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Auteur Sujet :

Parti Socialiste #freeSégolène #Hidalgo2020 #Martine2020

n°16383280
Betcour
Building better worlds
Posté le 08-10-2008 à 04:10:31  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

Ernestor a écrit :


Oui, il s'y posera. En même temps, on a bien créé une citoyenneté européenne (qui va pas bien loin, mais c'est un début) alors pourquoi pas une citoyenneté mondiale à terme ? Ca serait une évolution naturelle et souhaitable je trouve.


Je pense qu'il y'a confusion là :
- que un pays A et B aient un gouvernement commun (même si partiel) et que leurs citoyens votent ensemble pour le désigner, rien de plus normal, c'est le principe démocratique. Les européens votent donc pour les européennes ensemble.
- que un pays A et B aient un gouvernement séparé, et que les citoyens de A votent pour élire le gouvernement de B (mais pas l'inverse), ça me semble au contraire pas très démocratique. Quand bien même ça serait limité aux municipales, le principe reste le même.

 

Si le but est de faire disparaitre la notion de citoyenneté alors qu'on le dise clairement (pourquoi pas, même si c'est une idée bien trop en avance sur son temps), plutôt que de tenter de la dévaloriser progressivement avec ce type de mesure.

 


Message édité par Betcour le 08-10-2008 à 04:11:50
mood
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Posté le 08-10-2008 à 04:10:31  profilanswer
 

n°16383510
thurfin
la clarté dans la confusion
Posté le 08-10-2008 à 08:24:07  profilanswer
 


Ca serait interressant je ne connait pas trop les qualités de débateurs de hamon et aubry mais dans cet exercice je pense qu'ils sortiraient vainqueur. Royal on a vu ce que ca donnait (pas top) et Delanoe est bien trop "pete sec", il s'emporterait rapidement à mon avis.

n°16385090
boubougna
- de buratta, +de combats
Posté le 08-10-2008 à 11:45:01  profilanswer
 

bon question qui sort du "congrès de reims" mais directement liée au PS.
Que pensez vous de la hausse des impots locaux de 9% à paris ? objectif ? raison ? (baisse de l'immobilier ? =>anticipation sur les recettes ?)

Message cité 2 fois
Message édité par boubougna le 08-10-2008 à 11:45:08
n°16385387
pantalaimo​n
Posté le 08-10-2008 à 12:15:08  profilanswer
 

Magicpanda a écrit :


 
 
Je suis fasciné par l'attrait que certains ont pour Hamon, il est aussi cohérent sur cette ligne que l'était Fabius pendant les primaires :/


 
Bah j'ai lu ton point de vu, et j'accorde à Hamon le bénéfice du doute, tandis que Fabius a déjà gouverné. Ca fait une sacré différence. Après je n'ai pas de boule de cristal pour dire qu'il fera ce qu'il dit.


---------------
...
n°16385471
pantalaimo​n
Posté le 08-10-2008 à 12:24:05  profilanswer
 

boubougna a écrit :

bon question qui sort du "congrès de reims" mais directement liée au PS.
Que pensez vous de la hausse des impots locaux de 9% à paris ? objectif ? raison ? (baisse de l'immobilier ? =>anticipation sur les recettes ?)


 
Soit une hausse de 320 millions d'€.
 

Citation :

Sur deux ans, 2008 et 2009, a précisé M. Gaudillère, la Ville enregistrera une baisse des droits de mutation de l'ordre de 250 M EUR dans un contexte de ralentissement des transactions, alors que ceux-ci constituaient une manne en augmentation constante depuis 2001.
"L'Etat doit environ 230 M EUR à la Ville (dette sur le RMI) et les dotations de l'Etat entraineront une perte de recettes de 60 M EUR", a ajouté l'adjoint aux finances, stigmatisant ce "désengagement de l'Etat".
La mairie souligne le "respect des engagements": "Nous serons au rendez vous en matière de solidarité", a dit M. Gaudillère. La Ville prévoit de financer 40.000 logements sociaux supplémentaires en six ans, dont 6.600 en 2009 (environ 450 M EUR).
Le programme d'investissement de la mandature est fixé à 8,3 milliards (+18% en moyenne annuelle par rapport à 2001-2007). Pour 2009, la Ville fera "zéro création d'emplois" (il y a 48.000 fonctionnaires), procédant par redéploiement des effectifs.


 
http://tempsreel.nouvelobs.com/act [...] x=RSS_notr


Message édité par pantalaimon le 08-10-2008 à 12:25:05

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...
n°16385510
Magicpanda
Pushing the envelope
Posté le 08-10-2008 à 12:28:42  profilanswer
 

L'analyse, complète, de Julien Dray :
 
La fin des Vingt Perverses
 
 
La crise financière, depuis le tour spectaculaire qu'elle a pris au mois de septembre, a donné lieu à un très grand nombre d'analyses convergeant toutes, par-delà la diversité des cheminements et des explications, vers une dénonciation de la finance, et de ses excès, comme seul grand coupable. Dans un étonnant consensus – impliquant des prises de parole à front renversé, comme celle de Nicolas Sarkozy, s'endormant un soir apôtre du libre-échange pour se réveiller le lendemain, à Toulon, prophète de la régulation – nombre de voix se sont élevées pour demander la tête des financiers, et réclamer le retour à « l'économie réelle », parée de toutes les vertus.
 
Cette vision ne nous satisfait pas. Elle a bien sûr sa part de vérité et même d'évidence – ces dernières semaines, les jonglages complexes des financiers autour des produits immobiliers, appâtés par l'argent facile et la carotte des primes et des bonus toujours plus élevés, ont été dûment décrits et analysés. Que la crise financière soit de la responsabilité de la finance est une lapalissade. Mais cela ne nous dit rien des conditions d'apparition précises de cette crise. Elle n'est pas apparue à n'importe quel endroit du système financier, ni à n'importe quel moment de son histoire. Son déclencheur a été la politique américaine du logement, menée par l'administration Bush depuis huit ans. Si nous voulons tirer toutes les leçons de cette crise, et l'utiliser pour remettre efficacement en cause le modèle économique que nous dénonçons, c'est par là que nous devons commencer notre analyse.
 
 
Que s'est-il donc passé en Amérique ?
 
Il y a deux façons de décrypter l'engrenage infernal des subprimes, ces crédits hypothécaires accordés avec largesse à des Américains sans ressources suffisantes, afin qu'ils puissent accéder à la propriété immobilière. La première est de pointer l'importance des bonifications financières qui étaient promises à tous les acteurs du système, depuis les prêteurs jusqu'aux traders de Wall Street, et qui les poussaient à accorder toujours plus de crédits. Cette lecture est évidemment à considérer. Mais elle n'explique pas la donnée culturelle, ou politique : pourquoi les Américains étaient-ils si nombreux à vouloir acheter une maison, y compris quand leurs moyens ne leur permettaient pas ?
 
C'est ce que permet d'expliquer une seconde lecture, considérant le fait que depuis son arrivée au pouvoir, l'administration Bush a mis en avant un des versants du rêve américain : celui du « tous propriétaires ». Message adressé avant tout aux classes populaires, celles-là mêmes qui avaient le plus de difficultés à accéder à la propriété, du fait d'une autre constante de la politique économique néoconservatrice : la généralisation du travail précaire. D'un côté, des Américains au travail, mais précarisés et insuffisamment payés ; de l'autre, une incitation permanente à l'accession à la propriété. Le développement de masse du crédit hypothécaire à risque est la solution imaginée à cette quadrature du cercle néolibérale.
 
Ce qui est en jeu dans cette exhortation à la propriété immobilière, n'est rien moins que la réorganisation de la société au profit des idéologues de la droite conservatrice. La droite a compris que pour devenir majoritaire électoralement, elle devait défaire le salariat comme condition sociale homogène, et sortir ainsi de l'opposition traditionnelle entre salariat et capital. Pour cela, il fallait le précariser, et réintroduire une distinction entre ceux qui possèdent et ceux qui n'ont rien. D'où l'octroi massif de crédits immobiliers. Nous savons aujourd'hui, par exemple, que l'administration américaine et la Maison Blanche ont exercé de façon continue des pressions très fortes sur Fannie Mae, géant du crédit hypothécaire, pour que l'entreprise accepte de plus en plus de crédits, de moins en moins sûrs.
 
L'accès facile au patrimoine immobilier fait de chaque Américain qui en bénéficie un capitaliste, même modeste. Il est alors plus enclin à soutenir les politiques de libéralisation et de défiscalisation de la droite républicaine, et à accepter l'affaiblissement de l'État et de ses politiques de solidarité sociale, censé frapper avant tout les « assistés ». Détenteurs de patrimoine contre salariés stricto sensu, travailleurs contre assistés, individualisation générale des rapports sociaux : la fragmentation des classes moyennes et populaires est en place.
 
Cette politique a été reprise en France par Nicolas Sarkozy, qui faisait de l'accession à la propriété pour tous une des quinze priorités de son programme présidentiel, qui voulait généraliser le crédit hypothécaire, et qui n'hésitait pas, durant ses meetings, à scander « endettez-vous ». Cette politique consiste au bout du compte à faire accepter une nouvelle façon de vivre (en tant que propriétaire, fût-ce par un financement artificiel et bancal), de travailler (de façon précaire) et de consommer (à crédit).
 
 
Bonnes et mauvaises leçons de la crise
 
Si la crise, d'un certain point de vue, est une crise assez classique de surproduction d'un produit mixte, financier-immobilier, c'est son ampleur qui en fait un phénomène sans précédent et sans commune mesure. En ce sens, la lecture de la crise et ses interprétations sont désormais l'enjeu d'une bataille idéologique qui ne peut pas nous laisser indifférents, car nous ne pouvons nous cantonner au registre des mesures techniques nécessaires pour répondre à l'urgence.
 
Quatre lectures ont été développées ces dernières semaines :
 
     
 
      Le catastrophisme permettant l'appel à l'union nationale. Les ex-chantres de la finance dérégulée ont été parmi les plus rapides à pointer du doigt, avec véhémence, des coupables faciles et tout désignés – les professionnels de la finance, et autres « patrons voyous ». Habile façon de brouiller les responsabilités de fond, et d'éviter de rendre des comptes sur ce qui est le produit direct des erreurs des politiques nationales. Contre cette « catastrophe naturelle » venue de l'extérieur, l'ensemble des responsables politiques devraient faire front, accepter d'emblée le contenu des décisions gouvernementales sans adopter de lecture critique des événements, pour sauver le système et éviter que de cette crise naisse une récession économique dure et prolongée. Ce discours a été adopté, en France, par ceux-là mêmes qui sont complices de la dérégulation et donc de la crise : en premier lieu, Nicolas Sarkozy, pour éviter une confrontation avec l'opposition sur le bilan de son action et sur le projet pour notre pays.
     
