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Auteur Sujet :

La moyenne Encyclopédie du pro-fesseur Talbazar.

n°39053294
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-08-2014 à 11:31:50  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Histoires véritables de la France Métropolitaine.

 

Aujourd'hui : La mort du chevalier d'Assas.

 

http://img15.hostingpics.net/pics/902279ASSAS.jpg

 


 Le 20 juillet 1733, Suzanne Finiels accouche par mégarde dans un château, plutôt qu’à l’hôtel, d’un homme d’origine protestante qu’elle nomma louis. Elle le forcera à se baptiser quelques jours plus tard, le 26 juillet 1733. Le père de Louis, François III d'Assas (1694-1761), l’obligea ensuite à devenir militaire, sans doute pour le punir et faire ainsi plaisir au curé de Vignan. Le 21 octobre 1746, Louis d’Assas rencontre une compagnie de chasseurs du régiment d’Auvergne, qui revenus bredouilles de lapin se vengent sur lui en lui faisant connaître un amour certes un peu rude, mais sans doute fraternel. Ors, à cette époque la France est en guerre contre l’Autriche. A lui tout seul, Louis prend Minden, Hanovre, et poursuit l'armée anglo-hanovrienne jusqu'à Closterseven. Puis il se replie pour protéger son revers en raison d’un amour trop fraternel des hommes de sa compagnie. Hélas, il doit encore se perdre dans les nombreuses gorges de Minden, il se bat farouchement pour se dégager mais se retrouve tout de même coincé dans la mêlée de Clostercamp, qui provoquera sa mort et le rendra célèbre.

 

Le régiment d’Auvergne est cantonné depuis un certain temps et mange beaucoup de féculents et de choucroute Allemande. Toute l’armée se retrouve alors avec un sévère problème de siège. Le camp de Rheimberg, près Kloster-Camp, est donc loin de sentir l’eau de Cologne, comme on s’en doute. Ce jour-là, en proie à de sévères coliques, le chevalier d’Assas s’éloigne de l’un des postes de route de Meurs pour espérer l’abri des haies de Camper-Bruch. Il est très enthousiaste, car il a emporté avec lui quelques feuilles manuscrites écrites de la main de Rochambeau, colonel d’Auvergne, qui lui rapporte sa déclaration d’amour fraternel. D’Assas entend bien faire bon usage de ces feuillets. La nuit du 16 octobre 1760 est sombre et regorge d’Autrichiens avides de s’emparer fraternellement au milieu des buissons de quelque Français égaré, pour le fouiller. Engagé dans le bois voisin afin d’y larguer sa choucroute, Louis ne semble pas prendre conscience du danger qu’il y aurait à cet instant de déboutonner son pantalon devant l’ennemi. Il aurait dû craindre une surprise, bien qu’il fût accompagné par son pote Dubois, un sergent de sa compagnie qui était déjà en train de le contourner fraternellement.
 
Tout à coup, notre héros est entouré de soldats ennemis en embuscade qui le menacent de mort s'il pousse un cri. Au début, n'écoutant que son dévouement patriotique, il se sacrifie devant l’insistance de toutes ces grosses baïonnettes Prussiennes dévoilées et dressées devant lui. Il révèle ainsi un grand et beau caractère français. L'armée française campée à Clostercamp, près de Wesel, salut bien évidemment son dévouement et sa générosité vraiment patriotique, mais elle n’est pas pressée d’aller le secourir, vu que tout le monde est occupé pendant ce temps là dans les haies des environs, à cause de la choucroute avariée. Louis d’Assas, en digne fils de France, continu de partager  l’amour de la patrie, en digne fils de la nation, avec celui plus fraternel des Autrichiens qui le percent de leurs coups vigoureux. C’en est cependant trop, car il s’agit d’un bataillon entier, et le chevalier pousse finalement lui aussi, en plus d’un dernier cri : « A moi Auvergne, ce sont les ennemis ! ». Surgissant par derrière dans la gloire de cette journée, les Français arrivent à leur tour, et c’est l’empoignade effroyable. La plupart des combattants se retrouvent les uns sur les autres. D’Assas est complètement criblé, on dit qu’il serait mort éventré, tout comme le sergent Dubois, qui aurait d’après l’histoire plutôt crié la fameuse phrase, lorsqu’il fut atteint fraternellement par un Autrichien indubitablement plus que décidé. Le chevalier perforé d’une façon vraiment lamentable avait quand à lui 27 ans, 1 mois et 19 jours, cinq minutes et quelques secondes d‘inattention. Grâce à tout ce dévouement, le prince héréditaire fut finalement lui même forcé, il repassa le Rhin sans faire de pli et leva fraternellement son siège à Wesel. Quand au dossier du chevalier d’Assas au ministère de la guerre, il est précisé qu’une pension de 1000 livres sera donnée à la famille et réversible comme par hasard de Mâle en Mâle.

 

Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Howard Pyle - cover illustration - Colliers Weekly June 2 1906.

 

http://img15.hostingpics.net/pics/ [...] ogspot.jpg

 


Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Rockwell - Shuffletons Barbershop.

 

http://img15.hostingpics.net/pics/ [...] hopnrm.jpg

 

Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Illustration vintage à la con.

 

http://img15.hostingpics.net/pics/ [...] 621579.jpg

   


Message édité par talbazar le 03-08-2014 à 11:47:13
mood
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Posté le 03-08-2014 à 11:31:50  profilanswer
 

n°39055180
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-08-2014 à 16:29:41  profilanswer
 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 26.

 

https://zupimages.net/up/18/08/liwp.jpg

 

Et puis ce fut des jours de trainaille dans les remugles du marais, enfer et jungle à la texture moelleuse. Sur un parcours herbeux, Mirlen proposa halte, car il sentait en lui monter la magie de divinance. Il ennortait toujours sa compagnie à parcourir cette contrée dévoyable, mais il se sentait vilainement épié. Voyant l’ancien au regard intense s’efforcer au décryptage de ses pensées, Erald fut le premier à s’inquiéter :

 

– Qu’est-ce donc qui vous fait frémir à ce point, Maître mage ?

 

– J’ai vu des yeux qui nous épiaient, et je sais ce que c’est. Mes amis, nous sommes sur le territoire de la créature des marais. Je ne serais point étonné qu’elle rôde ici, pour nous emberlucoquer.

 

Helga mouilla sa robe en traitant Belbit de chapon maubec, car l’incident venait de le faire  marrer ; elle s’accota à son doux chevalier, toute destourbée par une violente terreur et la combinaison fatale du chaud et du froid glissant de sa brayette devenue conque à pisse.

 

– Point de chamaille, les gars, la bête est là ! Reprit Mirlen, cherchant à galvaniser son équipe pendant que tous les autres mettaient flamberge au vent.
 
 Et c’était vrai. Une ombre immense glissa sur les terres embourbées qu’elle hantait, en se dirigeant vers eux. Hivalanoué, aussi fort physiquement que mentalement, prit la décision d’avancer, après mûres réflexions :

 

– Hé la bête, dans ton cul la garde de mon épée s’enfoncera bientôt comme une poire d’angoisse. Viens donc en tâter, que je puisse m’apitoyer sur ton pauvre sort.

 

Comme s’il tenait à s’assurer l’exclusivité de l’effroi, le monstre des marais sortit des fourrés. Il avait la peau verte, faisait 15, 07 pieds de haut et portait sur son visage affreux des paupières gonflées et des poches sous les yeux. Il était couvert de poils au niveau du buste et des hanches, sa masse graisseuse avait cédé place aux muscles et l’on sentait que dans son enfance, il avait dû apprendre à se tenir très droit. Il s’affublait d’un énorme pénis à la place du nez, ce que dame Helga trouva finalement fort pratique, malgré sa trouille qui continuait de l’inonder. On ne voyait pas bien ce qu’il avait dans sa gueule démesurée. Tout le monde avait du mal à le regarder en face, mais William se précipita lui aussi en compagnie d’Hivalanoué pour jouer avec lui de sa lame acérée. L’autre les désarma d’un simple revers de la patte, comme en se jouant d’eux. Alors Erald fonça en avant, pour se voir lui aussi pareillement déconfié. Belbit ne semblait pas joignable pour l’instant, il avait demandé qu‘on le rappelle plus tard. Sans réfléchir, Dame Helga montra tout à coup ses beaux tétons, provocant l’arrêt brusque des attaques du monstre, dont le phallus gonflé et bizarrement placé lui cacha brusquement la vue. Mirlen mit à profit cet intermède pour mettre en bouche le petit gland d’invisibilité et se mit aussitôt à rompre et à taper sans retenue avec son grand bourdon, lâchant de grosses vannes humiliantes pour provoquer chez l’autre un sentiment d’indignité. Alors que tous pensaient partie gagnée, ils furent soudain emprisonnés dans un immense filet, jeté par les membres d’une sauvage tribu qui surgissaient des berges. Le choc fit cracher son gland à Mirlen qui redevint visible. Fort heureusement, il ne le perdit point et s‘empressa de le remettre en poche. Les nouveaux venus défoulèrent leur colère contre les agresseurs de leur Dieu, car le monstre des Marais était sacré pour eux. Ce dernier, encore inconscient, buvait toujours la tasse et trois grenouilles glissèrent de ses oreilles décollées. Ce fut la dernière vision que la communauté eut de lui, car elle fut emmenée sous bonne garde au milieu du village des vainqueurs. Il y en avait partout, des gros, des petits maigrichons et pas mal de moches, mais tous respectaient le code en vigueur de leur peuplade qui semblait consister à se balader nu. Mirlen chuchota qu’ils étaient prisonniers des Natourists du Capdag, une peuplade de légende perdue au milieu du Marais-Jean. Au centre du village, une grande statue à l’effigie du monstre était dressée, et comme de juste, son nez-phallus jaillissait du visage, démesuré. Assis à l’extérieur de sa case, le chef mangeait des morceaux de viande froide, avec du fromage à l’intérieur. En même temps, il jouait avec sa bite en essayant de ne pas la salir. Elle était tatouée et piercée de rondelles métalliques, comme d’ailleurs tout  le reste de son corps. Après s’être étanché d’un pot d’une boisson gazeuse, l’homme daigna se pencher sur le sort de ceux qu’on lui ramenait. Il cachait dans les plis de son ventre un stock de gras et de sucre destiné sans doute à lui permettre de survivre en période de disette.

 

– C’est tromperie sur la marchandise ! On m’a signalé que la mignonne a perturbé le Dieu des marais en montrant ses nichons. C’est vilenie, elle est plate comme une huitre.

 

– Ah bon, vous avez des huitres, ici, au cœur de ce marais d’eau douce ? Mirlen cherchait moyen d’amadouer le Natourist.

 

– Ouais, ouais, des huitres et puis des moules, qu’on mange avec des frites et qu‘on arrose de bière. Bon, vous n’avez pas eu devant notre Dieu une attitude cool et respectueuse, c’est puni de mort, ici.

 

Hivalanoué promettait en silence une double fracture tibia-péroné à ce bourgeois, mais il préféra se taire. Les autres sauvages vaquaient déjà au milieu d’un marché du travail compliqué, au sein d’une variété de métiers plus ou moins tournés vers les autres, en raison de l’organisation tribale. Certaines feignasses profitaient cependant visiblement d’un système porteur. Le marais regorgeait de potentialités diverses : industrie nautique, pêche aux moules et aquaculture, transport maritime et parc ostréicole. Quelques filières courtes s’occupaient pendant ce temps-là à chasser le lapin. D’autres, disponibles et plus ou moins réactifs, pilaient des grains dans de grandes jarres en terre cuite. De laborieux chefs de chantiers remettaient certaines cases en état, d‘où sortaient quelques mioches effrontés aussi nus que leurs parents.

 

– Bon, fit Mirlen au chef qui se grattait pensivement le cul, c’est quoi la perspective, pour nous autres ?

 

– On va organiser une cérémonie rituelle, avec buvette de moules-frites et bière, pour vous donner en offrande solennelle au Dieu des marais, ça devrait grandement nous aider à développer le petit commerce.

 


https://zupimages.net/up/18/08/7zrm.jpg


Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 08:48:40
n°39077084
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-08-2014 à 17:13:15  profilanswer
 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 27.

 

https://zupimages.net/up/18/08/xgn3.jpg

 

Jeanne n’en pouvait plus de ne pouvoir approcher son chéri clôturé au sein du 93. Bien qu’il soit toujours le même homme, l’amnésique incarnait tous les deux jours, selon les dires parcimonieux de Babette et de Gwendoline, une foule d’individus différents. Cela n’allait pas sans poser quelques problèmes au niveau des soins de sa maladie. En ce moment, il se croyait astronaute en voyage vers Mars et s’exerçait à ne respirer qu’une fois sur deux, pour ne pas gaspiller l’oxygène de sa chambre. Jeanne aurait voulu lui glisser sous la porte une lettre pour le rassurer sur son amour brûlant, mais la pièce était gardée en permanence par un flic en faction qui incarnait pour elle seule un barrage intransigeant. Incorruptible, ce fonctionnaire obéissait scrupuleusement aux ordres du commissaire Mensinq qui voulait, comme le docteur Halrequin, empêcher toute rencontre entre les deux amants. Elle avait distraitement aidé Gwendoline à raser la vulve d’une patiente d‘une façon brûlante, en rassurant celle-ci sur le fait que les grossesses pathologiques ne représentaient que 15% des cas et que la statistique était sans doute le meilleur moyen de tisser entre la clinique Saint Bernard et ses accouchées une relation de confiance. Lorsqu’elle avait rajouté qu’un cordon ombilical risquait, dans 0,2 à 0,6% des cas, d’asphhyxier le bébé, Jeanne s’était alors montré soulagée que cette femme ai préféré rentré chez elle pour accoucher à domicile au milieu de ses chats non épilés, vu qu’elle avait tant de mal à gérer ses angoisses, elle ne voulait pas en plus y rajouter celles des clientes. Et tant pis pour le manque à gagner du service des gynécologues obstétriciens de la clinique. En attendant, circuler devant la chambre de Jhonny, c’était pour Jeanne à chaque fois aller à la rencontre de ses émotions, en risquant à chacun de ses pas de faire un peu de boulimie et noyer son chagrin dans le sucre. A fleur de sentations, elle faisait à chaque fois, en passant devant lui, un doigt d’honneur au gardien de la porte, aussi crue que subtilement allusive, l‘accusant même à mots couverts d‘être incapable de savoir faire une toilette digne de ce nom. Mais l’autre était prévenu et se contentait de l’ignorer, dessinant sans relâche sur un calepin délabré des sirènes et des dauphins, pour mieux tromper son ennui à défaut de sa femme. Non Jeanne ne se résignait pas et refusait de se noyer, comme ces deux greluches de Babette et Gwendoline, dans le mensonge de la belle apparence. C’était tellement étonnant la façon dont une belle fille, aussi agréable que jolie, pouvait tout obtenir de ses supérieurs. En tout cas, amante esseulée par la force, elle était prête à l’extase du sacrifice et du don de soi. En silence, elle regardait défiler dans sa mémoire les cavales du souvenir qui prenaient vie au nom de son amour et de sa vengeance, laissant dans son esprit peu à peu naître l’idée-force d’une nouvelle évasion de Jhonny, dont elle serait bien entendu complice. Il remplacerait alors à merveille la fraicheur actuelle de ses draps par la chaleur de sa peau, et c’est tout ce qui comptait pour elle.

 

Concernant ce dernier, le docteur Jason avait laissé tomber la torture électrique comme moyen thérapeutique pour mesurer l‘état d‘amnésie de son patient à l‘aune de l‘individu qu‘il incarnait à présent, en l‘occurrence un astronaute en partance pour Mars. Réfugié dans la quiétude protectrice de son grand lit, recouvert du couvre-lit rose qu’il avait lui-même tricoté, Jhonny complimentait Jason sur la bonne tenue de la station spatiale. Il venait de réaliser un geyser de cola avec une pastille de menthe pour étudier les lois physiques qui se cachaient derrière ce phénomène, ce qui pouvait toujours lui être utile en cas de défaillance de son scaphandre autonome. La cartographie de Mars faisait l’objet de son attention particulière, et il passait de longues heures sur un plan de Genève punaisé au mur. Son projet d’invasion de la planète rouge allait représenter un progrès majeur sur les recherches en écologie et en éconnomie environnementale, voire en anthropologie culturelle, en cas de rencontre avec une forme de vie Martienne, fût-elle un hominidé bactérien, à condition bien sûr qu‘il soit vivant. Il était tellement heureux de l’expérience que Jason reconnaissait déjà dans le dédoublement de sa personnalité un emprunt dans son cerveau au circuit du plaisir, à l’instar de la drogue, de l’alcool ou des médicaments psychoactifs. Digestion, respiration, circulation sanguine n’entraient cependant pas en jeu.

 

– Alors Jhonny, quoi de neuf au sujet du rôle des levures dans la pâte à pain soumise à l’apesanteur ?

 

– Je viens d’apprendre de la part de Gwendoline que depuis le 24 Août 2006, le système solaire avait perdu Pluton, et qu’elle n’était plus une planète, ça m’a fait un choc.

 

– Ouais, comme la ceinture de Kuiper.

 

–  Eh ben on s’en passera. Je viens de contempler l’immensité du cosmos, là, par le hublot qui donne sur le parking de la clinique, et je me faisais la réflexion que l’image n’est pas la science. En tout cas je suis formel, la pyrrhotite est certainement le minerai responsable du magnétisme martien, c’est le premier truc que  je vérifierai en arrivant.

 

– Naturellement Jhonny, il suffit de tellement peu de choses pour passer des idées aux actes.

 

Jhonny vérifia une nouvelle fois sur sa montre la régularité de sa trajectoire, puis il bailla intensément sous l’effet de ses médicaments. Depuis longtemps, il n’osait plus demander des nouvelles de Jeanne, le seul être qu’il ne semblait pas parvenir à oublier. Voyant l’amnésique piquer du nez, Jason appela Gwendoline avant de le quitter, pour qu’elle le débarrasse de l’énorme écharpe qu’il s’était tricoté afin de se protéger du froid martien, et qui risquait fort en revanche de l’étrangler pendant son sommeil.

 

https://zupimages.net/up/18/08/0ev5.jpg


Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 08:50:25
n°39083771
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-08-2014 à 11:39:45  profilanswer
 

L'actualité est un peu morne plaine, c'est l'été à Troulbled, ville peu saisonnière.

 

Revue de presse
 
Aujourd'hui : Invasion de poules géantes.

 

https://zupimages.net/up/18/08/frip.jpg

 

Revue de presse
 
Aujourd'hui : Une patate géante.

 

https://zupimages.net/up/18/08/smvg.jpg


Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 08:54:22
n°39087900
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 06-08-2014 à 16:16:51  profilanswer
 

Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 12.

 

https://zupimages.net/up/18/08/1js8.jpg

 

En vue du procès de Safaitoulbenef, 412 esclaves d’une société de nettoyage avaient ciré les marbres du palais royal d’Isdiboulaouane, pour qu’ils reflètent au mieux la splendeur et la lumière de la pharonne Néefièretarée. Elle se tenait droite comme un i grec sur un grand trône de plâtre peint de couleurs vives par les enfants de l’école, en offrande à sa gloire. Là-dessus, son portrait en pied avait forcément une drôle de tronche. « Buona pulcella fut Néefièretarée bel auret corps bellezour anima », avait même gravé pour faire le malin un de ces petits cons, dans le français qui se parlerait 3800 ans plus tard, et ce dans le seul but d’emmerder les futurs archéologues. Elle avait la taille bien serrée dans une tunique blanche à froufrous et portait aux pieds des mules à couleur tendance. Lorsque, couvert de chaînes, Safaitoulbenef fut jeté devant elle, elle eut un mouvement de recul, ce qui bascula le trône et la fit tomber en arrière. L’incident clos, après avoir fouetté deux ou trois notables de la ville qui s’étaient marrés, Tahosétlafer se fit l’accusateur principal du prisonnier. Avec de grands effets de manches, car il portait sa tenue officiel de stratège de nome, il opta pour un mélange savamment dosé d’informations et d’anecdotes sur la vie du porteur de litière, histoire de rabaisser un peu le niveau d’estime de soi du présumé coupable. La foule vibra au spectacle de cette feinte. En tant que devin, n’était-il pas censé détenir les secrets des sentiments de la nature humaine ? En douce, il s’intéressait à l’impact de ses propos sur la reine, vivement concernée par le thème, puisque l’acquisition de tout savoir est le résultat direct d’une transmission.

 

– Donc, il est de notoriété publique que cet homme qui se présente devant vous s’est tapé des canards dès qu’il a su lire, sous une éventuelle influence qui nous est inconnue.

 

– Objection votre honneur, ça n’était pas des canards, mais des oies.

 

– C’est en effet une information capitole.

 

– Capitale.

 

– Ferme-là. Cet enfant issu d’un milieu modeste à eu la chance de se tirer d’affaire grâce à son talent de porteur de litière, malgré ses piteux résultats scolaires en fin de parcours. Grâce à d’autres capacités, notre gracieuse Pharaonne a tiré sa trajectoire vers le haut et nous constatons qu’en remerciemment, il a traiteusement essayé de la tuer.

 

– C’est faux !

 

– Ferme-là. Mais, mes chers amis, plus un conflit est grave, plus il soude les communautés, et plus les crimes sont importants, moins ils impliquent d’actions collectives. Par conséquent ce type est le seul responsable de ce qui est arrivé, ceci est un message dissuassif destiné à déconseiller à tout le monde de penser aux Hittites, ou même tout bonnement à une action de la nature. Et il faut le juger sur son comportement, plutôt que d’essayer de le comprendre. Il agita les restes du scorpion devant l’assemblée.

 

– C’est un peu  dégueulasse.

 

– Ferme-là. Cet esclave s’est progressivement laissé convaincre par lui-même d’acquérir plus d’indépendance en tirant parti de l’amitié de la reine. Bien entendu, qui n’a pas connu de petites bifurcations au cours de son parcours professionnel ? Il n’empêche qu’il a eu les yeux plus gros que le ventre en essayant de l’assassiner  à coup de scorpion. Peut-être ce naze se voyait-il déjà Pharaon à son tour ?

 

– C’est pas vrai.

 

– Ferme-là. J’appelle la cour à considérer cette ordure d’esclave, dont l’origine méditéranéenne n’échappe à personne, comme acteur unique de son projet coupable, et je focalise l’attention des juges sur la nécessité de couler rapidement ce mec dans le Nil. Et puis je rappelle aussi, au cas où je pourrais éventuellement me gourrer, que les injustices sont acceptables si elles augmentent le bien-être de tous, c‘est écrit rouge sur vert dans tous les papyrus.

 

Le discours de Tahosétlafer commençait sérieusement à gonfler Néefièretarée, qui passait naturellement un cap difficile :

 

– Ma justice sociale s’appuie sur des qualités de transparence, tout comme ma garde-robe. Est-ce qu’on a interrogé le scorpion ? Non. Est-ce que tous les esclaves qui partagent ma litière sont égaux en doigts ? Non. Si on définit les conditions politiques, économiques et sociales, il m’est facile de démontrer que Safaitoulbenef a réussi mieux que d’autres à me satisfaire, et que c’est pour ça que tu veux sa peau.

 

– Bien entendu, l’idée que chaque esclave compte autant qu’un autre, c’est à dire pour pas grand chose,  est au cœur de toutes les antiques théories politiques acceptables. Tu ne caches pas la sympathie que t’inspire la cause de cet assassin, mais trop de sollicitude et d’empathie menace tout principe d’égalité. Faut couler ce branleur et quand on l‘aura sêcher, on pourra le râper finement, histoire de le priver de momie pour l‘éternité.

 

Néefièretarée aurait pu gracier son amant en levant la main, mais elle subissait les conséquences du stress, de la pression permanente de sa fonction qui provoquait parfois chez elle manque d’envie et démotivation. Elle était à bout de nerfs et son corps et son esprit avait du mal à fonctionner en même temps. Une crise de passage à vide lui fit baisser les bras et la foule s’agita. Celle-ci appartenait au cercle des intellectuels les plus au courant de la philosophie Egyptienne et somme toute, elle était satisfaite du travail de présentation, d’éclaircissement et de critique de l’accusateur, d’autant plus qu’elle avait grandement envie de se taper une exécution publique, car les distractions d’Isdiboulaouane étaient très rares à cette période de l‘année. Les juges optèrent à l’unanimité pour la noyade de Safaitoulbenef, considéré comme un probable agent Hittite, voir d’un tueur isolé, en tout cas coupable du crime impardonnable de lèse-majesté. Comme Safaitoulbenef allait oser rajouter un truc, un soldat lança un pied avant de basculer en roue, puis il lui décocha un coup à lui décrocher la mâchoire, en lui pétant les dents de devant. Ainsi la justice allait se mesurer à l’intention de son action, sinon à son utilité. Ainsi va la foule, univers ou la notion de groupe est fondamentale, quand la communauté se dicte ses préférences à elle-même, surtout quand il fait beau et qu’elle a décidé de faire plage.

 

https://zupimages.net/up/18/08/ugh6.jpg


Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 08:56:18
n°39100950
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 07-08-2014 à 18:01:00  profilanswer
 

Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 47.

 

https://zupimages.net/up/18/08/rwbl.jpg

 

L’hélicoptère des forces spéciales largua sa grappe d’hommes en noir sur le toit de l’hôtel. 523,4 snipers se postèrent sur les immeubles en face, et plus d’un millier de sentinelles de la révolution se faufilèrent dans les rues adjacentes, armées jusqu’aux dents. On leur avait fourni des bouchons d’oreille pour éviter de se faire harponner par les sermons du prédicateur. Géraldine Kidor, présidente du Gurukislapet, venait de prévenir Marlou, lequel accourait sur les lieux par jet privé, en compagnie de Kiki Yorkshire et des frères Delacotte. Prête au face à face convenu, la princesse Ewij avait huilé son gun, apportant une réponse claire à l’ultimatum lancé par le haut-parleur des assiégeants. Alphonse cogitait vainement, puis il opta pour une pratique plus concrète en empoignant également son Beretta 90-two. L’injonction à la mobilité de ses troupes remplaça dans les ordres du chef des FS son objectif d’amélioration de leur mobilité, ainsi fit-il savamment déployer sur le toit les hommes du commando déposé. Ce travail collectif, fait à partir de réflexions expertes, leur donna une vue imprenable sur la ville, mélange de peuplements et d‘influences diverses, expliquant probablement le nombre élevé de carrefours. Une considérable réserve de gaz soporifique avait également été placée près d’une mansarde, et le produit était logé dans d’énormes bouteilles sous pression. Valkyrie cinglante, Ewij inaugura les tirs et plomba trois passants, faisait de ce fait voler en éclat la fenêtre de la chambre. Alphonse n’eut d’autre choix que de la suivre dans l’action, il explosa la tête de deux policiers visiblement mal protégés. La réponse fut explosive, mais la roquette fournie en retour se trompa d’étage et volatilisa un pan de façade quelques mètres plus haut. Alphonse et Ewij détalèrent alors à travers l’hôtel, butant au passage tous les pensionnaires qu’ils rencontraient, comme si parcourir ces lieux à grande vitesse leur fournissait de subites inspirations. Les deux transportaient dans leurs sacs à dos suffisamment de cartouches pour flinguer toute la ville. Ils s’émerveillèrent bientôt, en se retournant, de tout le chemin parcouru, descente éperdue qui les avait conduit au sous-sol. Ils trouvèrent là calme et repos au milieu des énormes sacs de linge sale, gonflés des draps en attente d’être lavés. Ewij envoya un coup de pied dans le ballot le plus proche :

 

– Ces tas de merde, ça pourrait nous faire une assurance-vie, si on se planque dedans ?

 

– Faux pas prendre nos amis pour des cons, ils canarderaient ces sacs sans même les ouvrir, chérie.

 

– On a le droit de croire au succès de ses idées, hein !

 

Devenue bête traquée, Ewij traversait des heures vénéneuses, elle était grave et belle, et ouvertement rêche. Peut-être parce qu’elle savait que dans une heure au mieux, elle allait mourir. A l’extérieur, quinze chaînes de télévision et huit radios se mobilisaient dans l’attente de ce dénouement inévitable.

 

– Alphij, t’es un pro du discours, tu veux pas leur prouver ?

 

– Non. Ce coup-ci c’est râpé, vaut mieux jouer des coudes, nous deux.

