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Quels sont pour vous les trois livres de philo à lire pour un honnête homme ?


 
15.4 %
 273 votes
1.  "La république" de Platon
 
 
6.7 %
 119 votes
2.  "La métaphysique" d'Aristote
 
 
15.7 %
 279 votes
3.  "l'Ethique" de Spinoza
 
 
1.5 %
    27 votes
4.  "Essai de théodicée" de Leibniz
 
 
15.0 %
 266 votes
5.  "Critique de la raison pure" de Kant
 
 
17.8 %
 315 votes
6.  "Par delà le bien et le mal" de Nietzsche
 
 
5.9 %
 105 votes
7.  "L'évolution créatrice" de Bergson
 
 
6.4 %
 113 votes
8.  "Etre et temps" d'Heidegger
 
 
7.5 %
 133 votes
9.  "Qu'est-ce que la philosophie" de Gilles Deleuze
 
 
8.1 %
 144 votes
10.  "Moi, ma vie, mon oeuvre" de obiwan-kenobi
 

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Auteur Sujet :

Philo @ HFR

n°16390222
rahsaan
Posté le 08-10-2008 à 20:51:03  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
La liberté ne peut pas être autre chose qu'un fardeau.  
Qu'est-ce qui est angoisse, demande Zizek ? De savoir qu'on n'est rien que de la chair animale, ou de devoir vivre pour la vérité ?


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Mon blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
mood
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Posté le 08-10-2008 à 20:51:03  profilanswer
 

n°16390281
foutre de
Posté le 08-10-2008 à 20:56:59  profilanswer
 

je ne comprends pas le "rien que" apposé à l'animalité ni à la chair... quant à vivre pour la vérité ? quelqu'un fait ça ? c'est plutôt un moyen , non ?
ce qui me pèse c'est une sorte de discours syndicaliste autour de la liberté, un discours de civilisation ; la liberté elle-même n'est qu'un aspect du vide... mais je dois être fatigué, ça arrive souvent, notamment avant de dormir


Message édité par foutre de le 08-10-2008 à 21:01:43

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16390323
rahsaan
Posté le 08-10-2008 à 21:00:05  profilanswer
 

:D


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Mon blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16392935
foutre de
Posté le 09-10-2008 à 06:55:26  profilanswer
 

cela étant, même après avoir dormi, je suis étonné qu'on évoque rarement ici le néant quand on parle de liberté, je dirais au minimum un néant "pour soi", ou du moins "pour quelque chose". Peut-être ne sommes nous plus suffisamment familiers avec sartrounet... Mais comment penser l'à quoi bon de la liberté (et par exemple le risque nihiliste qui y git et qu'on monnaye si facilement dans nos discours comme un passe partout de la pensée philosophique), comment si l'on a aucune considération sur le vide qui s'ouvre, à cette considération-là, sur le retrait alentour et la perte d'appui en quoi consiste être libre un instant ?


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16393027
le vicaire
Posté le 09-10-2008 à 08:21:49  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

LA NATION (II)Nous avons dit ensuite que Nation n'était pas synonyme de démocratie : pour Rousseau, la Nation constitue le peuple comme souverain et repose sur l'amour des lois. Pour Renan au contraire, la Nation doit reposer sur l'adhésion affective, filiale, et doit donc s'imposer comme transcendante à la volonté populaire, qui doit adhérer mais pas décider.


