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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°20073170
rahsaan
Posté le 04-10-2009 à 18:36:26  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

leoz a écrit :


 
Première recherche, Gilles Deleuze, première phrase : Deleuze is a key figure in postmodern French philosophy
 
Pourriez-vous m'expliquer, si toute fois c'est faisable de le résumer, ce qu'on appelle "postmodernism" outre-atlantique? Car pour moi, il semble évident que Deleuze n'a jamais été "postmoderne".


 
 
Bah tu l'as très bien dit. Deleuze ne s'est jamais revendiqué du post-moderne, ni Foucault, qui disait que son objet était d'étudier la modernité (mais sans prétendre le faire depuis une posture "post-moderne" ).  
 
Post-moderne fait vraiment partie de ces termes employés à tort et à travers. La lecture du livre de Lyotard, La condition post-moderne est certainement le seul moyen de trouver un sens cohérent à ce terme.
Pour Lyotard, sont post-modernes une pratique, une théorie, une œuvre, qui ne sont plus sous l'égide d'un grand récit fondateur et donneur de sens. La post-modernité est un moment de fin des grands récits, un décrochage par rapport à eux. Par exemple, une politique post-moderne ne prétend plus apporter la liberté, le bonheur ou l'émancipation. Elle fait de la gestion : elle administre, elle dirige, mais elle ne se réfère plus à une grande idéologie fondatrice (les Lumières, le marxisme, le libéralisme...) C'est une politique qui peut être strictement "pragmatique", voire bassement pragmatique, et ne rechercher que l'efficacité à tout prix, l'efficacité étant une sorte d'ersatz de valeur, puisqu'on ne peut s'empêcher de se demander : "efficace à quoi ?... en vue de quoi ?... au nom de quoi ?"
 
Une œuvre d'art post-moderne ne prétend plus apporter une vérité définitive à l'homme, ou lui révéler le secret de la beauté etc. Lyotard a réfléchi au problème de la justice : comment rendre la justice sans idée du juste en soi ? cf. Au juste.
 
On a critiqué Lyotard, en disant que le post-moderne est encore un grand récit. C'est notre grand récit à nous, le récit des hommes qui croient s'être sortis des grands récits. Mais ces critiques viennent souvent de penseurs "humanistes", qui voudraient sortir du relativisme contemporain en renouant avec un grand récit, justement (l'Homme, le Progrès, les Lumières...), et qui disent que la politique ne peut se passer de grand récit. C'est aussi que des intellectuels y perdent, car on n'a plus besoin d'eux, sinon pour servir de caution à des politiques bureaucratiques et sûres d'elles-mêmes. D'où leur désarroi...

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 04-10-2009 à 18:37:02

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
mood
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Posté le 04-10-2009 à 18:36:26  profilanswer
 

n°20078730
neojousous
Posté le 05-10-2009 à 10:40:20  profilanswer
 

"That postmodernism is indefinable is a truism. However, it can be described as a set of critical, strategic and rhetorical practices employing concepts such as difference, repetition, the trace, the simulacrum, and hyperreality to destabilize other concepts such as presence, identity, historical progress, epistemic certainty, and the univocity of meaning."
 
http://plato.stanford.edu/entries/postmodernism/
 
La Stanford Encyclopedia est idéale pour avoir des explications claires d'un terme.

n°20089482
leoz
Posté le 05-10-2009 à 23:50:24  profilanswer
 

Merci pour vos réponses éclairantes. J'en profite pour signaler à ceux que cela pourrait intéresser qu'un colloque sur Lyotard aura lieu du 14 au 17 Octobre à Paris 8. Infos et programme ici : http://www.univ-paris8.fr/agenda/s [...] _event=440

n°20090743
Tietie006
Dieu ne joue pas aux dés.
Posté le 06-10-2009 à 06:33:27  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


 
 
Bah tu l'as très bien dit. Deleuze ne s'est jamais revendiqué du post-moderne, ni Foucault, qui disait que son objet était d'étudier la modernité (mais sans prétendre le faire depuis une posture "post-moderne" ).  
 
Post-moderne fait vraiment partie de ces termes employés à tort et à travers. La lecture du livre de Lyotard, La condition post-moderne est certainement le seul moyen de trouver un sens cohérent à ce terme.
Pour Lyotard, sont post-modernes une pratique, une théorie, une œuvre, qui ne sont plus sous l'égide d'un grand récit fondateur et donneur de sens. La post-modernité est un moment de fin des grands récits, un décrochage par rapport à eux. Par exemple, une politique post-moderne ne prétend plus apporter la liberté, le bonheur ou l'émancipation. Elle fait de la gestion : elle administre, elle dirige, mais elle ne se réfère plus à une grande idéologie fondatrice (les Lumières, le marxisme, le libéralisme...) C'est une politique qui peut être strictement "pragmatique", voire bassement pragmatique, et ne rechercher que l'efficacité à tout prix, l'efficacité étant une sorte d'ersatz de valeur, puisqu'on ne peut s'empêcher de se demander : "efficace à quoi ?... en vue de quoi ?... au nom de quoi ?"
 
Une œuvre d'art post-moderne ne prétend plus apporter une vérité définitive à l'homme, ou lui révéler le secret de la beauté etc. Lyotard a réfléchi au problème de la justice : comment rendre la justice sans idée du juste en soi ? cf. Au juste.
 
On a critiqué Lyotard, en disant que le post-moderne est encore un grand récit. C'est notre grand récit à nous, le récit des hommes qui croient s'être sortis des grands récits. Mais ces critiques viennent souvent de penseurs "humanistes", qui voudraient sortir du relativisme contemporain en renouant avec un grand récit, justement (l'Homme, le Progrès, les Lumières...), et qui disent que la politique ne peut se passer de grand récit. C'est aussi que des intellectuels y perdent, car on n'a plus besoin d'eux, sinon pour servir de caution à des politiques bureaucratiques et sûres d'elles-mêmes. D'où leur désarroi...


 
 
Intéressant. Et que pense Lyotard de cette post-modernité ?


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L'arrière-train sifflera trois fois.
n°20095505
rahsaan
Posté le 06-10-2009 à 16:02:04  profilanswer
 

Il l'explore, il la décrit, il en tire les conséquences. Il essaie d'inventer ce que serait une justice ou une politique post-moderne.  
Au départ, son livre "La condition post-moderne" est un "rapport sur le savoir". C'est un livre de commande. Donc il fait son rapport, il constate un état de fait : la fin des grands récits, et ses conséquences sur les pratiques contemporaines.


