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François Mitterrand « Se tenir droit et regarder loin » 23 mars 1993, Palais de l’Elysée – salle du Conseil des ministres. A l’Elysée, autour de la table, beaucoup sont sonnés par la défaite. Et c’est lui que la maladie torture sans répit, lui qui va devoir vivre l’épreuve d’une nouvelle cohabitation avec la droite, c’est lui qui nous donne une leçon poignante de lucidité et de courage. Jamais le courage de François Mitterrand ne m’a autant bouleversée que ce 23 mars 1993. Il présidait le dernier Conseil des Ministres du gouvernement de gauche qui venait d’être sévèrement battu aux élections législatives. Dans quelques jours, nous ne serions plus qu’une petite soixantaine de députés socialistes à l’Assemblée nationale. Réélue dans les Deux-Sèvres, je me souviens de cette sensation physique, dans l’hémicycle, de n’être plus que le dernier carré. Il nous appelle à regarder la réalité en face : nous nous sommes trop adaptés aux choses telles qu’elles sont, nous avons trop négligé les choses telles qu’elles devraient être, fondement de l’action politique. Ce reproche qu’il nous fait, peut-être se le l’adresse-t-il aussi à lui-même. Mais la force de François Mitterrand, toute sa vie en témoigne, est de ne jamais plier devant l’adversité. Alors, au moment de prendre congé, il veut nous mettre en garde contre ce qu’il voit venir, nous encourager à surmonter la violence du choc électoral et à repartir de l’avant, comme il l’a fait lui-même tant de fois. C’est lui, dont les forces sont minées, qui veut une dernière fois nous donner de la force. « Ne vous faites pas d’illusions, nous dit-il, tout ce que vous avez redouté va se passer. Et n’oubliez jamais ceci : c’est une loi de la société qui veut que ceux qui possèdent veulent toujours posséder plus. Il y a des gens très bien à droite mais ils seront emportés par les grandes forces de l’argent. Comment voulez-vous que des gouvernements de droite résistent longtemps aux milieux dans lesquels ils vivent, aux grandes compagnies d’assurances, aux financiers ? Ils s’en prendront aux retraites, à la santé, à la sécurité sociale. Alors, ajoute-t-il, vous allez devoir reconstituer un noyau cohérent, vigoureux, sans querelles, ne craignant pas les obstacles, acceptant les sacrifices, renonçant aux joies paisibles d’une vie tranquille. Il faut avoir la force de rebâtir. Battez-vous dos au mur. Je vous accompagnerai jusqu’à mon dernier jour. Je n’en ai plus pour longtemps. Pour imposer des lois d’équité, il faut des révolutions. Vous avez une belle et grande cause à défendre, dites-vous bien qu’elle est meilleure que nous tous ». Très émus, nous le saluons l’un après l’autre et pour chacun, il trouve encore un mot. Il m’est arrivé souvent de puiser dans ce souvenir qui m’a aidée dans les moments difficiles de ces vingt dernières années. Par son message de persévérance, par sa capacité à inscrire les vicissitudes du moment dans une perspective plus ample. Je voudrais vous parler des courages de François Mitterrand. De ceux, notamment, dont j’ai été le témoin durant une quinzaine d’années. D’abord pendant les sept ans où j’ai travaillé à ses côtés à la Présidence de la République. J’y ai vu à quel point ce grand politique, farouchement libre, ne fut jamais l’otage ni des grands intérêts privés ni de la noblesse d’Etat qui peuple la haute administration ni des cercles de notables. Ensuite au cours des années où, députée puis Ministre, j’ai pu compter sur son soutien et la rapidité de ses décisions quand l’intérêt général d’un territoire ou du pays était en jeu dans les domaines dont j’avais la charge. C’est un témoignage forcément subjectif, sans prétention à l’exhaustivité. Ce n’est pas un bilan de l’action de François Mitterrand à la tête de l’Etat. Ce sont quelques aperçus d’un homme de conviction et de volonté. Le premier courage de François Mitterrand, celui qui, à mes yeux, englobe tous les autres et les éclaire, c’est d’avoir toujours inscrit ses combats dans