phosphoreloaded a écrit :
Attend la redif' de samedi
Livre IV> beaucoup moins marrant que le précédent. L'histoire avance mais euh ...
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Certes, le livre IV est le moins marrant de tous les livres qu'on a eu jusqu'à présent, mais je pense que c'est aussi le plus intéressant
et à plusieurs niveaux:
1. La narration: elle n'est plus fragmentée comme elle l'était dans les autres livres car ici, on est au coeur de l'histoire; il y a donc obligation de suivre un (ou plusieurs) fil(s) narratif(s). Je suis convaincu que les deux (voire trois) premiers livres étaient pour Astier l'occasion d'attirer le téléspectateur afin de l'habituer à son univers et à son humour, et que depuis le livre III (en partie, avec l'histoire d'amour avec Mevanwi, la prise de distance entre Arthur et Lancelot, la collaboration Merlin/Elias), Astier met en scène l'histoire qu'il voulait vraiment raconter (et là j'oserais faire une petite comparaison avec Joss Whedon -créateur de Buffy, Angel, Firefly- qui disait qu'il fallait donner au téléspectateur non pas ce qu'il voulait, mais ce dont il avait besoin: dans le cas de Kaamelott, nous, ce qu'on veut c'est se fendre la poire; mais petit à petit, Astier a réussi à glisser dans ses épisodes ce qui l'intéressait vraiment(à savoir développer des thèmes tels que la trahison, l'amour, le pouvoir...), et réussit à nous intéresser par la même occasion
).
Et puis je trouve que le livre IV a une écriture très américaine (dans le sens dynamique, continue): on ne se contente plus de faire un épisode où Percy débite connerie sur connerie, et puis c'est fini, pas de conséquence, rien!! On reprend cet élément mais en l'intégrant à une histoire suivie: plus Perceval dit de conneries, plus le roi se rend compte que son chevalier n'est pas con (un peu quand même!!), mais que c'est un être innocent (la partie de pêche philosophique de livre IV), ce qui le mènera à son baptême à la fin du livre!! Donc ce qui me plait dans ce livre, c'est qu'Astier a laissé des pierres d'attente (déjà dans le livre précédent avec la dame du Lac qui ne cessait de répéter qu'elle se ferait punir si le roi ne changeait pas de comportement... et boum, dans le livre IV, la Dame du Lac est bannie (excellent épisode d'ailleurs, alliant drame, tragédie et humour)! Un autre exemple qui m'avait particulièrement frappé: au début de l'épisode "La Réponse"(j'suis pas sûr du titre, mais c'est l'épisode où la fée Morgane revient), Lancelot apperçoit une ombre noire dans la forêt; ça dure 5 secondes, on comprend pas bien, mais c'est pas là par hasard; puisque c'est repris et expliqué dans le dernier épisode avec cet homme en noir qui vient relever Lancelot. J'apprécie énormément ce genre de technique qui prouve que l'auteur sait où il va, et qu'il fait appel à l'intelligence du téléspectateur (car si l'apparition furtive de ce perso n'avait pas été montrée, la scène finale du livre serait un peu tombé comme un cheveu sur la soupe! mais il n'en est rien, et c'est tant mieux
) Et c'est pas Julie Lescaut qui est capable de faire appel à notre intelligence
2. Les personnages: ce type de narration a donc pour conséquence directe le développement plus complexe des personnages, et des relations entre eux; et je crois que dans ce livre, tout le monde y a droit!
Arthur, ayant délaissé sa femme, s'en trouve soulagé, parce qu'il a jeté son dévolu sur une autre femme, mais cette union ne plait pas à tous ,c'est pourquoi il apparaît dans ce livre comme un personnage torturé (si, si, je vous assure): car il aura beau faire, il sait que cet amour est impossible; il se résigne donc à la fin (à contre coeur) à laisser sa bien-aimée et à récupérer sa ... mal-aimée!!
Guenièvre recherchait depuis le début de la série l'épanouissement: à la fin du livre III, on se dit qu'elle l'a trouvé en la présence de Lancelot; mais sa vie en forêt ne lui plaît guère, en réalité, ce n'est pas la vie qu'elle imaginait, étant plus accro qu'elle ne croyait à sa vie de château! C'est pour cette raison qu'elle est un peu contente qu'Arthur la reprenne, mais il n'est pas dit qu'elle l'aime ou qu'elle va continuer sa pseudo-amourette avec Lancelot! Guenièvre, femme d'argent?? Attendons de voir...
Lancelot est l'un des personnages les moins drôles de ce livre, mais ça, on le comprend aisément puisqu'il fomentant un coup d'Etat contre Arthur, il est accaparé par la mise en place de son camp et de ses alliances... donc rien de bien gai, je vous l'accorde! En plus, sur le plan sentimental, on découvre que ce n'est pas le romantique qu'on croyait puisqu'il avoue à Guenièvre plusieurs fois qu'il préfèrerait la tuer de ses propres mains plutôt que de la perdre... rien de bien gai, je vous l'accorde... ce qui donne bien sûr place à sa folie dans le final du livre. A suivre donc!
