Bonjour à toutes et tous.
 
J'ouvre ce post car je suis un peu perdu...
Mon fils de 15 ans souhaite pour la suite de ses études intégrer l'ENM (Ecole Nationale de la Magistrature). Vous me direz peut être qu'il est un peu jeune pour penser à ça, mais c'est une idée fixe depuis ses 12 ans, et plus le temps passe, plus sa motivation augmente. Je doute donc fortement que ça change dans les années qui viennent ;-)
Il est actuellement en seconde, va passer et obtenir un bac ES (sauf "accident" de la vie...), mais que faire après ???
 
Je me suis un peu renseigné avec lui, mais il me semble qu'il n'y a pas UN chemin spécifique pour intégrer cette école, mais plusieurs.
Depuis sa 6ème, il suit des cours d'allemand en plus de l'anglais, et il aime beaucoup cette langue.
 
Depuis quelques jours, il se renseigne sur un cursus BERMUPA qui permet l'obtention d'un double master en droit français et allemand. Le "problème", c'est qu'il me semble que cette formation ne prépare pas spécialement à l'entrée de l'ENM. En revanche un de ses avantages certain à mes yeux, c'est le fait de vivre quelques années en allemagne. Pour avoir personnellement vécu quelques mois aux états unis durant mes études, je sais que ce genre d'expérience fait grandir très vite et aide beaucoup à l'ouverture d'esprit !
 
Certain(e)s d'entre vous ici sont ils/elles en mesure de nous conseiller ou au moins de nous donner un avis sur le BERMUPA et/ou l'ENM ?
 
Merci par avance !

Un peu jeune pour se faire des DVDs sur l'ENM ...  
 
Petit reality check : vérifiez les niveaux de sélectivité au concours ... pourquoi va t il en ES ? Comment est il classé dans sa classe ?

http://www.enm.justice.fr/sites/de [...] o_2015.pdf
 
Cadeau

Merci pour le lien.
Concernant le reality check :  
 
- pourquoi ES ? Parce que les maths et les sciences ne sont pas sa tasse de thé malgré de bonnes moyennes. Il s'intéresse beaucoup à la sociologie, à l'histoire, au droit, au monde économique et politique, ..., ... donc la filière ES semblait celle lui correspondant le mieux d'après nous et les différentes personnes avec qui il a évoqué son orientation au sein du collège.
 
- Concernant son classement dans sa classe, après 12 trimestres de collège, il a eu 12 fois les félicitations du conseil de classe car 12x une moyenne > 16/20 et surtout une participation ultra active dans toutes les matières. Son début de seconde est dans la même lignée.
Même si j'ai bien conscience qu'il est encore très jeune pour envisager cette formation, je pense qu'il sera très difficile de l'en dissuader... Et ce n'est d'ailleurs pas mon but. Beaucoup de jeunes n'ont aucune idée de ce qu'ils souhaitent faire post-bac, je ne vais pas me plaindre d'avoir un enfant qui a une idée bien précise de qu'il veut. Même si ça peut conduire à une désillusion, j'en suis bien conscient. Et lui aussi.
 
Je vais de ce pas lire ce .pdf et je reviendrai ici poser des questions si j'en ai. Et si quelqu'un passe par là avec des commentaires à faire sur ce parcours, je suis tout ouïe  

OK, n'oubliez pas en revanche que la filière ES c'est souvent ceux qui ne sont ni assez bons en maths pour faire S ni assez bons en français pour faire L ...  
 
Quel type de collège ? Plutôt "lambda" ou plutôt H4/LLG ?

Bonjour,
Il faut mieux être à Paris pour tenter l'ENM.
Science Po / Prépa IEJ Paris II ou Paris 1 (surtout P2 pour le coup) -> ce qui trust une bonne partie des admis à l'ENM.
 
Les classes préparatoires à l'ENM ne sont pas si efficaces que cela.
 
Il faut savoir que c'est quand même un concours assez sélectif, donc mieux faut se prévoir une sortie de secours.
 