 

Il n’était pas libre de ses paroles, mais encore de ses mouvements. Des bruits de pas feutrés se firent entendre à travers le plafond. Cette agitation bouscula le planning, ils plongèrent à l’abri des sacs vautrés sur le sol. En d’autre temps, Ewij aurait certainement fait la fanfaronne en enjambant son Jules pour lui jouer la comédie d’une lady déjantée. Quitte à risquer ensuite d’enfermer des puces dans son tanga. Tout ça parce qu’elle avait grâce à Alphonse de Saint Exupéry découvert le « nous » à travers elle-même. Avec un brin de nostalgie visible, elle se contenta de lui lancer un coup d’œil fier et lumineux. On agita doucement la poignée de la porte de la lingerie et dans la basse-lumière, Alphonse entrevit deux hommes cagoulés qui scrutaient prudemment la pièce, fort hésitants à pénétrer plus avant. L’un des deux s’avança finalement comme un chat, laissant son camarade un peu plus en arrière. Ces deux cons virent la fin du monde arriver sous la forme d’une jeune fille en jean qui s’élança des sacs de linge avec une fougue incroyable. Bam Bam. Deux balles et Alphonse n’avait même pas bougé.  

 

– Une beauté mathématique, rajouta-t-il seulement à l’adresse de sa miss, sans cacher dans sa voix une certaine gourmandise. Il remercia la providence, aussi, parce qu’ils allaient pouvoir enfiler les uniformes des macchabés.

 

Ils délaissèrent les gadgets aussi technologiques que stupides dont s‘était équipés les deux glands pour se vêtir chacun simplement de leurs tenues anonymes, qu’il passèrent par-dessus leurs propres vêtements. A grands coups de draps, ils effacèrent au mieux les traces de sang qui les maculaient, en s‘aidant mutuellement. Le clou du spectacle fut quand ils enfilèrent les cagoules, lesquelles leur fournissaient illico un anonymat fort bienvenu. Ils semblaient tout à coup quitter une situation de vulnérabilité pour rebattre les cartes à leur avantage. Par la vertu de leurs déguisements, le couple recommençait à s’inventer. Ils empruntèrent pas à pas une longue volée de marches pour remonter vers le rez-de-chaussée. L’hôtel fourmillait de leurs semblables qui s’agitaient en tous sens l’arme au poing, si certains de leur force qu‘on ne prêtait pas vraiment attention à eux. Mais toute sortie par l’entrée officielle sévèrement gardée allait forcément attirer l’attention. Alphonse avisa un escalier qui complémentait l’ascenseur. Il poussa Ewij à le prendre, croisant dans les marches quelques collègues qui revenaient du toit et s‘apprêtaient sans doute eux-aussi à investir l‘hôtel. Nul ne chercha à les arrêter, vu qu’ils montaient, ce qui n‘était pas de toute façon une attitude logique de fuyards. L’œil  d’Alphonse voyait donc juste. D’une manière désespérée mais miraculeuse, ils atteignirent le toit, saluant même les quatre hommes qui restaient du commando héliporté, occupés à observer nerveusement les dessous de la ville. Avant qu’ils puissent se montrer méfiants, Alphonse et Ewij les travaillèrent à la volée, tissant savamment le vide autour d’eux, bien que le bruit de la fusillade allait sans doute focaliser les regards sur eux. Effectivement, les balles des snipers d’en face commencèrent à fuser, en ricochant sur les hautes cheminées et les surfaces zinguées. Les corps des autres qui n’avaient pas eu le temps de riposter se plaquèrent les uns sur les autres dans la mort et leurs jambes se mêlèrent. On lisait dans leurs yeux grands ouverts, comment dire, une sorte d’indignation profonde. Les anges du Bien les emportèrent rapidement vers les cieux pour qu’ils unissent leur voix aux chœurs d’en-haut, ce qui laissa Ewij de glace, alors qu’Alphonse avisait déjà les bouteilles de gaz anesthésiant, reliées à de nombreux tuyaux. Tout cet appareillage était semble-t-il destiné à transmettre à tout l‘hôtel, mais surtout à ses proies, selon les plans du chef des services spéciaux, un repos provisoire.

 

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 08:58:06
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talbazar
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Posté le 08-08-2014 à 14:25:19  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : 'Freedom From Want', by Norman Rockwell, 1943.

 

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Astronautique et encapuslage :

 

Aujourd'hui :

 

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:06:21
n°39111347
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Posté le 08-08-2014 à 16:37:29  profilanswer
 

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:13:19
n°39118337
talbazar
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Posté le 09-08-2014 à 17:15:47  profilanswer
 

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:16:43
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talbazar
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Posté le 11-08-2014 à 17:35:41  profilanswer
 

Activités ludiques :

 

Section sport en chambre.

 

Aujourd'hui : le lancé de pois.

 

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 Dans les sports qui se jouent à deux, il n’est pas si rare que d’autres personnes viennent se coller à nos parties. Malgré tout, cette nouvelle discipline ne saurait admettre dans ses règles une autre organisation que le binôme. Le lancé de pois est un sport de précision qui oppose deux joueurs dont l’un utilise au premier service une sarbacane dans laquelle il souffle pour projeter un pois, variant la puissance ou l’effet qu’il compte obtenir. Le but du jeu est d’envoyer son pois de telle sorte que l'adversaire ne puisse lui renvoyer dans la figure en marquant le point, étant entendu que le pois repasse par l’intérieur du cercle fixé sur la table. Le nombre de sets (manches) nécessaires pour gagner un match varie selon plusieurs critères (le sexe, l'âge, la dentition…). Les limites du terrain sont la table de la cuisine. La surface de jeu est divisée en deux "camps" égaux par un cercle métallique évidé parallèle aux lignes de fond. Par cercle métallique, il faut comprendre le cercle proprement dit et son pied qui le fixe à la table, sans tenir compte des pieds des joueurs placés sous la table, et qui n‘interviennent par contre jamais, sauf à punir un joueur trop chanceux. La partie supérieure du cercle se trouve à une hauteur uniforme de 10 cm au-dessus de la surface de jeu.

 

Le pois est sphérique et son diamètre est 3 mm. Il sera de variété Tonga, qui présente l’avantage d’avoir un petit grain (235 g de PMG - poids de mille grains, qui représente le poids de 1000 grains à un pourcentage d'humidité connu. A ne pas confondre avec la PGM : préparation militaire gendarmerie ). Le pois est dit " à grain lisse" car la graine est ronde. On évitera l’utilisation de la Merveille de kelvedon, pois "à grain ridé" trop gros dans sa gousse, bien qu’il soit tendre et sucré. La sarbacane peut être de n'importe quel poids, forme et dimensions, mais toujours creuse. Les joueurs ou joueuses peuvent en revanche être plats et rigides. Au moins 85% de l'épaisseur totale de la sarbacane doit être en bois naturel, mais on admet le tube de stylo ou de la cigarette électronique recyclée. On admet également une couche de matière adhésive entre les plis des joueurs. La prise de sandwich avant la compétition est strictement interdite. L'épaisseur du caoutchouc à picots ne dépassera pas d’un joueur masculin de plus de 2,0 mm. La partie la plus proche de la bouche qui porte la sarbacane et tenue par les doigts peut être laissée à nu ou être recouverte d'une matière quelconque. Le revêtement intérieur de la sarbacane doit être utilisé sans aucun traitement physique.

 

Avant d'utiliser une sarbacane pour la première fois dans une partie, et s'il doit en changer durant celle-ci, tout joueur doit la montrer à son adversaire et à l'arbitre qui auront ainsi la possibilité de l'examiner.

 

DÉFINITIONS

 

Un échange est la période durant laquelle un pois est en jeu.

 

Le pois est en jeu à partir du dernier moment où, au cours de l'exécution du service, il repose immobile dans la sarbacane avant d'être intentionnellement lancée vers la gueule de l‘autre, qui n’est pas autorisé à utiliser ses mains pour recevoir et relancer le pois, mais seulement sa bouche ouverte, jusqu'au moment où l'échange se termine par une décision d'échange à rejouer ou par un point.

 


Nota : Avant que le serveur ait accompli son action de projeter le pois, il n'est pas possible de déterminer quand se situe "le dernier moment”. Il n'est pas suffisant que le pois soit simplement stationnaire dans la sarbacane du serveur, car il peut s'en échapper en roulant accidentellement avant qu'il ait fait une quelconque tentative pour la projeter, et dans ce cas il ne perd pas le point. D'autre part, le serveur peut placer le pois dans la sarbacane, la tenir stationnaire, puis changer d'idée sur le style de service qu'il va effectuer, changeant éventuellement de position pour ce faire. Ici aussi, s'il n'a fait aucune tentative pour commencer le service en projetant le pois, celui-ci n'est pas en jeu et il n'y a aucune raison pour qu'il perde le point.

 

DEFINITIONS

 

Un “pois à remettre” est un échange dont le résultat n'est pas compté.

 

Un point est un échange dont le résultat est compté.

 

La main libre est la main qui ne tient pas la sarbacane, mais qui farfouille sous la table. Le bras libre est le bras de la main libre : c‘est également le bras d‘honneur.

 

Un serveur peut faire passer sa sarbacane d'une main à l'autre pendant un service.

 

Le serveur est le joueur qui doit projeter le pois le premier avec la sarbacane dans un échange, et qui paye ensuite l‘apéro.

 

Le relanceur est le joueur qui doit relancer le pois le second par la bouche dans un échange, étant entendu qu‘il n‘est pas autorisé à utiliser ses mains.

 

L'arbitre est la personne désignée pour diriger une partie, et se faire sodomiser ensuite.

 

L'arbitre adjoint est la personne désignée pour assister l'arbitre dans la prise de certaines décisions et le tenir fermement.

 

Par “toute chose que porte ou tient un joueur”, on entend, à l'exception du pois, toute chose qu'il portait ou tenait au début de l'échange, y compris ses fringues.

 

Le pois est considéré comme franchissant le cercle si il passe au centre du cercle, au dessus du support fixé sur la surface de jeu.

 

LE SERVICE

 

Au début de l'exécution du service, et jusqu'à ce qu'il soit projeté, le pois doit reposer librement au fond de la sarbacane, immobile et ouverte.

 

Le serveur lance alors le pois horizontalement avec la sarbacane en lui communiquant le plus d’effet, de telle manière qu'il fuse en avant comme un glaviot.

 

Quand le pois continu sa trajectoire, après avoir franchi le cercle, il touche directement le visage du relanceur qui le renvoie alors, seulement par la bouche, de telle manière qu'il fuse en avant comme un glaviot. Le pois est ensuite échangé de bouche à bouche, et la sarbacane devenue inutile est posée sur la table.

 

Il incombe au serveur de servir de telle manière que l'arbitre soit convaincu qu'il respecte toutes les conditions d'un service régulier.

 

Lorsqu'il l'estime justifié, l'arbitre peut, à titre exceptionnel, pour l'exécution du service, autoriser un joueur, en raison d'une incapacité physique avérée, à dégorger à un ou plusieurs points de la cuisine.

 


LE RENVOI

 

Le pois ayant été servi ou renvoyé, doit être projeté de telle façon qu'il franchisse le cercle métallique et se colle dans la bouche de l'adversaire directement.

 

Contourner le cercle signifie passer au-dessus ou autour de la partie du cercle qui est évidée.

 

Le renvoi s’exprime également par un pois enfoncé trop brutalement au fond de la gorge adverse.

 


POIS À REMETTRE

 

L'échange est à rejouer :

 

Si, au cours de l'exécution du service, le pois évite de passer dans le cercle en le contournant, et pour autant que le service soit correct par ailleurs ou qu'il ait été fait obstruction au pois par le relanceur.

 

Si le jeu est interrompu par les cris de l'arbitre sodomisé et tenu par l'arbitre adjoint.

 

Le jeu peut être interrompu :

 

Pour donner un avertissement à un joueur ou le pénaliser, sur décision du juge au tribunal d’Instance de la ville désignée par l‘arbitre.

 

Parce que les conditions de jeu ont été perturbées d'une façon qui, dans l'opinion de l'arbitre, est de nature à influer sur le résultat de l'échange, à cause de ce qui lui arrive ou des mains farfouillant sous la table.

 

UN POINT

 

A moins que l'échange ne soit à remettre, un joueur marque un point :

 

Si son adversaire n'effectue pas un service régulier.

 

Si son adversaire n'effectue pas un renvoi régulier.

 

Si, après qu'il ait effectué un service ou un renvoi régulier et avant d'être projeté par son adversaire, le pois touche n'importe quoi d'autre que le cercle métallique.
 

 

UNE MANCHE

 

Une manche est gagnée par le joueur marquant le premier 10 points.

 

UNE PARTIE

 

Une partie met en présence 2 joueurs. Elle se dispute au meilleur des 5 ou des 7 manches ou, exceptionnellement, en raison du style des manches de leur chemises .

 

L'ORDRE DE SERVICE, DE LA RÉCEPTION ET DES CAMPS

 

Le droit de choisir l'ordre initial du service, de la réception ou du camp est déterminé par tirage au sort et le vainqueur de ce tirage au sort peut choisir, soit de servir, soit de recevoir le premier - l'adversaire pouvant choisir le camp - soit de débuter dans l'un ou l'autre camp - l'adversaire pouvant choisir de servir ou de relancer le pois le premier.

 

Chaque fois que 2 points ont été marqués, le joueur qui recevait devient le joueur qui sert et ainsi de suite jusqu'à retrousser ses manches, à moins que les deux joueurs aient chacun marqué 10 points, suivant la règle d'accélération du souffle en application, auxquels cas le changement de serveur s'effectuera après chaque point, une fois la sarbacane désinfectée.

 

En toutes circonstances, tous les points marqués avant qu'une erreur ne soit constatée restent acquis, indépendamment des cris indignés de l‘arbitre.


Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:17:11
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Posté le 11-08-2014 à 17:35:41  profilanswer
 

n°39143485
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-08-2014 à 14:11:28  profilanswer
 

https://zupimages.net/up/18/08/6pnk.jpg

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 28.

 

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La suisse s’arrangeait pour faire avec le climat Européen, en s’attachant à une pollution plus luxueuse, tels les énormes panaches noirs de crasse de ses vieux bateaux à vapeur qui fendaient ses beaux lacs, aux eaux modérément phosphatées, mais néanmoins chargées d‘irriguer de grandes villes comme Zurich. Les Suisses ont en commun avec les Belges qu’ils ne lisent pas les mêmes journaux que les Français, ce qui les oblige donc à vivre une réalité bien différente. La grande campagne de stérilisation des billets de banque initiée par Berne portait lentement ses fruits, et les porteurs helvétiques de staphylocoques se faisaient plus rares, ce qui permettait au personnel de la clinique Saint Bernard de souffler un peu. En conséquence de ce souci d’hygiène contrôlée par l’Etat, le docteur Jason s’inquiétait tout de même de la baisse relative de son chiffre d’affaire. L’opération d’un malade qui souffrait d’avoir avalé sa salive lui posait pour l’instant quelques sueurs froides. Tout en l’assistant vaillamment au sein du bloc, Gwendoline ne craignait pas un échec possible des antibiotiques, le docteur Jason étant passé maître du traitement des souches de ses chéquiers, il n’y avait aucune raison que pour que ce patient soit insolvable, mal assuré ou atteint d’une pneumopathie nosocomiale d’origine exogène. Il avait juste avalé sa propre salive (enfin la sienne ), bourrée de méchantes bactéries issues de sa flore commensale. Vaille que vaille, Jason s’arma de courage pour lui rouler longuement une pelle passionnée, afin d’apporter une réponse rapide au problème posé par ce cas épineux. En conséquence de ce baiser thérapeutique issu d‘un rigoureux protocole antiseptique, le système immunitaire du patient fut nettement renforcé par le déversement oropharyngé  des bonnes  bactéries de Jason, sommées par transfert de plasmide de lui offrir une réponse positive ; le gus souffrant entra de ce fait aussitôt sur le chemin de la guérison. On observait d’ailleurs à vue d’œil les gènes bienveillants se transmettre aux chromosomes ciblés. Alors que Jason résumait pour Gwendoline les arcanes de la physiopathologie infectieuse, tout en tournant et retournant sa langue dans la bouche de l’autre qu’il qualifiait de simple réservoir microbien, elle fut soudain prise d’une bouffée de jalousie intense. Elle regardait fascinée l’opéré déglutir sous le coup de cet échange interhumain, et bien qu’elle sache qu’il faille combattre les micro-organismes qui l’affectaient, elle ne pouvait s’empêcher de s’imaginer à sa place, offrant toute la sensualité de ses lèvres à l’amour de sa vie.

 

Faudrait-il faire preuve elle aussi d’immunodépression, pour qu’il la prenne dans ses bras, comme il le faisait avec son patient ? Elle était trop pointilleuse sur l’éradication des facteurs statistiquement associés aux infections pour y croire réellement. Dès sa majorité, elle avait décidé de vivre sa vie comme elle l’entendait, et sa mère ne l’obligerait jamais à épouser un pilote de ligne, comme elle l’avait si souvent suggéré. Toute l’énergie de la belle infirmière se consacra à tirer les draps du malade vers le haut, mais ses pensées vagabondaient follement devant la sensualité de l’opération. Soigner était vraiment ce qu’elle voulait faire. Malgré tout, comment être certaine que Jason l’estimait réellement ? Elle s’était peut-être trop vite réjouie publiquement que le beau docteur soit toujours satisfait de sa collaboration. Elle sentait qu’à tout moment, l’attitude insolente de Babette pouvait la faire basculer dans un sentiment d’hypercrise. Elle épongea doucement  le front du patron, comme c’était son devoir et sa mission d’assister son héros aux prises avec l’ennemi. Il la remercia d’un coup d’œil, sans cesser d’embrasser son patient.  « Schlaf, mein kind, schlaf ein », prononçait-il doucement en même temps pour mieux le bercer et le rendre plus confiant et disponible. Il y avait aussi un peu du dompteur en lui, parce que le malade infecté ruait et se débattait follement, nullement conscient des terribles enjeux de l’opération qui visait à le guérir. La vision de la nuque penchée de Jason, honorée par un coiffage impeccable, la berçait comme le roulis du métro, en la plongeant dans un océan de félicité, comme une parenthèse pleine de mystère qui rendait le transfert des enzymes du docteur aux bactéries de son malade encore plus fascinant.  Son cœur de blonde se mit à battre avec une ampleur de symphonie, les coups de pied du malade rendaient juste l’instant merveilleux un tout petit peu plus pénible. Elle attendit avec confiance, pendant que les coups de langues se suivaient à un rythme régulier, propres et sans bavures. L’inconvénient d’un ordre de Jason devint peu-après inévitable et il déclara l’opération terminée, en s’essuyant soigneusement la bouche avec une solution stérile. Gwendoline tapota la joue du malade éprouvé par les soins, puis elle s’apprêta à prendre toutes les dispositions pour l’endormir et le remonter dans sa chambre.

 

Infatigable, Jason était déjà en route pour rendre visite à Jhonny, toujours placé sous étroite surveillance, lequel  cherchait sérieusement une solution pour se protéger des ultraviolets, car selon ses estimations Mars était désormais en vue, et le vaisseau de sa chambre 93 correctement placé en phase d’approche.

 

– J’ai les boules, docteur, j’ai un phototype clair, je risque de cramer sévère sur la planète rouge.

 

– T’inquiète pas Jhonny, pas de problème apparent pour réparer tes cellules, je suis également ingénieur tissulaire.

 

– Ok, reçu cinq sur cinq. Je foulerai bientôt la plaine de Méridiani, pleine paraît-il de roches riches en Hématites, je vous en ramène ? ça devrait faire joli, en presse-papier sur votre bureau.

 

– Ouais, Jhonny, en attendant  qu’on te congèle pour que tu gagnes du temps, mange donc ta purée, elle va refroidir !

 

Dans la seconde qui suivit, repoussant brutalement son assiette, Jhonny oublia tout de ce qu’ il était, il négligea les précautions qu’il prenait pour économiser l’oxygène de la chambre et incarna sans prévenir un œnologue-conseil installé en séminaire à la clinique Saint Bernard.

  

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:22:11
n°39153242
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-08-2014 à 12:55:17  profilanswer
 

Revue de presse
 
Aujourd'hui : La nouvelle équipe.

 

https://zupimages.net/up/18/08/uu0f.jpg

 

Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Vintage postcard.

 

https://zupimages.net/up/18/08/3n1p.jpg

 

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:29:04
n°39156086
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-08-2014 à 16:35:59  profilanswer
 

https://zupimages.net/up/18/08/jtrv.jpg

 

Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 48.

 

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178 snipers venaient de se faire descendre par Alphonse et Ewij, sans que ces derniers ne soient même égratignés. Au bout de tant d’hommes tués, le chef des forces spéciales du Gurukislapet, un certain Wong Fang Pthâ Héh Désiré Landru, commença à se demander ce qui clochait. Et puis on lui fit parvenir l’information que les tireurs n’étaient pas équipés, comme d’ailleurs toute l’armée, de gilets pare-balles. Les uniformes étaient pourtant strictement copiés sur ceux de l’armée du Boukistan. Maudissant les failles de l’espionnage industriel, Landru ordonna un prudent cessez-le-feu à ses hommes, compte tenu du fait que les cibles avaient trouvé refuge derrière un muret bétonné, et que le gaspillage de balles risquait fort de plomber le budget annuel du pays. Malgré la vive protestation de l’officier, le propriétaire de l’hôtel refusait désormais l’utilisation du lance-roquette, argumentant d’une reconstruction future de son bien trop onéreuse, à cause d’une compagnie d’assurance chipoteuse. C’est donc en raison d’une contrefaçon d’uniforme que les balles d’Ewij n’avaient pas rencontré d’autres obstacles que les tripes des deux fouineurs de la lingerie, que les hommes du toit avaient si facilement atteint le paradis et que les environs se dégageaient progressivement autour du couple enragé. En revanche, les deux forcenés n’avaient pas non-plus sur le dos la salutaire protection. Tout en jetant un œil rigoureux à l’espace environnant, Alphonse Jean Justin autorisa Ewij à lui pratiquer une rapide fellation. Alors que la princesse avide s’activait sur sa droite, il repéra un mouvement sur sa gauche, à l’angle du toit en vis à vis et tira au jugé, mais sans atteindre personne, car son tir tremblant venait de souffrir d’un manque de précision élémentaire. Ewij dessina sur le mur avec sa semence une ésotérique figure géométrique, en affichant  un sourire satisfait.

 

Pendant ce temps, l’inspecteur Marlou accompagné des frères Delacotte et Kiki Yorkshire arrivaient à la « Guinguette Ostréicole », en s’émerveillant de la parfaite inutilité du gigantesque dispositif déployé. Sirènes hurlantes, une noria d’ambulances emportait les militaires tués vers une morgue provisoire, tant leur nombre était grand. Le ciel au-dessus de la ville était rose et les collines environnantes dépassaient à peine de l’énorme brume provoquée par la fumée dense des combats. Les hélicoptères avaient arrêté de tourner au-dessus des toits, après que deux d’entre eux furent atteints par des tirs amis. Leurs carcasses fumantes agrémentaient à présent l’une des fontaines de la ville. En somme et pour l’instant,  Alphonse et Ewij ne s’en sortaient pas trop mal. Ils continuaient d’envoyer des bastos dans la gueule des traqueurs, visant juste, surtout Ewij, décidemment experte dans ce genre de pratique.

 

– Mais qu’est-ce qu’elle attend, Alphonse, ta filière Brésilienne, pour nous tirer de là ?

 

– Peut-être qu’ils sont bloqués dans les rues à cause du carnaval, c’est toujours le bordel à cette période là.

 

– Tu crois qu’on peut s’en tirer ?

 

– A condition de tirer, semble-t-il.

 

Elle s’apprêta à soulever sa veste pour lui donner une bonne compréhension graphique de l’image qu’elle recevait, mais il l’arrêta d’un geste.

 

–  Nom de Dieu, Marlou est en bas !

 

Ewij se pencha à son tour.

 

– T’inquiète, je vais le buter.
 
  Elle ajusta et tira, mais une ambulance passa juste au même moment, sauvant probablement la vie du privé. L’inspecteur avait cependant repéré le manège. Il bazooqua en direction du toit. Alphonse le manqua à son tour. Kiki s’était précipité dans l’hôtel malgré la consigne. Les frères Delacotte tirèrent eux aussi, mais se montraient bigrement avares de leurs balles. Un certain relâchement gagnait les soldats. Dans la rue, plusieurs corps étaient laissés à l’abandon. Marlou se donna un temps de cerveau disponible, histoire de jouer le poète rêveur et désenchanté, puis il grimpa sur le toit qui faisait face au refuge de ses proie, au risque de finir sa vie en chaise roulante. Une fois en place, il échoua à les tromper et essuya leurs tirs pendant un bon moment. Un jardinier qui arrosait sa pelouse fit les frais d’une balle perdue, ainsi qu‘une pauvre victime de la misère qui faisait les poubelles. La violence de l’instant était mise en relief par la solitude de son chien au milieu du cadavre de son maître. Jules et Jim se placèrent aux côtés de leur nouvel associé, puis les deux cibles redevinrent invisibles. Alphonse rampait en effet à grande peine vers les bouteilles de gaz anesthésiant, sous le couvert du colt d’Ewij. Jules attaqua à la grenade quadrillée et une explosion projeta le couvercle d’un Skydôme en l’air, au milieu d’un nuage de fumée. Ewij répliqua d’une balle qui arracha un doigt puis brisa deux côtes au grenadier, toujours en vie mais devenu inutile. Ruines, sang et mutilations, comme tous les champs de bataille. Sans se soucier du combat cruel et féroce, Alphonse était parvenu à ouvrir les bouteilles en grand, afin de diffuser dans l’hôtel tout le soporifique disponible. Tous les hommes présents à l’intérieur de la « Guinguette Ostréicole » traversèrent une période d’insouciance proche du passif, puis ils tombèrent dans un profond sommeil. Kiki lui-même dormait à présent d’une respiration régulière, comme un loir.
 
  Alors qu’Alphonse revenait vers sa princesse, Jim et Marlou unirent leurs efforts pour le canarder, profitant du fait que la gamine perdait du temps à recharger. Avec un regard de pitié douloureuse, Ewij vit Alphonse rouler devant elle, sous l’effet produit par l’irruption dans son corps d’une bonne dizaine de bastos cuivrées. Mort, Alphonse était mort, et tout ce que voulait au juste la princesse à cette heure, c’était se coucher tôt. Elle guetta un instant sur le visage ensanglanté du guru une trace de sa splendeur passée, puis elle vida son chargeur d’une rage insensée, en se laissant aller à une sensation connue, culbutant Jim à son tour, sans le tuer néanmoins. Avant de recharger, elle traita Marlou de petit merdeux, puis glissa vers son adorable séducteur tyrannique pour lui fermer les yeux. Elle était la belle ingénue, lui le valeureux héros. Cela avait été une chose si merveilleuse qu’il la retienne prisonnière si longtemps. Un coulis de sang frais cachait le haut du visage d’Alphonse, l’état général du blessé prouvait qu’il était mort, par indice de sa surface criblée de nombreux trous. Un reflexe lui fit cligner de l’œil, puis une mousse teintée de vert coula au coin de sa bouche. Comme si l’horizon s’écrasait par sa peine, Ewij ne voyait plus que les longues trainées rouges, épaisses et gluantes, dans lesquels elle piocha les mains par désespoir, avant de pleurer pour de bon. Puis elle couru plus vite que le vent et Marlou la manqua, ainsi que tous les snipers qui venaient de comprendre l’action. Un tonnerre de feu environna la princesse qui galopa comme un cheval pour quitter la place, tirant sans viser avec précipitation, recevant une balle dans la cuisse et détalant quand même, jouant en un éclair audacieux son propre destin pour sauter sur un autre toit où elle retomba sur le flanc. Au milieu des décharges d’artillerie, elle pénétra dans un appartement au hasard, et son propriétaire en la rencontrant allait regarder sans le voir son feuilleton à la télé, jusqu’à ce que plus tard, on vienne dégager son cadavre. Malgré la douleur de sa cuisse, le bonheur d’être en vie effaça pour l’instant le souvenir de ses pleurs et Ewij se cacha dans un faux plafond où elle tomba illico dans les vaps. L’armée fouilla tout cet immeuble, comme les autres, y compris les locaux à poubelles, interrogeant les locataires et les gardiens, dont l’un fut brièvement arrêté à cause de sa ressemblance avec Ewij, mais ils manquèrent leur arrestation, bien qu’au sixième étage, ils forcèrent une porte pour trouver un quidam en train de mourir devant « Sortie de prison, l’enquête ». Quand on vira son corps du canapé sans se douter de la présence d’Ewij au plafond, un chaton minuscule montra sa frimousse apeurée entre les coussins jaunes maculés de longues trainées pourpres.

 

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:30:59
n°39169314
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 14-08-2014 à 20:26:50  profilanswer
 

Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Crash aérien.

 

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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : Le satyre des squares.

 

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:33:08
n°39171916
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-08-2014 à 09:25:03  profilanswer
 

Activité ludiques.

 

Section estivale.

 

Aujourd'hui : le jeu des cinq erreurs.

Cinq erreurs se sont glissées dans la photo de droite reproduisant celle de gauche, saurez-vous les démasquer ?

