Puisque c'est ainsi, vous aurez un post sur quelques anecdotes la guerre sous-marine et ses aspects étonnants.
"Haaan, nan mais on s'en fout, on connait déjà tout le tatouin, on a vu Das Boot et U-571 alors autant dire qu'on sait tout de la gnagnagna machine Enigma truc"
J'entends bien, peuple d'HFr, ton érudition est proverbiale. C'est pourquoi aujourd'hui nous allons parler de deux choses.
Du Surcouf, puisque c'est annoncé et que c'est un engin étonnant.
Et de la guerre-sous marine... avant la guerre sous-marine.
Or, le Surcouf, le voici !
Quoi d'étonnant ? Hé bien un gros canon comme vous pouvez le constater. Et comme l'a fait remarquer le brillant gneisneau, un hydravion en plus à bord, pour faire des trucs comme de la reconnaissance, aller chercher un pot de rechange ou chercher des bières chez Aldi. Autant vous dire que c'est la classe. Car si le Surcouf emporte des torpilles, sa silhouette étonnante est avant tout due à son double 203mm. Ce qui est gros et fait plutôt bobo. Car le jeu est toujours le même depuis la première guerre mondiale.
"Hééé mec ! Le traité de Versailles il dit que t'as pas le droit de continuer la course à l'armement sur tes bateaux.
- Ah mais je le fais pas mec, moi je respecte la loi
- Ben alors c'est quoi ces gros canons, là, dis-donc.
- La loi ne parle que des bateaux, moi c'est un sous-marin, rien à voir
j'ai le respect de la loi, moi."
Rappelons que le Traité de Versailles est une sorte d'ancêtre du limbo : le but du jeu est de passer en-dessous sans se le prendre sur la gueule.
Bref, l'idée est là : si on nous emmerde avec les bateaux, on ira mettre nos canons sur des sous-marins parce que c'est pas interdit ! La France prévoit ainsi de créer Trois "croiseurs sous-marins". Le Surcouf ne sera que le premier. Le principe est simple : il va de-ci de-là, repère les convois ennemis avec son hydravion (on essaie même à l'époque le gyroplane, ancêtre de l'hélicoptère) ou autre moyen, puis va à leur rencontrer. Là, s'il y a une escorte : il torpille et s'enfuit, et s'il n'y en a pas... hé bien il sort de l'eau et pète les navires marchands au canon. Puisque rappelons-le, la guerre sous-marine est une guerre de course ("corsaire" ) consistant avant tout à s'attaquer aux navires marchands ennemis. Les navires militaires, c'est du bonus, ou plus généralement un truc que l'on veut éviter.
"Un chou marin, Carl !"
Bref, l'idée est intéressante, mais les problèmes se multiplient : déjà, l'engin est très bas. Donc victime du roulis, et ça n'aide pas à tirer proprement. Ensuite, c'est le gros bordel à bord pour approvisionner d'aussi gros canons, donc disons qu'il ne faut pas que la bataille s'éternise. Mais ça tombe bien : sa mission c'est justement de filer en vitesse après avoir fait une bonne blague d'environ 203mm dans la gueule des margoulins d'en face.
Sauf que pas d'bol : la guerre éclate. Et le sous-marin n'est pas prêt lorsque les Allemands arrivent en France, désolé
il file donc s'abriter du côté de l'allié anglais, sauf que peu de temps après, comme le Surcouf est un peu à l'époque le plus grand sous-marin du monde, les Anglais se disent que bon, ce serait quand même ballot que l'équipage français reparte avec en France pétainiste. Du coup, allez hop ! Ils prennent d'assaut le sous-marin à quai.
Diantre ! Les fieffés rascals !
Quatre français perdent la vie dans l'affaire, puisque hein, bon, faudrait voir à pas déconner, mais le Surcouf et son équipage (complété de quatre matelots britanniques) rejoint la flotte. Hélas pour eux, l'aventure sera courte : si le Surcouf participe à quelques missions sans avoir à trop se servir de ses armes jusqu'en 1942, le 18 février dans la nuit, il coule.
Mais ? Mais enfin !
Une grande discussion s'engagera avec les Américains, qui font de petits bruits de pet et suent très fort lorsque l'on évoque l'affaire. Ils finiront par parler.
"Nan mais, c'est pas nous, en fait c'est un de nos cargos qui l'a percuté. Désolé les mecs, il faisait nuit, on l'a pas vu.
- Mais ? Vous êtes cons ou bien ?!
- Aaaattendez on se calme, ce n'est pas encore sûr. Il y a d'autres options !
- Ah oui, comme ?
- Un de nos avions de lutte anti-sous-marine l'aurait bombardé par erreur.