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°20096176
pascal75
Posté le 06-10-2009 à 16:43:49  profilanswer
 

Merci de rappeler que cette notion a été développée par Jean-François Lyotard, et qu'elle a un sens, malgré l'usage polémique qu'en font certains.
Je rajouterais que Lyotard, par cette notion, pose le problème de la légitimité des discours et qu'il théorise la question emblématique d'une époque : d'où tu parles ? qui t'autorise ? Lyotard montre que l'homme postmoderne ne croit plus à la légitimation par les grands récits et il en vient à conclure que c'est dans l'invention que réside la légitimité.


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°20096776
rahsaan
Posté le 06-10-2009 à 17:24:53  profilanswer
 

Il dit quelque chose comme : la paralogie des inventeurs plutôt que la compétence des experts.


Message édité par rahsaan le 06-10-2009 à 17:33:31

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°20246507
rahsaan
Posté le 19-10-2009 à 16:44:32  profilanswer
 

Entretien avec le sociologue Louis Pinto, élève de Bourdieu, pour son dernier livre, La Théorie souveraine, qui porte sur la réception de la sociologie par les philosophes au 20e siècle :
 
http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article162


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°20251951
Profil sup​primé
Posté le 19-10-2009 à 23:25:59  answer
 

faire des articles de recherche en sociologie ? devenir prof ?

 

enseignement/recherche quoi [:spamafote]

 

ou ya ptet des entreprises qui ont besoin de gen formés a la socio [:spamafote]


Message édité par Profil supprimé le 19-10-2009 à 23:26:21
n°20252242
Magicpanda
Pushing the envelope
Posté le 19-10-2009 à 23:43:52  profilanswer
 

 

ahaha en fait il bosse au mc do mais en général les sociologues ne gagnent pas leur vie

 

si tu veux faire de la socio, apprète toi à manger de la vache enragée, il faut une volonté implacable et une passion réelle

 

je sais de quoi je parle


Message édité par Magicpanda le 19-10-2009 à 23:44:22

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" Quel est le but du capital ? Le but du capital c'est produire pour le capital. L'objectif, lui, est illimité. L'objectif du capital c'est produire pour produire." - Deleuze || André Gorz - Vers la société libérée
mood
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Posté le 19-10-2009 à 23:43:52  profilanswer
 

n°20252328
alcyon36
Posté le 19-10-2009 à 23:49:16  profilanswer
 

Après tout depend de la qualité du siciologue...(je ne dis pas ca pour toi magicpanda;)) C'est pas pire qu'ailleurs, si tu fais un tres bon master, que tu recuperes une alloc pour ta these avec un directeur reconnu sur un sujet porteur, que pendant ce tps tu dilues ta recherche en publiant quelques articles à gauche et à droite, tu as tes chances de faire carriere...mdr
 
Sinon, en ce moment, ya quelques boites de conseil qui recherchent de bons sociologues du travail...à cause des problèmes de management..


Message édité par alcyon36 le 19-10-2009 à 23:50:07

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°20259519
bronislas
Posté le 20-10-2009 à 17:40:08  profilanswer
 


De devenir étudiant de philosophie. La sociologie n'est pas une fin, juste un moyen.  [:julm3]  

Spoiler :

Et là je réalise qu'on pourrait dire la même chose de l'histoire.  :sweat:


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Librarything|Last.fm|RYM
n°20266164
crackingod​01
Posté le 21-10-2009 à 00:38:45  profilanswer
 

bronislas a écrit :


Spoiler :

Et là je réalise qu'on pourrait dire la même chose de l'histoire.  :sweat:



 
 :non:

n°20283658
rahsaan
Posté le 22-10-2009 à 13:07:53  profilanswer
 

Des publicités nietzschéennes ?
 
Depuis plusieurs années, je ne sais pas si vous avez remarqué à quel point la publicité est devenue nietzschéenne.  
Il ne s'agit que de devenir soi-même, de se réaliser pleinement, de se dépasser sans cesse et d'abonder en créativité géniale...
C'est le but de la technique publicitaire de susciter chez le spectateur le désir d'acheter le produit. Mais là,  il y a plus : le produit n'est plus présenté comme une fin, mais au contraire, il est présenté comme un stimulateur de désir. C'est-à-dire que si vous achetez un Blackberry, un Jeans 501, un IPod, non seulement vous serez très à la mode (mais dit comme ça, ça fait publicité à grand-papa), mais le produit s'inscrira dans un dynamisme total de vie, et stimulera cette puissance créatrice qui sourd chez tout individu et que l'individu ne développera qu'en refusant les contraintes et en se réalisant contre toutes les normes.
 
Ce sont donc en fait surtout les publicités à destination des 15-30 ans (je dirais) qui véhicule le message dont je parle. On voit donc les héros, des petits minets urbains, bondir dans un environnement ultra-moderne et propre, conquérir leur copine comme au cinéma, en brisant des vitres et en s'échappant sur les routes... On pourrait typiquement voir-là une récupération de la philosophie de Deleuze, une récupération certes simpliste, où tout n'est que ligne de fuite, déterritorialisation... C'est que ces publicités nietzschéennes-deleuziennes ont en commun de montrer que l'achat du produit stimule le désir et permet au jeune adulte de se réaliser, en quittant le foyer familial, en construisant sa vie totalement, en réalisant ses rêves etc.
Il y a là un fantasme profond, un fantasme rimbaldien, celui d'une pure évasion, d'un départ vers un monde enchanteur, plein de virtualités etc. Rien n'est dit, en revanche, de ce qui doit se passer après cette fuite, après qu'on a conquis la fille, après qu'on s'est arrêté de danser et de bondir sur les toits des gratte-ciels, enveloppé d'une myriade de cubes magiques...  
Le mot d'ordre du désir masque surtout l'impossibilité à parler du désir puisque le désir se trouve opposé à la banalité du réel (qu'on parvient à fuir grâce au produit enchanté qu'on nous vend). De plus, la mentalité des héros des spots publicitaires ressemble étrangement à celle qu'on exige des jeunes cadres dynamiques qui font ces pubs : sois jeune, dynamique, irrespectueux, conquérant et créateur, et bouscule les hiérarchies à la papa. (Grâce à quoi tu prendras la place des pontes d'hier et tu finiras comme eux, en attendant qu'un jeune loup vienne prendre ta place...)
Les héros des publicités semblent promis au même avenir : puisque derrière leurs attitudes de héros romantiques se profile déjà le "citoyen point trop mécontent d'une ville voulue moderne" (Rimbaud), bref le petit employé conformiste, on peut voir dans ce message d'exaltation de la jeunesse un véritable jeunisme. Jeunisme qui passe par l'exploitation du fantasme enfantin et adolescent : vivre une vie où tous les possibles se réalisent, où le désir ne connait pas de frein, et où toutes les barrières sont des obstacles intolérables.  
 
