bon ben vla le reste lol!!
L'âme quitta le corps de Gertrude au moment ou celle-ci mourut. Épouvantée, se demandant ce qui allait se passer elle tournoya autour du corps en flamme et vit la haine des habitantes qui tournoyaient autour du bûcher.
Lâme vit des choses auxquelles sa vie à l'intérieur du corps charnel dont elle était la pensionnaire, n'aurait imaginée.
Elle s'aperçut que tout vivait autour d'elle et elle comprit à ce moment beaucoup de choses. De fines gouttes d'eau tombaient sur la foret. Des gouttes d'eaux qui feraient des ruisseaux. Ceux ci grossiraient et trouveraient la mer mais allait elle trouver la lumière?
Au loin, une clarté l'attira plus et elle s'approchait, et plus elle se sentait heureuse et en paix. Mais la clarté se mue, et elle est eut des visions cauchemardesques de bébés et de femmes. Plus elle avança, et plus l'âme se mit à souffrir. L'âme des bébés et des femmes qui étaient mortes durant les interventions de Gertrude, venait se venger. Elle ressentit tellement de douleurs qu'elle hésitait à avancer dans le couloir de la quiétude.
Mais une infime partie d'elle même la poussait a aller plus loin. Lâme souffrait de plus en plus et son calvaire la ralentissait beaucoup. Ses tortionnaires s'en donnaient a coeur pour lui faire découvrir ce qui allait lui advenir. Au bout d'un long moment alors que l'âme se sentait perdue a jamais et croyant que le chemin pour elle s'arrêtait la, une infime partie d'elle même se sépara.
Elle vit ses bourreaux reculer quelque peu et laisser la pureté avancer. Lâme la suivit des yeux puis elle fut refoulée violemment du tunnel de clarté pour retomber dans le néant. Sa seule satisfaction fut de reconnaître quelques êtres chers qu'elle avait aimés et en particulier les parents de Gertrude.
Elle revint près du corps qui fut sien et vit un autre tunnel. Celui ci n'avait rien d'engageant mais elle avança tout de même.
Si tel était son destin elle devait l assumer jusqu'au bout.
A l'entrée du tunnel, des vents violents la projetèrent à l'intérieur. Des entités horribles l'accueillirent. Elle souffrit le martyr mais elle ne pouvait bouger, emprisonnée. Son calvaire dura longtemps, très longtemps car dans l'enfer où elle se trouvait le temps n'avait pas d'horloge. En même temps que l'âme s'affaiblissait, elle s imprégnait des horreurs et des souffrances qu'elle subissait.
Quand elle fut complètement résignée, acceptant tout les supplices inimaginables, un répit arriva en même temps que l'ignominie à l'état pur. La monstruosité arriva lentement tant elle représentait la violence, la haine et l'horreur a elle seule.
Lignominie lui parla longuement, l'imprégnant de toutes les atrocités possibles. Elle ne pu lui répondre car on ne lui autorisa pas. Lignominie se détourna d'elle et s'en retourna aussi lentement qu'elle vint.
Peu de temps après elle fut chassée.