Perceval reste le même ou presque: sur le plan amoureux, ça n'avance pas d'un centimètre puisque il ne comprend rien "aux choses de l'amour". Donc Angharad, elle peut encore poiroter! Sur les faits d'armes, rien de nouveau, c'est toujours une bille! Mais ce qui évolue, c'est sa relation touchante avec Arthur puisque ils partagent des parties de pêche philosophiques, le roi arrive même à cerner les subtilités d'un des nouveaux jeux à la con de Percy, et enfin il lui interdit de le potéger en cas de danger et lui conseille même de sauver sa peau quand il le peut! On savait qu'Arthur était attaché à son chevalier (voir "Le Tourment II" su livre II), mais pas à ce point-là! Et tout ça amène bien sûr au baptême final de Perceval, ce qui prouve que le roi croit en lui.
Karadoc s'en sort plutôt bien dans ce livre, puisqu'on craignait tous que notre bouffeur adoré allait y passer (au vu de la liaison Arthur/ Mévanwi); mais non, puisque un fin stratagéme de la part du roi (l'échange d'épouses) permet aux deux d'avoir la vie sauve, et de conserver leur amitié)! On voit donc 'Doc beaucoup moins bouffer qu'avant puisqu'il est occupé à tenter de récupérer sa nouvelle femme (beaucoup de plans, aucun résultat!) Mais à la fin, il récupère quand même son ancienne femme. Alors là, tout le monde se dit qe le Karadoc, il est quand même bien bon et bien naïf d'accepter le retour de sa femme comme ça; mais il n'en est rien car son personnage à lui aussi évolue (en gros, il fait plus que bouffer) dans le sens qu'il compte bien redresser sa femme...
Sinon, avec son acolyte, une autre histoire est amorcée puisque désormais il travaille à la taverne pour éponger leurs dettes
... j'espère que cette histoire ne s'arrêtera pas là parce qu'elle offre au tavernier un nouveau visage: celui du type qui aime bien ses clients préférés mais qui se voit dans l'obligation de faire passer son bien avant tout autre chose. A voir donc...
Mévanwi est un autre personnage pas trop marrant: dans le livre III, on la voyait très amoureuse d'Arthur, au début du IV, on découvre son petit côté masochiste; mais bien vite on voit qu'elle est très intéressée par le pouvoir (d'ailleurs elle préside une séance de doléances), et en ce sens, elle compte se démarquer de Guenièvre qui n'en branlait pas une... Une fois abandonnée et trahie, on la voit aux côtés de Karadoc lors du baptême de Percy, l'oeil avide de vengeance...
Séli et Léodagan égaux à eux même, mais prêts à tout pour garder leur place auprès du roi... Gauvain (pris entre deux feux: soutenir son père qui soutient Lancelot; ou se rallier à son oncle) et Yvain dans des aventures un peu plus importantes puisqu'il en va de la sécurité de la Bretagne, mais n'oublions pas que ces deux-là sont novices, voire très novices... La collaboration de Merlin et Elias se poursuit tant bien que mal, et ce que j'apprécie dans cette histoire , c'est qu'elle n'est pas gratuite, elle n'est pas sans conséquence car on découvre qu'Elias usurpe l'identité du roi pour ses propres intérêts... une autre pierre d'attente qui aura forcément une suite et une conclusion... La Dame du Lac (
jouée par une épatante Audrey Fleurot dans "La révoquée" ) est déchue, mais elle est belle et touchante; mais même si le roi retourne avec Guenièvre, il n'est pas dit ce qui advient de la dame du Lac (qui est censée retrouver son statut de fée si les choses s'arrangent; Donc, toujours à voir... Même les deux paysans commencent à avoir une histoire qui risque de se développer puisqu'ils sont obligés de faire des efforts pour bien s'entendre...
3. L'humour: on le disait tout à l'heure, ce livre est moins drôle que les précédents mais il n'est pas dénué d'humour pour autant; je trouve même que bon nombre d'épisodes sont beaucoup plus marrants qu'avant: tous les épisodes où séli apparaît me font mourir de rire car elle à des répliques qui tue et aussi parce que c'est mon perso préféré ("Tous les matins du monde", "Les tartes aux fraises"
, "L'art de la table" et d'autres que j'oublie), un de mes épisodes préférés de ce livre parce qu'il contient la meilleure réplique de toute l'histoire de Kaamelott, balancée par une Anne Girouard très en forme, et que je sors minimum trois fois par jour: "Les novices" et son fameux "eh ben! On est pas sorti du sable!!"; je vais pas faire une liste exhautive de tous les épisodes marrants parce que je me rappelle pas de tous et que l'humour, c'est très subjectif, donc je vais m'arrêter là!
Bah! dites-moi, j'en avais des choses à dire; faut dire que je me sentais très inspiré; mais je voulais juste expliquer pourquoi, à mon avis, ce livre est tout aussi réussi (voire plus) que les précédents. J'adore le livre I, j'adore le livre II, j'adore le livre III et j'adore le livre IV... et pour des raisons plus ou moins différentes à chaque fois... C'est pour ça que pour moi, la série, qui a su réinventer, renouveler et dynamiser la fiction française, est d'un excellent niveau, allant jusqu'à rivaliser avec les blockbusters américains de qualité. Vive Alexandre Astier!!! Vive Kaamelott
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"That's like trying to use a croissant as a fucking dildo. It doesn’t do the job, and it makes a fucking mess!"/"She jingles when she walks!"