Ce serait, par contraste, l'occasion de rappeler que la philosophie s'adresse à l'homme adulte, et déjà à l'adulte qui perce chez l'enfant ou l'adolescent. Or, sur la question du désir, centrale chez Nietzsche et Deleuze, il faudrait rappeler qu'il n'y a pas d'un côté le désir dans sa spontanéité, et de l'autre, les médiations castratrices infligées par le réel. Le désir est une construction, une création, et comme toute création, il n'est pas donné d'avance, il suppose des ébauches, des essais, de l'entêtement, des heures sans gloire, des renoncements. Il n'est donc pas de l'ordre de l'organisation, en ce sens qu'on ne peut déterminer à quoi il aboutira, il mais suppose une logique de la composition, c'es-à-dire le suivi et la maîtrise d'un processus continu dont les ratés font partie de son fonctionnement (c'est la définition de la machine-désirante).  
Ce que Nietzsche, Bergson ou Deleuze, chacun à leur manière, ont pu mettre en avant, ce n'est pas la toute-puissance spontanée du désir, mais que le désir est d'abord affaire d'approbations et de rejets ancrés dans des normes de vie (normes qui sont elles-mêmes fixées par un individu ou un groupe pour réguler sa vitalité). Il y a dès lors un cercle entre vie et norme, que je ne vais pas développer plus, mais qui aboutit à cette conséquence : il n'y a pas un tout de notre personnalité qui serait potentiellement donné et qu'il s'agirait de réaliser en fuyant les contraintes imposées par les normes sociales. Il y a bien plutôt un ensemble de choix que nous faisons par rapport à nous-mêmes, un rapport éthique de soi à soi, et même un rapport politique, où se trouve décidé ce que l'on est prêt à accepter ou non de soi.
Devenir ce que l'on est n'est donc pas devenir tout ce que je suis, mais savoir ce que je peux vouloir, et ce que je ne peux pas vouloir. C'est donc savoir se déterminer et se vouloir avec détermination. C'est se vouloir comme adulte accompli et assumé.  
 
Par rapport à cette vision d'un soi résolu, consistant et vraiment créateur, le moi-moi adolescent exalté dans cette forme de publicité, si "nietzschéenne" qu'elle paraisse, paraît bien inconsistant et stérile.


Message édité par rahsaan le 22-10-2009 à 13:10:23

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n°20286622
alcyon36
Posté le 22-10-2009 à 16:55:41  profilanswer
 

"Si le désir produit, il produit du réel. Si le désir est producteur, il ne peut l'être qu'en réalité, et de réalité" (AO, p. 34)


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°20287227
bronislas
Posté le 22-10-2009 à 17:44:10  profilanswer
 

Sauf que pour Nietzsche, la réalisation de soi passait par des modalités autres (on va être gentil) que la manière de s'habiller.

 

À mon avis une étude des publicité d'aujourd'hui tendrait à montrer qu'il s'agit plutôt de "s'afficher soi-même", ou de venir "comme on est", comme dit la pub. On est dans l'affichage ostensible de soi, retournement complet de situation en comparaison de ce qui se pratiquait il y a encore une soixantaine d'années. À l'époque le respect de la common decency impliquait un certain effacement de soi, de ne pas s'imposer à autrui et surtout d'avoir la discrétion de ne pas étaler toutes les différences (d'appartenance religieuse, ethnique, politique ou sociale, etc.) qui pouvaient nous séparer de notre interlocuteur.

 

Si cette pensée n'a rien de philosophique, je ne peux m'empêcher de penser que le projet de réalisation de soi ne pouvait se faire, même chez l'auteur de la Généalogie de la Morale sans un certain respect des règles ayant cours dans la cité, même si elles sont issues de conventions sociales. Et aussi qu'il n'y a rien de plus désagréable que de parler avec des panneaux publicitaires ambulants, comme on en rencontre malheureusement beaucoup dans les universités, et même dans les UFR de philosophie (comme partout pourrait-on dire malheureusement).  :o  

Spoiler :

C'était la minute "je suis content de rentrer à la fac".  :hello:

Message cité 1 fois
Message édité par bronislas le 22-10-2009 à 17:46:04

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Librarything|Last.fm|RYM
n°20287406
rahsaan
Posté le 22-10-2009 à 17:57:08  profilanswer
 

Oui, je suis d'accord avec toi.  
Je dirais que la publicité promeut une spontanéité bidon et un affichage de soi qui a le sens d'un affichage publicitaire.  
 
A la limite, le slogan "venez comme vous êtes" est ambigu : s'agit-il de venir sans ostentation, comme on est au quotidien (common decency) ou bien de venir en proclamant sa merveilleuse singularité irremplaçable et stéréotypée (identité à la Benetton) ?
 
Par ailleurs, Nietzsche au quotidien était quelqu'un de très réservé, très poli, très discret, dans les pensions où il résidait (Zweig l'a bien montré dans son livre). La pudeur était pour lui une valeur centrale pour une "âme noble". La pudeur qui est un thème central, je m'en suis rendu compte, dans Par delà bien et mal.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 22-10-2009 à 18:02:52

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n°20287574
alcyon36
Posté le 22-10-2009 à 18:11:01  profilanswer
 

bronislas a écrit :


 À l'époque le respect de la common decency impliquait un certain effacement de soi, de ne pas s'imposer à autrui et surtout d'avoir la discrétion de ne pas étaler toutes les différences (d'appartenance religieuse, ethnique, politique ou sociale, etc.) qui pouvaient nous séparer de notre interlocuteur.


Peux tu preciser, je ne suis pas certain de bien comprendre ce que tu veux dire....


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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°20287626
alcyon36
Posté le 22-10-2009 à 18:14:40  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


A la limite, le slogan "venez comme vous êtes" est ambigu : s'agit-il de venir sans ostentation, comme on est au quotidien (common decency) ou bien de venir en proclamant sa merveilleuse singularité irremplaçable et stéréotypée (identité à la Benetton) ?


Ambiguité necessaire et féconde, le modèle visé et critiqué étant celui de l'accès à une boîte de nuit.... Sans doute, un des meilleurs slogans publicitaires de ces 10 dernières années...
 

Citation :

Par ailleurs, Nietzsche au quotidien était quelqu'un de très réservé, très poli, très discret, dans les pensions où il résidait (Zweig l'a bien montré dans son livre). La pudeur était pour lui une valeur centrale pour une "âme noble". La pudeur qui est un thème central, je m'en suis rendu compte, dans Par delà bien et mal.


Voir l'article de S. Courtine-Denamy, "Amour du prochain, amour du lointain. Pour une approche de l'homme pudique chez Nietzsche", p. 278 du cahier de l'Herne consacré à Nietzsche.