Pour préciser la position de Rousseau sur le commandement, j'ajoute qu'on peut distinguer chez lui ce qui veut (la volonté générale) et ce qui agit, le gouvernement. C'est un vrai problème car R. s'il a une préférence pour la démocratie directe pense cependant qu'elle est irréalisable. C'est pourquoi il préfère un homme fort ou un groupe d'hommes forts pour diriger exécuter la volonté générale et ne veut absolument pas de représentation, de système parlementaire qui pourrait usurper la volonté du peuple. Robespierre, Napoléon, De Gaulle... c'est finalement très rousseausite, à cette réserve près que les deux derniers ont un peu confondu leur propre volonté et celle du peuple( :lol: ). Ce qu'il veut éviter à tout prix, c'est une dissolution de la souveraineté, un émiettement mais tout autant il ne veut pas séparer les pouvoirs précisément à cause de cela. Celui qui commande c'est bien l'expression de la volonté générale, donc oui le peuple constitué en corps politique. L'exécutif ne serait qu'un commis et totalement subordonné au législatif et non séparé, autonome. Le souverain contrôle le gouvernement. Le danger pour R. est dans la dissolution de la puissance publique et de la démocratie qui serait confisquée insidieusement par un groupe particulier. Le gouvernement étant lui même un de ces groupes particuliers et chaque représentant étant aussi un élément rapporté. L'essence du contrat, c'est que chacun ne représente que lui-même et s'inscrit volontairement, s'associe aux autres, pour former un corps capable de décider et garantir la liberté de chacun.
 
Pour ce qui est de la Nation, à la lecture de "Droit naturel et histoire" de Léo Strauss, l'idée de Nation chez R. est pré-politique ou plutôt elle est ce qui rassemble les éléments commun, notamment la coutume, avant l'édification et l'organisation de l'Etat et des institutions politiques. elle est d'ailleurs le pendant pour le collectif de ce que la société est à l'individu avant que la convention ne soit instituée pour régler les affaires des hommes. y-aurait-il encore un gaulois qui sommeille en chacun de nous ? :D

Message cité 1 fois
Message édité par le vicaire le 09-10-2008 à 08:23:49
n°16393588
rahsaan
Posté le 09-10-2008 à 10:27:16  profilanswer
 

foutre de a écrit :

cela étant, même après avoir dormi, je suis étonné qu'on évoque rarement ici le néant quand on parle de liberté, je dirais au minimum un néant "pour soi", ou du moins "pour quelque chose". Peut-être ne sommes nous plus suffisamment familiers avec sartrounet... Mais comment penser l'à quoi bon de la liberté (et par exemple le risque nihiliste qui y git et qu'on monnaye si facilement dans nos discours comme un passe partout de la pensée philosophique), comment si l'on a aucune considération sur le vide qui s'ouvre, à cette considération-là, sur le retrait alentour et la perte d'appui en quoi consiste être libre un instant ?


 
Zizek parle de l'abîme de la liberté, de cette négativité absolue qui est au coeur de la subjectivité. C'est d'ailleurs le thème de son livre Le Sujet qui fâche.
 
J'en avais parlé ici : http://forum.hardware.fr/hfr/Discu [...] #t12359868
 


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Mon blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16393620
rahsaan
Posté le 09-10-2008 à 10:31:41  profilanswer
 

le vicaire a écrit :

Ce qu'il veut éviter à tout prix, c'est une dissolution de la souveraineté, un émiettement mais tout autant il ne veut pas séparer les pouvoirs précisément à cause de cela.


 
Oui, c'est remarquable que Rousseau ne préconise pas la séparation des pouvoirs, notion héritée de Montesquieu et que nous tenons pour indispensable à un gouvernement démocratique.


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n°16394774
alcyon36
Posté le 09-10-2008 à 12:44:26  profilanswer
 

juste 2 choses:
1) comme j'avais dejà essayé de le montrer dans un precedent post, la doctrine de la separation des pouvoirs est materiellement impossible à mettre en place et ce à cause de la consistance propre de tout ordre juridique.
http://forum.hardware.fr/hfr/Discu [...] #t15332854
 
2) Juste en passant, mais comme l'a tres bien montré Ch. Eisenmann, dans "L'Esprit des Lois et la séparation des pouvoirs" in Mélanges en l'honneur de R. Carré de Malberg, il est reconnu de nos jours par la plupart des juristes que ce qu'on appelle la "separation des pouvoirs" ne nous vient pas du tout de Montesquieu, mais bien plutôt d'un Sieyes.
En plus du texte de Eisenmann, vous pouvez egalement aller tater du côté de Troper avec "La Séparation des pouvoirs et l'histoire constitutionnelle française", Paris, LGDJ.