-
- Vous voyez bien que c'est pas de notre faute !
-
"
Chose rigolote, si le cargo accusé d'avoir planté la tronche au Surcouf a bien défoncé un sous-marin cette nuit là, les historiens supposent que ça aurait pu être un autre sous-marin, plus petit.
Auquel cas la question est ? "Lequel ?" et là, personne ne sait pourtant, rho, c'est gros un sous-marin, ça ne se paume pas comme ça !
Bref voilà pour la tragique histoire d'un concept, le croiseur sous-marin, qui finalement ne servira guère (uhu) et finira tragiquement. 130 morts tout de même.
Cherbourg s'en souvient avec ce monument :
Alors évidemment, vous rigolerez, tas de filous, à l'idée d'un cargo qui aurait coulé un sous-marin alors que logiquement, le principe c'est de faire l'inverse. Et pourtant ! Aujourd'hui, parlons un peu du Q-ship. Car l'histoire des canons du Surcouf a une logique ! Tenez, voici un Q-ship.
"Je pige pas, il a quoi de visiblement étonnant ?"
Rien. Et c'est justement ça, l'étonnant !
Revenons en 1914. La guerre sous-marine en est à ses débuts, et l'Angleterre considère comme un "gadget" ces minuscules navires incapables de se défendre contre le moindre navire. Pourtant, lorsque les u-boot de l'époque sortent.
En voilà un !
bref, disais-je, lorsque les u-boots de l'époque sortent, ils font vite très mal, déjà en allant caser des torpilles dans Scapa Flow, la base de la flotte britannique qui s'étonne de se prendre des cachous en étant à la maison, et perd même trois bâtiments en une journée un peu plus tard, lorsqu'un u-boot la joue taquin.
"Regarde Hans, j'appuie ici, et ça coule le bateau d'en face !
- C'est chouette !
- Maintenant, regarde ! Ces andouilles appellent un autre bâtiment pour secourir les naufragés. J'appuie là...
- Et il coule ! Et qu'est-ce qu'il fait à ton avis ?
- Il appelle un autre bâtiment en renfort ?
- Exactement ! Tiens, le voilà... et... hop !
- Et maintenant, ils appellent un autre bâtiment pour secourir les trois autres ?
- Non, là ils ont juste compris qu'ils avaient été un peu cons."
Le premier Lord de l'amirauté, un certain Winston Churchill, est un peu colère. Parce que non seulement les Allemands sont diablement efficaces avec leurs sous-marins, mais en plus, ils s'attaquent aux convois sans vergogne. Colère !
Pire encore, les sous-marins... ben on ne sait pas comment les couler. On a pas inventé d'armes pour eux, donc à part un coup de canon chanceux des fois que les mecs aient oublié de plonger (ce qu'ils font rarement), c'est très, très compliqué. On invente donc... le Q-ship ! Un navire marchand avec une gueule de navire marchand qui se promène en faisant l'attention whore du genre "Viens me mettre ta grosse torpille coquinou
"
Sauf que les Allemands le savent bien : les torpilles, c'est cher, pas toujours simple à utiliser, et en plus un sous-marin ne peut pas transporter des masses d'engins. Donc pour les navires marchands, sans défense, on fait surface et on utilise le canon (vous comprenez mieux le Surcouf, maintenant ?). Sauf qu'à l'époque, honneur prussien oblige, on propose au capitaine du navire marchand de venir sur un canot se rendre officiellement à l'équipage du u-boot avant que son navire ne prenne cher.
C'est là que tout se joue
En effet, les Q-ships sont en fait bourrés de canons planqués, et l'équipage comporte un paquet de militaires couillus. Ils se rendent donc sur le sous-marin ennemi, sortent les pistolets et les couteaux et en avant !
et si en plus on peut coller une grenade lacrymogène (ça existait déjà, on disait "suffocante" ) ou du gaz moutarde dans l'écoutille, autant vous dire que le u-boot se rend très, très vite. Et au pire, si on ne le sent pas, on se contente juste, pendant que le canot est à l'eau, de demander au Q-ship d'arroser au canon le u-boot.
Depuis cet épisode qui durera jusqu'en 1918, les Allemands préféraient généralement la torpille au canon, par sécurité. Mais pas toujours ! Car ah, l'appel d'une cible seule et désarmée...
"Blublublu
petit- sous-marin allemand ! Entend le bruit de mon tout petit moteur dans l'eau !
- Ach, allez, on sort le gros canon !
- Désolé, Q-ship !
D'où le nom !"
Et voilà. Bon, j'ai une réunion qui m'attend, donc je file en courant.
Mais allez, hop, pub si vous aimez les trucs historiques (allez, ça évitera les MPs
)
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Voilà pour aujourd'hui !