 

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Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Les nouveaux résidents.

 

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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Illustration vintage.

 

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Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Illustration vintage.

 

https://zupimages.net/up/18/08/6njq.jpg


Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:37:47
n°39173003
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 15-08-2014 à 12:29:02  profilanswer
 

salon des inventions : Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 

 

Aujourd'hui : Le destructeur récupérateur de documents.

 

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Supposons, comme nous n’en doutons pas, que vous soyez un jour appelé à élaborer les plans d’un prochain réacteur nucléaire 18ème génération SG-PCQR (super grave pour ce qui remue) programmé pour une mise en place en 3052. Après une nuit d’un travail acharné et d’une réflexion assidue, vous voilà enfin en possession du précieux document. Vous avez naturellement pensé à tout, y compris au choix de couleur des cheminées, d’un vert écoresponsable pour qu’elles se fondent agréablement dans l’environnement, grâce à une peinture biologique. Vous avez en annotation précisé l’attachement que porteront les populations rurale attirées par les bas salaires versés par cette industrie fiable d’après la rumeur, puisque toute découverte apporte sa révolution sociale. Vous avez résolu le problème des déchets en autorisant leur revente. Que de chemin parcouru entre le premier réacteur à pile de Fermi, en 1942, et votre incroyable centrale atomique capable de faire un peu mieux ! Oui, vos plans sont impeccables, mais vous craignez une fuite du côté des Bolcheviques. Dans la précipitation provoquée par une saine lucidité, vous vous empressez de porter ces plans magnifiques au destructeur de document classique. Hélas, vous avez omis d’en faire une copie et patatras, la science passe à côté de votre génie. Celui qui ramène sa science sans technique ne pourra jamais rien conclure.

 

Mais le laboratoire associé au salon du pro-fesseur Talbazar est là. Et lui n’a pas égaré, et pour cause, les plans de la nouvelle génération de destructeurs de documents, puisqu’il a équipé sa machine d’un astucieux scan de récupération. On ne met pas les plans d’une centrale nucléaire vitaux à toute économie moderne sur le cloud. En revanche, un scan automatique du document précité, une simple clé USB connectée à la prise du destructeur récupérateur, et voilà une copie parfaite du document détruit effectuée. L’espionnage industriel est la seule garantie du libre marché, en favorisant la concurrence et ses affriolantes retombées économiques. Ainsi seront transmis à qui de droit plans et dossiers pour qu’ils soient transposés ailleurs grandeur nature. Le destructeur récupérateur est d’une utilisation enfantine, pour des enjeux adultes, et garanti une exploitation vraiment efficace de son port USB,  lorsque des ingénieurs plus compétents que vous se chargeront d’améliorer leurs téléchargements, en toute discrétion. Les chiffres répondent, notre équipe a déjà manipulé 16662 tonnes de documents par postes visités, y compris les photos intimes de Julie Gayet.

 

Mais ce n’est pas seulement l’avantage de cet appareil, tous les documents détruits son immédiatement recyclés pour former d’amusantes, utiles et charmantes figurines en papier mâché, qui viendront ensuite agréablement égayer votre bureau. Avec cet engin révolutionnaire, le droit à l’oubli est désormais une méthode véritablement périmée.


Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:41:08
n°39186118
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-08-2014 à 14:28:50  profilanswer
 


Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 27.

 

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Le Capdag formait une enclave somme toute restreinte dans l’immensité du Marais-Jean. Il n’y avait point là sensation d’étouffement et le village était d’un parcours facile, dont le tour pouvait se faire en un quart d’heure, à pied ou à dos d’homme. Sur les terrasses des rues forcément piétonnes, car bien qu’ils fassent le paon ils ignoraient la roue, les Natourists dégustaient des crevettes grillées aux artichauts en s’épilant mutuellement, tout en regardant passer les travailleurs harassés et les pimbêches  à raser. Le soir, les plus belles femmes emplumées y côtoyaient les plus moches masquées pour faire la fête, beuvailler et culeter au son des tambours jusqu’au petit matin. L’ambiance mécanique s’y montrait furieusement glamour, bien que le service d‘ordre soit vigilant et que des cartons soient demandés aux entrées des cases de nuit. Il était difficile de pénétrer dans ces lieux de jouissance du swinging Capdag sans le précieux sésame exigé par des cerbères à grosses couilles, postés devant les rideaux d’écorce peinte qui remplaçaient les portes. Les jeunes pucelles étaient distribuées au commencement des buffets froids, juste avant les rituels feux d’artifices de minuit. Dans tout le village, l’eau limpide était en revanche difficile d’accès et les coliques nocturnes n’étaient point rares, couvrant de leurs bruits de tripailles le son des musiciens locaux. Cette affection courante était nommée dans leur langue le Kakakoléokudukaraoké, indisposition qui obligeait bien souvent les autres à contourner dans la journée l’élite des noctambules, trop souvent atteints par cause de cocktails aux plantes infectés. L’esprit de la glisse déferlait alors comme jamais aux abords du village.
 
  Le parler des Natourists était d’ailleurs singulier et ce patois étrange était sans doute la dernière langue que puisse parler un homme avant d’aboyer. Les salines du nord-est et leurs petites criques tranquilles étaient plutôt fréquentées par les intellectuels chevelus, venus partouzer ici et manger en famille loin des sentiers battus. Tous y suçaient des queues de bœufs farcies et se pourléchaient de poireaux au coulis mitonnés sur de grands feux agencés à même la vase. On apercevait non loin de là quelques pirogues abandonnées qui mouillaient elles aussi nonchalamment allongées sur les grèves. Le grand Dieu au nez phallique des Natourists s’appelait Mat Ma Kékèt et tous les samedis, ils procédaient en son honneur à l’abattage rituel des escargots en leur arrachant les coquilles avec les dents, prenant bien soin de le faire face au totem de Mat Ma Kékèt, devant qui on ne montrait par contre prudemment jamais les fesses. Formidable passage entre les générations, le seul ordre religieux exigé par ce Dieu étrange de la part de ces gens, ainsi perdus au milieu du Marais-Jean, semblait consister dans l’obligation formelle de se balader à poil, tout le temps et en tout lieu. La démographie du Capdag était par conséquent excellente.

 

Quand aux captifs plongés au cœur de la luxuriance de cette singulière civilisation, mais insensibles au rythme frénétique de leur musique de nuit, ils avaient été enfermés dans une grande cage d’osier, en attendant d’être sacrifiés. Il observaient en spectateurs les coups de cœur et les coups de gueules de leurs bourreaux, enquêtant sans préjugés sur leurs défaillances et leur carences, avec un œil forcément critique sur la taille et le poids de leurs machins exposés à tout vent, mais également, de la part de Belbit notamment, de légitimes œillades sur les minettes tatouées et rasées des plus jolies. Maître Mirlen notait tout ce qu’il voyait dans son grand manuscrit. Bien qu’empiégée, dame Helga semblait séduite et fascinée par la tribu, louant surtout la grâce de leur Dieu, chez qui elle devinait avec gourmandise quelque résolution harmonieuse :

 

–  Ce Dieu Mat Ma Kékèt de part ici, en dehors d’être monstre du marais, m’a l’air très bon gaultier. La confusion de ses sentiments s’entremêlait d’une involontaire ode à la nature.

 

– Ha que non, l’interrompit Mirlen en délaissant sa plume, fasse Sainte Kramouille que nous ne l’ayons point derechef devant nous ! Il m’a tout l’air de posséder une humanité fort bestiale.

 

– Son pif éruptif qui défie la norme vous donne jalousie, avouez.

 

– Point n’est correct pour les hommes de Fion de céder au fétichisme, reprenez vous, Helga, ou vous seriez perdue.

 

– Ho, vous avez l’érudition papillonnante, Maître mage, c’est comme ça vous arrange, moi je trouve cette tête de bite de Mat Ma Kékèt fort présentable.

 

Tactile, grassouillet et jovial, le chef de la tribu arriva pour les voir et que trépassent s’ils faiblissent, les chevaliers Erald et Hivalanoué avaient fort envie de le jeter aux mânes, histoire de lui toster les burnes. Hélas, ont leur avait chipé leurs coutelas et bonnes épées, aussi leurs mains étaient plus nues que le zob à Dudule Fessovan, lequel était le nom de l’autre baronnet à gourmette qui régnait sur tous les Natourists. Vibrant de force contenue, Erald lui mollarda la gueule, histoire de faire changer sa focale à Dudule. Mais l’exercice ciselé n’eut même pas l’occasion de le faire cesser de sourire. Point blasé ni ronronnant, Hivalanoué y rajouta sa dose, d‘un tir plus calibré. William curait ses ongles et regardait ailleurs.

 

– Holà messires, cessez vos jets de morve et parlons de cette Sainte Kramouille que vous vénérez tant.

 

Mirlen ne manqua pas de sauter sur l’idée d’une mission :

 

– Kramouille est seul vrai Dieu et la seule efficace. C’est autre chose que l’approche chaotique religieux qui règne dans vos clairières clandestines et boueuses. Qu’elle déchiquète vos côtes comme les falaises de Fion !

 

– Tsss, reprit Dudule, oyez donc ce vieux con. Mat Ma Kékèt va te régler ton compte au son du tambourin, et ce n’est point Kramouille qui te viendra sauver. En général, on procède avant le sacrifice à l’ablation des mains et même parfois des pieds, pour éviter de courir et subir la punition sacrée. Nous, tout ce qu’on croit, c’est que le gros pénis de notre Dieu plonge dans la vase du marais ou s’élève dans le ciel ; voilà pourquoi Mat Ma Kékèt est considéré chez nous comme le symbole vivant des relations charnelles qui s’établissent entre le ciel et la terre, et nous, on trouve que c’est pas con.

 

– Point mon corps ne serait trop rebelle à recevoir ton Dieu par pieuse et puissante étreinte, à laquelle je serais honorée de répondre par pieuse et puissante succion, essaya dame Helga.

 

 Alors Erald lui balança brusquement un coup de coude dans les côtes. Une jalousie hétérosexuelle l’égarait, il s’excusa aussitôt auprès de sa mie en lui faisant bisou, mais Helga se sentit dépossédée du rôle salvateur qu’elle comptait jouer auprès des camarades. Elle s’en alla bouder au fond de la prison, où Belbit s’extasiait quand à lui sur la grosseur de la bite à Dudule, plus grosse que la section de son bras de nain emmanché de lainage, toutefois ridicule en comparaison du pif à Mat Ma Kékèt, tout rempli de vibrations anormales.

 

– Ha, cria Helga dans son désespoir, quelle rage nous a poussé au sein de tels monstres ! Ah, comme s’éloigne à ma vue le lointain Bonanzaza et cette fleur de pinette que mes yeux ne pourront jamais voir.   Ah, comment ma vessie ne s’est-elle pas encore déchirée d’émotion et d’horreur !

 

– Certes ma grande, il y aurait urgence à les faire réfléchir sur la validité de leurs pratiques ancestrales, et changer leurs habitudes de pensée qui prêteraient à rire, si nous n‘étions pas leurs prisonniers.

 

– L’argumentation la plus immédiatement efficace serait peut-être de leur faire comprendre l’utilité de tisser des caleçons.

 

– Hélas, leur civilisation n’est point celle de Fion, fondée sur la réflexion qui mène le cœur en paix, mais celle de l’asservissement d’un peuple sujet à la discorde et l’injustice brutale. Somme toute, ces péquenauds ne sont que les esclaves de leur Dieu qui trouve en leurs trous les orifices par lesquels la lumière divine parvient jusqu‘à ses créatures ; mais également d‘où sort pour tous les Natourists le souffle des grandes épopées. Ce monstre des marais me semble pour eux tout autant objet de dévotion que de délectation esthétique. Ce qui me donne grand soif, à présent.

 

Au travers de la palissade circulaire close et solide qui l’emprisonnait, Dame Helga perdit son regard sur un bûcheron en train d’abattre un âne, puis sur les tonneaux de friture posés près du totem, les vieillards tout remplis d’eau croupie qui chiaient en plein soleil, les fagots préparés pour le feu, les montagnes de coquilles vides des moules et des huitres flanquées à la décharge, et les petits oiseaux qui picoraient les grains au milieu du village la firent longuement pleurer.

 


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Revue de presse.

 

Aujourd'hui : le voleur de balles.

 

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:42:06
n°39205946
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 19-08-2014 à 13:59:11  profilanswer
 

Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 13.

 

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Trois chinois ou apparentés passèrent en volant au-dessus de la ville d‘Isdiboulaouane, et c’était toujours étonnant cette volonté des bridés de planer au-dessus des pyramides pour un oui ou un non, bien que cela ne prêta pas à conséquence sur le rayonnement de l’Egypte, au contraire des magouilles Hittites. Après quelques tortures, on ramena Safaitoulbenef dans sa prison à la déco exquise où Jésentilpetla s’efforça de le soigner. Incommodée par la chaleur étouffante qui sévissait dans l’ombre des souterrains obscurs, elle avait retiré son haut. Pourtant, la cellule de Safaitoulbenef se perchait au deuxième étage, il profitait donc d’un large balcon donnant sur d’impressionnantes falaises. A vrai dire, on l’avait surtout installé là pour l’ambiance, alors que le geôlier Baraput tressait déjà une corde pour le pendre, au cas où la noyade serait trop onéreuse et que les juges changent d’avis au dernier moment. Jésentilpetla peignait les cheveux du prisonnier coiffé comme une pieuvre pour le débarraser de ses poux, qui n’étaient pas aussi sacrés que les morpions de la reine. Etourdie, elle tressa ensuite ses propres cheveux sur ceux de Safaitoulbenef qu’il portait sales et longs. Comme l’esclave avait le don de la parole, il gueula un bon coup, pour se retrouver la bouche fortuitement collée sur celle de la belle fille du geôlier, qui avait l’âme aussi bronzée que son corps parfait. Le germe de la vertu les quitta, et seule une inclination vicieuse les guida, avec une fougue mutuelle absolument admirable. Indifférents à l’ardeur du soleil qui régnait à l’extérieur, ils se fatiguèrent d’une manière extraordinaire, car Safaitoulbenef  était  un homme robuste, une fois transplanté chez quelqu’une, comme il l’avait prouvé à ses dépends en taquinant d’un peu trop près la pharaonne multipatinée. Il passa largement les bornes de la modération, oubliant toute crainte de son futur châtiment. Si les esclaves ne sont que des meubles, en revanche, Jésentilpetla se montrait très souple et installait dans la tête de son nouvel amant une délicieuse envie de superflu, travaillant dans les œuvres en cadence, avec des effets perceptibles sur le labourage de ses formes et le sable de la prison. Puis il roulèrent tous les deux épuisés sur les nattes de vannerie sommairement tissées. Une fois remise de ses émotions, la jolie fille lui témoigna de la sympathie en lui proposant des gâteaux, car l’amour offre toujours une parenthèse heureuse :

 

– Par Osiris, heureusement que t’es pas roux, ça porte malheur en Egypte, d‘ailleurs on les flingue. Enfin pour toi, ça revient au même que tu sois brun, mais j’ai bien envie de te sauver la vie, maintenant.

 

– Commence par me libérer de tes tresses, ça tiraille un peu.

 

– Ho pardon. Elle s’exécuta auprès du futur exécuté.
 
 Safaitoulbenef avait confiance en elle et sa féminité, mais il savait que Tahosétlafer voulait par-dessus tout sa peau. Quand à Baraput, il était animé par le souci de la loi et de la justice, il entra donc dans une grande colère lorsqu’il découvrit sa fille endormie à côté de son prisonnier. Il redoutait surtout la mauvaise publicité que pouvait lui causer cette liaison auprès de la Pharaonne. Il tenta de raisonner Jésentilpetla en lui disant qu’elle entravait ses études, qui plus est avec un futur mort nettement plus âgé, puis il l’enferma à double tour dans sa chambre en la faisant beaucoup pleurer, avec en prime deux baffes sur la joue. Rien n’y fit pourtant, car l’amour venait de se distiller dans les veines coronaires de la jeune femme comme le venin du cobra, en moins douloureux. Petit poussin fragile à l‘âge des tourments, elle se réjouit cependant que la cloison de sa chambre soit mitoyenne à la cellule de son amant, auquel elle rêvait en soupirant, car cet homme vigoureux était reposant, doux et accueillant ; elle souffrait également pour l’être humain qu’il était, car elle savait que son père prenait son travail très au sérieux. Elle l’entendait d’ailleurs faire son ménage à l’étage supérieur. De son côté, le condamné manifestait toujours une certaine opposition à sa situation. Il se sentait à l’étroit dans sa cellule et les ronflements de Jésentilpetla qui dormait derrière l’un des murs lui provoqua des cauchemars. Il aurait voulu se dédoubler parce que la tendresse de sa main ne suffisait pas à pallier le manque qu’il avait d’elle, comme il avait aussi le regret des charmes de Néefièretarée, car en amour, il était très généreux. Il rêvait en secret d’être un Dieu, comme ce chacal d’Anubis, à la fois protecteur et menaçant. Jésentilpetla avait elle-même des problèmes de sommeil et développait peu à peu, d’une manière excessive, une incompréhensible phobie des scorpions, tout en rêvant d‘une façon déraisonnable d‘embrasser son nouvel amant dans la neige.

 

Quand à elle, Néefièretarée avait pris refuge dans sa litière portée cette fois par des enfants de huit à quatorze ans considérés comme le carburant du futur, outil admirable conçu à la fois pour l’habitat et la locomotion, sans compter que la carrosserie lui faisait un abri intime où elle pouvait rêver dans la pénombre à une certaine simplicité qui lui faisait du bien, loin des ors du palais provisoire d‘Isdiboulaouane. Il était cependant trop tard pour sauver son esclave adoré de la noyade, elle s’en rendait bien compte et une soudaine rechute ne lui en donna d’ailleurs guère les moyens. Elle retomba dans un lourd coma, sans se douter que c’était en fait l’œuvre de Tahosétlafer, qui avait plongé un peu de jus de pavot dans son pinard Gaulois. Elle était à présent inconsciente, tournant et retournant dans son esprit éteint le même rêve, qui consistait à crever lentement les yeux du devin avec une fourchette à dessert. Lorsqu’elle avait compris que Safaitoulbenef était perdu, elle était entrée dans une violente colère, jetant à la figure du prêtre un panier rempli de figues, mais sous les bordées d’injures, il n’avait pas bronché :

 

– Reprenez vous, ma reine, vous êtes une femme de haut rang.

 

– Je ne suis pas d’Oran, qui n’est pas en Egypte, car je suis née à Thèbes.

 

C’est sur ces derniers mots qu’elle retomba en léthargie. Comme elle ne commandait plus son véhicule dans son état d‘absence, les porteurs privés d’ordres la transportèrent longtemps en zigzaguant au travers des récoltes, pour la conduire en plein désert, où on les retrouva avant de les enterrer vivants, obligeant le garage du palais à changer la direction. On rajouta à la litière des prototypes de porteurs plus âgés et moins cons, mais aussi un efficace système « stop & start », avec à la clé pour le trône une facture conséquente. Armés de leurs calames, les scribes secrétèrent de l’encre pour régler l‘addition, et puis trois jours plus tard de grosses larmes coulèrent sur les joues baffées de Jésentilpetla, autorisée à sortir sous la garde étroite de son père à la pédagogie tranchante, lorsqu’on porta Safaitoulbenef jusqu’aux rives enchanteresses du Nil. Au prix d’une violente étreinte, car les soldats enfoncèrent le manche de leurs lances dans sa masse charnue, offrant à tous la vision d‘un corps devenu une pauvre machinerie souffrante. La jeune fille aurait bien aimé que quelqu’un d’autre meurt à sa place. Elle comprit qu’elle entendrait la mélodie accrocheuse de ses appels déchirants pour le reste de  sa vie, puisque chacune de ses suppliques la faisait atrocement bondir. Aussi lâchât-elle aussi au vent de pitoyables stridences gutturales, ponctuées de nouvelles baffes de la part de son père. Lorsque la tête du condamné disparu finalement sous les flots, Jésentilpetla injuria longuement les Dieux qui n’avait pas autorisé son sauvetage miraculeux, sans doute parce que cette affaire était moins planante pour eux qu‘un suicide d‘artiste ou le destin d‘un prophète religieux. N’est pas Moïse qui veut. Après l’exécution, lorsque le corps de Safaitoulbenef laissé aux crocodiles fut totalement bouffé, la foule réunie s’éloigna ensuite du Nil chargé d’hémoglobine pour retourner en ville, avec le plaisir d’une éblouissant mise en scène partagée, dans une chatoyante débauche de rouge et d‘ocre. La mort du porteur de litière avait surtout pour Tahosétlafer le mérite d’ouvrir une voie prometteuse, dans laquelle il comptait bien rapidement s’engouffrer.

 

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:44:24
n°39214326
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 20-08-2014 à 09:58:22  profilanswer
 

Revue de presse

 

Aujourd'hui : Braquage aux impôts.

 

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Il est important pour la Moyenne Encyclopédie de recueillir vos avis sur les romans qu'elle présente. Découpez au cutter sur votre écran le coupon ci-dessous, après y avoir indiqué vos romans préférés par ordre de préférence, mais également ceux que vous aimez moins, et pourquoi. Puis faites le nous parvenir comme vous pourrez.

 

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:48:14
n°39217072
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 20-08-2014 à 13:02:49  profilanswer
 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 29.

 

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Lorsqu’à la pause café Gwendoline raconta en détail les soins du 71 par transfert salivaire, Jeanne ne s’empêcha pas de répondre par un commentaire fielleux, sachant combien elle affolerait de ce fait les deux infirmières qui lui faisaient face :

 

– Dis donc, le boss, il serait pas un peu gay ?

 

Gwendoline et Babette ne purent éviter de se jeter toutes les deux un regard mortifié. Leurs jambes tremblaient nerveusement devant l’audace de cette perfidie. Comment cette petite aide-soignante dépressive, affublée d’un tic faciale notoire et d’une passion amoureuse pour un amnésique dangereux, pouvait-elle se permettre une supposition d’une telle gravité ? Certes, Babette pouvait passer pour une collègue moins encline à détester Jeanne que Gwen, mais fallait pas pousser non plus. Une fois n’est pas coutume et la surveillante générale repris la conversation avec une préférence notable de regard pour Gwendoline, dont la bouche formait un pistil rose orné par les diamants de ses dents :

 

– Une profonde amitié le lie à toutes ses assistantes, mais c’est un homme solitaire dont la vie est entièrement consacrée à sa clinique. Je sais que je lui apporte une aide précieuse en fleurissant de temps en temps la photo de son chien posée sur son bureau.

 

– Et moi la grâce tranquille d’un sourire féminin dont il a tant besoin. Elle eut tout de même un geste du pied qui montrait d’une manière peu claire qu’elle était jalouse de l’intérêt que témoignait cette pauvre inconsciente à l’égard du docteur Jason. Elle n’était somme toute pas dupe de son personnage de salope qui l‘avait conduit à devenir sa supérieure hiérarchique.

 

Devenue subitement très froide, Jeanne cogna involontairement ses incisives contre l’aile de son nez, puis se plongea dans la lecture de « Tarzan », 12 pages, 15 euros, avant de reprendre son travail. Elle trouvait plus normal qu’une femme désire rejoindre dans la mort celui qu’elle aime, mais elle s’abstint de tout commentaire. Sans doute était-il temps de penser sérieusement au monde, mais aussi à sa vie. Dans les couloirs, les conversations et le bruit infernal qui régnaient dans la clinique la distrayaient des yeux hagards des malades dilatés par la fièvre qui cherchaient la sortie. Puis elle se dit que peut-être, les deux infirmières poursuivaient sans doute le même idéal qu’elle. La chambre du 25 lui proposa une vision de cauchemar, elle s’en éloigna rapidement, sachant qu’invariablement, elle finirait par rôder autour de la 93. Le planton était toujours là, ironisant avec la 168 sur sa passion des romans d’amour. Il semblait vouloir la guérir de ses obsessions en se montrant tel qu’il était, penché sur le pauvre visage éperdu de cette patiente aux yeux roses, célèbre danseuse de music-hall atteinte de retraite qui fila promptement dans sa chambre. Jeanne était toujours décidée à sauver Jhonny et pour ce faire tenter l’impossible, sachant qu’elle aurait bien du mal à supporter le blâme de son homme si par malheur elle échouait. Elle eut pourtant un sourire d’extase en contemplant les murs blancs, derrière lesquels elle voyait par une transparence imaginaire le visage hilare et chéri de Jhonny. Le planton se pencha cette fois sur le visage de Jeanne, histoire de le scruter avidement. Il semblait obsédé par les secrets de la séduction féminine :

 

– Il y a quelque chose chez cette 168 qui m'échappe et que je ne comprend pas. Il semblait se perdre dans les traits tirés et la coiffure austère de Jeanne.
 
 La voix de Jason parvint dans leurs oreilles, venant de la chambre de Jhonny. Jeanne prit instantanément un air moins sévère, tout en mettant en marche sa monobrosse pour lustrer le linoléum du coupe-gorge ultra pollué que représentait le couloir. Elle se laissa porter un moment par le rythme nonchalant de sa machine, sans pour autant ni danser ni chanter. Elle avait l’air si heureuse. La proximité de son amant amnésique agissait visiblement comme n’importe quel neurotransmetteur en provoquant chez l’aide soignante désir, plaisir et mouvement. Le gardien nota le changement total dans l’attitude de Jeanne, dont la joie faisait place à un profond abattement. Elle semblait plus féminine. Il voyait bien qu’elle avait envie de pleurer et de rire à la fois. Rien de ce qui entourait la jeune femme ne semblait compter au moment où elle entendit Jhonny à son tour, lequel faisait au chirurgien-chef des commentaires éclairés sur un certain rosé de pressurage direct :
– Vous savez, docteur, son nez vous envahit de senteurs corsées incroyables de puissance et de précision. Je suis persuadé que la proximité de l’autoroute lui donne un fruité supplémentaire. Vous n’avez qu’un mot à dire pour que je vous en fasse livrer quelques caisses, je connais très bien le producteur.

 

– Vous êtes trop sentimental, Jhonny, nous en reparlerons.
 
 Jason ouvrit la porte pour quitter la chambre 93 et se retrouva nez à nez avec Jeanne, qui remisait soigneusement le câble électrique de son appareil. Il n’aimait décidément pas la savoir rôder dans ce coin là, bien qu’en l’empêchant de revoir Jhonny il s‘en voulu de la condamner à une vie austère qui la rendait déssèchée, partagée uniquement entre sa télé et son travail.

 

– Venez donc avec moi, Jeanne, j’ai l’intention de faire passer au 76 une radio des cheveux. La prise de radios, seul ou en couple, impose souvent le recours à un tiers, comme vous savez. Il y a longtemps que je planche sur un système efficace de prise de radio pour faciliter l’autoportrait autonome.

 

En la suivant dans le couloir jusqu’au service de radiologie, Jason laissait errer ses pensées en se disant que cette petite Jeanne n’était qu’une pauvre enfant fourvoyée par un mauvais génie qui ne pouvait dormir sans lui. Il trouva cette idée ridicule. Un jour elle avait fait l’aveu surprenant qu’elle l’aimait, ce qui l’avait laissé incrédule. Mais Jeanne était si courageuse qu’elle avait quitté ses parents pour vivre en ville, il était sans doute normal que la tendre compréhension de Jason ait su gagner sa confiance et provoquer ses confidences, comme c’était souvent le cas avec son personnel féminin, en tout cas plus qu’avec les clients de la clinique. Un jour, il n’hésiterait sans doute pas à demander à Jeanne une solution à quelque problème d’archivage. Fallait-il qu’il s’avoue en plus être touché de temps à autre par le nœud en raphia qu’elle portait dans les cheveux, mode sans doute lancée par de jeunes passionnées.

 

– Laissez moi voir Jhonny, docteur, rien qu’une fois.

 

– Hà vous savez le dire avec une belle phrase ! Ecoutez-moi, Jeanne, il guérira bientôt, sinon j’abandonne mon métier. Faites-moi donc un peu confiance. Après tout, il est plusieurs, mais il n’a qu’un seul cerveau. Et puis en ce moment, il redonne du sang neuf à la viticulture locale. Je verrais le commissaire Mensinq, pour qu’il fasse verser cette info au dossier d’instruction, d’ailleurs.

 

– Ne soyez pas aveugle, Jason, vous voyez bien que Jhonny et moi, nous ne sommes plus rien l’un sans l’autre !

 


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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:50:08
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-08-2014 à 08:28:27  profilanswer
 

Revue de presse
 

 

Aujourd'hui : Accident de hamac.

 

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Revue de presse
 

 

Aujourd'hui : Courrier des lecteurs.

