gURuBoOleZZ | Il y a quelque temps, j'avais tenté de nuancer le mode d'expression de l'autonomie des liseuses. Comme toutes les liseuses du marché commercialisées ces dernières années, ma Kobo H2O dispose d'une autonomie exprimée en mois d'utilisation : 2 mois, et le constructeur indique selon les usages. Pas très précis (source). Sur la Kindle Paperwhite en revanche, le fabricant est plus locace : autonomie de six semaines et indique clairement le protocole : « une seule charge de batterie dure jusqu'à six semaines avec la connexion sans fil désactivée et la luminosité réglée sur 10, à raison d'une demi-heure de lecture par jour. L'autonomie de la batterie variera en fonction de l'utilisation de la connexion sans fil » (source). Il est de fait communément admis que l'autonomie exprimée par les fabricants s'appuie sur des périodes de lecture de 30 minutes quotidiennes, Wi-Fi éteint. Pour la luminosité retenue, c'est moins clair, ce qui est dommage car il s'agit d'une fonction qui devrait fortement impacter l'autonomie totale.
On peut aussi rappeler que par le passé, les fabricants exprimaient l'autonomie en nombre de pages tournées. Pocketbook le fait d'ailleurs sur une de ses liseuses phares, la PocketBook TouchLux 3 et indique une autonomie de 8000 pages (source).
L'avantage d'une autonomie exprimée en semaines/mois est qu'il permet de la mesurer en heures de fonctionnement. Trente minutes (½ heure) quotidiennes sur une semaine correspondent logiquement à 3,5 heures (7 × ½). Un mois à 15 heures, et deux à 30 heures. C'est la douche froide, car on passe ainsi d'une autonomie spectaculaire (plusieurs semaines) à une autonomie bien plus commune. On trouve en effet de plus en plus de smartphone qui résistent plus de 15 heures sous des batteries de tests. Un exemple récent ici, avec 18 heures de fonctionnement, sans doute écran allumé, incluant jeux, vidéos, etc…. On trouve également des tablettes dont l'autonomie excède les 15 heures (exemples avec les Lenovo Tab : 18H en 8'' et 15H en 10'' selon les chiffres fabricants).
Autrement dit, en ramenant les chiffres en heures, on ne peut que constater que l'un des principaux atouts d'une liseuse — à savoir son autonomie — a fondu au fil des ans. Les tablettes/smartphones ont sans doute évolué vers plus de sobriété, tandis que les liseuses consomment sans doute plus avec l'éclairage frontal intégré dans les mesures et qui n'existait pas avant 2012.
Pourtant, je soupçonne ce mode de calcul d'être très réducteur. Sans avoir les moyens d'étayer mes dires, je suis convaincu qu'une liseuse consomme du courant durant les 23h30 du protocole constructeur pendant lesquelles l'appareil n'est pas sollicité. Il m'est ainsi déjà arrivé de laisser mes liseuses sur une étagère pendant une période de plusieurs semaines. Liseuse à peu près chargée. Et en retrouvant du temps ou de l'envie de lire, j'ai pu constater à plusieurs reprises que les alertes batterie survenaient très vite après la reprise en mains, ce qui est surprenant et décevant puisque je m'attendais à pouvoir lire tranquillement plusieurs bouquins sans devoir recharger la liseuse. J'ai aussi pu noter le phénomène inverse, à savoir une batterie extrêmement endurante durant les périodes de lectures intenses. Les chiffres sont flous, ou fous, mais en faisant le décompte, j'arrivais à 10 bouquins lus dans leur intégralité entre deux recharges. Ne lisant pas le chrono à la main, et les livres ayant des tailles très variables, le temps de fonctionnement est difficile à estimer, mais il semble improbable qu'il soit inférieur à 50 heures. D'un côté quelques heures de lectures avant recharge, et de l'autre une cinquantaine : sans aucun doute la liseuse consomme durant la veille (et même durant l'extinction totale du dispositif ?). Et plus le temps de veille est important, plus le temps de lecture réelle entre deux charges est faible.
