre erreur !). De même que le monde et la conscience ne s’opposent pas comme deux objets, mais sont fondamentalement dissymétriques puisqu’ils n’ont pas le même type d’être, de même, il est naïf de penser le sujet et l’objet comme deux étants qui subsisteraient par eux-mêmes et auxquels la relation qu’ils entretiennent viendrait s’ajouter par ailleurs. Le monde et le moi ne subsistent pas par eux-mêmes indépendamment de la relation qui les constituent l’un par l’autre : la relation est première. Le monde n’est tel que dans la manière qu’il a d’apparaître à un sujet et le sujet n’est plus le reflet passif du monde mais l’acte de le constituer en ensemble de significations. Le monde n’est plus un monde de choses "irréelles", mais un monde "d’objets intentionnels", c’est-à-dire de significations visées par la conscience et immanentes à cet acte de visée, tandis que la conscience n’est plus le réceptacle d’images du monde, une "boite à représentations" construites à partir des impressions sensibles, mais apposition active d’un sens. Bref, comme déjà dit, le monde ne se soutient que d’être pour une conscience qui ne se soutient elle-même que de se rapporter à lui. Toute pensée n’est pas d’abord une pensée et ensuite pensée de quelque chose. Lorsque nous pensons, nous pensons toujours à quelque chose ; cette indissociabilité du quelque chose et de l’acte de le penser est la pensée même. Il n’existe donc pas de pure pensée qui serait pensée de rien et se déterminerait par surcroît. Si l’on prend comme exemple une perception, on voit tout de suite que ce type de pensée porte à même elle l’objet qu’elle vise. Percevoir, c’est toujours percevoir quelque chose, et cela vaut pour tous les actes de ma conscience : juger, évaluer, se souvenir, etc… Toute conscience est conscience de…
 
Que trouve-t-on alors ? Le champ est libre pour l’analyse des intentionnalités. L’intentionnalité de la conscience signifie en premier lieu qu’une conscience est toujours dirigée sur quelque chose, un objet, y compris lorsqu’elle se vise elle-même dans la réflexion. Cet objet n’est pas forcément empirique comme cette table ou ce livre que je saisis au moyen de mes sens dans la perception. Lorsque j’imagine un centaure, lorsque je me souviens d’un événement passé, lorsque j’étudie une relation mathématique ou lorsque j’éprouve du désir, de la haine ou de l’amitié pour une personne, dans chacun de ces cas, la conscience vise un objet selon une modalité à chaque fois spécifique. Par exemple, une conscience qui imagine pose son objet comme irréel, alors que la conscience perceptive pose son objet comme réel. En outre, le monde de l’imagination présente des structures distinctes de celles du monde réel de la perception dont la temporalité et la spatialité ne sauraient se confondre avec celles de l’imaginaire, etc... Husserl s’est attaché à décrire aussi rigoureusement que possible ces différentes modalités de l’intentionnalité de la conscience. Une telle description relève de l’analyse intentionnelle et de la phénoménologie statique.
 
Ainsi, l’importance de la thèse husserlienne de l’intentionnalité réside également dans le bouleversement de la description traditionnelle de la relation du sujet et de l’objet. Avec Husserl, il n’est plus possible de réduire cette relation à la simple représentation (Vorstellung) d’un objet par un sujet. Par là, si je décris un acte de conscience quelconque, par exemple la perception d’une chose spatiale, je ne décris pas seulement des opérations de la conscience, mais j’explicite aussi les structures de l’objet en tant qu’objet perçu, "objet intentionnel". Celui-ci, que les Recherches nommaient "matière" de l’acte, les Idées directrices le nomment "noème", et baptisent "noèse" l’acte qui le vise. Noèse et noème sont corrélatifs et possèdent chacun des modalités corrélatives. En quel sens ? Husserl montre que chaque intentionnalité a une certaine "modalité doxique", selon la manière dont elle pose son objet, qu’elle pose son objet comme étant, à la façon d’une perception habituelle, qu’elle le nie ou même qu’elle le conjecture. On peut ainsi concevoir une perception peu sûre d’elle, qui conjecture, par exemple, qu’elle voit, de loin, un homme, sans être sûre que c’est un homme ou une femme. La modalité doxique du côté noétique sera ici la conjecture, quant au noème de l’acte (l’homme perçu) il aura le caractère modal du "peut-être existant" (ID 1, § 104 sq.).
 
