Allez hop, retour hier de Mongolie, voici un compte-rendu!
3 semaines en Mongolie en août
Pourquoi la Mongolie ?
Pour les grands espaces, le retour à une vie simple et un changement culturel total.
Pourquoi en cette saison ?
Parce que c’est le plus simple pour nous et que ça colle pas trop mal pour le pays. Les meilleurs mois sont juin et juillet (mais beaucoup de monde en juillet). Aout reste OK, même si ça peut commencer rafraichir à la fin du mois dans certaines zones du pays.
Quel budget ?
Assez élevé compte-tenu des prestations. Il est en fait très difficile de voyager en « indépendant » en Mongolie, car rien n’est vraiment prévu niveau infrastructures. Les routes sont bien pourries, il y a très peu de villes (24 dans tout le pays, grand comme 3 fois la France), ni même de village. Du coup, avec les risques de panne mécanique, partir seul est assez compliqué, sans compter la communication avec les locaux qui ne parlent pour la plupart pas du tout l’anglais.
De nombreuses agences organisent des circuits, en groupe ou privé, avec chauffeur et guide. Les prix sont extrêmement variables en fonction des « conditions » (nuit en yourte d’hôte ou en camp touristique, guide anglophone/francophone, groupe ou circuit privé, etc…)
Pour donner un ordre d'idée, pour notre excursion principale :
- billets d'avion : pas moins de 1200euros, avec en plus une compagnie pourrie (Aéroflot).
- 2 semaines de circuit : 1500euros/personne environ, tout compris (logement, bouffe, chauffeur, guide…)
- petits extras sur place : 100-150euros maxi
- souvenirs : pas grand-chose à rapporter : de la vodka, évidement, du cachemire pour les amateurs (excellente qualité, prix 2 fois plus faibles qu’en France)
Pour qui ?
En solo, en couple, entre amis… Pas de limite.
A éviter pour : les gens allergiques à la voiture (on roule beaucoup), ceux qui ont mal au dos (voiture + nuit sur des lits extra durs), les amoureux du confort (pas de douches, pas de toilettes…)
Qu’est-ce qu’on y fait ?
On y va essentiellement pour profiter des paysages et essayer de vivre comme une vraie famille mongole.
La vie s’organise autour de la yourte, habitat nomade relativement confortable, même si spartiate.
A chaque arrivée dans une nouvelle famille, l’accueil traditionnel consiste à s’installer dans la yourte pour déguster soit un bol de thé au lait salé, soit gouter l’airak, le lait de jument fermenté, en grignotant un gâteau sec ou bien un bout de fromage séché. Les journées sont assez paisibles, rythmées par les « travaux agricoles » : traites des yaks, des chèvres ou des juments, rassemblement des troupeaux, préparation des repas… La nuit, on dort dans des yourtes d’hôtes : yourte jouxtant la yourte de la famille avec 5 ou 6 lits autours d’un poêle.
Le confort est sommaire (lits faits de planches de bois, pas de douches, les toilettes consistent en un trou creusé un peu à l’écart des yourtes surmontés de 2 planches de bois un peu écartées, et entouré par 3 panneaux pour un peu d’intimité).
L’alimentation nous faisait très peur, mais finalement on mange plutôt bien, même si assez peu varié :
- Buuz : des raviolis farcis au mouton cuits à la vapeur
- Kuushuur : beignets de moutons frits dans l’huile
- Tsuivan : pates mongoles au mouton et aux légumes
- Ragout de mouton
- Soupe au mouton, plus ou moins agrémentée de riz, de pates et de légumes.
Bref, du mouton, du mouton et encore du mouton. Selon la saison, on peut également gouter les produits laitiers, plus ou moins bons : yaourts de lait de yak ou de chèvre, fromage séché, yaourt séché…
Les différentes étapes que nous avons faites
Bat-Ulzii
On n’y aura passé qu’une nuit pour faire étape jusqu’à la vallée d’Orkon et éviter de se taper 10h de route le 1er jour. Le cadre est sympa, avec des mini dunes de sable en fond. Pas grand-chose à faire, à part se balader dans le coin pour admirer les paysages, et aider à la vie quotidienne. On y aura fait nos premiers buzz, avec un pliage encore approximatif, et découvert la vie sous une yourte.
Vallée d’Orkhon
A 8-10h de route d’Oulan-Bator, un parc protégé dans un cadre idyllique. Nous y avons passé 2 nuits à l’aller, 2 nuits au retour.
Les yourtes sont dispersées le long de la rivière, les grandes plaines et les collines en fond de carte postale.
La proximité de la rivière est un réel atout pour les communautés nomades qui vivent dans le coin, mais aussi pour les touristes : c’est le seul endroit où on a pu prendre une douche mongole. Eau de la rivière mise à chauffer sur le poêle, puis retransvasée dans des bidons qu’on se verse sur la tête.
