voici le chap 1 d'une histoire qui m'est venue en tête ces derniers temps
j'aimerais bien savoir ce qu'il vaut alors laissez moi vos commentaires, bons ou mauvais
merci et bonne lecture
Chapitre 1
Dès qu'il pénétra dans le tripot, l'odeur immonde qui y régnait sauta à la gorge de Boréal. C'était un mélange écoeurant de tabac, d'alcool bon marché, d'urine et même de... Le jeune homme préfèra s'arrêter là de peur de vomir tripes et boyaux.
Ce n'est que quelques secondes après que ses poumons se soient habitués qu'il remarqua qu'il concentrait l'attention de tous les clients depuis la seconde où il avait posé le pied dans la taverne.
Il se dirigea alors d'un pas résolu vers le comptoir en ignorant les regards embués d'alcool qui l'observaient implacablement et en se maudissant de n'avoir pas pensé à changer de tenue.Voir les grossiers tricots en toile qu'arboraient la majeure partie des clients lui faisait prendre conscience du fait qu'il n'était pas vraiment discret avec ses luxueux vêtements et son allure qui trahissait la noblesse de sa Lignée.
Arrivé au bar, il tenta d'adopter une attitude dégagée mais avant même qu'il puisse poser sa question au chef de cet etablissement, une énorme main se posa sur son épaule comme pour l'engloutir.
-Que fait un enfoiré de Silisien ici? Je vois que personne ne t'a dit ce qu'on leur faisait quand on capturait un dans cette partie du continent kélandrien, dit la voix grave et profonde à qui appartenait cette main qui serrait douloureusement l'épaule de Néphéléan.
Celui-ci se retourna lentement et se retrouva face à un colosse de deux mètres dix de haut au crâne rasé et lisse comme un caillou. Son nez épaté semblait avoir été maintes fois mis en miettes et confirma à Boréal qu'il avait affaire à un bagarreur récidiviste. Cependant, le jeune homme n'était pas là pour se créer des problèmes en plus de ceux qu'il avait déjà et c'est ce qu'il tenta d'expliquer à son vis-à-vis.
Pour toute réponse, l'énorme poing du géant s'abattit avec une puissance dévastatrice sur le délicat visage du jeune homme qui fut projeté à deux mètres de là et s'écrasa violemment contre le mur.
Un tonnerre d'applaudissements explosa quand le géant chauve leva les bras en signe de triomphe, acclamé par la horde de clients qui scandaient maintenant des « Morts aux Silésiens » qui faisaient vibrer les murs de la taverne.
Dans l'esprit de tout les ivrognes présents, le Silésien s'était brisé le cou. S'il avait eu de la chance, il s'était juste brisé la colonne mais ne se relèverait plus jamais.
Comme pour les contredire dans leur logique, c'est ce moment que Boréal choisit pour se relever et s'étirer comme au saut du lit.
Le géant qui avait maintenant les bras ballants contempla avec stupéfaction la brindille qu'il pensait avoir pulverisé se relever de toute évidence indemne. Il ne comprenait pas ce qui avait bien pu se passer comme si sa cervelle ridicule ne pouvait expliquer qu'un homme aussi faible que ce petit Silésien puisse se relever après l'un de ses coups de poing quand soudain, un cri de douleur jaillit de sa gorge et fit vibrer les os de tout les clients présents. Il sentait une horrible douleur lui déchirer la main et quand il la contempla, il vit avec horreur que tout ses doigts été brisés. La main avec laquelle il pensait avoir émietté le cou du Silésien était en ruine. La main avec laquelle il l'avait cogné si durement.
De grosses larmes coulèrent sur sa stupide face pendant que derrière lui une serveuse vomissait bruyamment et que devant lui, Boréal essuyait avec élégance la minuscule goutte de sang qui perlait au coin de ses lèvres. Le Silésien ne pouvait s'empêcher d'arborer un air satisfait et son ton était narquois quand il dit:
-T'as de la force petit mais la prochaine fois, fait attention sur quoi tu frappes avant de mettre toute ta force dans ton coup. Ca peut être dangereux tu sais.
-Toi!hurla le géant d'une voix pleurnicharde, tu vas le payer! Je vais t'étripper, t'arracher les yeux et te les faire manger, je vais...