Ensuite concernant le BERMUPA (je pense que vous parlez du double diplome d'ASSAS), cette formation ne prépare en effet pas  vraiment à l'entrée de l'ENM, voir peut être un handicap puisque l'étudiant de cette formation aura a passer 1 ou 2 ans en Allemagne pour y étudier le droit allemand, qui n'est pas vraiment au programme du concours
 

Ou alors, ceux pas assez bon en math pour faire S, mais encore avec un peu de respect de soi même pour pas faire L  

J'ai beaucoup de respect pour mes anciennes camarades de 2nde qui ont fait L, qui ont striké des prix au concours général de latin / grec et qui sont normaliennes agrégées de philo

Par contre oui ... les L punkachiens qui bloquent le lycée avec des poubelles à chaque fois qu'un déliquant rom est interpelé ...

 
Ne pas être assez bon en maths pour faire S et ne pas être assez bon en français pour faire L, ça veut aussi dire être assez bon dans le reste pour faire et réussir ES    
D'après le profil de la promo 2015, la proportion de titulaires d'un bac S est identique à celle des titulaires d'un bac ES : 40%. Ce n'est donc a priori pas un handicap du tout.
 
Concernant son collège, il s'agit en effet d'un collège lambda, sans critères particuliers et avec une population "normale".
 

 
Nous sommes de région parisienne, donc ça tombe bien.
Il m'a en effet déjà parlé de l'IEJ Paris II, mais je ne me suis pas penché plus avant sur ce point car c'est encore un peu loin quand même tout ça ;-) Disons que je me contente de suivre tout ça de + ou - près pour l'accompagner au mieux. J'ai notamment insisté sur l'histoire de la sortie de secours au cas où !
 
Pour le reste, je parlais bien du double diplôme d'ASSAS. Et nous étions arrivés à cette même conclusion : en plus de ne pas aider directement à l'entrée à l'ENM ça peut même devenir un handicap à cause du temps passé à étudier le droit allemand, en Allemagne de préférence. Même si d'un point de vue plus global, cette expérience doit être super et très enrichissante...
 
Merci à vous 2. Je file continuer ma lecture ;-)

Non je déconne, en réalité chacun sa voie. Pour ma part, j'ai pas fait S pas pour le niveau des maths (j'avais toujours entre 17 et 20 de moyenne en math) mais tout simplement parce que l'économie m'intéressait plus que les sciences "dures". Avec le recul, j'aurai certainement pas choisi cette voie, mais ce qui est fait est fait.
J'admire aussi ceux qui faisaient L et qui avaient une vraie appétence pour la langue française, c'est toujours impressionnant de voir quelqu'un qui a un vrai niveau/culture en littérature.

Sans aucun doute, cela doit être une expérience assez enrichissante. Je vous redirige vers le topic du forum d'ASSAS sur le sujet, pour pouvoir lire ce que disent les anciens de la formation à ce sujet :
http://www.assas.net/forum/topic/4 [...] e-bermupa/

Ensuite, si vous êtes en région Parisienne, votre fils part déjà avec un avantage par rapport à ceux qui ne le sont pas (même si ce n'est pas totalement si fermé que cela, il me semble que l'IEJ de Bordeaux se débrouille pas mal en terme d'admis).

Mon conseil en réalité serait juste qu'il ne fasse pas de l'admission à l'ENM son unique objectif, c'est trop "aléatoire" pour que ça en vaille le coup malheureusement. Par exemple, exit les M2 "carrières judiciaires" ou je ne sais quoi, qui seront totalement inutiles si il n'est pas admis. C'est déjà mieux qu'il vise le M2 droit privé général de Paris 2 par exemple. 8 heures de cours par semaine, cela permet de se concentrer sur le concours de l'ENM, et si cela échoue, le M2 est assez bien vu pour qu'il enchaîne derrière sur un autre M2 professionnalisant de bonne qualité et donc qu'il ne compromette pas son entrée sur le marché du travail.