J'en reviens à ma Kobo H2O. Comme toutes les Kobo partagent le même firmware, elles ont toutes une fonction statistique, qui permet entre autres de comptabiliser le nombre d'ouvrages lus et le nombre d'heures passées à la lecture. Je n'avais pas encore pensé à utiliser cette dernière mesure pour chiffrer le temps de lecture effectif entre deux recharges. Cela demande peu d'efforts. Un papier et un stylo ou, dans mon cas, un téléphone prenant en photo chaque jour l'évolution des statistiques enregistrées par la liseuse. Je n'ai pas réalisé un test a proprement parlé : pour cela j'aurais dû être rigoureux dans l'utilisation du rétro-éclairage. Ici, je l'ai éteint en grande partie la journée, l'allumant vers 15…20% lorsque la luminosité déclinait, pour le situer à 10% dans la pénombre. Sur une (mais une seule) des sessions nocturnes, j'ai même désactivé l'éclairage intégré pour lire avec un éclairage externe. Donc mes mesures restent de simples mesures, pas un test protocolaire. Je précise que le Wi-Fi était éteint durant la totalité du test, qu'une carte µSD était intégrée (mes fichiers sont stockés dessus d'ailleurs et lus depuis cette carte), et que la liseuse n'était pas connectée au secteur ou au PC durant la période décrite.
LECTURES, DU 11 MAI AU 21 MAI 2016
DATE % restant Heures totales H consommées % utilisé % utilisé par heure
entre 2 sessions de lecture
11-mai 100,0 % 348,7 heures
12-mai 90,0 % 358,8 heures 10,1 heures -10,0 -1,0 %/h de lecture
12-mai 84,0 % 363,8 heures 5,0 heures -6,0 -1,2 %/h de lecture
13-mai 71,0 % 369,0 heures 5,2 heures -13,0 -2,5 %/h de lecture
14-mai 67,0 % 374,1 heures 5,1 heures -4,0 -0,8 %/h de lecture
14-mai 61,0 % 378,5 heures 4,4 heures -6,0 -1,4 %/h de lecture
15-mai 55,0 % 386,5 heures 8,0 heures -6,0 -0,8 %/h de lecture
16-mai 52,0 % 389,3 heures 2,8 heures -3,0 -1,1 %/h de lecture
17-mai 48,0 % 396,0 heures 6,7 heures -4,0 -0,6 %/h de lecture
17-mai 45,0 % 401,0 heures 5,0 heures -3,0 -0,6 %/h de lecture
19-mai 41,0 % 405,3 heures 4,3 heures -4,0 -0,9 %/h de lecture
19-mai 32,0 % 411,9 heures 6,6 heures -9,0 -1,4 %/h de lecture
20-mai 31,0 % 415,1 heures 3,2 heures -1,0 -0,3 %/h de lecture
21-mai 21,0 % 417,5 heures 2,4 heures -10,0 -4,2 %/h de lecture
21-mai 12,0 % 418,2 heures 0,7 heures -9,0 -12,9 %/h de lecture
21-mai 6,0 % 418,5 heures 0,3 heures -6,0 -20,0 %/h de lecture
69,8 heures -94% -1,3 %/h de lecture
|
Le 11 mai, à 21h12, je prends mon premier cliché d'une liseuse tout juste déconnectée de son chargeur et entame mes premières pages. Et c'est dans la nuit du 20 au 21 mai 2012, à 01h28 que je prends le dernier cliché d'une liseuse peu de temps après une alerte batterie. En somme, c'est une période de 9 jours et 4 heures qu'a enduré la batterie, soient 220 heures de fonctionnement au total. Ces 220 heures sont réparties de la manière suivante :
— 70 heures de temps de lecture
— 150 heures de temps de veille ou navigation dans la bibliothèque
C'est un ratio 1/3 — 2/3, très loin du 1/48 — 47/48 des mesures constructeur. J'ai donc lu en moyenne 7h30/jour. C'est 15× plus longtemps que le temps ISO
Ma batterie se vide en moyenne de -1,3% par heure, mais ces chiffres sont tronqués par la vitesse vertigineuse à laquelle le dernier tiers se vide (vitesse croissante, puisqu'une heure suffit pour épuiser les 20 derniers %). J'ai déjà noté ce phénomène à plusieurs reprises sur ma H2O. Je ne sais pas si c'est spécifique à mon exemplaire, généralisé à toutes les H2O voire toutes les Kobo.