 

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Cher Pro-fesseur Talbazar,

 

Je vous suis particulièrement reconnaissante de m’avoir fait découvrir la profession de porte-manteau, grâce à vos utiles fiches-métier. Bien que médaillée de la légion d’honneur, du mérite agricole, d’un "Lifetime Achievement Award", détentrice d'un summa cum laude obtenu au cours de mon parcours universitaire et par ailleurs gratifiée d’un honoris causa lors de mon doctorat en parfumerie, je n’avais pas réussi à trouver un emploi jusqu’à ce jour. Je suis désormais fière d’avoir monté ma propre entreprise, pour laquelle j’effectue de nombreuses prestations à domicile chez les particuliers.

 

Bien à vous, Ginette Dimpo.


Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:54:08
n°39241611
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 22-08-2014 à 16:04:15  profilanswer
 

Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 49.

 

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La mort d’Alphonse démantela dans la seconde l’église des évangiles secrètes de Saint Jean l’Apostiche de la Jésuralem Céleste, voie des bonnets verts du Saint Temple de l’amicale non laïque de l’école de la petite Jéricho. Amputés d’eux-mêmes, 95% des adeptes optèrent pour une stratégie de suicide en masse et les autres filèrent vers la Scientologie. Un tout petit nombre opta pour une vie de clubber à Ibiza, où la plupart des boîtes de nuit à la clientèle idiote sont tenues par de gros ploucs parvenus et voyants. Marlou rapporta la tête d’Alphonse à Géraldine Kidor qui parut s’en foutre, vu que ses préparatifs de mariage avec Ban Leden semblaient retenir l’intégralité de son attention du moment. Elle remarqua juste, non sans cynisme, que la princesse était toujours en fugue avec sa rondelle sacrée, et qu‘un chantage auprès du Pape était toujours possible. Seulement, cette lolita bagarreuse venait de faire 452 morts dans les rangs des sentinelles de la révolution, aussi Mme la présidente recommanda à Marlou de l’informer en priorité s’il avait quelques nouvelles de ce poison mineur. Elle refit les comptes à cette occasion, promettant pour sa capture une nouvelle somme qui faisait plaisir à voir. Le privé empocha son flouze sans moufter, embrassa son ex sur la joue et reprit l’avion en compagnie de Kiki, lequel en profita pour goûter outre-mesure au brandy du bord. Puis l’inspecteur partagea la thune comme convenu avec les frères Delacotte, qu’il passa voir de temps à autre à l’hôpital pour leur apporter des oranges. Grand seigneur, il régla sans piper la petite note abandonnée par Gino la Soudure, dont les deux frangines bouclaient justement leurs valises afin de décoller en direction du Lagon Bleu.

 

 Dès qu’il croisa les yeux de Carla, Marlou compris qu’il se débarrasserait aisément d’une certaine censure à son égard, et la vision de ses miches qui sortaient du vison lui offrit à la dérobée l’occasion d’une intéressante enquête décalée. De son côté, Carlita apprécia mine de rien ce saucissonnage mental, d’une sauvagerie qui n’était ni croquis, ni abstraction. Elle apprécia en connaisseuse le fait qu’il ait soudainement beaucoup de mal à desserrer les dents en sa présence. La belle Italienne considéra donc cet échange fructueux comme une affaire à suivre. Un peu plus jeune, Valéria n’était pas moche non plus, disons qu’elle incarnait dans ses formes et le prix de ses lunettes un succulent exemple de Napolitaine célibataire. Babe leur présenta Gouinette Patrol et Ashley la Gorette en usant d’une truculence volubile et sincère, mais les deux femmes intimidées devant leurs patronnes  se contentèrent de regarder leurs talons hauts sans décrocher un mot. Carla qui semblait avoir une certaine ascendance naturelle sur sa sœur leur serra la main mollement. Elle précisa d’emblée qu’elle et sa sœurette avaient de réelles ambitions pour le groupe, afin de sortir le Lagon Bleu de cet âge des ténèbres succédant à la mort de Gino. Kiki aboya de satisfaction lorsqu’elle exposa son idée de mettre en place un casino clandestin.

 

– Ok fit Babe, ça nous fera des revenus décents, mais je m’oppose à toute présence lycéenne, je veux pas d’ennuis avec les parents.

 

– T’inquiète, fit Marlou, en général ils sont en-dessous du seuil de pauvreté, et puis ils préfèrent envahir les espaces culturels ou se taper au cinéma trois navets par semaine. Disant ces mots, il s’était rapproché de Carla, dont la main aussitôt posée sur sa cuisse lui fit l’effet d’une drogue festive.

 

Gouinette lui servit des cocktails. Un peu de cannabis sortait de son haleine pour charmer son quotidien. Valéria s’amusait du manège impudique de sa sœur auprès de Marlou, en la voyant plonger cette fois bien au fond de ses poches. Elle prit une voix douce pour intervenir en lançant un débat passionné.

 

– On pourrait proposer aux frères Delacotte un contrat en or sur cette affaire de casino, ils nous foutront la paix et pourront s’occuper du bureau des réclamations, si l’obstination de la roulette à s’arrêter sur le 6 en fait râler un ou deux.

 

– S’associer à ces connards ! Babe respectait le droit du Lagon Bleu à filouter le consommateur, mais elle craignait quand même les effets pervers potentiels causés par les jumeaux.

 

– Mais non, c’est une bonne idée. Carla s’aperçut qu’il y avait quelque chose de phallique dans le pantalon de Marlou, au moment même où celui-ci mettait de son côté le feu à son bûcher.

 

Ashley la Gorette s’était ligotée au pied de la table pour amuser Kiki, mais aussi pour bien montrer à tous qu’elle n’était pas là pour donner son avis. Finalement, on se mit d’accord pour que Jules et Jim prennent la direction du casino avec une participation sur le capital, histoire d’enchanter le projet. Marlou apportait sa quote-part, vu qu’il était en chance après l’affaire d’Alphonse.  Les sœurs de Gino avaient déjà en tête leur petite idée pour réorganiser le rez-de-chaussée, débattant sans fin sur la meilleure manière d’y installer les tables de jeu. Comme foudroyée par une sorte d’orage intérieur, Carla fut délicieusement torturée par quelque fulgurance, encapsulée par le pouvoir d’enchantement que dessinait en elle la main de Marlou. Kiki sauta sur les platines pour que tout le monde se mette à danser, y compris le gros videur posté à l’entrée. Le Yorkshire fit durer les intros en balançant les gammes, avant de s’envoler pour faire le con sur une boule à facette. Parce qu’elle procédait avec une certaine ardeur, la main racée de Marlou fit pétiller les yeux en amande de Carla qui avoua en murmurant le trouver très séduisant, et puis elle tomba totalement dans ses bras. Ils s’enfermèrent ensuite dans les chiottes pour répondre à leur désir d’intime, alors que Valéria soudain très copine avec Babe lui avouait en se trémoussant :

 

– Quand j’étais petite, je n’allais jamais aux boums, j‘avais des  préjugés, mais en fait j‘avais peur.

 

– Moi, ado, je croyais que le système était juste, du coup j’étais pas rebelle, mais bien solitaire.

 

Outrageusement pétée au blue lagoon, évident cocktail phare de la boîte, Ashley la Gorette s’était libérée de ses liens pour aller les rejoindre sur le dance-floor. Il ressemblait à Amel Bent dans sa version bouffone :

 

–  Les règles c’est pas bon, ça rend la vie moins drôle.

 

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Message édité par talbazar le 20-02-2018 à 09:55:40
n°39267516
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 25-08-2014 à 18:15:32  profilanswer
 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 28. http://img11.hostingpics.net/pics/347738ReturnofTheodin.gif

 

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Les tambours pétaradèrent à diantre dans la sombre mangrove pour attirer Mat Ma Kékèt, car c‘était temps pour les Natourists d‘offrir la malheureuse communauté en sacrifice. Par invitation personnelle, on bouta leurs membres en dehors de la cage pour les mener aux confins du Capdag, haut lieu réputé pour ses sortilèges. L’esprit cartésien de Mirlen plaidait pour une explication rationnelle de tout phénomène, à la limite pour une intervention miraculeuse de Sainte Kramouille, mais il ne risquait pas de gâcher ses chances de réussite professionnelle en tant que magicien du Fion. Point n’était pour lui de mise d’attribuer le moindre miracle à ce vilain Dieu du marais au gros nez pendouillant. Bien que pieds nus, ils quittèrent donc le village en grande pompe, en traversant un labyrinthe de caisses de poissons maculées de coliques torchées aux herbes curatives, ce qui ajouta beaucoup à la souffrance de leur condition.

 

– On est loin de la mer et pourtant ça sent la mer d’ici, fit Belbit.

 

– Certes, renchérit William, voilà bien une façon originale d’entrer dans un nouveau monde par une réflexion profonde provoquée en glissant dans le secret de ses méandres.

 

– Chacun sa bonbonne de gnôle, messires, ajouta Hivalanoué pour rassurer ses potes, puisque ces bélitres nous ont laissé par bonne fortune le droit d’en boiser à bon broc, lichons donc à loisir et bon courage à tous !

 

– Ouais, lui répondit Erald, et dans leurs balluchons ces loudiers ont clos nos belles épées, qu’ils veulent après nos morts balancer au fond du Marchais, soi-disant pour mieux glorifier nos cadavres. Tout n’est donc pas encore perdu pour nous autres.

 

Pour qu’ils soient dignes de recevoir leur Dieu, les Natourists avaient déshabillé intégralement leurs prisonniers, octroyant grande joie au Huelabit qui ne quittait plus Helga d’une semelle en voyant qu’elle n’était pas vraie blonde, talonnant la minette malgré ses injonctions courroucées. Erald jouait le muguet et s’efforçait d’apaiser les craintes de sa dulcinée, s’assurant par ce fait de mieux tomber amoureux d’elle. Mirlen n’avait pas eu d’autre choix que de se coller le petit gland magique dans son trou de balle, pour ne pas se le faire confisquer. Quand aux Natourists au grand complet, tout au plus quelques millions vivant de café et de bananes, ils les encadraient dans le plus simple appareil, s’époumonant pour chanter en chœur et à tue-tête des couplets religieux, tel le « Bro goz ma zadou » au son des petites trompettes de la garde ornées de leur jolies bonnes flammes. On distinguait de toute part des fesses pour tous les goûts, des grasses, des maigres, des excentriques, parfois entrelardées de morceaux choisis. Certaines portaient en pendentif des bijoux d’une extrême sensibilité. D’autres lâchaient des choses au vent mauvais et l’humidité du marécage pénétrait jusqu’aux os, alors que d’autres étaient pénétrées par d’autres de la longueur d’un os à cause de leur humidité. En revanche, tous pataugeaient dans une odeur pestilentielle, ce qui heureusement permettait de garder les pieds secs. Une délégation étrangère de la tribu voisine du pays de Braguette fermait la marche. Les Natourists s’arrêtèrent en chemin pour grailler géline et faire ripaille ; puis on repris la marche dans cet environnement qui dégageait force ions négatifs, au son de clarinettes rudimentaires. A aucun moment, ceux de la communauté n’avaient envie de rire, car ils se sentaient comme appât de fromage posé en souricière. La contrée du Marais-Jean était pourrie et sentait la diablerie, prête à libérer le monstre tapi en elle au milieu des lianes qui fouettaient. Parvenu au détour d’un coin visiblement paumé, situé au centre d’une clairière ombragée, chef Dudule Fessovan se mit à marmonner en mâchouillant ses mots.
 
 L’eau surchauffée du marigot se diluait dans les narines. Tous firent silence et s’installèrent autour des prisonniers, au milieu des palétuviers qui dominaient de leur hauts troncs la flore intestinale. Rassemblées en cercle autour de chef Dudule, de l’achidruide sorcier Zobalère et de la grande barde du Capdag Awolpée, de jeunes vierges peintes en blanc distribuèrent du gui à l’assistance, pour se contenter elles-mêmes de jeunes et courtes branches de bouleau. Cela devait servir à les protéger des bêtes malfaisantes. Perché sur un dolmen, chef Dudule rappela qu’une vente de fars et de gâteaux aurait lieu tout près de là, après la cérémonie, au profit des orphelins de tous les DJ du Capdag, comme c‘était brave et loyale coutume. Il rappela aussi que les bons d’achat demi-tarifs étaient en revanche exclusivement réservés aux membres attitrés détenteurs de la carte des clubs du village. Dix plateaux de fruits de mer se trouvaient en revanche à gagner, par grande tombola. En raison des prix élevés, beaucoup annoncèrent leur intention de bouder les friandises, pour se contenter des porte-bonheurs que venaient de leur distribuer les vierges gratuitement. Puis, par sens concret de la nature et l‘élan d‘un peuple chasseur d‘élans, l’archidruide sorcier Zobalère grimpa sur la grande barde Awolpée, pour effectuer une demi-heure d’un rituel étonnant supposé faire venir Mat Ma Kékèt. On chuchota à l’occasion des vœux pieux à l’oreille des enfants, par initiation spirituelle.

 

– Point ne soyons nicets, pleura Belbit, nous sommes perdus !

 

– J’ai toujours adoré ma grand-mère, fit Helga.

 

– Et moi ma mère Gudrun, ajouta William de Bochibre par véracité de sentiments, mais en perdant quelque peu ses moyens.

 

Ayant fini de patouiller, l’union des deux prêtres devint moins sérieuse. Chacun fit pénitenche, puis on se prépara à couper les mains et les pieds des prisonniers. Passant du rituel à la poésie, Dudule descendit de son monument cyclopéen, laissant la trace de son passage sur les pierres dressées. Alors fut célébré le rite du zizi levé, brandi par le chef comme signe de l’unité fondamentale du peuple Natourist. Rien donc du mystère de leur religion ne fut caché aux sacrifiés, victimes malgré eux d’un fort intérêt des spectateurs, lesquels applaudissaient à présent au son des binious cette cruelle investiture. Mat Ma Kékèt arriva enfin pour se rappeler au bon souvenir des assistants, sans laisser le temps aux sacrificateurs de démembrer leurs victimes, ni donner place au vin d‘honneur. Le cor des carabiniers l’annonça vers l’ouest, mais le corps d’Helga l’annonça de son côté avec gros bouillonnements. La musique municipale du Capdag donna son concert pour saluer l‘évènement.

 

– Voyez, vous autres, nous avons organisé grande fiesta et notre Dieu n’est point là par hasard.

 

En effet, Mat Ma kékèt s’ébroua en surgissant des eaux. La bite de son nez coinçait dans la vase et on avait l’impression qu’il faisait du surplace. Il marchait, se remuait, mais il n’avançait pas. Puis la vision des nichons d’Helga revint dans sa mémoire de bête et il se libéra de la boue, repoussant les algues qui engluaient ses jambes poilues ; il semblait brusquement saisi d’une crise de violence inouïe. Alors que tous les Natourists tétanisés avaient plongé par terre la tête basse en signe d’humilité, le monstre se mit à courser les membres de la communauté en hurlant :

 

– Je vais vous donnez la chance exquise de vous renifler, par projet d‘habitat de mon nez dans vos culs.

 

La communauté saisie d’effroi vivait donc une expérience émouvante, étonnante et difficile, qui les amena à réfléchir et à courir encore plus vite. Dialoguant avec son intuition, Hivalanoué avait réussi à s’emparer du balluchon contenant son épée. Derrière lui, il entendait le Dieu des marais répéter qu’il allait le lui mettre le premier. En une fraction de seconde, le chevalier pensa : « si je me retourne, je suis peut-être sauvé, car un esprit ouvert ne suppose pas avoir le cul béant ! » Voyant que sa proie lui proposait impasse, Mat Ma Kékèt voulu s’en prendre à William, lequel ferma les yeux en attente du coup de grâce.

 

– Cramponnez-vous, William ! le rassura Helga qui semblait connaisseuse d‘une expérience approchante, après, ce sera formidable.

 

Le monstre était au-dessus de sa tête et William sentit que sa fuite allait tomber à l’eau, aussi appela t-il sa mère, avec qui il avait toujours eu l’impression d’entretenir un lien magique et qu’elle le protégeait en toute circonstance :

 

– Maman Gudrun, ma petite momie, ayez pitié !

 

Comme façon de conjurer la poisse, Mirlen alchimiait à toute berzingue :

 

– Oyez, mon ami, dit-il en s’adressant au sieur de Balaizebaloches toujours en grand péril : l’eau dévie et ralentit les flux lumineux, par réfraction, en grossissant les dimensions de 33% de tout corps immergé, on croit que le monstre est à un mètre de nous, mais en fait, il se trouve à 1,33m.

 

Par processus de chance insolente, Mat Ma kéket était donc plus loin que prévu, ce qui laissa le temps au chevalier de lui châtrer son pif, puis de lui enfoncer sa lame au fond de la gorge, avec un bon coup de veine. Il le tua sur le coup et pour mieux s’assurer de sa mort, chef Dudule interloqué lui caressa les genoux. Une grande confusion fit frémir les Natourists, mais finalement ils acceptèrent que leurs prisonniers aient su attirer sur eux la faveur du surnaturel. Au cours d’un gigantesque bain de boue, ils écoutèrent les messages de la nature pour réviser leur destin et l’archidruide sorcier Zobalère frotta à nouveau la grande barde Awolpée, sans doute pour mieux appeler la protection des esprits du Marais. Alors ils proclamèrent solennellement les Natourists nouveaux frères en Kramouille, sur la base d’une mystérieuse révélation. On se fit des pipes et on fuma le calumet de paix, on sacrifia quelques virginités pour les purifier, et puis on se partagea au cours d’un bon festin la partie fine qui contenait avant l’énergie vitale du Dieu mort. Helga refusa bizarrement d’en manger. Dudule lui asséna que si elle échouait à croquer dans le pif du Dieu décédé, c’est qu’elle n’avait pas le cœur pur et que c’était grande honte pour toute sa famille. Elle s’isola plutôt en haussant les épaules, pour aller s’offrir une bouffée de son mec, dont elle maniait à merveille le tuyau creux. Certains esprits invoqués s’incarnèrent en cachette dans quelques participants, puis une fête champêtre fut lancée. On y dansa la gigue et bu du cidre au son des boomerangs et du didgeridoo, avant de regagner le village des Natourists. Ces derniers se montraient tout à fait apaisés par le pouvoir des forces occultes que venait de libérer la mort de leur Dieu, effiloché et crasseux. Chassant les moustiques de la main gauche, Mirlen les aspergea soigneusement d’eau bénite de la main droite en leur prêtant une oreille bienveillante, car Kramouille dominait selon ses dires tous les moindres génies.

 

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Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 30.

 

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Jason était fasciné. Jhonny se montrait un véitable guide conseil en matière de vins, et lui fournissait qui plus est ses conseils éclairés sans aucune prétention tarifaire. Localisation, histoire, surperficie du vignoble, production annuelle, tout, il savait tout. Vinification, encépagement, l’amnésique semblait impossible à coller. Après avoir récolté de belles idées pour remplir sa cave personnelle, car il était lui-même amateur de tropézien rouge, le chef de la clinique Saint Bernard se devait de faire son boulot, sans intermédiaire divin. Il aurait sans doute à livrer quelques bouteilles de crémant d’Alsace au père Albin Michel pour en être certain. Il implanta donc dans le cerveau du jeune homme un feuilleton bourré de flics issu d’une série américaine, en plein milieu de son noyau sous-thalamique. Une méthode utilisée jusqu’à présent uniquement sur des petits singes. Il arrêta cependant rapidement ce traitement, car Jhonny fut victime de violents tremblements, avec un grave disfonctionnement de sa motricité et un gavage excédentaire de chips aux lardons. Peut-être valait-il mieux envisager agir davantage sur l’hypothalamus que sur les ganglions de base, qui commandent chez les hommes toute action. Comme Jhonny venait de balancer violemment son plateau-repas à travers la chambre, Jason sonna Gwendoline dans l’urgence. Si Jhonny satisfaisait aux critères de l’œnologie moderne, l’infirmière honorait ceux de la beauté. Dans son T-shirt labellisé clinique Sant Bernard, elle était sidérante de charme lorsqu’elle pénétra dans la pièce avec une seringue déjà chargée.

 

–  Nabilone et dronabinol, Gwen, vite, et on n’en parlera plus.

 

– Ok doc, ça va être caliente ! elle poussa la dose, son geste assuré laissa fugacement apparaître les taquines bretelles roses de sa lingerie. Faudrait quand même surveiller plus sérieusement la régulation des endocannabinoïdes de ce monsieur, docteur Jason. Jeanne n’est pas autorisée à nettoyer sa chambre, je vous le rappelle.

 

Alors que Jhonny leur disait finalement au-revoir sans broncher, Jason trouva à sa blonde infirmière un air de petit dinosaure prédateur au yeux bleus. Son détachement pour ce malade frisait le cynisme. Visiblement, elle ne développait pas pour l’amnésique la patience logiquement nécessaire. Il quittèrent doucement la 93, avec un signe de tête au planton qui poireautait dans le couloir.

 

– Vous savez, Gwendoline, c’est formidable, la poule sauvage vient de voir son génome entièrement séquencé. Un milliard de paires de bases d’ADN contenant 20.000 gènes, dont 60% ont un équivalent chez l’homme.

 

–  Ah oui, Jason, mais pas chez la femme.

 

L’économie moderne des connaissances supposant que l’on puisse se taire, Jason la délaissa pour retrouver le confort de son bureau. Il s’occupa ainsi à hiérarchiser les contributions, et notamment à s’occuper en priorité de sa demande de subventions liées à sa recherche sur le selfie radiographique. Il donnait l’impulsion, aux autres de financer ce projet. Il s’autorisa à sucer une pastille mentholée. Le compte-rendu de scéance de l’OMS lui donnait plein pouvoir, ce qui court-circuitait les septiques et redonnait une chance à la médecine de mieux soigner des badauds plus fracturés qu‘un coffre Monégasque. En secret, sa satisfaction s’amoindrissait du fait que la réflexion qui orientait ses travaux se basait en fait sur un vieil article publié dans les années 30. Il avait de nombreux amis directeurs de labo, mais heureusement, il ne s’était pas lancé lui-même en politique, puisqu’en Suisse les élus devaient rendre publique tout conflit d’intérêt. Sa malchance de n’être pas Français. Le temps qu’il passa à sucer son bonbon prouvait clairement sa crainte d’être un peu emmerdé par un consortium chinois. Pulvérisant brusquement ses réflexions, Babette l’appela pour qu’il aille voir Liliane au 35 selon son agenda, une adolescente américaine parfaitement honorable dont il savait qu’elle avait veillé toute sa vie à ce que sont portable soit chargé. Elle était atteinte de vocal fry, ce qui lui faisait craquer chaque fin de phrase comme un parquet pourri. Avec sa voix cassée, sans lâcher la lecture d’un Cecily von Ziegesar, elle lui souhaita le bonjour de façon anecdotique et Jason usa de toute son influence pour essayer de rester dans la chambre. La gosse fit bien comprendre qu’elle ne se laisserait pas apprivoiser sans préliminaires. Ainsi refusa t-elle le tutoiement, arguant du fait que la 35 n’était pas une salle de shoot. Liliane était une enfant de bonne famille et la fille d’un haut fonctionnaire, ce qui autorisait Jason à considérer financièrement le longue occupation de cette chambre sous un jour très favortable. Cerise sur le gâteau, bien qu’en grattant ses cordes vocales, elle parlait français couramment :

 

–  Et donc mon fatherrr à renouvelé le bail ? I want my dog.

 

Babette aurait bien giflé cette petite trainée bourrée de tocs, surtout sans raison. Depuis longtemps, elle savait que Jason cultivait un goût douteux pour ce genre de gamine, en tout bien tout honneur, c’est sûr, mais avec une vigueur toute paranoïaque cette constatation lui donnait des hanches. Comme si cela devait suffire à emousser les dents longues de cet ange New-Yorkais, l’infirmière la fixa très durement, avec le sentiment de se trouver en légitime défense. A cet âge là, on est toujours jolie, même en tenant compte du décalage horaire. Peut-être était-ce la raison pour laquelle en la foudroyant toujours du regard elle fixait là une limite à sa propre générosité. Prenant malgré elle une voix de baryton-basse, la petite laissa tomber son i-phone, avec qui elle entretenait de toute évidence un rapport sensuel et tactile, pour relever la tête. Elle se faisait un point d’honneur à ressembler à une image de synthèse, pour bien montrer à tous qu’elle était immortelle :

 

–  C’est quand que je pourrrais retourner faire du skate à Washington Squarrre Parrrk ? I hate all this white materrrial.

 

Et puis, en neurasthénique radieuse, elle éclata en vagues larmoyantes. Babette hésitait entre l’effarement et la colère, cette petite pute était tellement bourgeoise. Mais alors que Jason tendait un mouchoir à cette éplorée, elle-même n’était-elle pas prête à recevoir une fessée de la part de son chef ? L’infirmière n’avait que des doutes, jamais de certitude. Comment savoir s’il était bien à l’écoute de ses fantasmes ? Le rapprochement effectué par son bras pour le frôler n’offrait qu’une démonstration consternante et fugace, que le toubib ne sembla d’ailleurs pas jauger. Il traçait un très beau portrait d’homme, suffisament élégant pour que le cœur de l’infirmière batte à sa vue des incantations exaltées. Il était l’encre bleue et elle le papier vierge sur lequel se traçait, d’une indépassable philosophie, la logique de son amour d’où transpirait le sang d‘une blessure muette, mais profonde. Oui, c’était bien à cette altitude qu’il chantait rien qu’en parlant dans le vase brisé de son âme d‘infirmière. L’introspection spleenienne la fit mélancoliquement frissonner. Comme si cela devait offrir un antidote aux doutes de cette sublime parenthèse, elle balaya la salle du regard que la petite patiente avait déjà recouvert de graffitis hilarants. Elle réclamait à présent à tue-tête sa ration d’orange-juice. Le désarroi de l’adolescente n’eut pas de limite, lorsque Jason lui affirma que les chiens n’étaient pas autorisés dans l’enceinte de sa clinique. Et puis ils durent quitter précipitamment la chambre, après que fut déclaré à Liliane qu’elle aurait sans doute à passer au chaud au moins 125 jours de rétention immobile, dans sa belle robe de chambre. Cette affirmation soigneusement mijotée par Jason venait de la priver subitement de la parole, ce qui constituait selon lui un début de guérison. Babette releva avec grâce le défi ambitieux de le suivre côte à côte dans le couloir.

 

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Message édité par talbazar le 25-08-2014 à 18:18:22
n°39277256
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-08-2014 à 14:48:26  profilanswer
 


Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Illustration vintage.

 
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Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Il hypnotise les dindes.

 
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n°39286186
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-08-2014 à 11:23:56  profilanswer
 

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Message édité par talbazar le 27-08-2014 à 11:26:52
n°39291099
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 27-08-2014 à 16:43:32  profilanswer
 

Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 14.

 

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Le lendemain de l’exécution de Safaitoulbenef, Néefièretarée se réveilla flottante et cotonneuse, victime d’une sévère gueule de bois. Comme beaucoup de personnages politiques placés devant le fait accompli, elle n’avait rien vu, ni rien entendu. Cependant la mort de son esclave préféré la plongea dans une tristesse incommensurable, puis dans une rage folle qu‘elle déclina à toutes les sauces dans les oreilles de Tahosétlafer. Il répondit sur une accumulation de platitudes concernant le devoir d’un conseiller pharaonique, manière pour lui de distiller le doute et d‘exorciser la banalité de sa fonction. N’empêche, la reine avait la tronche dans le pâté et comme elle n’était vraiment pas contente, tout le palais en pris pour son grade, y compris le barbier chargé de la raser, à qui l’épilée du Nil donna du bâton. Elle voulut reprendre au plus vite son odyssée vers le sud et ordonna à Merdenkorinnanâr de préparer le départ. Le général se montra très satisfait de cette décision puisque son armée n’avait de toute façon plus rien à piller dans Isdiboulaouane, en dehors peut-être des troncs pleins de fausse-monnaie du temple de Maât. On conduisit sept vaches au taureau sacré pour s’assurer bonne route et avant de quitter le palais, on n’oublia pas de faire le plein des porteurs de la litière royale. Pour traduire l’immensité d’un plan concocté par le général, on envoya quinze couillons porter en rechignant une litière vide dans une direction opposée, dans le but de servir de leurre et tromper une éventuelle attaque Hittite. Sous l’ombre portée des statues géantes et colossales de Mêritataton, le convoi s’ébranla sur le sable brûlant. Les articulations des porteurs sentaient peser sur elles la tiède chair de la reine ballotée, par liaison fusionnelle de la substance pesante, et la marche lente en colonne leur donnait un aspect mécanique. Alors qu’on abordait la banlieue de la ville pour en sortir il fallut rétrograder, car identique aux vents ailés, Jésentilpetla se présenta devant la troupe pour interpeller Néefièretarée confortablement assise sur sa belle chaise dorée. Au moment où Merdenkorinnanâr concevait la mise à mort de la jeune fille, la reine l’arrêta d’un geste, comme elle voyait que la gamine maintenant résolue avait passé des heures à pleurer :

 

– Que veux tu encore, fille de Baraput ?