Ce qu’on y a fait :
- Une jolie cascade sur le chemin appelée Khürkhree : possibilité de descendre dans le fond de la gorge et de se baigner (c’est frais, mais un des endroits où l’eau est la plus chaude).
- Un barbecue mongol : organisé par notre guide pendant le trajet. Elle a appelé la famille qui nous a dit que le mouton coutait 150 000 tugrik (environ 50euros). Banco. Le temps qu’on arrive, ils ont tué le mouton, l’ont préparé pour pouvoir le cuire à notre arrivée : tous les morceaux sont mis dans un grand récipient avec des légumes et des pierres brulantes, le tout est fermé hermétiquement et remis à cuire dans le feu. Original.
- S’occuper des yaks : la nuit, les bébés yaks sont attachés pour éviter qu’ils ne tètent et pour pouvoir collecter assez de lait le matin. Le soir, il faut donc réussir à les attraper pour ensuite aller les attacher. Un grand moment de rigolade.
Le matin, c’est la traite : on laisse chaque petit retrouver sa mère, téter 30sec pour déclencher la lactation, et ensuite il faut le rattacher à nouveau et traire la mère. Pas simple.
- La pêche : un autre guide qui logeait au même endroit nous avait parlé d’un petit coin à pêche « pas loin ». Ni une, ni 2 ? on prépare le matos, on s’entasse à 11 dans le 4x4, et nous voilà partis. Bon, le « pas loin » était en fait 45mn de piste, on a un peu souffert à 4 dans le coffre. La rivière est poissonneuse et fraîche (je me suis même baignée ! c’était glacé ). 4 poissons pêchés plus tard, on est rentré pour les préparer en friture.
- La collecte du bois ; le principe de notre voyage était un voyage solidaire. Collecter puis transporter du bois (présent en abondance dans ce coin) jusqu’au désert de Gobi où ils en manquent cruellement, puis remonter du sel qu’on trouve facilement là-bas dans ce coin là où ils n’en ont pas du tout alors que leurs bêtes en ont besoin. Après une courte balade en camion jusqu’à la foret, 2-3h de collecte dans les bois ont permis de remplir la benne du camion. Le camion fera ensuite le même trajet que nous jusqu’au désert de Gobi
- Balade à cheval : 1h30 de balade sur les chevaux mongols. Ces derniers sont petits et trapus et moyennement dressés. Pour avancer, il faut crier « tchou tchou ». Pour s’arreter, on n’a pas trouvé (surtout un des membres de notre groupe dont le cheval est parti comme une furie, lui accroché comme il pouvait à la selle en essayant de l’arrêter). Vraiment un truc à faire, même pour ceux qui n’ont jamais fait d’équitation : le galop dans la steppe, c’est magique !
Les éleveurs de chevaux à Khairkhan dulaan
Nous y avons passé une nuit à l’aller et un repas de midi au retour.
Un petit groupe de yourtes au milieu des collines, du vide à perte de vue et des troupeaux disséminés partout dans la plaine.
A voir : la particularité locale est une technique spécifique pour attraper les chevaux (la plupart sont « sauvages », seuls quelques-uns ont été dressés pour pouvoir monter). Pour ceux qui sont à pied, une sorte de lasso assez classique. Pour les cavaliers, une grande perche en bois avec une lanière à l’extrémité ; il faut ensuite partir au grand galop en poursuivant l’animal visé jusqu’à pouvoir lui passer la corde au cou. Ensuite, il ne reste plus qu’à s’arrêter.
Arvaikheer
Une petite ville pas très loin de Karakorum, utile pour se ravitailler en eau potable, prendre une douche à l’hôtel et donner quelques nouvelles par wifi.
A voir/à faire :
- Les « zones commerciales » : de vieux bâtiments qui contiennent en fait plusieurs petites boutiques indépendantes. La plupart vendent des textiles de mauvaise qualité. Quelques boutiques intéressantes (boutique vendant des dels, les manteaux traditionnels que portent tous les mongols ; boutiques vendant des petites fioles de tabac à priser traditionnel).
- Un karaoké. Les mongols sont fanas de karaoké. Du coup on trouve des établissements partout. Celui qu’on a fait ne proposait que 2 chansons en français (« Voyage voyage » et « Je ne regrette rien » d’Edith Piaf ), mais on s’est bien marré, et on a découvert les talents de chanteurs de nos chauffeurs
- Un petit tour en boite de nuit : dans le prolongement de la soirée karaoké, on a découvert la boite locale, l’Alpha. Une vraie discothèque, où se mélangent allègrement jeunes mongoles en minijupes et mongols en tenue traditionnels en train de se déhancher sur de la musique plus ou moins actuelle. Mais attention, à minuit pile, ça ferme, et l’heure, c’est l’heure : en plein milieu d’une chanson, ça s’est coupé net, avec lumières rallumées, et tout le monde dégage.