L âme fut à nouveau projeté mais cette fois dans le monde des vivants. Elle se retrouva donc dans le bois ou son corps charnel avait périt. Beaucoup de choses avaient changé depuis quelle nétait pas revenue. Quand elle vit la maison elle voulut s'y projeter mais, méfiante, elle en fit d'abord le tour. La première chose qu'elle remarqua, fut que la conception du toit avait changée. Celui-ci était beaucoup moins pentu qu'auparavant et le chaume avait été remplacé par des carrés durs et rouges. Regardant mieux, elle s'aperçut aussi que ce qui fut la boue et la paille retenant les pierres, avait aussi été remplacé par un mélange beaucoup plus solide. Une longue corde était aussi accrochée a la maison et avait l'air de s'en aller au loin retenue par endroit par de arbres dépourvus de branches et de feuilles. Le fenêtres avaient elles aussi changées. Lâme, désorientée, pénétra par la cheminée. De nombreuses transformations avaient été effectuées. Si la maison n'avait pas augmentée de volume, il existait maintenant un plafond qui empêchait de voir le toit. Elle pensa que cela devait retenir l'eau quand les pluies étaient trop fortes ou que les neiges abondantes effondraient des parties de la toiture d'antan. Le sol n'était plus en terre battue comme autrefois avec de la paille mais un genre de carrés rouges alignés comme sur le toit. Les murs n'étaient plus en torchis, mais plus solides et d'un blanc qui était devenu sale. Il y avait beaucoup plus de mobilier qu'avant
Des espèces de bougies ornaient le plafond mais si l'âme avait perdue sa sensibilité, elle n'en avait pas pour autant oublié les odeurs. Des odeurs qui pour elle était pour la plupart étrangères. Elle ne sentait pas cette odeur fétide de crasse ou de bougie éteintes. Elle ne sentait plus non plus les senteurs de décoctions que Gertrude faisait chaque matin. Le plafond contrairement au chaume d'antan ne sentait pas le moisi. Elle vit un escalier qu'elle gravit. Lâme virevolta comme une mouche et arriva sur le palier. Celui ci était recouvert de plancher. Les portes étant fermées, elle s'insinua sous la porte sans difficulté découvrant ses nouvelles facultés. Dans la première pièce, elle découvrit une couchette ou les peaux de vaches étaient remplacées par de la laine et un tissu qu'elle devinait doux. La aussi le plafond était blanc et des bougies sans odeur y étaient installées en son milieu. Après être repassé sous la porte puis ayant traversé le petit palier elle s'infiltra dans une petite pièce dépourvue de lucarne. Sur un coté trônait un lit très creux et court. Des étoffes étaient posées sur le coté. Il n'y avait par contre pas de laine et dans le fond de ce lit un trou y béait. Lâme s'y infiltra et découvrit un univers étroit et rond. Elle poursuivit son chemin un moment mais n'en trouvant pas de sortie, rebroussa chemin. Quand elle fut ressortie, elle descendit et sortit de la maison. Elle ne trouva plus le corps charnel qui fut le sien ni aucune trace de bûcher. non loin de là, l'âme trouva une toute petite pièce en bois avec ne porte unique et un emblème en forme de coeur troué et centré en haut de la porte. Lâme s'infiltra par ce trou et découvrit un siège percé. Elle huma l'air et sentit des odeurs fécales. Elle en ressortit, et entra de nouveau dans la maison vide. Après s'être accoutumé à son nouvel environnement, elle attendit. Le soir arriva en même temps que ses occupants. Pour la première fois depuis longtemps, elle était en présence dhumain. Elle se cacha et les observa. Le couple qui sinstallait dans le salon en buvant un alcool dégageait le bonheur. En allumant le feu, lâme eut peur dêtre découverte mais lhomme ne laperçut pas.
Elle risqua une sortie prudente mais aucun des deux humains ne la vît. Ainsi donc elle était invisible. Elle sortit de nouveau et la charrette qui avait fait tant de bruit en arrivant. Elle pénétra à lintérieur et découvrit plein de choses nouvelles pour elle.
Au fil du temps elle apprit que cette charrette sappelait automobile. Les années passaient et le couple vieillissait dans le bonheur. Ils eurent deux enfants et les humains avaient construit ce quils appelaient un chambre ou les deux enfants dormaient. Puis les deux humains moururent. Quand les âmes quittèrent le corps charnel, elle alla vers eux mais les elles senfuirent vers la clarté qui les accueillit.
Les enfants avaient quitté la maison déjà depuis quelques années et quand ils revinrent ils enlevèrent tout le mobilier.
Lâme sétait aperçue quelle saffaiblissait tout au long de ces années où lamour emplissait chaque jour la maison.