Il n'eut pas le temps de continuer et s'écroula sur le sol, mort. Boréal se tenait maintenant derriere, lui les doigts de la main droite serrée après la manchette qu'il venait de faire sur la nuque de son ennemi et qui avait cassé net le cou.
Le silence qui suivit la chute du corps inerte du géant dura plusieurs secondes avant que la plupart des clients attrapèrent le premier objet contendent qui leur tombait sous la main et se ruèrent sur Boréal en hurlant à gorge déployée, pris d'une folie vengeresse envers leur compagnon.
Sans hésitation, il attrapa un balai qui trainait dans un coin et cassa l'extrémité afin de s'en faire un bâton de combat de fortune. Comme toujours, ses deux sabres étaient dissimulés dans son large manteau mais il estima qu'il n'en aurait pas besoin contre ces quelques pochards.
Un premier client se jeta en dirigeant une bouteille de verre cassée vers la gorge du jeune homme. D'un geste ample et précis, celui-ci cassa net le bras de son agresseur et après un coup puissant dans les dents, le projeta loin de là. Le suivant tenait lui une dague à la lame aiguisée mais il n'eut pas le temps de s'en servir que déjà il se prenait un coup de pied monstrueux en pleine face après que Boréal ait pris appui sur son bâton pour s'en servir comme d'une perche.
Pendant ce temps-là, un homme à la barbe rousse se glissa sournoisement derrière son dos et lui planta un couteau entre les omoplates.
Les lèvres du du client s'étirèrent en un sinistre sourire avant qu'il ne s'évanouisse, après que Boréal lui ait fracassé son bâton sur le sommet du crâne.
Cette fois, tout les agresseurs s'arrêtèrent net. Tous avaient clairement vu Boréal se faire poignarder dans le dos et pourtant, voilà qu'il se tenait devant eux comme si de rien était, sans aucune trace de blessure.
-C'est un démon, hurla une serveuse, un démon!!!!! Elle balança le plateau qu'elle tenait contre elle par dessus son épaule et se rua vers la sortie, rapidement suivie par tous.
Tous, sauf un. Boréal attrapa le patron de la taverne par la gorge et le souleva. Bien que le gros homme fasse probablement le double de son poids, il le souleva aussi facilement que s'il avait été un enfant.
-Ou est le Prêtre aveugle, aubergiste? Et ne t'avise pas de me mentir ou je te broie le cou sur le champ, dit-il d'une voix chargée de menace.
-Il est juste là, derriere mais je t'en supplie Silésien, ne me tue pas. Je t'en supplie, j'ai une famille à nourrir, j'ai des enfants.
Sans ménagement, Boréal envoya l'aubergiste contre le mur. Il si dirigea alors vers l'endroit qu'avait désigné l'aubergiste, un minuscule couloir de pierre nue caché par un épais rideau rouge. Après avoir passé le rideau, Boréal découvrit une trappe surmontée d'un loquet en fer qu'il souleva pour trouver un escalier de pierre. Une odeur épouvantable se dégageait de ce qui semblait être une cellule et Boréal vit des formes noires détaler en un instant. Des rats.
Il descendit l'escalier d'un pas rapide.
-Prêtre? Vous êtes là? Je suis Boréal Vegan et je suis là pour vous délivrer.
Soudain, une voix sourde jaillit des ténèbres et semblait venir de toutes part à tel point que Boréal ne put découvrir d'où elle provenait.
-Tu mens mon Fils. Je sens que tu me caches quelque chose, dit la voix.
-Je propose que nous en parlions autre part Prêtre, répondit Boréal en souriant, ravi de constater que la réputation de l'homme qu'il était venu délivrer n'était pas usurpée. Ou êtes vous?
-Juste derriere toi.
Allongé sur le dos et les bras croisés sous la tête, Boréal contemplait les étoiles et la lune, suspendue au ciel comme une lanterne d'argent. La toile nocturne était mouchetée de centaines d'étoiles qui donnait un aspect irréel à cette soirée. Comme chaque nuit depuis qu'il était arrivé sur le continent kélandrien, le sommeil était difficile à trouver. Il roula sur lui-même en se demandant comment les Kélandriens faisaient pour dormir par une telle chaleur. Chez lui, en Silésie, les nuits étaient bien plus fraîches et infiniment plus belles.