Falaises d’Uush
Pas mal de choses à faire dans ce coin-là, on y aura passé une nuit à l’aller et une au retour. Les paysages commencent à changer imperceptiblement : moins verts, plus rocailleux, quelques chameaux en plus des yaks et des moutons...
A voir :
- Les falaises d’Uush : Cette petite pépite ne semble pas connue des guides touristiques, mais vaut le détour. Un paysage lunaire de collines, dunes et petites montagnes de toutes les couleurs. Fabuleux.
- La confection du feutre. On a eu de la chance, la famille chez qui on logeait était en pleine confection du feutre quand on est arrivé. La laine en vrac est déposée en couche assez épaisse sur une bâche en plastique, puis arrosée, et enroulée très serrée autours d’un gros morceau de bois. Le tout est ensuite ficelé comme un gros rôti, puis attaché à une voiture qui trimballe l’ensemble sur plusieurs kilomètres, avant de mettre le tout à sécher au soleil sur plusieurs jours.
- Dans le coin (mais où exactement ?), il y a également une espèce de désert de pierres, dont certaines présentent des gravures datant de l’âge de bronzes : des cerfs, des loups et d’autres animaux gravés sur certaines pierres disséminées au milieu des collines.
- Idem pour une petite grotte en haut d’une petite montagne. La grotte en elle-même ne casse pas 3 pattes à un canard, par contre la vue en haut de la petite montagne sur la plaine en contrebas est juste incroyable.
Desert de Gobi
2 nuits passées vers les dunes géantes de Khongoriin Els . Une famille éleveuse de chameaux adorable, avec qui on a beaucoup parlé.
A voir/ à faire :
- Les dunes géantes, forcément. Y monter juste avant le coucher du soleil pour admirer le paysage d’en haut. Descendre en courant pour entendre le crissement du sable sous les pieds/ Chercher la dune la plus haute pour avoir l’impression de dominer tout le paysage.
- Une balade en chameau, aussi. A peine plus confortable que le dromadaire ^^
- Le ramassage du sel dans le lac salé (2ème objectif de notre voyage solidaire). Sur le chemin, on embarque plusieurs hommes des familles alentours à qui on a distribué du bois et qui vont nous aider à collecter le sel. On s’équipe de bottes et de gants, on s’asperge de crème solaire, et on part barboter dans le lac. Il faut casser la croute de sel qui se forme à 5-10cm en dessous de la surface du lac, puis entasser les plaques dans des sac, et les transporter jusqu’au camion qui se situe à 150m de là en pataugeant dans la boue. Ultra physique, on a de la boue partout. En plusieurs heures, on collectera 50 sac de 70kg de sel, mais on finit épuisés. Heureusement, on sera récompensé par une « vraie » douche (enfin un petit filet d’eau, mais c’est mieux que rien), et par le père de famille qui nous sortira sa meilleure bouteille de gnôle de son buffet fermé à clef pour fêter ça à la fin de la soirée.
Excursion au lac Khovsgöl
On avait prévu une semaine de plus sur place en plus du circuit initial pour aller faire une petite excursion au lac Khövsgöl.
Après avoir pris l’avion en direction de Mörön pour s’éviter 20h de minibus, on retrouve notre nouvelle guide à l’aéroport et on part immédiatement pour Khatgal, la ville située à l’entrée du lac.
On passera ensuite 3 nuits dans divers hébergements le long du lac.
A faire :
- Balade en bateau sur le lac : de petits bateaux à moteur emmènent les gens faire un tour au milieu du lac, jusqu’à une petite presqu’île qui permet d’admirer les paysages alentours et les eaux turquoise.
- Balade à cheval : encore une petite balade à cheval dans les sous-bois le long du lac
- Balade le long de la rive : plage de galets, montagnes colorées en fond, c’est sublime.
- Rencontre d’un chamane, qui nous explique comment elle pratique, à quoi sert son costume et ses accessoires (tambour, peaux de bêtes diverses et variées…), comment elle a commencé. Instructif.
On était censés passer le dernier jour sur le lac également, mais le père de la guide (qui était le chauffeur) devait travailler le soir à Moron. Du coup on est rentré un peu plus tôt que prévu, mais ça nous a donné l’occasion de vivre comme de vrais mongols. La guide nous a accueillis chez elle, dans sa maison (organisée comme une yourte), on a mangé avec sa famille et dormi au milieu de la pièce. Expérience originale.
