Bonjour,
Je viens d’écrire le pavé qui se trouve ci-dessous. Je ne souhaite pas polémiquer, mais vous livrer mon sentiment et mon analyse sur la situation d’une partie des descendants d’immigrés. Si vous voulez bien me donner un avis construit et argumenté sur les questions que je soulève, je vous en serais gré. C’est un sujet qui me préoccupe particulièrement pour des raisons personnelles.
A toute fin utile, je précise que j’ai 28 ans.
Nous avons tous une idée assez précise des problèmes que rencontrent et que posent les immigrés appartenant aux catégories populaires (c'est à dire la majorité des immigrés). Sans généraliser, on peut affirmer qu’ils sont nettement plus concernés que le reste de la population par les difficultés scolaires, le chômage, la délinquance, la radicalisation islamique, etc.
En revanche, on parle moins souvent des descendants de la bourgeoisie immigrée. C'est à dire des fils de médecins turcs, d’ingénieurs marocains, ou encore d’hommes d’affaires coréen.
J'ai cru constater autour de moi que ces descendants d'immigrés, bien que « privilégiés » par l'origine sociale de leurs parents, rencontrent de sérieux problèmes d’intégration.
Je vais tâcher d’expliquer ça.
Je parle de descendants d’immigrés nés en France, portant un nom et un prénom étranger (Rachid Mokthari ou Yifan Xiu, par exemple), qui ont grandi dans des quartiers résidentiels et pavillonnaires paisibles, peuplés majoritairement de blancs et qui ont été scolarisés dans des établissements dans lesquels les blancs représentaient 95% des effectifs.
Je parle de jeunes qui après le Bac ont entrepris des études supérieures de bon niveau, donnant accès à des métiers plutôt valorisés.
D’après mes observations, ces jeunes gens commencent à rencontrer des problèmes au moment d’aborder l’âge adulte. Ça peut commencer à quinze ans comme à vingt et ça a tendance à s’accentuer à mesure que l’insouciance de l’enfance laisse place au nécessaire sérieux de l’âge adulte.
Mon sentiment est que tout allait bien pour Rachid et pour Yifan tant que la vie consistait à jouer à la Nintendo 64 et au foot dans la cours de récré, mais que ça devient beaucoup plus délicat quand il est question de donner un sens un tout petit peu plus profond à l’existence et d’avancer concrètement dans les grandes étapes de la vie : choisir une orientation professionnelle, avoir une relation sérieuse avec une femme, se marier, fonder une famille, etc.
Il faut bien comprendre que Rachid et Yifan ont grandi au milieu de Français (de souche, vous me passerez l’expression) et se conçoivent naturellement comme des Français comme les autres. Bien entendu, leur apparence différente et leur nom « étrange » ont pu les travailler dès l’enfance, mais ça ne les empêchait pas de jouer à la Nintendo avec Martin, Pierre et Julie.
Mais voilà, arrivé au seuil de l’âge adulte, les choses se compliquent. Il s’agit d’entreprendre des études et donc de choisir une orientation qui nous engage pour des années, voire des décennies. Cela représente une première difficulté, car si nous autres, avons en général des cousins et des oncles plus âgés qui constituent des modèles ou au moins une source d’inspiration, ce n’est pas le cas de Rachid qui n’a d’autres exemple que celui de son père. Et encore il n’est pas très pertinent, car son père avait grandi et fait ses études au Maroc, un environnement très différent de la France. Cet obstacle n’est pas insurmontable cependant.
Évoquons une autre difficulté, plus sérieuse à mon avis. Contrairement aux descendants d’immigrés des couches populaires qui vivent entre eux et se marient donc entre eux, Yifan et Rachid, de façon assez naturelle, cherchent à tisser des liens avec les femmes françaises.
Le problème c’est que si Magalie et Valérie peuvent être intéressées par des amourettes adolescentes avec Moussa et Icham (pour changer un peu), arrivé à un âge un peu plus avancé (23-24 ans) ça ne semble plus les intéresser. On peut d’ailleurs tout à fait le comprendre. La fille de bourgeois Magalie n’a en fait aucune envie d’épouser un homme répondant au nom d’Icham Benzoubair, bien que celui-ci soit également issu de la bourgeoisie et qu’il ait été scolarisé dans les mêmes établissements scolaires qu’elle. Magalie veut épouser un Julien Rieux ou un Alexandre Gernez, c’est à dire un homme qui appartienne de façon évidente, par son nom avant même que par son apparence, à l’univers mental et culturel de Magalie.
J’ai le sentiment que ça se passe comme ça en tout cas.
J’ai conclu cela en observant trois exemples. Quasiment les trois seuls descendants d’immigrés de mon lycée, tous issus d’un endroit bien différent de la planète, ont beaucoup de mal à trouver leur place dans la société depuis l’âge de 15 – 20 ans.
Je sais que trois exemples ne constituent pas un échantillon représentatif, c’est pour cela que j’ai écris ce pavé. Je souhaiterais avoir le sentiment du lecteur et je suis intéressé par les anecdotes personnelles qu’il pourra partager avec nous.
Merci de votre attention