 
      L'appel à une moralisation du capitalisme. Selon cette lecture, plus que des individus, ce serait bien le système de l'économie financière lui-même qui serait vicié, dans ses normes et règles de fonctionnement. Il serait alors nécessaire et suffisant de remettre de l'éthique dans les institutions financières, de les contrôler plus étroitement, d'interdire leurs pratiques les plus répréhensibles (parachutes dorés, par exemple), pour qu'elles puissent redémarrer sur de meilleures bases, et permettre au cours des choses de reprendre rapidement.
     
 
      La crise comme une victoire de l'État. De nombreux commentateurs, allant de la droite conservatrice américaine la plus dure à la gauche radicale européenne, ont analysé l'injection massive de crédits et le rachat de géants de la finance par le gouvernement américain, comme une sorte de victoire ou de retour de l'État – les rachats en question étant alors lus comme des « nationalisations ». Que les « nationalisations » en question, que la soi-disante « régulation » aient d'abord consisté en une socialisation des pertes aux dépens des contribuables n'a visiblement pas ébranlé ces commentateurs, un éditorialiste conservateur américain allant jusqu'à dénoncer « un pas de plus vers le socialisme » de la part du gouvernement Bush. Il faut refuser ce détournement sémantique : cette politique de socialisation des risques, d'absorption sans contrepartie des pertes du privé, a pour corollaire une très néolibérale conception de l'État comme béquille du capital. Et n'a rien à voir, tant sur la forme que sur les objectifs, avec une politique intelligente de régulation.
     
 
      La crise comme révélateur de la nécessité d'un retour à « l'économie réelle ». D'autres commentateurs, de gauche comme de droite également, ont vu dans la crise une preuve de plus de la supériorité de l'économie « réelle » sur la finance, et en ont conclu qu'il était urgent d'abandonner l'une pour l'autre – grosso modo, de revenir à une politique industrielle classique, en réfléchissant parallèlement au retour à un certain protectionnisme, finance et mondialisation étant alors dénoncées et associées en une nébuleuse menaçante. Comme si le capitalisme pouvait fonctionner sans capital.
 
Ces lectures pêchent les unes comme les autres par leur simplification – par-delà les imprécations contre de grandes entités (« la finance ») ou contre des coupables symboliques (Wall Street), aucune ne s'interroge sérieusement sur les conditions historiques, politiques et idéologiques de production de la crise. Les cadres dirigeants dont on aura obtenu la tête seront bien vite remplacés par d'autres. Les règles que l'on imposera au système seront vite dépassées ou contournées, si une volonté politique forte ne les contraint pas. Enfin, comment peut-on sérieusement distinguer et imaginer séparément finance et économie réelle – pour reprendre le mot de Galbraith, nulle muraille de Chine ne les sépare – alors que l'innovation dont se nourrit l'industrie nécessite des levées de fonds toujours plus importantes, celles-là mêmes qu'une finance efficace peut seule apporter ?
 
 
Reconstruire un projet économique et social de gauche
 
La situation économique actuelle est en fait le résultat de trois éléments distincts.
 
     
 
      Une crise financière qui appelle des changements draconiens des systèmes de régulation et de contrôle des marchés financiers. Si la communauté internationale n'est pas capable d'organiser rapidement une coordination économique efficace, alors nous courrons un risque très grave de retour des réflexes nationaux, et de repli des uns et des autres sur des positions protectionnistes. L'Irlande nous en donne un exemple avec sa protection unilatérale des usagers de ses banques.
     
 
      Une tendance économique lourde de fond, à savoir l'épuisement du cycle de croissance des vingt dernières années, qui reposait sur le triptyque marchés de masse (fournis par la mondialisation) – financements élevés (grâce à la croissance rapide de la finance) – innovation technologique. Cycle de croissance menacé par la crise du crédit et du financement, et par la crise énergétique qui se manifeste actuellement par la chèreté des produits, mais qui risque d'exploser à moyen terme, quand ces produits, de rares, deviendront tout simplement indisponibles (énergies fossiles).
     
 
      Une tendance économique et sociale politiquement orchestrée, à savoir la précarisation du salariat et la déconnexion du revenu et du salaire, au profit de revenus complémentaires à risque et individualisés (crédits, bonus ...). De ce détricotage de la condition salariale découlent une fragmentation du corps social, du sens collectif et une montée de l'individualisme. D'où le rejet des politiques de solidarité, la perte de sens de l'impôt comme instrument de justice et de répartition, et le discrédit porté sur les services publics, chacun n'étant plus renvoyé qu'à sa solitude et à son inquiétude face à l'avenir.
 
Nous devons donc bâtir un projet économique et social qui soit à même de répondre conjointement à ces trois tendances, en créant un nouveau cycle de croissance vertueux, qui ne sacrifie pas le social à l'économique, l'environnement au rendement, et le long terme au court terme.
 
 
Première thèse : refuser le fatalisme économique
 
Tout éclatement d'une bulle de crédits crée une dépréciation des patrimoines, une perte de confiance des actionnaires et investisseurs, et donc, de là, un chute de l'investissement et de la croissance. Il faut nous préparer à une récession sérieuse. Mais quelle sera son ampleur et sa durée ? Ni l'une ni l'autre ne sont déjà écrites, et il est de notre responsabilité d'utiliser tous les instruments économiques disponibles pour la circonscrire le plus rapidement possible.
 
Considérons les trois piliers de la croissance économique de ces dernières années :
 
     
 
      En ce qui concerne l'innovation technologique, on peut penser que les éléments du prochain bon en avant existent, mais ne sont pas encore déployés comme instruments de croissance.
     
 
      Les marchés de masse demeurent : Europe (et son marché unique), Russie, États-Unis, Japon, malgré les incertitudes actuelles liées à la crise, et les trois géants en plein rattrapage que sont l'Inde, la Chine et le Brésil.
     
 
      Le doute réside en revanche dans la capacité de financement. Il y a un risque non négligeable que la crise financière, en accélérant la fin du cycle de croissance actuel, nous plonge dans une « onde longue » récessive, qui se heurterait de surcroît au choc énergétique à venir avec l'épuisement des énergies fossiles. Tout l'enjeu est donc de réunir au contraire les éléments d'une nouvelle onde longue vertueuse, qui démarre au plus vite et puisse sauter par-dessus cette crise énergétique imminente. C'est ce que permettra la définition d'un nouvel ordre productif.
 
 
Deuxième thèse : revenir à une politique salariale
 
A la différence de celui des Trente Glorieuses, le cycle de croissance actuel est adossé à une détérioration du rapport entre capital et travail. Les vingt dernières années ont été des années de croissance perverse, car portant avec elles une augmentation des inégalités, une individualisation des rapports sociaux et une généralisation de l'insécurité. Autant de points qui les opposent aux années de croissance des Trente Glorieuses ; on pourrait presque parler de « Vingt Perverses ».
 
On ne rebâtira pas des politiques de solidarité et de redistribution efficaces sans restaurer le primat du salaire. Le salaire, dans le cadre d'un nouveau modèle de croissance, doit redevenir le principal déterminant du revenu, ce qui permettra de mettre un terme aux systèmes de rémunération parallèles (tels que les stock-options) ou compensatoires (PPE, RSA ...), qui contribuent à en bloquer l'augmentation (c'est un tournant qu'il va nous falloir assumer, surtout dans le moment actuel). La politique salariale doit être au coeur du contrat social, pour imposer un partage régulier des gains de productivité, redonner du sens au lien entre salaire et qualification, entre salaire et productivité. A la société du patrimoine (et de son pendant l'assistanat) défendue par la droite, nous devons opposer la société du travail bien rémunéré. Ce qui passe par une lutte contre la précarité (temps partiel et travail discontinu), qui nourrit la pauvreté laborieuse. C'est ainsi que nous pourrons restaurer la dignité du salariat, et autour de lui un sentiment de collectif et d'identité de situation dans les classes populaires et moyennes.
 
Il faut refonder le contrat fiscal entre les citoyens et l'État. Lui donner clairement comme principe la juste répartition des efforts, et comme objectif prioritaire la collecte des ressources nécessaires au financement des mesures de cohésion sociale, et à l'investissement dans les dépenses d'avenir. C'est ainsi que nous lui redonnerons du sens aux yeux de nos concitoyens, et que nous en ferons un instrument de croissance (notamment en allouant des exonérations fiscales aux secteurs industriels sélectionnés par l'Etat, et aux entreprises pratiquant une politique salariale vertueuse).
 
 
Troisième thèse : mobiliser sans perdre de temps les acquis du cycle de croissance finissant pour poser les fondements d'un prochain cycle soutenable et vertueux
 
On ne se passera pas d'un nouveau modèle d'allocation de la finance dans le système économique – il faut, autrement dit, réinventer une banque qui fasse vraiment son métier. Il n'y a pas de croissance sans investissement. La juste opposition n'est donc pas entre économie réelle et économie financière – c'est l'équilibre entre les deux qui doit être repensé. Il faut y remettre bon ordre, en posant des règles faisant que ce soient ceux qui ont créé le risque qui l'assument, et en pénalisant fiscalement plus fortement ceux qui jouent le court terme contre le long terme.
 
Nous devons inventer un nouveau modèle d'Etat-entrepreneur, voué non pas à gérer les contraintes, mais à créer de nouvelles opportunités, à user de nouveaux partenariats entre public et privé, à défendre l'intérêt général. Il devra travailler à l'émergence de nouveaux secteurs industriels, adossés à la révolution écotechnologique en cours. En investissant immédiatement dans les éco-industries, dans les nouvelles énergies, dans les technologies cognitives. Une part du PIB pourrait être constitutionnellement allouée à la recherche et à l'innovation. Et en construisant des nouveaux outils : une banque publique d'investissement, une politique européenne de grands travaux (notamment d'infrastructures de transports collectifs) et de grands projets de recherche. Tout en sortant résolument les biens et les services d'intérêt général de la logique de privatisation.
 
Je n'entamerai pas ici un « couplet » sur l'écologie, mais nous savons tous que l'acte fondateur de ce nouvel Etat-entrepreneur doit être la mise en place des conditions d'une éco-croissance.
 
 
Quatrième thèse : renouer avec le combat idéologique radical
 
Le discrédit qui va frapper de façon au moins temporaire la doxa néo-conservatrice, néo-libérale libère un espace intellectuel considérable dans le débat public. La place est libre, et il y a un risque non négligeable qu'elle soit occupée par les dérives populistes les plus pernicieuses si nous ne nous avançons pas résolument dans le débat ; non pas avec des commentaires, des condamnations morales, voire des catalogues de mesures techniques, mais avec une analyse générale et des concepts donnant du sens au chaos actuel, des perspectives de solution pouvant mener à des actions concrètes. La gravité de la situation, qui voit chaque jour un nombre croissant de nos concitoyens sombrer dans le désespoir et perdre confiance envers nos démocraties, exige que nous soyons d'une intransigeance radicale avec toutes les injustices. Le débat ne portera pas sur nos compétences de gestionnaires mais sur notre aptitude à concevoir et à défendre une nouvelle économie sociale et écologique de marché.


