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Dernier secret de Polichinelle en date dans l'univers du jeu vidéo, l'annonce officielle de Battlefield 4 par Electronic Arts a enfin eu lieu hier à Stockholm, en Suède, fief du créateur de la série DICE, puis quelques heures plus tard en parallèle à la GDC de San Francisco aux Etats-Unis.
A la surprise générale, il ne s'agit pas d'un jeu de ping-pong mais bel et bien d'un nouveau FPS estampillé guerre moderne, qui nous était dévoilé dans toute sa gloire sur PC. Au programme de cette première présentation du blockbuster potentiel, un coup d'oeil sur une vingtaine de minutes - non jouables - de gameplay, juste le temps d'assister au déroulement du prologue de sa campagne solo.
LE SEUL ROCHER DANS LE DÉSERT
Et la moindre chose que l'on puisse dire, c'est que cette partie solitaire reste fidèle aux ambitions de celles de Battlefield 3 en cherchant à s'imposer comme une nouvelle référence dans le milieu des FPS hollywoodiens. L'action démarre à l'intérieur d'une voiture en compagnie des trois autres soldats de notre escouade pour une discussion qui aurait pu être calme si le véhicule en question n'était pas actuellement retourné et submergé sous plusieurs mètres d'eau et l'un de nos coéquipiers pas coincé sous un siège bloqué. Sans siffler le moindre avertissement, voilà que débarque Omar, ou plutôt son interprète Michael Kenneth Williams, qui hérite du rôle de Irish, l'un des membres de l'escouade Tombstone que l'on suivra dans Battlefield 4. Modélisé de manière relativement convaincante et immédiatement reconnaissable au timbre de sa voix, le larron nous invite à ne pas paniquer alors que notre voiture s'enfonce peu à peu dans les fonds marins. Toujours incapable de s'extirper du véhicule, notre supérieur hiérarchique décide alors de nous tendre son arme et d'ordonner, de manière héroïquement cliché, de faire feu sur le pare-brise pour s'échapper en le laissant à son funeste destin sous-marin. Pan !
Flashback. Propulsé quinze minutes plus tôt dans le temps, nos soldats sont alors en pleine santé et occupés à s'infiltrer discrètement derrière de mystérieuses lignes ennemies. Le présentateur explore un bâtiment abandonné, une école en ruines rendue de manière absolument époustouflante, en vue à la première personne avec le fusil au poing. Il faut toutefois attendre quelques bonnes minutes d'exploration, le temps d'apercevoir des effets de lumière d'un réalisme presque effrayant et une gestion des particules plus poussée que jamais, avant que l'action reprenne le pas sur la promenade. L'ami Irish vient effectivement de se faire repérer plus bas dans la rue et nous demande de le couvrir par les fenêtres de l'école histoire d'éviter de finir en passoire.
S'en suit une scène de combat très classique de tir au pigeon à travers les fenêtres pendant qu'Irish traverse tant bien que mal la populace civile effrayée jusqu'à la sécurité. Le classicisme de la situation n'empêche pas de repérer quelques nouveautés, comme la possibilité d'incliner la lunette de précision de notre fusil d'assaut pour profiter de l'ironsight de l'arme à mi-distance ou des animations faciales et corporelles criantes de réalisme. Comme d'habitude avec la série, c'est aussi l'occasion de faire voler le décor en éclats à chaque tir ou à l'aide de l'habituel tube lance-grenade si apprécié des noobs sur Metro.
WE HAVE TO GO BACK
Notre collègue à peine rapatrié que l'on se retrouve une fois de plus projeté dans le temps, cette fois-ci à un peu plus de dix minutes avant l'accident de voiture. L'escouade Tombstone évolue cette fois-ci dans un décor verdoyant difficilement identifiable avec comme objectif d'atteindre un point d'extraction en hélicoptère sur le toit d'une usine. Comme rien ne se déroule jamais comme prévu dans les jeux vidéo, une voiture ennemie arrivera à dénicher nos protagonistes en chemin avant de les bloquer sous le feu de sa mitrailleuse lourde. C'est l'occasion pour DICE d'illustrer l'une des nouveautés du gameplay de Battlefield 4 : la possibilité de donner des ordres nos camarades en solo comme on pourrait le faire en multi.