Dautres habitants étaient venus plus où moins longtemps mais aucun dentre eux ne su lui donner ce dont elle avait besoin.
Alors quelle pensait mourir, elle le sentit arriver. Il dégageait tellement de violence en lui que ce fut pour elle comme un électrochoc. Dans les premiers jours qui suivirent elle pu de nouveau se mouvoir dans la maison et accompagner sa source dénergie dans la maison. Quand il refit lélectricité dans la maison, elle constata que les fils étaient un excellent conducteur et ses forces croissaient plus vite grâce à eux.
Elle samusa beaucoup avec lui, en ouvrant et fermant des portes ou des placards.
Elle arrivait même maintenant à faire exploser des ampoules. Lâme se nourrissait abondamment de la violence encore contenue dans cet homme. Par moment alors que lhomme dormait, elle entrait dans son esprit découvrant la raison de cette violence. Dans un ces rêves, elle entra en communication avec un autre homme.
Linstant fut très bref mais elle su et se mit à espérer.
Pendant les mois qui suivirent, elle prenait de plus en plus possession de son esprit et quand lhomme séloignait trop longtemps de la maison, elle le rappelait. La nuit de lanniversaire de la mort de Gertrude, lâme décidé den finir avec cet homme qui était devenu complètement dépendant delle.
Par sa puissance elle créa la procession qui coûta la vie à Gertrude. Elle en fit rentrer une partie et lhomme, terrorisé, devenu fou plongea dans le regard du néant. Lâme avait recréé ce quelle avait vécu durant son calvaire.
Quand il perdit pour toujours le peu de raison quil avait encore, elle lui fit prendre une corde et lobligea à se pendre. A ce même instant, hurlant sa puissance, elle fit exploser toutes les lumières de la maison.
Lâme nétait plus seule et bientôt sa vengeance allait venir.
Fin du troisième chapitre
Gontran Laroche, un bel énergumène celui-là ! Les Bourg-fidélois le surnommait La gentiane à cause de son penchant très prononcé pour cette boisson. Ce pauvre homme dune trentaine dannées était le simplet du village. Né de mariages consanguins, La Gentiane nétait pas allé très loin dans les études. En fait, il navait jamais dépassé le CM2 et malgré toute laide de sa maîtresse, Gontran y avait passé quelques années scolaires. Les enfants bien sûr comme tous les enfants se moquaient de lui et lui lançaient parfois des pierres en criant :
- Hé fait gaffe Laroche vla les pierres sur ta gonelle !
La gentiane faisait semblant den recevoir une sur le visage et se mettait à courir pour les effrayer en rugissant.
La gentiane navait que très peu daide pour subvenir à ses besoins et avait tout naturellement investi un ancien blockhaus et lavait aménagé à son goût.
Au centre du blockhaus trônait lancien poêle de lécole que le maire lui avait donné.
Dailleurs les habitants avaient tous donné de vieux meubles pour laider à son installation et aussi de vieux vêtements.
Le petit pécule quil recevait était gardé par le maire et quand la gentiane avait besoin de « thunes » comme il disait, le maire lui en donnait un peu le mettant à chaque fois en garde de ne pas le dépenser trop vite.
Parfois les agriculteurs lui demandaient de venir travailler un peu quand ils avaient besoin et dans ces cas là cétait la « bombance » comme il disait aussi car il avait de vrais repas copieux. Les agriculteurs lui donnaient aussi un peu dargent et du bois pour lhiver.
Le blockhaus se trouvait près du village sur la route de Revin à lopposé de la maison.
La gentiane faisait souvent rires les villageois du plus petit au plus ancien.
Quand il avait un peu bu il racontait que des jolies filles venaient dans sa maison et quelles lui faisaient plein de choses. Les gens riaient et lui demandaient ce quelles lui faisaient et la gentiane expliquait.