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" Quel est le but du capital ? Le but du capital c'est produire pour le capital. L'objectif, lui, est illimité. L'objectif du capital c'est produire pour produire." - Deleuze || André Gorz - Vers la société libérée
n°16386622
scOulOu
Born Under Saturn
Posté le 08-10-2008 à 14:33:53  profilanswer
 

Pas grand-chose à redire à cette analyse :jap:
 
Faudrait maintenant la synthétiser à l'intention des médias, parce que je pense qu'elle est un peu trop développée en l'état pour être accessible à la majorité.

Message cité 1 fois
Message édité par scOulOu le 08-10-2008 à 14:34:17
n°16387131
thurfin
la clarté dans la confusion
Posté le 08-10-2008 à 15:24:22  profilanswer
 

boubougna a écrit :

bon question qui sort du "congrès de reims" mais directement liée au PS.
Que pensez vous de la hausse des impots locaux de 9% à paris ? objectif ? raison ? (baisse de l'immobilier ? =>anticipation sur les recettes ?)


ca doit etre l'une des raisons principale à mon avis. J'avais vu quelque part sur ce topic que la hausse de l'immobilier avait bien financé la ville ces dernières années.

n°16387249
Magicpanda
Pushing the envelope
Posté le 08-10-2008 à 15:36:40  profilanswer
 

scOulOu a écrit :

Pas grand-chose à redire à cette analyse :jap:
 
Faudrait maintenant la synthétiser à l'intention des médias, parce que je pense qu'elle est un peu trop développée en l'état pour être accessible à la majorité.


 
 
c'est pour ca que je la post sur le topic ps :o


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" Quel est le but du capital ? Le but du capital c'est produire pour le capital. L'objectif, lui, est illimité. L'objectif du capital c'est produire pour produire." - Deleuze || André Gorz - Vers la société libérée
n°16387317
pantalaimo​n
Posté le 08-10-2008 à 15:42:14  profilanswer
 


Euh moi je suis assez déçu, les solutions concrètes sont à peine abordées dans la "3ème thèse", le reste tout le monde à gauche semble d'accord (refonte fiscale en faveur des salariés - cf contribution Royal avant qu'elle ne se désiste - et lecture "historique" de la crise actuelle avec nécessité d'une volonté politique très forte pour imposer des changements). Bref le diagnostic est très bon, les risques à venir bien montrés. Mais il faudrait maintenant commencer à détailler concrètement ce à quoi on touche (en matière de fiscalité) et dans quoi on investit.


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...
mood
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Posté le 08-10-2008 à 15:42:14  profilanswer
 

n°16387361
pantalaimo​n
Posté le 08-10-2008 à 15:46:45  profilanswer
 


Et puis se radicaliser et occuper l'espace rendu libre par la crise, il y a longtemps que beaucoup ne demandent que cela (face au pouvoir actuel il y a quand même un sacré espace à occuper) et attendent que les élus mettent ce souhait très bien intentionné en pratique.  :D  
 


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n°16387397
LooSHA
D'abord !
Posté le 08-10-2008 à 15:51:13  profilanswer
 

Magicpanda a écrit :

c'est pour ca que je la post sur le topic ps :o


Pas mal, pas mal.


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Mangeons de la viande (et nos amis pour la vie) ! Prenons l'avion ! Partons en vacances très loin ! Achetons des trucs venus du bout du monde ! Chauffons-nous à fond ! Utilisons plein d'électricité ! Changeons de malinphone le plus souvent possible !
n°16387459
docbabar
Toubib officiel
Posté le 08-10-2008 à 15:56:53  profilanswer
 

samuelp a écrit :

Bonjour,
 
J'ai vu que les socialos étaient pour le droit de vote des étrangers (hors UE) aux élections municipales.
 
Une question, pensez vous qu'il serait souhaitable qu'il y ait réciprocité ? Exemple, si on autorise les américains à voter aux élections municipales, ne doit on pas demander aux USA de laisser les français voter à leurs élections locales ?


 
tu dois pas etre  socialiste toi si tu les apelles comme ça!!! :lol:  

n°16387530
ovrefoss
Posté le 08-10-2008 à 16:01:03  profilanswer
 

Une analyse de Dray pleine de bonnes intentions, mais il ne semble pas concevoir que l'état puisse reprendre la main sur la remise en cause de règles financières dévoyées par la voyoucratie.
 
A partir de là, comment compte-t-il redéfinir le rapport capital/travail, sinon par ne pas répondre ni apporter un seul substitut à l'individualisation optimale dans le système économique défaillant ?
 
Je crains de trouver l'explication qui convient aussi bien à Dray (et aux sociolibéraux du PS) qu'au monde de la finance : ce sont sans doute les mêmes qui s'amusent à réfléchir pour nous dans le sens qui ne nous convient pas, et à se décider à agir dans le sens qui leur convient.

Message cité 1 fois
Message édité par ovrefoss le 08-10-2008 à 16:02:22
n°16387867
Magicpanda
Pushing the envelope
Posté le 08-10-2008 à 16:26:43  profilanswer
 

l'analyse de Ségolène
 
   
La gauche et la mondialisation
 
Chères amies, chers amis,
 
Vous trouverez ci-dessous le texte de mon intervention à Athènes, le 2 octobre.
Mondialisation et crise financière, voilà les deux thèmes que j’ai abordés et sur lesquels j’ai pu rappeler ma position. En ces temps si difficiles de crise mondiale, l'urgence est à l'action de toutes les gauches européennes.
 
Amitiés,
 
Ségolène Royal
« Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Monsieur le Président du PASOK, cher George Papandreou,
Messieurs et Madame les Ministres,
Monsieur l’ancien Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les députes,
Mesdames et Messieurs, Chers amis, Chers camarades,
 
Je suis très heureuse d’être à Athènes et je remercie Monsieur Christos Lambrakis pour son invitation au Megaron, cette extraordinaire réalisation culturelle,
Merci à Monsieur Manos pour son accueil.
 
Personne n’aurait imaginé, au moment ou vous avez fixé le thème de cette conférence, sa brûlante actualité.
 
Je souhaite attirer votre attention pour commencer sur deux images tirées de l’actualité, deux images qui sont comme un symptôme du monde dans lequel nous vivons.
 
Mai 2008 : images d’émeutes dans les rues de Dakar, de Ouagadougou, de Bombay, de Djakarta. Des magasins sont pris d’assaut. Le sang coule parfois. Ce que l’Occident avait rejeté dans les tréfonds de sa mémoire collective refait surface : les grandes disettes sont de retour, des centaines de millions de gens meurent de faim. Et avec elles le déchaînement de violence, les bateaux de la misère qui tentent désespérément de rallier les côtes européennes.
 
Septembre 2008. Une image imprimée dans nos esprits, celle des salariés de Lehman Brother, la tête dans les mains. Des empires financiers s’effondrent comme des châteaux de cartes. La récession menace. Ceux qui se croyaient orgueilleusement à l’abri sentent le vent du boulet : la faillite généralisée guette, comme une réaction en chaîne désormais incontrôlable.
 
Deux images, deux réalités, un même monde, une même cause : un libéralisme qui nous met tous, à l’échelle du monde, en danger. L'heure pour la gauche n'est plus aux diagnostics tièdes, ni aux appréciations timorées, mais à la lucidité radicale et a la proposition d’un autre système.
 
En 1971, 18 milliards de dollars étaient échangés chaque jour. Aujourd’hui, ce sont près de 1 800 milliards de dollars qui circulent quotidiennement sur les marchés financiers. 1800 milliards de dollars : presque neuf fois la dette de tous les pays africains.
 
Ces mouvements de capitaux ne correspondent bien souvent qu’à des engagements de très court terme : il ne s’agit pas d’investissement dans des projets industriels, mais de placements purement spéculatifs. L’argent circule, l’argent va vite, entraînant le monde dans une spirale vertigineuse, une course au profit immédiat.
 
Oui, la sphère financière s’est affranchie de l’économie réelle. Et je ne crois pas qu’il s’agisse d’une perversion du système, comme si nous  ne faisions face qu’à un simple dysfonctionnement accidentel, ponctuel.
 
Le capitalisme libéral porte en lui la menace de sa propre destruction, comme une tare originelle : livrés à eux-mêmes, les pulsions du capitalisme deviennent folles. Puisque j’ai le plaisir d’être invitée à Athènes, vous me permettrez donc d’oser une comparaison entre le capitalisme libéral et l’attelage ailé que décrit Platon dans un de ses dialogues, Phèdre : sans la raison pour le brider, le maîtriser et le guider, le capitalisme est entraîné dans la course folle de ce que les Grecs anciens appelaient  l’hybris.
 
La boucle était vertueuse nous disait-on. La finance devait servir l’économie réelle : ouvrez les marchés, le capital ira là où sont les bonnes idées, là où sont les bons projets, là où sont les bons investissements. Et vous verrez nous disait-on encore : un capital plus libre, c’est une économie plus forte, donc des sociétés plus prospères, donc des citoyens plus heureux. La boucle était bouclée…
 
Mais c’est l’inverse qui s’est produit : aujourd’hui, la finance ne sert qu’elle-même ; et une partie de l’économie n’est pas tournée vers le développement mais vers le profit pour le profit.
Le bon ordre des choses c’est : la finance au service de l’économie et non d’elle-même et l’économie au service du développement humain (bien être) et durable.
 
Aujourd’hui le désordre détruit tout.
 
Et si je me suis engagé en politique, au Parti socialiste, conseillère de François Mitterrand, membre du Parlement pendant vingt ans, trois fois ministre, présidente de Région, puis désignée par mon parti comme candidate à l’élection présidentielle,  ce n’est pas pour dire : « Il n’y a rien à faire ».
 
Non, je suis là pour vous dire qu’un autre monde est possible, un ordre financier, économique, écologique et social juste et efficace. Rien ne serait pire qu’un colmatage de la crise qui conduirait de fait à la consolidation d’un système perverti.
 
Car, j’en suis convaincue, il n’est pas trop tard : soit la mondialisation est porteuse de toujours plus de malheurs. C’est possible, l’actualité nous le prouve chaque jour un peu plus. Soit la mondialisation provoque un progrès de civilisation. C’est possible aussi. C’est la volonté politique qui arbitrera cette alternative. Cela dépendra de notre volonté politique, de celle des socialistes, de tous les démocrates, de toutes les femmes et les hommes de progrès et de justice à l’échelle du monde.
 
L’histoire de la gauche, c’est encore et toujours une lutte pour l’émancipation. Son combat, c’est donner à chacun la possibilité de redevenir maître de lui même et de son destin.  Son combat, c’est la démocratie réelle et pour tous.
 