Husserl distingue bien l’objet intentionnel, autrement dit le sens que vise ma conscience et qui est immanent à l’acte de conscience, de l’objet réel (real), que l’épokhè aura mis de côté : en ce sens on peut le dire "irréel".
 
Ainsi, la conscience n’est pas le réceptacle d’images du monde qui se formeraient à partir de l’action physique d’objets matériels sur elle et leur ressembleraient plus ou moins ; elle est apposition active d’un sens. Cette apposition, loin d’être arbitraire, obéit à certaines régularités que la phénoménologie cherchera à décrire. En particulier, chaque acte de conscience appartient au flux général de la conscience, il s’y insère de façon motivée. Quand je perçois le dos de la maison, cette perception se rapporte à la perception du devant de la maison en tant que confirmation de celle-ci - au contraire, si au dos, je vois des tréteaux et du carton-pâte, nous aurons un rapport d’infirmation : la seconde perception annule la première et change son sens en "perception d’un décor de théâtre". Aucune perception d’une face d’objet n’est donc isolée, elles sont toutes en relations anticipantes, confirmantes ou infirmantes avec une série d’autres perceptions et s’inscrivent sur cette série comme sur un horizon.
 
De la sorte, "chaque état de conscience possède un "horizon" variant conformément à la modification de ses connexions avec d’autres états et avec ses propres phases d’écoulement. C’est un horizon intentionnel dont le propre est de renvoyer à des potentialités de la conscience qui appartiennent à cet horizon même" (MC, § 19). La "motivation" est alors le type général de lien qui peut exister entre divers moments de la conscience pure. Ainsi, "l’unité qui traverse le flux de conscience est aussi une unité de motivation" (ibid., § 56d). Ce qui est inclus dans l’horizon intentionnel d’un acte motive les actes ultérieurs de la conscience, c’est-à-dire permet d’en rendre raison sans toutefois les impliquer automatiquement (ID Il, § 56) : d’où la distinction de la causalité et de la motivation. Lorsque, dans la vie courante, je recherche les motifs d’une de mes actions, je ne les regarde pas comme des causes, parce qu’ils ne l’ont pas entraînée nécessairement ; autrement dit, on peut concevoir qu’avec les mêmes motifs je ne l’aurais pas commise.
 
Ainsi, comme le montre la description de la perception d’un objet, la conscience en visant cet objet vise toujours plus que cet objet, et ce "plus" n’est pas, à proprement parler, représenté mais appartient à titre de corrélat à la perception elle-même. Tout vécu de conscience est un vécu intentionnel qui possède un horizon, c’est-à-dire la visée d’un fond ou d’un "halo", relativement indéterminé, auquel renvoie l’objet lui-même mais dont la visée intuitive demeure vide.
 
C’est également de ce "plus" que relèvent les déterminations temporelles à travers lesquelles apparaît cette maison - que je vois pour la première fois ou, au contraire, que je revois pour la énième fois. La description phénoménologique de l’intentionnalité rencontre la question du temps, c’est-à-dire de la manière dont la conscience vit dans le temps, mieux : se temporalise. La mise entre parenthèses du monde permet en effet de mettre hors circuit ce temps objectif du monde, qui est le temps dans lequel vit la conscience psychologique en tant qu’objet dans le monde, afin de poser la question, déjà rencontrée par Kant, de la relation intime de la conscience et du temps. Du point de vue transcendantal, le temps n’est pas seulement une dimension des choses mais de la conscience elle-même, et il nous faut parvenir à saisir le temps, non pas en tant qu’il serait localisé dans la conscience, mais en tant qu’il coïncide avec le flux de la conscience. Ainsi, il ne suffit pas de dire que conscience signifie mémoire, anticipation de l’avenir, mais il faut en outre comprendre de quelle manière, pour reprendre le mot de Bergson, la conscience est durée et s’auto-constitue en se temporalisant.
 
Afin d’éclaircir ce mouvement fondamental de temporalisation, Husserl de nouveau recourt à la notion d’intentionnalité. Il ne s’agit toutefois pas de cette intentionnalité objectivante que nous avons rencontrée précédemment et par laquelle un objet déterminé, la maison, nous est donné, mais d’une intentionnalité non objectivante spécifique. Ainsi, "le tout juste passé" relève d’une intentionnalité particulière, distincte de celle du ressouvenir qui vise le passé, et que Husserl nomme rétention. De manière analogue, le futur proche est l’objet d’une intentionnalité protentionnelle ou protention, distincte de celle qui vise le futur. Alors que le ressouvenir vise le passé en tant que tel, qui est re-présenté ou présentifié, la rétention vise le tout juste passé et constitue une dimension immédiate et originaire de la conscience du présent. Ainsi, le présent ne se réduit pas un pur instant sans épaisseur, et le présent vivant enveloppe l’impression originaire et sa rétention comme sa protention. La conscience est toujours conscience rétentionnelle et conscience protentionnelle.
 