Lalcool aidant la gentiane se retrouvait ensuite très excité et montrait le renflement de son pantalon et disait :
- ça, ça, elles aiment, elles aiment, elles font comme pour une glace et après holalalalalalala !
La gentiane riait à gorge déployée en disant quil ne pouvait pas le dire que cétait personnel.
Bien sur, les habitants nen croyaient pas un mot à juste titre mais se demandaient comment il pouvait savoir ces choses la.
Ce que les habitants ne savaient pas, cest quil allait le soir lorgner dans les maisons. Il connaissait dailleurs les maisons ou il pouvait se rendre souvent. Surtout lune dentre elles, celle-là, holala, il aimait aller regarder le soir ou la nuit quand les enfants étaient couchés. Les choses se passaient souvent dans le salon et quelquefois il ny avait pas quun homme et une femme. Souvent le samedi un autre homme venait et là il apprenait beaucoup de choses. Cest comme çà quil pouvait raconter ses joutes qui nexistaient que dans sa tête. Il ne sétait jamais fait surprendre et pourtant à chaque fois des traces blanches sétalaient sur lherbe ou sur les fleurs. Des fois il était tellement excité quil avait envie douvrir la porte et se joindre à eux. Mais il avait trop peur et il se contentait donc de sa main. Mais un jour viendra
.
Ce que redoutait le plus la gentiane, cétait la douche. Il en avait horreur et plusieurs gaillards du village devaient le coincer, le déshabiller avant de le mettre nu sous leau.
Dès que Gontran était sous leau, il ne disait plus rien mais regardait méchamment ses bourreaux qui lobligeaient à se laver.
Une fois propre, il avait le droit de mettre des vêtements propres quon lui donnait.
En hiver Gontran était plus choyé qu à lhabitude. Les habitants venaient le voir, afin de vérifier si tout allait bien. Ils en profitaient pour lui amener de la soupe bien chaude et quelques bouts de viande. Quand il faisait trop froid, des fermiers lemmenait pour quil dorme dans létable avec les animaux. Gontran aimait les animaux et quand il était près deux, ils leur parlaient et les animaux écoutaient.
Cest aussi ce quil racontait au café.
La gentiane aimait à se balader dans les forêts et parfois en revenant, il passait tout près de la maison. Il ne laimait pas, il sentait des mauvaises choses et à chaque fois, il accélérait le pas quand il se trouvait trop proche delle.
Depuis quelques temps, La gentiane nétait plus lui-même. Il faisait des cauchemars avec des trains, des cordes, des enfants morts et des monstres.
Cela avait commencé quand lhomme avait loué la maison. Dans la journée il errait dans le village et quand les habitants lui demandaient sil était malade, ce qui nallait pas, il senfuyait.
Toute la population avait remarqué ce changement chez la Gentiane et ils commençaient à sinquiéter. Certains avaient même envisagé quil voit un médecin.
Dautres disaient en chuchotant que la gentiane avait le mal. Que dans sa tête ça empirait et quil faudrait un jour lenvoyer dans un hôpital.
Plus les jours passaient et plus Gontran se faisait rare au village. Il restait dans son blockhaus, se balançant davant en arrière. Tous ses cauchemars leffrayaient. Il ne savait pas pourquoi. Une fois il voulut aller là ou il voyait les choses qui lexcitaient mais la maison un peu plus loin lui fit plus peur que dhabitude. Les lampes allumaient fort et moins fort. Il se sauva et rentra dans sa maison, recroquevillé dans son lit. Seul le poêle donnait un peu de clarté dans sa pièce car nous étions à la fin du mois doctobre.
Durant la semaine La gentiane se rapprocha des habitants et exprima sa peur en racontant ses cauchemars. Il prévint dun malheur qui allait arriver mais quand on lui demandait de quel malheur, il voulait parler, mais se mettait à pleurer. Les habitants, de plus en plus inquiets, décidèrent daller voir ce qui se passait par là. Quand ils arrivèrent, ils eurent limpression que lhomme les attendait, et il sortit. Bien quils aient voulu voir à lintérieur de la maison, lhomme ne les fit pas entrer. Ils discutèrent un moment puis repartirent. Sur le chemin du retour ils commentèrent cette visite mais restaient circonspects. Rien ne laissait présager ce que la Gentiane prédisait.
