À mon avis cher hpdp00, pour ce qui est du cas israélo-palestinien, ça n'a aucun rapport avec la Catalogne espagnole. La division du territoire israélo-palestinien résulte de la partition de la Palestine mandataire (protectorat anglais) par l'ONU entre zones pour musulmans et pour juifs. L'indépendance d'Israël résulte des guerres de 1947-1949 lors desquelles elles ont gagné militairement face aux zones musulmanes qui n'étaient pas suffisamment appuyées par les états arabes autour (infériorité en nombre et en matériel entre autres).
La politique israélienne dans les colonies est polémique sur de nombreux points (non-respect des accords de base sur les frontières de la Palestine mandataire, déclaration de l'ensemble de Jérusalem comme capitale d'Israël au mépris de son statut international entre autres choses) et a été la cible de résolutions du conseil de sécurité des Nations Unies. Mais l'ONU ne s'est pas forcément donné les moyens de faire respecter ses résolutions là-bas et c'est un problème.
De manière générale, le problème de l'ONU est qu'elle ne fait pas appliquer tout le temps ses résolutions ou ne se donne pas les moyens de le faire. Alors que sa fonction principale est d'éviter les guerres dans le monde et d'essayer de concilier les états en cas de litige territorial (entre autres). Cependant, ces résolutions que je cite pourraient être contraignantes, mais ne le sont pas par volonté de non-ingérence. Il n'y a donc pas la possibilité de faire consensus dans le droit international et être des lignes de conduite générales dans le monde car la résolution est un texte indicatif et non un texte de loi réel. Et si tout le monde n'est pas d'accord, il est évident qu'il y a litige, voire conflit armé (exemple de la Yougoslavie qui s'est morcelée avec ses guerres civiles d'indépendance, et non pas avec des référendums illégaux)
L'ONU a aussi été créée en 1945 dans l'objectif de permettre la décolonisation de certains territoires (dits territoires non-autonomes). Il est important de noter que la Polynésie Française et la Nouvelle-Calédonie sont sur cette fameuse liste de territoires à "décoloniser". Mais la Catalogne n'a jamais été dans cette liste, ou tout autre territoire espagnol comme Ceuta ou Melilla. Seule la Guinée Équatoriale l'a été.
Pour ce qui est des égards à accorder aux Catalans, pourquoi leur accorder des égards spéciaux ? Parce qu'ils sont Catalans ? Pourquoi ne pas donner aussi des égards spéciaux aux Manchegos, Riojanos ou à n'importe quel mec sous prétexte qu'il gueulerait un peu en faisant des référendums illégaux ?
La Constitution de 1978 accorde déjà la reconnaissance des CC.AA (communautés autonomes) dans son article 137 ("L'État, dans son organisation territoriale, se compose de communes, de provinces, et des Communautés Autonomes qui se constitueront. Toutes ces entités jouissent d'autonomie pour la gestion de leurs intérêts respectifs." ).
L'article 138-2 précise lui que "Les différences entre les statuts des diverses Communautés autonomes ne pourront impliquer, en aucun cas, des privilèges économiques et sociaux " et empêche donc une reconnaissance spéciale de la Catalogne dans l'État espagnol.
L'article 2 précise lui que "La Constitution a pour fondement l'unité indissoluble de la Nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les Espagnols. Elle reconnaît et garantit le droit à l'autonomie des nationalités et des régions qu la composent et la solidarité entre elles". Il est clair et logique ici que de décider d'un référendum d'autodétermination en Catalogne est anticonstitutionnel. C'est l'opinion du gouvernement central et ce n'est que de la logique. Celle de la loi en vigueur. Il est d'ailleurs logique que la police fasse respecter la loi, et que la justice juge ceux qui l'ont enfreinte.
Dans la citation de ces quelques articles (pour éviter la lecture de toute la Constitution de 1978), il est vrai qu'on ne parle pas d'état fédéral en tant que tel mais de communautés autonomes. Mais l'esprit est à l'autonomie des entités régionales, et ce depuis 1978. D'ailleurs, ça explique l'acceptation de ladite constitution par les Catalans sortant de la dictature franquiste (entre 90.4% et 91.9% de oui selon les provinces catalanes). Car ils recherchaient cette autonomie régionale et que l'autonomie des CC.AA y était reconnue en toutes lettres. Les partis ayant appelé à voter non étaient les partis indépendantistes à qui l'autonomie ne suffisait pas.
Les seules différences entre un état fédéral comme les USA et l'Espagne seraient le fait de pouvoir rendre la justice dans chaque état / CC.AA selon des lois locales, ou encore d'avoir une police autonomique dans chaque CC.AA.