Ces quelques éléments nous permettent d’entrevoir de quelle manière la notion d’intentionnalité remanie la relation traditionnelle du sujet et de l’objet. Comme l’écrit Husserl : "Tout cogito est, en tant que conscience, et, au sens le plus large, visée de son objet, mais cet objet visé de manière présomptive est, à chaque instant, plus (...) que ce qui est explicitement visé à chaque instant". En d’autres termes, dans la perception et, plus généralement, dans la saisie d’un objet quelconque, la conscience dépasse cet objet selon les multiples horizons qui le constituent. Mais il faut préciser que ces horizons sont en même temps des horizons temporels. En effet, comme nous l’avons vu, chaque perception externe opère un renvoi des côtés véritablement perçus de l’objet de la perception aux côtés qui sont visés corrélativement sans être encore perçus. Or, ces derniers sont seulement anticipés sur le mode de l’attente en tant qu’ils sont alors à venir du point de vue de la perception. Il s’agit là d’une protention qui revêt un sens nouveau avec chaque phase nouvelle de la perception. Nous voyons ainsi comment l’intentionnalité est inséparable du mouvement par lequel la conscience se temporalise et se rapporte au monde lui-même. Nous entrevoyons du même coup que l’intentionnalité de la conscience n’est autre que la transcendance d’un être qui existe et dont l’être-au-monde constitue la structure fondamentale de son existence.
 
Enfin, en s’efforçant de décrire la genèse même de la conscience dans son mouvement de temporalisation, l’intentionnalité rompt de fait avec la conception substantialiste de la conscience. En effet, qu’est-ce que le temps désormais sinon cette puissance de néantisation au coeur même de la conscience ? Il s’ensuit que la conscience ne saurait être décrite ontologiquement comme cet être subsistant qui n’a besoin que de lui-même pour exister et qui est ce qu’il est. Parce que la conscience n’est pas son passé, ou plutôt parce que la conscience n’est pas son passé tout en l’étant, et, de même, parce que la conscience n’est pas son avenir tout en l’étant, il apparaît alors que la conscience n’est pas purement et simplement un être mais bien plutôt un néant d’être. C’est cette idée qu’exprime J.-P. Sartre dans L’être et le néant lorsqu’il définit la conscience comme un être qui n’est pas ce qu’il est et qui est ce qu’il n’est pas. Et on peut remarquer que cette structure ontologique décrit également le simple rapport de la conscience à elle-même ou présence à soi : consciente de soi, la conscience est toujours à distance d’elle-même, séparée d’elle-même par un néant, et ne peut coïncider avec elle-même sans s’évanouir.
 
Mais est-ce tout ? Peut-on se contenter de décrire des intentionnalités qui se juxtaposent ou se succèdent ? En fait, chez Husserl, la diversité des intentionnalités suppose un "ego" qui en est comme le foyer : ainsi, lorsque je me représente un événement du passé comme ayant été vécu par moi, c’est que la différence entre ce passé et ce présent s’accompagne de l’unité d’un même sujet conscient; le flux temporel des intentionnalités ne serait qu’éparpillement de représentations sans aucune coordination s’il n’était animé par un même sujet qui ne peut se dire qu’en première personne ("je" ). Par la réduction phénoménologique, nous gagnons le domaine des purs vécus de conscience avec leur structure noético-néomatique et pouvons ainsi décrire les différents vécus. Mais dans la mesure où l’intentionnalité est le mode d’être de la conscience, la phénoménologie n’est pas seulement la science eidétique de la région "conscience", elle est d’emblée un savoir eidétique portant sur la constitution de tous les types d’êtres en tant qu’ils sont susceptibles de se présenter originairement. La réduction phénoménologique, loin d’être une soustraction, fait gagner le champ transcendantal à partir duquel sont possibles tous les "sens d’être" que nous pouvons rencontrer – tels que le sens "être une chose spatiale", le sens "être une musique", et ainsi de suite. La phénoménologie, par conséquent, "embrasse toutes les ontologies rationnelles – du moins quant à leurs axiomes, pour autant que ceux-ci expriment des connexions d’essence immédiates d’une conscience possible." (ID Ill, § 12). Cette "conscience" à laquelle conduit la réduction est "transcendantale" parce que tout ce qui lui est transcendant est constitué comme tel en elle. La phénoménologie transcendantale élucide le sens des étants que les sciences présupposent comme donnés, car elle "résout les fonds dogmatiques des sciences ou des sciences entières comme la physique et la psychologie en régulations de fait ou essentielles de la conscience transcendantale." (ibid., § 14).
 