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 22-10-2009 à 18:19:35

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°20287806
rahsaan
Posté le 22-10-2009 à 18:30:12  profilanswer
 

La pudeur, qui consiste moins à se tenir loin de ce qui est prochain, que de savoir rester proche du lointain, c'est à dire de ce qu'il y a de meilleur et de plus puissant en nous. L'âme noble a du respect pour elle-même (PBM, livre 9). Le Pathos der Distanz est la marque de l'âme aristocrate au sens où l'entend N.  
Et c'est toujours N qui dans Ecce Homo nous dit de prêter attention aux choses proches, quotidiennes, et reproche aux faiseurs de morale de s'emballer pour des grands thèmes grandiloquents et des intérêts supra-terrestres.
La pudeur définit un rapport aux choses et aux hommes, et à soi. Je crois que c'est à partir de cette notion qu'on peut lire PBM. Faut-il aller au fond des choses ou bien seulement en effleurer la surface ?
 
Mais Wotling avait dit à un pote à moi, quand il faisait son M1 sous sa direction : "quand on relit PBM pour la 150e fois, on y découvre encore des choses". Et moi, je suis loin du compte :D Donc il doit y avoir encore bien plus de choses que la pudeur. :)

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 22-10-2009 à 18:36:15

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n°20288101
rahsaan
Posté le 22-10-2009 à 18:51:09  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :


Ambiguité necessaire et féconde, le modèle visé et critiqué étant celui de l'accès à une boîte de nuit.... Sans doute, un des meilleurs slogans publicitaires de ces 10 dernières années...


 
 
Ce que je voulais juste évoquer, en parlant de la publicité, c'est que les publicitaires sont de grands manipulateurs de désirs. Ils produisent du désir à la chaîne, ils en "machinent" à plein régime. Ils puisent dans l'imaginaire et les représentations collectives, les films, les problèmes sociaux, les clichés, les fantasmes, pour fabriquer des images à désirer.  
C'est sans doute pourquoi nous avons besoin plus que jamais d'une éthique du désir, d'une philosophie du désir tout du moins. Il est plus important que jamais de savoir ce qu'il en est du désir, qu'il est tout sauf une spontanéité, pour que nous sachions à quoi adhérer.  
En particulier, la publicité cherche à faire céder notre capacité à résister au désir, voire (plus subtilement) à s'appuyer sur cette résistance au désir pour la subvertir : les publicitaires savent entendre les messages des réfractaires à la pub et changer leur offre pour convaincre ceux-là.
 
Je crois que le problème de la publicité est tout simplement quantitatif. C'est qu'il y a trop de publicité, surtout dans les grandes villes. C'est surtout ça.  
Un peu de publicité, ça peut être un agrément, ça peut être décoratif, plaisant. Mais la publicité, qui vante la qualité (qualités du produit, et maintenant qualités personnelles du consommateur responsable / citoyen etc.) est en fait intégrée à une logique de production industrielle de masse, bref au règne de la quantité. La publicité est ainsi, malgré le vœu très cher de ses fabricants et les intentions affichées, un organe de massification, de conformisme.  
Qui véhicule, qui plus est, le pire de l'idéologie du consommateur individualiste jouisseur, qui alterne entre travail et loisirs et qui doit, dans tous les cas, servir à faire circuler l'argent.  
Or, le luxe aujourd'hui dans la vie, c'est d'échapper au travail et à l'argent. C'est le temps de vie qui n'est pas structuré par cette servitude.  
 
Le marketing, la publicité ont pris des formes de plus en plus perfectionnées (marketing des émotions, vendeurs pour des marques qui se font passer pour des clients ordinaires en boite, techniques du buzz etc.), elle s'insinue partout dans notre vie. Ce qu'il faut moins oublier que jamais, c'est que nous sommes capable d'être des résistances, capables de dire que nous servons pas de point de passage pour la publicité, que nous n'avons pas besoin de nous définir à partir de nos modes de consommation, pas besoin d'adhérer à cela, pas besoin d'y penser et que ça ait de l'importance dans notre vie.


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n°20288134
bronislas
Posté le 22-10-2009 à 18:55:00  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Mais Wotling avait dit à un pote à moi, quand il faisait son M1 sous sa direction : "quand on relit PBM pour la 150e fois, on y découvre encore des choses". Et moi, je suis loin du compte :D Donc il doit y avoir encore bien plus de choses que la pudeur. :)


Cela ne m'étonne vraiment pas de quelqu'un qui a l'excellente idée de mettre des index des noms et des thèmes traités à la fin des traductions. On peut vraiment dire de lui qu'il lit les textes plume à la main.

 

Pour Alcyon36 : je crois qu'il n'y a rien à comprendre de plus que ce que je dis. Il y avait dans le temps une façon de s'habiller qui était aussi du domaine du paraître, mais d'une sorte de paraître propice à une certaine forme de pudeur et de respect de l'autre.

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Message édité par bronislas le 22-10-2009 à 18:56:13

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Librarything|Last.fm|RYM
n°20288718
alcyon36
Posté le 22-10-2009 à 19:44:49  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


Ce que je voulais juste évoquer, en parlant de la publicité....


 :lol:  Loin de moi l'idée de critiquer ce que tu disais, ou de faire l'éloge de la publicité...Je tenais juste à relever que ce slogan, eu égard à ce/ceux qu'il vise, est particulièrement efficace...bref, un de mes nombreux propos sans grand interet;)


Message édité par alcyon36 le 22-10-2009 à 21:14:24

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°20292382
Magicpanda
Pushing the envelope
Posté le 23-10-2009 à 00:48:07  profilanswer
 

un gars sur youtube avec de très bonnes itw souvent en français
 
http://www.youtube.com/user/parter [...] 9IJ4gpuX7U


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" Quel est le but du capital ? Le but du capital c'est produire pour le capital. L'objectif, lui, est illimité. L'objectif du capital c'est produire pour produire." - Deleuze || André Gorz - Vers la société libérée
n°20293234
alcyon36
Posté le 23-10-2009 à 02:29:22  profilanswer
 

bronislas a écrit :


Cela ne m'étonne vraiment pas de quelqu'un qui a l'excellente idée de mettre des index des noms et des thèmes traités à la fin des traductions. On peut vraiment dire de lui qu'il lit les textes plume à la main.


Excellente idée en effet, bien qu'il ne soit pas le seul me semble-t-il... Mais au demeurant, un commentateur qui, à l'exception d'un aspect de sa lecture de l'ERM, me semble très décevant. Surtout que d'aucuns le considèrent, mes oreilles s'en allant parfois trainer du côté des UFR de philo, comme étant actuellement le grand lecteur français de Nietzsche...  

Citation :

Pour Alcyon36 : je crois qu'il n'y a rien à comprendre de plus que ce que je dis. Il y avait dans le temps une façon de s'habiller qui était aussi du domaine du paraître, mais d'une sorte de paraître propice à une certaine forme de pudeur et de respect de l'autre.


