Citation :
Il est assez curieux de constater que dans une époque aussi portée à élucider tout, aussi prête à supprimer le mystère que la notre, armée, comme jamais il n'y en eut d'autres, d'instruments et de méthodes d'investigation qui chaque jour permettent de reculer les bornes de l'inconnu et de faire accomplir à la science des bonds prodigieux, il est assez curieux de constater, dis-je, que jamais le mystère ne fut aussi agissant dans la vie que durant la période contemporaine.
On le sent partout, et jusque dans les quotidiens, miroirs de la vie d'aujourd'hui, qu'on dispose et qu'on astique pour que tout y soit clair et logique, vous y découvrez entre chaque ligne, en marge de chaque événement, une dose de mystère qui fait que les actualités les plus simples deviennent compliquées, obscures, comme émanant de forces occultes qui les façonnent et les dirigent...
Aussi écoute t-on sans broncher des gens qui affirment que le monde moderne est régi par un énigmatique collège de vieux sages qui siègent au fond de l'Inde et qui détiennent nos destinées, ou par les Six Lumières de Sion, ou par un petit homme, dans un petit bureau, à Londres, à Berlin, à New York, un petit homme dont les prunelles luisent, qui a une volonté terrible et un coeur qui n'est fait que de chiffres, cotes, millions, milliards, dollars, livres, or, papier, et qui achète tout, mène tout, peut tout. Personne ne les a jamais vu, ni les uns ni les autres, ces terribles maîtres de la Terre, mais leur présence est si patente que l'on pourrait presque écrire leur biographie. Ce sont eux qui ont tout fait, la guerre, la paix, la révolution..., les tremblements de terre, les épidémies, les naufrages..., comme ils font la crise et les krachs...
Leur vitalité est insatiable.
Ce ne sont peut être que des larves, mais dans tous les pays du monde, le peuple les accuse de tout.
Et il en a peur.
[…] On se méfie des mauvais sorciers. Il faut lutter contre ces puissances malfaisantes qui se partagent le monde.
Il faut les contre-attaquer. Prendre les devants, car on les connaît.
On les nomme.
Choc en retour.
On peut défaire ce qu'ils font, dénouer ce qu'ils nouent, et les prendre à leur propre piège.
Le vaudou commence...
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