Votre argument consistant à dire : "s’il n’y avait pas de monde, de nature et de vie, il n’y aurait pas de pensée, pas de conscience" est ici hors jeu parce que la phénoménologie se place au niveau de la constitution du sens même de l’être naturel et de l’être vivant. Il ne s’agit pas de "constitution" au sens de genèse empirique, historique, car toute question de genèse présuppose un monde dans lequel un certain enchaînement de faits que nous voulons retracer aura fait naître certaines choses. La phénoménologie ne présuppose pas l’existence de telles choses, mais elle décrit comment leur sens peut apparaître à une conscience.
 
De ce point de vue, la philosophie phénoménologique est un idéalisme transcendantal parce que tout le réel est constitué par un ego transcendantal dont l’activité n’est ni réfléchie ni volontaire. Cet ego transcendantal n’est pas le moi empirique que je peux saisir dans le mouvement introspectif de ma conscience ou en me posant comme un objet du monde traitable par des expériences de psychologie.
 
Que se passe-t-il, en effet, si l’on va jusqu’au bout du mouvement de retour de la conscience sur elle-même, nécessaire à l’analyse des intentionnalités, c’est-à-dire à la connaissance des phénomènes, si l’on ne se contente pas de discerner tel ou tel état passager, mais si l’on tente d’aller jusqu’à la racine de cette diversité d’opérations et d’actes de la conscience ? Selon cette orientation et cette exigence, le moi qui médite se retrouve en fait lui-même en tant que subjectivité, et le mot doit être pris ici dans sa littéralité : la subjectivité est un mode d’être qui consiste à se trouver "sous" et donc à donner une assise commune aux multiples visées de la conscience. Or, si la subjectivité est bien cela, elle ne saurait être limitée au moi méditant : celui-ci la découvre, mais il ne la produit pas. Elle est aussi bien à l’oeuvre dans le moi expérimentant, c’est-à-dire le moi en tant qu’il fait l’expérience naturelle, réelle et possible du monde : cette expérience est dite "naturelle" au sens où elle précède justement le retour sur soi par la méditation, et consiste notamment dans la perception commune du monde, qu’elle soit déjà acquise ou à venir. Cette subjectivité est à l’oeuvre encore dans le moi agissant, le moi en tant qu’il est engagé dans des activités, y compris les activités liées à la connaissance scientifique (observation, expérimentation, calcul). Cette même subjectivité préexiste donc aussi et déjà à toute connaissance naturelle de soi. Une connaissance naturelle de soi n’est nullement une absence de réflexion : elle est aussi bien la clairvoyance dont tout un chacun peut faire preuve que, de façon différente, un travail qui pourra prendre forme en des disciplines telles que la psychologie ou en des recherches mobilisant plusieurs disciplines (psychologie, biologie, neurologie...). Mais, quelles que soient les différences considérables entre ces attitudes et ces pratiques, elles ont toujours le même objet : la connaissance naturelle de soi, c’est la connaissance empirique du sujet psychophysique. A ce sujet, dont il ne s’agit pas de nier la réalité, préexiste une subjectivité qui serait donc encore plus fondamentale. Pourquoi ? Précisément parce que tout ce qui forme l’individu psychophysique - données anatomiques, fonctionnements physiologiques, processus psychiques inconscients et conscients - n’est accessible qu’à cette conscience intentionnelle que la méditation découvre en mettant en suspens la croyance à l’existence du monde et les intérêts qui y sont liés, cette conscience intentionnelle qui trouve elle-même son unité dans un ego transcendantal qui ne saurait donc être confondu avec le sujet psychophysique.
 