Pas si evident... Je ne savais vraiment pas si tu étais sérieux ou si tu plaisantais, cherchant à parodier un Finkelkraut... Pour le coup je demande du concret. Parce que dire qu'avant on avait  "la discrétion de ne pas étaler toutes les différences d'appartenance religieuse, ethnique, politique ou sociale, qui pouvaient nous séparer de notre interlocuteur", me semble soit beaucoup trop abstrait, soit relever de la provocation. On pourrait sans doute, si ce n'est pas déjà fait, écrire des pages et des pages sur les distinctions vestimentaires entre un catholique et un protestant, un prolo et un bourgeois... Pudeur mon cul! Si l'on étalait pas sa petite singularité, et encore je demande à voir, c'est qu'on affichait très clairement ses différences collectives, sociales suceptibles, justement, de bien nous distinguer de certains interlocuteurs. Enfin, il me semble...Mais, je suis déjà bien fatigué et sans doute enclin à avancer bien des bêtises... Nous verrons bien demain :lol:  
 


Message édité par alcyon36 le 23-10-2009 à 16:33:15

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°20299726
bronislas
Posté le 23-10-2009 à 17:11:11  profilanswer
 

Je tiens à rappeller que je parlais exclusivement des gens qui respectaient la common decency. Et je pensais surtout à l'habillement au lieu de travail ou en public. Dans "l'entre-soi", entre catholiques ou entre protestants (etc.) cela a pu se passer différemment j'en conviens. A cela s'ajoute les gens frustes qui ont existé de tout temps. Quand je regarde les personnes d'un certain âge en tout cas, je trouve qu'ils s'affichaient moins. Je ne sais pas s'il y a eu des études quantitatuves de la part des sociologues, mais ce serait intéressant.

 

Déjà que ce cher "Finkie"  ( :o ) ne me semble pas un modèle de tolérence ni de pudeur, cela me fait franchement mal de m'entendre dire que je le parodie. Quant aux catégories de "prolo" et de "bourgeois" (d'ailleurs pourquoi pas "bourges" ? les prolétaires, eux, ont eu droit à leur diminutif...) elles sont, à mon avis à juste titre, de plus en plus critiquées.

 

Et alors votre postérieur, il me semble fort éloigné de la discussion (ou c'est extrêmement impudique  :D )...  :o
Sans rire, je ne suis pas un intolérant, je me ne me permettrais pas de forcer les gens à s'habiller de telle ou telle façon, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que parfois, on va trop loin.

Message cité 2 fois
Message édité par bronislas le 23-10-2009 à 17:11:39

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Librarything|Last.fm|RYM
n°20309567
rahsaan
Posté le 24-10-2009 à 15:16:58  profilanswer
 

Sur la common decency, faut lire Michéa. :o


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°20309926
daniel_lev​rai
Semper eadem sed aliter
Posté le 24-10-2009 à 16:04:45  profilanswer
 

relatif à George Orwell ?


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A pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
n°20310301
bronislas
Posté le 24-10-2009 à 17:02:21  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Sur la common decency, faut lire Michéa. :o


Déjà fait.  :o
 
Oui c'est relatif à Orwell.


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n°20318206
l'Antichri​st
Posté le 25-10-2009 à 13:40:00  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

La pudeur, qui consiste moins à se tenir loin de ce qui est prochain, que de savoir rester proche du lointain, c'est à dire de ce qu'il y a de meilleur et de plus puissant en nous. L'âme noble a du respect pour elle-même (PBM, livre 9). Le Pathos der Distanz est la marque de l'âme aristocrate au sens où l'entend N.  
Et c'est toujours N qui dans Ecce Homo nous dit de prêter attention aux choses proches, quotidiennes, et reproche aux faiseurs de morale de s'emballer pour des grands thèmes grandiloquents et des intérêts supra-terrestres.
La pudeur définit un rapport aux choses et aux hommes, et à soi. Je crois que c'est à partir de cette notion qu'on peut lire PBM. [b]Faut-il aller au fond des choses ou bien seulement en effleurer la surface ?
[/b]
 
Mais Wotling avait dit à un pote à moi, quand il faisait son M1 sous sa direction : "quand on relit PBM pour la 150e fois, on y découvre encore des choses". Et moi, je suis loin du compte :D Donc il doit y avoir encore bien plus de choses que la pudeur. :)


 
Oui, sauf qu’identité et altérité, voire transcendance ("profondeur" ) et visage ou image ("surface" ) sont deux modes du dévoilement de l'être : la question essentielle ne consiste ni à s'interroger sur les avantages ou les inconvénients de la surface sur la profondeur, ni sur la possibilité ou non d'exprimer la profondeur en surface, mais elle concerne "l'expression" elle-même comme "discours" de l’infini dans le fini, de l'un dans le multiple. Si la "profondeur" est ce qui est en dessous, ce que, par définition, on n'atteint jamais, et si la "surface" est ce qui apparaît, ce que l'on perçoit ou aperçoit, alors la "pudeur" dans son sens le plus obvie n'est qu'une technique abstraite, l'application procédurière d'une loi extérieure à l'être. Etre [soi], c'est au contraire manifester le contact amoureux avec "soi", manifester sa propre "norme", la loi même de son être, la pure coïncidence avec soi. Etre [soi], c'est être touché par soi, être ému sensiblement, ressentir émotivement l’unité à jamais inachevée de son "soi".
 
Etre soi ne peut se réduire à un point de vue [sur soi], à l'acte simple de [se] dominer pour correspondre à un type abstrait. L'être est "pudique", oui, parce qu'il en dit trop et trop peu : trop, parce que la connaissance domine la compréhension de l'unité du même et de l'autre, trop peu, parce que cette connaissance, ce déchiffrement de figure tout en surface, s'excède lui-même de toutes parts. Le visage de l'être, son motif, va bien au-delà de l'identification à soi, du rapport de familiarité avec soi, c'est-à-dire avec l'autre : si l'être est le même, l'autre peut bien se présenter comme image, jamais son être ne pourra se dire en termes de distance (comme si le "lointain", détaché de la forme sensible sous laquelle il "paraît" comme "prochain", se dévoilait lui-même en son altérité essentielle). Etre n'est pas s'identifier à l'autre, se situer en un lieu et un temps, être sur le plan du monde, c'est-à-dire toujours au profit d'autre chose. Etre, c'est faire disparaître la forme au sein même de la forme. L'être n'est pas le processus, médiatisé par le monde, de l'identification, mais l'identité de la forme et de sa disparition. L'image ou la surface n'est pas autre à elle-même, comme un ailleurs qu'elle indiquerait, comme une vérité transcendante et inaccessible qu'elle dissimulerait. La présence de l'être est ici la même chose que son absence, non au sens du rien, mais en tant que l'absence est un mode d'être irréductible à la présence ou l'absence de quelque chose. La "pudeur" de l'être, son effacement ou son dépouillement dans la forme sensible, n'est pas une relation à un être distant, mais une "distance" comme relation, une relation qui dépasse toute relation.
 
