Zone d'éxclusion de Chernobyl et Kiev
3 potes photographes d'urbex voulaient se rendre dans la zone depuis pas mal de temps.
Avec la série, le nombre de touristes, et donc d’agences, à augmenter, ce qui a fait baisser les prix.
On est parti à 4 fin octobre, en tour privé, de 5 jours / 4 nuits : un guide (francophone), un chauffeur, un gros van Mercedes et une liberté totale dans la zone d'exclusion !
Depuis 2012, il n'est plus possible de rentrer dans les bâtiments de Prypiat, pas un problème pour notre guide. Quelques zones sont également interdites, des "points chauds" de radioactivité sont toujours présents, toujours pas un problème pour notre guide.
Il nous a permis de nous rendre à peu près partout, tout en étant vigilant par rapport aux nombreux dangers que présentent la zone.
Concernant la radioactivité, dès l'arrivée dans la zone d'exclusion, un dosimètre électronique nous est remis, pour toute la durée du séjour.
Le taux normal de radioactivité tourne entre 0,15 et 0,30 µSv/s. Le dosimètre est réglé pour sonner à partir de 3,30 µSv/s, donc dès qu'on l'entend, faut pas trainer dans le coin
Le tour, tout inclus, de la prise en charge à Kiev le 1er jour, la pension complète, l'hôtel et jusqu'au retour à Kiev le 5ème jour nous est revenu à 900€ par personne, plus un supplément de 150€ pour visiter la centrale.
Les vols vers Kiev se trouvent facilement aux alentours de 150€.
La vie sur place est vraiment pas chère.
Jour 1
Notre chauffeur et le guide sont à l'heure à l'hôtel, départ à 8h00 vers la zone d'exclusion.
La route traverse la campagne ukrainienne, et après un bon 2h, on arrive enfin au 1er checkpoint, celui des 30km.
Quelques magasins de souvenirs / bouffes, des militaires qui contrôlent nos passeports et nos autorisations d'entrée.
Pas mal de bus sont présents, 800 personnes étaient déclarées pour se rendre dans la zone ce jour, ça dépasse aisément les 1500 en weekend ou l'été.
Quelques kilomètres sur la route principale qui mène à la ville de Chernobyl et on bifurque sur une route non entretenue pour nous rendre dans un 1er village abandonné. Rien de bien intéressant, quelques maisons et fermes, toutes complètement vidées.
On repart vers un camps de vacances, idem, quelques restes sympa, mais sans plus.
A notre demande, on se dirige vers un des nombreux cimetières de véhicules, ayant servis au déblaiement et à l'évacuation après l'explosion. Le lieu est interdit car 2 engins militaires sont encore fortement radioactifs, le guide passe le dosimètre proche de la chenille, les 100 µSv/s sont largement dépassés. A 1m, le taux de radiation dépasse à peine les 0,30 µSv/s.
Après cette première rencontre avec la radioactivité, on se dirige vers la ville de Chernobyl.
C'est ici qu'on logera pour les 4 nuits.
L'hôtel est très basique, c'est un ancien immeuble d'habitation, 3 chambres, 2 douches, 1 WC dans un appart. Une salle commune et un mini magasin sont dispos au RDC, rien de plus.
Pour terminer cette journée, on se rend vers le radar Duga.
On rentre dans la zone des 10km, encore un checkpoint, uniquement des militaires, plus ou moins sympas selon les jours.
Nous avons le temps, on peut donc visiter tous les bâtiments militaires aux alentours, salle de contrôle, systèmes électrique, informatique, garages des véhicules, ... On reviendra le dernier jour pour la partie civile.
Retour vers Chernobyl, on passe le contrôle de radioactivité obligatoire à la sortie de la zone des 10km.
Le diner se fait tous les soirs dans un autre hôtel de la ville, dans une salle commune avec les autres touristes. Il est également ouvert aux habitants. Ils sont environ 500 à y résider à l'année, et travaillent à la centrale, à la sécurité de la zone, à l'entretien des routes et ponts.
Quelques magasins sont aussi présents, bières et vodka sont à peine plus chers qu'à Kiev
Jour 2
Visite de la centrale prévue à 11h, on fera quelques stops sur la route, un village avec quelques engins agricoles et une crèche.