Ces valeurs doivent être mises au service d’un nouveau projet de vie, adapté au monde tel qu’il est. Voilà la gauche que le monde attend avec impatience : une gauche qui bâtisse de nouvelles sécurités collectives pour permettre à tous, individus et Etats, de vivre en paix et dignement. Le chemin sera long. Mais n’en doutons pas, n’hésitons pas : l’avenir est de notre côté.
 
 ***
 
Le contexte de cette conférence est celui de trois défaites : la défaite du système financier, la défaite de la mondialisation et la soi-disant défaite idéologique de la gauche. Pour organiser la réponse de la gauche à ces trois défaites, je vois trois principes pouvant servir à bâtir un monde à la fois plus juste et plus sûr : le besoin du politique, le besoin de la règle et enfin le besoin du contrôle démocratique. Ce sera l’objet de cette conférence.
L’échec de la mondialisation financière
Il y eut le Mexique en 1994. Puis la Russie en 1997. Le Sud-ouest asiatique en 1998. Et puis le cataclysme des subprimes. Et à chaque fois le monde qui retient son souffle, laissant en suspens des questions lancinantes : « Comment en est-on arrivé là ? », « Où allons-nous » ? A chaque fois aussi, la résolution de changer. Et en fin de compte à chaque fois, une nouvelle inertie coupable au fur et à mesure que le souvenir de la crise s’estompe et que l’excitation de l’argent fou prend le dessus.
 
Ces crises ont toujours eu des causes spécifiques. Crise de change liée à des déficits abyssaux dans le cas du Mexique et de l’Asie du Sud Est.
 
Défaut d’un grand fonds spéculatif en Russie. Crise bancaire dans le cas des subprimes. Mais par delà ces singularités, on voit toujours le même processus à l’œuvre : celui d’un capitalisme financier ultra-mondialisé affranchi de toute règle. C’est un capitalisme qui a trouvé dans les nouvelles technologies et l’internet le milieu qui lui manquait pour donner la pleine puissance de lui-même.
 
Revenons un instant sur la crise des subprimes. La radiographie du cataclysme montre un enchaînement implacable.
 
D’abord, la mise en échec de toutes les règles prudentielles, notamment celles mises en œuvre par le Comité de Bâle et la Banque des règlements internationaux.
 
Ainsi que le rappelait récemment l’économiste français Daniel Cohen, la règle du comité de Bâle impose aux banques de détenir un dollar de capital environ pour 12 dollars de crédit. La finance de marché a contourne cette règle et permis à ses acteurs d'accorder 32 dollars de crédit pour un dollar de capital !
 
Par le biais de la titrisation, les banques ont pu revendre leurs créances et prêter toujours plus, au mépris de toute prudence élémentaire, en refusant de voir que le taux d’endettement des ménages américains atteignait des niveaux insoutenables.
 
Quant aux grands fonds spéculatifs, ils n’ont jamais été assujettis à la moindre règle et ce, d’autant moins qu’ils ont souvent leur siège dans des paradis fiscaux.
 
 
Cette crise est également une preuve de l’échec de la régulation de la finance par elle même. Les agences de notation n’ont pas fait le travail qui aurait du être le leur. Elles ont systématiquement sous-estimé les risques, continuant à noter triple A des institutions contaminées par des créances douteuses.
 
Enfin, cette crise montre l’agressivité de l’économie financiarisée pour l’économie réelle, qui produit de la valeur ajoutée. On a vu des banques provoquer le surendettement de millions de foyers dans le monde ; on les voit maintenant fermer irrationellement le robinet du crédit aux petites et moyennes entreprises, plongeant nos économies dans la crise.
 
Alors oui, il est temps enfin d’ouvrir les yeux et d’agir. Des acteurs privés, non contrôlés, détournant les règles peuvent conduire le monde au bord du gouffre : cela n’est pas acceptable !
 
 ***
 
Au fond, certaines convictions économiques sont devenues des dogmes : le Consensus de Washington en est la preuve absolue. Au début des années 1990, un cénacle d’économistes libéraux de la Banque mondiale et du FMI a considéré que le voie du développement passait par la récitation d’un mantra : pour créer de la croissance, il fallait attirer les capitaux ; pour attirer les capitaux, il fallait créer les conditions de la stabilité financière ; pour stabiliser des économies en proie à l’inflation, il fallait résorber tous les déficits, mener des politiques de rigueur et réduire la part de l’Etat à la portion congrue.
 
Libéralisation, déréglementation, ajustement structurel : combien de pays africains et latino américains ont ainsi été soumis à une thérapie de choc qui les a laissés exsangue?
 
Beaucoup pensaient par exemple que la libéralisation du commerce et des marchés financiers suffirait à créer les conditions d’une augmentation générale et équitablement répartie du niveau de vie. Il n’en a rien été.
 
Je prendrai un seul exemple, celui de l’abaissement des taxes douanières. Aujourd’hui, dans la plupart des pays en voie de développement, on constate que la libéralisation du commerce n’a pas entraîné de hausse des échanges. La raison en est simple : s’il n’y a pas de ports, ou s’il n’y a pas de routes pour amener les produits aux ports, s’il n’y a pas d’équipements, il est tout simplement impossible d’exporter. Les barrières douanières ne sont rien en comparaison des barrières structurelles qui maintiennent les pays en voie de développement à l’écart des bénéfices de la mondialisation.
 
Alors bien sûr, la mondialisation a plusieurs dimensions, politiques, culturelles, environnementales, économiques. Pourtant, force est de reconnaître que seule a prévalu jusqu’ici la dimension économique de la mondialisation. Et pire que cela, c’est une mondialisation libérale, sans régulation économique, qui s’est imposée, au prix de la crise que nous traversons aujourd’hui.
 
C’est la raison pour laquelle je parle sans détour d’un échec de la mondialisation libérale. Cet échec, il est à la fois :
 
-    dans les têtes : en 2007, 74% des Français jugent la mondialisation « inquiétante » pour les salariés ce qui rend plus difficile la responsabilité que nous avons d’ouvrir nos pays vers les autres pour empêcher les règles nationalistes ;
 
-    dans les faits. Les pays riches se sont enrichis ; les pays les plus pauvres se sont appauvris ; et à l’intérieur des pays riches eux-mêmes, les classes moyennes se sont fragilisées. Regardez l’Europe : dans tous les pays les classes moyennes estiment que leur situation se dégrade.
Le déficit démocratique de la mondialisation
Oui, la mondialisation libérale a échoué. Et la principale raison de cet échec réside d’abord dans le déficit démocratique de la mondialisation.
 
Par déficit démocratique, j’entends l’absence de prééminence donnée à des règles librement consenties par des citoyens libres d’exprimer ce qu’ils veulent et ce qu’ils ne veulent pas.
 
Je voudrais prendre un exemple, celui de la propriété intellectuelle et de l’accès aux médicaments génériques.
 
Il est bien entendu de la plus grande importance de reconnaître et de garantir la propriété intellectuelle des chercheurs, des écrivains et des créateurs. Mais cette reconnaissance doit être équilibrée, c’est-à-dire qu’elle doit prendre en compte les droits des bénéficiaires des innovations. Or, trop souvent, des situations de monopole sont créées par des droits de propriété intellectuelle trop forts.
 
Le cas des médicaments génériques est frappant. Une propriété intellectuelle très stricte a été établie dans ce domaine lors des accords de l’Uruguay round de 1994. En conséquence, les prix de ces médicaments ont beaucoup augmenté et beaucoup de pays en voie de développement n’ont pas pu acheter de médicaments contre le sida.
 
Le grand prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, rappelle que la valeur d’une année de médicaments contre le sida aux Etats-Unis est d’environ 10000 dollars, alors que cela coûte environ 300 dollars pour les produire.
 
À cause du régime de propriété intellectuelle, il est devenu interdit aux fabricants africains de les produire et de les vendre moins cher. 10000 dollars pour des pays dont beaucoup d’habitants vivent avec moins de 500 dollars par an : cette équation sans solution est un exemple tragique de l’échec de la mondialisation. Elle a placé les valeurs économiques, en l’occurrence les profits des entreprises pharmaceutiques, au-dessus d’autres valeurs fondamentales, au-dessus même de la valeur de la vie.
 
Se dévoile bien alors ce qui est, selon moi, la raison principale de l’échec de la mondialisation et la raison de son asymétrie : son déficit démocratique. Celui-ci s’observe ne serait-ce que dans l’attribution des droits de vote dans les institutions internationales. En principe, une personne = un droit de vote. Mais au FMI et à la Banque mondiale, les droits de vote sont proportionnels à la richesse du pays.
 
Soulignons aussi que les représentants des pays industrialisés ont tendance à défendre, non pas l’ensemble des citoyens de leurs pays, mais des groupes d’intérêts particuliers. Il faut rappeler que ceux qui, au FMI, prennent les décisions qui affectent le plus les politiques économiques des pays en voie de développement, sont les ministres des finances et les gouverneurs de Banques centrales. Ceux-ci ne se soucient pas d’emploi, ni de croissance, mais d’inflation – car quand l’inflation augmente, la valeur des bons du trésor diminue. Ils défendent ainsi plus les intérêts des détenteurs de ces bons que ceux de la société dans son ensemble.
 
 ***
 
Les décisions qui ont le plus affecté le cours de la mondialisation ces vingt dernières années n’ont ainsi presque jamais été le résultat d’un processus démocratique. Pourtant, chaque fois qu’un débat démocratique a été instauré sur des questions déterminantes pour l’économie mondialisée, les citoyens ont fait preuve d’une très haute conscience de l’intérêt général.
 
Sur toute une série de sujets fondamentaux pour nos sociétés et pour nos existences personnelles, la même carence démocratique de la mondialisation a donc produit les mêmes conséquences désastreuses.
 
Le philosophe français Jean-Pierre Dupuis, parlant de l’écologie, nous exhorte à pratiquer un catastrophisme éclairé. Il rejoint Hans Jonas, dont le principe responsabilité est arrimé à une « heuristique de la peur ».
 
Face aux conséquences dramatiques de la mondialisation libérale, nous devons nous aussi être des alarmistes éclairés et rationnels : non pas pour rester dans l’inaction, comme frappés par la gorgone ; mais bien plutôt pour agir, agir différemment, agir avec à l’esprit l’intérêt des citoyens et des peuples de cette planète.
Faut-il sauver le système ou le changer ?
Dans ces conditions, c’est bien la question de la défaite idéologique du capitalisme financier qui est posée.
 
La droite libérale a insisté ces dernières années sur la prétendue défaite idéologique de la gauche. Et puis j’ai assisté stupéfaite à un revirement qui, en quelques semaines, à mis à mal, vingt-cinq ans de capitalisme libéral.
 
