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Un round contre Soral
« Toutes les tendances sont représentées sur Fdesouche, ça va des cathos aux soraliens, mais globalement la plupart de nos contributeurs sont blasés par la politique », assure Sautarel. Qui, sur son site, s’abstient effectivement de prendre parti entre les différents courants de l’extrême droite – famille historiquement marquée par ses querelles de clochers.
Les sujets qu’il aborde, et particulièrement l’islam, sont des dénominateurs communs à la plupart des tendances de ce milieu. En revanche, sur une question aussi clivante que le sionisme, Fdesouche ne prend pas le risque de froisser une partie de son lectorat et préfère botter en touche. Quitte à s’attirer les invectives de l’antisémite Alain Soral, qui le juge beaucoup trop timoré et lui reproche de ne s’attaquer qu’aux musulmans, et pas à ce qu’il désigne comme la « communauté organisée », c’est-à-dire les juifs.
À l’époque où Soral est encore membre du FN, les deux hommes en viennent même aux mains. Raison de la querelle : Fdesouche a relayé un texte de Bruno Bilde, conseiller de Marine Le Pen, critiquant la ligne « assimilationniste » défendue par Soral. Menaçant, le patron d’Égalité et Réconciliation réclame un droit de réponse. Mais plutôt que d’obtempérer, Sautarel refuse et publie le courriel d’intimidation.
Cette escarmouche numérique vire au pugilat quelques jours plus tard, lors d’un conseil national du parti frontiste tenu le 31 mai 2008 dans un hôtel de Rueil-Malmaison. Tout le comité central du Front national est réuni, soit plus d’une centaine de cadres. Bien qu’il ne soit pas membre de l’instance, Sautarel est présent pour filmer l’événement : avec sa caméra, il filme les interventions des participants et réalise des interviews.
« Dès que Sautarel est passé devant lui, Soral lui a sauté dessus par-derrière et l’a poussé dans des fauteuils, raconte Bruno Bilde. Soral lui a dit qu’il tenait un site de caniveau qui excitait la haine raciale contre les musulmans, pour le plus grand plaisir de la “communauté organisée”», se souvient Georges Moreau. L’altercation stupéfie l’assistance. « Tout le monde était scandalisé, confie Martial Bild, alors secrétaire général adjoint du FN. Même au pire moment de la scission avec Mégret, il n’y avait pas eu de coups de poing échangés. Là, Soral l’a alpagué et fait tomber au milieu de tout le monde. »
Bruno Gollnisch résume en souriant : « C’était assez homérique, une confrontation de deux personnalités antagonistes. Le fort en gueule a pris le réservé à la cravate en lui reprochant son manque de tact à son égard. » Le service d’ordre du FN aura toutes les peines du monde à séparer les belligérants.
Depuis ce jour, le nom de Soral n’est plus évoqué sur Fdesouche, que ce soit en bien ou en mal.
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