la perspective plus vaste d’une Histoire au long cours, dont il se veut continuateur. Histoire de France dont il disait qu’elle le possédait depuis l’enfance et qu’il connaissait si bien. Histoire d’une France avec qui il estimait qu’on ne peut rien faire si on ne l’aime pas de toutes ses fibres. Et Histoire de la gauche dont il n’était pas issu mais avait tôt rejointe, s’amusant qu’on lui en ait fait grief car il trouvait sa trajectoire plus honorable que la dérive en sens inverse. J’aime qu’il ait eu l’audace de croire aux chances de la gauche quand elle était au plus bas. J’aime qu’il l’ait voulue poursuivant l’œuvre de la Révolution française qu’il ne voyait pas comme une fin mais comme un commencement, fondatrice mais inachevée. Faite « de plus de terres promises que de terrains gagnés », comme il disait. D’où l’importance qu’il attacha à la célébration de son bicentenaire en 1989 que l’on prépara activement à l’Elysée, dès 1983, je ne souviens du foisonnement des artistes, de la folle créativité des comités de décision dont François Mitterrand suivait le moindre détail avec le magnifique résultat que l’on connaît. J’aime qu’il nous ait souvent rappelé que le combat change de forme mais pas de sens et qu’il soit resté solidement arrimé à ce socle de valeurs – Liberté, Egalité, Fraternité – dont il considérait que nous étions encore loin d’avoir épuisé tout le potentiel émancipateur. Car de nouvelles dominations se substituent à celles qu’on a abattues et d’anciennes sujétions renaissent, parfois avec une similitude confondante. Voyez les privilèges de la naissance, pourtant abolis jadis. Voyez les oligarchies d’aujourd’hui et leur parfum d’Ancien Régime. Voyez ces précarités et ces dérégulations qui s’acharnent à déconstruire les protections conquises par un siècle de luttes. Voyez les risques anciens et nouveaux – économiques, écologiques et sociaux – qui se renforcent mutuellement. De tout cela, François Mitterrand, qui avait un sens aigu du tragique de l’Histoire et de ses retournements, avait pleinement conscience. Il était convaincu que seule l’alliance du courage de la lucidité et du courage de la volonté pouvait peser sur le cours des événements. Convaincu également qu’il n’est de révolution pour la justice que permanente ou bien elle se ment à elle-même. « Il n’y a qu’un vainqueur, le 10 mai, c’est l’espoir » dit-il dans sa belle déclaration d’investiture en 1981. Cette victoire de la gauche, si longtemps attendue et qui doit tant au courage d’un homme, il la voyait comme la troisième étape d’un long cheminement ponctué par le Front Populaire et la Libération. J’aime que le jour de son adieu au PS, avec la maladie, prenant possession de la plus haute charge, il ait tourné ses pensées vers « ces millions et ces millions de femmes et d’hommes, ferment de notre peuple, qui, deux siècles durant, dans la paix et dans la guerre, par le travail et par le sang, ont façonné l’Histoire de France sans y avoir accès autrement que par de brèves et glorieuses fractures de notre société ». Je me souviens de l’un d’eux, un vieil homme venu fêter place de la Bastille, les larmes aux yeux, ce qu’il disait attendre depuis juin 36 et qui, enfin advenu, lui permettait de mourir en paix. J’aime, la grandiloquence avec laquelle François Mitterrand a rendu au Panthéon, lors de son entrée en fonction, hommage à Victor Schœlcher, Jean Jaurès et Jean Moulin, trois hommes de gauche qui ont incarné trois combattants qui ont incarné trois causes majeures : l’abolition de l’esclavage, la République sociale et la Résistance. Ce temps de recueillement et de solitude devant les tombes de ces trois courageux, c’était la plus belle façon qui soit pour François Mitterrand de dire combien leur legs l’oblige et nous oblige. Combien, aussi, la mémoire du passé est nécessaire à l’invention de l’avenir. Certains, qui ne l’aimaient pas, ont loué les talents du stratège florentin. Quelle mécompréhension des vrais ressorts de l’engagement et de la constance de François Mitterrand ! Mais alors, quel remarquable stratège, vraiment, que ce Machiavel impitoyable, censé être si florentin, et qui pourtant, à l’heure des choix épiques, décide de prendre parti pour les convictions les plus engagées à gauche, contre celles, les plus rentables qui lui auraient ouvert, sans doute, les portes du pouvoir ! Quel calcul finement joué que de se déclarer socialiste à l’heure du gaullisme triomphant ! Quel stratagème foudroyant que celui qui vous conduit pendant vingt-quatre ans, de quarante à soixante-quatre ans, au strapontin dérisoire d’opposant sans avenir. De ce courage originel – le pouvoir au service d’une vision de l’Histoire et d’une volonté de transformation – découlent tous les autres, les audaces intérieures et les audaces internationales. Le courage de François Mitterrand, c’est d’avoir affronté, à certains moments de sa vie, l’épreuve de la solitude et de l’extrême calomnie, quand même les amis doutent et s’écartent. Le courage de François Mitterrand, c’est d’avoir forgé sur les décombres d’un vieux parti à l’histoire honorable mais dépassé par son temps et en fédérant toutes sortes d’énergies, nouvelles et anciennes, un outil neuf en phase avec la société et avec son époque, conçu pour arracher la gauche à la fatalité de la défaite. Le courage de François Mitterrand, c’est d’avoir voulu unir la gauche, envers et contre tout, sans naïveté mais avec détermination. Le courage de François Mitterrand, c’est de s’être présenté trois fois à l’élection présidentielle avant la belle victoire de mai 81. Le courage de François Mitterrand, c’est de n’avoir jamais considéré aucune défaite ni aucun revers comme définitifs, lui qui, peu avant sa mort, adressait encore ce message aux socialistes réunis dans le bassin minier de Liévin : « la victoire, vous ne la rencontrerez que si vous la forcez. C’est une affaire de volonté, de continuité et de clarté d’esprit dans la fidélité à nos engagements. La chance, c’est vous qui la forgerez de vos mains ». Endurance, persévérance : ces qualités que nul ne lui nie et que j’ai vues à l’œuvre, il les adossait non seulement à une connaissance intime de l’Histoire passée mais aussi à une capacité, que je crois visionnaire, de saisir les grandes mutations à l’œuvre dans l’Histoire présente, dont il anticipait l’importance croissante pour les temps à venir, au premier rang desquelles, l’engagement européen. L’Europe, pour commencer. L’Europe depuis longtemps et l’Europe jusqu’à la fin. L’Europe pour l’avenir de la France et pour l’équilibre du monde. L’Europe qu’il voulait puissante. L’Europe dont il relança la construction qu’il avait trouvée moribonde. Il faut remonter en arrière pour comprendre où s’enracine la ferveur européenne de François Mitterrand. Pour comprendre combien elle procède, depuis les lendemains de la deuxième guerre mondiale, d’une vision qui était alors hardiment anticipatrice : la réconciliation nécessaire et la possibilité d’une aventure commune pacifique entre nations qui s’étaient tant affrontées et déchirées. Oui, il fallait de l’audace pour imaginer une Europe de la paix sur les ruines encore fumantes du conflit mondial. Oui, il allait falloir de la volonté pour bâtir une alternative aux deux blocs, glacis soviétique à l’est, atlantisme sous hégémonie américaine à l’ouest. Oui, François Mitterrand ne s’y est jamais trompé : en cas d’échec européen, les nationalismes fauteurs de guerre reviendraient, sous une forme ou une autre. Economiquement forte et non simple zone de libre-échange abandonnée aux intérêts financiers mondialisés. Harmonisant sa fiscalité et ses droits sociaux pour que la concurrence sauvage ne la mine pas de l’intérieur. Capable de se défendre pour n’être pas sous influence. Dotée d’institutions à la mesure de son projet politique et démocratique et non pas abandonnée au monopole d’une élite technocratique incontrôlée. Faisant entendre haut et fort sa voix dans le monde. Bref, joignant ses forces plutôt qu’additionnant ses rivalités ou ses lâchetés, telle