 

– Partir avec vous et me mettre à votre service, sur ce trajet qui vous mène au cœur de votre chantier.

 

–  Ho ma reine qui fait briller l’Egypte dans sa robe d’apparat quand tout le pays se lève chaque matin pour aller bosser ! méfie-toi des paroles trompeuses et ignore cette supplique, s’interposa Tahosétlafer en hérissant sa voix de serpents fielleux.
 
– Laisse tomber ton brouillard cognitif, imbécile heureux. C’est d’accord la miss, donne moi la main pour grimper à mes côtés et ne te dérobes pas aux ordres qui seront désormais les tiens. Elle semblait oublier qu’il n’y avait pas si longtemps, elle avait voulu la faire fouetter.

 

Néefièretarée n’était pas contre se faire une nouvelle copine à qui elle commanda sur le champ de nourrir sa petite chatte. Sourdes aux protestations et menaces de grève des porteurs qui déployaient désormais double effort, elles échangèrent dans le calme de la litière des mots bouleversants en mémoire de Safaitoulbenef, car son amour pour elles lui avait finalement ôté la vie. Une heure plus tard, la litière plongea dans un gouffre bourbeux pour  basculer ensuite dans les hideux roseaux, ce qui les fit gerber l’une sur l’autre à travers l’air impalpable, avec la violence des cours d‘eau issus du Styx dans l‘Acheron. Comme le chemin leur promettait d’autres sacrifices, elles se sentirent vidées, puis en profitèrent pour se nettoyer sommairement avant de tomber évanouies. Les stridences forcenées des trompettes de l’armée ordonnèrent la halte du permier kilomètre, détruisant dans les fermes des alentours la dernière trace de vie. Avec l’aide d’un escabeau, Merdenkorinnanâr parvint à regarder par l’une des fenêtres de la litière, pour découvrir le charmant tableau des deux femmes endormies, un monde dénudé, silencieux et immobile, comme si la mort venait de faire son œuvre ; aussi le soldat décida t-il de faire changer les amortisseurs, conscient d‘une catastrophe évitée de justesse. Alors qu’il relâchait les rideaux sur le monde de calme et de douceur que lui offrait la reine et sa jolie esclave, le bruit sourd d’une cavalcade lui  parvint derrière la montagne. Il était trop tard pour murer la porte de la litière, ce que confirma peu après l‘arrivée d‘une armée belliqueuse. Rapidement, le général vit qu’il n’avait pas affaire aux Hittites, mais à de sombres pillards. La disposition tendre de son âme la rendit facile à s’émouvoir, il ordonna la mise en place des catapultes, puis se réfugia dans sa tente montée à la hâte, pour moins souffrir des visions de cette cruelle bataille qu’il prévoyait. Par maladie de langueur, il se retourna sur le souvenir de ses plus belles années, songeant aux perspectives tragiques de la mort. Ensuite, puisque le présent était vécu et connu, il monta sur son cheval pour perforer avec son glaive les couilles de 120 ennemis avant de couper les têtes du double, une occupation certes puérile, mais très prenante. Ainsi la reine téléchargée et mollement bercée dans sa litière était bien piratée. La bataille fit rage entre les armées face à face, et Merdenkorinnanâr dirigeait le combat, très content que ses soldats tinssent bon, en lui donnant un parfait exemple de subordination et de discipline. Avec la puissance de l’exemple, lui-même en découpa quelques uns en quatre, avant de réaliser sa méprise, puis il ignora les insultes qui fusaient de ses hommes en abondance pour reporter enfin sa rage sur l’ennemi. La pharaonne s’était réveillé et pétillait de colère à la vue de sa robe pleine de taches. Elle engueula Jésentilpetla, puis elle encouragea ses hommes à lui rendre justice d’une victoire sans faille, alors qu’ils tenaient bon et tentaient d’encercler les pirates.
 
– J’ai mon plan, hurla Merdenkorinnanâr, nous allons les encercler.

 

Se voyant pris au piège, les bandits percèrent une brèche pour se replier provisoirement derrière la montagne après de lourdes pertes, car ils étaient visiblement en mauvaise semaine. Merdenkorinnanâr avait justifié pleinement, par un massacre sage et efficace, la confiance que Néefièretarée avait placé dans son salaire. Voilà pourquoi elle aurait à collecter rapidement et massivement de nouvelles redevances.

 

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Message édité par talbazar le 27-08-2014 à 20:34:18
n°39298728
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-08-2014 à 11:19:55  profilanswer
 

Histoires véritables de la France Métropolitaine.
 

 

Aujourd'hui : Le coup de Jarnac.

 

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François premier est à la fin de son règne, disons qu’il commence à cracher jaune, il faut bien le dire, ce qui ne l‘empêche pas de pratiquer la brouette Japonaise avec sa copine la duchesse d'Etampes, née Anne de Pisseleu, dont nous tairons le nom qu‘elle inspire. La voix de cette dame est celle d’un ange caressant la nuque de tout le monde, excepté celle de Diane de Poitiers, roublarde et sensuelle, toujours à sommeiller entre les hommes et leurs femmes. Les Français sont donc partagés entre attentisme et révolte, mais personne ne crois à une dissolution prochaine de la cour. Les deux femmes se harponnent régulièrement sur la couleur des fauteuils du château, sur leur place de parking et le peuple en profite bien entendu pendant ce temps là pour s’appauvrir mutuellement à leur dépends. Un jour, la duchesse oublie d’éteindre le château en sortant, ce qui provoque la colère de Diane lorsqu’elle prend connaissance de la facture. Multipliant les projets parallèles, cette dernière devient la maîtresse du Dauphin et futur Henri II, lequel a la passion des images découpées, qu‘il colle dans son cahier. Le peuple se réjouit de cette manie et de cette liaison, même s’il a beaucoup de mal à ne pas confondre Diane et Henri. Un jour, Anne éteint subitement les lumières du château par économie et François 1er se casse la gueule dans l’escalier, alors que Diane profite de l’obscurité pour se mettre en position de la louve avec son Dauphin. Hélas, François mourra bientôt de cette chute, c’est un scandale vite éteint sur lequel les français refusèrent de faire toute la lumière, mais que la ME du PT se doit d‘éclairer.

 

Commence alors une exploration sur la face sombre de l’humanité, car en 1547, Diane empoisonne la vie de la cour par ses caprices et ses colères, avec en particulier quelques perfidies pour Anne de Pisseleu et son nom qui se prononce lentement. Pour une vulgaire histoire de fringues, la querelle s’envenime, car les deux femmes ne sont pas des lueurs, s’accusant l’une et l’autre de tenir la chandelle dans leur chambre à coucher. Anne a alors une idée lumineuse et accuse Diane de tailler des pipes plus souvent qu’à son tour à François de Vivonne de La Châtaigneraie, reluisant grand sénéchal de Poitou, filleul et enfant d’honneur de François Ier et favori du futur Henri II le petit collectionneur. Diane réagit aussitôt en la traitant de mythomane, s’essuie la bouche pour répondre que Anne aurait été démolie dans un bois proche du château par Guy Chabot de Montlieu, fils du baron Charles de Jarnac, gouverneur capitaine de La Rochelle, et neveu de l’amiral Philippe Chabot de Brion. Mais il est surtout, par son mariage avec Louise de Pisseleu l‘adorée, l’étincelant beau-frère de la brillante duchesse Anne d’Étampes, maîtresse de François Ier dans l‘obscurité. Entre les deux hommes de l’ombre ainsi découverts, nait une relation tumultueuse qui provoque quelques étincelles. Dans le château l’ambiance est électrique, mais une panne générale des chandeliers permet à Guy Chabot de Montlieu de coucher avec sa chatoyante belle-mère. Reconnu par le peuple français venu rallumer le courant, moqué par la Châtaigneraie en train de prendre en levrette Diane de Poitiers au milieu des réparations et de quelques flammèches, c’est la demande de duel inévitable. La connexion a du mal à passer avec le roi qui interdit la rencontre orageuse, puis meurt dans le noir des conséquences de sa chute, le 31 mars 1547, au milieu d‘un agrégat de choses douteuses accumulées dans son lit. La lampe de chevet du roi à peine éteinte, Vivonne insiste pour en découdre avec Chabot auprès du nouvel Henri II, qui termine juste de coller les dernières vignettes de son album publicitaire Moët & Chandon.

 

Diane a des petits seins et Anne un gros cul, ceci dit par beauté de symétrie, mais qu’à cela ne tienne, les deux hommes se font la gueule. Si Vivonne a du mal à comprendre l’esprit de collection, il est en revanche un maniaque de l’épée et un athlète fameux. Chabot serait plutôt mi-homme, mi-femme. Les deux décident d’un duel sobre, mécanique et viril, susceptible de plaire d’avantage aux femmes. Par souci du détail, Chabot prend des cours de danse avec le capitaine Casi, un maître d'armes italien qui le poudre au shampooing sec et lui apprend à nouer les nœuds papillon, avant de lui proposer de sucer le sien. Au soleil brûlant du 10 juillet 1547, on commence par un concours de blagues qui fait poiler les tribunes radieuses, puis l’assistance resplendissante se surexcite devant La Châtaigneraie qui se présente sur la lice fortement charpenté et musclé, mais avec un gros trou dans son pantalon. Sans lui laisser le temps de comprendre, Chabot se précipite vers lui et profite des clartés offertes par cet accroc pour le sodomiser violemment, car il est à ce jeu le meilleur jouteur du royaume et qu‘il vient juste de recevoir les éblouissantes leçons du capitaine Casi. Un bon quart d’heure d’escrime d’une folle densité pendant lequel La Châtaigneraie frissonne en regardant les étoiles. La victoire de Chabot est aveuglante et il ressort son épée rutilante du fondement moiré de son ennemi avec un air de gloire. L’autre respire à peine, comme un acteur débutant, car il a les muscles tranchés, par profusion libertine. Chabot s’avance alors vers la tribune royale et propose La Châtaigneraie et son contenu gratuit au roi, refusant de mettre à mort ce corps broyé et hagard comme le règlement du duel lui en laisse le droit. Le souverain affiche alors une troublante neutralité et les chirurgiens s’empressent sous la tente auprès du vaincu. Les juges déclarent la « botte de Jarnac » régulière : Chabot a loyalement battu son adversaire, selon le corpus de base. Henri II le confirme en proclamant : « Vous avez fait votre devoir. Votre honneur doit vous être rendu. » La Châtaigneraie, humilié par son échec, arrache ses bandages dans un accès de furie et meure le lendemain en contemplant les derniers feux de sa vie, victime d’une hémorragie et évidemment d'une solide crise de nerfs.

 

Le « coup de Jarnac » conçu dans la souffrance et la colère est donc devenu synonyme de coup tordu, qui voudrait également dire selon une expression chatoyante que même si l’on tord son cou on peut l’avoir dans son cul.

 



Message édité par talbazar le 30-08-2014 à 18:09:22
n°39323331
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-08-2014 à 18:12:26  profilanswer
 

Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro 15.

 

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Cependant, on avait un problème avec les catapultes. C’était la pause et Merdenkorinnanâr se tapait un petit roupillon sur son lit de camp, lorsqu’un sergent vint lui faire part d’un souci majeur concernant l’artillerie.

 

– Mon général, normalement on tire avec nos engins des boulets de pierre de 170, mais cette région n’est constituée que de dunes de sable à perte de vue. On manque de projectiles.

 

– Mon brave, nous sommes à huit cent mètres de l’ennemi et nos chasseurs à pied ont pris position. Une attaque imminente n’est pas prévue. Je vous rappelle donc dans une heure de clepsydre, d’ici là j’aurais trouvé une solution.

 

– Merci mon général.

 

Le jeune sergent fit claquer ses tongs et s’en alla en courant se faire soigner par le médecin-major, car il avait deux lances plantées dans les poumons. Merdenkorinnanâr regarda ses bons zouaves se coller des pelles puis creuser hardiment leurs profondes tranchées, dans le but de créer une architecture serpentine et monstrueuse destinée à parcourir plusieurs hectares. C’était effectivement un jeu d’enfant d’excaver le sol sablonneux, car pas une pierre n‘effleurait le sol de cette contrée. Il appela l’intendant aux vivres pour lui demander le nombre de têtes de bétail qui suivait l’armée. Le type arriva en grognant, la gueule cassée par un coup de sabre :

 

– Ben d’abrès les chkribes, on aulait pillé dans Isdiboulouane 1.345.000 zébus, 10 tonnes de halicots et 6 tonnes de glenades, pou fail de la glenadine.

 

– Très bien.

 

 Merdenkorinnanâr observa la montagne lointaine et les vautours déjà repus qui tournaient dans le ciel. L’air surchauffé brasillait sur son armure avec laquelle il se faisait de temps à autre cuire un œuf d‘Ibis. Ensuite, il alla faire sa tournée d’inspection  pour encourager ses hommes, qu’il voyait toujours hausser la pioche en jurant. Il ordonna aux artilleurs de placer à grande peine un zébu beuglant dans le creuset d’une catapulte. Quand ce fut fait, il fit régler la hausse à 300 et ordonna qu’on balance le bovidé sur les lignes ennemies. L’animal fusa dans le ciel les pattes en l’air pour tomber en plein sur une tranchée pirate, créant chez eux une violente panique et de nombreux blessés. Satisfait, Merdenkorinnanâr remplaça le sergent qui était finalement mort de ses coups de lance, puis il s’éloigna pour rendre une petit visite à Néefièretarée. Il la trouva sous sa tente, occupée en compagnie de Jésentilpetla à écrire aux soldats des papyrus d’encouragement, car elles avaient décidé toutes les deux d’être marraines de guerre. Poussant la compassion à l’extrême, Jésentilpetla rajoutait même dans chaque missive un poil de son pubis. Sans doute un peu jalouse, la pharaonne épilée la regardait faire et ses morpions sacrés n’en menaient pas large, regrettant sans aucun doute leur chère poilue. Elle prit les joues du général dans les siennes :

 

– Ah, mon ami, comment va la guerre ?

 

– On évacue les pauv’gars blessés vers l’arrière. Pour bien des autres, les tranchées rougies par leurs tripes bandées seront la dernière demeure de leurs momies.

 

Le général sentait l’homme et la bière. Certainement, s’il remportait la victoire, Néefièretarée en ferait l’homme de l’année. Enervée sans doute par toute cette bonne testostérone, elle envoya un agent de liaison porter ses papyrus sur le front. Elle lui botta le cul pour qu’il décolle les lettres de sa tête avant de dégager. Une stridence terrifiante déchira tout à coup le ciel. Alors elle se coucha promptement au sol en roulant avec brutalité sur Jésentilpetla, car les pirates venaient de renvoyer le zébu à leur tour, masse de viande morte qui vint tomber en sifflant à quelques mètres de la tente royale, heureusement sans éclater. Couvert de poussière, Merdenkorinnanâr expliqua alors le stratagème subtile de son nouvel armement, assurant que grâce à lui, la guerre antique venait sans aucun doute de franchir un cap. Oubliant tout protocole, il se mit alors à rire aux éclats. Après avoir pris le coude de la reine dans le sien, il quitta les femmes effrayées pour aller se faire cuire un œuf. Trois jours passèrent dans l’inaction et l’angoisse d’un assaut, que Merdenkorinnanâr mit à profit pour concocter une nouvelle arme, en obligeant ses hommes à manger des fayots. On testa avec succès cette moderne attaque au gaz sur de pauvres chiens coincés dans un boyau. Les bataillons de chasseurs étaient anéantis, car tout le gibier avait quitté les environs dès le début des combats. Comme on n’avait plus le droit d’abattre les zébus, on se contentait donc de manger des vers de palmiers et des haricots que l’on avait en quantité, avec également un quart de grenadine par jour et par soldat, pour se désaltérer.

 

Néefièretarée et Jésentilpetla regrettaient donc peu à peu les plaisirs du palais. La jeune esclave sur sa faim masquait mal sa détresse derrière son nez coquin et trainait en robe de nuit jusqu‘à 10 h de clepsydre du matin. Penser c’est vivre, ouais, mais comment survivre au deuil amoureux, comment faire face au manque douloureux de son père chéri quand on vient de l’envoyer chier ? Elle évitait en outre de trop se toucher, asphyxiée par le climat délétère qui régnait dans la proximité des tranchées où se testait toujours l’horrible gaz. Fallait que ça saigne, oui, bien entendu, mais pourquoi ne pas y mettre un peu de cœur ? La mélancolie et la peur suintait sous ses aisselles, contaminant le réel et sa belle robe en lin. Elle se perdit dans le brouillard des conversations tenues par les soudards, pauvres fantômes fourbus qui cherchaient une tranchée à squatter, tout en se partageant des substances prohibées. Quelques jolies esclaves venues les soutenir s’agrippaient à leur capote et leur offraient quelques pipes pour les réconforter. Hélas, songeait toujours Jésentilpetla, il ne manquerait plus pour rajouter à sa douleur qu’elle épouse un jour un mari malade ! Afin de retrouver malgré tout un peu de sensations, elle se servit un grand verre de grenadine et se toucha quand même. Dans le lointain, du côté des lignes ennemies, après avoir zébré le ciel azuré juste au-dessus de sa tête, deux ou trois zébus éventrés éclatèrent, semant la zizanie dans les boyaux des bandits que ces attaques permanentes rendaient zinzins. La guerre s’inventa au plus près de la spectatrice, lorsque Tahosétlafer interpréta un signe favorable dans l’urine d’un cricket et Merdenkorinnanâr donna enfin l’ordre à ses troupes de charger.

 

La mise en mouvement des corps ne donna qu’une seule lecture, car ce fut une horrible boucherie, sous les yeux sévères d‘Osiris. Bien échauffés à force d’avoir répéter, les fantassins de première ligne lâchèrent des brouillards de gaz, noyant les tranchées adverses d’un suffocant nuage de fayots moutardés.  Les sections étaient à la peine et la sueur coulait sur les visages de ceux qui étaient de corvée pour charger les lourds zébus. Chaque soldat de la reine portait dans sa musette quelques grenades, non plus pour en tirer le précieux jus, mais pour les lancer sans répit sur l’ennemi, lâchant sur eux des flots rouges aussitôt avalés par le sol limoneux. Les pirates projetaient quand à eux leurs salves de flèches empennées d’oie toutes les deux minutes. L’un de ces traits coupa les lanières de cuir retenant l’armure de Merdenkorinnanâr, sans autre dommage. Un zébu ricochant sur la dune tomba dans sa direction, il plongea vivement sa tête dans le sable, comme c‘était la technique enseignée à l’académie militaire de Thèbes. Les siens tiraient leurs munitions cornues par rafales, aussitôt renvoyés par ces vaches, ce qui faisait râler les blessés. Quelques zébus morts finirent par lâcher de vilains gaz à leur tour. Les archers Pharaonniques avaient l’ordre de tirer sans arrêt, leurs flèches fusaient sur les salopards en pluie dorée, provoquant de nombreux morts dans leurs rangs. Comme ils galopaient au milieu de cette atmosphère incendiée, les lourds chars de guerre louvoyaient au milieu des cadavres éparpillés. Non, il n’était plus temps de songer à faire des enfants, mais plutôt à trancher des bras et des jambes, au nom de la patrie. Les frondeurs visaient les pirates en les obligeant à relever vivement leur bouclier de peau pour ne pas avoir la tête éclatée, les soldats de la grande muette hurlaient, encouragés par ces vents de fronde ; partout les officiers donnaient leurs ordres sans quitter leur posture hiératique, ce qui les coupait en deux d’un coup de serpe au son des trompettes, chargées de rendre sourds les plus timorés. La guerre engloutissait des régiments entiers, dans le murmure de leurs ventres ouverts d‘où sortaient à bon flot des jets de grenadine ; mais Merdenkorinnanâr vit enfin les pirates reculer sous une copieuse bordée de 115 zébus lancés à pleine vitesse, laissant dans la tranchée adverse les corps sans vie de nombreux encornés.

 


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Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 50.

 

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Ewij dérouillait et pissait le sang. La balle n’avait fait qu’effleurer sa cuisse, en arrachant toutefois un morceau de bidoche de la largeur d’un doigt. La princesse grimaça, elle savait que si un médecin ne la soignait pas rapidement, la gangrène finirait par faire son sale boulot. Certainement, en cas de guérison, elle afficherait à jamais une vilaine cicatrice, mais elle bénirait ce trou laissé par le labourage de ses chairs, puisqu’il serait le meilleur souvenir qu’elle garderait d’Alphonse. Lorsqu’elle fut certaine d’être seule dans l’appartement, elle dégagea la trappe de plafond pour descendre avec une lenteur excessive dans le couloir. Après une rude réception, elle constata qu’il était abondamment taché de sang, puis elle s’étonna que les flics n’aient pas songé que ce puisse être le sien. Ils l’avaient sans doute attribué au propriétaire des lieux qu’elle avait buté devant sa télé. En retenant ses cris douloureux, elle se mit à boiter jusqu’aux chiottes pour aller faire pipi, rajoutant ainsi sur le lino quelques longues traces vermillonnes. Un tout petit chat aux grands yeux vint faire le mateur, il était trop mignon. Ewij le caressa un peu, résistant à l’envie de le filmer avec son portable, mais elle avait éteint l’appareil pour éviter d‘être localisée. En même temps qu’elle lâchait dans la cuvette la digestion de son dernier coca, elle se mit à pleurer. Est-ce qu’un jour elle connaitrait le bonheur d’être mère à quarante ans ? Qu’elle idiote perspective, elle avait juré n’être qu’à Alphonse et donc ne serais plus jamais à personne, puisque la petite orpheline venait de perdre le seul être vivant qui la retenait encore à la vie. Elle pouvait encore certainement obtenir un tarif jeune à 70% de réduction sur ses trajets de train, mais elle se savait traquée comme une bête sauvage, et probablement déjà condamnée. Au pire, elle finirait sa vie dans un de ces sordides Instituts de Garatonku, genre centre médico-éducatif pour mineurs géré par une association de retraités bénévoles pilotés par une époque hargneuse. Peut-être comprendrait-elle un peu le sens de l’école et du travail à long terme, mais il était trop tard pour s’en soucier. Tee-shirt délavé et bandana sur la tête, elle portait sur sa jambe la trace cuisante de ses maîtres et la leçon était plutôt sévère. Elle avait largué les amarres de la raison, comme l’avait fait bien avant elle un  lointain cousin proxénète. Soudain, elle ne pleura plus et se trouva folle de joie d’être toujours en vie, elle attrapa le chaton par le cou et tira la chasse d’eau.

 

Pieds plats et parallèles, elle monta son genoux droit à hauteur de sa hanche, puis répéta l’exercice en changeant de jambe, aussitôt elle se mordit la langue pour ne pas hurler. L’action douloureuse ne poussait pas pour autant à respecter l’adversaire. Elle se rendit compte que certains pas valaient mieux que d’autres et s’habitua au mal. Pour s’aérer l’esprit et lui faire diversion, elle chantonna faux un blues des bayous mâtiné de stomp et de boogie. Lorsque la nuit fut venue, elle quitta prudemment l’appartement après avoir descendu à grande peine les étages, le gun à la main. Glissant sur le trottoir désert en raidissant la jambe, elle avisa au milieu de la route une bouche d’égout qu’elle s’empressa d’ouvrir en s’aidant avec le canon du colt, comme c‘est parfaitement crédible. Elle s’engouffra dans le trou obscur et referma la plaque juste à temps, au moment où par hasard un fourgon blindé de flics passait par-dessus. Elle accoucha du projet de descendre par la petite échelle apparut dans la lumière d’une petite lampe torche qu’elle avait intelligemment emporté.

 

Les tunnels étaient sinistres et sentaient le pourrissoir de harengs. Une marée noire et huileuse coulait doucement dans leur milieu, larguant dans leur flaque mouvante d’odieuses cargaisons. En gros ça schlinguait, mais Ewij était contente, elle fuyait sa damnation avec l’enthousiasme d’une sortie de messe, laissant derrière elle toute impression subjective et inconvenante. Réussir à échapper à ses poursuivant par ces plans d‘eau merdeuse, et notamment ce con de Marlou en particulier, lui faisait une perspective séduisante et savoureuse. Tout ce béton qu’elle arpentait péniblement symbolisait bien la déshumanisation des grandes villes et elle, dans tout ce glauque, elle se sentit prise par une méchante fièvre. Chancelante, elle agrippa un câble moussu pour éviter de chuter. Elle sentit couler sur son front une liqueur brûlante, sa jambe paralysée refusa d’avancer plus avant. Fouettée par la douleur, plus effrayée que jamais, elle sentit la catalepsie l’envahir complètement, elle tomba pâle de terreur sur les mains, ce qui lui fit lâcher le colt qui tomba lourdement dans la flotte. Dans un abandon cruel, elle sentit ses pensées brusquement s’assombrir, comme un naufragé abandonné en train de se noyer. La minute passa comme un songe, si son arme était perdue, la jeune fille cramponnait encore sa lampe dans ses doigts pliés. La lumière diffuse éclaira le mur roux en se perdant dans le tunnel aux scintillantes condensations, mais Ewij ne vit plus que le noir et ses lèvres enfiévrées lâchèrent entre ses dents un faible bruit de glas. Un bruissement de pattes la réveilla lorsqu’au bord du coma, elle écarquilla les yeux pour trouver devant eux un gros rat brun à l’expression rieuse :

 

– Salut ma biche, moi c’est Billy le rat, et si t’es pas finie pour ce soir, ce sera pour demain !

 

Elle rigola à ses naseaux d‘où sortaient des vibrisses longues comme des stylos-billes :

 

– C’est sûr, les mecs comme toi, c’est sûrement pas le genre à fréquenter les rebouteux.

 

– Tu te goures ma chérie, j’en connais justement un fameux. C’est Fuzz la Glaire, le plus fortiche des égoutiers. C’est mon bon pote, qui est pas trop du genre à demander du comment ça arrive, les bobos comme le tien, si tu vois ce que je veux dire. Qui es-tu donc, toi ?

 

– Ewij Nikasek, ex-princesse légitime du Gurukislapet, celle qui se moque de tout le monde, excepté d’un homme qu’elle a vraiment aimé.

 

– Pianote pas trop sur les tendres fibres de ton cœur, ma poule, tu fatigues et si tu continues à t’agiter comme ça, tu vas bientôt crever ici sans revoir le soleil.

 

– Il crèche où, ton égoutier ?

 

– Bouge pas ma jolie, attend ici, je vais le chercher.

 

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Message édité par talbazar le 30-08-2014 à 18:40:12
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talbazar
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Posté le 05-09-2014 à 16:46:15  profilanswer
 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 29.

 

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Bien qu’amateurs de belles ballades à pied, deux ou trois Natourists s’enlisèrent sur le chemin du retour, perdus à jamais dans le magma glouton et vaseux du Marais-Jean ; mais dans l’ensemble, on s’envoya des boutades bon enfant qui accusèrent franche rigolade. Helga continuait d’affirmer que pour les sauver tous, elle se serait volontiers sacrifiée elle-même au Dieu Mat Ma Kékèt, dont l’ultime outrage ne lui semblait pas si terrible ni déplaisant. De son côté, Belbit sympathisa au fil de la marche avec une jolie Natourist nommée Kachténib. Pour ses beaux yeux il faisait fanfaron, éructait, grimaçait, gesticulait à diantre en mimant l’agonie du Dieu mort. Elle en lâchait gros son de gosier, riant de bon cœur de ses irrésistibles parodies, surtout lorsqu’il plaçait son bras devant son nez pour figurer la virile excroissance du monstre des marais.

 

– Savez-vous, mon cher Belbit, qu’à chaque pleine lune dix puceaux étaient rituellement offerts en pâture à notre puissant Dieu ? Il est bon qu’il soit occis car pendant des mois, les jeunes hommes désignés ne pouvaient point s’asseoir sur leurs céans !

 

Avec une sorte de politesse impudique, elle tapotait sur elle l’endroit de leur horrible désespoir.

 

– Sûr que bien de vos jouvenceaux sacrifiés auraient sans doute trouvé la mort beaucoup plus joyeuse. Dis donc, là tout de suite, j’aurais comme envie de moules, vu qu’en te parlant j‘ai comme qui dirait une sacrée frite.
 