La crise financière entraîne avec elle des millions de petits épargnants. Elle jette à la rue non seulement des millions de petits propriétaires mais aussi les plus grands établissements bancaires. Alors, paniqués, les ennemis de l’Etat l’appellent à leur secours. Les ultralibéraux retournent leur veste. Et le gouvernement Bush se déclare prêt à injecter en quelques heures 700 milliards de dollars - soit trente fois l’aide publique au développement - qui étaient introuvables, il y a quelques semaines, pour mettre fin aux émeutes de la faim. Soulagement de ceux qui ont entraîné le système dans le mur : leur fortune est faite et ils ne paieront pas les pots cassés.
 
La question que je voudrais poser ce soir est la suivante : fallait-il intervenir et sauver les banques menacées de faillites ?
Cette question n’est pas posée à la légère. Nous faisons face en effet à un dilemme dont il faut mesurer toute la portée.
 
-    Soit nous renflouons les banques coupables d’un aveuglement sans mesure et c’est tout un système pervers que nous sauvons. Car alors, le système saura que les Etats et derrière eux les contribuables sont là comme un ultime rempart. Et c’est l’irresponsabilité que nous encouragerons alors, avec des citoyens doublement victimes : victimes des agissements de banques qui les plongent dans le surendettement ; victimes d’un accroissement insupportable de la pression fiscale ou de la diminution de certaines dépenses publiques ;
 
-    Soit nous refusons cet aléa de moralité – ce moral hazard comme on dit en anglais – et c’est alors un risque pour toutes nos économies. La peur peut s’emparer des marchés avec une violence que nous n’avons encore jamais vue, les banques refuser de se prêter entre elles ; et s’effondrer, les entreprises s’assécher faute de financement.
Pour dépasser ce dilemme, je propose une condition radicale, immédiate et non négociable : l’intervention publique doit être conditionnée à une révolution en profondeur du système financier international.
 
Oui, nous devons faire face à l’urgence et pour cela n’avons pas d’autre choix que de mettre en place une action internationale coordonnée. L’Union européenne doit se doter d’une véritable politique financière commune. Il nous faut la création d’un fonds d’intervention commun aux membres de la zone euro : car les sauvetages de Fortis ou de Dexia nous montrent qu’il s’agit de banques intervenant sur plusieurs pays européen.
Mais cette intervention doit être conditionnée : il faut revoir de fond en comble les règles prudentielles, limiter la possibilité de sortir les créances des bilans des banques par le procédé de titrisation ; il faut assujettir les fonds spéculatifs aux règles de solvabilité bancaires ; il faut créer de nouveaux mécanismes d’évaluation, avec une agence publique européenne de notation ; il faut également interdire les bonus non assujettis à l’impôt sur le revenu ; et puis surtout lutter contre les paradis fiscaux en refusant l’accès au territoire européen aux fonds ayant leur siège social dans de tels paradis.
 
C’est aussi le rôle du FMI qu’il faut revoir profondément. Aujourd’hui, le Fonds ne dispose pratiquement d’aucun moyen d’action. Ses ressources financières sont limitées et il ne peut guère jouer le rôle de prêteur en dernier ressort au niveau international.
Je ne voudrais pas revenir sur le débat qui, au moment de la conférence de Bretton Woods en 1944, opposa John Meynard Keynes et le secrétaire américain au Trésor Harry White. Keynes souhaitait que le FMI soit une véritable banque centrale mondiale, disposant d’un pouvoir de création monétaire lui permettant, en cas de besoin, de refinancer les banques centrales nationales. Il n’obtint pas gain de cause.
 
Il est possible que les idées de Keynes reviennent à l’ordre du jour. En tout état de cause, le Fmi doit disposer d’une assise financière beaucoup plus large et devenir le gendarme international des bourses et des banques : c’est lui qui doit être responsable de l’élaboration des nouvelles normes ; c’est lui qui doit être également en charge de leur bonne application. Et donc on en revient a sa composition plus démocratique.
Vers une mondialisation politique
La crise financière actuelle montre que depuis le début, ce sont les tenants de l’affirmation du rôle de la politique publique, du besoin de régulation, de droits et de devoirs, du principe de justice sans lesquels la confiance est rompue,  qui avaient raison. Alors il est temps pour nous de relever la tête, avec un impératif catégorique : démocratiser la mondialisation.
 
Trop longtemps, la mondialisation s’est réduite à sa dimension économique, reléguant les valeurs culturelle, intellectuelle, environnementale et sociales. C'est-à-dire l’affirmation de l’action politique pour en définir le contenu.
 
Il est donc temps de réaliser, à côté, et je dirais même au-dessus de la mondialisation économique, la mondialisation politique.
 
La mondialisation, c’est en effet l’intégration des pays entre eux, par l’abaissement du prix des transports, du coût des communications, des barrières douanières. Mais cette intégration signifie que nous sommes devenus interdépendants. Pour le dire très simplement : les décisions prises à Wall Street ont des conséquences sur la vie d’un paysan burkinabè.
 
Donc la mondialisation a besoin de politique, c'est-à-dire de démocratie participative : la retirer des griffes des seuls experts. C’est à cette condition que le principe gagnant/gagnant pourra l’emporter, alors qu’aujourd’hui c’est gagnant pour quelques uns et perdant pour les autres.
 
J’ajoute que ceux qui me taxeraient d’irréalisme auraient la mémoire courte. Il y a bientôt deux siècles, un processus similaire se réalisait : la formation des Etats-nations. Comme aujourd’hui, les coûts de transport et de communication baissaient, et comme si cela en avait été la conséquence nécessaire, en Allemagne ou en Italie par exemple, les Etats-nations se créaient.
 
Ils ont permis de réguler le fonctionnement de l’économie pour la mettre au service des citoyens. Souvenons-nous des débuts du capitalisme industriel : l’exploitation du prolétariat et les dégâts sur l’environnement.
 
Aujourd’hui comme hier, les gouvernements peuvent faire fonctionner les marchés plus efficacement et en harmonie avec l’intérêt général. Ils doivent pour cela intervenir dans l’économie, pour protéger les travailleurs, pour protéger l’environnement, pour repartir les richesses entre le capital et le travail, assurer la confiance de tous les acteurs, pour garantir les dépenses importantes comme la santé, la recherche, l’innovation et l’éducation.
 
Il faut remplacer la domination des marches  sur les peuples par la primauté des gouvernements démocratiquement élus.
Pour conclure, nous avons l’obligation de faire le bilan de la mondialisation telle qu’elle a été menée ces dernières années. A la fois dans chacun des pays mais aussi dans les instances internationales.
 
L’Union européenne doit être à l’offensive pour proposer de nouvelles règles. Il y a là trop d’inertie et de lenteur. L’Internationale socialiste et le PSE peuvent trouver là, comme nous l’évoquions tout a l’heure avec George Papandreou lors d’une réunion de travail, un rôle d’aiguillon. Nous devons bousculer la lenteur de l’Europe.
 
Car jamais le monde n’a eu autant besoin d’Europe et de ses valeurs de paix. Car le principal danger aujourd’hui dans cette guerre économique qui se profile, c’est la montée des violences, du chacun pour soi, du désespoir, du rejet de la politique, du gouffre entre les puissants et les politiques d’un cote, et du peuple de l’autre.
 
Et nous savons à quoi cela mène. A la montée des régimes totalitaires, à la montée de l’intégrisme, à la montée du terrorisme ailleurs.
 
Oui, nous faisons face à un grand danger. Ce danger, c’est celui de la peur. On fait peur aux gens, on leur dit : il n’y pas de solution, il faut sauver le système financier tel qu’il est, sinon tout va s’écrouler.
 
Les réactionnaires ont toujours utilisé la peur des peuples. Les gens se replient sur eux-mêmes, les nationalismes se renforcent, la peur de l’autre s’exacerbe et c’est comme cela, ensuite, que naissent toutes les mauvaises réactions. Ce n’est pas comme cela qu’un système économique rétablit la confiance.
 
Et c’est pourquoi je pense qu’il faut avoir le courage de continuer à dire que la mondialisation peut aussi porter un progrès de civilisation. Car si on tient un discours différent, si nous disons « La mondialisation, de toute façon c’est le démon », eh bien nous aurons une montée des nationalismes.
 
On ne peut pas, lorsque l’on est à gauche ou lorsque l’on est socialiste, renoncer à l’internationalisme, renoncer à équilibrer les pays riches et les pays pauvres, renoncer à la liberté de circulation.
 
Personne ne pourra dire que l’on ne savait pas.
 
Bougeons-nous pour que nos enfants et les générations qui viennent ne puissent pas dire : « mais comment, ils n’ont rien vu venir ? »
 
Nous voyons les choses venir, nous savons comment faire, nous avons des principes, nous savons où sont nos valeurs, nous voulons l’émergence de ce monde meilleur, nous savons que l’économie doit être mise au service de l’humain et non pas le contraire.
 
Cet humain, c’est à la fois l’épanouissement des hommes et des femmes d’aujourd’hui, mais aussi celui des générations qui se lèvent et qui sont trop souvent frappées par le chômage dans des sociétés qui leurs sont fermées.
 
Ces nouvelles générations ont besoin de comprendre qu’elles ont le droit de choisir leur vie, d’assumer leur liberté, de fonder une famille à leur tour et de transmettre.
 
Parce que c’est ça, la politique. C’est posséder la capacité de transmettre les valeurs auxquelles ont croit et celle de faire comprendre aux plus jeunes que l’effort scolaire a un sens et qu’au bout de l’effort scolaire, il y aura un métier. Et s’il y a un métier, il y aura un travail. Et s’il y a un travail, ce travail sera bien rémunéré.
 
Puisque nous avons la chance d’avoir cette capacité de comprendre et cette capacité d’agir, nous avons impérativement le devoir de l’utiliser.
 
Je vous remercie de votre attention."
 
 
 
 
Ségolène Royal


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" Quel est le but du capital ? Le but du capital c'est produire pour le capital. L'objectif, lui, est illimité. L'objectif du capital c'est produire pour produire." - Deleuze || André Gorz - Vers la société libérée
n°16387990
Profil sup​primé
Posté le 08-10-2008 à 16:36:16  answer
 

ovrefoss a écrit :

Une analyse de Dray pleine de bonnes intentions, mais il ne semble pas concevoir que l'état puisse reprendre la main sur la remise en cause de règles financières dévoyées par la voyoucratie.

 

A partir de là, comment compte-t-il redéfinir le rapport capital/travail, sinon par ne pas répondre ni apporter un seul substitut à l'individualisation optimale dans le système économique défaillant ?

 

Je crains de trouver l'explication qui convient aussi bien à Dray (et aux sociolibéraux du PS) qu'au monde de la finance : ce sont sans doute les mêmes qui s'amusent à réfléchir pour nous dans le sens qui ne nous convient pas, et à se décider à agir dans le sens qui leur convient.

 

Exactement  :jap:  :jap:

 

Ils denoncent les effets, mais pas les causes essentielles que sont les derégulations des marchés et de la finance au niveau mondiale.  

