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Test du Sony KV32FQ70B
LCD et plasma n’ont pas gagné la guerre: avec le séduisant téléviseur KV32FQ70B de 82 cm, Sony rappelle que l’image de qualité cinéma à prix réduit appartient encore et toujours au tube cathodique.
En ces temps où la minceur est un critère de beauté, que ce soit pour les femmes ou les électroniques grand public, il reste encore des fabricants qui abreuvent leur catalogue de produits de génération technologique précédente, comme Sony et ses fameux écrans plat Wega. N’oublions pas que le dérivé de tube Trinitron qu’ils emploient a contribué en très grande partie à l’image de marque haut de gamme de Sony chez les particuliers et dans le milieu professionnel. Passons donc au peigne fin une création haut de gamme qui n’a de plat que sa face avant, mais qui dissimule sous sa veste de bien nombreux avantages …
Le KV32FQ70B est un téléviseur de la famille Sony Wega, équipé d’un tube cathodique Trinitron FD absolument plat. Ce procédé, inauguré peu avant le passage à l’an 2000, a constitué la dernière innovation majeure apportée au CRT (acronyme américain désignant le tube cathodique): une image carrée entièrement plate, sans distorsion (en théorie) au centre comme sur les bords. S’en sont suivis de mineurs ajouts tel l’augmentation de résolution d’image (outre-Atlantique principalement pour la véritable télévision haute définition, avec parcimonie en France avec le procédé DRC) ou quelques variantes en terme de puissance lumineuse et de rendement. C’est donc une technologie mûre, éprouvée, aux coûts de développement remboursés maintes et maintes fois. D’où un prix de vente très attractif pendant encore quelques années, nécessaire à la baisse de prix des écrans TFT et plasma… et à l’amélioration de leurs performances! Bien des experts le disent encore à travers le monde: le tube a encore un peu d’avance.
Et cette supériorité qualitative se mesure encore à l’œil nu en 2004, même si elle tend à s’amenuiser. Ce téléviseur Sony propose encore et toujours certains des meilleurs noirs et teintes sombres disponibles le marché (à ne pas forcément associer au contraste de l’image). Le canon à électrons de ce téléviseur a, comme beaucoup de modèles de grande taille, tendance à perdre les pédales lorsque luminosité et contraste sont trop accentués: les points les plus lumineux bavent littéralement à leur périphérie, comme si leur taille avait augmenté.
Avec les réglages d’image agressifs du mode Studio (extrêmement dynamiques, vifs très saturés) sensés faire plaisir à notre oeil assoiffé de belles images, on a par exemple l’impression que le texte des sous-titres passe de normal à gras. On pourrait croire ce point bénéfique mais non, il conduit à une perte de résolution globale de l’image. Il en va de même pour certaines teintes claires qui sont littéralement brûlées, comme sur les vieux projecteurs LCD. On ne le répètera jamais assez, pour les films cantonnez-vous aux réglages les plus doux de l’image, ici le réglage Cinéma. Avec une source RGB, l’expérience sera plus proche d’une pellicule de cinéma que tout écran plat au monde.
Une image naturelle et stable
Car il est vrai que rien ne surpasse la richesse et la fidélité des couleurs produites par un téléviseur comme le KV32FQ70. Le spectre de teintes reproduites est extrêmement large. Les couleurs chair ne virent pas au rouge, rosé ou orangé fourmillant. Le niveau de détails est légèrement inférieur à ce qu’une électronique numérique d’écran plat ou de projecteur est capable de faire ressortir. Les micro-informations visuelles ne ressortent pas avec outrance si la netteté est réglée correctement. C’est un avantage pour la réduction des parasites des images numérique. L’image est donc naturelle mais aussi étonnamment stable, comme flottant parfaitement devant nos yeux, et non pas figée glaciale comme sur les écrans plats. Un aplomb que l’on doit sûrement au circuit spécifiquement développé par Sony. Dans la série des procédés maison, on trouve aussi le châssis numérique Digital Plus 100 Hz, ainsi qu’un réducteur de bruit vidéo ni vraiment efficace ni gênant pour la qualité d’image. Son fonctionnement est 100% automatique: cela vous évitera de l’utiliser à mauvais escient!