 Kachténib lui prit les mains pour qu’ils s’éloignent du reste de la tribu et empoigna autre chose plus sympathique encore, lorsqu’ils furent hors de vue. Savourant la spontanéité du tutoiement, elle offrit alors au nain un intimiste portrait de femme, plus prompt dans ses manières à s’attacher d’avantage aux faits qu’à leurs explications. Belbit fit des pieds, mais plus encore des mains, pour plaire à la belle et se l’attacher sans temps mort, juste pour bien lui faire comprendre qu’il n’y avait point tromperie sur sa marchandise. Elle se montra riche en répliques bien ajustées et coula comme des jours paisibles, usant au mieux de ses coquins regards et de ses allusions. Tout deux oublièrent le temps qui s’écoulait pendant leur évasion malicieuse. Alors que leur liaison tâtonnait, ils se trouvèrent enfermés sans s’en rendre compte dans la forteresse de solitude représentée par le maudit Marchais. Insouciante, Kachténib se voyait assaillie par joyeuse tringlerie, louvoyant sous les côtes du nain avec la volupté d’un chat et prenant la pose sans complexe, riant de son Belbit qui lui léchait pendant ce temps les tétons comme caviar. Vautré sur la mousse étalée pour amortir les chocs,  Belbit appréciait comme il se doit sa compagne du moment, car la situation confinait pour lui peu à peu à l’incroyable. Elle était douce, il était dur, ils étaient dingues. On entendit hurler Kachténib pendant une heure dans le bayou terrible, lorsqu’accosta sur la tête de Belbit deux ou trois paires de baffes de la part de l’ombrageux Mirlen, qui venait de passer grand moment à les chercher partout, en compagnie de toute la tribu.

 

– Point n’est correcte de faire languir nos hôtes, messire Belbit, voilà une heure que sommes à quérir après vous. Mais bon, Kramouille soit louée, nous vous avons finalement retrouvé. Oyez donc une bonne fois que ce marais regorge d’attrapes-chausses propres à vilainement carteler les béjaunes en chaleur.

 

Très en colère, Mirlen botta le cul du nain pour le faire avancer, pendant que chef Dudule donnait fessée à sa concitoyenne, sous les vivats des autres. Par des sentiers piétons, on arriva finalement sans autre encombre au village Natourist, où l’archidruide sorcier Zobalère s’empressa de brûler le totem de Mat Ma Kéket. Il ordonna de plus illico la construction d’une gigantesque case, pour qu’elle serve plus tard au culte de Kramouille, dont il se ferait prêtre. La grande barde Awolpée chanta par bruit de vulve pour cet avenir radieux. On commença le jour d’après grande nouba nocturne, avec moult ripaille, louant les plus noceuses d’avoir vraiment soigné perruques et maquillages. Beaucoup sortirent de ces fêtes là complètement fracassés. Dans la journée, petits fours et chaise longue, la nuit cocktails, prix majorés, extravagances des cases de nuit et coliques frénétiques. Cependant, malgré toute la patience et l’effort de persuasion de dame Helga, les Natourists refusèrent catégoriquement de tisser des fringues, gardant farouchement la coutume ancestrale des anciens du Capdag. Enchanté de son aubaine, Belbit ne redescendait plus de Kachténib. Par trente cinq degrés à l’ombre et cent pour cent d’humidité, Mirlen expliqua à Dudule Fessovan le but de leur précieuse quête, qui devait les pousser dans la direction du gouffre du Poingé, puis vers le volcan du Guilidoris. Le Natourist écouta le magicien attentivement, tirant sur la paille de son jus tout en faisant des boucles de ses poils, par palpations concrètes :

 

– Par Kramouille ! Il semblait fier de pouvoir s’exprimer en ponctuant ses dires au nom du nouveau Dieu. Rejoindre le Bonanzaza, dis-tu ? C’est grand périple et contrée magique, dont même par privilège je ne voudrais point recevoir invitation. Il faut vraiment que vous ayez grande miséricorde de la reine Amanda pour enfourner pareil projet.

 

– C’est grande vérité, il en va voyez-vous du sort du trône de Fion.

 

–  J’affirme que c’est pacte diabolique, plutôt. Vous serez fous ou décéderez avant d’y arriver.

 

– Moi je vais les guider, chef Dudule. Je les ferais sortir du Marais-Jean.

 

Kachténib venait de s’exposer en les entendant dire. Encore tout recouvert de ses propres sécrétions animales, Belbit était en retrait, fier de sa dulcinée.

 

– Ma pauvre Kachténib, te voilà possédée ! l’archidruide Zobalère saura te prendre en confession dans la case de Kramouille.

 

– Que nennie, chef Dudule, car j’y suis résolue.

 

Et c’est ainsi que le chef Natourist s’arracha un grain de mûre de ses poils, puis approuva l’idée. On tua des chats noirs, on fit messe à Kramouille, puis la communauté fit provisions de moules et d’huitres à la cohue, on se chargea de gnôle et puis de bonne bière à la cerise, de miel antiseptique et de viande astringente, car ce fut temps pour les amis de dire adieux aux Natourists. Ensuite on agita les jambes et les cuisses et ce faisant, Belbit en sortant du village marcha dedans, alors que Kachténib marchait devant, décidée à les conduire hors du marais-jean en direction du gouffre du Poingé. De temps en temps, Belbit voulait faire halte, prétextant de faire sa petite commission, mais voyant leur joli guide le suivre pour soit disant lancequiner lui aussi, Mirlen devait menacer d’arracher des lambeaux de leur peau pour s’en faire amulette. En s’éloignant du village, l’hostilité du marais allait en grandissant et les compagnons disaient niet au courage. L’air était tellement humide qu’il se buvait plus qu’il ne se respirait, c’en fut fini dans l’idée de Belbit de faire des galipettes. Perdus au bout du monde sur cette terre instable, on posait les camps de base et l’on montait les tentes, fourbus d’avoir couru des heures dans l’enfer aquatique. Le marais se démultipliait en une foule d’accès qui n’étaient que culs-de-sacs, et il fallait toute la science de Kachténib pour ne pas s’y perdre. La végétation étonnait par sa prodigieuse luxuriance qui formait sur leurs têtes d’horribles nefs de verdure. Lâchée par les arbres aux courbures torturées, des lianes parasites tombaient partout en haillons pitoyables, alors que chacun gagnait, mètre par mètre, une maigre victoire sur chaque espace de terreau praticable. Un moment, Kachténib hurla de désespoir, car son pied délicat se trouva soudainement happé par une vilaine plante aux volontés carnivores.

 

– Merde, jura Mirlen, par sainte Kramouille, un géranium cannibale. Un Pelargonium carnivorus qui se propage par stolons, ce qui rend cette saleté envahissante. Hélas, j’en ai peur, la malheureuse est désormais perdue.  

 

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Message édité par talbazar le 06-09-2014 à 08:12:01
n°39465068
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-09-2014 à 10:06:19  profilanswer
 


Revue de presse.
 
Aujourd'hui : Un voyage éprouvant.

 

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Salon littéraire.

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 31.

 

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Confronté aux étonnantes incarnations de Jhonny Alité, le docteur Halrequin redoutait qu’il ne se mette dans la peau d’un inspecteur des impôts et ne vienne à ébruiter quelques unes de ses déductions, concernant le fonctionnement de la clinique Saint Bernard. C’est donc avec soulagement que le chirurgien trouva l’amnésique juché sur une armoire de la chambre 93, puisque son patient se croyait à présent grutier. Il entreprenait d’ailleurs de soulever un oreiller avec un câble tressé dans les bandes d’un vieux draps fourni par Gwendoline.

 

–  Fais pas le mariole, Jhonny, tu pourrais tomber.

 

–  Ne vous inquiétez pas Jason, j’ai vérifié la météo. Par contre, ce chantier laisse à désirer, j’attends toujours mon équipement de protection individuelle, un casque homologué normes européennes, entre autres.

 

– Ouais, ouais ça va venir, faut que j’en parle au magasinier. Autant l’œnologue avait été brillant, autant le grutier c’était n’importe quoi.

 

La mise en image de cette amnésie positive déprimait Jason. Levant toujours les yeux, il regardait son malade faire le guignole avec une conscience professionnelle remarquable. Les gesticulations du jeune homme tenaient tout autant de la varappe que de la pêche à la ligne. Heureusement que Jhonny n’avait pas dans sa chambre la possibilité de gruter des trucs plus lourds qu’un oreiller.

 

– Vous savez docteur, le plus éprouvant, là-haut dans la grue, c’est le silence. Ce que soulève un grutier dans le ciel, ce n’est pas seulement sa charge, mais c’est aussi une bonne partie de son âme.

 

– C’est en tout cas le moyen qu’il a trouvé pour payer ses factures.

 

Gwendoline toqua à la porte. Elle portait à bout de bras un petit plateau en plastique aussi bleu que ses yeux, contenant différentes boites à pilules. Partant de l’accueil, la traversée des étages avait eu pour elle un petit quelque-chose d’oppressant, entre les vieux malades stoïques, chaussons aux pieds et lisant leur journal engoncés dans leur sempiternelles robes de chambre, la fausse sollicitude de Babette Gallimard aux œillades vipérines, les carrés de lumière blanche et violente collés aux plafonds, le croisement des familles éprouvées, une seule chose était venue compenser la morosité de ses réflexions. Elle avait accroché son portable du boulot dans la poche de sa blouse et puisqu’il était en mode vibreur, chaque appel lui titillait le téton du sein gauche. Elle jeta un œil blasé au grutier, puis un regard éperdu au docteur Jason, espérant une communication téléphonique à cet instant précis. En vain. La pelouse de son ventre s’éveilla devant la carrure d’athlète de son patron, planté devant elle avec ses deux belles mains fourrées dans ses poches. Elle posa son plateau sur le lit pour en faire autant et se donner une contenance. Les poches de sa blouse n’étaient pas celles du pantalon de Jason, mais placées sur le devant et plus haut, le mouvement lissait donc le dos du vêtement blanc en effaçant les plis sur son cul admirable, pour le mettre en valeur. C’est du moins ce qu’espérait en secret la jeune infirmière. Contre toute attente, Jason essaya d’être drôle et siffla entre ses dents pour mimer à Jhonny une sorte de manoeuvre savante qui envoya valser l’oreiller dans la figure de Gwen. Elle se pris la tête dans les mains en pestant.

 

– Beaucoup d’entrainement et une bonne hygiène de vie sont les petits secrets d‘un grutier, mais nul n’est à l’abri d’un accident. Pardon, mademoiselle Gwendoline.

 

Décidément, ce con de mec à Jeanne au moi en morceaux dépassait les bornes. Hélas, elle ne pouvait faire croire à son Jason qu’elle venait d’avoir la tête fracassée et qu’elle allait mourir. Elle se serait pourtant bien vu tomber à moitié inconsciente, uniquement pour que le docteur se penche sur elle après avoir dégrafé son soutien-gorge, la palpant, et la repalpant en émettant un avis réservé sur ses chances de survie. Comme dans tout bon film de guerre. Finalement elle flanqua son médicament sur la table de chevet et reprit son plateau en maugréant, puis elle sortit sans omettre de refermer la porte un peu trop durement. Le flic qui gardait l’entrée dans le couloir la regarda longtemps déambuler et lui au moins semblait fasciné par les rondeurs de son fessier, ce qui en faisait de toute évidence un spectateur mature. Si un jour ce type se blessait au doigt, va savoir, elle lui passerait elle-même avec reconnaissance un peu de crème dessus et glisserait longuement son organe douloureux sous l’eau glacé. Le 48 avait la cheville brisée, conséquence tragique de vingt minutes de footing quotidiennes, le figurant du 40 avait confondu cachet de comédien et tube complet de barbituriques additionné copieusement de coûteux whisky Nippon, le 37 s‘était efforcé de voler dans les airs d’une façon hyper-réaliste, avec un final déroutant qui l’avait bien entendu explosé mais laissé encore en vie pour le moment. La 35 était cette petite américaine hospitalisée pour des trémolos dans la voix. Gwen entra dans sa chambre où la gamine plongée au fond de son lit au milieu de ses peluches conversait avec Jeanne assise à ses pieds. L’aide soignante fut aussitôt avide d’obtenir des nouvelles de Jhonnny. Gwen lui fit le topo, sans grand enthousiasme :

 

– Jason va tenter l’hypnose, il dit que c’est désormais la seule méthode qui lui reste pour faire le tri dans ses consciences d’emprunt.

 

– Il va encore me le bousiller et Mensinq en profitera pour l‘envoyer mourir au bagne.

 

– Mais non, Jeanne, le docteur Halrequin est un grand médecin, nous devons tous lui faire confiance.

 

– Who is Jhonny ?

 

 Tout en n’affichant aucune trace d’acné juvénile, la 35 écarquillait de grands yeux ronds, sans se départir d’un sourire candide. Elle semblait avoir trouvé en Jeanne une confidente et une bonne amie. Surtout depuis que cette dernière lui avait fait comprendre qu’elle n’était pas une fille mais plutôt un young boy, et que son vocal fry n’était que la conséquence normale d’une voix masculine en train de muer, par modification du larynx à la puberté. Elles avaient aussi bien ri en découvrant sous le nez de Liliane une épatante mini-moustache. L’aide soignante en avait parlé à Babette qui avait relayé l’information au docteur Jason en suggérant des injections d‘hormones, mais celui-ci avait sèchement envoyé chier la surveillante générale pour lui intimer l’ordre de s’occuper de ses miches, vu que le cas 35 rapportait chaque jour à la clinique qui l’employait l’équivalent de trois mois de son salaire d’infirmière.

 

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Le congélateur muséographique.

 

Aujourd'hui : Les animaux de la forêt - illustration jeunesse.

 

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Message édité par talbazar le 13-09-2014 à 10:15:00
n°39469375
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 13-09-2014 à 20:20:40  profilanswer
 

Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 51.

 
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Ewij se réveilla le lendemain dans une pièce aux murs blancs, cadre de son premier contact avec Fuzz la Glaire, épisode qui fut seulement un son, un bon mot de comptoir qu‘elle ne déchiffra pas. Elle ouvrit alors les yeux, où toute fièvre avait disparu, sur un type poivre et sel largement plus tout jeune, petit et trapu, avec une gueule dans le genre à vénérer l’armée, n’importe laquelle. La jambe de la princesse était bandée soigneusement et lui faisait moins mal, bien qu’elle souffrit encore d’une sorte d’élancement permanent. Rien de comparable néanmoins à ce qu’elle avait enduré la veille. Avec un coup de bol, ce membre là retrouverait rapidement le chemin d’une agréable autonomie. L’endroit n’avait rien d’une luxueuse cabine de paquebot, mais copiait plutôt une cellule de prison tiers-mondiste, comportant le lit en fer sur lequel elle était allongée, une table branlante de style récup accompagnée d’une misérable chaise dépaillée. Sur la couverture beige heureusement propre, Billy le rat piquait son roupillon, la queue dans les narines. Confrontée à Fuzz la Glaire, Ewij flairait le psychopathe et se demandait si elle devait jouer avec lui les femmes fatales pour le manipuler, ou simplement la jeune délurée blagueuse. Puis elle se dit qu’après-tout, ce roi des égouts venait de la soigner et que grâce à ses attentions, elle se portait franchement mieux. D’un coup elle failli faire un bond dans son lit, car posé sur la table, elle aperçut son précieux colt briller sous l’ampoule de l’unique luminaire. Sa réaction réveilla Billy le rat qui s’étira mollement en allongeant les pattes. Ewij interrogea Fuzz la Glaire du regard :
 
– Yo chérie, l’était pas trop profond. J’lai nettoyé. Mais j’veux même pas connaître ta position concernant le mariage. Moins tu m’en diras et mieux ce sera, dès fois que je laisserai aller mon imagination débordante à ton sujet.
 
– Un effort louable, en effet. Où sommes-nous ?
 
– Ben toujours dans les égouts, cette idée, ça fait trente ans que j’en suis pas sorti ! Ici c’est mon royaume, pas de danger qu’ici on vienne m’arrêter pour dissimulation de preuves.
 
– Et pour le ravitaillement, les nouvelles, tout ça ? C’est dingue de se terrer ici au milieu des rats.
 
– Ho dis pas de mal, ces mecs sont de vrais gentlemen, même si je chasse les plus cons pour la bonne gestion des égouts, en bon père de famille.
 
 Billy s’invita justement dans le débat :
 
– Faut dire que la plupart du temps, tu flingues ces connards du métro qui pensaient y trouver le paradis. Je peux pas être soupçonné de trahison, eux et moi, on n’a pas les mêmes gènes, même si nous autres d’en-dessous, on est pas des rats de labo !
 
– Surtout que je pratique pas l’élevage intensif. Bon, ok, de temps à autres, je fais les courses, évidemment. Il lâcha par les narines un truc qui fit aussitôt comprendre son surnom. Bon ma poulette, faut que tu manges un truc, maintenant que tu es réveillée.
 
– Dis-donc, mon cochon, en me soignant la patte, t’as reluqué ma minette à fond, hein ? Dis pas non, je suis sûr que t’es qu’un vieux vicelard.
 
– Faut dire, ouaip. M’a bien fallu t’enlever ton bénard pour récurer la plaie. Pis je t’ai recousu moi-même, aussi.
 
– Et puis t’as pris ta joie, hein, pendant que je dormais, hein, Fuzz Glaviot ? Avec la main j’espère, si tu m’as violé et que je tombe enceinte je te butte, tu sais ça ?  
 
 Il avait bien trente ans de plus qu’elle, mais il en faisait dix de plus, surtout au niveau de son haleine.  
 
– Oui bon, mais je t’ai pas touché, t’inquiète. Disons que ça paye le fil, l’aiguille et la teinture d’iode.  
 
 D’accord. Ewij savait dorénavant comment tenir celui-là par le col. Mais elle ne pouvait pas encore se lever, elle le sentait. Elle ignorait si le colt était toujours chargé, toutefois son sac à dos bourré de munitions posé au pied du lit lui redonna espoir. Billy le rat avait tout l’air d’un de ces gros malins habitués à survivre et à échapper aux prédateurs, pas trop le genre d‘un larbin de palace, quoi. Il grimpa vélocement sur l’épaule de son maître en rigolant de ses petites dents jaunes. Son attitude bienveillante voulait prouver sans doute qu’il l’aimait bien, la petite. Les deux revinrent un peu plus tard pour fourrer sous le nez d’Ewij un gâteau pèches-chocolat somptueux. C’était juste le truc idéal pour lui rappeler les cuisines du palais et ses souvenirs d’enfance dorée. Face à sa nostalgie, elle engouffra sa part dont le goût gagna aussitôt son cœur, en se mêlant cette fois au souvenir d’Alphonse, fruit d’une romance endeuillée qui la fit fondre en larmes. Billy le rat avait sauté sur son épaule pour lui murmurer des mots apaisants.
 
– C’est dur les gars, j’ai plus de papa, j’ai plus de maman et les flics m’on buté mon amoureux.  
 
 Les sanglots d’Ewij troublaient la quiétude du repaire de Fuzz, qui n’était rien d’autre qu’un havre de paix dans un univers souterrain probablement impitoyable, cruel et dangereux. Le steak haché qui suivit le dessert suscita sa méfiance.
 
– Mais non, bouffe le sans crainte, ma caille, c’est pas du rat.
 
 Elle changea d’avis pour engloutir le truc, sachant qu’elle crevait la dalle et que de toute façon, elle n’avait pas les moyens de le faire expertiser.
 
– Bon, lâcha Billy lorsqu’elle fut rassasiée, nous prend pas pour des cons, on a la télé. On sait que tu t’es amourachée d’un sérial-killer qui se voulait prophète et que ta tête est mise à prix par notre présidente Géraldine Kidor, laquelle veut récupérer à tout prix la rondelle sacrée. A cette heure, après avoir décimé les gars des services spéciaux, tu fais contre ton gré dans le one-woman-show, traquée par un certain inspecteur Marlou et tu crèches désormais avec nous au sous-sol. Comme qui dirait qu’on serait presque les inventeurs de la voûte, tu vois, et la question qu’on se pose, nous autres, c’est celle de ton avenir parmi nous.
 
 – Ben je pourrais faire baby-sitter, mec, si tu as des gosses à garder. J’ai quelques parents de la haute qui m’on déjà tartiné quelques lettres élogieuses.
 
 Fuzz envoya valser dans ses paluches tannées un Scud organique :
 
– La traque va s’intensifier, crois-pas. Mais j’aime assez ton sens de la vanne. T’es pas trop pontifiante, pis ça me fendrait le cœur de lâcher une aussi belle jeune fille vers la certitude d’un décès accidentel.  
 
– Le temps que je me retape, je pourrais sans doute améliorer ton sens du décor. Merci de bien vouloir préserver gratuitement ma vitalité et mon bien être, messieurs.
 
 Sa blessure à la cuisse la pétrifiait toujours, mais clair que s’il fallait qu’elle y passe avec ce débris pour rester en vie, elle ferait sa chaudasse, mais seulement à son gré et à son heure. Tout en caressant le dos soyeux de Billy, Ewij portait le cœur en bandoulière en songeant aux vilains coups de son triste destin.
 
 
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-09-2014 à 13:06:13  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.
 

 

Aujourd'hui : Vieux manuel scolaire.

 

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Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro16 .

 

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Au cours d’une relative accalmie, Néefièretarée laissa errer un regard morose sur les cartouches qui parsemaient les ruines. De temps à autre, quelques zébus tombaient au loin sur le terrain sacré de ses ancêtres, pour défier l’ennemi. Le ciel enfumé posait sur l’écharpe des collines environnantes  de lourdes menaces, alors elle s’en alla pour prier brièvement Amon Râ au temple de Luxure. Jésentilpetla ne la quittait plus et la reine s’attachait de plus en plus à sa jeune esclave, lui liant les menottes par de coquins liens en plumes de poussin teintes en rose, pour mieux s’ébranler en sa compagnie dans les architectures impérissables, où le plaisir de la beauté n’était finalement qu’accessoires. A la fois pour plaire au Dieu et pour mieux honorer sa pharaonne, par piété particulière, Jésentilpetla se mettait alors en ces lieux sacrés, en guise de ceinture, un monument énorme. Consacrée dans son culte par sa servante, aussi traversée que le sanctuaire, Néefièretarée s’efforçait ainsi d’oublier la terrible guerre que son armée menait contre les bandits. Franchissant à petits pas vestibules et salles hypostyles, elle quittèrent enfin le temple pour aller faire pipi, au pied des débris d’une statue colossale située à l’écart. La formidable figure de pierre, du nom de son sculpteur, mesurait encore plus de quarante pieds de hauteur. A l’image des dépôts lâchés par le Nil, elles se soulagèrent sur le sable tiède de leur trop plein de bière, loin pensaient-elles des regards indiscrets, lorsqu’elle furent brutalement assaillies par trois hommes des forces spéciales ennemies.

 

Le commando encagoulé les lia promptement dans un sac fermé par un cordon, sans leur laisser le temps d’alerter les soldats de Merdenkorinnanâr ; puis ils emmenèrent en grand silence les deux femmes derrière l’hémicycle montagneux, par le chemin de tranchées désertées jonchées de cadavres. Une fois en territoire adverse, tout en appelant les Dieux à péter sur le champ leurs couilles aux ravisseurs, elles furent présentées au général en chef des pirates, que ses hommes pesamment armés nommaient Dérokelbonfix. Bien que vêtu d’une tunique richement brodée, il dégageait une odeur peu apréciable et sa joue était horriblement balafrée. Saignant du bras, écorché, le pirate semblait habité d’une volonté intraitable.

 

– Il me fout la trouille, chuchota Jésentilpetla à l’oreille de Néefièretarée.

 

– Il a tout du guignol et sa guerre est perdue d’avance, faut pas s’en faire, Merdenkorinnanâr ne tardera pas à venir nous délivrer.

 

– Et moi je dis que si tu la boucles pas, je pourrais provoquer à tes cordes vocales des dommages irrémédiables.

 

– Si tu crois que ça nous amuse de nous coltiner ta proximité.

 

Un zébu tomba non loin d’eux, éteignant la conversation. Autour d’eux, les pirates avaient les yeux rivés sur elles, se poussaient et s’agglutinaient pour mieux les apercevoir. Les ravisseurs entrainèrent alors sans ménagement les femmes au chœur d’un vieux mausolée à moitié ensablé. La pièce chaulée semblait être le quartier général de Dérokelbonfix, et ce fut pour les femmes l‘occasion de visiter l‘intimité d‘un être et de son quotidien. L’endroit sentait la sueur et le rat crevé, il y avait aux murs des têtes d‘ennemis empaillées et aux sol des tapis de peaux d‘ânes. Pas le genre de boui-boui à vous servir le soir une cuisine chaleureuse. Dérokelbonfix les invita à prendre place sur un modeste lit de camp souillé de pollutions nocturnes, pour se contenter quand à lui d’un vilain pouf au cuir aussi tanné que sa peau de guerrier. Un soldat diligent alluma une bougie pour chasser la pénombre crépusculaire, parce qu’elle commençait peu à peu à effacer les lieux. Son chef le chassa d’un geste après l’avoir remercié, mais la nuit n’augmentait en rien son pouvoir de séduction. Il portait au contraire sur ses prisonnières un regard acéré qui n’était pas celui d’un chanteur professionnel. Bien que mûr, il gardait une certaine jeunesse par le fait qu’il était totalement épargné par la calvitie. Deux jolies perles turquoises battaient d’ailleurs ses tempes, accrochées à ses tresses brunes. Après avoir détaillé le mec à la dérobée, Néefièretarée fit semblant de s’intéresser à la chambrée :

 

– Alors comme ça, c’est ici que tu as installé le centre névralgique militaire de ta bande de minables. Ben c’est pas terrible, ça pue la cantine. J’ai sans doute déjà des agents en mission pour me retrouver et je te pris de croire que ça va pas trainer.

 

Un sourire d’abord niais laissa place chez Dérokelbonfix à un regard plein de mépris :

 

– Et comme ça ils fonceront tête baissée dans le piège que je leur tend. Non, ne soit pas naïve, je vais faire à ton général une proposition différente et lui demander le prix de ta rançon. Faudra qu’il paye, si tu veux revoir encore Thèbes de ton vivant. Tu es désormais le principal élément stratégique de ma victoire.

 

Embrasée par une soudaine incandescence intime, Néefièretarée lâcha un cri de colère pétri d’amertume :

 

– Pauvre mytho, l’art de la guerre n’a rien d’un tâtonnement approximatif et tu t’attaques à l’armée pharaonique. Comment peux-tu croire la contraindre à s’humilier autant ? Non seulement Merdenkorinnanâr te paieras que dalle, mais en plus il va te découper sous tous les angles avec son glaive pour te donner à ses chiens, si tant est que ces braves bêtes aient le courage de bien vouloir t‘avaler.

 

– On verra bien. En attendant, vous êtes mes otages et vous allez dormir par terre.

 

– Mais tu es qui, toi d’abord, tu viens d’où ?

 

– Je suis né dans la ville d’Oxiure, au milieu d’une jeunesse désespérée. Et puis j’ai rejoint une bande d’esclaves venue de tous les villages voisins, menée par un prêtre défroqué. A la mort de celui-ci, j’ai pris leur tête et formé mon armée. Les pauvres gens ne perdent jamais tout à fait l’espoir de leur délivrance, n‘en déplaise à ceux qui les exploitent. Le maniement du glaive m’a appris de bonne heure à serrer de près mon destin. Les relations humaines compliquées, tu vois, je connais.

 

Peut-être y avait-il malgré tout dans le son de sa voix comme une sorte de mélancolie plaintive.

 

–  Hé, mais si y’a que ça, je te nomme gouverneur et puis tu me relâches, t’auras qu’à la marier, elle. J’en ferais une fille avec du patrimoine. Elle tentait le coup de l’agence matrimoniale en lui désignant de son doigt bagué Jésentilpetla. Celle-ci roula des billes effarées :

 

– Non mais attend, ça va aller, oui ! moi j’en veux pas.

 

– Ou une bourgeoise de Thèbes, alors, l’amour n’empêche pas d’être pragmatique et j’en ai plein le palais. Je t’offrirais pour ton mariage un super service de table et j’ai une idée très positive d’une de ces destinations exotiques que tu pourras dominer sans faire chier la couronne. Ton fils ainé pourra être fier de l’héritage de son père.

 

Dérokelbonfix avait retrouvé toute son indicible fierté. Il balançait sur eux des yeux noirs enfoncés profondément dans leurs cils. Puis il frappa dans ses mains pour appeler un homme qui leur balança méchamment par économie comportementale des couvertures et deux bonnets de nuit,  avant de s’en aller. Le chef des pirates s’apprèta à les laisser seules à son tour :

 

– Te fatigue pas cocotte, j’ai déjà ce qu’il me faut, allez, bonne nuit. L’idée séduisante de Néefièretarée semblait ruiner d’elle-même sur cette réponse la valeur de son propre argument. L’homme avait tout à coup des étoiles dans les yeux, son style gagnait subitement en douceur.

 

– Attend, comment qu’elle s’appelle, alors, ta petite chérie ?

 

– Sicégratisjpépa.

 

Il referma la porte à clé et la nuit pour de bon les étrangla.

 

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Message édité par talbazar le 21-09-2014 à 18:17:55
n°39565623
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 23-09-2014 à 10:04:54  profilanswer
 

Salon littéraire

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 30.