Oulan-Bator
La ville est décrite dans tous les guides comme moche et inintéressante. Si effectivement elle doit être difficile à vivre en hiver à cause de la pollution qui couvre la ville d’un gros nuage noir (chauffage au bois dans des poêles à rendement thermiques pourris), on l’a trouvée assez agréables à vivre en été.
C’est un étonnant mélange d’Asie et de Russie, avec des bâtiments à l’austérité soviétiques combiné au bordel asiatique.
On y trouve des restaurants qui proposent autre chose que du mouton (après plus de 2 semaines à ne manger que ça, ça faut du bien !), des boutiques pour faire un peu de shopping, quelques temples et musées… Et surtout des hôtels avec douches et toilettes !
A voir / à faire :
- Le Monastère de Gandantegchinlin : le plus gros monastère du coin, mais pas forcément le plus joli. Toujours en activité, on a pu regarder les moines en pleine cérémonie pendant notre visite
- Le Chojin Lama Temple Museum : un ancien temple plus en fonctionnement à l’heure actuelle, niché en plein milieu de la ville et entouré de building. Très mignon à visiter : un parfait compromis entre le bling-bling des temples d’ASE et l’austérité des temples japonais. Essentiellement du bois, mais peint dans des teintes douces. Très beau, avec une belle collection d’objets bouddhiques (statues, masques…)
- Le palais d’hiver du Boghd Khan : un ensemble de plusieurs petits temples avec des collections d’objets bouddhiques également, ainsi que l’ancien palais d’hiver avec des objets de la vie quotidienne du Boghd khan. Très intéressant également
- Musée d’histoire nationale : une très intéressante collection d’objet retraçant l’histoire de la Mongolie, de la préhistoire jusqu’à aujourd’hui.
- Musée des dinosaures : un tout petit musée un peu décevant (mais pas cher) qui présente quelques fossiles et squelettes de dinosaures, dont un de Tarbosaurus bataar, cousin éloigné du T. rex.
- Musée de l’Intelligence : une collection privée rassemblant des milliers de jeux et de casse-têtes de tous les pays, des tas de jeux d’échecs aux formes plus invraisemblables les unes que les autres, des puzzles compliqués. Amusant si vous avez le temps de le faire.
- Place Sukhbataar (également appelée Place Chinggis Khan) : grande place en plein centre-ville, située juste devant le parlement et sa grande statue de Chinggis Khan. On a eu la chance d’y passer au cours d’une cérémonie genre relève de la garde anglaise, c’était assez rigolo avec tous ces militaires tirés à 4 épingles.
- Le Beatles square, rapport à la statue des Beatles, mais qui était en travaux quand on est passé
- Le Departement State Store : grand magasin, où on trouve notamment quelques bonnes boutiques de cachemire
- Le Black market : grand marché situé un peu à l’écart du centre-ville où on trouve absolument tout. Des vêtements, bottes traditionnelles mongoles, dels, de quoi fabriquer et meubler sa yourte, du matériel d’équitation traditionnel…
Parc Terelj
Objet d’une expédition à la journée pour nous, il est facilement accessible d’Oulan Bator (moins d’1h de route) et propose une large palette d’activité « nature » (rando à pied ou à cheval, escalade…)
A voir :
- Rocher de la Tortue : rocher ayant la forme de l’animal du même nom. On peut grimper tout en haut
- Un petit monastère pas très loin du rocher, perché en haut de la montagne. On y accède en suivant un petit chemin ponctué d’injonctions bouddhistes. La vue d’en haut est magnifique sur le parc, plus montagneux que les paysages qu’on avait vus jusqu’à présent.
- Le petit village de Terelj, à l’entrée du parc, traversé par un cours d’eau.
- A une dizaine de km de l’entrée du parc, un embranchement mène à un musée surplombé par une statue équestre de Chinggis Khan de 40m de haut pesant 250 tonnes. On peut grimper jusqu’en haut de la tête du cheval pour apprécier la vue sur l’ensemble de la vallée.
Au total, une excellente expérience. On est certes contents de rentrer retrouver un peu de confort, mais c'est rigolo de vivre finalement sans eau ni électricité, de revenir à une vie "primitive".
Nous avions fait le choix de partir dans un groupe : pas trop notre type de voyage à priori. Effectivement, cela a confirmé nos "craintes" : en groupe, tout prend 3 fois plus de temps, et on est un peu "bridés". Par contre, cela a des avantages certains dans un pays comme celui-ci, où finalement on vit en communauté : partage des taches, compagnon pour jouer au tarot la nuit sous la yourte, discussion avec les guides et les familles... Nous étions un groupe de 11 ce qui est peut-être un peu trop nombreux. Ceci dit, au moins il y avait des profils différents, dont certains avec qui on s'est vraiment très bien entendus. A posteriori, l'idéal est peut-être de partir entre 4 et 6 avec des amis.