Le héros du jeu, un dénommé Recker, peut effectivement marquer les cibles à mitrailler par ses alliés et leur demander d'appliquer un tir de suppression sur une zone pendant qu'il se charge, de manière héroïquement égoïste, de prendre l'ennemi à revers au fusil à pompe. On retrouve quelques marques de fabrique de Battlefield 3 en passant, comme le bon vieux coup de couteau suivi d'un arrachage en règle de dogtags ou encore une I.A. ennemie qui n'a pas l'air d'avoir inventé la poudre. Cette possibilité d'assigner des cibles à nos ouailles s'étend d'ailleurs à d'autres unités de support, comme notre hélico de transport qui pouvait tout à fait se charger de nettoyer un peu l'endroit au minigun, générant au passage une explosion d'une beauté à faire trembler Michael Bay.
Une rencontre imprévue avec un convoi de camions de l'armée d'en face était ensuite l'occasion de sortir un gros lance-grenade ressemblant un peu à un Milkor MGL, histoire de faire le ménage en finesse au milieu des troupes ennemies. Cet écart subtil était l'occasion de faire un nouveau bond dans le temps, à 5 minutes avant l'incident, alors que notre escouade s'efforce de grimper au sommet d'une grande tour en construction pour s'échapper en hélicoptère. Manque de pot, l'ennemi ne manque pas de jouets à hélices et c'est un hélico de combat qui débarque bien vite pour transformer notre porte de sortie, et tout le gratte-ciel, en débris fumants.
Accrochez-vous à votre GeForce, c'était l'instant poudre aux yeux de la présentation : nos héros tentent tant bien que mal d'esquiver l'hélice littéralement partie en vrille de leur transport alors que Recker tombe en glissant sur le dos, l'arme crachant encore le feu à la main, à travers les étages successifs d'une tour en plein écroulement tandis que notre hélicoptère s'écrase avec fracas en fond de plan. Autant ne pas se mentir, il s'agit sans doute de l'une des scènes les plus grotesques et les plus impressionnantes visuellement que l'on ait pu voir à ce jour dans un jeu vidéo. C'est magnifique, vertigineux, ça pète de partout, ça ne rame pas d'un poil (sur un PC sans doute monté par la NASA ceci dit) et c'est un vrai plaisir pour les yeux. Reste maintenant à voir à quel point c'est interactif tout ça...
FASTE ET FURIEUX
Toujours vivants mais pas sortis de l'auberge, l'escouade Tombstone se réveille sur une scène infernale et doit s'enfuir après une petite amputation de fortune sur l'un de ses membres (dans tous les sens du terme). Irish s'occupe pendant ce temps-là de réquisitionner amicalement le véhicule d'un civil naïvement venu à son secours et la joyeuse petite bande se remet littéralement en route. Ultime saut dans le temps et nous voici à seulement 1m38s de la scène initiale. L'hélicoptère ennemi n'étant pas du genre à laisser une proie lui échapper, il décide de prendre notre vieille voiture pourrie en chasse sur une route côtière frappée par des vagues absolument époustouflantes de réalisme une fois de plus. Pas intimidé pour un sou, Recker se penche alors par la portière avec un nouveau lance-grenade, plus proche du M320 cette fois-ci, histoire d'abattre le pilote ennemi dans un moment de bullet time vraiment pas nécessaire.
Une fois encore, tout ceci est vraiment très très beau, mais on s'interroge derechef sur le niveau d'interactivité offert au joueur lors de ces nombreuses phases semi-cinématiques. Le crash de la cible abattue entraîne toutefois notre équipe hors de la route pour finir avec un grand plouf dans l'eau et nous recaler avec la scène qui servait de point de départ, et cette fois-ci de point final, au prologue de Battlefield 4. Vingt minutes qui se chargent d'installer une ambiance, une ambition, des fonctionnalités et une évolution pour notre héros, qui se retrouve propulsé à la tête de Tombstone après la noyade de son supérieur.