Il faut noter ici que certaines CC.AA. espagnoles ont leur propre police autonomique (Mossos d'Esquadra catalans, Ertzaintza basque, polices autonomiques navarraises, andalouses ou des Canaries) et que d'autres choisissent de ne pas exercer ce pouvoir en le confiant à l'État espagnol (Guardia Civil, ou encore le Corps National de Police). Pour le côté judiciaire, les lois sont les mêmes dans toute l'Espagne, mais pas aux USA, c'est vrai. Mais tout état fédéral ne permet pas à ses états fédérés de rendre la justice, comme c'est par exemple le cas au Brésil.
Il était nécessaire de rappeler que l'autonomie des CC.AA. est factuelle et légale (reconnue par la Constitution, la loi la plus importante du pays). La Catalogne est une Communauté Autonome qui n'a pas à avoir de statut différent des autres, en dehors de ce qui est déjà reconnu par la Constitution.
Bien que l'Espagne ne soit pas nommément un état fédéral regroupant des états fédérés, mais un état regroupant des communautés autonomes qui choisissent les compétences qu'elles veulent exercer (police, route, éducation, santé ...), la différence réside uniquement dans la dénomination des entités régionales. J'allais aussi parler de la possibilité de créer leurs propres lois aux USA du moment qu'elles sont constitutionnelles, mais les Espagnols ont la possibilité de créer une constitution propre appelée Estatut/Estatuto selon les CC.AA, statut régissant leurs domaines de compétences autonomiques qui doit respecter le socle de constitutionnalité de base, comme dans toute démocratie. La différence USA/Espagne est ici dans l'absence de code pénal autonomique espagnol, qui existe aux USA (notamment avec le sujet de la peine de mort, acceptée ou non selon les états étasuniens)
Ainsi, Madrid n'a pas à offrir plus d'égards aux Catalans en recherche "d'autonomie", et la tutelle de Madrid n'est pas une oppression franquiste. La Catalogne est déjà autonome, voire plus que la grande majorité des CC.AA. espagnoles.
Il n'y a pas à avoir de l'ouverture de la part de Madrid. Le parlement catalan dirigé par Puigdemont a bafoué les lois votées au nom du Peuple Espagnol, et PAR le Peuple Espagnol (pour la constitution de 78).
Il n'y a pas d'ouverture à avoir avec des criminels (oui, la sécession est un crime en Espagne, comme en France d'alleurs). Tu les appelleras "exilés" car tu épouses leur cause, et moi je les appelle "fugitifs" car ils fuient la justice. Faire preuve d'ouverture face à ce qui ressemble plus à un quarteron de généraux en déroute ayant raté leur pseudo-putch qu'à un peuple uni pour l'indépendance est la porte ouverte à n'importe quelle dérive au nom de n'importe quel bourrage d'urnes. Là pour le coup ça serait un réel déni de démocratie en niant ses lois votées par le peuple et pour le peuple.
La loi n'est pas faite pour les chiens, et elle n'est pas à la carte. On ne peut invoquer le droit à se défendre face aux brutalités policières de Madrid tout en bafouant la loi pour imposer son projet d'indépendance à une population pas forcément acquise à cette cause. La démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple, mais s'en réclamer en bafouant ses lois est paradoxal. D'un autre côté, si l'État espagnol cède face aux indépendantistes, c'est la porte ouverte au bordel généralisé en Espagne et en Europe. Et la démocratie implique aussi un minimum d'ordre, sinon elle devient anarchie.
Le problème depuis le 1-O réside dans le fait de faire une élection en décrétant une loi anticonstitutionnelle (donc illégale), puis de déclarer et de signer une indépendance qui a duré 8 secondes, donc de vouloir faire sécession, puis d'accuser Madrid d'être "franquiste" (équivalent de l'argument ad hominem de chez nous qui est le facho) parce qu'elle fait appliquer la loi. Le fait que le gouvernement central gouverne et ne cède pas n'est pas une "mise sous tutelle" du parlement catalan, juste une des mesures approuvées par le peuple pour éviter l'éclatement d'une nation à cause d'une partie séditieuse de la population.
Pour le coup, que ça soit Rajoy ou un autre, Madrid a fait en sorte que la loi continue d'être appliquée, malgré les agissements de la police autonomique catalane (Mossos) complice de Puigdemont et de ses comparses sécessionnistes.
À un moment, quand on enfreint la loi et que l'on place son opinion au dessus des lois permettant la vie commune, il est normal que la justice s'en mêle. Ça marche pour le meurtre, l'excès de vitesse, et aussi pour la sécession des indépendantistes et les casseroles au cul de Rajoy. À chacun d'assumer ses actes.