était l’Europe que, de longue date, François Mitterrand avait l’audace de voir et de vouloir. Le grand marché et l’euro n’étaient, pour lui, que des étapes en direction de ce but. Il ne voulait, disait-il, ni d’une Europe géométrique et abstraite ni d’une Europe terre de rapines du néo-libéralisme globalisé. Sa consolidation le hantait. Non, comme certains l’ont dit, parce qu’il la réduisait à une France élargie mais parce qu’il la savait nécessaire face aux grands ensembles continentaux en gestation. Il voulait une France forte dans une Europe forte. Il voyait le potentiel et les atouts d’une Europe unifiée. Il s’impatientait de ses lenteurs et savait le risque de dislocation toujours possible. A trop tarder et trop tergiverser, prédisait-il, elle s’exposerait au réveil funeste des xénophobies haineuses. Il prévenait avec des accents prophétiques qui sonnent tristement justes aujourd’hui : une Europe qui n’apporterait pas à ses peuples protection et progrès serait en grand danger car, alors, « ils détourneraient la tête et leurs regards absents livreraient la Communauté à la solitude des mourants ». A voir ce qu’il en est de l’Europe d’aujourd’hui, solidaire à reculons et toujours avec un temps de retard, excédée de chômage et de précarité, mal aimée de ses peuples et même perçue comme maltraitante pour cause d’austérité renforcée, toujours vulnérable aux assauts des marchés financiers et aux lobbies bancaires, dernier carré (ou terre d’élection) d’un libre-échange auquel nul, ailleurs, ne s’est ouvert autant qu’elle, en proie aux crispations identitaires. Ici aux sécessions populaires. Là aux tentations autoritaires, toujours pas capable de se donner les moyens de sa puissance potentielle, comment ne pas être frappé par la force ces avertissements ? Il avait le courage de voir loin et de vouloir. Il n’avait pas l’avantage du rapport de forces parmi les chefs d’Etat européens. Il pesa de toutes son énergie et son talent pour faire avancer tout le possible. Il espérait que, « comme tout corps politique parvenu à un certain degré de cohérence, l’Europe finirait par avoir les réflexes de sa propre durée ». Nous n’en sommes pas encore là, constatait-il avec une certaine impatience qui n’entamait en rien sa détermination. Le courage européen de François Mitterrand, ce fut donc de tenir obstinément son cap, quels qu’aient été les compromis auxquels il dut se résoudre, temporairement espérait-il. Le courage européen de François Mitterrand, ce furent une grande lucidité – « soyons européens mais ne soyons pas naïfs » écrit-il – et une volonté jamais désarmée. Courage d’une vision et courage d’une ténacité. François Mitterrand, parce qu’il se faisait une haute idée de la diplomatie de la France, se cabrait vite quand on tentait de faire pression sur elle. « La France, disait-il, ne doit pas être à la merci d’un froncement de sourcil » dont, au demeurant, il ne tenait aucun compte. Quand l’entrée de ministres communistes dans le gouvernement français suscita des inquiétudes outre-Atlantique et que le gouvernement américain fit savoir à la France qu’il voyait cela d’un mauvais œil, François Mitterrand répondit à Reagan (qu’il aimait bien malgré leurs totales divergences : il l’appelait « le cow-boy qui savait se faire élire ») que le gouvernement de la France était l’affaire de la France. Jamais il ne se laissa intimider. Chacun est libre de juger la pertinence de ses choix diplomatiques mais une chose est sûre : il ne les fit jamais « sous influence ». François Mitterrand a eu le courage de tenir un langage clair et ferme dans des enceintes qui y étaient très modérément réceptives. Il a raconté avec humour la stupéfaction qui se peignit sur les visages lorsqu’à l’occasion d’un Conseil européen, fin 1981, il parla d’espace social. On n’avait visiblement jamais entendu ces mots dans un cadre aussi auguste. On le regarda comme s’il avait commis une incongruité majeure, au mieux, une faute de goût, au pire, une provocation. L’idée, sous son impulsion, commença