Le médecin de campagne passa mais ne constata rien dalarmant. Il fit tout de même une ordonnance, avec quelques tranquillisants. Ce médicament serait donné par le cafetier puisque La gentiane y passait chaque soir.
- bon, tu as pris ton cachet alors maintenant tu rentres tout de suite où alors tu vas tendormir dans le bois et tu sais quil fait froid maintenant.
-vi vi je rentre tout de suite à la maison pour ne pas dormir dans le bois.
Gontran avait bien trop peur de sendormir dans le bois et chaque soir, après avoir mangé son « bonbon », filait se coucher. La nuit où tout commença, La Gentiane, se réveilla et hurla. Il hurla toute la nuit. Son petit chez soi fut complètement saccagé afin dobstruer porte et fenêtres. Il se recroquevilla près de larmoire et vit des flammes, des gens dansant autour, il vit aussi à lintérieur de la maison ce quil sy passa. Il se balançait de plus en plus vite voyant les images insoutenables de la maisonnée. Les larmes coulaient à flot et quand il vit lhomme se balancer au bout de la corde il eut une syncope.
FIN DU 4ème CHAPITRE
Fraîchement promu adjudant, Ludovic Le gaël, maréchal des logis a Brest, était fier car il était lun des plus jeune adjudant de gendarmerie. Ce ne fut pas sans mal mais parvint tout de même à contourner les embûches du concours e après quelques années détudes assidues en plus de son travail, il avait réussit a obtenir ce grade.
Il ne fut pas dans les meilleurs qui purent choisir leur affectation et Ludovic fut muté à Rocroi dans les Ardennes. Il remplaçait le vieil adjudant chef Champio qui avait fait valoir à sa retraite après de nombreuses années de service. Avant de prendre ses fonctions est faire connaissance avec ses hommes, Ludovic alla à Charleville Mézières et fut reçu par le lieutenant colonel Dumoulin.
Après avoir salué son supérieur, le lieutenant colonel Dumoulin le fit asseoir et après avoir consulté le dossier de Ludovic, lui fit remarquer que la brigade dont il allait avoir la charge était depuis quelque temps un peu trop laxiste.
-Votre mission adjudant, sera de motiver vos hommes. Leur ancien commandant, était proche de la retraite et je nai pas voulu men mêler. Cette fois vous êtes jeune, ambitieux, sûrement, et vous devrez remettre les pendules à lheure. Vos hommes manquent dentraînement, faites leur faire des stages, faites les bouger. Je veux que dans quelques mois la brigade de Rocroi devienne un endroit craint des automobilistes. Depuis quelques temps dailleurs quelques plaintes se sont accumulées sans résultat. Cest a vous de jouer ! Rompez !
Ludovic fut accompagné du capitaine Gourvil jusquà sa nouvelle brigade.
5 hommes et 1 femme attendaient dans le hall de la gendarmerie. En rang, bien alignés, ils se mirent au garde à vous à lentrée des deux gradés. Le capitaine Gourvil présenta chacun des hommes à Ludovic puis fit le contraire. Quand la prise de commandement fut achevée, Ludovic fit un bref discours général sur la prochaine nouvelle méthode de travail quil allait imposer et que des demain il recevrait ses hommes un par un. Il demanda à ce quon lui transmette les dossiers en cours le plus rapidement possible. Il fit rompre les rangs et raccompagna le capitaine Gourvil à sa voiture.
Quand celui-ci fut parti, Ludovic inspira profondément en regardant la place de Rocroi.
