Un petit CR parce que ça fait plaisir !
Parti avec des amis dans le Mercantour il y a quinze jours pour grimper et se mettre du panorama plein la gueule. On n'a pas été déçus, temps sublime, vues magnifiques, vraiment on n'aurait pas pu espérer mieux.
Je voulais initialement partir sur le chemin de l'Energie mais le refuge visé était déjà vidé pour l'hiver. On se rabat donc sur la cime du Piagu.
Dans le groupe, deux randonneurs et moi même en partance pour le Kilimandjaro fin janvier. Objectif premier du weekend : préparation.
Au final, d'autres ami(e)s se sont greffés et ça s'est transformé en weekend sympa mais sportif. Mais sympa. Mais sportif...
Groupe assez hétérogène donc, dépucelage de rando pour deux personnes, bref c'était pas gagné.
Jour 1 :
Avion à 7h10 au départ de Paris pour une arrivée à Nice à 8h35.
De l'aéroport, navette à 9h40 qui nous dépose à Saint-Martin-Vésubie sur les coups de 11h20 pour la modique somme de 1,50€. Le trajet est sinueux, et j'avoue qu'avec le recul je suis bien content de l'avoir fait sans regarder devant. Chapeau au chauffeur de bus, c'est pas des vacances.
À Saint-Martin on resserre le sac à dos et on sort la carte pour trouver le départ de notre boucle sur deux jours :
- jour 1 : http://goo.gl/QWXd0C (13,8 km, +1610/-440)
- jour 2 : http://goo.gl/Qow5oX (19,3 km, +940/-2100)
...et il y aura finalement de petits ajustements pour le second jour
La carte est belle et précise, merci l'IGN, mais j'aurais préféré pouvoir la prendre en plastifiée. Mon sac est d'une ligne alpinisme donc exit les poches extérieures faciles d'accès, pas de rangement carte accessible, au jour n°2 elle finira dans la guêtre droite après avoir souffert de la transpiration de la poche droite du pantalon... Après le constat d'un oubli maison du pique-nique prévu pour le midi et un achat ma foi fort inspiré à la boulangerie du coin, on se met en route. On traverse d'abord le haut du village et on s'enfonce dans les sous-bois assez rapidement par un petit escalier en béton qui nous semblera bien plus joli à la redescente
Première prise de température dans le groupe, les vieux routards sont en queue de peloton et se font distancer par les novices enthousiastes qui partent très vite. On a, bien sûr, pas tardé à les rattraper. 15 minutes plus tard, au milieu des halètements, on se retrouve
Le chemin se transforme rapidement en sentier forestier, et on se goinfre déjà. C'est beau, il fait bon, on profite à fond.
Très tôt, on rencontre déjà de superbes panoramas. On savait déjà que la météo serait au rendez-vous mais je suis surpris de l'absence totale de vent.
Je pousse pas mal pour qu'on marche un peu avant de déjeuner, et on finit par s'arrêter sur les coups de 13h30. Après avoir remotivé les lambins, on repart et on attaque la partie à flanc de montagne dans les bois avec des segments assez étroits pour qui n'a pas l'habitude.
Après avoir croisé 5 ou 6 zones très minérales et quelques frayeurs en glissades sur les mousses, on finit par atteindre l'indicateur de la redescente au dessus du Boréon et de ses vacheries qui nous emmènent ensuite au refuge pour la nuit. Il est 16 heures, il va faire nuit dans 2h30 et on n'a pas assez avancé à mon goût. Je sens que les organismes souffrent un peu, mais c'est surtout le mental qui commence à flancher chez les enthousiastes du début. J'ai horreur d'arriver en retard aux refuges (question de savoir vivre) et je sens bien que le niveau du groupe imposera une arrivée ric-rac. J'étais bien loin de m'imaginer que c'était très optimiste de ma part
On commence à descendre et on croise un sentier en pleins travaux de nettoyage. Pas de bol.
Le sentier disparaît sous les débris forestiers et on se sent bien cons. Un ami et moi on descend tout droit pour retomber sur le sentier qui semble zigzager d'après la carte. 20 mètres plus bas on retombe dessus et c'est sans grande surprise qu'on découvre qu'on n'avait rien à foutre là.
Merci les gars de l'avoir indiqué en haut.
On attaque une partie de plat qui permet aux nerfs de récupérer après cette descente difficile pour les novices, mais qui creuse l'écart entre le groupe de tête (moi même et deux amis) et le reste du groupe. Je voyais le plat comme une occasion de rattraper le temps perdu dans un sentier difficile, mais les autres ont besoin de récupérer.
Arrivé en bas de la section qui nous fera monter au refuge, j'essaie d'appeler le gardien sur le fixe et le portable, pas moyen, on a une heure de retard sur l'horaire et j'arrive pas à le joindre. Tant pis, on se fera regarder de travers.
La nuit tombe et il fait NOIR. Moi qui avait suggéré de prendre les frontales au cas où on partirait très tôt le lendemain, je réalise que j'avais totalement zappé la possibilité qu'on soit en retard sur l'horaire que j'estimais LARGE et qu'on allait devoir finir dans le noir complet. Deux groupes se forment : trois frais devant, et j'emmène une groupe mi-figue mi-raisin de 3 amis. Curieusement ce passage est l'un des meilleurs du weekend, on arrive à 20 heures dans un noir total sans compter les frontales, après avoir géré la fatigue morale et physique de la queue de peloton. La soupe aura fait du bien.