 

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Les géraniums carnivores étaient ce que produisait de mieux en matière de saloperie le Marais-Jean. Dépourvue d’enveloppe protectrice, Kachténib avait déjà le haut de la jambe complètement recouvert par un maillage de tiges dévorantes recouvertes d’épines, ce qui faisait alchimier Mirlen que cette plante avait probablement déjà pris son pied. William, Erald et Hivalanoué taillaient et taillaient sans relâche à l’épée dans les lianes dénuées de tout poil, mais que nenni, il semblait impossible d’en venir à bout. Belbit sautait sur place, trépignant en grande alerte et désarroi :

 

– Messires, beaux doux amis, sauvez ma mie, sauvez ma mie !

 

Helga le regardait s’agiter, mais loin de toute compassion, elle ne semblait guère émue par la détresse du nain :

 

– Dois-je te rappeler que tu restes somme toute marié légalement devant Sainte Kramouille à Belbet la Huelabit, du pays de la Godée, à qui tu dois loyale géniture ? cette gueuse n’est-elle pas qu’illégale gourgandine ? Faudrait voir à calmer madame prostate, ceci-dit, parce qu’entre la Fredonne et celle-là, ça commence à nous gonfler !

 

– Point n’est l’heure de chamailler, jeunots ! les tança Mirlen vertement, hâtons nous plutôt de profiter que la plante soit occupée à festoyer pour reprendre notre route.

 

Les trois chevaliers s’arrêtèrent subitement de frapper, pour envisager la proposition avec un évident soulagement. Comme ils ne parvenaient pas à lacérer le maudit végétal, ils rengainèrent leurs lames et rejoignirent le magicien qui les devançait. Resté seul devant le terrifiant carnage que faisait à présent la plante aux feuilles repliées sur sa copine, Belbit fit un signe d’adieu à Kachténib en lui intimant de tenir bon, puis il couru à son tour, de toute les forces de ses gros pieds poilus. Un « glop » guttural signa finalement dans son dos la fin de la ripaille et la mort hideuse de la Natourist.

 

– Poil-au-con ! Tire-Vit ! Tire-Boudin ! Gratte-Cul ! Trace-Putain ! Baille-Hoë ! Pute-y-musse ! raillait Belbit à l’égard d’Helga, murmurant toutefois suffisamment pour ne pas être entendu d’Erald, dont il craignait le poing.

 

Helga se contenta de relever sa robe pour lui montrer ses fesses. Le reste du marais ne présenta aucun intérêt décoratif. Seule la communauté progressant dans la flotte remplie de sangsues y apportait sa note colorée.

 

– Tiens, un Taxodium distichum, tiens, un Metaséquoia glyptostroboides, leur désignait Mirlen au fur et à mesure de leur pénible progression pour les instruire en botanique, ce que les autres n’avaient visiblement que faire. Après cinq jours passés ainsi à patauger dans la tourbe au milieu des racines immergées, la boue se fit plus rare, la végétation moins serrée, et il fut entendu qu’ils avaient enfin traversé ce lieu maudit. Ils firent une halte bienvenue au bord d’un grand lac aux eaux scintillantes et bleues. De hautes montagnes aux pyramides élancées se profilaient à l’horizon enfin dégagé, faisant pousser à Mirlen un soupir de soulagement. On déboucha la gnôle, on mangea des amandes croquantes, pour fêter l’événement :

 

– Mes amis, voici que s’offrent enfin à nous les contreforts du Poingé.

 

Tout en exhalant force senteurs aromatiques, ils tâchèrent de reprendre une noble apparence et gigotèrent de joie. Une sève laiteuse s’échappa du chevalier Erald lorsqu’il s’éloigna à l’écart du groupe en compagnie d’Helga. Un beau bunya bunya leur offrit à tous ses bonnes graines nourrissantes. Parce que la moitié supérieure de sa tête représentait un monde très abstrait, Mirlen se rassasia seul de quelques nourritures spirituelles, imaginant que le coin serait bon pour faire paître quelques brebis. Puis il s’attacha à faire le point pour enhardir sa troupe :

 

– Ainsi nous sommes élus pour barrer le sort qu’a produit sur la reine Amanda de Fion l’Ovoïde Vazy Métoian LXIX, dit l’empaleur de Kiess, en la taxant de froidure génitale. Mais nous sommes résolus à quérir la fleur de pinette qui devra la sauver de ce grand mal. J’assure par prophétie véridique que nous trouverons la panacée derrière ces montagnes, mais qu’il faut encore les gravir. Pour le moment, prenons forces et refaisons provision de courage. La proposition suscita d’emblée l’enthousiasme, notamment celui de William, satisfait de masquer au mieux devant les autres sa traîtrise :

 

– Pensez-vous le Bonanzaza quelque peu habité, maître Mage ?

 

– Les anciens textes mentionnent une tribu appelée Troglobites, qui vivraient en ces contrées, mais ces livres furent écrits il y a plus de mille ans. Point ne devons nous effrayer pour de simples récits qui ne sont peut-être que de simples légendes.

 

Guidés par la phrase terminale, on oublia toute crainte pour lever quelques cornes à la santé des Troglobites, et danses en rond se succédèrent. Les chants des crapauds-buffles donnaient tour à tour la mesure, car les clapotis du marais étaient encore très proches.  

 

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Message édité par talbazar le 24-09-2014 à 19:00:14
n°39601303
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 26-09-2014 à 15:15:05  profilanswer
 

Salon littéraire
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 52.

 
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Le Lagon Bleu tournait rond. Derrière le bar, trônaient deux belles photos noir et blanc de Gino et de Jack Russel en train de trompeter par son cul. Sans plus de nouvelles d’Ewij, Marlou passait dans la boîte les trois-quarts de son temps à jouer au poker et Kiki descendait autant de scotchs que Babe montait de clients. Pour aider au financement du casino, Carla et Valéria avaient revendu sous le manteau leur élevage clandestin de Pittbuls au laboratoire d’une célèbre chaîne de cosmétiques. Jules et Jim Delacotte, enfin retapés à neuf, trimaient sec et s’enchantaient de leur nouvelle affaire d‘autant plus que, contrairement aux clients des tables de jeu, ils n‘avaient pas misé très gros sur ce business. Pour l’instant, malgré le regard continuellement suspicieux que leur portait Babe, ils avaient l’air réglos, à défaut d‘être des citoyens modèles. Ils avaient cependant obtenus de virer le gros videur taciturne, dont ils n’aimaient pas le genre, puis l‘avaient remplacé par un homme à eux. De temps à autre, Jim le taiseux se tapait de l’opium dans l’arrière boutique, sans doute pour rendre hommage à sa mystérieuse dégaine d’asiatique. Son frère au doigt amputé oscillait d’avantage entre vodka et cocaïne, ce qui collait souvent la trouille à Gouinette Patrol, parce qu’il avait comme on dit le vin plutôt mauvais. Marlou gardait d’ailleurs toujours dans son holster son pétard chargé, au cas où. Sa relation avec Carla se révélait du genre torride, ce qui lui était fort heureux, car les plans d’un soir entamaient toujours son estime de lui. Cette agaçante "walk of shame" du lendemain qu’il connaissait si bien. Rien de tel non plus pour Kiki Yorkshire qui filait le grand amour avec sa Babe, tout en épluchant chaque jour les journaux canadiens, dans l’espoir de repérer un pas de porte à vendre pour y installer sa blanchisserie. De quoi gagner une retraite simple comme bonjour en offrant de plus un service à domicile pour les trappeurs éloignés. Un changement d’échelle par rapport au Lagon Bleu, bien entendu, mais une entreprise tout autant d’utilité sociale, et pour tout dire, il s‘y voyait déjà. Vu le flouze que Babe avait déjà engrangé et sa petite prime à lui gagnée aux côtés de Marlou, c’était d’ailleurs plus un bénévolat d’action qu’un projet professionnel proprement dit. En attendant, Babe avait tatoué en couleur le portrait de Kiki sur le haut de sa fesse.  
 
 Chaque soir, sauf le lundi, la belle se pointait au milieu des leds qui changeaient constamment de couleur, remuant des hanches dans sa mini robe métallique, frôlant le zip de son dos sous le nez des gogos qui s’harponnaient la gueule pour la primeur d’une seule de ses œillades. Ensuite, prête à chialer, elle montait sur la scène pour lâcher sa chanson. Elle chatouillait sa glotte en collant des frissons à tout le monde et pendant ce temps là, la roulette en prenait tranquillement à ses aises pour soulager frauduleusement les joueurs de leurs biftons. La salle de jeu offrait des visages butés et muets, à peine troublés par les effluves du parfum violent d’Ashley la Gorette, par les efforts louables faits par Gouinette Patrol pour enlever son string dans le peep-show, mais l’on sentait bien qu‘un de ces soirs, parmi les rupins russes, arabes ou italiens, un mauvais perdant déraperait. Un jour, Valéria glissa une petite enveloppe dans la main de Marlou, dégagée du courrier du jour. C’est ainsi qu’il reçu une invitation au mariage de Géraldine, présidente du Gurukislapet, avec son julot Ban Leden. Il décida de ne pas y aller, histoire de ne pas touiller un passé trop frais, mais l’appela néanmoins pour la féliciter. Elle n’avait aucune nouvelle d’Ewij, en dépit du zèle de ses services, mais promettait à Marlou la primeur des infos.  
 
 La relation de Carla et de Marlou était on l’a dit tumultueuse et passionnelle, ponctuée d’embrassades mutuelles, ce qui rendait leurs nuits aussi attrayantes que possible. On les voyait partir en journée tutoyer l’asphalte à bord du nouveau bolide de l’inspecteur, sorte d’extravagant produit dérivé du Lagon Bleu, pour aller souiller quelque couverture en pleine campagne. Carla subjuguait Marlou littéralement, parce qu’il pensait avoir atteint en sa compagnie sa propre quête du bonheur. Elle l’abreuvait de « je t’aime Marlou » plutôt réussis, indifférente par principe à tout les autres mâles, ce qui chassait chez le privé la crainte des placards et des penderies. Pour la première fois peut-être, lui, le charmeur intrépide, n’arrivait pas à se sentir coupable dans le lit de Carla où ils se couchaient toujours très tard. Il s’étonnait sans doute aussi de son étonnante ressemblance avec son frère Gino et de son étrange manie à trimballer en permanence un monstre de couteau de cuisine au fond de son sac Vuiton, qui n‘était pas un faux. Marlou était touché en plein cœur par la belle Italienne et lui disséminait avec entrain des bordées de son sperme au fond du décolleté. Il tirait également sans vouloir se l’avouer une certaine fierté de sortir avec elle. Valéria était plus réservée, mais elle s’était peu à peu laissé séduire par Jules, sans chercher pour autant à le décrocher de la drogue et de la bibine. Elle le traitait se sale pusher et lui la giflait en retour gentiment sur les fesses, pour se donner des airs truands. Pourtant, malgré ses airs de durs, il comblait gentiment mademoiselle. La vérité est qu’elle était en secret paniquée à l’idée de perdre sa jeunesse, mais ce n’étaient sûrement pas les concupiscents connards et les petits teigneux accoudés au bar du Lagon Bleu qui pouvaient s’en douter.  
 
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n°39615099
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 28-09-2014 à 14:43:51  profilanswer
 

Salon littéraire.
 

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 32.

 

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Somme toute, la responsabilité du docteur Halrequin consistait à contrôler chez Jhonny Alité une phase d’acceptation de sa véritable identité, de façon à pouvoir le rendre à la société pour une exploitation normale. Il avait donc très souvent avec le personnel de sa clinique de nombreux débats concernant les conditions contractuelles de livraison. On était pour l’instant très loin d’un heureux convoyage de l’amnésique vers son foyer ou la prison, la justice en déciderait. Malgré la complexité du sujet, Jason devait s’avouer néanmoins que le cas du 93 le distrayait agréablement des habituels accidents de cuisine et leurs tristes cohortes cramées vives aux heures de repas. Sur sa demande, Babette arriva dans sa tenue de travail, dégageant son arrière-train en vue d’un atterrissage imminent. Elle progressait lentement en l’agitant d’un mouvement de hanches régulier. Jason devait en effet faire son job sans le sourire gratuit de Gwendoline, puisqu’elle n’était pas de quart ce jour-là. Un claquement des doigts de Babette le fit la regarder dans les yeux. Ses beaux yeux d’une sévérité envoûtante faisaient d’elle à coup sûr l’ambassadrice mondiale du chic médical, une sorte d‘érotisation définitive de la médecine. Exactement comme Gwen, ceci dit, mais dans une version brune. Elle se posa sans heurt dans un fauteil du bureau de Jason, au cours d’une manœuvre parfaitement réussie. Une sorte de danger couvait sous l’abondance de ses charmes, il en était parfaitement conscient, c’est pourquoi il s’attacha mentalement à tuer un par un les monstres qui poussaient dans sa chair à la vue des mamelles hypertrophiées de l’infirmière.

 

 Il lui présenta par perversité inconsciente quelques chocolats à déguster contenus dans une petite boîte carrée, puis il rangea soigneusement dans un tiroir quelques documents relatifs à l‘agent pathogène de la tristesse qu‘il pensait avoir identifié. Dérangeante sans le faire forcément exprès, Babette plongeait quand à elle dans les abysses magnifiques que formaient les prunelles de Jason. C’était si délicieux d’être traitée de temps à autre par cet homme sportif et séduisant avec un peu de respect, que son ventre s’orna d’un frisson délicieux qui la parcouru de la bouche à l’anus. Ses poumons s’emplirent de l’odeur de parfum frais, hespéridé, que diffusait le chirurgien, tout en se sentant dans ce  bureau comme chez elle, alors que la présence concrète et rassurante de Jason se greffait directement sur sa moelle épinière. La sensation de confort dessina sur sa bouche un sourire longue durée. Son cerveau chuta pourtant comme dans un film d’horreur, lorsqu’il se rendit compte que l’entretien avec son démiurge flamboyant ne serait que strictement professionnel.

 

– Si je n’étais pas directeur de clinique, je suis sûr qu’on m’aurait proposé la présidence du prochain festival de Cannes.

 

– Mais assurément, Docteur. Toutefois ne soyez pas aigri, vos patients trouvent à leur arrivée dans leur chambre air conditioned une salle de bain avec linge de toilette repassé, une TV couleur en location, une assistance respiratoire 24h sur 24, les lits son faits et le linge de maison en place. Vous les gâtez, bien que la glycémie en rapide augmentation statistique  nous fasse manquer quelques réservations, mais c’est bien à votre honneur. Vous voyez ? je suis aussi bien installée dans ce fauteil que vous l’êtes dans votre carrière. Votre photo a paru dans tellement de journaux !

 

– Sans oublier salles de gym, piscines, jardin alpin avec location de parapluies en cas d‘averse, solarium sur le toit, atelier de bricolage et chapelle expiatoire, pour ceux qui peuvent se les offrir !

 

– Et notre fameux sloglan : « The longer the stay, the lower the bill ! ». Vous soufflez chaque jour grace à lui dans le nez des concurrents, avec vos tarifs au mois aussi régressifs que dépressifs, même pour des réfugiés fiscaux.

 

– Et notre funérarium intégré qui leur épargne des déplacements supplémentaires et fastidieux. Une prestation prévue pour faciliter leur séjour, ou du moins sa fin. Je vous remercie d’ailleurs pour votre si précieuse collaboration à notre épopée, Gwendoline.

 

– Comment venez-vous de m’appeler ? Le diamètre de ses artères tendait subitement à se réduire, car l’horrible lapsus venait d’avoir sur Babette un effet spectaculaire, avec une étrange envie de mort en service. Autant pour elle que pour lui, sans compter une drôle d‘envie de le traiter de lâche et de fanfaron. Elle se sentait comme une pauvre petite crevette sauvage ballotée dans l’immensité d’une mer houleuse.

 

– Pardonnez-moi, Babette, sa langue à lui avait la sentation d’avoir effectué un looping inversé, je suis tellement débordé de travail. Vu la tronche de l’infirmière à l’écoute de sa regrettable bourde, la conversation n’avait pour Jason absolument plus rien d’amusante.

 

– Humm… Elle n’acceptait certes pas son explication vaseuse, mais ne pouvait prendre le risque de lui déplaire. Elle était cependant intérieurement dévastée, avec au fond de la gorge un affreux goût de poisson avarié. Bon, fit-elle d’une voix tremblante, allons-nous oui ou non rendre visite à Jhonny ?

 

– Vous avez raison, Babette. Il appuya volontairement par prudence sur son prénom. J’ai prévu pour lui un protocole d’hypnose qu’il me tarde de mettre en œuvre.

 

L’incident était clos, au prix sans doute pour Babette d’une lourde perte de confiance en elle-même, puisqu’elle maudissait cette alternance obligée qui le faisait tour à tour bosser avec elle ou Gwendo, parfois même les deux ensembles. Elle ne pouvait se satisfaire qu’il lui ait un jour offert à elle seule un gros bouquet de muguet, un jour de premier Mai, dont le parfum l‘avait toute la journée rendu tellement heureuse. L’infirmière frôla sans la voir la carcasse du 74 à l’âge avancé qu’un brancardier descendait d’un étage. L’une des causes de la mort est certainement la croissance, mais lui au moins avait trouvé le moyen de fuir les difficultés de l’existence et les tortures de l‘amour. Dans une petite salle d’attente devant laquelle ils passèrent rapidement, un téléviseur diffusait en sourdine dans l’indifférence générale les toutes dernières nouvelles de la fonte inquiétante des glaciers Suisses, suivi d‘un diaporama de 25 000 clichés sur le monde rural alsacien. La télévision suisse n’est jamais pressée, ce qu‘illustrent aussi parfaitement ses tournois de belotte en prime-time. L’infirmière surveillante générale se concentra sur l’aventure vraie du sauvetage espéré de Jhonny, l’audace et le courage de Jason, pour mieux faire taire sa rancœur et se préparer en conséquence à l’intervention non homologuée. Cette  opération délicate ferait peut-être rentrer le nom du patron dans l’histoire, grâce à sa stratégie innovante et prometteuse du traitement de l‘amnésie par hypnose. Le policier en faction dans le couloir réfréna habilement sa pulsion de pousser un sifflement admiratif à la vue de Babette. Bousculant les conventions régissant ce monde clos, elle entra sans frapper dans la chambre 93, suivie par un  Jason désormais particulièrement détendu.

 

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Message édité par talbazar le 28-09-2014 à 14:53:00
n°39672790
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 03-10-2014 à 14:54:25  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : j'ai pas noté le peintre.

 
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Et encore un plagiat de merde :
 
 cf : La moyenne Encyclopédie / Salon des inventions - les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar : Le poulet à six pattes. VOL 2
 
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salon des inventions : Les machines essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
 
Aujourd'hui : Les tongs de sécurité.

 
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Sous les pavés, c’est rarement la plage, surtout si l’on travaille à la voirie. On cherchera en vain tout point commun entre un parasol et un marteau-piqueur, même si les gars du bâtiment peuvent sans doute profiter des intempéries pour glander. Ursaff, CRDS, CSG non déductible, salaire net fiscal, c’est pas de l’ice-cream. Mais ça n’empêche pas de rêver au soleil, tout en bétonnant fièrement ses 2000 m². L’habit fera pourtant toujours le moine et donc la tong le vacancier, c‘est pourquoi cette invention suprême vous sauvera la mise et vous offrira du rêve, tout en respectant scrupuleusement le code du travail.  
 
 Talons renforcés, semelles anti-perforation, embouts de protection, les tongs de sécurité du pro-fesseur Talbazar satisferont à tous les critères des utilisateurs de chaussures de sécurité qui veulent bien travailler, mais en se la jouant cool. Le problème n’étant pas de travailler le dimanche, mais comment. Bien entendu, l’idéal sera toujours de se promener pieds nus sur le tas de sable qui nous sert à cimenter, mais non seulement c’est dangereux, cela reste interdit. En revanche une nouvelle signalétique de danger nous avertira partout où la tong de sécurité sera obligatoire.  
 
 On n’oubliera pas, pour plus de réalisme, d’approvisionner la glacière de son casse-croûte du midi avec une glace deux boules. Pourquoi dès-lors ne pas organiser, chaussé comme ses camarades de ses tongs de sécurité, de sympathiques tournois de pétanque au bord du chantier de l’autoroute, en utilisant d’une manière astucieuse les roulements à billes des chenilles de la pelleteuse ?
 


Message édité par talbazar le 03-10-2014 à 15:38:43
n°39688901
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 05-10-2014 à 17:02:00  profilanswer
 

Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : L'épilée du Nil. Extrait numéro17.

 

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Une fois découvert l’enlèvement de Néefièretarée, Tahosétlafer et Merdenkorinnanâr s’engueulèrent sévèrement sur la conduite à tenir :

 

– Le cœur de la question est de bourrer dedans et de récupérer celle qui légifère et gouverne l’Egypte, jusqu’à preuve du contraire, affirma le premier.

 

– Oui, mais si je dégage un bilan des bouleversements qu’engendre cet enlèvement, nous prenons le risque de la mettre en danger.

 

–  Ton bon sens t’abandonne, l’histoire te jugera avec rigueur. Ces pirates ne sont que des barbares et des trafiquants, n’es-tu pas général d’armée ?

 

– Je voudrais que tu arrêtes de tripatouiller mes affaires. Comme je ne peux pas attendre le bon vouloir de ces pirates et ne rien faire, je vais envoyer un commando d’élite à ces canailles.

 

– Et moi je vais lever par magie une tempête de sable pour leur faciliter le boulot.

 

– La guerre est l’affaire des hommes, pas des devins, mais si ça peut aider. Son demi-sourire narquois prouvait qu’il émettait des doutes sur les dons réels du grand prêtre.

 

– Alors on est d’accord.

 

C’est ainsi que Merdenkorinnanâr désigna cinquante hommes parmi ses meilleurs pour aller discrètement délivrer la reine des griffes de ses ravisseurs, sous la direction d‘un gradé aguerri nommé Djôserlapéro-Légadi. On sacrifia aux dieux quelques béliers puis on arrêta les tirs de zébus, pour ne pas mettre en danger le commando, dont l‘aspect des visages les faisait ressembler à des mecs qui auraient banni le savon. Ils se jetèrent au sol et tendirent leurs nuques comme un seul homme pour obéir aux ordres de leur général, debout devant eux vêtu d’une longue robe, avec sur la poitrine un lourd pectoral d‘argent.

 

– Bon les gars, soyez plus rapides que la panthère et plus acharnés que l’aigle, pour me ramener le plus vite possible Néefièretarée. Juge et venge ma cause, O Râ le puissant qui parle par ma gorge !

 

Se tenant tous les uns dans les autres au cours d‘une scène tendue et dangereuse, les braves volontaires dont la devise était « Toujours devant, jamais derrière », entendaient là la voix de la raison et de la vérité. Quittant tout à coup leurs mœurs grossiers, ils devenaient ces hommes de prestige à qui Djôserlapéro-Légadi leur ordonna de se mettre en route vers l’ennemi sans plus tarder. Emportant avec eux quelques charges de démolition pour se remonter le moral, ils partirent vers l’est où les défenses ennemies semblaient étonnament plus faibles. Aucun abri de défense passive ne semblait en effet y avoir été construit, car le général avait envoyé auparavant deux soeurs jumelles pour le vérifier. Alors qu’ils étaient à mi-chemin, d’épais nuages bruns s’assemblèrent dans le ciel et une violente tempête de sable se leva. Les 8ème et 7ème régiments de défense anti-aérienne des pirates, la DCZ (défense contre zébus), qui avaient tendus de larges filets pour amortir les tirs de zébus, furent balayés comme des fétus de paille, permettant en revanche au commando d‘avancer en rampant. Merdenkorinnanâr ne pouvait pas le croire et restait stupéfait des pouvoirs de Tahosétlafer. L’impact du prêtre sur la météo égyptienne, c’était bien autres choses que les tracts d’excellente propagande qu’il balançait lui-même sur l’ennemi pour l’inciter à se rendre. Aidé par les vents de sable qui le rendaient parfaitement invisible, le détachement pris pied dans un secteur mal défendu, mais dut se battre néanmoins toute la nuit, car il fut arrêté par des hommes nombreux armés de lances portées par des mains résolues. Hélas, à cause du sable qu’ils avaient depuis trop longtemps dans leurs yeux brûlants, soudain titubants, les hommes du commando furent vaincus par ceux qui en vérité semblaient les avoir ferment attendus. Ceux-là portaient tous des lunettes de la marque Râ-Ban qui les protégeaient du souffle fatal.

 

Un messager dévoré de zèle couru réveiller Dérokelbonfix alors qu’il faisait semblant de dormir, car le chef menait depuis son engagement à la tête des pillards une vie rude, dangereuse et difficile. Il rasa sa barbe abrasive, avala un pot de bière sorti de son bar mobile, pris ses sandales poudreuses, vit dans son miroir de bronze poli que le soleil naissant allumait sa mèche, puis il rendit grâce au porteur de message pour sa bonne nouvelle.

 

– Les envoyés de l’opresseur sont tombés dans votre panneau, nous avons fait vingt prisonniers, dont leur supérieur, qui dit s‘appeler Djôserlapéro-Légadi. Lui on l’a gardé en vie mais les autres ont les a liquidés, voire éviscérés, ce qui revient au même.

 

– Très bien. Comme je l’avais prévu, leur plan a foiré et le mien a fonctionné. Ils sauront maintenant ce qu’il en coûte de m’emmerder. Plus rien ne devrait dorénavant s’opposer au paiement de la rançon. Les conséquences de ce coup de force avorté seront catastrophiques sur le moral de l’armée égyptienne.

 

Pendant ce temps-là, abreuvées d’eau bouillie, Néefièretarée et Jésentilpetla étaient soumises à de durs travaux humiliants, comme celui de sortir elles-mêmes leurs vases de nuit pour aller les vider dehors. Les voir passer devant eux leur pot de chambre à la main déclenchait chez les pirates de nombreuses gorges chaudes. L’esclave avait insisté pour s’occuper des deux, mais la pharaone avait décidé d’agir en toute solidarité avec la jeune fille. Pour bien montrer à ces cons par cette situation médiatiquement confuse qu’elle n’avait peur de rien et surtout pas d‘eux. Elle bridait cependant sa colère jusqu’au pire masochisme.

 

– Une reine qui capitule ne l‘est plus, déclarait Néefièretarée, plutôt fière de son nouveau jeu de rôle. Elle imaginait déjà le docu-hommage qu’on graverait sur les bas-reliefs de son tombeau, si jamais les ouvriers chargés de le construire reprenaient le boulot. Il faudrait d’ailleurs y rajouter aussi son projet de créer une crèche au palais pour les enfants de son nombreux personnel, y compris ceux des chauffeurs de sa  litière. La bonté est toujours émouvante.

 

Dérokelbonfix avait d’autres préoccupations. L’un de ses soldats, un saxon qui bossait auparavant comme esclave syndiqué à la British Pétroléum dans le désert Lybien, un type brute et peu raffiné, rondouillard comme un baril et les cheveux tondus, vint le trouver à la tête d’une délégation énervée. Dérokelbonfix connaissait bien ce type qui comptait parmi les grosses huiles de son état-major, bien que né sur le bitume. Il avait en son temps rallié à la cause de nombreux esclaves Nubiens, venus en masse rejoindre l’armée des pirates, une vraie marée noire. Le gars monta sur une plate-forme pour mieux se faire entendre :

 

– Chef, tu es bien d’accord qu’on veut installer dans ce pays une véritable démocratie sans passer par une révolution bourgeoise.

 

– Et ?

 

– Que la supériorité tyrannique d’un seul occulte toute loi commune.

 

– Mais encore ? Tout en jetant un œil énamouré à sa fiancée Sicégratisjpépa, une petite brune explosive qui se tenait coite à ses côtés, l’instigateur du rapt de la pharaone se demandait sous quel angle il devait prendre ce saxon.

 

– Alors voilà, les hommes viennent de voter et le résultat des urnes donne 95 % de nous autres qui se prononcent pour le viol des otages, 2 % qui ne se prononcent pas et les 3 % restant se violent déjà de temps à autre entre eux, raison pour laquelle ils ne sont pas trop emballés par la proposition.

 

– Et donc tu es en ce moment en train de te foutre de ma gueule, c‘est ça ?

 

– Non, répondit le meneur en descendant de sa tribune, mais faut reconnaître que ces filles embarrassent l’armée et occasionnent de la dépense. Et puis on veut pas vraiment les tuer, mais juste exploiter leur intimité par interaction réjouissante. Faut dire aussi qu’on est plus divisés sur le choix de ton successeur, si tu vois ce que je veux dire.

 

Devant toute son armée réunie Dérokelbonfix s’empara vivement de l’urne de vote dans ses pattes noueuses, pour la briser violemment sur la tête du Breton, en disant à ses troupes aux bannières flashy :

 

– Amis, souvenez-vous de ce vase du saxon !