Message cité 1 fois
Message édité par alcyon36 le 09-10-2008 à 12:57:54

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"la pensée de l'être est le souci porté à l'usage de la langue" Heidegger
n°16395047
rahsaan
Posté le 09-10-2008 à 13:25:25  profilanswer
 

Ok. :)
 
Cependant, même si cette séparation est matériellement irréalisable, elle est quand même un principe politique, et une exigence reconnue ; sans quoi on ne s'inquiéterait pas sans cesse de l'indépendance des juges par rapport à l'exécutif.
 
Sinon, tu en penses quoi de ce cours sur la Nation que j'ai reproduit ? Tu aurais des idées à ajouter à ce sujet ?
 
D'ailleurs, si d'autres voulaient rajouter des choses, ils sont les bienvenus. [:hurle]  
:D


Message édité par rahsaan le 09-10-2008 à 13:26:46

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n°16395085
foutre de
Posté le 09-10-2008 à 13:30:09  profilanswer
 

moi, je suis désolé de rien dire mais la philo politique c'est vraiment pas un domaine qui m'émoustille. En revanche j'ai trouvé plaisant d'entendre parler de Blaise, et ça, c'est vrai j'aurais pu le dire


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
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Posté le 09-10-2008 à 13:30:09  profilanswer
 

n°16395170
rahsaan
Posté le 09-10-2008 à 13:41:17  profilanswer
 

foutre de a écrit :

moi, je suis désolé de rien dire mais la philo politique c'est vraiment pas un domaine qui m'émoustille. En revanche j'ai trouvé plaisant d'entendre parler de Blaise, et ça, c'est vrai j'aurais pu le dire


 
Si tu t'sens à l'aise, fais-toi plaize et avant de sucrer les fraises, écris quelques lignes (genre treize, sois balaise), mais pas des fadaises, parce que faut pas qu'tu taises si tu veux qu'on se déniaise sur les drôles de thèses de l'ami Blaise.  
 
([:cyd125])

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 09-10-2008 à 14:57:05

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n°16397826
le vicaire
Posté le 09-10-2008 à 18:05:23  profilanswer
 

alcyon36 a écrit :

juste 2 choses:
1) comme j'avais dejà essayé de le montrer dans un precedent post, la doctrine de la separation des pouvoirs est materiellement impossible à mettre en place et ce à cause de la consistance propre de tout ordre juridique.
http://forum.hardware.fr/hfr/Discu [...] #t15332854
 
2) Juste en passant, mais comme l'a tres bien montré Ch. Eisenmann, dans "L'Esprit des Lois et la séparation des pouvoirs" in Mélanges en l'honneur de R. Carré de Malberg, il est reconnu de nos jours par la plupart des juristes que ce qu'on appelle la "separation des pouvoirs" ne nous vient pas du tout de Montesquieu, mais bien plutôt d'un Sieyes.
En plus du texte de Eisenmann, vous pouvez egalement aller tater du côté de Troper avec "La Séparation des pouvoirs et l'histoire constitutionnelle française", Paris, LGDJ.


 
Vi, très juste... A voir également de Althusser "Montesquieu, la politique et l'histoire" qui reprend Eisenmann dans un chapitre sur "Le mythe de la séparation des pouvoirs"...

n°16399380
foutre de
Posté le 09-10-2008 à 21:03:22  profilanswer
 

rahsaan a écrit :


 
Si tu t'sens à l'aise, fais-toi plaize et avant de sucrer les fraises, écris quelques lignes (genre treize, sois balaise), mais pas des fadaises, parce que faut pas qu'tu taises si tu veux qu'on se déniaise sur les drôles de thèses de l'ami Blaise.  
 