Cette place il la connaissait comme Rocroi et ses environs. Grâce à Internet il avait pu se documenter sur toute la région. Cette vieille ville construite sur un plateau ouvert à tous vents avait pris naissance au second siècle avec la construction dune petite ferme gallo-romaine près du ruisseau dHamsy. Cest en 1198 que Nicolas IV choisit ce plateau marécageux et balayé par les vents pour y édifier une petite chapelle qui sappellera par la suite ST Nicolas. Puis les premières habitations furent construites. Quelques temps après, une maison forte qui deviendra un petit fort, naquit. Le village est alors peuplé de serfs et de prisonniers de guerre ou leur furent donné maisons et terres. Cest Henry II qui fera fortifier Rocroi et en souvenir de la 7ème croisade, entrelacera les croissant pour donner en cette place en forme détoile.
Puis devant les envahisseurs toujours plus nombreux, une première ceinture est alors érigée, protégée par de larges fossés. Mais avec la naissance de lartillerie lourde, les châteaux forts sont de plus en plus vulnérables et un système judicieux bastionné voit le jour. Au milieu de ces fortifications, sinstalle un espace dhabitations. Ce système, venu dingénieurs italiens est unique en France et a permis aux soldats de mieux se déplacer mais les maisons étranglées et enchevêtrées eurent raison de cette technologie. Il entra dans son bureau et lu les rapports des enquêtes en cours. En fait rien de bien spécial. Seuls quelques larcins et procès et quelques dossiers de plaintes entre voisins.
Il reçut en suite chacun de ses hommes afin dexposer à tout à chacun comment il pensait diriger sa brigade. Il demanda aussi à chacun dentre eux de sinvestir au maximum dans cette tâche. La brigade de Rocroi devait avoir des résultats et elle en aurait.
Lhomme avait fait sa valise. Sa petite amie avec qui il vivait depuis trois ans sétait sauvée durant son travail. Cette garce avait emportée la carte bleue et il était en furie. Il comptait bien la retrouver et lui montrer de quelle façon il laimait. Comment avait elle pu lui faire çà, à lui. Ses corrections régulières navaient donc pas été suffisantes.
Il avait fallu tout lui apprendre. Une fois, elle lui avait servie une soupe tellement chaude quil sétait brûlé. Il lui avait envoyé lassiette à la figure. Ce fut lune des seule fois où il lavait frappé au visage. Habituellement les coups quil portait étaient essentiellement au ventre, aux fesses, dans le dos et les reins. Il sétait reproché les coups au visage car cela laissait bien sur des traces et il ne fallait pas attiré trop lattention sur lui. La première fois il lavait vraiment tabassée, elle avait du se rendre à lhôpital. Il lui avait bien précisé de dire quelle était tombée des escaliers. Morte de peur, elle lui avait obéit. A chaque fois elle pensait que ce serait la dernière il était tellement gentil, après. Mais les coups tombaient toujours, un faux pli sur le lit, une faute de ton entre les draps et le dessus de lit. Tout cela était normal, il fallait quelle apprenne. La seconde fois il du changer dhôpital, toujours pour ne pas éveiller les soupçons. Quand il était rentré le soir après son service, et après quelle lui eût servi son apéritif elle lui avait avoué quelle était enceinte.
Promptement il sétait levé et les coups de poing et de pied dans le ventre avaient plu. Recroquevillée, protégeant le petit être dans son ventre, elle attendait que la colère de son ami passe. Mais après quelques minutes elle sentit un liquide chaud dans son slip. Elle était en position de ftus derrière le fauteuil du salon pleurant doucement et priant que ce ne soit que de lurine. Son ami, enfin calmé était dans la cuisine et se préparait un sandwich. Elle porta une main entre ses jambes nosant penser à la plus horrible des choses, elle ouvrit les yeux et vit du sang. Elle implora le Seigneur, pour que le bébé nait rien, elle implora que cela ne soit que la suite logique des coups quelle prenait régulièrement, mais au fond delle-même, elle savait. Son ami voyant le sang sur les doigts de cette salope prit le téléphone et téléphona dans un autre hôpital. Elle lavait entendu confirmer quil ne devait pas la bouger et quils arriveraient dans quelques minutes.