Merci au passage à l'équipe du refuge et plus particulièrement à son gardien.
Autour du dessert, on décide d'écourter le programme du lendemain qui risque d'être trop lourd. On ampute le Pas des Ladres et le passage au refuge de la madone de Fenestre, pour privilégier la cime et redescendre plus vite sur Saint-Martin. Je nous voyais mal tenir le timing sans partir à 6h du matin et tirer le train toute la journée, ce qui aurait été désagréable pour tout le monde.
Jour 2 :
Lendemain matin, cette fois autour du petit déjeuner, je discute avec le briscard d'un autre groupe qui m'indique sur sa vieille carte un sentier indiqué chemin de rando à ski sur la mienne. Ca a l'air beau, ça a l'air progressif, mais il n'est pas allé au bout du segment qui nous ramène sur le sentier de la cime du Piagu. Je regarde mon pote, il me regarde, ça fait envie mais on oublie. On réalisera plus tard qu'on a bien fait. On paie, on prend nos sacs et on se barre.
J'aurais tout de même franchement regretté de ne pas avoir profité du lac de Trecolpas, donc on fait un crochet dans les lueurs du matin avant de piquer à l'ouest puis au sud vers la cime.
Ca aura vraiment valu le détour. On profite, seuls, et je contemple d'en bas le Pas des Ladres que, définitivement, le groupe n'aurait jamais passé sans casse.
On redescend dans un environnement minéral absolument génial et coiffés d'un temps sublime. On s'enfonce de nouveau peu à peu dans les bois.
J'en profite pour expliquer à mes deux compères du Kili comment gérer au mieux la descente et comment éviter les blessures bêtes.
L'ensemble du groupe ne descend pas au rythme que j'aurais voulu et qui aurait permis d'accumuler de l'avance, mais tant pis, on a visé très large pour aujourd'hui.
Après avoir marché à un rythme lent mais enfin soutenu, on réattaque la montée vers la cime qui se fait dans une ambiance générale de sérénité et de confiance face à l'effort. Je suis bluffé par le changement d'attitude de ceux qui avaient pas mal souffert la veille, ça présage une très belle journée. Et, très vite, la récompense d'une montée gérée au poil sous un ciel sublime.
Après concertation, la partie la plus sportive du groupe veut faire un crochet par l'est pour aller tutoyer les buttes évitées le matin. On est très large niveau planning donc on valide ça et on laisse le reste du groupe avec un crédit de 2h30 pour faire la dernière montée du weekend, étalée sur 1,5km et mesurant à peine 100m de dénivelé. On aura eu bien raison d'avoir faim, on tombe sur une vue imprenable sur le sentier qu'on voulait initialement prendre. Je juge l'endroit trop engagé pour le groupe, on aurait risqué l'accident panique, on a vraiment bien fait de changer le programme la veille au soir. Mais bon, c'est beau.
Sur le chemin du retour, on vise de rattraper notre groupe, mais je sens une douleur dans l'intérieur du genou gauche qui ne râle que quand je soulève la jambe et pas quand j'appuie dessus. Ca nous ralentit donc on ne les rattrapera finalement pas. En revenant à notre point de séparation, on ne perd pas une miette de ce paysage qui continue de nous couper la chique. Et toujours 0 vent.
On continue de progresser et on retombe sur une chienne visiblement en quête de compagnons et qui nous avait dépassés vitesse grand V à la montée. On a précédemment croisé plusieurs groupes qui nous disaient l'avoir vue et avoir ensuite croisé le propriétaire, manifestement pas paniqué, qui la cherchait. Elle passera finalement le restant de la journée avec nous et ne nous quittera que pour retrouver son maître auquel nous donnons RDV en bas du sentier, à Saint-Martin.
On déjeune un peu plus tard, et on en profite pour se goinfrer de la vue, pendant que la chienne joue les voleuses à la tire dans les piques-niques de mes potes trop confiants
En entamant la descente, on se retrouve dans des situations assez Pagnolesques, comme ce magnifique berger qui aboie lourdement du haut de son perchoir ou ces chevaux que l'autre groupe a croisés plus tôt (mais pas nous )
Descente sans encombre, mais diminués (moi par mon genou surtout) et fatigués, sur Saint-Martin pour un verre bien mérité en terrasse avant d'être rejoints par l'autre groupe qui se sera un peu égaré à l'entrée de la ville.
On attrape notre bus à 18h30, on arrive à 20h à Nice (non sans m'être mordu la lèvre pendant tout le trajet de nuit à cause de la route, chapeau encore au chauffeur :x), avion à 21h10, à Paris à 22h45 et enfin dans mon lit à 23h30.
Au final, le jour n°2 des courageux aura été : http://goo.gl/tvp1M3
Bilan : sortie entre 1000m et 2500m, plus de 30km, 2500m de D+ dans les jambes, on est heureux. Les photos sont à la hauteur du plaisir et tout le monde, tous niveaux confondus, est satisfait.
Je recommande totalement le coin, la sortie est très adaptée pour un groupe expérimenté qui veut faire une sortie confort, ou pour un groupe débutant en quête d'efforts mesurés et sans risques.
Si quelqu'un veut plus de détails sur l'itinéraire, MP