LA BLONDE DU DRUGSTORE
Elle est grande. Elle est blonde. Mais elle n'a rien à voir avec le genre de préjugés dont on affuble ses congénères. Ex coincée, on la devine davantage en bonne copine au milieu d'un gang, convoitée par tous les mâles et fidèle à son unique amoureux. La bande du Drugstore, son premier film de cinéma lui offre ce rôle.
Elle exploite ce côté garçon manqué, cet aspect féministe très déterminée, sachant manipulée les hommes par leur talon d'Achille ou arrivant à ses fins par n'importe quel moyens. Evidemment, ça ne l'empêche pas de jouer les fantasmes sur jambes, les romantiques rarement déboussolées, les premières de la classe. Âge énigmatique (29 ans officiellement), cette musicienne dans les gênes et dans l'âme (elle pensait devenir pianiste) a pris des cours de comédie pour être plus à l'aise en concert. Vite repérée, vite enflammée. Le secret d'Alice c'est un mélange de naturel et de sophistication, d'accent bourgeois un rien chic avec une langue gouailleuse un zest rentre-dedans, une féminité affirmée et une volonté d'être l'égale des hommes. Modèle? Sophie Marceau dans La Boum étant gamine... Ou les Mirage 2000 dont elle piquait les posters à ses deux frères.
La tête sur les épaules, les mains sur le piano, apprenant l'anglais et marmonnant l'italien, elle prend conscience rapidement de la précarité de son métier et, paradoxalement?, ne prend aucun risque. Si elle tatonne les premières années, entre télévision (pas mal de série avec son physique passe partout), le théâtre (Eurydice dans le privé) et les films d'auteur ou de genre. Elle sert les plats ou joue la jolie de service. Avec Grande Ecole, où elle rencontre son actuel compagnon, elle prend un peu de charisme. Le film est culte pour une certaine génération et la communauté gay. Mais le grand public va la découvrir dans Le coeur des hommes, de Marc Esposito (ex directeur de Studio Magazine). La même année elle jour Rien que du bonheur, de Denis Parent, ex chroniqueur de Studio Magazine. Mais c'est en 2003, avec Laurent Tirard, ancien journaliste de... Studio Magazine (si!), que Taglioni se propulse parmi les espoirs du cinoche français. En requin consultante, dompteuse de sanglier, fantasme adolescent de Baer et folle amoureuse d'une star de foot (Cornillac qu'elle retrouvera dans Le Cactus), elle étincelle dans Mensonges et Trahisons.
Depuis elle enchaîne les grosses productions comiques ou aventurières. Du populaire. Elle a plus de facilité à jouer les pilotes de chasses (et traîtresses) dans Les chevaliers du ciel, ne pouvant pas lutter contre la brune magnétique Pailhas, qu'à s'entraîner à défiler devant les yeux jaloux de l'élégante Scott-Thomas en tenue Chanel, dans La Doublure. Sans oublier un passage anglophone (c'est indispensable pour un CV aujourd'hui) dans le désastreux (mais successful) remake de La Panthère rose.
À trop se laisser enrôler dans des films impertinents mais pas forcément savoureux, elle pourrait être victime du syndrome Mireille Darc de la belle blonde aguicheuse dans des films plaisants. Bien sûr cette fan de Truffaut et pianiste douée a suffisamment de ressources et de caractère pour avoir du flair, et donc cet instinct de survie nécessaire pour rendre ce métier durable. Puisqu'elle doute face à cette soudaine déferlante de projets et de succès, puisqu'elle n'est pas sûre de faire les bons choix, peut-être qu'elle aura ce sixième sens après L'île au trésor de changer de registre...
Mais elle doit encore apprendre : elle manque de technique (de son propre aveu elle ne sait pas pleurer ou rire devant une caméra) et ambitionne d'être la Julia Roberts française. Aux côtés de stars comme Delon, Auteuil, Jugnot, Magimel ou Binoche elle est plutôt à bonne (et grande) école. Le public ne la désire pas encore mais l'affection se fait sentir... et plus si affinités.
vincy
Source: http://www.ecrannoir.fr/stars/gena.php?s=527
Message édité par revohsalf le 01-04-2006 à 23:20:03
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