Or, c’est cela le désir en tant qu’il se distingue du besoin : il est désir de l’autre en soi, c’est-à-dire dépassement de la sensibilité et de la forme dans une disposition, dans l’avènement d’une exigence, d’une "susceptibilité" pour le désintéressement et la vertu, incommensurable à toute décision libre, puisque celle-ci est encore un mode d’appropriation de l’être et non son épanouissement. Le désir de l’autre est rapport à un être qui transcende tout rapport, c’est-à-dire qui se situe au-delà du manque et de la satisfaction, au-delà du jeu social qui me commande de porter un masque, moyen pour "faire bonne figure" ou de ne pas "perdre la face", ou encore moyen pour arriver à mes fins (d’où le rôle de la publicité dans une économie de marché où la seule valeur du travail est de produire, non l’homme lui-même dans sa dimension d’humanité, mais de la richesse). Si l’être est relation, l’identité n’est pas oeuvre d’appropriation, et l’altérité est au-delà de ses présupposés, des déterminations antérieures à son être comme altérité. Lorsque l'image n'est qu'un artifice destiné à cacher ce que pourtant l'on déclare, ce que l'on donne à voir et à interpréter, l'altérité est niée comme telle, elle n'entre jamais dans la constitution de l'être. Comme une physionomie exprimerait des sentiments, l'être (la "profondeur" ) procède dans ce cas d'une identification, c'est-à-dire de la familiarité de surface avec les modèles sociaux, les apparats et les grimaces. Or, l’être ne ressemble à rien d’autre, sa relation est asymétrique, sans réciproque ni moyen terme. Comme pure relation, l’être est passivité absolue, désir de l’autre dans l’unité du "soi" : le désir est révélation à soi de ce qui transcende le "soi", c’est-à-dire l’épreuve d’une identité originaire, de l’unité du même et de l’autre. La dimension sociale de l'image de surface peut être le moyen de nier ce qui, en profondeur, ne correspond pas à l'idéal que l'on vise. Présenter un autre visage, c'est inverser l'ordre des valeurs : le masque d'apparat, l'illusion, le spectacle, deviennent la vérité de l'apparence ordinaire, quotidienne et banale. C'est le quotidien ici qui trahit une vérité qui est toujours à faire, à créer dans la réalité, mais toujours inadéquate à elle.
 
Le soi transcendantal est un mode de l’être, partie d’un tout. Tout désir inclut donc une dimension intersubjective. La vie intersubjective a-priori n’est pas qu’une hypothèse intellectuelle, elle est le "visage", c’est-à-dire "l’expression" comme discours, comme langage, de l’être même. L’être est "Potentialité", c’est-à-dire à la fois actualité du désir de soi et sa propre modalisation comme partie dans le tout, infini dans le fini, un dans le multiple, c’est-à-dire comme désir dans la vie personnelle et quotidienne de tout être humain. Ce désir sans objet, sans rapport à autre chose que sa propre causalité, délivré du "désirable", c’est-à-dire parfaitement désintéressé, est désir modalisé de l’être pour lui-même. En surface, l’être n’est pas qu’une image plastique, mais a le visage du désir, c’est-à-dire d’une intersubjectivité a-priori actuelle et effective (il ne s’agit ni d’un idéal à accomplir - cause finale - ni d’un Commandement extérieur auquel il faudrait se soumettre). Comme un danseur de l'être, le désir qui est cause de soi, le désir qui est la modalisation de l'intersubjectivité a-priori, se confond avec le personnage derrière lequel je me cache : loin de dissoudre mon être véritable, l'apparence de la vertu et de toutes les dispositions humaines que nous mimons d'abord finissent par les produirent réellement dans nos pensées et dans nos actes.
 
C’est cette relation intersubjective du "soi" modalisé (partie d’un tout) à tout autre qui permet de résorber l’opposition "surface"/"profondeur" dans une totalité infinie. La "profondeur" ne renvoie nullement à un autre monde qui en serait l’explication, mais la "surface" est son langage, un "langage avant les mots", "langage originel" essentiellement inachevé. L'expression est ce que nous chevauchons un instant avant d'être jeté à bas ! L'inachèvement de l'être est donc tout autre chose qu'un inachèvement : il est ce qu'on n'atteint jamais, la nostalgie d'une unité primordiale qui nous arrive sur le mode de l'écho, du pressentiment. L'expression ou la manifestation n'est pas de l'ordre du savoir, mais, comme unité ressentie émotivement, elle est ce qui recouvre tout ce qui peut se savoir, source d'une émotion sans cesse renouvelée, extase ouverte au passé et à l'avenir.

Message cité 1 fois
Message édité par l'Antichrist le 27-10-2009 à 08:33:09
n°20320075
bronislas
Posté le 25-10-2009 à 17:03:10  profilanswer
 

Je me permets de poser quelques questions avant que les autres ne répondent car je viens de lire votre texte cinq fois et je n'y comprend strictement rien. Je me limite au premier paragraphe car vu que je ne le comprend pas, le reste du texte m'est d'autant plus incompréhensible. Attention cela risque de descendre très bas, au ras des mots.
 

l'Antichrist a écrit :

Oui, sauf qu’identité et altérité, voire transcendance ("profondeur" ) et visage ou image ("surface" ) sont deux modes du dévoilement de l'être


Ici par exemple, je ne comprends tout simplement pas en quoi la profondeur, qui est justement ce qui est voilé par la surface (puisque pour moi un voile est ce qui recouvre une chose et empêche de voir ce qu'il y a en-dessous, en profondeur) puisse "dévoiler" l'être. Je ne serais pas contre une explication, un développement. Ce que je comprend avec peine, ce serait que profondeur et surface sont constitutives de l'être, et que le "dévoilement" de l'être ne peut se faire qu'avec la connaissance des deux. Mais la profondeur n'est pas un mode du dévoilement de l'être, il n'est pas un mode de quoi que ce soit, il est partie de l'être.
Que l'identité et l'alterité soient des "modes" de dévoilement de l'être, j'arrive déjà à mieux le concevoir.
 

l'Antichrist a écrit :

la question essentielle ne consiste ni à s'interroger sur les avantages ou les inconvénients de la surface sur la profondeur, ni sur la possibilité ou non d'exprimer la profondeur en surface, mais elle concerne "l'expression" elle-même comme "discours" de l’infini dans le fini, du multiple dans l’un.