Il se rappelait mot pour mot ce quil lui avait dit.
- tu es tombée des escaliers. Je te conseille de ne rien dire dautres car tu sais ce qui pourrait tarriver. Des enfants, tu en auras dautres, des fils comme moi, mais cest moi qui choisirais le moment où je tengrosserais. Il la prit sans ménagement par lencolure et la traîna jusquau bas des escaliers tout en finissant son sandwich. Ensuite il alla à la cuisine versa de leau dans une bassine et un éponge. Il nettoya consciencieusement la traînée de sang. A peine avait fini la dernière bouchée de pain, quau loin on entendait une sirène. Il revint vers elle et lui dit :
- noublies surtout pas à ce que tu vas dire sinon gare.
Les ambulanciers mirent la jeune femme sur la civière et lemmenèrent aux urgences.
Il fut ravi de savoir que le ftus navait pas survécu. Son amie revint après une dizaine de jours et il fut très attentionné. Du moins au début car les coups retombèrent jusquau jour ou en rentrant il ne la retrouva pas. Il avait sillonné la ville toute la soirée tout en réfléchissant à la punition quelle aurait surtout quil savait déjà quelle avait pris la carte bancaire et quelle avait soutiré 350 euros. Après quelques jours de recherches infructueuses, il présenta sa photo à la gare et un contrôleur se rappela dune femme lui ressemblant. Ce dont il se souvenait surtout, cétait quelle portait un foulard vert fluorescent sur la tête. La garce avait donc retenu ce quun jour il lui avait dit. Les semaines passèrent, après son boulot, il essayait de la retrouver mais sans résultat. Un soir où il était particulièrement excité, il rencontra une femme en ville. Il fut facile de la draguer et la nuit tombante, il la baisa dans la voiture. La femme était rousse et à certains moments, elle lui rappelait son amie. Quand la chose fut faite après avoir mis un préservatif, sa façon de regarder par la fenêtre, le mit en rage. Il prit lun des bas de la femme et lenroula autour de son cou puis serra, serra. La femme se débattait mais en vain. Elle mourut très vite la langue pendante. Il fit quelques kilomètres et la déposa dans une décharge et la recouvrit de déchets. Il était maintenant temps de partir. Même sil savait quil ne courait aucun risque avec ce petit accident, il devait partir.
La gendarmerie de Rocroi faisait peau neuve. Après quelques travaux de rénovations et dembellissement des locaux, Ludovic conduisit ses hommes dans des trainings matinaux et réguliers. Les contrôles de papiers et les dispositifs de contrôle de vitesse se succédaient jour après jour. Bien sûr il fut invité par le conseil municipal dans une petite cérémonie. Déjà, certains avaient essayé de faire du copinage avec lui mais à chaque fois Ludovic leur avait bien fait comprendre que la loi était la loi et pour tout le monde.
Alors que lestafette se dirigeait vers un contrôle routier sur Bourg Fidèle, celle-ci failli heurter La Gentiane. Ludovic fut rapidement mis au courant, de la déficience mentale du jeune homme et Ludovic esquissa un léger sourire. Laprès midi fut maigre en procès verbaux et les gendarmes en profitèrent pour faire découvrir le secteur du village et de ses alentours. Plusieurs villageois voulurent inviter à boire un verre aux gendarmes mais à chaque fois ils déclinèrent linvitation. Par contre ils écoutèrent attentivement les villageois parler des élucubrations de La Gentiane.
Le temps sétait mis à la pluie et demain cétait halloween. La signification pour les gendarmes de sorties nocturnes et de contrôles dalcool. Ils décidèrent de rentrer tôt car demain soir mis à part le planton de service tous seraient sur les routes.