Comme pour tout concours sélectif, il existe bien sûr des voies préférables a d'autres (en l'occurrence, le droit semble bien indiqué, mais pas seulement ...). Mais au-delà des spécialités, il faut penser en termes de niveau de la formation, ce qui généralement signifie regarder la sélectivité des programmes/écoles visés. Pour l'ENM, il est attendu une bonne capacité d'analyse, des compétences rédactionnelles, de l'esprit critique (savoir problématiser) ... et peut être en dernier lieu, une bonne maitrise du droit. Je dirai qu'ils est facile d'apprendre le droit une fois les capacités ci-avant acquises : on voit chaque année de nombreux étudiants non juristes réussir l'ENM. Il faut viser les parcours suivants, en fonction du niveau de votre fils et des disciplines qu'il préfère.  
 
1. Hypokhâgne/Khâgne (A/L a priori dans son cas, s'il n'aime pas les maths) puis ENS. En intégrant l'ENS Ulm, il est possible de reprendre des études droit sans perdre d'années : ce parcours est sans doute le plus élitiste, mais c'est aussi l'assurance de réussir. Il faut que votre fils soit tres littéraire, et qu'il ait un bon niveau en latin/grec de préférence.  
 
2. Sciences Po Paris. C'est de là que viennent la majorité des admis, ou tout du moins, le ratio admis/candidats pour les étudiants de Sciences Po est excellent. Pour plus d'informations, il suffit de taper "sciences po enm" sur Google.  
 
3. Classe préparatoire D1, puis ENS Rennes en droit. S'il ne réussit pas l'ENS, il aura des équivalences en droit a la fac, et tres certainement un meilleur niveau que s'il était passé uniquement par l'université.
 
4. IEP de province, de préférence Aix. La formation en droit n'y est pas excellente, mais a condition de se forcer à bien bosser les matières juridiques, il me semble que le concours de l'ENM reste tres accessible pour ce type de profil.  
 
5. Voie universitaire, puis IEJ. Compte tenu du niveau en fac de droit aujourd'hui, difficile d'être sûr qu'il parviendra a sortir son épingle du jeu. Il faut être discipliné pour réussir en passant par la fac, quand on voit le nombre d'étudiants qui entrent en droit chaque année. A mon sens, envisager de se contenter du droit pour rejoindre l'ENM, c'est un peu se tirer une balle dans le pied avant de courir un marathon ...  
 
 
Surtout, qu'il ne dramatise pas. Le concours de l'ENM est beaucoup plus accessible aujourd'hui qu'il ne l'était il y a quelques années. Il y a des chances que cela continue ainsi à l'avenir.

Bonjour à toutes et tous.
 
Merci Sandrine pour cette réponse très détaillée.
 
L'idée d'Hypokhâgne/Khâgne ne me branche pas trop car j'ai souvenir que ma soeur a suivi ce parcours, et ça m'avait l'air super galère... Vu avec mes yeux de branleur de l'époque...
 
Pour le reste, je vais regarder ça avec lui et on va en discuter.
 
Merci encore

L'ENM est un objectif lointain, parlez surtout de ses motivations concrètes et a court/moyen terme ensemble. A court terme, la question principale est : que souhaite-t-il développer ? Un bon juriste (et au final, un bon juge) est avant tout un esprit bien formé, quelle que soit la discipline. On le voit d'ailleurs a tous les niveaux : à l'ENM, dans les masters droit des affaires P1/P2, dans l'ensemble des concours publics en général ... on voit une part importante de non juristes/juristes sur le tard passés par les grandes écoles / grandes prépas, d'une façon ou d'une autre.

Il me semblait bon de vous le rappeler, car cela ne parait pas toujours évident a priori (et en France particulièrement, on a tendance a voir le droit plus complexe qu'il ne l'est ... alors que les reflexes et connaissances juridiques acquièrent bien rapidement).

Pour la classe préparatoire, chacun a son vécu. On peut tres bien la vivre, comme très mal, et cela dépend sans doute des personnes. Si votre fils fait son HK dans un grand lycée, sachez qu'il est aussi possible d'obtenir dans équivalences en L2 de droit, parfois après juste une année d'HK (ça a été mon cas), parfois après HK/KH. En cas d'échec a l'ENS/incompatibilité entre les classes préparatoires littéraires et votre fils, ce peut être une porte de sortie rassurante.