Bon alors.
Thaïlande en mode backpackers avec mon frère et sa meilleure amie.
La meuf, bon je juge pas, mais c'est le genre à se tatouer Carpe Diem sur l'avant du bras. Elle a tout vu, tout fait, elle sait tout mieux que tout le monde (pire que moi) et en gros elle est du genre à te rabaisser en permanence en ajoutant "mais peace, sister" après. En gros, au bout de trois jours, après que ladite demoiselle nous annonce qu'elle était devenue bilingue en thai - oui oui si si - et que mon frère lui a bien raconté que quand j'étais enfant j'étais étourdie et qu'il fallait me surveiller de très près, il a été convenu d'un commun accord (enfin surtout du sien) que la reloue du voyage, c'était moi, parce qu'elle me tapait tellement sur les nerfs que j'ai vite fini par fermer ma gueule et bouder (meilleures vacances ever). C'était ça ou lui tarter la gueule.
Sauf que bon, moi, les étourderies, depuis mes 12 ans, ça ne m'arrive plus, et j'ai fait aucune connerie. Moi.
Préambule : ça pue le pipi
Roissy CDG. Mon frère arrive des Antilles. J'arrive de Marseille, Maedmoiselle de Perpignan. Je la rencontre pour la première fois. On parvient à se retrouver pour le départ. Enregistrement, passage à la sécurité, et là paf. Au bout de 5 minutes après le passage aux portiques, Mademoiselle se rend compte qu'elle a plus sa montre. Elle a dû la laisser dans le bac aux portiques, demi-tour. Bien sûr, elle avait disparu Bref, première contrariété, ça commence mal, me dis-je, mais j'y suis pour rien, c'est pas moi.
Plan de merde numéro 1 : La perte de la CB
On n'a pas emporté trop d'argent liquide. Après études approfondies de nos frais bancaires, retirer de temps en temps de grosses sommes sur place ne coûtait pas plus cher qu'acheter du cash dans des bureaux de change, dont acte.
On est sur un marché je sais plus où, Chiang Mai peut-être. La demoiselle n'a plus de cash et veut s'acheter un sarouel de merde ou un plaid bouddha ou je sais pas quoi, elle va retirer. Sauf que les distributeurs sont piégeux : ils donnent d'abord le cash, puis recrachent la carte. L'européen se fait souvent avoir il paraît. Bon ben ça rate pas, au bout de 5 minutes elle réalise soudain qu'elle a pris ses bahts mais a pas repris sa CB. On retourne à la machine, bien sûr, elle avait disparu.
Il eut été judicieux alors de faire durer le peu de sous qu'elle possédait alors, mais non, elle a quand même acheté son sarouel à la con.
Il a fallu tout payer à sa place le reste du séjour.
Plan de merde numéro 2 : Le train de nuit
On est à Phitsanulok. Je fais la connerie (seule du séjour) d'acheter un fruit frais sur le marché le soir, je tombe malade. Je passe la nuit à me vider, 40 de fièvre, le lendemain je ne peux pas du tout me rendre à l'excursion prévue au temple de machin-bidule. Mon frère et Mademoiselle y vont sans moi. Je reste au lit. J'agonise littéralement. Puis mon portable bippe. J'ai un message vocal. Chelou, jusque là mon portable marchait pas du tout, mais bon. C'est la demoiselle qui a essayé de m'appeler. Pour me dire que ben le matin elle a raté le réveil donc ils sont partis en retard donc ils ont pas eu le temps de passer à la gare réserver les billets du train de nuit qu'on devait prendre le soir-même et que je devais y aller.
Je me suis donc traversé la ville par 45°C à l'ombre, malade comme un chien, pour me rendre à la gare et réserver le train de 00h03 ou un truc du style, comme indiqué avec insistance sur le message ("tu prends bien le train de nuit de 00h03, je répète, minuit trois" ). Même que je demande la 1e classe et tout, je demande confirmation qu'on peut y dormir, le guichetier me fait "oui" (note : les asiatiques répondent toujours oui. TOUJOURS.), je paie, je retire les billets et je retourne mourir dans la chambre miteuse de la petite guesthouse où on créchait.
Il est genre 21h, ils sont toujours pas rentrés, et là la gérante du bouge monte me voir et me dit qu'ils l'ont appelée (mon portable ne marchait de nouveau plus) pour qu'elle me dise qu'ils avaient raté leur bus de retour et que le suivant les faisait arriver vers 23h et que pour éviter de rater le train fallait que je commence à réunir leurs affaires. Bon, super.
Je m'exécute, ils arrivent, on va à la gare, on prend notre train et là, en fait du vieux train-couchette en bois dont on rêvait, c'est un genre de TGV ultra-moderne... mais donc avec sièges normaux bien durs et pas rabattables. La 1e classe y'a la clim à 16°C. Ca n'a de "train de nuit" que la présence de couvertures gentiment fournies par la compagnie. Bien sûr je me fais engueuler, parce que c'était pas le bon train. Alors que si, elle m'a dit le 00h03, j'ai pris le 00h03. Mais non, j'ai fait n'importe quoi bien sûr, si ça avait été elle ça aurait été mieux.
Mais bizarrement bien que j'aie été vraiment mal en point, c'est mon meilleur souvenir du séjour. J'étais SEULE et LIBRE pour une journée. Sur le chemin de la gare, je m'arrêtais souvent pour me reposer. Des gens venaient me parler. Je suis restée un long moment à jouer avec des ados qui avaient un petit chien. Voilà.
