Les dragueurs, des marins à part entière.
Il y a quinze ans, on les appelait les "marie salopes". Une appellation qui disait le mépris pour ces bateaux chargés de vase. Des bateaux qui ne ressemblaient même pas à des bateaux ! Une appellation qui disait aussi l'écart entre les métiers nobles de la marine et le service de la drague, à peine considéré comme un travail de marins.
L'équipage de la Vlaaderen, composé de vingt marins et officiers, vit et travaille à bord de ce bateau très moderne, pendant une semaine complète puis à le droit à une semaine de repos à terre. Philippe Henry, qui fait partie de cet équipage, explique son point de vue : "Je viens, c'est vrai , du large, mais je n'ai pas senti de fractures. C'est un bateau, il y a deux hélices! On arrive, surtout dans mon domaine, à oublier ce qui se passe autour : machine, pc machine, séparateur, compresseur. Oui, je me sens complètement sur un bateau, je n'ai pas vu de différences. C'est vrai qu'il y a le fait qu' on n'a plus l' angoisse de partir quinze jours. On a le téléphone, la télévision. C'est vrai qu'on a plein de confort et qu'il faut bien le reconnaître par rapport à nos collègues. Mais ça, on l'a intégré et on fait notre travail. Il y a un rythme qui s'insinue, ça pouvait être quatre mois/quatre mois, deux mois/deux mois, et ici c'est sept jours/sept jours. On fait malgré tout quatre-vingt quatre heures par semaine."
L'équipage de l'Andrée Gendre est plus réduit que celui de la Vlaanderen : un cuisinier, deux mécaniciens, un patron, un dragueur, un matelot,un maître d'équipage et avec le capitaine, ça fait huit hommes qui forment un groupe soudé, habitué à partager les mêmes contraintes. Et même si la drague ne ressemble pas à un vrai bateau, ils revendiquent tous leur statut de marins.
Georges Mauny : "C'est vrai que, par rapport, à une autre drague, la Gendre n'a pas la même forme et ne fait pas la même chose. On est des marins, même sans hélice ! On est orphelin quelque part!"
Message édité par Lalka le 30-03-2003 à 13:34:07