En termes de livres lus, j'en ai avalé dix durant ces neufs jours, et ma liseuse à stoppé à 39% du 11ème. 10 bouquins easy-reading (thriller haletants et polars pour l'essentiel, entre 300 et 500 pages — et quelques autres romans de taille un peu moindre). Pour être vraiment précis, cette masse de 10 livres représentent 988.195 mots (chiffres calculés par le plug-in de Calibre), auxquels il faut ajouter 39% des 90939 du 11ème ouvrage inachevé. Donc un peu plus d'un million de mots On comprendra aisément pourquoi les tests d'autonomie sont si rares ou même totalement absents sur le web !
Ce qu'il faut surtout retenir, c'est le delta entre le temps de lecture obtenu lors de ces longues lectures et celui que l'on calcule sur la base des données constructeurs. Au lieu des 30H théoriques, j'en obtiens plus du double ! Soixante-dix heures de lecture, aucun smartphone ni tablettes ne permettent de s'approcher de chiffres aussi gargantuesques. Cela permet surtout d'utiliser sereinement sa liseuse pendant plusieurs jours de lecture intense. Je soupçonnais de tels chiffres, mais annoncer 70 heures de lecture sans un minimum de précaution, c'était risquer de passer pour un zélateur irresponsable (fanboy donc) d'un modèle de liseuse ou des liseuses en général. Là, j'ai des éléments assez solides pour étayer mes dires
En somme, si quelqu'un sur un forum ou ailleurs annonce 15H à 30H d'autonomie pour les liseuses pour mieux comparer ces chiffres à ceux d'autres dispositifs, vous pourrez citer ce message et mes chiffres qui, bien qu'imparfaits, donnent la mesure de l'autonomie hors norme des liseuses (en tous cas la plupart d'entre elles). Ce qui renforce la difficulté de présenter des chiffres d'autonomie pertinents, tant les usages diffèrent et aboutissent à des valeurs pouvant sans peine aller du simple au triple (et même pire sans trop forcer).
____
Un autre utilisateur a pu présenter des chiffres sur sa Kindle PaperWhite 1er modèle, ici. Je les cite :
Citation :
My KPW1 lasted 13.5 hours with light full blast, almost 48 hours with light level 10 and 49.5 hours with light off. These only count reading time, not the time when the device is put to sleep.
|
Ce qui laisse penser que c'est moins l'allumage ou non de l'éclairage frontal qui est cause de consommation électrique accrue que la puissance dudit éclairage.
EDIT : le numéro du firmware de ma liseuse était le 3.19.5613 (4b76aa47bd). C'est l'avant-dernier, qui date de décembre 2015. Je n'avais pas installé la dernière version, un peu lassé à l'époque des changements mensuels qui corrigeaient un truc pour souvent en bousculer un autre qui fonctionnait jusque là. La version 3.19.5761 a été installée aujourd'hui même.
Je ne l'ai pas précisé, mais le rafraîchissement de l'écran était fixé à 128 pages (modification du firmware), avec utilisation assez fréquente du dictionnaire (vérif de l'étymologie, sens rares…).
J'ajoute que des fichiers au format kepub et non epub ont été utilisés. Cela peut avoir son importance, car les liseuses Kobo ont deux moteurs de rendus différents : le moteur Adobe pour les fichiers ePub, et un moteur maison pour les kepub. Pourquoi une importance pour un test de batterie ? Car le temps nécessaire au changement de page est moindre en kepub. Il aurait quelques différences de rendus en faveur du moteur d'Adobe. Ce qui m'amène à penser que le premier effectue davantage de calculs pour créer une page typographiquement plus correcte, utilisant vraisemblablement plus de cycles du processeur, et consommant de fait plus d'énergie que le moteur kepub. Simple hypothèse, invérifiable à moins de multiplier les tests, et vu la durée d'un seul, je passe la main Message édité par gURuBoOleZZ le 21-05-2016 à 16:14:25
|