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  Fière d'appartenir à la génération X

 


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Fière d'appartenir à la génération X

n°31674186
tzipora
Posté le 14-09-2012 à 08:01:41  profilanswer
 

Je suis fière de faire partie de cette génération dite "génération x" issue de la "génération silencieuse" : celle néé pendant la grande dépression (née entre 1923 et 1943) et ayant été enfant pendant la 2e guerre mondiale... et de la précédente c'est-à-dire celle dont les pères de cette génération ont fait la première guerre mondiale.
 
Je me suis toujours sentie privilégiée d’être née dans une famille dans laquelle mes parents étaient de tous jeunes enfants pendant la deuxième guerre mondiale tout comme mes grands-parents pendant la première guerre. J’ai eu le bonheur de connaître mes 4 grands-parents dont j’étais pour tous l’unique petite fille et c’est avec avidité et attention que j’écoutais leurs récits de jeunesse retraçant l’histoire de leur vie, leurs petites histoires quotidiennes à un moment où nous avions sensiblement le même âge. Je ne tarissais pas de questions quand à leurs souvenirs d’exode, d’écoliers, de privation de nourriture, de deuils de frères partis faire la guerre. Mes grands-parents jouaient un rôle très actif au sein de la famille et aimaient profiter de leur petite fille en me gardant le mercredi ou en s’en occupant pendant les vacances scolaires. Cela devient tabou actuellement de prendre tant de soin de ses petits enfants, les grands parents patriarches se sont transformés en seniors actifs inscrits dans de multiples associations pour profiter pleinement de nouveaux loisirs.
 
Je suis persuadée que les difficultés qu’ont rencontrées mes parents dans le cadre de  la seconde guerre mondiale ( et pour mon père 24 mois passés en Algérie) leur ont permis de m’accorder davantage d’autonomie, de liberté dans un contexte familial où les relations étaient entretenues par des générations ayant connu des processus de vie complexes. Processus qui ont par la suite fortement influencé leur jeunesse, leur vie d’hommes et de femmes, de père et de mère.  
 
Cette rapide prise d’autonomie m’a permis de voyager dès l’âge de 14 ans, seule en Angleterre, sans téléphone portable, sans carte de crédit, sans courrier électronique. Je me rends compte qu’en une génération (soit 30 ans), je n’ai jamais subi de pression scolaire de la part de mes parents qui me laissaient étudier seule, non pas parce que leur niveau intellectuel ne le permettait pas, bien au contraire mais parce qu’il régnait un climat de confiance total. Je n’aimerai pas être adolescente actuellement et subir la pression de la surveillance des devoirs scolaires avec l'obligation de réussite à tout prix afin d’accéder à une carrière prestigieuse. Ce n'est pas pour rien si 50 % d'une cohorte d'âge ne parvient pas à dépasser le niveau du baccalauréat.  
 
Mes parents et mes grands-parents préféraient de loin me faire partager leurs passions en espérant peut être m’en transmettre une partie. C’est ainsi que j’accompagnais mon père à la bibliothèque de son entreprise dès mon plus jeune âge et qu’il m’a transmis sa passion de la lecture. Que nous allions au marché au poisson pendant les vacances. Lassée avant d’entrer en cours préparatoire de ne pas savoir lire, c’est ma grand-mère Madeleine, ancienne institutrice, m’a appris la lecture avec la méthode syllabique. Mon grand-père Georges le goût des longs voyages en train et les mots croisés, mes deux grands-pères et mon père le désir d’avoir un jour mon propre potager, maman le don de faire des confitures, et l’art de se maquiller et des leçons de danse de salon, ma grand-mère maternelle ses talents de cuisinière et le plaisir de l’écouter se remémorer ses souvenirs de jeunesse : elle avait 9 ans en 1914.  
 
La transmission de l’histoire familiale m’a toujours passionnée et mes parents ne m’ont jamais caché combien ils avaient soufferts de manière différente pendant la guerre. Ma mère est née en octobre 1936 et mon père en février 1940 et c’est donc dans un souci de pure survie que la première préoccupation de ses parents était de les nourrir correctement. La France traversait une situation de pénurie et de rationnement. Tous deux ont été placés à la campagne. Ma mère est partie vivre chez sa grand-mère paternelle Louise  à Maurupt-le-Montois de juillet 1942 à septembre 1944. Elle en a gardé d’horribles souvenirs, car mes grands-parents avaient pensé bien faire en la confiant à cette grand-mère plutôt qu’à l’autre qui habitait le même village car elle était un fin cordon bleu mais n’avait jamais connu le moindre sentiment maternel et était extrêmement dure. Mon père est né en 1940 et a été confié à ses grands-parents maternels qui habitaient Gondreville parce que le grand-père Charles possédait des chèvres, donc du lait pour un nourrisson, des ruchers et un potager. Ce modèle de survie qui frappait les villes augmentant la mortalité infantile et les carences alimentaires n’offrait que cette solution pour ceux dont les grands-parents étaient établis à la campagne où l’entraide était encore commune.
 
Mes grands-parents se sentant déchargés du devoir d’autorité ont pu tissé avec moi des liens très forts et plein d’amour, au-moins l’un d’entre eux entretenaient avec mes parents des relations où tout était basé sur l’autorité, la tyrannie domestique, la colère, une tolérance et une obeissance strictes basées sur le respect des autres, l’éducation des bonnes manières et parfois une forte empreinte religieuse.
 
C’est à un moment où frappée par le deuil de la seconde épouse de mon père auprès de laquelle j’aurai tellement voulu qu’elle puisse me transmettre ses talents de cuisinière hors paire, qu’en feuilletant d’anciens albums de photos, j’ai retrouvé un manuscrit rédigé par mon arrière grand-père retraçant au fil de ses lettres un journal de bord de la toute petite enfance de mon père. Des lettres empreintes d’un amour inconditionnel, le décrivant s’occuper de son petit fils comme l’aurait fait une mère. On ne peut alors pas s’empêcher de penser au recueil de poèmes écrit par Victor Hugo sur «L’art d’être grand père» dans lequel je cite : « Jeanne dort ; elle laisse, ô pauvre ange banni, Sa douce petite âme aller dans l'infini ; Le vieux grand-père, esclave heureux, pays conquis, la contemple.


---------------
Tzipora
mood
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Posté le 14-09-2012 à 08:01:41  profilanswer
 

n°31674191
jumorolo
Jouez pas aux cons
Posté le 14-09-2012 à 08:05:19  profilanswer
 

tl;dr
 
 
mais j'admire la performance, pondre un pavé pareil pour son 1er post  :o


Message édité par jumorolo le 14-09-2012 à 08:06:05
n°31674208
tzipora
Posté le 14-09-2012 à 08:12:52  profilanswer
 

Parfois les deuils nous font faire un bilan de notre propre vie ... et ce décès m'a replongée dans le passé... Merci !


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