Le statut que tu définis comme "pousse-au-crime" de la Catalogne espagnole n'est pas tant dûe au gouvernement espagnol (qui a concédé la plus grande autonomie d'Europe à toutes ses CC.AA.) qu'à l'obstination des sécessionnistes à ne pas vouloir respecter la loi. Pour calmer tout le monde de manière intelligente, il faudrait certes virer Rajoy qui a des casseroles au cul (comme beaucoup en Espagne), comme il faudrait juger les sécessonnistes de la ERC, de la JuntsXSi ou de la CUP. La faute n'est pas que du gouvernement espagnol (qui aurait pû faire une consultation nationale sur la question catalane), mais aussi des sécessonnistes qui ont poussé l'Espagne entière dans cette instabilté.
Le fait de virer Rajoy n'est pas tant nécessaire par manque de soutien politique que par les casseroles qu'il traîne aussi. On ne peut pas "reprocher" quelque chose à quelqu'un si l'on est pas irréprochable. Maintenant, lui ou un autre comme premier ministre, celui-ci ne pourra jamais lâcher face à des criminels (la sécession est un crime en Espagne) au risque de voir le respect de la loi en Espagne encore plus bafoué que ce qu'il ne l'est actuellement avec les indépendantistes mais aussi avec les corrompus. Le problème cessera donc d'être pourri quand on aura condamné les sécessionnistes, restauré l'ordre démocratique en Catalogne et dans le reste de l'Espagne. Et il cessera aussi quand les mecs qu trempent dans des affaires louches seront condamnés pour ça. Que chacun assume ses casseroles.
Et puis on ne conquiert pas une indépendance en bourrant des urnes et en se victimisant de la réaction de la justice espagnole alors que l'on a enfreint les lois plusieurs fois par provocation. On la conquiert par les urnes dans un cadre légal (mais utopiste), ou on la conquiert par les armes.
Maintenant, si le soucis des Catalans espagnols est d'être autonomes, ils le sont déjà dans un fédéralisme qui n'en a pas le nom. Il ne leur manque plus que d'avoir la possibilité de faire leur monnaie, d'avoir leur armée, de rédiger leur code pénal, et d'avoir un vrai leader pour guider le "peuple catalan". Pour le reste, Madrid leur a déjà tout donné, et ils ont plus que les autres CC.AA., mais ils n'ont ni peuple, ni leader. Faire des crèmes catalanes, supporter le Barça et faire des castells tout en ayant Puigdemont qui regarde en tant que président de la Catalogne, ça n'en fait pas un peuple. Leur histoire est celle du Royaume d'Aragon qui s'est unifiée à celui de Castille pour former l'Espagne, et donc est l'histoire de l'Espagne (d'où le fait que ça soit une "Nationalité Historique" comme les Asturies, les Basques ou les Galiciens) malgré tout ce qui peut être appris dans les écoles catalanes.
À titre de comparaison, les territoires autonomes français ou portugais (par exemple) ne peuvent le faire (l'histoire est différente néanmoins).
Bref, les seules solutions pour la Catalogne espagnole sont :
- Maintenir la situation pré-référendum 1-0 et garder l'autonomie qu'ils ont, et qui est supérieure à celle des CC.AA. qui n'ont pas demandé à utiliser toutes les prérogatives autonomes
- Faire comme maintenant à ne pas respecter la loi puis en jouant au "petit peuple opprimé" quand la justice espagnole veut les faire comparaître devant un tribunal, et jouer à "qui s'exilera le plus loin" (Puigdemont est le plus loin en ce moment à Bruxelles)
- Faire comme en Yougoslavie : déclarer l'indépendance et partir en guerre face à l'Espagne. Avec tout ce que ça compte comme déplacement de population, morts au nom d'une idéologie nationaliste. Avec ça, soit ils gagnent leur indépendance et leur reconnaissance internationale (qu'à l'heure actuelle personne ne reconnaît, ce qui est un signe en soi). Soit ils perdent l'indépendance qu'ils avaient et voient perdre dans la foulée la confiance et l'autonomie qu'ils avaient comme quand ils étaient une CC.AA. L'option de la guerre d'indépendance (gagnée ou perdue) apportera aussi le trouble dans l'Europe et dans toutes les régions autonomo-régionalo-indépendantistes qui se verront pousser des couilles au nom d'une nostalgie d'un peuple qu'ils ne sont plus ou qu'ils n'ont jamais été.
Bref, en tout cas, c'est un sujet intéressant sur lequel disserter longuement, tout en sachant pertinemment que l'on ne changera rien sur la situation, et en essayant d'avoir les arguments du "camp d'en face" (bien que tout ne soit pas aussi binaire ou tranché évidemment)