Le projet phénoménologique, en tant qu’élucidation de toutes sortes d’intentionnalités à la source des connaissances humaines, vise à mettre au jour le sol sur lequel toute science s’édifie, donc à élaborer peu à peu la science des sciences, la science la plus universelle, ou plutôt la seule science universelle. Mais à cela il ne faut pas moins que l’adoption de "l’attitude phénoménologique transcendantale". "L’attitude" : il s’agit d’une position, obtenue par modification à partir de l’attitude qui nous est la plus naturelle, celle qui consiste à admettre spontanément le monde, les choses, nous-mêmes en tant qu’individus dans le monde. "L’attitude phénoménologique" : il ne s’agit pas de nier ni de mettre en question l’existence du monde, des choses..., il s’agit d’en manifester et d’en expliciter les manières d’apparaître, donc d’en chercher les rapports essentiels avec la conscience qui les intuitionne. "L’attitude phénoménologique transcendantale" enfin : cette conscience qui, d’un point de vue descriptif, n’est qu’un flux d’intentionnalités, a son unité dans un "ego" ; mais cet "ego" n’est pas la personne psychophysique, autrement dit l’individu dans le monde, puisque celui-ci fait justement partie des phénomènes qui se donnent à la conscience intentionnelle (comme lorsqu’il nous arrive de nous voir situé en un lieu, ou de nous entendre en train de parler...). C’est donc un "ego" qu’il faut qualifier de "transcendantal", par différence avec "psychologique" ou même "psychophysique", puisqu’il est ce par quoi un monde, des choses, ainsi que lui-même et ses semblables comme êtres du monde, apparaissent, et apparaissent comme des réalités transcendantes, c’est-à-dire extérieures à cet "ego empirique" qui en quelque sorte s’épuise à les viser.
 
Au terme de mon explication, vous êtes donc en mesure de comprendre pourquoi la phénoménologie n’est pas une psychologie introspective. L’exclusion de la référence à une existence réelle était déjà dans la 5e Recherche (RL V, § 2) ainsi que le critère de distinction entre vécu psychologique et vécu phénoménologique pur. La phénoménologie précède la psychologie, car la question de la constitution de l’objet intentionnel précède l’étude des états d’âme dans lesquels les hommes vivent et se représentent ces objets. C’est seulement lorsque je reconduis la thèse du monde pour repasser à l’attitude naturelle que j’appréhende la conscience comme un étant du monde parmi les autres étants et fondé sur un certain rapport à un corps et, par là, à la nature vivante et physique. La psychologie ne peut donc reprendre à son compte les énoncés phénoménologiques qu’en présupposant la constitution du je "empirique" à partir de l’ego transcendantal, la "mondanisation" de celui-ci.
 
Cette distinction entre l’ego empirique et l’ego transcendantal continue certes à faire problème, après les analyses de Sartre, Merleau-Ponty. Faut-il retrouver, en deçà des opérations perceptives immédiates et spontanées par lesquelles l’homme adhère au monde, la subjectivité fondatrice absolue, qui ne soit ni psychologique, ni historique, ni mondaine, mais transcendantale et universelle ? Pour Merleau-Ponty, l’erreur de Husserl fut justement de croire en l’existence d’un sujet plus fondamental que le sujet psychophysique, le "Je pense" qui, de l’expérience pré-réflexive à l’activité réfléchissante et au travail conceptuel, en conditionnerait l’appréhension. La conscience est-elle constamment sous-jacente aux connaissances comme à toute autre activité de l’homme dans le monde ? Au contraire, tout en admettant que le cogito (husserlien ou cartésien) ne saurait se réduire à une diversité d’états et d’événements psychologiques, Merleau-Ponty critique l’idée d’une pure activité spirituelle soustraite à toute limite de fait et à toute condition temporelle. Le "Je pense" ne peut être un absolu dissocié de toute inhérence au monde et de toute expérience d’autrui. Le cogito ne peut être caractérisé par la référence à un sujet pensant ontologiquement distinct du monde sensible et de l’insertion dans un milieu intersubjectif.
 
C'est ce qui m'intéresse surtout et dont j'aimerai vous entretenir un jour ou l'autre...

Message cité 1 fois
Message édité par l'Antichrist le 16-03-2008 à 04:48:31
n°14337767
hephaestos
Sanctis Recorda, Sanctis deus.
Posté le 15-03-2008 à 09:24:09  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


Alors, ce serait quoi être un homme ?


