VERONICAS MARS - SAISON1
« A long time ago, we used to be
» Si vous ne connaissez pas la suite du tube pop (acidulée) des Dandy Warhols, le générique de Veronica Mars vous le rappellera volontiers, avant de vous trotter dans la tête pour le reste de la journée. Un peu à limage de la série et de son héroïne, à vrai dire. Lancée confidentiellement entre les mastodontes Lost et Desperate housewives en 2004 sur une chaîne mineure, UPN, la série a rapidement convaincu les critiques, avant de rassembler un public large et fidèle. En France, les présentations ont eu lieu mercredi 8 mars 2006, à 20h50 sur 13e Rue, avant une diffusion prévue sur France 2 et finalement concrétisée sur M6 en quotidienne à partir du 19 février 2007.
Si son générique est direct, sommaire, rafraîchissant, rien ne laissait présager que Veronica Mars fut LA surprise télévisuelle de la saison 2004-2005 aux États-Unis. Le premier épisode, « Mars Investigations », rend compte dune écriture irréprochable mais dune narration dense, laborieuse. Cette première photographie de la faune de Neptune (la ville où se déroule laction de la série) aux travers des yeux de Veronica et du petit nouveau Wallace est séduisante, grâce entre autres à ce soupçon de Twin Peaks lié au meurtre de Lilly Kane, la meilleure amie de Veronica. Mais les connections entre les différents personnages semblent si complexes, que quarante petites minutes ne suffisent pas à happer complètement le spectateur. Presque une dizaine dépisodes seront nécessaires pour que lunivers de Neptune soit complètement connu, reconnu et compréhensible.
En jouant la carte du mystère de la semaine à limage de X-Files ou Smallville, la série prend son temps pour installer les différents tenants et aboutissants de larc couvrant toute la saison le meurtre de Lilly , et ainsi ne grille pas toutes ses cartouches dun coup, ou à moitié de saison (qui a dit Lost ? Mais qui a dit Desperate housewives ?). Car la grande force de la série est ne pas faire avancer son intrigue principale par à-coups, mais bien de manière diffuse. Le mystère de la saison parasite ainsi tous les épisodes, et se décline même en plusieurs autres, comme autant de pièces dun même puzzle. Pour une fois, le spectateur nest pas pris pour un imbécile, et même si les plus attentifs auront peut-être trouvé lidentité du vrai coupable avant le sprint final, ils devront attendre le tout dernier épisode pour en avoir la confirmation à lécran.
La série offre donc du temps, mais pas de lennui, à ses intrigues pour se développer, et à ses personnages pour sépanouir. Il ne faut pas oublier que Veronica Mars reste un « teen show », et donc que les relations entre les personnages prédominent. Et nouveau coup déclat, car si la plupart des « teen shows » rentabilisent les valses-hésitations et autres échanges de partenaires, la série économise ses personnages. À part Veronica, omniprésente, les autres sont toujours utilisés à bon escient, et peuvent ne faire quune courte apparition dans un épisode si nécessaire. Oubliées, les sous-intrigues indigestes de Dawsons Creek ou The O.C. / Newport Beach, dont lunique raison dexister est de donner du temps dantenne aux acteurs crédités au générique. Ne croyez pourtant pas que vous échapperez à lincontournable triangle amoureux. Heureusement, le créateur de la série, Rob Thomas, sait où il met les pieds. Il a fait ses gammes sur Dawsons Creek, où le triangle amoureux entre Dawson, Joey et Pacey a plus ou moins signé larrêt de mort de la série, dun point de vue scénaristique du moins.
Mais le passé télévisuel de Rob Thomas ne se résume pas à la série adolescente, aussi réussie soit-elle. Il se trimballe en effet une réputation de surdoué de la plume, et sest vu offrir par David E. Kelley (The Practice, Ally McBeal, Boston legal) les rennes de sa série Snoops. Cette collaboration ne se fera finalement pas, pour cause de « divergences artistiques » et, à la vue du résultat (catastrophique), il nest pas difficile de se faire une idée de ces fameuses « divergences ». Cest larrivée providentielle de Joel Silver, The Joel Silver, dans la carrière de Rob Thomas et sur le projet Veronica Mars, qui permettra à un pari audacieux (une série adolescente policière signée par un quasi-inconnu et diffusée sur la moins connue des chaînes) de connaître un tel destin. Un histoire de confiance et de talent.
Ne commençons pas à crier à tue-tête que Veronica Mars est une série instantanément culte. Ne la comparons pas non plus trop à Buffy, malgré des liens évidents dans le fond ou à lécran (Alyson Hannigan en première saison et Charisma Carpenter en seconde). Concluons juste en disant que Veronica Mars est une série hautement fréquentable, hautement fréquentée et quelle est lune des rares à avoir relevé le défi de la seconde saison. De quoi donner envie dengloutir la première, non ?
Que pensez-vous de cette série???