à s’imposer, le mot n’est plus tabou, même s’il y a encore du chemin à parcourir… J’imagine le silence glacial qui dut accueillir l’évocation courageuse et publique, au Kremlin, du sort des dissidents russes alors emprisonnés. Je me souviens des réactions pour le moins mitigées que suscita son rappel, à la Knesset, du droit du peuple palestinien à avoir son Etat. Ou, parmi les chefs d’Etat africains de l’époque, son discours de La Baule rappelant, en 1990, que si c’est aux peuples africains de choisir librement qui va les diriger, la France ne manquerait pas d’encourager les évolutions conduisant vers la démocratie, le multipartisme, des élections libres et le respect des droits de l’homme. Ou encore le beau discours de Cancun, au Mexique, où il s’adressait, dans un continent qui avait tant souffert et souffrait encore des dictatures militaires, à tous les humiliés, tous les exploités, tous les combattants de la liberté. Bien sûr, et François Mitterrand était le premier à le savoir, les mots ne suffisent pas pour changer le monde ni même pour modifier certaines pratiques bien ancrées. Mais cette façon de croire dans la force de l’écrit me rappelle cette belle affirmation de Nelson Mandela, qui notait depuis sa prison le 10 février 1980 : « Un stylo peut transformer une tragédie en espoir et en victoire. » Etre passeur de courage, c’est prendre la parole ou le stylo en temps utile. 22 septembre 1990. Palis de l’Elysée – bureau de François Mitterrand. J’entre dans le bureau du Président. Un huissier est venu me chercher, un étage au-dessus. François Mitterrand est penché sur une vaste carte du grand ouest de la France étalée sous ses yeux. La croisée est ouverte sur le parc, les arbres somptueux aux couleurs d’automne s’enflamment dans la lueur d’un soleil qui s’étire. Il m’a convoquée avec le ministre de l’Equipement. Je suis alors députée des Deux-Sèvres, et je me bats depuis des mois pour sauver le Marais-poitevin. Je sens que la cause est perdue. Une poignée de petits maires ruraux, paysans ou retraités s’affrontent aux « grands élus » et aux chambres consulaires favorables à l’autoroute qui doit broyer ce paysage remarquable. Alors François Mitterrand nous demande d’approcher, d’un crayon, il trace, sur la carte d’état-major, en forçant le trait, l’itinéraire de l’autoroute Nantes-Niort, en la faisant bifurquer vers le nord de Niort, au lieu de massacrer, au sud, le marais poitevin. Depuis des mois, la presse est pleine de cette polémique qui n’est pas sans rappeler celle de Notre-Dame-des-Landes. On a été traités de « grenouilles du marais poitevin, voulant sauver des champs d’orties ». « La cause est bonne, me dira un peu plus tard François Mitterrand. Vous avez eu raison de vous y consacrer et je suis très heureux de voir que les communes voisines ont pu s’entendre, se regrouper pour défendre en commun un bien inestimable en permettant d’établir la relation entre l’agriculture, la culture traditionnelle de ce pays et ce joyau qui s’appelle le Marais poitevin, qui aurait été détruit sans aucun doute s’il n’était intervenu quelques défenseurs de ce pays, qui en sont et qui l’aiment et qui se sont associés à cette belle aventure. » Aujourd’hui, le Marais poitevin est classé grand site de France et candidat au patrimoine mondial de l’Unesco. Dans le même discours improvisé dans le petit village d’Arçais, il évoque avec une intensité égale les lentilles d’eau du Marais poitevin et les enjeux internationaux. J’ai retenu une leçon : celle de la même attention à l’infiniment petit et à l’infiniment grand. Il s’impliquait sur des sujets que d’autres auraient trouvés sans valeur, ou anodins, mais sur lesquels il pouvait se mettre en colère, ou s’impatienter, comme on le voit dans ses annotations manuscrites dont on trouvera à la fin de ce chapitre quelques exemples. C’est pour cela que je rapproche, parmi d’autres, ces deux scènes de la vie quotidienne à l’Elysée. Celle-ci et la précédente.
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