Ludovic passa sa soirée dans son bureau allant voir le planton régulièrement afin de demander le pourquoi ou le comment de dossiers classés.
Il était évident que le laxisme avait régné avant son arrivée, il monta une petite pile de dossiers quil comptait bien rouvrir pour un complément denquête. Le lendemain matin le vent commençait à souffler et une pluie fine tombait. Les arbres étaient pratiquement tous dépourvus de feuilles et après le coup de vent peu dentre elles seraient encore accrochées demain. Déjà certaines tombes étaient fleuries de chrysanthèmes quelques jours avant la Toussaint. Durant toute la semaine un ballet incessant de personnes étaient venues nettoyer les tombes de leurs défunts. Durant les prochains jours ce serait le recueillement. Pour certains le souvenir avait déjà commencé.
La Gentiane délirait de plus en plus annonçant le malheur proche dans le village. Il racontait à qui voulait lentendre que là bas, vers la maison, le diable était arrivé et que des gens allaient mourir. Les habitants lécoutaient tout en le plaignant. Demain ils iraient voir, oui demain. Ce soir le village était en fête, depuis quelques années, les citrouilles avaient envahi les rebords de fenêtres, les plus jeunes des enfants accompagnés de la maîtresse sonnaient déjà les portes en clamant :
- des bonbons ou je te jette un sort.
Au fil des ans les habitants sétaient prêtés à ce nouveau jeu oubliant que Halloween était une fête païenne. Bonbons et chocolat remplissaient les petits sacs des enfants pour leur plus grand bonheur.
Déjà la nuit tombait, le vent soufflait de plus en plus fort et la pluie redoublait de violence. Bravant les intempéries de cette fraîche et humide soirée, alors que dans une maison à lécart du village un drame débutait, les adolescents avaient remplacé les enfants dans des costumes de circonstance et des gendarmes non loin de là, faisaient souffler les automobilistes dans léthylotest. Devant la nature qui cette fois, se déchaînait sur Bourg Fidèle et sur tout le département, les jeunes rentrèrent chez eux trempés. Même les gendarmes avaient écourté leur mission. De toute façon, très peu dautomobilistes roulaient par ce temps et aucune infraction navait été relevée.
La Gentiane, assis au café, recroquevillée sur sa chaise, en se balançant, délirait.
Si les clients lavaient écouté, ils auraient suivi tout ce qui se passait dans la maison et ils auraient su que La Gentiane naurait pu linventer. Oui mais alors que les jeunes festoyaient dehors les adultes buvaient en se racontant des histoires de chasse. A la fermeture du bistrot local, le patron voulu renvoyer La Gentiane chez lui mais il implora pour rester.
-la mort est dehors et elle a trouvé sa victime. Faut pas que je sorte.
-mais si elle a trouvé sa victime tu ne risque rien, ce nest pas toi la victime si ?
-nan, cest pas moi mais la mort sait que je sais et je veux pas quelle mattrape.
Le patron lui donna son médicament et en entendant le vent et la pluie, autorisa La Gentiane à passer la nuit dans le café. Après tout, cétait un pauvre type, pas dangereux pour un sou.
-daccord, reste cette nuit. Tu as de la chance quil fasse si mauvais dehors et que je nai pas envie que tu attrapes le mal. Mais cest bon pour une fois, demain tu rentres chez toi.
Il donna une couverture à Gontran qui sallongea à même le sol et éteignit.
Demain il téléphonera à la gendarmerie, on ne sait jamais. Après tout ça faisait un petit moment quil navait pas vu le locataire de la maison.
Le lendemain matin, alors quil ouvrait son bistrot, il entendit une sirène. Peu de temps après il vit passer en trombe une puis deux autres voitures de la gendarmerie.
Elles filaient toutes vers la maison.
Alors quil venait de comprendre quil sétait passé quelque chose, Gontran se mit a hurler derrière lui.
Fin du 5ème chapitre !