Après quelques minutes de route, on découvre enfin la centrale et son sarcophage.
La visite de la centrale mériterait un post à elle seule, je ne vais pas rentrer dans les détails.
On est une bonne dizaine, c'est un guide anglophone de la centrale qui nous fait visiter.
On démarre par le bunker, là où la situation été suivie après l'explosion.
De retour à la surface, des équipements de protection nous sont fournis, et on arrive dans le Golden Corridor, qui relie les 4 réacteurs.
Visite d'une salle de contrôle encore en activité, les infrastructures électriques de la centrale sont toujours utilisées pour alimenter la zone en courant.
Visite des salles de contrôle du réacteur 1, la salle informatique, et la salle de contrôle du réacteur 3, identique à celle du 4, celui qui a explosé.
Le guide nous indique de porter masque et gants, et on rentre dans le réacteur 3. On se dirige jusqu'au monument rendant hommage au 1er mort de l'explosion, son corps et le réacteur 4 sont à quelques mètres derrière l'énorme mur en bouton. Les dosimètres sonnent dans tous les sens. On y reste quelques minutes.
Après un passage au contrôle de radiation, direction la cantine de la centrale pour déjeuner, et tour en bus pour se rendre au plus près du sarcophage. Un film nous expliquant ce qui est prévu pour les années à venir est diffusé, ils sont bien conscients qu'aucune solution existe actuellement
Après plus de 4h de visite, on quitte la centrale et retrouve notre guide.
Passage à proximité du chantier des réacteurs 5 et 6, pour se rendre à une tour de refroidissement en construction. Ici aussi le lieu est interdit, beaucoup de radioactivité au sol.
Après une dizaine de minutes sur place, on repart vers un centre étudiant la faune lorsque la centrale était en activité, à part quelques poissons dans le formol, rien d'exceptionnel.
Passage devant le monument indiquant l'entrée de la ville de Prypiat.
Direction un ancien port, où 3 grues sont encore présentes, le soleil tombe, la lumière devient superbe.
Sur le retour vers l'hôtel, on croise un des nombreux chevaux sauvage peuplant la zone.
Coucher de soleil depuis un pont, l'ambiance est unique, pas un bruit, le silence absolu, sensation de fin du monde
Jour 3
On consacre toute la journée à la visite de Prypiat, ville de 50000 habitants totalement évacuée à la suite de l'explosion. Elle a été fondée en 1970 et était très moderne pour l'époque.
Pas de maison, uniquement des immeubles, cinéma, supermarchés, salles de spectacles, …
C'est le coin le plus fréquentée de la zone, mais encore une fois, comme on peut y consacrer une journée complète, on arrive à éviter les autres groupes.
Le matin on explore les différents quartiers, des magasins de musique, d’électroménager, supermarchés, ...
La plupart des bâtiments sont vides, tout a été pillé à la chute de l'URSS. Les Ukrainiens, livrés à eux-mêmes, n'ont pas hésité à se rendre dans la zone et récupérer tout ce qui pouvait avoir de la valeur.
Retour à la cantine de la centrale pour le déjeuner, et les choses sérieuses ont enfin commencés !
On démarre par l'hôpital de Prypiat, où sont toujours stockés au sous-sol les vêtements radioactifs des premiers intervenants. On n'y met pas un pieds, bien trop dangereux. Dans l'entrée se trouve un bout de tissu d'un uniforme de pompier, plusieurs centaines de µSv/s, on évite de s'en approcher
Au 1ère étage, la maternité, beaucoup d'affiches, ustensiles, et le bloc toujours présent.
On va au 4ème, l'étage de la chirurgie, où sont arrivés les pompiers blessés lors de leur intervention. Encore quelques bandages fortement radioactifs, on ne traîne pas dans le coin.
Quelques autres bâtiments avec plus ou moins d’intérêts, et on arrive au parc d'attractions. Beaucoup de monde, difficile de faire des photos, pas grave, on repassera en fin d'après-midi.
On continue vers la piscine.
Et l'école, où se trouve des centaines de masque à gaz pour enfant, ils n'intéressaient pas les pilleurs.