Certes, ce produit n’est pas destiné au haut de gamme des téléviseurs 82 cm à tube, mais tout de même, l’image que l’on obtient est par certains points tellement aguichante qu’on aurait aimé retrouver des circuits disponibles dans le moindre vidéoprojecteur à 1 000 euros. Par exemple un désentrelacement d’image performant, ce fameux progressivescan! Au lieu du procédé 100 Hz utilisé ici, affichant des moitiés d’images 100 fois par seconde, on aurait pu bénéficier d’images complètes 50 fois par seconde. La fluidité apparente aurait été amplifiée sur les scènes de mouvement intense, la définition apparente doublée sur la plus part des scènes les plus statiques.
Quitte à ne pas intégrer ce procédé, et pour râler encore un peu, autant avoir intégré une entrée vidéo progressive, offrant un vrai plus à ce produit. Là encore, on aurait pu relier un lecteur DVD en progressif et bénéficier d’une image hyper fluide, la même qui a séduit des dizaines de milliers de possesseurs d’écrans plasma. Ne croyez pas qu’il s’agisse de défauts, ce sont juste des petits manques dont le coût de production n’est finalement pas si important.
Une connectique très riche
Sony a gâté ses clients sur le plan de la connectique en proposant enfin trois prises péritel dont deux RGB entièrement câblées: fini le choix cornélien entre console de jeu ou lecteur DVD branché dans la meilleure qualité qui soit, vous pouvez tout relier en même temps, le magnétoscope trouvant sa petite place sur la troisième prise.
Vous voulez utiliser un système home cinéma pour récupérer le son du programme actuellement diffusé sur le KV32FQ70B? Une sortie audio stéréo est prévue à cet effet. Envie de ne jamais utiliser les haut-parleurs de la télé? Désactivez-les à l’aide d’une très pratique fonction prévue à cet effet. Simple mais gorgé de petites idées intéressantes, les menus se manipulent avec un peu de confusion au début, mais l’on s’y fait rapidement. Les informations affichées à l’écran ne sont pas vraiment sexy mais efficace: du bon Sony, mais les derniers graveurs DVD nous ont habitué à une telle perfection que l’on devient extrêmement exigeant.
La télécommande est une véritable Sony: grise, avec un beau bouton marche/arrêt vert et des touches rondes très douces. La prise en main de ce "zappeur" multifonction (il commande DVD, TV et magnétoscope de la marque) frise la perfection, seules les touches de volume et programme sont placées un peu bas. Et encore, ce choix arbitraire privilégie les commandes DVD et magnétoscope: au final, on aime plutôt bien.
La finition grise tout plastique de l’appareil aurait pu choquer. Mais c’est sans compter le goût des designers japonais pour les teintes crémeuses, douces et légères. Le KV32FQ70B n’a pas l’aspect métallique que propose l’ensemble de la concurrence, mais une douceur nacrée très raffinée qui le fait ressortir nettement du lot. Dommage que cette belle matière soit sensibles aux salissures, voire de simples traces de doigts.
L’esthétique est soignée jusqu’aux enceintes qui prolongent une face avant extrêmement large et arc-boutée. Moyennement puissants, les haut-parleurs manquent comme à l’accoutumée de haut aigu et, c’est plus logique, de graves. Une performance honorable dans les basses fréquences, tout de même, grâce à une charge bass réflex débouchant sur deux minuscules évents à l’arrière de l’écran. Oubliez le mode Virtual Dolby, il n’apporte vraiment pas grand-chose à la reproduction: cantonnez vous au mode dynamique qui procure une acoustique plus palpable, plus riche et des dialogues souvent plus compréhensibles.
Le postérieur de ce gros bébé (75 kilos!) est réellement imposant (près de 60 cm!) et ne trouvera pas sa place dans tous les intérieurs. C’est à vrai dire le seul reproche majeur que l’on puisse adresser à ce téléviseur milieu de gamme de grande taille, que l’on vous recommande d’accompagner de son meuble coordonné afin de former un ensemble stylé, performant et à la page encore pour quelques années. Ne craignez pas qu’écrans plasma et LCD dernier cri transforment ce téléviseur en dinosaure: c’est sans doute la télévision haute définition qui s’en chargera. Et encore, ce n’est pas pour demain.
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