La démo est finie mais la présentation se poursuit alors que des membres de l'équipe du jeu montent sur scène pour nous parler de leur bébé. On nous présente déjà la mécanique qui rend tout ça possible, le tout nouveau moteur Frostbite 3 de DICE qui a bien profité de la journée pour nous montrer ce qu'il avait dans le ventre. Les développeurs se veulent taquins et nous annoncent de but en blanc que "le nombre de polygones n'a aucune importance, toucher le joueur émotionnellement se fait en créant des scènes vues uniquement dans un Battlefield". C'est le fer de lance de DICE sur ce nouvel épisode ; importer des éléments venus du multijoueur de la franchise dans son mode solo.
Les joueurs devraient du coup avoir droit à davantage de latitude dans leur évolution en solitaire, avec la présence de véhicules dont l'utilisation sera possible mais rarement forcée, des approches variées et même des zones ouvertes. On avouera ne pas avoir forcément repéré des tonnes de moments compatibles avec ces promesses pendant la démonstration du jeu mais on ne demande qu'à être convaincus. Un ultime coup d'oeil à une bande-annonce sponsorisée par Jay-Z et Rihanna (sans rire) nous permet d'ailleurs d'entrevoir quelques petites scènes inédites, un passage en bateau, des discussions avec d'autres personnages et la mention mystérieuse d'une implication russe et chinoise (sans rire bis) et d'un mystérieux Amiral Chang. Suspense.
UN VOYAGE AU BOUT DES TÉNÈBRES OÙ IL N'Y A QU'UNE DESTINATION
Plutôt terre à terre jusque-là, cette journée de rencontre avec Battlefield 4 pénètre alors dans la quatrième dimension avec trois micro-présentations dédiées respectivement à Frostbite 3, à la scénarisation du jeu solo et enfin à la direction artistique (sans rire double troisième du nom). Si l'on ne demandait qu'à être émerveillé par les promesses de puissance du nouveau moteur de DICE, sa rapide présentation s'est en fait montrée plutôt chiche en détails croustillant et ne se contentait finalement que de l'annoncer comme le nouveau moteur multi-jeux d'Electronic Arts. En voilà une surprise.
La rencontre avec Stefan Strandberg, Game Director sur le solo, est l'occasion de rappeler que le prologue découvert plus tôt n'est qu'une rapide introduction avant "le début de la véritable aventure". Suit alors une tirade aussi hallucinée qu'hallucinante sur les liens émotionnels forts qui nous lieront à notre escouade et la possibilité de jouer comme on le désire. "Nous vous donnons les objectifs, vous les remplissez comme vous voulez" nous promet Stefan Strandberg avant d'insister sur le fait que le joueur sera "au centre du drame" dans Battlefield 4.
Pour finir en beauté, Gustav Tilleby vient nous parler de la direction artistique du jeu en nous dévoilant qu'il s'agit d'une fusion entre "un monde agressif" représenté par des conditions météorologiques violentes et "la beauté d'une publicité pour voiture". Ok. Conclusion de cette séance surréaliste avec l'apparition d'une image du film The Road que l'Art Director du jeu utilise pour nous apprendre qu'il "ne veut pas créer un monde déprimant". Parce que devoir amputer un pote au couteau au milieu d'un champ de bataille, ça met toujours la banane. Ces délires un peu étranges mis à part, cette première rencontre avec Battlefield 4 était l'occasion d'apprendre qu'il s'agirait une fois encore du plus beau jeu du monde et que son solo serait largement amélioré (ce qui, en soit, n'est évidemment pas bien dur).
Le grand et impardonnable mystère concerne une fois de plus la partie multijoueur du jeu. On s'interroge d'ailleurs un peu sur la communication d'Electronic Arts à ce niveau puisque l'éditeur semble parti pour répéter les aberrations de Battlefield 3 : montrer un mode solo magnifique à des joueurs PC qui veulent voir le multijoueur et à des joueurs consoles qui sont quasiment sûrs de ne pas avoir droit au même rendu visuel sur leurs machines. Gageons que l'équipe du jeu rattrapera le coup d'ici la sortie, que l'on a encore largement le temps de voir venir. Le jeu est prévu cet automne sur PC, PS3, Xbox 360 et certainement consoles next-gen.
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