L'expression de la profondeur en surface qui doit nous intéresser au plus haut point, est donc à considérer comme un discours de l'infini dans le fini ou du multiple dans l'un. Pourquoi ? Et comment se présente-t-il ce dis-cours ?
 

l'Antichrist a écrit :

Si la "profondeur" est ce qui est en dessous, ce que, par définition, on n'atteint jamais


Dans ce cas, la profondeur que tu nous présentais comme un mode de dévoilement de l'être est un mode de dévoilement impossible si j'ai bien compris (ce qui peut poser problème pour la psychanalyse d'ailleurs, car sonder le subconscient, c'est sonder ce qu'il y a en-dessous de l'état de conscience, en profondeur).
 

l'Antichrist a écrit :

Si la "profondeur" est ce qui est en dessous, ce que, par définition, on n'atteint jamais, et si la "surface" est ce qui apparaît, ce que l'on perçoit ou aperçoit, alors la "pudeur" dans son sens le plus obvie n'est qu'une technique abstraite, l'application procédurière d'une loi extérieure à l'être.


Je ne vois pas le lien qu'il y a entre les deux parties de la phrase en l'état. Pourquoi la pudeur ne serait-elle pas une loi issue de l'être ? Il y a une première forme de pudeur, dictée par la tradition, la morale ou la religion ; mais son acceptation reste soumise au libre-arbitre. Pourquoi la loi serait-elle exclusivement appliquée de façon "procédurière" ? Une loi ne peut-elle pas être au contraire "interprétée" ?
 

l'Antichrist a écrit :

Etre [soi], c'est au contraire manifester le contact amoureux avec "soi", manifester sa propre "norme", la loi même de son être, la pure coïncidence avec soi. Etre [soi], c'est être touché par soi, être ému sensiblement, ressentir émotivement l’unité à jamais inachevée de son "soi".


À première vue je ne suis pas d'accord. Ou en partie seulement. Être soi c'est coincider avec soi, ou en tout cas il me semble que ce devrait être effectivement le cas. Mais dans le verbre "manifester" il y a l'idée de se rendre manifeste, visible, intentionnellement (encore que). On retombe dans la "technique abstraite" dont tu parles juste avant.  
 
Voilà je suis désolé de montrer mes interrogations qui sont certainement naïves, mais vu que je bloque déjà sur ce premier paragraphe, la suite ne fait pas sens.


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n°20321799
Tietie006
Dieu ne joue pas aux dés.
Posté le 25-10-2009 à 20:04:05  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Sur la common decency, faut lire Michéa. :o


 
Enfin bon, j'ai lu Michea, et sa "common decency" reste quand même un concept bien imprécis.


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L'arrière-train sifflera trois fois.
n°20322403
rahsaan
Posté le 25-10-2009 à 21:04:50  profilanswer
 

C'est que la commun decency se compose d'un ensemble de valeurs qui vont de soi. C'est pour ça que ça peut paraître imprécis, c'est que normalement, ce qui est commun, décent, on n'a pas besoin de l'expliquer, de le prescrire. Ça doit aller de soi.


Message édité par rahsaan le 25-10-2009 à 21:05:06

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°20322590
alcyon36
Posté le 25-10-2009 à 21:16:26  profilanswer
 

bronislas a écrit :

Je tiens à rappeller que je parlais exclusivement des gens qui respectaient la common decency. Et je pensais surtout à l'habillement au lieu de travail ou en public. Dans "l'entre-soi", entre catholiques ou entre protestants (etc.) cela a pu se passer différemment j'en conviens. A cela s'ajoute les gens frustes qui ont existé de tout temps. Quand je regarde les personnes d'un certain âge en tout cas, je trouve qu'ils s'affichaient moins. Je ne sais pas s'il y a eu des études quantitatuves de la part des sociologues, mais ce serait intéressant.


J'avais en effet mal lu ton post, enclin à dire bien des bêtises, et surtout à manifester mon inculture crasse...Je ne connaissais pas cette référence à Orwell, bien que le problème qu'il semble indiquer, à savoir celui de la communauté dans le libéralisme, ne m'était pas inconnu.  
Donc mea culpa...Je crois que Jouvet disait quelque chose comme, "Etre pris pour un con par un imbécile, tel est le festin des fins gourmets"; j'ose espérer que tu avais bon appétit. Après, qu'est ce que cette common decency? Est-ce autre chose qu'un humanisme? Et elle etait appliquée par qui? Dans quels milieux? Quels lieux de travail?  
 
 

Citation :

Déjà que ce cher "Finkie"  ( :o ) ne me semble pas un modèle de tolérence ni de pudeur, cela me fait franchement mal de m'entendre dire que je le parodie. Quant aux catégories de "prolo" et de "bourgeois" (d'ailleurs pourquoi pas "bourges" ? les prolétaires, eux, ont eu droit à leur diminutif...) elles sont, à mon avis à juste titre, de plus en plus critiquées.


Sacrebleu! Non! Nous sommes déjà par trop diminués pour pouvoir supporter un diminutif.;) Il y a bien des raisons en effet de discuter ces catégories, celles aussi de l'historiographie française du 18ème, lutte des classes, classes sociales... Et ce qui me semble lié à ce que tu comprenais comme un manque de pudeur, une imposition de soi à autrui, à savoir l'émergence des minorités...  
 

Citation :

Et alors votre postérieur, il me semble fort éloigné de la discussion (ou c'est extrêmement impudique  :D )...  :o  
Sans rire, je ne suis pas un intolérant, je me ne me permettrais pas de forcer les gens à s'habiller de telle ou telle façon, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que parfois, on va trop loin.


Mais pourquoi diable commences tu à me vouvoyer? Si c'est parce que je t'ai quasi traité de Finkie, je peux comprendre...Désolé. :D  
 Moi c'est le contraire, je suis assez intolérant, enfin je ne supporte pas tolérer. Et d'ailleurs, au quotidien, sans doute suis-je un praticien de cette common decency, enfin pas sûr, j'ai quand même, comme tu as pu le constater, quelque inclination à l'exhibition. En revanche, je dois avouer que j'ai toujours vu ces expressions de soi dans un bout de tissu, ou quelque autre fétiche,avec des yeux plus amusés que gênés, et je ne crois pas que quelqu'un puisse jamais aller trop loin en ce domaine; seul l'hybris me semble plaisant en matière de superficialité.  