 

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Salon littéraire

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 31.

 

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Il y avait beaucoup de cloches dans le royaume de Fion, dont l’hypercoquette reine Amanda Blair faisait partie. En son glorieux castel, vautrée nonchalamment sur les coussièges de sa sombre chambrée, elle fignolait d’adorables nappes au point de croix, toutes ornées de motifs marins illustrant les monstres mythiques de la mer de Cybrine. Amanda aimait les hommes et notamment tous. Sa nymphomanie autrefois joyeuse était d’ailleurs célébrée copieusement non seulement dans les ruelles de Fion, mais également du pays de la Godée des petits Huelabits jusqu’à l’ancienne ville de Mouyse. Un jour qu’elle sortait à peine de son grand vizir Baristan Lakeu, aux ongles et à la barbe noirs, Amanda apprit avec dépit de sa bouche qu’il allait se marier. Il était en effet à deux doigts de se faire un burn-out des prunes à force de frictionner sans mesure et en vain la malchanceuse Lady. Epuisé, il n’arrivait bien entendu pas plus que les autres à l’assouager, mais comme il désirait rapidement descendance il venait de se trouver finalement femme de Fion pour l‘épousailler, renonçant provisoirement en surface à guigner le trône. Après son mariage, vrai foimenti, on vit en tout lieu le grand vizir accompagné de sa mignonne vizirette et sa majesté fort contrie en était bien jalouse, par lacrimable grevance.

 

– A t’on des nouvelles de La Pérouse ? se lamentait-elle sans cesse auprès de Baristan, tendant le cou pour écouter la réponse.

 

– Qui ça ?

 

– La Pérouse, c’est le nom de famille de Mirlen, c’est comme ça qu’il s’appelle, de par son père.

 

–  Ce maître mage de la communauté de la gnôle ? non, aucune nouvelle, pas de poule messagère. A mon avis c’est foutu. Cette folle histoire de pinette n’était sans doute que charabia. Point n’est sans doute possible de gagner le Bonanzaza et d’en revenir vivant.

 

– Et bien s’il sont morts, ils avaient plus de courage que vous eûtes oncques, messire.

 

– Faut pas charrier, j’ai du boulot ici, moi.

 

En réalité, Baristan était lui aussi bien embêté de ne point avoir connaissance de ce qu’il advenait de William de Balaizebaloches, car l’empaleur de Kiess, l’Ovoïde Vazy Métoian LXIX, le pressait en secret par oie postale de lui fournir information. Le vizir sentait bien qu’il ne pourrait jouer durablement le double-jeu et que sa trahison serait fatalement dévoilée. Bien qu’il joua sa peau dans l’aventure, il profitait pour l’heure de son épouse dans tout coin du palais, car cette jeune beauté qui s’appelait Marie Stetarte, lui offrait par poussées vitales et vigoureuses de quoi oublier les étreintes glacées d’Amanda. Elle était au contraire fort habile à le décharger, prompt à crier sans retenue une joie sincère, énergique et toujours prête à faire face à toutes les positions, sans se soucier des chroniques scandaleuses qui s’écrivaient déjà dans son dos. Elle trouvait au vizir un corps harmonieux et passait de longues heures en lui, histoire d‘égayer leur longues soirées d‘hiver, pendant que la reine Amanda dormait seule, aussi froide que glaçon.

 

 La malheureuse majesté de Fion cauchemardait chaque nuit que de gros vers hideux s’acharnaient dans son corps blanc comme lys pour le dévorer. Elle devait se remarier, mais aucun candidat qui se présentait au château ne gagnait son bouton, même si bien des fidèles se rendaient chaque soir à l‘appel de leur souveraine. Croulant sous l’avalanche des demandes, elle en voyait des vaniteux qui se collaient sur elle sous prétexte de grosse perche, et qui quittait la cour avec la nouille à terre, dépité que le trône leur échappe, puisque la reine n’avait rien perçu. Tous outrageaient son honneur, bien qu’ils n’y soient pour rien, mais ces échecs finissaient par lui soulever le cœur et la rendait souvent odieuse à tous. Elle se disait parfois en se rongeant les ongles qu’elle finirait clarisse desséchée au temple de Kramouille. Dans son château tragique battu par la tempête, Amanda Blair rudoyait vainement sans faiblir les glands de ses sujets, pendant que l’Ovoïde, son déloyal bourreau,  se voyait pour sa part devenir dans peu de temps l’Empereur de Minouland. Il avait posé son sac dans la ville de Mouyse qu’il venait de conquérir, en s‘aidant pour ce faire des tribus Zgomatix. Il réfléchissait longuement sur son trône de bronze au problème délicat d’une culture accessible à personne et son besoin de conversation aux vastes débouchés couvrait le son de sa courante.

 

Ainsi posé, lui nageait dans le bonheur auprès de sa dixième épouse, la plus jeune, appelée Angèle de Médededan. Il connaissait donc d’une manière arrogante équilibre sentimental, richesse matérielle et vie sociale exaltante. Il empalait ses ennemis par techniques inédites et prenait des décisions opportunes et avisées, mais le Royaume de Fion était trop bien défendu pour tomber rapidement sous sa coupe. C’est pourquoi il avait jeté sort à la reine Amanda pour lui paralyser la croupe. Et selon le traitre Barisan qu’il avait soudoyé, l’appareil fonctionnait si bien que le peuple de Fion commençait à râler. Il était là, à percoler sur son trône les grains de ses raisins, tout en méditant sur les lois éternelles du succès. Il était fier de son idée géniale, heureux de fomenter sans bouger une révolution au palais de Fion, bien qu’il ait empalé le sorcier tourmenteur d’Amanda, pour un mot de travers que ce clown maître sot avait eu. Vazy Métoian était un homme sans embonpoint et aux muscles solides, point entaché de timidité néfaste. Il avait choisi tout jeune sa carrière de tyran parmi les 700 professions honorables sélectionnées pour lui par ses parents. Il pouvait donc se vanter d’avoir eu la situation en rapport avec ses aptitudes. Si son bol continuait, ses enfants et ses petits enfants peupleraient bientôt et domineraient après lui toutes les cours de Minouland, du Bonanzaza au pays de la Godée, en passant naturellement par le Fion. Lui se conterait de vieillir dans la Mouyse, au bras sans doute de la reine Amanda, la plus belle princesse du monde. Mais si celle-là refusait trop longtemps à se soumettre à lui, le pal viendrait la saisir avant peu pour expier sa faute, car il était quand même rapace, ambitieux et jaloux.

 

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Message édité par talbazar le 05-10-2014 à 17:03:11
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 10-10-2014 à 16:02:05  profilanswer
 

Salon littéraire :  
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar.
 
Aujourd'hui : Marlou les doigts d'or. Extrait numéro 53.

 

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 C’était un soir sans client, enfin presque, juste quelques mecs pas trop clairs venus là pour blanchir sur le tapis de cartes l’argent sale de leurs patrons, histoire de leur restaurer à coups de jetons un semblant d‘équilibre moral. Le ventilo du plafond brassait lentement sur eux l’air infecté par la fumée de leurs cigares. Marlou était sorti depuis une heure faire un tour en ville avec Kiki. A l’étage, dans l’une des chambres qui leur était réservée, Valéria et Babe causaient gentiment entre filles en sirotant chacune un Malibu :

 

– Mais tu es folle, Valéria, tu lui trouves quoi au Jules ? Tout ce que tu vas gagner avec lui, c’est déception et regrets, il te plaquera dès qu‘il voudra.

 

–  Ho arrête, tu ne connais rien aux hommes, tu sors avec un chien.

 

–  Ah ouais, tu sais combien j’en croise dans ma piaule, à partir de dix heures, sauf le lundi ?

 

–  C’est des clients, Babe, ça compte pas.

 

Un bruit d’altercation venu d’en bas les alerta. Elles se précipitèrent pour trouver Jules en pleine discussion animée avec un quidam en chemisette fleurie qui donnait fortement de la gueule. Du genre à faire de la musculature devant son miroir. On devinait que la partie de poker avait vu défiler d’abondantes liquidités. Tous les autres clients se levèrent rapidement pour décamper de la boîte, suivis par les croupiers qui s’éclipsèrent prudemment dans une autre pièce.

 

– Tu connais ce vilain ? fit Valéria à Babe en contournant le bar pour rejoindre sa sœur, visiblement très inquiète.

 

– On le dit rongé par la syphilis, il lui manquerait quelques neurones. C’est Joe di Macho, un des hommes sans cervelle d’un caïd notoire qu’on appelle Beau Brown.

 

Gouinette n’était pas visible. En revanche, assise sur un sofa et plus bourrée qu’un sac de sable, misérablement dépeignée, absolument naufragée du maquillage, Ashley la Gorette ne semblait pas s’apercevoir du cirque qui l’entourait. Sa clope lui tombait du bec et pour tout dire, elle puait l’alcool et le parfum ranci. Elle renifla bruyamment en renonçant à son martini gin :

 

– La Gorette pompette, concubine chouette !

 

– Vous vous foutez de ma gueule ! clama Di Macho avant de se lever brusquement de sa chaise en bombant le torse. Vous avez truqué mon jeu ! il couvait un flingue dans sa poche, ça crevait les yeux.

 

Ashley s’écroula. La conjoncture poisseuse tendait vers une situation franchement hostile. Joe eut un geste vers son feu mais Jim l’empêcha de conclure, car sans prononcer un mot, il empoigna une bouteille de gin par le goulot, qu’il fracassa brutalement sur une table, avant de présenter le moignon de verre acéré devant la tronche de Joe. Ce faisant, il jeta en silence un coup d’œil bridé à son frère. En adepte des techniques de furtivité, Jules s’était lui aussi insensiblement rapproché derrière le scandaleux. Le videur appelé Harry le Chacal se pointa lui-aussi pour apporter son aide. Ils étaient désormais les seuls dans le casino, sans compter les filles. La nouvelle ambiance dessoula un peu la Gorette, mais aussi fragile qu‘une bulle de champagne, elle resta allongée sur la moquette. Un poil trop lent, Joe reçut le goulot ébréché dans la main, au moment même où Jules l’attrapa par le cou. Le chacal se chargea d’immobiliser le reste. On débarrassa le bavard de son six coups étrangement non chargé, avant de ficeler l’emmerdeur sur sa chaise. Il gigota un peu, mais sa pogne droite était ouverte jusqu’à l’os. Du raisin coulait à flot sur ses godasses.

 

– Qu’est-ce qui vous prend, les ghetto brothers ?

 

– Et si tu la fermais, Di Macho, nous on pourrait causer. T’es un mec à Beau Brown, à ce qu’on dit.

 

– Et alors ?

 

– Alors c’était mieux chacun chez soi, nous on est pour la paix des rues, mais plus encore pour la paix des boutiques, c‘est d‘ailleurs pour ça que celles de ce quartier  nous paient si gentiment. T’aimes le foot, Joe ?

 

Comme l’autre ne répondait pas à la question de Jules, Jim lui colla un uppercut dans l’estomac, avec une progression fulgurante. Puis un autre dans la mâchoire qui fit quelques jours dans son râtelier. Sa chemise s’en trouva pleine de sang.

 

– T’aimes le foot, Joe ? Reprit Jules.

 

– ouaais !

 

– Alors tant mieux, parce que je vais t’envoyer au paradis des gros cons, pour aller les rejoindre. La phrase se voulait gratuitement menaçante, sans plus.

 

– Arrêtes, Jules ! Valéria avait crié derrière le bar, mais elle ne bougea pas, visiblement incapable de s‘insérer efficacement dans le projet de ses associés.

 

Comme il avait l’humour couillon, Jules emplâtra cette-fois lui-même le bide de sa proie sans retenue, ce qui la rendit raide sur le coup, d’une sorte d’hémorragie invisible de l’extérieur. Il avait offert en force ce que Jim avait donné en précision, aussi ce dernier rappela le bras de son frère avant qu’il ne reparte pour une nouvelle symphonie, avec du recul, mais pas beaucoup de distance. Visiblement, un doigt en moins, ça ne l’empêchait pas de cogner.

 

– C’est plus la peine de l‘astiquer, monsieur vient de nous dire au-revoir.

 

– Mais c’est pas possible, je l’ai à peine touché ! Jules crocha les cheveux sanguinolents du Macho pour lui relever la tête, mais ses yeux de merlan et sa langue pendue qui lui sortait connement de la bouche ôta franchement leurs doutes.

 

– Non mais vise un peu, il a quitté le stade sans attendre le résultat du match.

 

– C’est bien triste, ouais. Jim affichait un regard fataliste.

 

Au même instant, Marlou ramenait Kiki de sa pause-crotte ; depuis qu’ils étaient à l’abri du besoin, ils avaient pris une certaine habitude de glander, même en soirée.

 

– Fais gaffe à ta ligne, Kiki, t’as pris 5 grammes depuis que je te connais, tu vas finir par dégouter Babe.

 

– J’y peux rien, j’ai les poils qui poussent. Le Yorkshire goûtait moyen la perfidie.

 

– Ah ! Cellulite et poils, les deux hantises de l’époque, ça.

 

Toutefois, en laissant Harry le Chacal tenir la porte pour qu’ils entrent dans le boxon quasi-désert, ils comprirent de suite que quelque chose n’allait pas. Ensuite ils collectèrent de précieux indices, en apercevant au fond de la salle de jeu les frères Delacotte en bras de chemise au milieu des cartes à jouer éparpillées, devisant à voix basse aux côtés de Joe Di Macho démoli à mort sur sa chaise. Comme il était ficelé, il tenait toujours dessus. Harry confirma qu’il était out, sans s’étendre d‘avantage, puis il retourna nonchalamment vers l’entrée, comme quelqu‘un qui en a vu pas mal d‘autres. Les grandes questions ne sont pas toujours celles qui attirent les bonnes réponses, Marlou s’en rendit compte aussitôt, lorsqu’il interrogea les frangins sur ce qui venait d‘arriver. Leur conclusion n’envisageait forcément pas toutes les répercussions de cette regrettable bavure pour le Lagon Bleu. Il se disait aussi incidemment, en voyant le pauvre mec suinter beaucoup de rouge par le nez, tant qu’à périr en mission, il préférait sans doute prendre une prune dans le battant que de finir comme ça. Les filles s’étaient rapprochées, sauf Ashley qui venait finalement de quitter le sol pour s’avachir au creux d‘un fauteuil club. A moitié hystérique, Babe était ouvertement hors d’elle :

 

– Bande d’enfoirés, ce mec est un gars de Beau Brown, vous croyez peut-être qu’il va apprécier qu’on licencie nous-mêmes son personnel ? L’honneur, c’est comme mon cul, ça se lave !

 

– C’est possible d’avoir une conversation entre adultes ? Jules ne faisait cependant pas trop le malin, car il était soumis à l’œil noir de Marlou.

 

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Message édité par talbazar le 10-10-2014 à 16:14:29
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talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 11-10-2014 à 10:51:06  profilanswer
 

Salon littéraire.

 

Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : Moins belle, la vie. Extrait numéro 33.

 

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– Alors Jhonny, qui sommes-nous, aujourd’hui ?

 

– Ben Jhonny Alité, votre patient amnésique de la chambre 93, pardi.

 

– Ah oui, et vous savez ce qui a provoqué votre petit traumatisme ?

 

– J’étais allé chercher de la litière pour poissons dans une grande surface, lorsque j’ai pris un pont roulant sur la tronche. Depuis, ma maladie m’a fait faire un certain nombre de conneries regrettables, mais je me sens beaucoup mieux. Comment va Jeanne Hachette ? elle a tellement souffert de ma situation.

 

Le docteur Halrequin s’attendait à tout sauf à ça et sa bonne humeur séteignit d‘un coup. Se pourrait-il qu’il ait maintenant affaire à une guérison spontanée ? dans la clinique Saint Bernard, il faisait toujours en sorte que sa bonne médecine consiste à amener la thérapie au patient et non pas à amener le patient à la thérapie.

 

– Nom de dieu, Babette, une rémission !

 

Ce petit con d’amnésique faisait encore des siennes d’une manière inattendue, et mettait son projet d’hypnose au rencard. Il sortit quelques photos de sa poche, qu’il mis sous le nez de son patient :

 

– Fais un effort, Jhonny, est-ce que tu reconnais cette personne ?

 

– Bien sûr, c’est maman.

 

– Et celle-là ?

 

– Papa, l‘année dernière, je crois. Non, je suis sûr, c’était au mois de décembre pendant le réveillon à St Moritz. J’avais pris une cuite.

 

– Et là ?

 

– Ma petite Jeanne, évidemment. Vous savez, je crois qu’en plus du défaut de masticage qu’elle accuse visiblement, elle me semble atteinte de bruxisme nocturne, vous devriez vous pencher là-dessus, ça m‘empêchait de dormir quand j‘étais dans son lit.

 

– Et çà ?

 

– C’est Flipper, mon poisson, un Hyphessobrycon metae.

 

Visiblement ça n’allait pas. Jhonny semblait en disposition de réussir tous les tests, ce qui ne semblait guère arranger Jason. Cette consultation médicale était proche de virer au cauchemar. La santé mentale du 93 avait l’air bonne, ce qui heurtait l’éthique personnel du toubib. Des fois, il en venait à regretter de n’avoir pas ouvert à Genève un simple cabinet d’orthodontie pour enfants captifs ou un centre agrée de vaccination obligatoire. Le confort matériel pouvait dans certains cas être dans la vie d’un médecin une consolation si sensible. Pire encore, Jhonny récita par cœur ses numéros de téléphone, code pin compris, son numéro d’assuré, de compte bancaire et pas mal d’autres chiffres très personnels que bien des gens normaux n’avalaient pas eux-mêmes. Le chef de la clinique pouvait bien admettre que ses malades soient écoutés, reconnus et valorisés, mais il avait plus de mal à accepter qu’ils se mettent à guérir dans son dos, avec le danger toujours possible ne pas être payé en retour. En tout cas personne ne pouvait l’accuser d’avoir tout tenté. Le déplacement de Jason dans la chambre, entre ombre et lumière, créait pour Babette une ambiance songeuse. Elle le voyait en proie à de vives réflexions qui n’avaient rien à voir avec la lampe de chevet. Bien qu’il soit musclé, jamais elle ne l’avait vu faire étalage de force brute, même en salle d’opération. Que pouvait bien cacher Jason derrière toute cette perfection ? sa blouse à elle était d’une échancrure à damner, aussi vicieuse que merveilleuse, mais lui semblait ailleurs, tout entier occupé à jauger chez Jhonny le déclenchement d’une éventuelle crise psychotique. Son silence développait chez Babette une sentation de malaise, mais pas besoin d’être voyante pour comprendre qu’il essayait de mettre un peu d’ordre dans ses pensées. Cela lui laissa un peu de temps à elle-même pour imaginer ce que serait pour lui le cadeau idéal, car on approchait à grand pas de son anniversaire. Histoire de décoiffer là-dessus Gwendoline au poteau.

 

– Bon, Babette on ne vas pas se concentrer sur le négatif. On est venu hypnotiser Jhonny, et on va le faire.

 

– Mais non, docteur, puisque je vous dis que c’est plus la peine. Jhonny affichait son plus grand sourire. Depuis son arrivée, personne ne pouvait dire l’avoir trouvé plus épanoui.

 

– Taratata, Jhonny, je dois m’en assurer. Mais si c’est le cas, on aura sans doute matière pour un documentaire. En attendant, j’ai établi un protocole précis pour que tu fasses vraiment la paix avec ton passé et on va s’y tenir.

 

Il braqua sur ses yeux le rayon d’une puissante lampe-torche, ce qui provoqua chez Jhonny une brève terreur hallucinatoire. Un truc se remettait doucement en place dans la vie de Babette ; elle fut donc soulagée d’apercevoir enfin chez l’ex-amnésique les prémices d’un sentiment d’acceptation. Etait-il conscient d’être soigné par ce grand homme cultivé et capable d’analyse, dont l’infirmière se montrait en revanche  incompétente à citer tous les diplômes ? Il n’oublierait sans doute pas de sitôt être passé entre les mains de ce génie absolu. Sa blouse s’ouvra d’avantage, alors qu’elle retenait Jhonny sur le lit. Sans avoir besoin de le stimuler par quelque drogue, Jason débuta la scéance par une litanie obsédante, histoire de jouer auprès du malade le rôle d’une figure parentale toute-puissante, identique, avait-il expliqué à Babette au préalable, à celle qu’on retrouve dans les cas incestueux. A elle, il demanda de tenir Jhonny fermement ; à lui il lui expliqua de considérer que ce traitement n’était qu’un jeu. La pile de la lampe s’épuisa, ce qui n’était somme toute qu’un épiphénomène, mais Jason l’avait désormais remplacé par un pendule en or qu’il balançait en cadence devant le regard impassible de Jhonny, prêt néanmoins à jouer le rôle qu‘on attendait de lui. Compte-tenu de son état post-encéphalitique, Jason estima le temps venu pour procéder sur l’amnésique aux exigences spécifiques de la situation expérimentale. Même les hurlements provenant du déliriulm trémens de la chambre 56 ne parvinrent pas à le déconcentrer. Tiens, se disait en revanche Babette à part elle, tout en faisant sauter le deuxième bouton de sa blouse, ce serait peut-être une bonne idée d’essayer sur cet alcoolique l’hypnothérapie, histoire d‘avoir la paix dans les couloirs.

 

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Message édité par talbazar le 11-10-2014 à 10:59:23
n°39759553
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 12-10-2014 à 18:01:03  profilanswer
 

Salon littéraire
 
Les oeuvres essentielles du pro-fesseur Talbazar
 
Aujourd'hui : La saga du trône de Fion - tome 1- Sur la queue du dragon. Extrait numéro 32.

 
http://img15.hostingpics.net/pics/457161400767sagafion06copiecopie2.jpg
 
Installée en libérale aux frontières de la Godée, la sorcière Gisèle de Lècheku avait du mal à payer ses impôts, puisque joindre les deux bouts entre chaque mois lui devenait de plus en plus difficile. Menacée de ruine, elle soldait trois fois dans l’année  ses potions et sortilèges, mais rien n’y faisait, elle devait trouver de plus en plus de combines pour parvenir à chauffer correctement son grand chaudron. Le sperme de pendu avait dramatiquement augmenté, du moins le prix imposé par les fournisseurs,  et son bouillon de sorcière devait désormais s’en passer. Forcément, il ne faisait pas le même effet. Elle avait augmenté le tarif de ses prestations et le prix de ses diableries avait fait un bond de plus de 5 % sur un an, ce qui dissuadait fort les clients. Malgré une comptabilité drastique scrupuleusement tenue sur son grand livre, Gisèle devait s’avouer en quasi-faillite. Le mieux serait pour elle de se trouver un poste de sorcière de cour et devenir fonctionnaire, avec emploi à vie. Elle se savait aussi à deux doigts de la retraite et que sa position au sein d’un service monarchique ne saurait durer trop longtemps. Prise d’une soudaine envie de faire un « turn over » dans le quartier pour se changer les idées, elle enfourcha son vieux balai aux poils rares et grimpa dans les airs pour survoler sa petite propriété branlante sise au milieu des bois. Si des humains passaient par là, elle ne voulait pas les rater. Ainsi perchée le manche entre les cuisses, elle aperçut le hérault-vaguemestre qui approchait, parcourant le sentier herbeux sur sa vieille haridelle osseuse en direction de sa maisonnée. Il arrivait ainsi pour lui livrer le courrier de la semaine, et notamment la gazette de Minouland-Sud. Elle descendit au sol pour le rejoindre prestement, afin qu’il promette bijoux et étoffes rares pour la remercier d’une éventuelle suavité.
 
– Non mais tu t’es vu la vioque ? Tiens prend ton journal, boute d’ici en vitesse et prend garde à me faer traitreusement, sinon j’ameute les gens d’armes. On te brûlera enfin pour t‘occire de deuil et tout le monde en sera bien d‘accord. C’est d’ailleurs depuis longtemps en germe de nos décisions.
 
– Pas de danger que je gaspille mes sorts si onéreux pour un fillot de gueux tel que toi ! Mais tu passeras mauvais hiver, crois-en ma parole, coquebert de mes deux.
 
 Elle rentra chez elle et s’alluma bon feu. Alors qu’elle soufflait sur sa tisane minceur pour la refroidir, un article retint tout à coup son attention. Il s’agissait d’une offre d’emploi écrite par le Prévost de Mouyse, pour le compte de cette cité :  
 
Mouyse Métropole recrute
 
Magicien / Ensorceleur officiel de la cour
 
Le nouveau roi de Mouyse, sa majesté l’Ovoïde Vazy Métoian LXIX, souhaite mener une politique royale qui sera la sienne, ce qui nécessite l’expertise et l’aide d’un Mage spécialiste de la sorcellerie, avec mission d‘ensorceler ponctuellement un public désigné.
 
Missions :
 
- Sous la stricte autorité du roi de Mouyse, aura en charge l’ensorcellement d’un public ciblé.
- Il (elle) sera plus notamment chargé(e) de la mise en œuvre des sortilèges.
 
Profil :
 
- Vous disposez d’une formation et d’une longue expérience en magie noire et blanche.
- Sens du contact humain, surtout à distance.
- Des déplacements éthériques fréquents sont à prévoir.
- Vous êtes en possession du permis balai.
- Si possible ayant en particulier une solide formation de devinance.

 
 Gisèle s’aperçut que son thé était froid et referma le journal. Dommage que ce poste soit pour ce fol dingo d’empaleur de Kiess, ce chiure de merde à qui elle souhaitait plutôt candidature pour le cimetière. Tout le long du jour elle médita cependant cette annonce qui pouvait lui convenir à merveille. Ce serait trop bête de renoncer à cette situation peinarde pour une simple rancœur. Tant et tant d’années avaient passées depuis que Vazy Métoian l’avait outragé qu’il ne se rappellerait peut-être pas d’elle. Elle pouvait aussi changer de visage par acte de magie. Voyant que l’attraction pour la situation proposée était plus forte que sa vindicte personnelle, sorcière Gisèle mangea sa chatte et son serin, puis elle fit son balluchon pour s’en aller à Mouyse. Elle cacha auparavant quelques pommes empoisonnées sous ses collants, puis elle se métamorphosa d’une façon saisissante et vaguement inquiétante en une splendide jeune femme irradiante de beauté. Dans la salle d’attente de l’hostel de ville, elle patienta en compagnie d’un sorcier de Charlatanie déglingué et d’un vieil alchimiste cacochyme nourrit de sa propre folie, car il avait soit-disant découvert la bière philosophallique. Selon sa propre logique discursive, elle l’envoya daller. Quand vint son tour d’affronter le jury, elle cailla du lait et transforma un valet en syndicaliste par maîtrise impressionnante de son art, puis elle attendit patiemment les résultats dans le couloir.  
 
- Sorcière Gisèle de Lècheku, tu n’as pas surjoué à nous esbaudir de tes quelques scènes-clé, avec grande clarté visuelle. Nous pensons que tu feras l’affaire et que tu n’auras point chaque matin une panne d’oreiller. Tu prendras ton service demain matin, d‘abord en qualité de sorcière stagiaire pendant un année, à l‘issue de laquelle tu seras nommée titulaire.
 
 Elle voulu les embrasser, mais ils reculèrent d’effroi en jurant Sainte Kramouille. On lui trouva par contre un coquet appartement rénové dans les combles du donjon de Mouyse, avec tout ce qu’il fallait d’ustensiles et de plantes pour sorceller, elle fut également fort satisfaite de ne point être pour l’instant présentée devant le roi. Elle allait certainement acquérir une rapide notoriété sous ces boiseries anciennes, aussi se félicitait-elle de son audace et de sa nouvelle condition. Elle repensa à sa rencontre avec ceux de la communauté de la gnôle, partis quérir une plante susceptible de désensorceller la reine de Fion. Amanda Blair n’avait-elle pas été charmée par l’empaleur de Kiess, lequel était à présent son nouveau maître à elle, à qui elle devait désormais obéir en tout  ?  
 
http://img15.hostingpics.net/pics/400908mySuperLamePicf291d46c4928fc5d6323e52fd3907019.jpg
 
 
 

n°39812424
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-10-2014 à 15:13:07  profilanswer
 

Le congélateur muséographique.
 
Aujourd'hui : Giovanni Boldini (1842-1931)- Girl with a black cat.

 
http://img4.hostingpics.net/pics/368463GiovanniBoldini18421931Italiangirlwithblackcat.jpg
 
Revue de presse
 
Aujourd'hui : Semaine de l'adoption.

 
http://img4.hostingpics.net/pics/48372668semainedeladoption.jpg
 
 
Revue de presse
 
Aujourd'hui : Un virus inconnu.

 
http://img4.hostingpics.net/pics/24449669unvirusinconnu.jpg

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