([:cyd125])


Narcisse, c'en est fait, Néron est amoureux.
 
 
 
Vous?
 
 
 
         Depuis un moment, mais pour toute ma vie,
J'aime, que dis-je, aimer? j'idolâtre Junie!
 
 
 
Vous l'aimez?
 
 
 
                   Excité d'un désir curieux,
Cette nuit je l'ai vue arriver en ces lieux,
Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes,
Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes,
Belle, sans ornements, dans le simple appareil
D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil.
Que veux-tu? Je ne sais si cette négligence,
Les ombres, les flambeaux, les cris et le silence,
Et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs,
Relevaient de ses yeux les timides douceurs,
Quoi qu'il en soit, ravi d'une si belle vue,
J'ai voulu lui parler, et ma voix s'est perdue:
Immobile, saisi d'un long étonnement,
Je l'ai laissé passer dans son appartement.
J'ai passé dans le mien. C'est là que, solitaire,
De son image en vain j'ai voulu me distraire.
Trop présente à mes yeux je croyais lui parler,
J'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler.
Quelquefois, mais trop tard, je lui demandais grâce;
J'employais les soupirs, et même la menace.
Voilà comme, occupé de mon nouvel amour,
Mes yeux, sans se fermer, ont attendu le jour.


Message édité par foutre de le 09-10-2008 à 21:06:32

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16399908
pascal75
Posté le 09-10-2008 à 21:57:07  profilanswer
 

[:ezzz]


---------------
GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°16402440
rahsaan
Posté le 10-10-2008 à 07:47:37  profilanswer
 

[:r2 d2]


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Mon blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16477720
rahsaan
Posté le 17-10-2008 à 18:50:46  profilanswer
 

Un compte-rendu d'un livre de Slavoj Zizek, La marionnette et le nain, et d'autres revues de livres sur le même site :  
http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article55


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Mon blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16478956
Mine anti-​personnel
Posté le 17-10-2008 à 21:34:25  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Un compte-rendu d'un livre de Slavoj Zizek, La marionnette et le nain, et d'autres revues de livres sur le même site :  
http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article55


http://www.actu-philosophia.com/spip.php?auteur8
 
 [:draculax_tt]  
 
spam detected

n°16479645
rahsaan
Posté le 17-10-2008 à 22:34:41  profilanswer
 

D'autres auraient pu l'écrire, cela ne change rien.  :whistle:


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n°16480412
rahsaan
Posté le 17-10-2008 à 23:58:50  profilanswer
 

Je parlais récemment avec un ami d'un tableau de Rembrandt, La méditation du philosophe. Je m’étais amusé à y voir une illustration de la dialectique hégélienne.  
 
Il s’agit de ce tableau-ci :
http://upload.wikimedia.org/wikipe [...] jn_038.jpg
 
http://www.ac-nancy-metz.fr/pres-etab/jeanlurcatbruyeres/lyceejeanlurcat/donnees/philo.jpg
 
 
LES DEUX LUMIÈRES
 
Le penseur est assis, à gauche du tableau, près de la fenêtre, au pied d’un grand escalier en colimaçon. A droite, une servante remet du charbon dans l’âtre.  
Immédiatement, le philosophe averti voit apparaître l’opposition entre le spirituel et le matériel. La lumière (naturelle) qui passe par la fenêtre symbolise l’illumination spirituelle recherchée dans la méditation (que Descartes définit comme le désir de Dieu) : aussi est-ce le paysage spirituel du penseur, nimbé de la lumière de la pensée.  
La lumière de l’âtre (artificielle) est produite par le travail de la servante.  
C’est ici bien sûr l’opposition du maître et du serviteur : pour pouvoir se livrer à la méditation, le penseur doit être déchargé des tâches matérielles, dont s’occupe pour lui le serviteur, plié sur le fourneau (tâche pénible). On ne peut pas méditer dans un intérieur froid (le penseur a besoin de son confort).  
 