Notre guide nous propose de monter sur le toit d'un immeuble de 16 étages, évidemment, on y va !
La ville se vide des touristes, on est parmi les derniers sur place, on retourne donc vers le parc et sa célèbre grande roue, plus personne aux alentours
Dernier passage par un commissariat de police et sa prison, et on retourne à l'hôtel.
Jour 4
Comme tous les jours, réveil sous le brouillard, sauf que ce jour là, il ne s'est jamais levé.
Direction 2 villages au nord de la zone, proche de la frontière biélorusse. Plus d'une heure sur une route défoncée, bien content d'arriver !
On démarre par un cimetière, où les familles des défunts ont le droit de s'y rendre une fois par an.
On passe par une exploitation agricole, pas mal d'engins et de belles constructions.
Une église, comme pour le cimetière, des cérémonies ont lieu quelques fois dans l’année.
Et une école.
De retour à Chernobyl, on fait un dernier stop par les bateaux abandonnés, qu'on ne peut malheureusement pas approcher.
Jour 5
Pour notre dernier jour, on retourne à Duga pour explorer la partie civile, non visitée le 1er jour.
Toujours beaucoup de brouillard, le radar est invisible.
On retrouve toutes les installations d'une petite ville, un cinéma.
Une salle de sport.
Comme à Prypiat, uniquement des immeubles.
Retour à Chernobyl pour déjeuner, envoyer des cartes postales, et on reprend la route vers Kiev, pour y arriver vers 17h.
Kiev
On en a profité pour visiter Kiev, du vendredi soir au dimanche après-midi. Énorme appart loué via Aibnb, très bien placé, pour une vingtaines d'euros la nuit par personne.
On sent le passé de l'URSS, mais la ville est jeune, dynamique, les ukrainiens aiment bien boire et bien manger.
Excellentes craftbeer chez Varvar, resto ukrainien chez Pervak, géorgien au Mama Manana et petit déj merveilleux au Milk Bar.
Le métro coûte rien, le Uber également et comme la ville est vaste, ça tombe bien !
Comme les précédents jours, le brouillard a du mal à se lever, la visite de Kiev se fera sous la grisaille
Métro vers Laure des Grottes, un important monastère orthodoxe, on descend à la station Arsenal, la plus profonde du monde.
80 UAH l'entrée (moins de 3€), le site est gigantesque, des églises partout, le réfectoire, et aussi un réseau sous-terrain de 800m où sont présents des moines momifiés. Faut pas être claustro, les moines sont couverts, donc on voit rien
La Bell Tower offre une belle vue.
La sobriété de l'intérieur des églises orthodoxes
Pas loin de là se trouve une zone avec musées, engins militaires et la statue de la Mère Patrie.
Uber pour rejoindre le vieux Kiev, on alterne entre bonnes bières et visites.
Le monastère Saint-Michel-au-Dôme-d'Or.
Et la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev, classée à l'UNESCO.
Soirée dans les bars et resto, dimanche matin glande et retour en France dans l'après-midi.
Bilan
Certainement un séjour qui me marquera longtemps, on entend tellement de choses sur cette zone, je suis content d'avoir pu la voir par moi-même.
La radioactivité est vraiment vicieuse, on ne la voit pas, la sent pas, mais le dosimètre nous rappelle qu'elle est bien présente.
A côté de ça, j'ai rarement vu une nature aussi épanouie, un endroit aussi calme et paisible. L'Homme a détruit la zone, s'en est allé, et la nature reprend ses droits.
La visite à la journée ne présente aucun intérêt pour moi, on aperçoit la centrale, visite rapide de Prypiat et Duga, et on repart. 2 jours semblent un minimum, la nuit dans la zone est aussi une expérience, un ciel sans aucune pollution lumineuse, un calme absolu.
Concernant les dangers liés à la radioactivité, oui, on s’en prend bien plus qu’en temps normal, mais pas suffisamment pour que ça présente un réel danger sur la santé. La dose légale en France est de 1 mSv / an, on n’était même pas à 0,2 mSv en 5 jours. On en reparle dans 15 ans
La galerie photo complète arrivera dans quelques mois, j’ai pas mal de retard
---------------
www.adrieng.com