Plan de merde numéro 3 : l'escalade dans la violence
Mademoiselle a envie de faire de l'escalade. Ca tombe bien, y'a un temple bouddhiste à une heure de route de Lop Buri où on est actuellement qui a un rocher où on peut escalader. Moi j'aime pas ça mais elle insiste pour que je vienne, au pire je serai l'assureuse. Génial.
On prend un taxi pour se rendre au machin, on arrive, le temple est fermé et le club d'escalade c'est uniquement sur réservation. On est venus pour rien. Mais les thaïs y sont gentils donc pour pas qu'on soit venus pour rien, ben ils appellent un moine pour lui demander quoi faire. Mademoiselle - en mini-short et débardeur sans soutif - lui dit qu'elle aimerait escalader son gros caillou. Le moine, ben, forcément, il en peut plus et il se plie en quatre et passe coup de fil sur coup de fil pour essayer de dénicher un guide et de l'équipement d'escalade. L'autre tranquillou elle se pose et attend qu'on donne corps à son caprice. Je savais pas où me mettre.
Malgré ses efforts, le moine ne parvient pas à trouver de quoi contenter Mademoiselle mais nous permet de monter au sommet du caillou par le chemin de randonnée.
J'ai pas du tout la condition physique pour, je l'ai prévenue dix fois, elle voulait quand même pas que j'attende en bas, et à mi-chemin je sens arriver la crise d'asthme (ouais fait 38°C et 99% d'humidité, hein). Je dis que j'arrive pas à suivre. Elle se retourne vers moi, me sourit et me fait "allez un effort, c'est tout dans la tête". Je lui ai répondu un truc nul genre "et ma crise cardiaque c'est comme ta nique ta mère tout dans la tête" (j'étais au bord du malaise, ça voulait rien dire je crois) mais je l'ai fait avec une telle rage qu'elle s'est tue direct et a commencé à redescendre.
Pis elle a redemandé au moine de nous appeler un taxi et on est rentrés.
Après 15 jours de séjour où j'ai souffert de quolibets ("hahaha elle a la chiasse hahaha" ), de remarques ("non mais laisse-moi gérer je sais mieux que toi" ) et de conversations chiantes de sa part, libération : je me casse et je rentre en France. Les deux plans de merde suivants, j'étais loin. Je pense que je l'aurais baffée sinon.
Plan de merde numéro 4 : Western Union
Bon ben je suis partie, alors c'est mon frère qui paie pour tout. Évidemment arrive ce qui devait arriver : sa CB finit par se bloquer, hé. Il appelle notre père qui vit aux Antilles mais bon c'est genre la nuit là-bas donc il envoie un mail pour demander un Western Union de toute urgence.
Mon père se lève le matin, voit ce mail, et bien sûr, il m'appelle en panique totale. Forcément, le coup du scam nigérian à base de "on est bloqués à l'étranger on a besoin d'argent sinon on va mourir" est déjà connu. Et là j'explique à mon père que Mademoiselle a perdu sa CB dès la 1e semaine du séjour et que donc je suis pas inquiète quant à l'authenticité de la demande, mais mon père flippe quand même. Pis paf, je reçois un appel Skype du frangin qui me demande, en live, la même chose. Je dis ouais ok, je préviens quand même que ça a inquiété notre papa, pis je vais au Western Union de chez moi, je fais tout proprement pis voilà.
Pendant que j'étais au WU, Demoiselle a trouvé une blague à faire à mon père. Elle a pris une photo de mon frère en lui mettant un couteau sur la jugulaire et l'a envoyée par mail au paternel en pensant qu'il rigolerait beaucoup.
Bien sûr il a pas rigolé. Il me rappelle encore plus paniqué et il m'a fallu bien un quart d'heure pour le calmer et le rassurer en lui disant que je les avais eus plus tôt sur Skype, qu'ils allaient bien tout ça. "Ouais ben c'est pas malin comme blague" qu'il a dit mon papa. You don't say.
Plan de merde numéro 5 : l'apothéose finale
Bon voilà, grâce à mon mandat-cash et à quelques coups de fils aux banques, leur situation financière s'est débloquée et les deux zozos peuvent continuer leur voyage jusqu'à ce qu'enfin le jour du retour arrive. Les voilà à l'aéroport de Bangkok prêts à enregistrer leurs bagages, quand soudain, Mademoiselle s'aperçoit qu'elle a oublié tous ses papiers à l'hôtel. Enfin, elle croit. Elle est pas sûre. Bref, ça appelle l'hôtel, la réceptionniste va voir et revient en disant qu'elle a rien trouvé. Panique totale. L'hôtel rappelle l'accueil de l'aéroport et dit qu'en fait si, c'est bon, le portefeuille est bien chez eux. Ils étaient pas super en avance déjà, impossible de faire l'aller-retour pour aller le chercher (50mn de route entre l'hôtel et l'aéroport). Rien à faire l'hôtesse au sol veut pas leur faire passer la douane sans ses papiers. Ils ont dû négocier encore avec la réceptionniste de l'hôtel pour qu'elle appelle un taxi qui fasse la navette, ça a mis des plombes à se faire, l'horaire de l'avion est dépassé, par je ne sais quel miracle la compagnie a accepté de les attendre et ils ont pu prendre leur avion qui a décollé avec 40 minutes de retard à cause de Mademoiselle.
Et donc, quand ils causent de ce voyage, ben, c'était moi la reloue