La servante touche le feu par l’intermédiaire d’un objet technique (une pince pour saisir les charbons) alors que le penseur cherche à toucher immédiatement aux essences spirituelles qui sont l’objet de sa méditation. La poésie de la lumière s’oppose au monde de la technique. Cependant, si la lumière de la pensée est belle, elle est sans mystère.  
Elle est éblouissante même, alors que le feu est fascinant, mystérieux : le coin de l’âtre est entre ombres et lumières. Si la fenêtre est donc platonicienne (par elle, on contemple des idées situées hors du monde de la caverne –ici de la maison), la cheminée serait héraclitéenne, car Héraclite disait dans un de ses fragments que même dans l’âtre réside un dieu. Soyons donc attentifs aux divinités proches de nous.  
 
 
LE GRAND ESCALIER
 
La taille de cet escalier dans le tableau en fait une construction presque monumentale. Ecrasante, assez inquiétante aussi (où nous mène-t-il cet escalier ? Il a l’air de monter très haut, et il est peut-être fragile, ou dur à monter).  
Cet escalier qui coupe le tableau en deux, séparant le penseur de sa servante, symbolise évidemment le difficile parcours de la pensée, qui doit s’arracher à la matérialité (le sol du rez-de-chaussée) pour s’élever vers l’esprit. Sa forme tortueuse représente les tours et détours de la pensée, ses hésitations, ses retournements.  
En reprenant l’idée du maître et du serviteur, l’escalier représente aussi cette dialectique (sans doute que le maître habite à l’étage et la servante en bas).  
 
De l’escalier, on voit un premier pan de marches, puis un palier, dans l’obscurité et enfin une seconde volée de marche qui arrivent à l’étage.  
On retrouve donc ici les trois moments de la dialectique hégélienne (schématiquement résumée) : du sensible concret indicible on s’élève vers l’universel abstrait ; mais ce déchirement produit des antagonismes irréconciliables : c’est le moment de la nuit de l’esprit, le moment tragique absolu, symbolisé par le palier noir, moment où tout s’effondre et où l’esprit se perd complètement.  
L’escalier passe donc par une sorte de caverne, de gouffre effrayant : c’est le sublime, le lieu et le moment où toutes les limites sont rompues, les formes englouties.  
Puis le dépassement de ce déchirement amène au moment proprement spéculatif. Or, Hegel a dit que la philosophie est le monde à l’envers. Et la seconde moitié de l’escalier est bien identique à la première, mais inversée : on voit cette fois l’extérieur. Dans un tableau d’Escher, il y aurait un personnage qui monterait au bas de l’escalier, et on verrait un autre personnage, la tête en bas, monter (ou descendre) sur l’extérieur des marches.  
 
Maintenant certains que Rembrandt a voulu illustrer la dialectique hégélienne, revenons-en au reste du tableau.  
 
 
LA VICTOIRE DU SERVITEUR
 
C’est une expérience commune que la contemplation du feu de cheminée fascine l’homme. La connaissance du serviteur n’est-elle pas en définitive plus apte à lui livrer les secrets du monde ? Le penseur risque de se perdre dans cette illumination complète mais plate (une pure luminosité) tandis que le serviteur, habitant le monde technique, est peut-être plus proche de l’illumination parce qu’il reste auprès des choses du monde.  
 
Ainsi on retrouverait le renversement des rapports maître – serviteur : le maître a choisi d’affronter la mort ; il a conquis la liberté, mais il se perd finalement dans une contemplation stérile, tandis que le serviteur habite ce monde, travaille et découvrira peut-être près de lui ce que le maître est allé chercher trop loin : il contemple le dehors, alors que la vérité était toute proche de lui, dans cette cheminée qu’il néglige mais dont il a pourtant besoin.
 