 
Citation :


Crise financière: la gauche du parti fait bande à part au PS

Devant 700 personnes environ réunies à la Maison de la mutualité, le maire de la capitale Bertrand Delanoë, qui jouait à domicile, était confronté notamment à Benoît Hamon, seul autre candidat déclaré à la succession de François Hollande à la direction du parti, et à Vincent Peillon, "lieutenant" de Ségolène Royal.

 

Mme Royal, signataire presque parmi d'autres d'un autre texte d'orientation pour le congrès, n'avait pas fait le déplacement. Pas plus que Martine Aubry. La maire de Lille ne voulait pas "tomber dans le piège des oppositions de personnes, qui sont rejetées par les militants", selon ses proches.

 

Il y eut bien des applaudissements nourris et quelques huées, mais le climat était singulièrement dépassionné, au regard de l'énorme tension qui avait régné à la même réunion trois ans plus tôt, avant le congrès du Mans, dans un parti alors déchiré sur l'Europe.
Après s'être déclaré au mois de mai "socialiste et libéral", Bertrand Delanoë a glissé rapidement sur "la crise du capitalisme financier international". "Cette crise nous rappelle la pertinence du socialisme", s'est borné à affirmer le maire de Paris...

 

...Vincent Peillon ne s'est pas attardé sur la crise financière, mais il a appelé à choisir une ligne politique claire. Le congrès de Reims "sera utile si nous abordons enfin la question de la doctrine, des idées". "Tous les autres débats sont une façon d'éluder ce vrai problème", a-t-il ajouté.

 

Seul Benoît Hamon (motion "Un monde d'avance" ) a revendiqué ouvertement un changement d'orientation du parti. "Le 17 novembre au matin, quelque chose aura-t-il changé au parti socialiste, ou aurons-nous une impression de déjà vu, de déjà entendu ?", a-t-il questionné.

 
Citation :


Le président de Désirs d'avenir: "Je suis le président d'une secte"

 

Mardi soir au détour d'une intervention courte, centrée sur sa vision d'un Parti socialiste ouvert sur la société et fraternel, Jean-Pierre Mignard, président de Désirs d'Avenir (le comité de soutien à Ségolène Royal) a brocardé avec humour Henri Emmanuelli, qui avait traité le rassemblement de Ségolène Royal au Zénith de "rassemblement de secte". Mignard a déclaré :
(Publicité)

 

"Je suis le président d'une secte..."Alors voici, comme si vous y étiez, l'intervention de Jean-Pierre Mignard (enregistrée de ma main tremblante, vous m'en excuserez):

 

Jean-Pierre Mignard en profitait pour louer le sens de la mesure de Benoît Hamon présent lui aussi à la tribune. En effet, c'était hier mardi à la Mutualité de Paris, comme je l'évoquais dans un premier post, l'assemblée générale des militants PS de Paris, qui a donné lieu à un débat très démocratique en préparation au congrès de Reims. Intervenu tout juste après Vincent Peillon, avec lequel il a partagé son temps de parole, Jean-Pierre Mignard a choisi d'évoquer en 4 minutes chrono sa conception du Parti socialiste. Celle portée par Ségolène Royal et les 7.500 militants qui ont déjà signé en ligne leur motion, "L'espoir à Gauche, Fièr(e)s d'être Socialiste".Cette conception du PS est celle d'un Parti socialiste ouvert sur toute la société française et... fraternel, dixit Jean-Pierre Mignard: "C'est le parti de l'intérêt général (...), c'est le parti porteur des valeurs des droits de l'homme, c'est le parti de la création des richesses, c'est le parti de l'épanouissement des personnes, c'est le parti de l'égalité et de la défense des faibles (...) et c'est aussi le parti de la Fraternité." Ce mot déclenchant les applaudissements de la salle, Jean-Pierre Mignard enchaîne alors :

 

"Je vous demande surtout, si mon comportement vous semble étrange, si je tiens des propos incohérents, je vous demande d'être aimable avec moi, de me le faire savoir avec beaucoup de distance et d'humour, de me le dire avec tous les ménagements que mon état requiert, je me soumettrais aux soins:

 

Je suis le président d'une secte..." Cette phrase provoquant rire et applaudissements, Jean-Pierre Mignard a poursuivi en expliquant la fête du Zénith à la lumière de l'ouverture du Parti socialiste vers toute la société, pour en faire un parti de masse.
 

  


Message édité par Profil supprimé le 09-10-2008 à 15:24:00
n°16394939
Chaman_boc
Posté le 09-10-2008 à 13:08:18  profilanswer
 

http://www.lepost.fr/article/2008/ [...] scaux.html
 


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"Je ne dirais pas que je suis un adepte (de club échangiste), mais j'y suis allez une bonne trentaine de fois seul [...] Bah c'est pas mal sincèrement, t'es pas obligé d'y faire du sexe". Mxtrem 17/09/08.
n°16395026
ovrefoss
Posté le 09-10-2008 à 13:22:24  profilanswer
 

Paradis fiscaux seulement ? Et les niches fiscales, qui se vautre dedans ? Les mêmes.

n°16395219
pantalaimo​n
Posté le 09-10-2008 à 13:47:51  profilanswer
 

ovrefoss a écrit :

Paradis fiscaux seulement ? Et les niches fiscales, qui se vautre dedans ? Les mêmes.


 
Euh oui enfin si tu lis sa contribution au congrès alors qu'elle était encore candidate elle proposait déjà avant la crise la suppression de 70 milliards de niches fiscales...


---------------
...
n°16395748
ozidivisio​n
Résistant
Posté le 09-10-2008 à 14:46:48  profilanswer
 


 
moi ca me fait sourire ce genre de discours à la noix.
Elle veut qu'on envahisse l'ile de jersey?  :lol:

n°16396285
Profil sup​primé
Posté le 09-10-2008 à 15:40:06  answer
 

ozidivision a écrit :

 

moi ca me fait sourire ce genre de discours à la noix.
Elle veut qu'on envahisse l'ile de jersey?  :lol:

 

Épargne ton clavier si c'est pour troller comme tu le fait  :o

 

Les Paradis fiscaux, sont le cancer qui ronge nos économies. Je vois pas ce qu'il y a d'extravagant à les condamnés.  :pfff:  :pfff:  


Message édité par Profil supprimé le 09-10-2008 à 15:40:27
n°16396293
pantalaimo​n
Posté le 09-10-2008 à 15:41:17  profilanswer
 

ozidivision a écrit :


 
moi ca me fait sourire ce genre de discours à la noix.
Elle veut qu'on envahisse l'ile de jersey?  :lol:


 
C'est idiot ce que tu dis. Si "tous les pays industrialisés décidaient de refuser les investissements en provenance des paradis fiscaux" comme elle le propose, je suppose qu'ils perdraient de leur intérêt, seraient moins rentables, et finiraient par disparaître de facto.


---------------
...
n°16396341
ozidivisio​n
Résistant
Posté le 09-10-2008 à 15:45:22  profilanswer
 

pantalaimon a écrit :


 
C'est idiot ce que tu dis. Si "tous les pays industrialisés décidaient de refuser les investissements en provenance des paradis fiscaux" comme elle le propose, je suppose qu'ils perdraient de leur intérêt, seraient moins rentables, et finiraient par disparaître de facto.


*
en général on investit dans un paradis fiscal.
on n'en recoit pas d'investissement.
 
Je ne vois pas trop la logique.  :heink:

n°16396405
thurfin
la clarté dans la confusion
Posté le 09-10-2008 à 15:52:15  profilanswer
 

ozidivision a écrit :


*
en général on investit dans un paradis fiscal.
on n'en recoit pas d'investissement.
 
Je ne vois pas trop la logique.  :heink:


y'en a qui confondent encore investissement et placement :o

n°16396431
limonaire
Savoir renoncer avec grâce
Posté le 09-10-2008 à 15:54:35  profilanswer
 

Magicpanda a écrit :


 
 
Je suis fasciné par l'attrait que certains ont pour Hamon, il est aussi cohérent sur cette ligne que l'était Fabius pendant les primaires :/


 
Il y en a qui ont des obsessions qui deviennent maladives...

n°16396522
pantalaimo​n
Posté le 09-10-2008 à 16:02:25  profilanswer
 

ozidivision a écrit :


*
en général on investit dans un paradis fiscal.
on n'en recoit pas d'investissement.
 
Je ne vois pas trop la logique.  :heink:


 
Et a quoi tu crois qu'il sert le pognon des paradis fiscaux? :D  
 

Citation :

les centres financiers off-shore représentaient, début 2006, un peu plus de la moitié de l'activité internationale des banques, selon les données de la Banque des règlements internationaux (BRI). Si l'on se concentre uniquement sur les activités d'intermédiation (prêts et dépôts), leur poids apparaît plus important: à la fin mars 2006, 58 % des prêts internationaux des banques sont le fait d'établissements installés dans des paradis fiscaux et 54 % des dépôts internationaux se dirigent vers des établissements situés dans des paradis fiscaux.


 

Citation :

L'an dernier, les îles Vierges britanniques ont plus investi en Chine que le Japon ou les Etats-Unis. L'île Maurice était, et de loin, le premier investisseur en Inde. Ces petits territoires ne se sont pourtant pas réveillés un beau matin à la tête de multinationales puissantes prêtes à conquérir le monde ! En fait, les entreprises des pays industrialisés et des pays émergents se servent des paradis fiscaux pour y établir des filiales qui vont aller investir ailleurs: peu taxées par définition, ce sont elles qui enregistreront les profits, tandis que leurs propres filiales dans les pays de destination finale, plus taxées, en feront peu.


 
http://www.alternatives-economique [...] 24148.html


Message édité par pantalaimon le 09-10-2008 à 16:09:09

---------------
...
n°16396646
LooSHA
D'abord !
Posté le 09-10-2008 à 16:20:12  profilanswer
 

Wowowow !
 
N'essaie pas, par des procédés douteux, de me faire croire qu'ozidivision a tort, ça ne marche pas avec moi :o


---------------
Mangeons de la viande (et nos amis pour la vie) ! Prenons l'avion ! Partons en vacances très loin ! Achetons des trucs venus du bout du monde ! Chauffons-nous à fond ! Utilisons plein d'électricité ! Changeons de malinphone le plus souvent possible !
n°16398205
Profil sup​primé
Posté le 09-10-2008 à 18:41:20  answer
 

ozidivision a écrit :


*
en général on investit dans un paradis fiscal.
on n'en recoit pas d'investissement.
 