Maintenant sur le flanc, il pouvait voir le Prêtre aveugle assis en tailleur et aussi immobile qu'un rocher. Depuis, qu'ils étaient arrivés au campement du Silésien, le vieil homme n'avait pas prononcé un mot. Il s'était contenté d'avaler rapidement le pain et le fromage que lui avait offert le jeune homme avant de se mettre dans cette position, les yeux fermés.
Cela faisait maintenant environ une heure qu'il se tenait ainsi et n'avait pas bougé d'un pouce à tel point que Boréal commençait à se demander s'il n'était pas tout simplement mort.
C'est au moment où le jeune homme avait ces pensées que le vieux Prêtre ouvrit enfin les paupières et dévoila ses yeux voilés de blancs. Ils avaient une couleur inquiétante sous la froide lumière lunaire mais Boréal savait que ce n'était là qu'un tour de son imagination. Enfin, il essayait de s'en persuader.
-Enfin réveillé mon Père?demanda-t-il d'une voix détendue. J'ai bien cru que vous aviez rejoint vos dieux pour de bon.
-Non mon Fils, le moment n'est pas encore venu, dit-il d'une voix mystérieuse. Il est encore trop tôt pour moi. Les dieux ne m'ont pas encore rappelés à eux. J'étais juste en train d'adresser une prière silencieuse pour les remercier de vous avoir envoyé me délivré.
-Je ne suis pas un héros comme on en voit dans les contes, répliqua Boréal. Je suis juste un guerrier qui se cherche des alliés puissants et vous avez de la chance mais je vous considère comme un allié puissant. C'est uniquement pour cette raison que je vous ai libéré de la minable petite mafia locale qui vous retenait prisonnier.
-Je le vois très nettement au fond de votre coeur, dit le Prêtre. Je vois également que vous êtes tourmenté. Tourmenté par le passé. Je sens en vous comme un blocage. Je sens aussi que vous venez d'une Haute Lignée. Je n'arrive pas à déterminer laquelle mais oui, je sens que vous venez d'une Lignée prestigieuse.
Les lèvres de Boréal s'étirèrent en un sourire inquiètant. Il était ravi. Ravi de voir qu'il n'avait pas perdu son temps en recherchant ce vieil aveugle. S'il arrivait à le convaincre de se rallier à sa cause, il serait d'une très grande utilité aux Archanges.
-Inutile de le cacher plus longtemps, commenca-t-il d'une voix mielleuse et pleine de malice. En effet, je viens d'une Haute Lignée de la plus haute de toutes mêmes.
J'appartiens à la puissante Lignée Vechlisier. Mon vrai nom n'est autre que Boréal Vechlisier. Le fondateur de ma lignée est le dieu Vechlisier, le plus puissant de tout les Anciens Dieux. De par cet héritage, ma personne même est divine et vous qui avait prêté serment à l'Eglise Première me devez allégeance et obéissance en tant que représentant de votre dieu dans ce monde.
Après plusieurs secondes de silence pendant lesquelles Boréal attendait que le vieux Prêtre tombe à genoux après ces révélations, le vieil aveugle éclata de rire. C'était un rire franc et sincère qui résonna comme du cristal dans toute la vallée. Il riait du plus profond du coeur et à gorge déployée pendant que Boréal tentait de comprendre ce qu'il y avait de drôle dans ce qu'il venait de dire.
Après qu'il se soit calmé, l'aveugle dit d'une voix d'où perçait toujours une pointe d'amusement:
-Le descendant du dieu Vechlisier? Vous savez tout comme moi que la Lignée Vechlisier s'est éteinte le jour où Orphéan Vechlisier a perdu son combat contre les Seigneurs Gaïden.
Cette fois, Boréal était sérieux. Le Prêtre abordait là un sujet qui lui était toujours douloureux et il n'avait pas l'intention de le laisser recommencer à rire impunément.
-Orphéan était mon frère aîné et en effet il n'a pu vaincre les Seigneurs Gaïden, dit-il d'une voix d'où avait diparu toute trace d'humour. Il a échoué dans la mission qui lui incombait et la Lignée Vechlisier fut détruite par les Gaïden en guise de représailles. Ils tuèrent tout le monde sauf un petit garçon de huit ans qui en réchappa miraculeusement et qui assista à la mort de toute sa famille.
Ce petit garçon, c'était moi. Je suis le dernier survivant de la dynastie des Vechlisier et j'ai bien l'intention de venger ma Lignée en éliminant à moi seul les Seigneurs Gaïden.