 
LE DEHORS ET LE DEDANS
 
Rembrandt représente ainsi la torsion d'un dehors et d'un dedans qui s'entremêlent autour de cet escalier. On parle toujours des intérieurs hollandais (avec Vermeer de Delft notamment) mais ces intérieurs sont toujours organisés de façon à laisser s'ouvrir un dehors, soit par la fenêtre, soit par une ligne de fuite créée par l'ouverture successive de plusieurs portes.  
Aussi pourrait-on aussi bien parler d'extérieurs hollandais. Le génie propre de ce tableau de Rembrandt est d'avoir entrelacé l'intérieur et l'extérieur. On pense presque à la forme du yin et du yang -à ceci près, à mon avis, que ce qui compte ici, ce n'est pas l'équilibre harmonieux des contraires, mais leur dialectique, qui nous ramène du plus abstrait (la méditation) au plus concret (la servante qui entretient le feu).  
 
Il fallait donc la longue méditation du philosophe pour comprendre que le secret de sa méditation était au plus proche de lui ; il lui fallait ce détour pour en revenir au plus immédiat, et se dire que c’est le serviteur qui avait compris depuis le début.
Comme le dit Heidegger, les choses les plus proches de nous sont aussi les plus lointaines. L’intériorité méditative du penseur le ramène ainsi tout simplement à habiter son intérieur, à habiter la maison après s’être laissé habiter par la pensée.  
 
 


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n°16481379
loulou le ​marlou
Posté le 18-10-2008 à 09:21:34  profilanswer
 

Bonjour :)
 
Je réfléchis en ce moment à l'écriture. Et la réception qu'on peut en avoir en tant que lecteur. Est-ce qu'il vous arrive de lire un livre dit philosophique comme un livre de littérature ? La langue kantienne me laisse sans voix. Je n'y comprends guère mais que c'est bien écrit :)

n°16489766
foutre de
Posté le 19-10-2008 à 16:12:31  profilanswer
 

donc tu aimes beaucoup le style du traducteur

  

merci rahsaan pour cette jolie peinture

 

étais-je le seul à y voir le yin et le yang, et aussi une tête de mort.


Message édité par foutre de le 19-10-2008 à 18:59:23

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16490058
foutre de
Posté le 19-10-2008 à 16:58:41  profilanswer
 

l'oiseau de minerve présente :
La Dialectique peut-elle casser des briques


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16490063
wips
Posté le 19-10-2008 à 16:59:12  profilanswer
 

loulou le marlou a écrit :

Bonjour :)
Je réfléchis en ce moment à l'écriture. Et la réception qu'on peut en avoir en tant que lecteur.


 
Je me souviens, parce que je les ai lus il y a peu, des propos de Cioran à ce sujet. Il disait donc avoir été intoxiqué, un temps, par le langage philosophique qui procure l'illusion d'une profondeur.
Il (s')expliquait notamment ainsi le succès de Heidegger, dont "Sein und Zeit" lui avait donné l'impression d'une duperie par les mots.
Il me semble qu'il poursuivait par Chestov qu'il affectionnait et lequel prétendait que les problèmes échappent aux philosophes qui ne font que dissimuler les "véritables tourments". Un lien vers les "révélations de la mort" si ça t'intéresse :http://www.lescahiersjeremie.net/C [...] e_Rev.html
Cela dit, les critiques précédentes ne concernaient non plus ni Simmel ni Bergson dont il appréciait la clarté du langage. Je crois même qu'il qualifie le premier de véritable écrivain.

n°16490566
foutre de
Posté le 19-10-2008 à 18:08:50  profilanswer
 

+1


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16492965
Boldini
Posté le 19-10-2008 à 23:18:59  profilanswer
 

J'ai découvert un très bon site !  
 
http://www.philolog.fr/
 
Je vais me mettre a lire tout ca !

n°16497745
foutre de
Posté le 20-10-2008 à 16:11:57  profilanswer
 

elle parle de jean d'ormesson, Simone ?