 
Pratchett en dit quelques mots dans son dernier Disque-Monde, à travers un élémental (Wintersmith) qui devient péniblement un homme. Être un homme, ce serait être "à part" (apart) par opposition au dieu, au morceau de monde, qui "fait partie" (a part). C'est parce qu'on s'oppose qu'on est un homme. Bien sûr, c'est valable pour les amibes également.

n°14337802
hephaestos
Sanctis Recorda, Sanctis deus.
Posté le 15-03-2008 à 09:41:40  profilanswer
 

foutre de a écrit :

Moi je me demande pourquoi tu t'emmerdes avec la phénoménologie quand tu as les arguments du sens commun avec toi.
A moi le sens commun ne parle plus depuis longtemps. Les lois de la physiques quand personne ne les mesure ni ne les éprouve de manière vivante me semblent comme le bruit de l'arbre qui tombe au fond d'un bois où personne n'est là pour l'entendre : ce bruit me laisse perplexe.
ta position me semble celle de la personne qui se suicide en imaginant ce qui va se passer pour ceux qui lui survivront, pour jouir du défi qu'elle lance ou de la vengeance qu'elle exerce ; une pure idéalité sans vécu.
En dépit du sens commun, je ne crois pas à l'existence d'un univers selon des lois qui ne sont éprouvées ni perçues par rien qui soit ; donc quand la dernière perception s'effondre, quand plus rien n'est vécu éprouvé senti, alors oui, l'univers n'existe plus.
(que ces sens soient ceux d'un homme ou de firmicutes, c'est un vaste débat...)

 

Tu y crois vraiment, au fait que le sens commun ne te parle plus ? Que l'on est capable d'ignorer l'objectivité pour se placer dans un discours pur qui ne traite que de phénomènes ? En somme, ce que je comprends, c'est que le phénoménologue, quand il communique ses résultats ne voudrait garder du langage que l'action, sans prétendre lui donner un sens. Le sens serait alors une propriété émergente, comme chez le poète, en principe. Sauf que même chez le poète, le sens commun et l'objectivité sont indissociables du langage, il me semble.

Message cité 2 fois
Message édité par hephaestos le 15-03-2008 à 10:22:57
n°14337948
hephaestos
Sanctis Recorda, Sanctis deus.
Posté le 15-03-2008 à 10:21:46  profilanswer
 

l'Antichrist a écrit :


 
Le projet phénoménologique, en tant qu’élucidation de toutes sortes d’intentionnalités à la source des connaissances humaines, vise à mettre au jour le sol sur lequel toute science s’édifie, donc à élaborer peu à peu la science des sciences, la science la plus universelle, ou plutôt la seule science universelle. Mais à cela il ne faut pas moins que l’adoption de "l’attitude phénoménologique transcendantale". "L’attitude" : il s’agit d’une position, obtenue par modification à partir de l’attitude qui nous est la plus naturelle, celle qui consiste à admettre spontanément le monde, les choses, nous-mêmes en tant qu’individus dans le monde. "L’attitude phénoménologique" : il ne s’agit pas de nier ni de mettre en question l’existence du monde, des choses..., il s’agit d’en manifester et d’en expliciter les manières d’apparaître, donc d’en chercher les rapports essentiels avec la conscience qui les intuitionne. "L’attitude phénoménologique transcendantale" enfin : cette conscience qui, d’un point de vue descriptif, n’est qu’un flux d’intentionnalités, a son unité dans un "ego" ; mais cet "ego" n’est pas la personne psychophysique, autrement dit l’individu dans le monde, puisque celui-ci fait justement partie des phénomènes qui se donnent à la conscience intentionnelle (comme lorsqu’il nous arrive de nous voir situé en un lieu, ou de nous entendre en train de parler...). C’est donc un "ego" qu’il faut qualifier de "transcendantal", par différence avec "psychologique" ou même "psychophysique", puisqu’il est ce par quoi un monde, des choses, ainsi que lui-même et ses semblables comme êtres du monde, apparaissent, et apparaissent comme des réalités transcendantes, c’est-à-dire extérieures à cet "ego empirique" qui en quelque sorte s’épuise à les viser.


 
C'est curieux cette façon de distinguer "des sciences". Le projet phénoménologique tel que vous le décrivez dans ces quelques paragraphes s'inscrit à mon sens tout à fait dans le projet scientifique tout court, même s'il se situe, dans la pensée scientifique, à la racine. Vous ne vous revendiquez pas d'une objectivité naïve, c'est tout à votre honneur. Par contre c'est un peu insultant de prétendre être les seuls à voir les limites de cette vision objective du monde. Par ailleurs, je trouve étrange la façon dont vous présentez ce projet sans mentionner les limites qui sont inhérentes à sa nature, qui sont liées à son support, à nous. Il y a sans doute de grands pans de votre pensée que je ne maitrise pas du tout, mais ce que je sais c'est que vous êtes un homme, incapable de la transcendance absolue que vous revendiquez, et encore moins capable d'en communiquer les résultat par une poignée de mots.

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