Message édité par alcyon36 le 25-10-2009 à 21:34:51

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°20326974
bronislas
Posté le 26-10-2009 à 09:31:08  profilanswer
 

Pour le vous(s)oiement, c'était pour feindre la pudeur outrée cinq minutes. Apparemment cela a plutôt bien fonctionné, mais rassure-toi je ne suis pas du tout vexé. Si un tel festin des fins gourmets existe, alors plus d'une fois j'ai dû servir de plat de résistance.  :jap:  Par contre je préférais dissiper tout malentendu car je n'apprécie guère l'autre licencié de philosophie. Rien que de la manière dont il cherche les plateaux télé pour y faire son "show", manifester un mépris des autres invités et montrer ensuite à quel point tout cela est de la poudre aux yeux...  :fou:  

 

La common decency ne s'applique pas à un milieu précis ni même dans des sphères précises. Contrairement à l'humanisme, que je vois plus comme un "présupposé" à une philosophie, voire à une encyclopédie "anthropocentrique" (par opposition aux encyclopédies géocentriques puis théocentriques), la common decency reste, comme l'explique très bien Rahsaan, au niveau d'un ensemble de valeurs auxquelles on adhère spontanément, et n'est pas une idéologie morale. Elle est très proche du sens commun en ce sens qu'il n'est pas nécessaire d'avoir fait de grandes études pour réaliser que faire montre d'un luxe ostentatoire dans une société dans laquelle 10% de la population doit vivre en-dessous du seuil de pauvreté est indécent, justement. Orwell parle aussi de "société décente". Une société décente serait pour lui, je crois, une société ou de tels écarts matériels n'existeraient pas. C'est la raison pour laquelle au point de départ de notre discussion, j'affirmais que respecter la common decency impliquait de ne pas montrer les différences (que j'ai élargi à d'autres domaines que le niveau de vie) qui nous séparent de notre interlocuteur.

 

J'ai brossé là quelque chose d'un peu caricatural peut-être, et la lecture du livre de Michéa, qui est très clair à mon avis, ne peut être que profitable.

Message cité 1 fois
Message édité par bronislas le 26-10-2009 à 09:32:32

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Librarything|Last.fm|RYM
n°20335793
Tietie006
Dieu ne joue pas aux dés.
Posté le 26-10-2009 à 21:41:44  profilanswer
 

bronislas a écrit :


La common decency ne s'applique pas à un milieu précis ni même dans des sphères précises. Contrairement à l'humanisme, que je vois plus comme un "présupposé" à une philosophie, voire à une encyclopédie "anthropocentrique" (par opposition aux encyclopédies géocentriques puis théocentriques), la common decency reste, comme l'explique très bien Rahsaan, au niveau d'un ensemble de valeurs auxquelles on adhère spontanément, et n'est pas une idéologie morale. Elle est très proche du sens commun en ce sens qu'il n'est pas nécessaire d'avoir fait de grandes études pour réaliser que faire montre d'un luxe ostentatoire dans une société dans laquelle 10% de la population doit vivre en-dessous du seuil de pauvreté est indécent, justement. Orwell parle aussi de "société décente". Une société décente serait pour lui, je crois, une société ou de tels écarts matériels n'existeraient pas. C'est la raison pour laquelle au point de départ de notre discussion, j'affirmais que respecter la common decency impliquait de ne pas montrer les différences (que j'ai élargi à d'autres domaines que le niveau de vie) qui nous séparent de notre interlocuteur.
 
J'ai brossé là quelque chose d'un peu caricatural peut-être, et la lecture du livre de Michéa, qui est très clair à mon avis, ne peut être que profitable.


 
La "common decency" serait-elle la chose au monde la mieux partagée ?


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L'arrière-train sifflera trois fois.
n°20338226
rahsaan
Posté le 27-10-2009 à 01:03:13  profilanswer
 

Tietie006 a écrit :


 
La "common decency" serait-elle la chose au monde la mieux partagée ?


 
Pas par ceux qui vont au Fouquet's, sur des yachts, dont les Rolex font bling-bling, ou qui nomment leur fils à des postes de pouvoirs très importants  :sarcastic:


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n°20339842
Tietie006
Dieu ne joue pas aux dés.
Posté le 27-10-2009 à 09:51:24  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


 
Pas par ceux qui vont au Fouquet's, sur des yachts, dont les Rolex font bling-bling, ou qui nomment leur fils à des postes de pouvoirs très importants  :sarcastic:


 
Michea souligne que cette fameuse "common decency" a explosé, dans notre société actuelle, et je veux bien le croire, mais la respectait-on dans le passé ? Je n'ai pas l'impression que les sociétés antiques ou médiévales vivaient sous l'aune de cette "common decency" ! Bref, à part les sociétés primitives, dès que les sociétés se sont complexifiées, la "common decency" a volé en éclat ...


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L'arrière-train sifflera trois fois.
n°20340175
bronislas
Posté le 27-10-2009 à 10:23:19  profilanswer
 

Tietie006 a écrit :

La "common decency" serait-elle la chose au monde la mieux partagée ?


Vous ne vivez pas en France, avouez.  [:churros norris]

 

Plus sérieusement, il me suffit de sortir pour voir qu'elle est presque unanimement niée. Rencontrez-vous si souvent que cela des gens qui ont des égards pour vous (non feints, dans une relation d'égal à égal) ? On est souvent plus proche, je crois, de ce que Hegel appelle la société civile, où tout le monde cherche son intérêt personnel, y compris chez l'autre.

 

Je ne préfère pas repenser à mon job d'été, pendant lequel on devait me signifier plusieurs centaines de fois par jour la différence qui me séparait du client. Néanmoins ce souvenir m'amène à penser que s'il est vrai que tout lieu de commerce est propice à ce genre d'attitude il est de nombreux cas où il est inutile d'insister étant donné que la configuration, l'agencement et le fonctionnement d'une boutique se chargent déjà de matérialiser la différence entre le client et le vendeur.

 

Il existe d'ailleurs des situations qui nécessitent au contraire de signifier, voire matérialiser cette différence (par exemple en salle de cours, pour que le professeur conserve son autorité). Mais dans ces situations là, ce n'est pas une différence dont on tire avantage, normalement, au risque de retomber dans l'indécence (la personne abusant de son autorité).

 
Tietie006 a écrit :

Michea souligne que cette fameuse "common decency" a explosé, dans notre société actuelle, et je veux bien le croire, mais la respectait-on dans le passé ? Je n'ai pas l'impression que les sociétés antiques ou médiévales vivaient sous l'aune de cette "common decency" ! Bref, à part les sociétés primitives, dès que les sociétés se sont complexifiées, la "common decency" a volé en éclat ...

 

À l'origine, ce que je voulais dire c'est que depuis un certain nombre d'années, la publicité qui appelait à se réaliser, s'inscrivait à mes yeux dans processus d'affichage ostentatoire de soi. Au niveau de l'expérience commune, je pensais au Che qu'on voit sur les tee-shirt, sur les sac à dos, aux logos de marques, de groupes de rocks, aux keffieh et croix, à la volonté de se rattacher à une situation précise en arborant "produit de banlieue" ou le "A" de l'anarchiste sur soi, etc. (la liste est longue). Je ne crois pas qu'il y a encore 30 ans ce phénomène était à ce point généralisé, et j'y ai peut-être vu, à tort, des restants de common decency.

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Message édité par bronislas le 27-10-2009 à 10:35:43

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