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16497764
Boldini
Posté le 20-10-2008 à 16:14:25  profilanswer
 

foutre de a écrit :

elle parle de jean d'ormesson, Simone ?


 
 
 
Nan et ?  :sarcastic:  
 
J'y connais pas grand chose en philo alors je vais me remettre la philo avec ce site :o

n°16498054
rahsaan
Posté le 20-10-2008 à 16:39:55  profilanswer
 

C'est vrai qu'il est très bien fait, ce site. :)


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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Mon blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16502759
pascal75
Posté le 21-10-2008 à 01:02:33  profilanswer
 

Le Rembrandt dont parle Rahsaan, illustre le tome 1 des oeuvres complètes de Spinoza chez GF. Pour ceux qui connaissent Amsterdam, le musée Rembrandt, c'est à dire sa maison, est situé juste derrière l'emplacement de la demeure de Spinoza à Amsterdam. Mais le parallèle s'arrête là, on n'ira pas chercher le portrait de Spinoza dans ce tableau de Rembrandt. Spinoza on le verrait mieux dans la demeure d'un peintre, ouverte à la lumière, comme dans les tableaux de Vermeer. Et puis ce lourd escalier, Rahsaan a raison, c'est l'image d'une certaine pensée, qui ne colle pas avec celle de Spinoza. Ou alors un Spinoza philosophiquement barbu inventé par Rembrandt.


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°16502831
rahsaan
Posté le 21-10-2008 à 01:12:55  profilanswer
 

Tu as raison, ce n'est pas un tableau spinoziste. Oui, c'est un tableau pour philosophes barbus (Aristote, Hegel, Heidegger...), pour penseurs sérieux.


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n°16502912
Mine anti-​personnel
Posté le 21-10-2008 à 01:27:12  profilanswer
 

En surfant, je suis tomber sur ça

n°16502951
pascal75
Posté le 21-10-2008 à 01:38:30  profilanswer
 

Mine anti-personnel a écrit :

En surfant, je suis tombé sur ça


Assez proche de ce qu'écrit Rahsaan :)


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°16503653
foutre de
Posté le 21-10-2008 à 09:26:16  profilanswer
 

mais la reproduction est déjà plus lumineuse, ce n'est pas rien


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16505348
rahsaan
Posté le 21-10-2008 à 13:03:18  profilanswer
 

De très bons entretiens pour Philosophie Magazine :  
 
Paul Veyne
 
Michel Serres
 
Slavoj Zizek
 
Marcel Conche
 
Peter Sloterdijk
 
Jacques Rancière


Message édité par rahsaan le 21-10-2008 à 13:52:38

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n°16508503
foutre de
Posté le 21-10-2008 à 17:32:00  profilanswer
 

+1


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16511317
pascal75
Posté le 21-10-2008 à 22:20:05  profilanswer
 

Je connais pas Marcel Conche, l'entretien donne envie de le lire.


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GAFA  We are stardust Billion year old carbon We are golden
n°16515928
foutre de
Posté le 22-10-2008 à 11:04:39  profilanswer
 

je conseille son héraklite chez épiméthée ; je crois qu'il a aussi écrit un Ponge


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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16518006
rahsaan
Posté le 22-10-2008 à 14:26:26  profilanswer
 

Dan son entretien, Zizek dit un truc intéressant :  

"Faut-il également réhabiliter les grands récits explicatifs du monde ?
 
Absolument. Comme l'ont déjà remarqué de nombreux auteurs, cette histoire sur la fin des grands récits explicatifs du monde comme l'hégélianisme ou le marxisme, c'est le grand récit ultime. La « condition postmoderne » est elle-même un grand récit. Nous sommes condamnés aux grands récits. Il faut réhabiliter les grands récits, mais aussi l'universalisme actif."