Je ne vois pas trop la logique.  :heink:


 
On soustrait au fisc est a la justice, c'est un investissement de fraude  :o  

n°16398603
ozidivisio​n
Résistant
Posté le 09-10-2008 à 19:21:59  profilanswer
 


en France c'est pratiquement impossible.

n°16398659
limonaire
Savoir renoncer avec grâce
Posté le 09-10-2008 à 19:29:15  profilanswer
 

Magicpanda a écrit :

L'analyse, complète, de Julien Dray :
 
La fin des Vingt Perverses
 
 
La crise financière, depuis le tour spectaculaire qu'elle a pris au mois de septembre, a donné lieu à un très grand nombre d'analyses convergeant toutes, par-delà la diversité des cheminements et des explications, vers une dénonciation de la finance, et de ses excès, comme seul grand coupable. Dans un étonnant consensus – impliquant des prises de parole à front renversé, comme celle de Nicolas Sarkozy, s'endormant un soir apôtre du libre-échange pour se réveiller le lendemain, à Toulon, prophète de la régulation – nombre de voix se sont élevées pour demander la tête des financiers, et réclamer le retour à « l'économie réelle », parée de toutes les vertus.
 
Cette vision ne nous satisfait pas. Elle a bien sûr sa part de vérité et même d'évidence – ces dernières semaines, les jonglages complexes des financiers autour des produits immobiliers, appâtés par l'argent facile et la carotte des primes et des bonus toujours plus élevés, ont été dûment décrits et analysés. Que la crise financière soit de la responsabilité de la finance est une lapalissade. Mais cela ne nous dit rien des conditions d'apparition précises de cette crise. Elle n'est pas apparue à n'importe quel endroit du système financier, ni à n'importe quel moment de son histoire. Son déclencheur a été la politique américaine du logement, menée par l'administration Bush depuis huit ans. Si nous voulons tirer toutes les leçons de cette crise, et l'utiliser pour remettre efficacement en cause le modèle économique que nous dénonçons, c'est par là que nous devons commencer notre analyse.
 
 
Que s'est-il donc passé en Amérique ?
 
Il y a deux façons de décrypter l'engrenage infernal des subprimes, ces crédits hypothécaires accordés avec largesse à des Américains sans ressources suffisantes, afin qu'ils puissent accéder à la propriété immobilière. La première est de pointer l'importance des bonifications financières qui étaient promises à tous les acteurs du système, depuis les prêteurs jusqu'aux traders de Wall Street, et qui les poussaient à accorder toujours plus de crédits. Cette lecture est évidemment à considérer. Mais elle n'explique pas la donnée culturelle, ou politique : pourquoi les Américains étaient-ils si nombreux à vouloir acheter une maison, y compris quand leurs moyens ne leur permettaient pas ?
 
C'est ce que permet d'expliquer une seconde lecture, considérant le fait que depuis son arrivée au pouvoir, l'administration Bush a mis en avant un des versants du rêve américain : celui du « tous propriétaires ». Message adressé avant tout aux classes populaires, celles-là mêmes qui avaient le plus de difficultés à accéder à la propriété, du fait d'une autre constante de la politique économique néoconservatrice : la généralisation du travail précaire. D'un côté, des Américains au travail, mais précarisés et insuffisamment payés ; de l'autre, une incitation permanente à l'accession à la propriété. Le développement de masse du crédit hypothécaire à risque est la solution imaginée à cette quadrature du cercle néolibérale.
 
Ce qui est en jeu dans cette exhortation à la propriété immobilière, n'est rien moins que la réorganisation de la société au profit des idéologues de la droite conservatrice. La droite a compris que pour devenir majoritaire électoralement, elle devait défaire le salariat comme condition sociale homogène, et sortir ainsi de l'opposition traditionnelle entre salariat et capital. Pour cela, il fallait le précariser, et réintroduire une distinction entre ceux qui possèdent et ceux qui n'ont rien. D'où l'octroi massif de crédits immobiliers. Nous savons aujourd'hui, par exemple, que l'administration américaine et la Maison Blanche ont exercé de façon continue des pressions très fortes sur Fannie Mae, géant du crédit hypothécaire, pour que l'entreprise accepte de plus en plus de crédits, de moins en moins sûrs.
 
L'accès facile au patrimoine immobilier fait de chaque Américain qui en bénéficie un capitaliste, même modeste. Il est alors plus enclin à soutenir les politiques de libéralisation et de défiscalisation de la droite républicaine, et à accepter l'affaiblissement de l'État et de ses politiques de solidarité sociale, censé frapper avant tout les « assistés ». Détenteurs de patrimoine contre salariés stricto sensu, travailleurs contre assistés, individualisation générale des rapports sociaux : la fragmentation des classes moyennes et populaires est en place.
 
Cette politique a été reprise en France par Nicolas Sarkozy, qui faisait de l'accession à la propriété pour tous une des quinze priorités de son programme présidentiel, qui voulait généraliser le crédit hypothécaire, et qui n'hésitait pas, durant ses meetings, à scander « endettez-vous ». Cette politique consiste au bout du compte à faire accepter une nouvelle façon de vivre (en tant que propriétaire, fût-ce par un financement artificiel et bancal), de travailler (de façon précaire) et de consommer (à crédit).
 
 
Bonnes et mauvaises leçons de la crise
 
Si la crise, d'un certain point de vue, est une crise assez classique de surproduction d'un produit mixte, financier-immobilier, c'est son ampleur qui en fait un phénomène sans précédent et sans commune mesure. En ce sens, la lecture de la crise et ses interprétations sont désormais l'enjeu d'une bataille idéologique qui ne peut pas nous laisser indifférents, car nous ne pouvons nous cantonner au registre des mesures techniques nécessaires pour répondre à l'urgence.
 
Quatre lectures ont été développées ces dernières semaines :
 
     
 
      Le catastrophisme permettant l'appel à l'union nationale. Les ex-chantres de la finance dérégulée ont été parmi les plus rapides à pointer du doigt, avec véhémence, des coupables faciles et tout désignés – les professionnels de la finance, et autres « patrons voyous ». Habile façon de brouiller les responsabilités de fond, et d'éviter de rendre des comptes sur ce qui est le produit direct des erreurs des politiques nationales. Contre cette « catastrophe naturelle » venue de l'extérieur, l'ensemble des responsables politiques devraient faire front, accepter d'emblée le contenu des décisions gouvernementales sans adopter de lecture critique des événements, pour sauver le système et éviter que de cette crise naisse une récession économique dure et prolongée. Ce discours a été adopté, en France, par ceux-là mêmes qui sont complices de la dérégulation et donc de la crise : en premier lieu, Nicolas Sarkozy, pour éviter une confrontation avec l'opposition sur le bilan de son action et sur le projet pour notre pays.
     
 
      L'appel à une moralisation du capitalisme. Selon cette lecture, plus que des individus, ce serait bien le système de l'économie financière lui-même qui serait vicié, dans ses normes et règles de fonctionnement. Il serait alors nécessaire et suffisant de remettre de l'éthique dans les institutions financières, de les contrôler plus étroitement, d'interdire leurs pratiques les plus répréhensibles (parachutes dorés, par exemple), pour qu'elles puissent redémarrer sur de meilleures bases, et permettre au cours des choses de reprendre rapidement.
     
 
      La crise comme une victoire de l'État. De nombreux commentateurs, allant de la droite conservatrice américaine la plus dure à la gauche radicale européenne, ont analysé l'injection massive de crédits et le rachat de géants de la finance par le gouvernement américain, comme une sorte de victoire ou de retour de l'État – les rachats en question étant alors lus comme des « nationalisations ». Que les « nationalisations » en question, que la soi-disante « régulation » aient d'abord consisté en une socialisation des pertes aux dépens des contribuables n'a visiblement pas ébranlé ces commentateurs, un éditorialiste conservateur américain allant jusqu'à dénoncer « un pas de plus vers le socialisme » de la part du gouvernement Bush. Il faut refuser ce détournement sémantique : cette politique de socialisation des risques, d'absorption sans contrepartie des pertes du privé, a pour corollaire une très néolibérale conception de l'État comme béquille du capital. Et n'a rien à voir, tant sur la forme que sur les objectifs, avec une politique intelligente de régulation.
     
 
      La crise comme révélateur de la nécessité d'un retour à « l'économie réelle ». D'autres commentateurs, de gauche comme de droite également, ont vu dans la crise une preuve de plus de la supériorité de l'économie « réelle » sur la finance, et en ont conclu qu'il était urgent d'abandonner l'une pour l'autre – grosso modo, de revenir à une politique industrielle classique, en réfléchissant parallèlement au retour à un certain protectionnisme, finance et mondialisation étant alors dénoncées et associées en une nébuleuse menaçante. Comme si le capitalisme pouvait fonctionner sans capital.
 
Ces lectures pêchent les unes comme les autres par leur simplification – par-delà les imprécations contre de grandes entités (« la finance ») ou contre des coupables symboliques (Wall Street), aucune ne s'interroge sérieusement sur les conditions historiques, politiques et idéologiques de production de la crise. Les cadres dirigeants dont on aura obtenu la tête seront bien vite remplacés par d'autres. Les règles que l'on imposera au système seront vite dépassées ou contournées, si une volonté politique forte ne les contraint pas. Enfin, comment peut-on sérieusement distinguer et imaginer séparément finance et économie réelle – pour reprendre le mot de Galbraith, nulle muraille de Chine ne les sépare – alors que l'innovation dont se nourrit l'industrie nécessite des levées de fonds toujours plus importantes, celles-là mêmes qu'une finance efficace peut seule apporter ?
 
 
Reconstruire un projet économique et social de gauche
 
La situation économique actuelle est en fait le résultat de trois éléments distincts.
 
     
 
      Une crise financière qui appelle des changements draconiens des systèmes de régulation et de contrôle des marchés financiers. Si la communauté internationale n'est pas capable d'organiser rapidement une coordination économique efficace, alors nous courrons un risque très grave de retour des réflexes nationaux, et de repli des uns et des autres sur des positions protectionnistes. L'Irlande nous en donne un exemple avec sa protection unilatérale des usagers de ses banques.
     
 
      Une tendance économique lourde de fond, à savoir l'épuisement du cycle de croissance des vingt dernières années, qui reposait sur le triptyque marchés de masse (fournis par la mondialisation) – financements élevés (grâce à la croissance rapide de la finance) – innovation technologique. Cycle de croissance menacé par la crise du crédit et du financement, et par la crise énergétique qui se manifeste actuellement par la chèreté des produits, mais qui risque d'exploser à moyen terme, quand ces produits, de rares, deviendront tout simplement indisponibles (énergies fossiles).
     
 
      Une tendance économique et sociale politiquement orchestrée, à savoir la précarisation du salariat et la déconnexion du revenu et du salaire, au profit de revenus complémentaires à risque et individualisés (crédits, bonus ...). De ce détricotage de la condition salariale découlent une fragmentation du corps social, du sens collectif et une montée de l'individualisme. D'où le rejet des politiques de solidarité, la perte de sens de l'impôt comme instrument de justice et de répartition, et le discrédit porté sur les services publics, chacun n'étant plus renvoyé qu'à sa solitude et à son inquiétude face à l'avenir.
 
Nous devons donc bâtir un projet économique et social qui soit à même de répondre conjointement à ces trois tendances, en créant un nouveau cycle de croissance vertueux, qui ne sacrifie pas le social à l'économique, l'environnement au rendement, et le long terme au court terme.
 