 
Zizek fait allusion à La condition post-moderne, de Lyotard, où celui-ci caractérise le post-moderne comme l'époque de la fin des grands récits. Nous ne croyons plus aux grands récits chrétiens, marxistes, scientifiques ou autres qui donnaient un sens global à notre monde.  
Nous n'avons plus que des récits divers, antagonistes, dont aucun ne peut prétendre dominer tous les autres.
 
C'est intéressant de dire que même cette idée de la fin des grands récits est encore un grand récit.  
Dans son entretien, Michel Serres dit la même chose : la science ne nous en a jamais autant dit sur la nature, en la considérant de plus en plus comme "écrite en langage mathématique" (selon l'idée de Galilée) et pourtant nous ne serions plus dans un grand récit scientifique. Cela lui apparaît paradoxal et il dit qu'il ne croit pas à la fin des grands récits.
 
Il y a juste une chose que je me demande, c'est si l'on peut décreter le retour des grands récits, comme le dit Zizek.  
Au fond, qui peut vouloir cela ? Qui va dire : "maintenant, notre grand récit, c'est cela" ?
Cela conduit Zizek à réhabiliter les grands projets d'Etat (contre les idéologies de la diversité culturelle, des multiples identités mouvantes, qui se conjuguent bien avec l'ordre imposé par le capitalisme mondial) : il dit que toute visée de la totalité n'est pas un totalitarisme.

Message cité 1 fois
Message édité par rahsaan le 22-10-2008 à 14:28:20

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Mon roman d'anticipation, L'I.A. qui m'aimait : https://tinyurl.com/mtz2p872 | Mon blog ciné/JV : http://cinecourt.over-blog.com
n°16524946
wips
Posté le 23-10-2008 à 06:52:36  profilanswer
 

Morin dit que si l'on considère l'homme uniquement comme homo sapiens en oubliant qu'il est aussi faber et oeconomicus, les catastrophes s'amoncèlent. Sans compter qu'il est également demens, ludens et consumens.
En fait, je viens de commencer le bouquin mais j'ai l'impression qu'en guise de récit principal, il aimerait qu'on envisage celui de l'univers dont nous sommes, dit-il, les protagonistes créés à son image. Donc par effet de miroir...
Mais je ne réponds pas à ta question, là.

n°16532671
foutre de
Posté le 23-10-2008 à 22:18:42  profilanswer
 

rahsaan a écrit :

Il y a juste une chose que je me demande, c'est si l'on peut décreter le retour des grands récits, comme le dit Zizek.
Au fond, qui peut vouloir cela ? Qui va dire : "maintenant, notre grand récit, c'est cela" ?


pas un philosophe en tout cas, la philosophie aime trop démonter, détruire, critiquer, humilier et saper. A part Nietzsche, qui a placé en philosophie le rôle d'instituer une humanité et son propre sens ? Rousseau un peu peut-être ? le romantisme d'Iena, certainement ? Lucrèce a quand même fait de belles choses dans le domaine du récit d'humanité ? et d'une certaine façon, le récit more geometrico est une forme de grand récit, non ?
Pas sûr en tout cas qu'il y ait retour "des" grands récits, peut-être plutôt retour "aux" grands récits, comme la Renaissance a été un retour aux récits gréco-latin... Mais la mémoire occidentale ne va pas très loin : récits évangéliques, récits judaïques, récits romains, récits grecs, des bribes celtes et puis rien... au-delà est déjà trop oriental ? reste à faire quelque chose du récit "moderne" en tout ça...


Message édité par foutre de le 23-10-2008 à 22:19:35

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« Une force presque nulle est une force presque infinie dès lors qu'elle est rigoureusement étrangère au système qu'elle met en mouvement »
n°16533377
loulou le ​marlou
Posté le 24-10-2008 à 00:09:17  profilanswer
 

http://www.mezetulle.net/
 
Quelqu'un connaît ? Ce n'est pas du spamming :)

mood
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