 
Première thèse : refuser le fatalisme économique
 
Tout éclatement d'une bulle de crédits crée une dépréciation des patrimoines, une perte de confiance des actionnaires et investisseurs, et donc, de là, un chute de l'investissement et de la croissance. Il faut nous préparer à une récession sérieuse. Mais quelle sera son ampleur et sa durée ? Ni l'une ni l'autre ne sont déjà écrites, et il est de notre responsabilité d'utiliser tous les instruments économiques disponibles pour la circonscrire le plus rapidement possible.
 
Considérons les trois piliers de la croissance économique de ces dernières années :
 
     
 
      En ce qui concerne l'innovation technologique, on peut penser que les éléments du prochain bon en avant existent, mais ne sont pas encore déployés comme instruments de croissance.
     
 
      Les marchés de masse demeurent : Europe (et son marché unique), Russie, États-Unis, Japon, malgré les incertitudes actuelles liées à la crise, et les trois géants en plein rattrapage que sont l'Inde, la Chine et le Brésil.
     
 
      Le doute réside en revanche dans la capacité de financement. Il y a un risque non négligeable que la crise financière, en accélérant la fin du cycle de croissance actuel, nous plonge dans une « onde longue » récessive, qui se heurterait de surcroît au choc énergétique à venir avec l'épuisement des énergies fossiles. Tout l'enjeu est donc de réunir au contraire les éléments d'une nouvelle onde longue vertueuse, qui démarre au plus vite et puisse sauter par-dessus cette crise énergétique imminente. C'est ce que permettra la définition d'un nouvel ordre productif.
 
 
Deuxième thèse : revenir à une politique salariale
 
A la différence de celui des Trente Glorieuses, le cycle de croissance actuel est adossé à une détérioration du rapport entre capital et travail. Les vingt dernières années ont été des années de croissance perverse, car portant avec elles une augmentation des inégalités, une individualisation des rapports sociaux et une généralisation de l'insécurité. Autant de points qui les opposent aux années de croissance des Trente Glorieuses ; on pourrait presque parler de « Vingt Perverses ».
 
On ne rebâtira pas des politiques de solidarité et de redistribution efficaces sans restaurer le primat du salaire. Le salaire, dans le cadre d'un nouveau modèle de croissance, doit redevenir le principal déterminant du revenu, ce qui permettra de mettre un terme aux systèmes de rémunération parallèles (tels que les stock-options) ou compensatoires (PPE, RSA ...), qui contribuent à en bloquer l'augmentation (c'est un tournant qu'il va nous falloir assumer, surtout dans le moment actuel). La politique salariale doit être au coeur du contrat social, pour imposer un partage régulier des gains de productivité, redonner du sens au lien entre salaire et qualification, entre salaire et productivité. A la société du patrimoine (et de son pendant l'assistanat) défendue par la droite, nous devons opposer la société du travail bien rémunéré. Ce qui passe par une lutte contre la précarité (temps partiel et travail discontinu), qui nourrit la pauvreté laborieuse. C'est ainsi que nous pourrons restaurer la dignité du salariat, et autour de lui un sentiment de collectif et d'identité de situation dans les classes populaires et moyennes.
 
Il faut refonder le contrat fiscal entre les citoyens et l'État. Lui donner clairement comme principe la juste répartition des efforts, et comme objectif prioritaire la collecte des ressources nécessaires au financement des mesures de cohésion sociale, et à l'investissement dans les dépenses d'avenir. C'est ainsi que nous lui redonnerons du sens aux yeux de nos concitoyens, et que nous en ferons un instrument de croissance (notamment en allouant des exonérations fiscales aux secteurs industriels sélectionnés par l'Etat, et aux entreprises pratiquant une politique salariale vertueuse).
 
 
Troisième thèse : mobiliser sans perdre de temps les acquis du cycle de croissance finissant pour poser les fondements d'un prochain cycle soutenable et vertueux
 
On ne se passera pas d'un nouveau modèle d'allocation de la finance dans le système économique – il faut, autrement dit, réinventer une banque qui fasse vraiment son métier. Il n'y a pas de croissance sans investissement. La juste opposition n'est donc pas entre économie réelle et économie financière – c'est l'équilibre entre les deux qui doit être repensé. Il faut y remettre bon ordre, en posant des règles faisant que ce soient ceux qui ont créé le risque qui l'assument, et en pénalisant fiscalement plus fortement ceux qui jouent le court terme contre le long terme.
 
Nous devons inventer un nouveau modèle d'Etat-entrepreneur, voué non pas à gérer les contraintes, mais à créer de nouvelles opportunités, à user de nouveaux partenariats entre public et privé, à défendre l'intérêt général. Il devra travailler à l'émergence de nouveaux secteurs industriels, adossés à la révolution écotechnologique en cours. En investissant immédiatement dans les éco-industries, dans les nouvelles énergies, dans les technologies cognitives. Une part du PIB pourrait être constitutionnellement allouée à la recherche et à l'innovation. Et en construisant des nouveaux outils : une banque publique d'investissement, une politique européenne de grands travaux (notamment d'infrastructures de transports collectifs) et de grands projets de recherche. Tout en sortant résolument les biens et les services d'intérêt général de la logique de privatisation.
 
Je n'entamerai pas ici un « couplet » sur l'écologie, mais nous savons tous que l'acte fondateur de ce nouvel Etat-entrepreneur doit être la mise en place des conditions d'une éco-croissance.
 
 
Quatrième thèse : renouer avec le combat idéologique radical
 
Le discrédit qui va frapper de façon au moins temporaire la doxa néo-conservatrice, néo-libérale libère un espace intellectuel considérable dans le débat public. La place est libre, et il y a un risque non négligeable qu'elle soit occupée par les dérives populistes les plus pernicieuses si nous ne nous avançons pas résolument dans le débat ; non pas avec des commentaires, des condamnations morales, voire des catalogues de mesures techniques, mais avec une analyse générale et des concepts donnant du sens au chaos actuel, des perspectives de solution pouvant mener à des actions concrètes. La gravité de la situation, qui voit chaque jour un nombre croissant de nos concitoyens sombrer dans le désespoir et perdre confiance envers nos démocraties, exige que nous soyons d'une intransigeance radicale avec toutes les injustices. Le débat ne portera pas sur nos compétences de gestionnaires mais sur notre aptitude à concevoir et à défendre une nouvelle économie sociale et écologique de marché.


 
De bonnes choses, comme par exemple l'individualisation des rapports sociaux ou le refus d'opposer finance et économie réelle.
 
Mais rien sur la façon de modifier le partage de la valeur ajoutée, pour qu'il soit plus favorable aux salaires. Quand le marché du capital est mondial, mobile, nomade tandis que les marchés du travail restent largement cloisonnés, nationaux, sédentaires, comment fait-on ?  

n°16398696
Profil sup​primé
Posté le 09-10-2008 à 19:34:16  answer
 

ozidivision a écrit :


en France c'est pratiquement impossible.

 


Les paradis fiscaux sont la passerelle qui sert à la spéculation mondiale (entre autres) et toutes les banques passent par ces canaux y compris en France.

 

Faut arreter croire que le fric français est plus vertueux que les autres, c'est du délire ou de la mauvaise que de penser ça.  [:debeman]

Message cité 1 fois
Message édité par Profil supprimé le 09-10-2008 à 19:35:06
n°16399351
Dantiste
Posté le 09-10-2008 à 21:00:30  profilanswer
 

Talentueux, certes.  
 
Quand changera-t-il le système inique du quota des votes au FMI ?


---------------
Mariupol, heroes forever. - Zelensky, Dudaev. - Boum !
n°16399452
cabecou
Posté le 09-10-2008 à 21:10:00  profilanswer
 


 
 
seul lionel jospin peux nous sauvé de la crise [:cytrouille]
 

n°16399685
[Toine]
A la demande générale...
Posté le 09-10-2008 à 21:35:21  profilanswer
 


La crise est la conséquence de tous ces petits "détails" ajoutés les uns aux autres, AMHA...


---------------
mes ventes : http://forum.hardware.fr/hfr/Achat [...] 0413_1.htm .
n°16399687
Dantiste
Posté le 09-10-2008 à 21:35:53  profilanswer
 

Ce sont pourtant ceux qui ont le moins de voix au FMI qui ont déjà payé (cf. texte de Royal) et vont payer pendant encore quelques années la folie des financiers du même jus que DSK.


---------------
Mariupol, heroes forever. - Zelensky, Dudaev. - Boum !
n°16400016
pantalaimo​n
Posté le 09-10-2008 à 22:06:54  profilanswer
 


Reset du sondage  :jap:  


---------------
...
n°16400196
Dantiste
Posté le 09-10-2008 à 22:21:29  profilanswer
 

Le microcrédit, ca rapporte un max au rapporteur de la libéralisation des taxis parisiens :
 

Citation :

Les grandes figures de l'Angolagate: les politiques.
...
Jacques Attali, le messager
Il est accusé d’avoir joué les intermédiaires en 1997 entre Me Allain Guilloux, l’avocat de Falcone, et Hubert Védrine, alors ministre des Affaires étrangères. Objectif: transmettre l’argumentation de Falcone contre un redressement de deux milliards de francs (305 millions d’euros) sur une société d’armement tchèque pilotée par l’affairiste.
 
Attali transmet ces requêtes à la secrétaire de Védrine. Il déclare aux enquêteurs qu’il ne la connaît pas, elle précise qu’ils se sont croisés pendant dix ans dans les couloirs de l’Elysée. Védrine, invité à déjeuner chez Attali, tient à distance l’éminence grise de Mitterrand: «Eluder», écrit-il sur un courrier. Comme témoin, Védrine confie «préférer l’Attali intellectuel à celui qui fait ce genre de démarche.»
 
Sinon, une société d’Attali a perçu 160.000 dollars pour un rapport sur le microcrédit en Angola, commandé par Luanda. Un sujet vraiment primordial en pleine guerre civile... C’est Falcone qui a payé ce rapport.


Message édité par Dantiste le 09-10-2008 à 22:21:48

---------------
Mariupol, heroes forever. - Zelensky, Dudaev. - Boum !
n°16400234
eol melwas​ul
Sujet du Roi
Posté le 09-10-2008 à 22:24:25  profilanswer
 

Dantiste a écrit :

Talentueux, certes.  
 
Quand changera-t-il le système inique du quota des votes au FMI ?


 
Quand les USA ne financeront pas beaucoup plus que les autres?
Parce que la France et les autres pays peuvent donner plus de sous pour peser hein?
C'est pas le directeur du FMI qui décide tout seul dans son coin du fonctionnement d'un institution internationale. La démocratie toussa. :o


---------------
Salutations aux messager du Roi, tombé sous les verrous.
mood
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Posté le   profilanswer
 

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